Mardi 26 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Thomas Veit (Head of Fixed Income, Senior Portfolio Manager, Spirit Asset Management) , Didier Borowski (Responsable Recherche Politiques Macroéconomiques, Amundi Institute) et Edmund Shing (Global CIO, BNP Paribas Wealth Management)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Edmund
00:13Sching est avec nous, le directeur des investissements Monde de BNP Paribas, Wealth Management.
00:18Bonsoir Edmund.
00:19Bonsoir.
00:20Merci d'être là.
00:21Thomas Vette nous accompagne également, le responsable de la gestion obligataire de
00:23Spirit Asset Management.
00:24Bonsoir Thomas.
00:25Bonsoir Guillaume.
00:26Merci d'être là et merci à Didier Borowski d'être à nos côtés également.
00:29Bonsoir Didier.
00:30Bonsoir Guillaume.
00:31D'être responsable de la recherche politique macro chez Amundi Institute.
00:34Commençons à propos de politique macro par le retour de Tariffman.
00:39Je le disais en introduction, on a eu une petite séance sucrée hier avec la nomination
00:44de Scott Besant qui a un profil jugé rassurant par les investisseurs, en tout cas capable
00:50peut-être d'apporter une forme de modération à une doctrine Trump peut-être un peu trop
00:56maximaliste par certains aspects et dès aujourd'hui Donald Trump comme le disait Pauline montre
01:01que c'est quand même lui le président élu et que pour des WAN il a déjà prévu des
01:06tarifs alors pour le Canada et le Mexique, deux partenaires majeurs et bien sûr pour
01:12la Chine à ce stade.
01:13Comment est-ce qu'on intègre ou qu'est-ce que cette entrée en matière nous dit aujourd'hui
01:19Didier ?
01:20Ça nous dit d'abord qu'il est déterminé à prendre des mesures tarifaires mais ça
01:24ne surprend personne.
01:25Ensuite, concernant l'agenda, on s'attendait à ce qu'il y ait des annonces dès le 20
01:30janvier donc c'est ce qu'il annonce, ensuite on sait aussi qu'il y a ce qu'il dit et
01:33ce qu'il fait en pratique.
01:34Donc il est tout à fait possible qu'il y ait des négociations qui fassent qu'on n'ait
01:37pas les montants qui sont aujourd'hui annoncés, en tout cas il faut se préparer au fait qu'on
01:41a une vague de tarifs protectionnistes, la question est de savoir qui et dans quelles
01:46mesures sera touché en 2025 et là l'incertitude va durer encore un bon moment.
01:51Donc il va falloir prendre du recul par rapport aux annonces au jour le jour de Donald Trump
01:54qu'il tweet beaucoup, il va annoncer beaucoup de choses, il ne fera pas tout ce qu'il annonce
01:58donc il faut raison garder et simplement se préparer en effet à une vague de tarifs protectionnistes.
02:03Quel est l'intérêt pour lui ? Alors ce qui est intéressant c'est qu'il annonce 10% sur
02:08la Chine là où il a quand même évoqué régulièrement l'idée de 60% de droits de
02:13douane supplémentaires et il veut mettre 25% sur le Canada et le Mexique, pourquoi
02:19cibler d'abord ces pays, Canada et Mexique notamment, pourquoi n'annoncer que 10% à
02:27ce stade sur la Chine ? Oui, il y a probablement plus à négocier
02:29avec la Chine qu'avec le Canada et le Mexique, c'est probablement son angle d'attaque donc
02:33la Chine c'est un gros morceau, il y a d'autres sujets qui sont probablement parallèlement
02:37sur la table donc ça laisse une capacité de transaction, comme on dit un Trump transactionnel
02:45vis-à-vis de la Chine.
02:46Avec le Canada et le Mexique il y a probablement aussi une approche transactionnelle mais enfin
02:49il a les coups des plus franches probablement avec ses deux voisins donc il y a une stratégie,
02:55en tout cas ça fait passer un message que la Chine sera traitée à part et soit dit
02:57en passant en Creux on a aussi le message que l'Europe sera traitée à part et donc
03:01ça ne veut pas dire qu'on n'aura pas de barrière tarifaire.
03:03Le fait qu'il n'ait pas ciblé l'Europe aujourd'hui ce n'est pas une bonne nouvelle ?
03:07Ça va venir, ça va venir et je pense qu'il se réserve aussi peut-être une attitude
03:12ou quelque chose de très particulier sur l'Europe avec possiblement aussi une attitude
03:15qui discrimine certains pays parce que tous les pays n'ont pas les mêmes excédents
03:18vis-à-vis des Etats-Unis donc il faut aussi être extrêmement prudent là-dessus.
03:23On va avoir une montée en puissance de l'approche avec les barrières tarifaires et donc ça
03:27c'est quelque chose en effet qu'on a déjà, de toute façon que les marchés ont déjà
03:29escompté parce que de facto quand on voit ce qui s'est passé sur les bourses depuis
03:33l'élection de Donald Trump ça traduit bien le fait qu'il va y avoir des perdants
03:37dans cette guerre commerciale.
03:40Et que le gagnant sera américain ? C'est ce que traduit la réaction de marché
03:45Oui, ça c'est une réaction qui vise simplement à prendre en considération les effets positifs
03:50de la politique de Trump.
03:51Il y a le choc positif dont tout le monde rêve, c'est celui où il y a pérennisation
03:55des baisses d'impôts, baisses d'impôts supplémentaires, c'est bon pour l'investissement,
03:58les profits, ça soutient l'activité économique et puis il y a quand même les chocs d'offres
04:02négatifs, donc on commence à voir les annonces et la politique tarifaire plus la politique
04:07migratoire peut avoir un effet très négatif sur l'activité économique plus tard, en
04:112025.
04:12Trump sera probablement pragmatique, mais il n'en demeure pas moins que pour le moment
04:16les investisseurs n'ont commencé à escompter que l'impact favorable sur la croissance
04:22américaine, ce qui pose question.
04:24Thomas c'est intéressant, dans la justification de la mise en place ou de l'annonce de ces
04:29tarifs pour le Canada, le Mexique, la Chine, il y a des questions de flux migratoires évidemment
04:34très importantes pour Trump après sa victoire électorale, il y a des questions de santé
04:39publique également à travers la question du trafic de drogue et des produits de synthèse
04:44type fentanyl, ce n'est pas tant sur l'aspect économique qui s'est placé pour justifier
04:51la logique de ces tarifs ?
04:52Tout à fait, mis à part la Chine de côté, mais sur le Mexique et le Canada, c'est pour
04:57répondre à son électorat qu'il l'a élu sur globalement deux mandats premiers qui
05:02est on en a marre de l'inflation, on verra comment il le règle parce que son programme
05:08est pour le moment à première vue assez inflationniste, et de l'immigration, l'insécurité,
05:14la drogue et toutes ces choses-là.
