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EXCLU - En larmes, Rémi, victime d'une agression homophobe, craque dans "Morandini Live": "Je n'ose plus sortir de chez moi. Ils ont été remis en liberté et j'ai peur de les croiser" - Regardez

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Transcription
00:00Alors, autre exemple dans cette spéciale sur les victimes d'agressions qui osent briser le silence, et encore une fois, bravo à elle.
00:06On va avoir dans un instant Rémi avec nous en direct, et lui, il a été victime ce week-end à Nîmes d'agressions en sortant d'un bar gay.
00:14Ligament touché au genou, hématome sur tout le corps, visage arcade ouvert sur 8 centimètres avec un couteau pour un de ses amis.
00:20Le bilan aurait pu être catastrophique. Rémi est en direct avec nous ce matin.
00:28Bonjour Rémi. Merci beaucoup d'être en direct avec nous. Est-ce que vous pouvez nous raconter ce qui s'est passé ?
00:38On était à la sortie de bar d'un ami à nous. On était à la fermeture, donc il n'y avait plus aucun client.
00:45Et il y a deux individus qui sont passés dans la rue, qui ont commencé à taper sur la vitre et sur la porte d'entrée en criant haut et fort
00:53« ce soir on va casser du pédé ». Donc on est resté dans l'établissement au début, parce qu'on s'est dit ça ne sert à rien de sortir.
00:59Pour nous, ils étaient partis, et donc le patron de l'établissement, un ami et moi-même, on est sortis, et ils étaient juste à l'angle de la rue à nous attendre.
01:09Et qu'est-ce qui s'est passé à ce moment-là ?
01:11Ils ont commencé à avoir des propos homophobes, et ensuite de ça, il y en a un qui a sorti un couteau, et tout est parti.
01:18Donc on a reçu énormément de coups, des coups de couteau. Il y a aussi une barrière de sécurité, donc c'est celle que j'ai prise au niveau du genou,
01:24où mes ligaments ont été touchés. Après, tout s'est passé très vite, mais c'est assez compliqué, oui.
01:32C'était ce week-end, et vous avez l'air encore très touché. Ça se voit sur votre visage, ça se voit dans votre façon de parler.
01:41Vous avez l'air sonné par ce qui s'est passé.
01:43Complètement. En fait, je le voyais souvent sur d'autres personnes. On a souvent vu aux infos des personnes agressées avec des propos homophobes.
01:52Mais quand on le vit, c'est complètement différent. Aujourd'hui, je suis perdu, vraiment.
02:00Est-ce que c'est une agression homophobe, vraiment ? Parce que vous savez que c'est aggravant, de toute façon, mais visiblement,
02:07il y a un peu d'hésitation, malgré ce que vous nous racontez. Enfin, les autorités hésitent, et ça, ça vous met très en colère, en revanche.
02:13– C'est ce qui a été dit, oui. Maintenant, voilà, là, le parquet est en train de statuer sur le dossier.
02:23Je n'ai pas plus d'infos pour le moment. Il y a mon avocat et celui de mes amis qui étaient en cours de tout négocier.
02:30Donc on attend un peu plus de résultats.
02:32– Vous vous sentez capable de ressortir ? Vous vous sentez capable de repartir dans la rue ?
02:37Parce que ça, c'est vrai que ça fait partie des chocs qu'on a quand on est agressé comme ça.
02:41On se dit « j'ai envie de rester chez moi, j'ai pas envie de sortir, j'ai envie d'être dans un espèce de cocon pour être protégé ».
02:48– C'est exactement ça. J'ai pas envie de sortir. Je me sens pas en sécurité.
02:54Surtout que je sais qu'ils ont été relâchés, donc c'est assez compliqué pour moi.
02:57J'en ai vraiment pas envie de sortir.
03:00– Ils ont été relâchés ? – Oui.
03:04– C'est-à-dire qu'ils ont fait la garde à vue et ensuite on les a remis dehors ?
03:08– Exactement. Pour le moment, c'est tout ce que je sais. Je sais qu'ils ont été relâchés.
03:11Après, j'aimerais que justice soit faite, excusez-moi.
