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Un mois après la fusillade de Poitiers, l'avocate de la mère d'Anis, l'adolescent décédé dans ce drame, était l'invité de France Bleu Poitou ce mercredi 27 novembre 2024. Ma cliente n'a reçu "aucune excuse du ministre de l'Intérieur" a déploré Yasmina Djoudi après les propos polémiques de Bruno Retailleau sur le drame.

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00:007h45 sur France 3 Poitou-Jaurent et France Bleu Poitou, on poursuit notre matinale le spécial en direct du quartier des couronneries à Apoitiers.
00:08Théo Cobel, vous êtes sur place, notre invité ce matin est l'avocate de la famille du jeune Anis, l'ado tué dans la fusillade.
00:16Bonjour maître Yasmina Djoudi.
00:18Bonjour.
00:19Vous représentez donc la famille de ce jeune de 15 ans tué ici le 31 octobre dernier, ici place Coimbra.
00:25Un mois après déjà, comment va la famille de cet ado ?
00:28En ce qui concerne la maman puisque c'est elle que je représente, elle est partie se recueillir, elle est partie loin de Poitiers et comme vous l'imaginez elle va très mal.
00:40Elle n'arrive pas à faire bien évidemment le deuil de son enfant et elle n'a pas du tout conscience qu'il a été tué.
00:53Elle a l'impression qu'il est toujours là et c'est très très douloureux pour elle.
00:58Elle est entourée, accompagnée ?
01:00Oui bien sûr, elle est très entourée, très accompagnée par une famille qui est très solidaire et qui la soutient jour par jour et elle essaye de faire face.
01:12On avait entendu il y a un mois sa douleur mais aussi sa colère après les propos du ministre de l'Intérieur qui avait un temps laissé sous-entendre peut-être que cette fusillade était liée au trafic de drogue
01:22suivie d'une rixe entre les habitants du quartier, laissant penser que son jeune était impliqué dans tout ça.
01:27On avait entendu sa colère, elle demandait rectification. Est-ce qu'elle a eu des retours depuis, peut-être des services de l'Etat, du ministère, des excuses peut-être ?
01:35Aucune excuse des services du ministère, aucune excuse personnelle en tous les cas.
01:40De la maire de Poitiers, oui, de certains députés également mais rien d'officiel et surtout pas du ministre de l'Intérieur.
01:52Est-ce qu'elle a l'impression quand même que depuis ça a été corrigé, que tout le monde a bien compris que son fils n'a été aucunement lié au trafic de drogue, qu'il était une victime collatérale ?
02:00Tout à fait, mais c'est parce que nous avons fait une déclaration tout de suite après le décès d'Anis, c'est la raison pour laquelle ça a été rectifié.
02:10Anis était connu de tout le monde comme un garçon très généreux, très valeureux, avec beaucoup de valeur morale et pas du tout d'implication dans quelconque trafic de stupéfiants.
02:22Qu'est-ce qu'elle attend aujourd'hui la mère d'Anis ?
02:25Je ne dirais rien. Bien évidemment, elle n'attend rien de la vie pour l'instant puisque c'était son fils unique et qu'elle pleure tous les jours.
02:36Elle attendait cependant des condoléances, des excuses aussi, mais des condoléances parce que c'est une victime.
02:48Quand j'entends les autorités faire des grandes déclarations, on a l'impression qu'elles sont faites dans le vide, un peu pour faire le buzz.
03:00Mais vous voyez, on est un mois après, il n'y a absolument rien et les principales victimes, je le dis à l'État, des trafiquants de stupéfiants,
03:12ce sont les habitants de ces cités, ce sont les habitants de ces quartiers où effectivement il y a une pollution des trafiquants,
03:22avec une implication de plus en plus de jeunes garçons, mais Anis n'en faisait pas partie du tout.
03:31Je voudrais dire que ce sont ces gens qui se lèvent tôt, qui travaillent, qui travaillent dans des conditions souvent précaires, extrêmement difficiles,
03:41et qui sont là et qui subissent ces trafics.
03:48Vous avez dit qu'il y a eu de la récupération politique, vous diriez qu'il y a eu de la récupération politique autour de la mort d'Anis ?
03:53Pas autour de la mort, mais autour de ce qui s'est passé, c'est-à-dire cette fusillade, qui était d'ailleurs une fusillade par une personne.
04:01Il y a Anis bien évidemment, mais il y a d'autres victimes qui ne sont pas ici.
04:07On a des nouvelles des quatre autres jeunes qui ont été blessés ?
04:10Bien heureusement, je pense qu'ils sont sortis d'affaires, même si ça a été extrêmement traumatisant pour eux,
04:18puisqu'ils ont assisté à la mort de ce jeune à leurs pieds.
04:24Et en tous les cas, ils sont vivants, c'est le principal.
04:28Maître Yasmina Djoudi, l'enquête se poursuit.