05:15Avec les 25% sur le Mexique et le Canada, il s'attaque à ça tout de suite pour faire
05:19plaisir à son électorat.
05:20Donc c'est la magie des tarifs, ça peut tout régler ?
05:22C'est de la négociation, les tweets, le retour des tweets sont là, il n'est pas encore
05:27au pouvoir réellement, ça sera le 20 janvier, mais les tweets sont déjà là, ça va continuer,
05:32on le sait, on a l'habitude maintenant avec Trump, surtout pendant les 18 prochains
05:39mois, les 18 premiers mois où il aura toutes les cartes en main pour Médellin.
05:42Jusqu'aux élections de Nîmanda, c'est ça le vrai horizon pour lui, c'est ça.
05:46Et puis il va vouloir aller vite, il va vouloir aller vite avec ses élections de Nîmanda
05:50en 18 mois, et donc ça va tweeter assez fréquemment, et il a commencé par faire plaisir à son
05:57électorat sur l'immigration pour négocier avec le Mexique, le Canada sur ces questions
06:01plutôt de santé publique, effectivement, fantanil, drogue et immigration.
06:06On l'appelle, il avait déjà renégocié un accord, alors l'ancienne Alena qui avait
06:12été remise au goût du jour à l'occasion de son premier mandat, pour justement trouver
06:17des compromis avec des partenaires qui sont quand même des partenaires, j'allais dire
06:21indispensables sans doute, mais qui sont des partenaires aux frontières des Etats-Unis,
06:25le Mexique et le Canada.
06:26C'est quand même compliqué de les enlever de la carte, c'est au point de vue là.
06:30C'est évident, mais là c'est un aspect à mon avis vraiment plus, il l'a tweeté d'ailleurs,
06:33c'est un aspect assez purement immigration, drogue, fantanil et insécurité, plutôt
06:38qu'économique.
06:39Ça a été le cas la dernière fois, c'est ce qu'il a clairement tweeté.
06:43Ce qui est intéressant, c'est que le marché pourtant qui a connu Trump 2016-2020, il continue
06:52de réagir assez vite, assez fort, en tout cas le pesso mexicain, il sent bien passer
06:57quand même les tweets de Trump.
06:59Oui, c'est normal, mais par contre le marché obligataire n'a pas réagi, donc ça montre
07:03bien aussi qu'il n'y a pas eu une décision économique et que ça va avoir des impacts
07:07économiques.
07:08C'est plus de la négociation pour le moment, sinon le marché obligataire l'aurait pris
07:11content et aurait pu envoyer les taux à nouveau un peu plus haut.
07:13Il ne l'a pas fait aujourd'hui, on est assez flat sur les taux, depuis Bessent hier c'est
07:18moins dix points de base, donc pour le moment le marché obligataire est assez calme là-dessus,
07:23contrairement à ce qu'il a été sur le dernier mois et demi suite à la nomination.
07:28Bon, Donald Trump, Scott Bessent, comment est-ce que vous voyez ce duo fonctionner sur
07:34les affaires économiques, Edmond ?
07:36Aucune idée.
07:37Non mais franchement, ça va être compliqué parce que Trump, bien sûr, c'est lui le
07:41chef et donc Scott Bessent et tous les secrétaires par contre doivent quand même suivre ce que
07:49M. Trump dit et donc je pense que ça va être compliqué au début.
07:55Il y a un rapport de force qui va s'établir.
07:58Oui mais c'est clair dès le début que c'est Trump qui est le chef et les autres qui suivent
08:04après et qui font partie du gouvernement et qui peuvent aussi être licenciés.
08:08Donc c'est quand même assez facile.
08:13Donc pour le moment, on est quand même deux mois à l'arrivée de l'administration de
08:20M. Trump, de Président Trump, donc à voir, on sait bien qu'il change d'avis tous les
08:25cinq minutes.
08:26Donc ce qu'il tweet aujourd'hui peut changer demain, donc on a deux mois de ça.
08:30Donc je pense qu'il ne va pas se réagir aujourd'hui au premier tweet parce que demain, il va passer
08:35aux autres choses et voilà.
08:37Après, c'est intéressant parce que la nomination de Bessent a pris quand même un peu plus
08:42de temps que, je ne sais pas, le choix de l'attornée générale Matt Gaetz qui d'ailleurs
08:46a lui-même décidé de partir avant qu'il soit retoqué par le Sénat.
08:50Mais ça montre bien qu'il y avait une attention particulière dans l'équipe Trump sur la nomination
08:55du secrétaire du Trésor.
08:57Quel est le message qu'il a quand même voulu envoyer, Edmond ?
09:00Je ne sais pas si c'est un message, simplement qu'on avait deux cons qui voulaient des candidats
09:03différents, tous les deux assez forts.
09:06Et donc c'est le con qui poussait Bessent qui a gagné.
09:08Enfin, on avait quand même Elon Musk et autres qui disaient plutôt que Scoop, ce n'est pas
09:12forcément le bon choix.
09:13Non, parce que trop consensuel, parce que pas assez disruptif.
09:17Ça montre que Trump a voulu là choisir quelque chose d'assez consensuel, d'assez post-clé.
09:22Quelqu'un pour calmer les marchés peut-être, quelqu'un dans lequel les marchés financiers
09:26peuvent avoir confiance et les marchés peuvent dire qu'au moins Scott Bessent nous comprend.
09:31Il nous comprend bien parce que c'est lui qui n'a pas raté le marché depuis très
09:35longtemps chez Soros.
09:37Voilà.
09:38Jusqu'où il va écouter Scott Bessent ?
09:40Déjà, qu'est-ce que Scott Bessent a à dire ? Parce qu'il s'est quand même exprimé
09:44Scott Bessent.
09:45Visiblement, il s'est quand même préparé à la tâche, il a publié différentes tribunes,
09:48etc.
09:49Il a formalisé la règle des 3-3, 3% de déficit, 3% de croissance, 3 millions de barils de
09:55jours supplémentaires pour la production de fossiles aux Etats-Unis.
09:58Je ne sais pas ce que ça vaut, mais il a quand même réfléchi un peu à son poste.
10:01Oui, la règle des 3-3, elle est inatteignable.
10:03Déjà, un premier élément puisque le déficit budgétaire ne reviendra pas de si tôt à
10:06ce niveau-là.
10:07Le déficit budgétaire va rester très élevé.
10:09Les coupes de dépenses ne permettront pas du tout d'enguiguer la montée du déficit
10:15budgétaire induite par les baisses d'impôts, donc ça c'est un premier élément.
10:19Deuxième élément, l'agenda, c'est quand même un agenda Trump, donc il va falloir
10:23qu'il s'y colle.
10:24En revanche, je partage complètement l'idée que la volonté de nommer quelqu'un de ce
10:29type, c'est une façon de rassurer les investisseurs et les marchés dans la période qui va le
10:34mener à la Maison-Blanche.
