C'est un film de village (littéralement) qui débarque à #Cannes2024. À 28 ans, Louise Courvoisier présente son premier long-métrage, “Vingt Dieux”. Un film qu'elle a tourné dans son village du Jura, avec des comédiens non professionnels (parfois des voisins) pour dresser le portrait le plus juste de sa région. Brut était sur les lieux du tournage pour rencontrer celles et ceux qui ont fait ce film.
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Court métrageTranscription
00:00Tu m'as dit, Zaza, je veux pas que tu joues, je veux que tu sois.
00:04Elle a voulu qu'on retranscrive le texte de la façon dont on est, nous, naturellement, si tu veux.
00:10Qu'on ne joue pas, qu'on ne fasse pas la Muriel Robin dans Les Visiteurs 2,
00:15là, qui veut imiter la Valérie Lemercier. Tu comprends le sens du truc ?
00:18Ça a été une de mes plus belles expériences, je pense.
00:22Voilà, il y a eu deux, trois petits trucs comme ça dans ma vie.
00:24J'ai eu la chance de chanter dans le micro de Tina Turner dans les arènes de Nîmes.
00:28Et puis, j'ai eu la chance de faire un film avec Louise Couroisier de Crécyon, voilà.
00:33C'est mes deux trucs.
00:35Pour moi, Louise, elle est au cinéma, ce que Renaud, il est à la chanson.
00:40Il se met à notre niveau, Renaud. Il est comme toi.
00:42Toi, tu t'es mis à notre niveau. Tu comprends ce que je veux dire ?
00:47Parce qu'on est ensemble, on est au même endroit, on vient du même endroit.
00:50Alors, attention, je vais te surveiller.
00:52Que t'ailles pas dérailler du ciboulot, là-haut, dans les prochains mois à venir.
00:58Moi, j'ai qu'une hâte, c'est de revenir.
01:00Tant que tout ça, ça termine et que je sois ici.
01:03Ah oui, parce que là, c'est difficile pour toi.
01:05Non, mais c'est super.
01:06Moi, je suis très, très contente et pour le film et pour tous les comédiens
01:10qui vont me suivre à Cannes et tout ça.
01:11Moi, je suis trop contente.
01:12Mais c'est vrai que je me réjouis de pouvoir retrouver un petit peu...
01:16Sérénité, tranquillité.
01:17Oui, de pouvoir un peu retrouver ma vie ici, quoi.
01:21Là, on est dans la ferme dans laquelle on a tourné.
01:24Je m'en rie, une star.
01:27Elles sont où, les vaches, là ?
01:29On ne les voit pas.
01:30On ne les voit pas, là.
01:32Par contre, on n'a plus la vache...
01:34Vous n'avez plus Payette ?
01:35Non.
01:36C'est la première ferme qu'on a visitée, en fait.
01:38Après, on en a visité plein d'autres, mais on se disait...
01:40On repensait tout le temps à celle-là.
01:41On n'arrivait pas trop à décrocher avec ma sœur, qui est chef déco.
01:45Et ça s'est passé comment sur le tournage d'avoir toute une équipe chez vous ?
01:49Le plus contraignant, c'était la gestion des animaux.
01:52Parce que nous, on a notre routine de fermer les tiers.
01:55Donc, matin et soir, on traite les vaches.
01:57Il y a des engins qui se mettent en route, la salle de traite.
02:00Il y a des trucs automatiques.
02:01Des fois, même pendant le tournage, il y avait la salle de traite qui se mettait en route.
02:03Il fallait arrêter en divergence et tout.
02:05Et du coup, c'était peut-être ce qui a été le plus compliqué.
02:07Il fallait même diriger un peu les vaches, parce que les vaches, elles sont importantes dans le film.
02:11Et du coup, on avait des techniques avec Jean-Marie qui était en haut, postée,
02:15qui devait laisser par vague de 10 les vaches passer
02:18pour qu'on ait toujours des vaches à chaque prise et tout ça.
02:22C'était marrant.
02:23On a vraiment travaillé ensemble, quoi.
02:25Ouais, on était au maximum de taille.
02:27Ah ouais, non, c'était...
02:28Ce qui était drôle, quand même, c'était de travailler avec des personnes qui n'avaient pas l'habitude des vaches.
02:31Et du coup, nous, on devait dire ce qui était possible et pas possible.
02:34Par exemple, un jour, on nous a demandé comment on fait coucher une vache.
02:36Ça, c'est le truc, tu ne peux pas, quoi.
02:38Tu dois la tendre.
02:39Et du coup, ça, ça nous a bien fait.
02:41C'est le paysage qui nous a aussi donné envie de tourner ici, quoi.
02:44C'est ça qui m'inspire, quoi.