03:16– Mais ça veut dire qu'aujourd'hui, vous allez peut-être les recroiser en vous baladant dans la ville ?
03:21– J'espère pas. C'est pour ça aussi que je reste enfermé chez moi, c'est parce que j'en ai peur en fait.
03:26J'ai peur de circuler en ville, j'ai peur de retomber dessus.
03:30Je suis absolument pas en sécurité, mais vraiment pas.
03:33J'ai dû sortir hier pour aller faire des courses.
03:36Je suis obligé d'appeler des amis à moi ou des membres de ma famille pour sortir.
03:41Je suis vraiment pas en sécurité, vraiment.
03:44– On voit quelques photos avec vos amis qui étaient avec vous également,
03:48qui ont été pris, qui ont été attaqués dans cette affaire.
03:53Aujourd'hui, vous parlez, vous avez décidé et accepté de parler
03:56comme les témoins qu'on a eus juste avant, pour quelles raisons ?
04:01– Parce que je pense qu'il faudrait changer ça au niveau de la sécurité.
04:06Il y a beaucoup de choses à faire, il y a beaucoup de choses qui doivent évoluer.
04:09J'ai dans ma famille des enfants, il y a des enfants dans ma famille,
04:13et j'ai pas envie demain de me stresser pour eux
04:16et de me dire qu'il peut leur arriver la même chose.
04:19Voilà, c'est très compliqué mentalement.
04:22Je me dis que s'il y a des personnes qui sont peut-être plus faibles,
04:25ils vont s'enfermer chez eux, puis ils peuvent se suicider
04:29parce qu'ils se sentiront mal ou peut-être mal accompagnés.
04:32Donc pour moi aujourd'hui, j'aimerais faire évoluer la sécurité et pouvoir être protégé.
04:36– Cette ambiance que vous décrivez, c'est la première fois que vous la ressentez,
04:40cette ambiance homophobe, cette ambiance violente,
04:43c'est la première fois que vous ressentez ça ?
04:45– Oui, oui, oui, complètement. J'ai jamais vécu ça.
04:48Je n'ai jamais eu de problème par rapport à mon homosexualité.
04:51Après, ce n'est pas quelque chose que je crie sur tous les toits
04:54parce que je pense qu'être gay, on n'a pas besoin de le crier sur tous les toits,
04:58en fait, on est des êtres humains comme tout le monde.
05:01Mais là, c'est spécial. Ils sont vraiment venus pour ça.
05:05Enfin, pour moi personnellement, ils sont venus pour ça.
05:08Les propos qu'ils ont dits dehors de ce soir, on va casser du PD,
05:12et vu tous les propos qu'ils nous ont lancés pendant toute la soirée,
05:17c'est clair et net en fait.
05:19C'étaient des propos homophobes. Et c'est très compliqué.
05:22– Jean-Lala Capelle, vous êtes député européen,
05:24vous entendez le témoignage de Rémi qui est aussi bouleversant
05:27parce qu'aujourd'hui, il a peur de sortir aussi.
05:29Et on ne peut que le comprendre.
05:31– Mais clairement, c'est scandaleux ce qui est arrivé.
05:33Encore un témoignage bouleversant.
05:35Ce que je ne comprends pas, c'est le parquet qui ne qualifie pas les actes d'homophobes.
05:39– Ils sont en train de revenir dessus parce que l'histoire commence à circuler un petit peu.
05:43Donc le parquet qui dans un premier temps avait dit non…
05:45– Dans toute la pression.
05:47– Donc là, ils sont en train de revenir un peu dessus,
05:49ils sont en train de réétudier le dossier.
05:51– Soit c'est une affaire de bagarre,
05:53il y a deux éméchés qui arrivent par hasard,
05:55qui passent devant le bar et qui se bagarrent,
05:57très bien, affaire de bagarre.
05:59Mais là, quand on entend le témoignage de ce monsieur,
06:01en effet, quand on entend les insultes et les injures qui ont été formulées,
06:04ils sont venus, semble-t-il, de manière préméditée, de manière volontaire.
06:07Et donc là, attention, là on est sur un acte homophobe.
06:12Et là, ce n'est pas cible d'années d'emprisonnement.