10:36Ce que cherche à faire Trump dans un premier temps, c'est de rassurer et de construire
10:40ce narratif d'un choc qui va être in fine favorable à l'économie américaine.
10:45Il essaie de faire passer l'idée au jour d'aujourd'hui que ses politiques économiques
10:48vont être favorables et qu'il va regarder de près l'impact économique et le moins
10:51qu'on puisse dire, c'est que ça marche.
10:53Ce narratif, il est en mesure par définition de le poursuivre à minima jusqu'à son arrivée
10:59à la Maison-Blanche.
11:00On verra plus tard ce qu'il en est de l'action publique.
11:03Dans un premier temps, il va falloir prendre pour argent comptant ce qu'il raconte sans
11:09pouvoir contrôler.
11:10Il va y avoir différentes séquences dans cette prise de pouvoir.
11:15La deuxième séquence où on verra plus clair, c'est au premier trimestre quand on verra
11:18les décisions effectives qui sont prises et jusqu'où elles nous mènent.
11:21Mais il ne faut pas non plus sous-estimer, un Trump pragmatique probablement, plus pragmatique
11:25qu'on peut craindre, il ne faut pas non plus sous-estimer la volonté de Donald Trump
11:30de faire des choses, notamment en matière de politique tarifaire.
11:33Donc il y aura peut-être une approche transactionnelle vis-à-vis de certains pays, mais dans l'ensemble,
11:36on aura bien un choc qui est sans commune mesure avec ce qu'on a connu sous Trump 1.
11:40Et donc qui pose des risques sectoriels dans certains pays ou des risques pour certains
11:46pays qui vont être très exposés aux barrières tarifaires.
11:49Ça, ça va venir d'une façon ou d'une autre.
11:51L'aspect tarif, vous dites, le coup politique de renoncer à cette logique-là, il est trop
11:57important pour Trump.
11:58Il ne sera peut-être pas aussi frontal que ce qu'il avait dit dans certaines de ses
12:01déclarations avant.
12:02Donc il va probablement évoluer d'entre « je ne fais rien » ou « je fais peu ».
12:08Ou « je mets 1000% de tarif » comme vous l'évoquiez à un moment sur le Mexique.
12:11Et tous les partenaires commerciaux sauront qu'il y a une épée de Damoclès.
12:13S'ils n'acceptent pas certaines conditions de Donald Trump, ils se verront affecter
12:19des tarifs plus élevés.
12:21Donc ça va se passer comme ça.
12:22Il va falloir s'habituer en 2025 à vivre dans un environnement non stable.
12:26Et ça, l'instabilité de politique économique ou de politique tarifaire, en soi, c'est
12:31quelque chose qui est mauvais pour le commerce mondial, il faut quand même le dire.
12:33Comment vous voyez le Trump 2.0 par rapport au Trump de 2016 ? Et où est-ce que vous
12:40voyez les limites aujourd'hui de la doctrine Trump par rapport à ce qui a pu être mis
12:45en place déjà pour le premier mandat, notamment avec l'aspect tarifaire, commercial, etc. ?
12:50Le personnage, c'est le même.
12:53C'est le même et il commence avec les mêmes méthodes d'étude.
12:56Après, la situation économique est complètement différente.
12:58Début 2017, quand il a commencé son investiture, on n'était pas dans une situation où l'inflation
13:08était un problème aux Etats-Unis.
13:10On était sur un endettement autour de 100% du PIB, 105% du PIB, et on avait un déficit
13:18autour de 3%.
13:19Aujourd'hui, la situation est complètement différente.
13:22On connaît une vague d'inflation plus que majeure dans l'économie mondiale, mais très
13:27forte aussi aux Etats-Unis, qui a choqué le monde entier et les Américains en premier.
13:31D'ailleurs, ils l'ont élu un petit peu pour ça aussi.
13:33La dette américaine aujourd'hui est autour de 124-125% du PIB.
13:37On n'a plus rien à voir non plus.
13:39Le déficit, Didier en parlait, on va finir quasiment autour de 7% du PIB cette année.
13:44Donc la situation est complètement différente.
13:46Les tarifs, oui, le bonhomme, ça sera la même méthode.
13:54Par contre, il n'y aura peut-être pas autant de cartes ou il y aura des forces de rappel.
14:00La force de rappel, ça sera le marché.
14:01Si Scott Besant ne veut pas le faire, c'est le marché qui s'en occupera, clairement.
14:06Si l'endettement part trop, si le déficit part trop, que ce n'est pas contrôlé, il
14:10y aura une quantification très forte des courbes de taux et ça créera…
14:14Et la vigilance du marché peut s'exprimer d'une manière très rapide dans le contexte actuel ?
14:19Évidemment, on le voit.
14:21Ces derniers temps, on l'a bien vu.
14:23C'est les Etats-Unis, c'est encore un monde différent.
14:26On l'a vu en Grande-Bretagne avec l'Istress, on l'a vu en ce moment, on le voit en France
14:31dans une mesure peut-être encore un peu juste, mais Pauline en parlait, le spread de Boundouaté…
14:37Vous le dites, les Etats-Unis vivent dans une forme d'exceptionalisme auquel on prête
14:44des marges de manœuvre supplémentaires du fait de cet exceptionalisme du dollar,
14:48des porte-avions, etc.
14:49Jusqu'à un certain point, je pense.
14:50Jusqu'à un certain point et ça, ce sera au marché décidé.
14:55Mais on voit bien aussi que le marché a déjà réagi quand même, depuis l'élection de Trump.
14:59Sur la remontée des taux à 10 ans, on a repris à peu près 80 points de base et ces
15:0380 points de base, quand vous les décomposez, c'est 50 points de base de primes de termes
15:08et 30 points de base d'évolution des taux courts, moyens.
15:11Donc, les 50 points de base de primes de termes, c'est de la prime d'incertitude et c'est Trump.
15:14Donc, le marché réagit et peut réagir beaucoup plus fort s'il faudra.
15:18Sur la prime de termes, on est aujourd'hui à 20 points de base.
15:21On a eu l'habitude ces dernières années d'avoir une prime de termes négative, mais
15:24historiquement, 20 points de base de primes de termes, c'est faible.
15:26On a déjà connu des primes de termes à 1, 2, 3%.
15:30Donc, avec des taux directeurs et une inflation qui est encore là, un programme à s'inflationnise,
15:36donc une fête qui va sûrement continuer à baisser les taux, mais jusqu'à un point limité,
15:40le taux à 10 ans, il a potentiellement de la marge si Trump déraille.
15:43Il aime bien aussi, les marchés restent un guide quand même important pour Donald Trump.
15:51Il commence beaucoup de rallyes, de meetings, mais déjà en 2016 en demandant
15:56comment va votre 401k, comment va votre contrat d'épargne-retraite.