02:45Je ne saurais pas faire un film dans un appartement parisien, je serais nulle, je pense.
02:50On est à 20 kilomètres de chez moi.
02:53Donc, on est vraiment dans mon décor, dans mes montagnes.
02:55Tout le film, je l'ai écrit en fonction des décors d'ici, en pensant aux gens d'ici.
02:58C'est un paysage qu'on ne voit pas beaucoup, qu'on ne connaît pas très bien.
03:01Les gens sont un peu sauvages, ici.
03:04Mais quand on les connaît, je trouve qu'il y a un potentiel de cinéma qui est assez fort.
03:08Mon film, ça raconte l'histoire de Toton, qui est un jeune homme un peu abîmé, disons,
03:13qui n'a pas une vie facile et qui va se retrouver un peu par la force des choses
03:16à devoir s'occuper de sa petite sœur qui a 7 ans.
03:19Et du coup, avec sa bande de potes, ils vont se mettre en tête,
03:23pour essayer de s'en sortir, de gagner une médaille du meilleur comté.
03:26Donc ici, il s'est passé beaucoup de choses dans ce film.
03:30Et c'est là qu'il y a la naissance du veau.
03:32Oui, d'ailleurs, on a attendu que la vache se couche.
03:34On était là, au moment où elle n'a pas l'air prête à veller, elle n'a pas l'air prête à veller.
03:37Tout le monde est parti du plateau, quoi.
03:40Je me suis retrouvée toute seule.
03:41Je me suis dit, merde, on va attendre combien de temps et tout.
03:44Là, la vache se couche.
03:45Et en quelques secondes, le veau était déjà sorti.
03:49Il fallait ramener tout le monde.
03:50On a fait ça vraiment comme une scène d'intimité, quoi.
03:52C'était une scène où on était quatre sur le plateau.
03:55Il y avait le chef-op avec sa caméra, moi, la première assistante et la perchmanne.
04:01Et c'est tout.
04:02Donc, on s'est dit qu'il fallait le moins de gens possible
04:04pour que la vache puisse être confortable,
04:06parce qu'il fallait quand même qu'elle soit assez bien
04:08pour pouvoir veller et que ça se passe bien.
04:12Et petit veau, le grand couloir de la ferme.
04:14Chaque fois, le décor nous donnait des inspirations
04:16de où est-ce qu'ils pourraient se parler,
04:18comment on a envie de les placer dans cet espace-là
04:20pour mettre en valeur et l'espace et la scène, quoi.
04:23On a répété beaucoup avec les comédiens ici.
04:25Et c'était pas mal aussi pour la comédienne,
04:27qui, elle, est aussi agricultrice,
04:28mais elle n'a jamais travaillé dans cette ferme-là.
04:30Donc, il fallait qu'elle se familiarise un peu avec l'espace, avec les vaches,
04:34avec Jean-Marie aussi, qui l'a pas mal accompagnée
04:36pour la partie vellage, manipulation de la vache.
04:39Donc, c'était bien de venir beaucoup ici,
04:41qu'ils se connaissent, qu'ils soient familiers avec l'espace,
04:44avec les gens ici et tout ça.
04:45Et comment le cinéma est arrivé dans ta vie ?
04:47Un peu par hasard, parce qu'en fait, je voulais partir d'ici.
04:50C'est bizarre à dire, mais je voulais partir d'ici le plus vite possible
04:54parce que quand on grandit ici, des fois, on a envie de voir ailleurs aussi.
04:57Et j'ai pris une option au lycée, une option cinéma.
05:01Et j'y ai pris goût.
05:03J'ai continué.
05:05Après, je suis partie à Paris, je suis allée à Paris.
05:07J'ai fait une licence et ensuite, j'ai fait la Cinéfabrique à Lyon,
05:09une école de cinéma où j'étais en scénario.
05:12Et je suis sortie avec un film qui a eu le premier prix
05:16à la Ciné Fondation à Cannes.
05:18Et c'est ça qui a lancé tout le reste.
05:22Donc, j'ai eu un peu de chance dans mon parcours aussi.
05:25Est-ce que tu projettes ?
05:26Est-ce que tu aurais envie d'être dans 5 ans, dans 10 ans ?
05:29Non.
05:30Alors ça, je ne peux pas te dire.
05:32J'aimerais en tout cas être encore très ancrée dans le cinéma.
05:36Très ancrée ici, dans le Jura, ça c'est sûr.
05:40Je pense que j'ai encore envie de développer des projets
05:43qui me tiennent autant à cœur que celui que je viens de finir.
05:46Mais je n'ai pas d'idée précise, je me laisse porter par les événements.
05:51Je n'aime pas trop anticiper moi.
05:54Je préfère laisser les choses arriver petit à petit.