06:14– Oui, bien sûr.
06:15– On est sur un délit, on est sur quelque chose de beaucoup plus grave.
06:17Et donc j'ai un peu de mal à comprendre, en effet, ce que le parquet a décidé.
06:20Donc s'ils reviennent sur leur décision, c'est bien,
06:22mais là, quand j'entends cela, en effet, ça me paraît assez clair
06:26et il faut que la justice fasse son boulot.
06:28– Rémi, vous vous dites quoi ?
06:29Vous vous dites ces gens-là vont aller en prison
06:31ou vous vous dites finalement, je sais bien qu'ils n'iront jamais en prison ?
06:35– Moi, je me dis que ces gens-là vont aller en prison.
06:37– Vous y croyez ?
06:38– Ces gens-là, ils vont aller en prison et je pense qu'il faut qu'ils soient soignés.
06:41Je suis désolé de dire ça, mais je pense qu'il faut qu'ils soient soignés.
06:43Quand on est capable de circuler dans la rue
06:46avec un couteau d'une lame de 8 à 10 centimètres dans la poche,
06:50déjà, c'est qu'on n'est pas bien mentalement, voilà.
06:53– Je crois que les agresseurs sont convoqués devant la justice,
06:56mais alors dans très longtemps, je crois que c'est au mois de juin, c'est ça ?
06:59– Pour le moment, la seule date qu'on a, c'est au mois de juin.
07:02Oui, juin 2025.
07:03– Donc il va se passer quoi ?
07:05Il va se passer 6 mois, 6-7 mois, où vous allez vous dire,
07:08dès que je sors, vous allez regarder à droite, à gauche,
07:10vous allez regarder dans la rue, pour voir s'ils ne vous ont pas retrouvés ?
07:13– C'est pour ça qu'on a demandé à ce que les propos homophobes soient requalifiés,
07:17parce que pour nous c'est important et qu'on puisse juger ça assez rapidement.
07:22Voilà, donc j'attends des réponses de mon avocat,
07:25que je remercie beaucoup, et pour essayer de faire avancer ça au plus vite.
07:29– C'est consternant Mathias Leboeuf, hein ?
07:31– Oui, c'est consternant, mais ça va de pair avec les autres violences.
07:35Et la violence se déchaîne, on est dans l'expression de la haine,
07:39la haine c'est la haine de l'autre, la haine de la différence,
07:42et puis tout est absurde, c'est-à-dire que le fait qu'effectivement
07:45ces gens qui sont quasiment pris en flagrant délit ne soient pas jugés immédiatement…
07:49– Ils se joignent, vous vous rendez compte ? Ils se joignent, ils sont dans la rue là ?
07:52– C'est absurde, moi je compatis vraiment,
07:55j'ai jamais compris ce type de haine et l'expression…
07:58Et effectivement aujourd'hui on a l'impression qu'on est dans une forme
08:01d'expression décomplexée de la haine, et qu'il y a un sentiment d'impunité,
08:06qui certainement favorise ça aussi, et bien évidemment…
08:11– C'est pour ça que je demandais à Rémi, s'il pensait que ces gens iraient en prison,
08:15je dois avouer que moi j'ai un peu de doute, et je pense qu'ils n'iront pas,
08:20je ne veux pas vous casser le moral Rémi, mais je ne suis pas très sûr
08:24qu'ils aillent en prison, sauf s'ils ont un casier précédemment,
08:27mais si c'est la première fois qu'ils font ce type de choses…
08:30– Ce qui est fou c'est que c'est la victime qui vit avec la peur au ventre,
08:34et qui va vivre 6 mois avec la peur au ventre en attendant le jugement,
08:38qui probablement au plus sera léger.
08:41– Rachida Kaut.
08:42– L'histoire nous a appris qu'en période de crise,
08:46les peuples sont renvoyés à leur propre démon.
08:49C'est la montée de l'antisémitisme, de l'homophobie,
08:53de toutes ces frustrations, et aujourd'hui ça se traduit malheureusement
08:58avec cette agression homophobe, et Rémi vous êtes très courageux
09:01de venir comme ça témoigner, et puis surtout à visage découvert.