16:01Il aime bien que les gens soient contents de voir la performance de leur 401k, comme on dit.
16:07Ça, ça reste aussi quelque chose de transversal chez Trump ?
16:12Cette logique de marché, la capacité à maximiser le portefeuille de l'américain moyen, le 60-40,
16:19ça reste quelque chose d'important pour lui ?
16:21Oui, au moins l'indice S&P, mais cela dit, je pense que l'impact d'inflation est beaucoup plus important cette fois-ci.
16:28Parce qu'en 2016, les ménages se sont fichés complètement de l'inflation,
16:32parce que l'inflation était en dessous de 2%.
16:35L'impact de l'inflation sur la confiance des ménages est binaire.
16:40Soit c'est super important, comme aujourd'hui, soit ils s'en fichent complètement.
16:44En 2016, ils se sont fichés complètement parce que le taux d'inflation était très bas depuis très longtemps.
16:49Donc il n'y a pas de souci.
16:51Il y a une mémoire immédiate très forte.
16:55Je pense que c'est une des raisons principales pour lesquelles Kamala Harris est perdue.
17:01Elle est perdue parce qu'elle faisait partie de l'administration de Biden.
17:05Tous les acteurs ont dit non, le taux d'inflation est trop élevé, il faut sanctionner le gouvernement.
17:10C'est Biden, c'est les démocrates.
17:12Et voilà, on les sanctionne.
17:14Je pense que c'est aussi simple que ça.
17:16Donc il sera jugé sur l'inflation ?
17:18Un peu, oui.
17:20Beaucoup de gouvernements qui ont été aux manettes pendant ce choc inflationniste
17:25se retrouvent souvent mis dehors quand le temps des élections revient.
17:30Ça vaut pour lui aussi.
17:32Si a priori il ne se représentera pas.
17:36C'est un problème pour le Parti républicain, pas pour lui.
17:38Parce qu'en 4 ans, lui, il passe à la retraite, son problème.
17:42Mais pour le Parti républicain, c'est un vrai souci.
17:46Ça veut dire qu'il va y avoir des résistances au sein du Parti républicain ?
17:48Ça va être compliqué quand même.
17:50Pour l'instant.
17:52Maga est partout dans le Parti républicain.
17:54Il y a aussi un deuxième effet qui est quand même intéressant,
17:56qui est l'effet de Robert Kennedy Jr.
17:58Parce que c'est lui qui a quand même apporté les électeurs.
18:00Donc à la santé. Secrétaire d'État en charge de la santé.
18:02Oui, mais qui était quand même à la base démocrate.
18:06Comme Elon Musk à l'époque.
18:08À l'époque, il était démocrate aussi.
18:10Je me demande si Trump lui-même n'a pas donné au Clinton à l'époque.
18:14En tout cas, c'était un moment démocrate.
18:18C'est quand même important de dire ça,
18:20parce qu'effectivement les démocrates ont failli remporter les voteurs jeunes indépendants.
18:26Parce que c'était Robert Kennedy Jr. qui a apporté ses électeurs,
18:30qui ont remporté ses électeurs pour les républicains, pour Trump.
18:34C'est quand même très, très important de dire.
18:36Donc lui a un effet très, très important qui n'a rien à voir avec 2016.
18:40Donc là, c'est un facteur qui est un peu compliqué à décrypter aujourd'hui.
18:46Mais je pense que ça a changé un peu l'impact de cette administration par rapport au 2016.
18:52D'accord avec l'idée que le choc inflationniste a été tel,
18:54que l'inflation va rester le juge de paix de Donald Trump vis-à-vis de ses électeurs ?
19:02Là où je suis d'accord, c'est que le parti républicain n'est pas aussi monolithique qu'on le dit.
19:06C'est vrai qu'il y a une large majorité pro-Trump,
19:08mais au fil du temps, les républicains vont commencer à songer au mid-terme.
19:12La vie américaine, il y a deux ans.
19:14On est d'accord.
19:16Dès la mi-2025, la problématique pour les congressmen, ça va être les mid-termes.
19:22À la mesure où Trump n'est pas rééligible, ils vont pouvoir prendre potentiellement leur distance.
19:28L'inflation a été un facteur absolument essentiel, un motif de vote absolument essentiel.
19:34Donc là, en effet, il va falloir être très vigilant.
19:36Ce qui pourrait inciter Donald Trump à ne pas pousser trop loin le curseur des barrières tarifaires.
19:42Parce qu'au final, elles peuvent être payées par le consommateur.
19:45Il y a une incertitude sur qui va payer la facture.
19:47Mais une partie sera à la charge des consommateurs.
19:50En termes de marché, comment ça se traduit ?
19:53Didier, on a vu 5% sur le 10 ans américain.
19:57Ça n'a pas duré très longtemps.
19:59On a tout de suite vu que c'était déjà une limite pour beaucoup d'investisseurs, pour le marché actions.
20:05Est-ce que ça reste un cadre d'analyse qui est valable aujourd'hui ?
20:09On a vu à 4,50 sur le 10 ans américain, ça rachète un peu tout de suite.
20:13Est-ce qu'aller à plus de 5%, dans le monde actuel, c'est envisageable ?
20:20Ou est-ce que 5% reste un plafond ?
20:23Aux alentours de 4,8%, il y aura des flux de rachats sur la dette américaine.
20:27Mais bien, au jour d'aujourd'hui, au niveau auquel on est redescendu, notamment avec la nomination de Bessin,
20:33à 4,30, il nous semble qu'il y a des risques de remonter.
20:36C'est bien, on a la fourchette. 4,30, 4,80.
20:38C'est un peu plus bas.
20:40La fourchette basse peut être un peu plus bas, mais je suis d'accord avec Didier sur la fourchette haute.
20:44Il y a des risques de hausse.
20:464,80, on est au milieu de la fourchette.
20:48Si il y a une chose qui paraît sûre, c'est que, quels que soient les chocs,
20:51tous les chocs qui sont proposés par Trump sont des chocs qui vont provoquer des hausses de prix.
20:54Maintenant, le curseur de la hausse des prix est difficile à anticiper,
20:58mais on peut très bien voir à mi-2025, T3 2025, une nouvelle dérive de l'inflation
21:03qui s'écarte de la cible de la réserve fédérale.
21:06Et ça, ce n'est pas aujourd'hui dans les cours.
21:08Ça peut bloquer la fonction de réaction de la réserve fédérale.
21:11Tout ça peut générer de la volatilité obligataire.
21:13Il faut être extrêmement prudent sur les taux longs américains.
21:16La situation est très différente en Europe.
21:18Oui, on va en parler de l'Europe.
21:20Non, je veux dire, elle est très différente aussi sur les taux courts.
21:22Parce qu'effectivement, les taux longs, on a parlé des primes de termes et compagnie,
21:25ils peuvent remonter, mais les taux courts, aujourd'hui, ont déjà quand même beaucoup anticipé.
