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00:00Bonjour François Ruffin. Bonjour. D'abord sur le fond, qu'est-ce qui vous dérange le plus dans ce budget 2025,
00:05en l'occurrence celui de la Sécurité Sociale ? Qu'est-ce qui fait avant tout que vous pourriez ne pas le voter, que vous ne le voterez pas ?
00:11Déjà là, il y a le choix de baisser le remboursement des médicaments, de baisser le remboursement des consultations médicales,
00:17mais ça s'ajoute ailleurs à baisser, à relever les taxes sur l'électricité, baisser ce qui a été donné aux collectivités.
00:24En fait, il s'agit de faire payer par les malades, de faire payer par les retraités, de faire payer par les salariés, de faire payer par les mairies,
00:31le désastre produit par les Mozart de la finance, qui ont été Emmanuel Macron et Bruno Le Maire,
00:36qui, pendant des années, ont creusé le déficit de la France à la pelleteuse. Et ils l'ont creusé comment ?
00:42Vous savez, j'appartenais à la commission d'enquête sur la dette publique, qui avait été lancée par Les Républicains,
00:47donc c'était lancé par la droite. Mais que venir dire les économistes qui étaient là que, notamment, le déficit public,
00:52il était creusé en France, au moins pour moitié, par les baisses d'impôts sur le capital.
00:56Flat tax, exit tax, ISF, CVAE, et ainsi de suite. Donc, voilà, aujourd'hui, on fait payer aux Français,
01:05on feront les 60 milliards d'euros de cadeaux annuels qui ont été faits au capital, aux actionnaires de notre pays.
01:11– Au-delà de la sécurité sociale, sur le budget plus largement, les dernières concessions de Michel Barnier,
01:16dans toutes les discussions qu'il y a pu avoir, notamment avec le Rassemblement national,
01:19ce n'est pas suffisant, ce qu'il a dit, notamment sur le renoncement aux taxes sur l'électricité ?
01:24– Je vais vous dire quelles sont mes lignes rouges, puisqu'on a le droit d'avoir des lignes rouges de tous les côtés.
01:29Moi, mes lignes rouges, je les ai posées très clairement, je les ai posées pendant ma campagne électorale,
01:33il n'y en a pas 15 000, il y en a 3. Il y a l'indexation des salaires sur l'inflation,
01:37il y a l'abrogation de la loi sur les retraites, et il y a, pour ce qui concerne le budget,
01:42le fait que, dans notre pays, ce n'est pas normal que le travail soit plus taxé que le capital.
01:47Or, on a fait des tas de propositions, et qui ont d'ailleurs été votées,
01:51pour qu'on relève les impôts sur les capitals, qu'on relève les impôts sur les super profits,
01:56sur les hyper-dividendes, parce qu'il ne faudrait pas qu'on fasse croire que c'est la crise aujourd'hui dans le pays,
02:00ou que ça serait la crise pour tout le monde.
02:02Il y a une France qui échappe pleinement à la crise.
02:04Quand on lit les échos, le journal patronal de Bernard Arnault,
02:07tous les jours, à la une des échos, il y a des très bonnes nouvelles,
02:10mais ce n'est pas des très bonnes nouvelles pour les gens qui tiennent le pays debout,
02:12c'est des très bonnes nouvelles pour ceux qui ont de l'argent sur leur compte en banque.
02:16Donc voilà, il s'agit que tout le monde puisse avoir un peu d'argent sur son compte en banque,
02:19mais au moins, la justice, ça serait que l'argent qu'on a sur son compte en banque,
02:23il ne soit pas moins taxé que ce qu'on reçoit par notre salaire.
02:27On avait fait des tas de mesures pour rééquilibrer ça.
02:31Il n'y a rien qui en a été gardé.
02:33Je le dis, il n'y a du côté de Michel Barnier aucun mépris.
02:36C'est quelque chose que je ressens quand je suis à l'Assemblée nationale.
02:38Vous voyez, ils ne s'adressent pas à vous avec arrogance,
02:41mais en revanche, il n'y a pas de compromis non plus.
02:43Il n'y a aucun mépris, mais pas d'écoute.
02:44On se dirige donc vers une motion de censure,
02:46une censure commune avec le RN.
02:48Ce serait une alliance, on va dire, de circonstances, certes,
02:51mais une alliance quand même avec ceux que vous combattez le plus fort.
02:54Vous savez, c'est tous les jours que le Rassemblement national apporte son soutien à Michel Barnier
02:58ou apporte son soutien au Macroniste.
03:00Quand je vous disais que sur les dividendes, on avait tout fait pour qu'ils soient davantage taxés,
03:04pour que le capital soit taxé à l'égal du travail, ça ne s'est pas fait.
03:07Pourquoi ? Parce que le Rassemblement national a voté avec les Macronistes et avec Michel Barnier.
03:11Vous ne leur en avez pas fait le reproche.
03:12Quand on a voulu rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune pour les millionnaires et surtout pour les milliardaires,
03:19qui a apporté son soutien à Michel Barnier et au Macroniste ?
03:22Ça a été le Rassemblement national.
03:23Donc on a un Rassemblement national, là, qui un jour vote avec les uns, un jour vote avec les autres,
03:28et là fait une espèce de chantage, de menace permanente sur le Premier ministre.