04:30Il y a un homme depuis qu'il a été arrêté, un homme de 25 ans, qui n'était pas du quartier, connu pour le trafic de drogue.
04:37Est-ce qu'on sait pourquoi il a tiré ici, sur cette place ? Est-ce qu'on sait pourquoi il a tiré sur cette terrasse ?
04:43Alors là, c'est un petit peu les secrets de l'enquête et de l'instruction.
04:47Je ne peux pas vous en dire plus.
04:49On sait qu'il a tiré parce qu'il voulait se venger, très certainement.
04:54De qui ? De quoi ? Il avait tiré une première fois, quelques jours avant.
05:00Et une deuxième fois, dans la foule, il a atteint des personnes qui ne le connaissaient sans doute pas et qui ne le connaissaient pas.
05:09Mais la question se pose, c'est qu'il a tiré juste ici, par pur hasard, ou il visait peut-être d'autres trafiquants de drogue ?
05:14Certainement, parce que c'est un lieu qui est un lieu de passage des jeunes, où les jeunes venaient manger ce soir-là, il y avait la fête d'Halloween.
05:24Mais peut-être qu'il a aussi tiré complètement au hasard.
05:29Vous qui êtes avocate, vous qui travaillez sur ces questions de trafic de drogue, vous défendez d'autres victimes,
05:34quand vous avez entendu le mot « mexicanisation » de la société, notamment pour parler des couronneries, ça vous a marqué, ça vous a choqué ?
05:41Oui, parce qu'on atteint des niveaux de mots qui ne sont pas des niveaux de criminalité, puisque ce n'est pas du tout la même chose.
05:55Vous voyez, on est dans les couronneries, c'est un lieu habituellement qui est extrêmement convivial.
06:01Il y a le marché du dimanche, il y a le marché du mercredi, c'est un lieu de multiculturalisme.
06:09Je dirais qu'il y a quelques années, peut-être qu'il y a certainement des trafiquants qui viennent ici, qui viennent trafiquer dans les cités.
06:23Ce qui m'interroge, c'est que cette personne qui a été mise en examen depuis, qui serait l'auteur des tirs qui ont tué à Nice,
06:29elle viendrait d'une autre ville, elle viendrait de Marseille. Est-ce que ça surprend d'autres trafiquants qui viennent de plus loin,
06:35que la région, s'implantent sur des points de deal ou essayent d'implanter un trafic de drogue sur des quartiers comme le sud des couronneries ?
06:40Ça vous surprend, vous, en tant qu'avocate ?
06:42C'est actuellement une tendance de trafiquants de la région parisienne, du sud, d'un peu partout, des trafiquants qui sont envoyés par d'autres trafiquants.
06:58C'est très ponctuel, mais ça arrive et c'est de plus en plus.
07:04Est-ce que ça donne des inquiétudes ? Parce que là, Nice est une victime collatérale de ces trafics qui s'exportent.
07:10Est-ce que ça donne des inquiétudes ? Est-ce qu'on peut s'attendre à d'autres cas comme celui-ci ?
07:14Oui, très certainement, puisque c'est effectivement dans des petites villes, par exemple comme Niord ou Châtellerault,
07:24c'est de plus en plus fréquent, mais il faut absolument que les pouvoirs publics fassent quelque chose au niveau de la sécurité de ces quartiers,
07:33notamment des patrouilles de police, des interventions sur les lieux de deal, sur les points de deal.
07:41Et oui, ça se développe de plus en plus avec des moyens, notamment les armes, qui sont des moyens très performants.
07:55Le ministre de l'Intérieur a fait des annonces notamment pour lutter contre le trafic de drogue.
08:00Plus de moyens pour la justice, communication aussi auprès des usagers pour leur faire comprendre que quand ils achètent de la drogue, ils participent à ces trafics.
08:07Est-ce que ça va dans le bon sens ? Est-ce que ça peut permettre de lutter contre ces trafics ?
08:11Bien entendu, mais c'est une politique qui est en place depuis des années, avec beaucoup d'annonces.
08:19Mais vous le constatez, vous le constaterez si vous revenez le soir, il n'y a pas du tout de moyens qui sont mis en place.
08:32Les habitants se plaignent dans ces quartiers-là, qui étaient des quartiers somme toute assez tranquilles, de n'avoir aucune possibilité de sortir le soir.
08:45Que ce soit les jeunes, les vieux, les personnes âgées, je pense aussi aux personnes âgées, parce que leur vie s'arrête à la porte de leur appartement.
08:54Merci beaucoup pour vos déclarations et vos propos qui vous demandaient plus de moyens.
08:58Merci beaucoup, Yasmina Djoudi. Je rappelle que vous êtes l'avocate de la famille du jeune Anis. Tu es ici, il y a un mois, place Coimbra. Merci beaucoup.
09:05Merci.

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