21:28Beaucoup plus que les taux longs.
21:30On le disait un petit peu tout à l'heure.
21:32La 4,25 sur le 2 ans américain.
21:35Avant le meeting de la fête de septembre,
21:37le marché, les FedFunds Futures, était à 2,80.
21:40Quant au neutre final, on est à quasiment 4 aujourd'hui.
21:44Donc, ça a été complètement repricé sur les taux courts.
21:47Les taux longs, effectivement, vont évoluer dans une fourchette.
21:50Mais pour le moment...
21:52Donc, il y a encore une poignée de baisse de taux possibles
21:55pour la réserve fédérale américaine dans ce monde-là.
21:58Après, encore une fois, les estimations de FedFunds,
22:01on a vu ce que ça valait ces derniers temps.
22:03Ça peut changer une semaine avant un meeting.
22:06Et puis, de beaucoup.
22:08Donc, ça vaut ce que ça vaut.
22:10Mais, c'est ce qui est presté dans le marché.
22:13Et actuellement, ce qui est presté dans le marché,
22:15ça semble assez conservateur, quand même,
22:17sur les potentiels de baisse de taux.
22:19Donc, il n'y a pas trop de risques, à mon sens,
22:21sur la partie courte de la courbe des taux américaines.
22:23Par contre, la partie longue, c'est une autre histoire.
22:25La volatilité, là, pour rester au moins sur cette partie longue de la courbe.
22:28Ce qui est fascinant, c'est que la volatilité sur les marchés à action,
22:31elle s'est effondrée, Edmond.
22:33En tout cas, sur le marché américain.
22:35Est-ce à dire que les actions américaines, sous Trump,
22:38vont vivre une vie formidable ?
22:42Je vois déjà les premiers objectifs de stratégie pour 2025.
22:46J'ai vu un 7000 S&P 500.
22:48Oui, mais ils ont toujours tort tous les ans.
22:50Les objectifs de début de l'année sont toujours nuls.
22:53Donc, là, il ne faut même pas regarder ces objectifs.
22:57Est-ce qu'ils peuvent mettre les actions en risque ?
22:59Je comprends la logique du marché obligataire,
23:02la volatilité, la nervosité que ça peut générer sur le marché obligataire.
23:05Est-ce que, pour autant, ils peuvent mettre les actions américaines en risque ?
23:08Trump ?
23:09Oui.
23:10Je pense que le fait que les 7 magnifiques se traitent avec un ratio PE de 30 fois,
23:16c'est déjà en risque.
23:18Ça n'a rien à voir avec Trump, parce que c'était le cas avant Trump.
23:21Tout n'est pas la faute de Trump.
23:23Si jamais le nombre de bénéfices par action pour les 7 magnifiques se dégrade,
23:29ça, c'est le risque.
23:31Parce que la valorisation est quand même très élevée.
23:34Et si on a des déceptions côté résultats,
23:37de l'autre côté, ça va être fortement sanctionné par le marché.
23:41Et ça n'a rien à voir avec Trump.
23:43Je pense que c'est ça, le risque à court et moyen terme.
23:46Sauf que le marché factorise l'idée que Trump va prolonger au moins les baisses d'impôts,
23:51pour pouvoir en remettre ici et là.
23:53C'est n'importe quoi pour les 7 magnifiques.
23:55Ils ont des fiscalistes qui sont topissimes.
23:57Ils ont quand même optimisé leur taux d'imposition depuis longtemps.
24:03Non, c'est plutôt pour les moines et petits képis où ça joue.
24:07Parce qu'eux, ils paient vraiment les impôts aux Etats-Unis.
24:11Donc, si jamais le taux d'imposition pour les sociétés baisse aux Etats-Unis,
24:16ça va avoir un plus fort impact positif sur les moines et petits képis
24:19qui sont quand même derrière moins chers que les gros képis.
24:23Donc, c'est plutôt là où vous avez envie d'être confortable aujourd'hui,
24:26et d'amener les clients aujourd'hui.
24:28On conseille à nos clients d'acheter plutôt les moines et petits képis aux Etats-Unis.
24:32Situation en Europe très différente, vous dites,
24:34quand les Etats-Unis sont toujours à la recherche de la haute pression pour leur économie,
24:40que ce soit sous Trump ou sous Biden.
24:42D'ailleurs, ça reste une logique fondamentale quand même chez les Américains.
24:45Qu'en est-il chez nous en Europe ?
24:48Qu'est-ce que ça implique pour la Banque Centrale Européenne ?
24:51Et qu'est-ce qu'on peut dire des actifs européens
24:54qui, visiblement, n'intéressent vraiment plus personne à part les Européens ?
24:59Il y a un trou d'air conjoncturel évident qui se profile.
25:03On a déjà des indicateurs qui sont montrés qu'il est en train de prendre forme.
25:07Donc, ce trou d'air conjoncturel est lié à l'incertitude.
25:09Notamment, on pense à l'incertitude en Allemagne, en France.
25:12Plusieurs pays de la zone euro vivent des périodes incertaines sur le plan politique
25:15qui peuvent inciter, évidemment, les chefs d'entreprise à modérer
25:20ou à reculer leurs projets d'investissement.
25:23Ceci étant dit, il ne faut pas non plus sombrer dans un excès de pessimisme sur l'Europe.
25:27Pour le moment, ce qu'on voit, c'est un narratif extrêmement favorable aux Etats-Unis,
25:31qui me semble excessivement favorable,
25:33parce que tout ne va pas se passer de façon aussi profitable à l'économie américaine.
25:37On ne voit que les aspects positifs pour l'instant de Trump.
25:40On n'a pas vu encore le revers de la médaille.
25:42Et on ne voit que les aspects négatifs du côté de l'Europe.
25:44Bien sûr, il y a un trajet conjoncturel.
25:46Oui, il y aura des mesures tarifaires qui peuvent toucher certains pays européens.
25:50Mais ceci dit, on a quand même une montée des salaires réels qui va soutenir la consommation.
25:55On a des volants d'épargne qui sont en Europe très importants,
25:58mais qui seraient d'ailleurs urgents de mobiliser pour financer l'investissement.
26:01C'est un autre débat, bien sûr, mais c'est un débat qui sera sur la table de la Commission européenne.
26:05C'est un autre débat, la mobilisation de l'épargne excédentaire qu'on a en Europe.
26:10Donc il y a des possibilités en Europe de résilience.
26:15Et puis moi, ce que je note, c'est aussi qu'il y a beaucoup de petits pays de l'Union européenne
26:19qui ont des performances macroéconomiques solides.
26:21Alors on regarde beaucoup la France et l'Allemagne, c'est naturel.
26:24Mais quand on regarde les petits pays, on a la Grèce, le Portugal, l'Irlande, la Croatie.