09:05Nous, tout ce qu'on peut faire autour de ce plateau,
09:08c'est effectivement d'alerter le parquet, la justice,
09:12pour qu'elle soit beaucoup plus ferme, parce que vous avez le droit d'être heureux,
09:15en réalité, ça n'est pas une tare d'être homosexuel,
09:18et comme vous l'avez dit aussi à juste titre,
09:20et bien oui, vous êtes un être humain comme un autre,
09:23donc avoir en fait, si vous voulez, des agressions comme celles-ci,
09:26ciblées, gratuites, et parfois très violentes,
09:30parce qu'il y a énormément de cas d'agressions homophobes
09:34qui sont à vomir, et bien c'est injuste.
09:37– Rémi, je vous vois en larmes sur les images.
09:40– Oui, c'est compliqué.
09:43J'ai toutes les images qui me reviennent tout le temps.
09:48Donc c'est assez compliqué, oui.
09:51– Ce sont les images de l'agression que vous revoyez,
09:53qui vous touchent à ce point-là ?
09:55– Oui, tout le temps.
09:56Tout le temps, je ne dors pas de la nuit.
09:59En fait, je ne vis pas là.
10:01Là, ce n'est pas une vie.
10:06Je m'excuse, je suis désolé.
10:08– Mais non, vous n'allez pas être désolé, je pense qu'au contraire,
10:11ça fait partie des choses qu'il faut comprendre,
10:13qu'il faut montrer pour que les gens comprennent que ce n'est pas rien.
10:16Ce n'est pas juste une agression, et puis on passe à autre chose.
10:19C'est quelque chose qui touche dans une vie,
10:21et quand on voit dans quel état vous êtes,
10:23effectivement, ça fend le cœur.
10:25Vous aviez quelque chose à ajouter, Rémi ?
10:28– Non, je remercie les personnes.
10:30Je vous remercie à vous de m'avoir donné la parole,
10:34et que je puisse parler un peu.
10:36Et j'espère que la justice sera faite, c'est tout.
10:39– Merci beaucoup, Rémi.
10:41Merci pour votre témoignage très fort et bouleversant.
10:46– Il faut vraiment éduquer notre société à la tolérance,
10:49parce qu'aujourd'hui, je pense qu'on est en personne.
10:52– Vous voyez, c'est vraiment un symptôme supplémentaire
10:54d'une société en état d'inquiétude totale.
10:56C'est-à-dire que l'homophobie est un délit dans ce pays, et heureusement.
11:01Mais regardez, les minorités qui sont agressées en permanence,
11:04c'est le symptôme d'une société qui est en train de pourrir sur elle-même.
11:08Et vous avez raison, Jean-Marc,
11:10peut-être que vous suivrez le dossier au mois de juin,
11:13et ces gens vont être condamnés à quoi ?
11:15Mais rien, Rémi.
11:16– On va pas trop insister là-dessus, parce que Rémi s'enfile assez.
11:19– Rémi va vivre avec un traumatisme psychologique terrible.
11:22– Est-ce que Rémi est aidé ?
11:25Est-ce qu'il y a un relais des autorités, de la municipalité, psychologique ?
11:31Ou est-ce que vous vous êtes laissé à vous-même,
11:33avec votre peine, votre malheur, à gérer les choses par vous-même ?
11:41– J'ai eu la chance d'avoir mes amis et ma famille autour de moi.
11:44J'ai moi-même pris rendez-vous avec une thérapeute.
11:47J'ai rendez-vous encore même tout à l'heure, justement,
11:50pour essayer d'aller mieux, pour pouvoir discuter.
11:54Après, on a reçu des messages.
11:55Je sais qu'on va avoir des rendez-vous.
11:58Pour le moment, je suis un peu perdu.
11:59Je n'ai pas la tête sur l'agenda.
12:01Mais vraiment, pour le moment, c'est la thérapeute,
12:03c'est moi qui ai pris rendez-vous.
12:04– Merci beaucoup, Rémi.
12:05Merci d'avoir été en direct avec nous.
12:07Voilà ce qu'on pouvait dire sur ces témoignages
12:09qu'on voulait vous faire écouter ce matin.

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