03:32Ce n'est pas notre cas.
03:33Moi, j'ai dit avec clarté quelles étaient les trois lignes rouges.
03:36Vos lignes rouges.
03:37Voilà.
03:38On ne fait pas de politique fiction, mais quand même, on ne sait pas ce que donnera cette journée
03:41si jamais Michel Barnier devait démissionner.
03:43Est-ce que vous avez toujours l'espoir qu'il puisse y avoir un Premier ministre de gauche ?
03:46Ou est-ce que vous avez finalement totalement abandonné cette idée,
03:49étant donné la façon dont cela a échoué avec Lucie Castex cet été ?
03:52Ce n'est pas seulement la manière dont cela a échoué avec Lucie Castex qui m'inquiète.
03:55C'est ce que j'ai vu, par exemple, pendant le débat sur les retraites la semaine dernière,
03:59où on a quand même des Macronistes.
04:02Il n'y a plus un seul député Macroniste.
04:03Avec la niche parlementaire vérifiée.
04:05Il n'y a plus un seul député Macroniste dans notre département.
04:08Ils sont passés de 300 députés à 80.
04:11Ils se sont pris deux défaites électorales d'affilées, les européennes et les législatives.
04:17Normalement, cela arrive à n'importe qui.
04:19C'est à n'importe quel parti.
04:20Il y a une remise en cause.
04:21Il y a une autocritique.
04:22Il y a une interrogation.
04:23Là, rien.
04:24Ils ont continué, vous savez, avec une stratégie d'obstruction,
04:28en déposant amendement après amendement,
04:30à faire preuve, je dirais, de la même politique avec la même arrogance.
04:33Et y compris, ils ne remettent pas du tout en cause les choix fiscaux
04:36qui nous conduisent, là, dans le chaos budgétaire.
04:39Donc, il n'y a pas d'espoir de votre côté.
04:40J'ai très peu d'espoir que les Macronistes soient capables d'avoir une remise en cause
04:44qui les ferait, ne serait-ce qu'un petit peu, déplacer leur cul d'urseur
04:48sur les deux questions qui sont les questions centrales.
04:50Aujourd'hui, il y a la question fiscale et il y a la question démocratique.
04:54Ici, matin, 8h19, François Ruffin, député Picardie,
04:57debout de la somme et l'invité de France Bleu Picardie.
05:00François Ruffin, l'annonce est tombée comme un coup près.
05:02La semaine dernière, Valeo a fermé deux usines en France,
05:04supprimé en tout 868 postes, dont 97 ici à Amiens.
05:09L'État doit-il invalider ce plan social ?
05:12Oui, sans hésitation, d'abord parce que l'État est actionnaire de Valeo,
05:15donc il a les moyens de le faire.
05:16Et ensuite, je rappelle toujours qu'il y a une possibilité
05:19qui est, pour l'État, la non-homologation du plan social.
05:22Donc, l'État doit intervenir pour dire « on ne souhaite pas de ce plan-là ».
05:26Pourquoi ? Parce que c'est à Amiens, vous savez, bizarrement,
05:29que sont produits, innovés, dans le centre de recherche chez Valeo,
05:35les futurs embrayeurs de demain et d'autres produits.
05:38Et pourtant, à la place de traverser la route pour être produit à Amiens,
05:42ils traversent l'Europe, ils franchissent même les frontières de l'Europe
05:45et ils sont produits notamment en Turquie.
05:47Ça c'est quelque chose, si l'État est actionnaire,
05:49c'est quand même pour éviter que ça ne devienne.
05:51Et je rappelle, je vous le disais tout à l'heure,
05:53c'est pas la crise pour tout le monde.
05:54Que dit le directeur financier de Valeo ?
05:57Je lui ai dit que Valeo poursuit l'amélioration de sa remptabilité
06:00qui approche les 4%.
06:01Donc, on n'est pas du tout dans cette situation
06:03où Valeo serait en crise économique.
06:05Et Valeo touche des aides publiques.
06:0676 millions d'euros d'aides publiques.
06:08Est-ce qu'on va arriver un jour au conditionnement de ces aides publiques,
06:13au maintien de l'emploi ?
06:14Alors, vous savez, moi, j'y suis favorable depuis très longtemps.
06:16Je suis favorable à ce qui est un ciblage,
06:18c'est-à-dire qu'on n'arrose pas d'aides publiques toutes les entreprises,
06:21mais peut-être qu'on cible sur les plus petites
06:23ou qu'on cible sur l'industrie parce que c'est en concurrence internationale.
06:26Je suis favorable à ce qu'il y ait une contrepartie
06:28et je suis favorable à ce qu'il y ait des conditions.
06:30C'est ce que j'appelle la règle des 3 C.
06:31Ciblage, contrepartie, condition.
06:33On ne peut pas donner.
06:34Il faut imaginer que c'est devenu le premier budget de l'État,
06:36les aides aux entreprises.
06:37On a 200 milliards d'euros, c'est 30% du budget de l'État.
06:40Ce sont des sommes absolument considérables
06:42et sans qu'il y ait de ciblage, de contrepartie, de condition.
06:46Il faut ça, évidemment.