26:30On a des pays qui ne seront pas loin de 2% de croissance l'an prochain.
26:33L'Espagne fera peut-être mieux que les États-Unis cette année.
26:36Et ces pays, chacun ne pèse pas lourd dans l'ensemble de la zone euro,
26:39mais ces pays, pris simultanément, représentent un bon 30% de la zone euro en poids PIB.
26:44Donc ça, c'est quelque chose qui joue dans la prévision de l'économie européenne
26:47et qui peut provoquer ou en tout cas atténuer le choc qui viendrait du commerce excédentaire.
26:54Et ce qu'on voit en termes de valorisation d'actifs, parce que c'est ça votre question,
26:57la valorisation des actifs escompte quand même un choc conjoncturel majeur, pas seulement un trou d'air.
27:02Même si on a toujours une décote des actions européennes par rapport aux États-Unis.
27:06Une décote structurelle, historique, mais qui est d'une certaine façon liée au fait
27:09que la dynamique des profits est inférieure, que la croissance potentielle est inférieure.
27:13Mais par-delà cette décote structurelle des actions européennes vis-à-vis des actions américaines,
27:18si on regarde les grands écarts qui s'est élargis depuis l'élection de Donald Trump,
27:22et notamment en devise commune, parce que l'euro a aussi chuté,
27:24il va arriver un moment où les investisseurs étrangers vont vouloir se repositionner
27:29sur des titres qui sont très décotés dans une devise qui est très sous-évaluée.
27:32La thématique c'est quand le faire, et probablement pas le bon moment à court terme
27:36compte tenu de l'incertitude et de la politique, mais il me semble assez évident
27:40qu'en 2025, peut-être qu'il faudra attendre le printemps, le mi-2025,
27:44nul ne sait au jour d'aujourd'hui, il y aura des opportunités de réallocations
27:48très profitables vers les actifs européens qui ont été très décotés.
27:52Et là, il n'y a pas que les petites capitalisations américaines qui nous intéressent aussi.
27:57Mais il y a aussi bien sûr les petites et moyennes capitalisations européennes
28:00qui pourraient profiter de la baisse des taux d'intérêt en Europe,
28:03du fait qu'on aura peut-être une clarification sur le plan de la politique budgétaire allemande,
28:07ça c'est un grand dossier que fera l'Allemagne post-élection.
28:11Et donc tous ces éléments-là pourraient aider à construire un narratif plus favorable
28:15aux actifs européens, mais je crois qu'il va falloir attendre de sortir du trou d'air
28:19dans lequel on est en train.
28:21Marché, les investisseurs globaux attendront d'avoir quand même une accumulation de preuves,
28:25de confiance, c'était Jérôme Poel qui nous disait on cherche la confiance,
28:29il faut que les investisseurs globaux aient un peu plus confiance dans cette résilience européenne.
28:34Clarification de ce que fait Trump de la vie de l'Europe et des réactions,
28:37clarification politique en Allemagne, je pense que c'est au moins à minima les deux nécessités.
28:42Et une BCE qui sera en capacité de délivrer tout ce qu'on attend d'elle,
28:46parce que là pour le coup les attentes de marché sont quand même très ambitieuses.
28:51Très fortes, et beaucoup trop peut-être.
28:541,75 vu en fin 2025 pour le taux de dépôt de la BCE.
29:001,65, là on est à 3,25 aujourd'hui sur le taux final.
29:06C'est déjà en dessous des taux neutres qu'on pourrait estimer,
29:10ou des taux d'équilibre qu'on pourrait estimer plutôt que de taux neutres.
29:14On va être autour de 2,25 en taux neutre en zone euro.
29:17En dessous on est sur des politiques un peu plus expansionnistes, moins restrictives du moins.
29:21Donc là le marché price déjà deux cuts en dessous d'un taux neutre au minimum.
29:28Et sur les prochains meetings, ça s'accélérerait.
29:31C'est encore une fois selon les estimations de marché.
29:34La baisse de décembre est complètement actée en zone euro,
29:37mais j'en regardais encore ce matin, il y a 30% de chance que ce soit un 50 points de base.
29:43Donc le marché est très optimiste sur les baisses de taux à venir en zone euro.
29:47Ça rejoint ce que dit Didier, l'état de l'économie européenne, elle est ce qu'elle est.
29:52On a encore eu une énorme divergence vendredi sur les PMI.
29:55Les PMI allemands, français de la zone euro en général sont sortis assez catastrophiques.
29:59Exécrables.
30:00Alors qu'aux Etats-Unis c'est...
30:02Ah bah oui, les services à 57.
30:04Les services à 57 composites à 55.
30:06On est à composites à 48 en zone euro.
30:09Donc ok, on a cette dichotomie entre les deux zones, mais qui est...
30:14Et dans ce contexte-là ?
30:15C'est dans les cours par contre.
30:16Ah bah dans les cours des actions et dans les cours des taux.
30:19Des taux.
30:201,65 le taux d'arrivée en zone euro contre 4 aux Etats-Unis.
30:24Ah ouais.
30:25On est sur des valeurs.
30:27Dans ce contexte-là, ça aurait du sens que la BCE envoie un 50 points de base le 12 décembre prochain.
30:33Ça pourrait être perçu comme étant une prise de conscience, un signal fort.
30:38Qu'on n'a pas envie justement d'être obligé de retomber à 1,65 de taux de dépôt.
30:44Ça pourrait être un signal.
30:46Est-ce qu'ils vont le faire ?
30:47J'en sais rien.
30:48Personnellement, je pense que non.
30:50Je pense qu'ils vont rester sur leur mood de 25 points de base.
30:54Et de couper de 25 points de base à chaque meeting jusqu'à arriver à 2 déjà.
30:57Oui, oui, oui.
30:58De 25.
30:59Mais ça ramènerait les taux à 2 sur ce rythme-là au milieu d'années prochaines.
31:04Donc ça reste assez proche malgré tout.
31:06Est-ce qu'ils ont besoin de couper de 50 points de base d'un coup ?
31:09Avec toutes les incertitudes qu'il y a autour de la politique tarifaire de Trump aussi.
31:12Qui pourrait être inflationniste en zone euro.
31:15Ils sont beaucoup exprimés.
31:18Beaucoup de membres de la BCE sont exprimés ces derniers jours.
31:21Philippe Leyne.
31:22Schnabel.
31:23Schnabel, le gouverneur grec aussi.
31:25Italien, Panetta.
31:27Je ne pense pas qu'il y aura 50 points de base.
31:30Ils seront encore dans l'attente.
31:32La progressivité.
31:33Le côté graduel l'emporte toujours Didier Dacor, Edmund aussi.
31:37C'est parce que c'est la BCE ou ce serait le moment d'envoyer un 50 points de base ?
31:42Non, parce que c'est la BCE, c'est comme ça.
31:44Les banques sont assez conservatrices.
31:47Donc pourquoi aller à 50 points de base ?
31:49Pour éviter peut-être d'aller à un 50 au final sur le taux de dépôt.
31:53Les banques peuvent instrumentaliser leur jeu de prévision économique
31:56pour faire passer l'idée d'une forme de forward guidance
31:59qu'ils sont prêts à en faire davantage.
32:01Donc il faut quand même avoir en tête que du côté des banquiers centraux,
32:03la communication compte pour beaucoup.
32:05Et les prévisions macroéconomiques sont un instrument de communication.
32:08Et là il y aura les nouvelles prévisions en décembre.
32:09C'est ça.
32:10Donc les nouvelles prévisions, ce sera une façon de faire passer au marché l'idée.
32:13Parce que s'ils annoncent une baisse de leur prévision de croissance économique,
32:15de facto les investisseurs seront confortés dans leurs attentes.
32:19Dans leurs attentes.
32:20Et il faut dire que dernièrement, tout le monde était en train de quand même
32:24baisser leur prévision de croissance économique pour la zone euro en 2025.
32:28Donc la baissière va simplement suivre la tendance baissière.
32:31Malgré les arguments d'idée, c'est sûr que tout le narratif de la reprise,
32:35du rebond conjoncturel de la zone euro en 2025,
32:38il a été un peu affaibli quand même avec le vide politique
32:40qui s'installe un peu de partout et les incertitudes que ça génère.
32:43Affaibli mais il ne disparaît pas complètement.
32:44J'entends.
32:45Affaibli mais il ne faudrait pas l'évacuer pour autant.
32:47Sur les actifs européens, qu'est-ce que vous dites aujourd'hui Edmund ?
32:50C'est tentant, on a envie d'être contrariant.
32:52Oui mais surtout sur le Royaume-Uni.
32:56Parce que je pense que le Royaume-Uni va être un peu moins touché
32:58par les tarifs que la zone euro.
33:00Parce que le Royaume-Uni exporte très peu de choses.
33:02Donc déjà, c'est une économie un peu bizarre.
33:05Mais ça c'est la première chose.
33:06Deuxième chose, les actifs sont très peu chers.
33:09Troisième chose, contrairement, si on regarde le marché de Forex,
33:14le sterling, oui ça s'affaiblit contre le dollar,
33:17mais beaucoup moins que l'euro.
33:19Donc ça se renforce contre l'euro.
33:21Donc c'est quand même intéressant de voir.
33:23Pour un investisseur européen, c'est pas mal.
33:24C'est pas mal, exactement.
33:26Et si on regarde les actions britanniques,
33:28on a quand même un rendement dividende aux alentours de 4%
33:31qui est quand même pas mal.
33:32Donc il y a des choses à jouer.
33:34UK, d'accord avec l'idée, le UK ?
33:37Non, ça se traduit sur les taux.
33:39Moi, c'est un de mes gros calls du moment.
33:41C'est un de mes gros calls du moment.
33:43C'est vrai qu'on parle toujours aux Etats-Unis et Europe,
33:45mais le UK, ils sont dans une situation
33:50qui est un petit peu entre les deux.
33:52Généralement, quand on regarde le CPI UK,
33:55ils se baladent généralement entre l'US et la zone euro.
33:59Par contre, au niveau des politiques monétaires actuelles,
34:01la BOE est sur un stance égale à la Fed.
34:06On est sur les mêmes niveaux de taux.
34:07Ils ont baissé même un coup de moins que la Fed.
34:10Et les anticipations sont encore pires qu'aux Etats-Unis.
34:12On attend un taux neutre au-dessus de 4 % au UK.
34:16Donc là, ils auraient de la marge pour en faire plus.
34:18Clairement. Et il y a encore du jus dans le marché sur le UK.
34:21Ce qu'on a pu en zone euro avec les anticipations à 1,65 de taux neutre.
34:25Et les US, c'est hyper incertain avec Trump.
34:27Donc le UK, c'est un peu le sweet spot à mon avis.
34:31J'entends.
34:32Ça peut avoir un impact positif sur la croissance
34:35parce que c'est quand même une économie qui est très sensible aux taux variables
34:38à cause du marché immobilisateur.
34:40On suivra effectivement le UK de Keir Starmer.
34:44Je voulais qu'on dise un mot de l'Allemagne, bien sûr.
34:46Comment vous voyez se mettre en place le débat, la conversation
34:50à l'occasion des élections fédérales du 23 février prochain
34:53dans le paysage politique allemand, Didier ?
34:56Et concrètement, quand on dit qu'il faut déverrouiller le budget allemand,
35:01je veux dire, nous, Français, on n'a personne envie de voir
35:05la dette sur PIB allemande monter à 120 points.
35:08Je pense que les Allemands n'en ont pas envie non plus.
35:10Voilà, donc s'il faut respecter ce que les Allemands ont envie de voir
35:13pour leur propre pays, jusqu'où ça nous emmène cette histoire
35:16de déverrouiller un peu les limites budgétaires que l'Allemagne
35:20se fixe à elle-même, en plus des limites qui sont fixées
35:24à l'ensemble des participants de la zone euro.
35:26Déverrouiller, ça ne veut pas dire qu'on ouvre la porte en grand.
35:29Déverrouiller, ça veut dire revoir la règle du frein à l'endettement
35:33qui impose un déficit budgétaire maximal de 0,35% du PIB
35:36corrigé du cycle, donc un quasi-équilibre des finances publiques.
35:39Et donc l'économie allemande est en panne.
35:41Il y a des besoins d'investissement en infrastructures
35:43qui sont gigantesques, du côté de la défense également.
35:46Et je crois qu'il y a un consensus qui est transpartisan.
35:49Un consensus, le mot est fort, mais en tout cas,
35:51une approche transpartisane qui est en train de se construire
35:54sur l'idée de mobiliser des fonds à minima pour financer
35:58certaines dépenses d'infrastructures et des dépenses de défense
36:01qui exigent une réforme de cette règle du frein à l'endettement
36:04qui est inscrite dans la Constitution.
36:06Alors là, le diable est dans les détails, c'est un peu technique,
36:08mais il faut quand même les deux tiers de la Chambre haute
36:11et de la Chambre basse pour parvenir à lever cette règle
36:14du frein à l'endettement.
36:15Donc il ne faut pas que le débat effraie trop non plus.
36:17C'est ça, comme vous dites, il faut de la mesure dans ce débat.
36:20Il faut de la mesure.
36:21Ce qui est intéressant et courageux, c'est que CDU et CSU,
36:23qui étaient historiquement quand même assez hostiles
36:25sur le fait de revenir sur cette règle,
36:27disent ouvertement qu'ils sont en fait pour mobiliser certains fonds
36:31en ligne de ce point de vue avec le SPD.
36:34Ils profiteraient probablement de cette opportunité
36:37pour baisser certains impôts,
36:38donc on va avoir de la négociation politique.
36:40Alors dire un mot quand même sur l'équilibre politique en Allemagne.
36:42On a la coalition qui éclate a priori,
36:44les élections auront lieu en effet le 23 février
36:47et suite à ces élections, il y a deux possibilités.
36:49Soit on a une coalition bi-partie, c'est-à-dire CDU, CSU plus SPD
36:53et là on peut avoir un contrat de coalition qui se forme assez rapidement
36:56et un accord politique qui se forme assez rapidement.
36:59Soit ils n'ont pas la majorité,
37:01les derniers sondages montrent qu'ils n'auraient pas à eux seuls la majorité,
37:03auquel cas il faut s'adjoindre le support d'un troisième parti,
37:06soit le FDP qui peut être encore au Parlement ou l'UPR.
37:10Donc là il y a beaucoup d'incertitudes.
37:12On n'est même pas certain que le FDP sera au Parlement.
37:15Oui, il est à moins de 5%.
37:17Oui, il est juste à la ligne de flottaison de 5%.
37:20Donc il y a beaucoup de conditions.
37:23Mais en effet, il y a la possibilité, s'il n'y a pas le FDP,
37:26de proposer au Parlement allemand d'ici la mi-2025
37:30une réforme de cette règle du frein à l'endettement
37:32qui permettrait à l'Allemagne de faire davantage de dépenses.
37:35Alors, un mot là-dessus.
37:36Sur le plan de l'impact direct de ce type de réforme,
37:39c'est-à-dire des plans budgétaires qui seraient décidés plus tard en 2025,
37:43l'impact direct ne sera pas avant 2026.
37:45Maintenant, en termes de communication,
37:47il est clair que si les Allemands commencent à voir...
37:49C'est un signal quand même.
37:50Voilà, il y a un effet signal, de signalétique
37:52qui a compté du printemps ou de l'été,
37:54favorable à l'économie allemande et, soit dit en passant,
37:57nourrir une vision un peu plus positive sur l'évolution de l'Europe.
38:03Parce que je pense que ce qu'on vit aujourd'hui en Europe,
38:05du côté des PMI, c'est un choc de confiance.
38:07Ce n'est pas un choc structurel.
38:09On a des éléments fondamentaux pour dire que la demande interne
38:12devrait davantage se reprendre en Europe.
38:13Mais on a un choc de confiance qui provoque ce trou d'air.
38:15Et donc, c'est un élément assez important
38:18de voir une clarification politique en Allemagne,
38:20également sur la politique budgétaire,
38:21et de voir l'Allemagne s'engager sur des réformes structurelles internes
38:25et puis des politiques...
38:27Mais qui bénéficieront d'abord aux Allemands.
38:29Il ne faut pas se leurrer.
38:31Et puis, il y a d'autres débats qui vont venir...
38:33Et ce qui bénéficie à l'Allemagne, ça peut aussi bénéficier
38:35à l'ensemble de...
38:37Et puis, la défense allemande,
38:39le débat sur la défense allemande va venir de façon concomitante
38:41avec le débat sur la défense européenne
38:43et les fonds qui sont mobilisables à l'échelle européenne
38:45pour financer les efforts de défense.
38:47Et ça, je pense que ça va...
38:49C'est une partie des négociations avec Trump.
38:51Trump va quand même obliger
38:53que les membres européens,
38:55surtout les membres britanniques,
38:57en Europe, qui ne dépensent pas les 2% de PIBOG
38:59actuellement pour défoncer deux débats.
39:01Et 2%, ce serait un minimum.
39:03C'est un minimum.
39:05Et là, il faut bien comprendre le débat.
39:07Trump, en effet, souhaite ça parce qu'on sait que, jusqu'à maintenant,
39:09les deux tiers des importations de biens de défense
39:11viennent des États-Unis.
39:13Donc, aujourd'hui, les Européens ont devant eux une feuille de route
39:15qui consiste à créer un écosystème
39:17pour se renforcer leurs efforts de défense
39:19mais sans provoquer des importations en revenant des États-Unis.
39:21C'est-à-dire quelque chose qui...
39:23C'est en discussion. La France demandait que ce soit effectivement
39:25quelque chose de tourné vers l'industrie européenne
39:27et les industries européennes.
39:29Visiblement, il y a quand même l'idée
39:31qu'il faudra accepter 35% quand même
39:33de produits, d'importations
39:35pour construire une filière industrielle de défense.
39:37Je pense que les deux choses
39:39qu'il faut qu'on achète en Europe,
39:41c'est les produits de la défense des États-Unis
39:43mais aussi les GNL.
39:45Parce qu'on peut importer...
39:47On a besoin de gaz. Nous, eux, ils en ont beaucoup.
39:49On paye 6 fois plus cher pour notre gaz
39:51que le gaz naturel aux États-Unis.
39:53Donc là aussi, il y a un truc à faire.
39:55Ils nous en vendent déjà un peu quand même.
39:57Un peu, mais on peut faire beaucoup plus.
39:59On peut importer beaucoup plus.
40:01Vous imaginez un monde où il y aurait plus de dettes allemandes
40:03en circulation ? C'est possible ?
40:05Jusqu'à une certaine mesure.
40:07Ça reste...
40:09La première réaction du marché quand la coalition a explosé,
40:11ça a été quand même de voir effectivement
40:13le taux allemand à 10 ans se tendre un petit peu.
40:15Il y aura peut-être plus de papiers de main.
40:17Après, ce qui est toujours intéressant
40:19de regarder, c'est quand même les spreads par rapport aux autres.
40:21Ça ne s'est pas tendu
40:23non plus plus que ça
40:25sur l'emprunt d'État allemand.
40:27Ça a remonté un petit peu partout.
40:29Les autres ont suivi l'Allemagne aussi.
40:31Donc il n'y a pas un grand sujet
40:33là-dessus, je pense.
40:35Sur le fait que les Allemands
40:37vont lâcher les bannes.
40:39Ils lâchent peut-être un peu, mais ce n'est pas un pays
40:41qui ne va pas lâcher à 120%.
40:43Même dans ses mémoires parues aujourd'hui,
40:45Angela Merkel reconnaît qu'une réforme
40:47de la règle d'or et du frein à l'endettement
40:49semble nécessaire aujourd'hui.
40:51On regarde des enjeux qui ont changé.
40:53Et puis les termes ont été réformés, pas abandonnés.
40:55Ah non !
40:57Il n'y a que nous pour imaginer ça.
40:59Mais chez eux, c'est bien. On parle d'une réforme.
41:01Merci beaucoup, messieurs d'or.
41:03Et les invités de Planète Marché ce soir,
41:05Thomas Vespirit, Asset Management, Edmund Fink,
41:07BNP Paribas, Wealth Management, Didier Borowski,
41:09et Jean-Luc Mélenchon.