"La dernière fois, je lève la tête, il était 50 mètres devant moi." Il est rare et discret et a priori, on a peu de chances de le croiser, l'ours brun. C'était compter sans Pierre-Luigi et Geoffrey, deux experts qui pistent cet animal emblématique des Pyrénées pour le recenser.
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00:00On est en train de regarder des secteurs où on peut avoir de l'ours.
00:03Tu viens me voir de mémoire, un, deux, ouais trois, trois ici, dans cette vallée.
00:10La dernière fois, je l'avais arrêté 50 mètres devant moi, il ne m'avait pas vu.
00:15C'est une espèce qu'on n'a pas trop l'habitude de voir ou de rencontrer.
00:18C'est un animal un peu emblématique pour les Pyrénées.
00:22Quand tu as vu à peu près toutes les espèces que tu peux trouver dans nos montagnes,
00:27l'ours c'est le Graal.
00:31Tu as les griffures qui sont ici.
00:35Les ours, quand ils se frottent, ils vont agripper l'arbre, maintenir l'arbre pour pouvoir se frotter.
00:41Aujourd'hui, on fait un itinéraire de prospection pédestre.
00:46Le but, c'est de parcourir une zone pour trouver des indices d'ours.
00:50Ça peut être des poils, ça peut être des empreintes.
00:53On va également relever deux pièges photos.
00:56Sur lesquels on va pouvoir voir si on a eu du passage d'ours.
01:01Ça, c'est ce qu'on appelle un appas smola.
01:04C'est un dispositif avec un morceau de barbelé, comme ici.
01:08On impose un produit, le smola.
01:11C'est un goudron de Norvège à base de hêtres, sur le côté.
01:15On utilise un comportement naturel des ours qui se frotte aux arbres.
01:22Grâce à ce morceau de barbelé, ça va coincer du poil lorsqu'il se frotte.
01:27C'est un indice qu'on va pouvoir analyser génétiquement.
01:30C'est un dehors pour l'ours ?
01:32Oui, c'est un dehors pour l'ours.
01:34C'est la méthode qui nous permet de connaître les liens de parenté.
01:38Et puis, le nombre d'individus tous les ans.
01:41Notre travail, ce n'est pas d'être pro ou non pro,
01:45c'est d'être en mesure de connaître les liens de parenté.
01:48Notre travail, ce n'est pas d'être pro ou anti.
01:52Notre but, ça va être d'apporter des données
01:55pour permettre aux gestionnaires de prendre des décisions,
01:58d'être sur le côté scientifique.
02:01Rien non plus.
02:05Donc ça, c'est le premier piège photo ?
02:08Le boîtier, c'est un appareil photo automatique.
02:12Lui, il est positionné de manière à effectuer des profils,
02:15ce qui va permettre de mesurer les ours.
02:21Ce sont des pièges photo qui fonctionnent en détectant le mouvement.
02:25Toute la faune qui va passer, ça va déclencher le piège photo.
02:32Là, on a un isard.
02:35Encore, c'est réisard.
02:37Renard.
02:40Comme ça.
02:43Dans les années 90,
02:45il restait plus que 5 ours dans les Pyrénées.
02:48Et donc, l'État a décidé d'effectuer des lâchers
02:51pour renforcer cette population,
02:53étant donné que sinon, elle allait disparaître.
02:56Là, on a, au niveau de la population,
02:58un taux d'accroissement qui est entre 10 et 11 %.
03:02Ce qui est un taux d'accroissement normal
03:05puisqu'on a une population qui est jeune,
03:08qui est en pleine expansion.
03:10Et puis, on le remarque au niveau démographie et aires de répartition.
03:14On a la population qui s'étend dans les Pyrénées.
03:19Là, on arrive au deuxième piège photo.
03:21C'est en mode vidéo.
03:23Ça va permettre de voir si un ours est passé,
03:26mais aussi de voir s'il s'est frotté et où il s'est frotté.
03:32C'est un lié.
03:37Ah, ours !
03:40C'est pas gros, ça.
03:41Non.
03:42Là, en fait, on voit un individu taille moyenne
03:46qui arrive au niveau de l'arbre équipé,
03:49qui sent le tronc,
03:51et tout simplement qui continue sa route.
03:53Donc, il n'a pas effectué de marquage.
03:55Ce que je peux dire là, c'est que ce n'est pas un mâle adulte,
03:58de par sa taille.
04:00Ce n'est pas un gabarit mâle adulte.
04:02Après, arriver à faire la différence
04:05entre une femelle adulte ou un subadulte
04:08de deux ans et demi, trois ans,
04:10compliqué.
04:11Par rapport à la vidéo,
04:12si on veut se faire une idée de la taille,
04:15il a le museau,
04:17il a le nez à cette hauteur.
04:19Un ours mâle de taille adulte,
04:22il va faire à peu près un mètre au gareau.
04:24Debout, ça fait à peu près 2,10 m.
04:26Et les mâles,
04:28ils sont adultes entre 150 et 200 kg.
04:32Pour les femelles,
04:34on est plutôt à 80 cm au gareau,
04:37avec des femelles qui pèsent entre 70 et 150 kg.
04:46Il y a un cerf là-bas,
04:48au niveau de la barre.
04:51On a quelques vivards aussi.
04:53Je le vois, l'ours, je le vois là.
04:55C'est une chaîne d'altitude,
04:57et c'est là-dedans qu'on va avoir les glands
04:59qui sont importants
05:01pour l'alimentation de l'ours à l'automne.
05:04Le régime alimentaire de l'ours,
05:06il est très varié.
05:08C'est un animal qui est omnivore,
05:10mais qui va consommer des végétaux
05:12à plus de 70 %.
05:20Là, on est dans les bureaux
05:22de l'Office français de la biodiversité,
05:24dans les bureaux du service Espèces à enjeux.
05:29Cette enveloppe, c'est un échantillon de poils
05:32qui a été récolté par un bénévole du réseau ours.
05:37Je vais pouvoir l'envoyer directement au laboratoire.
05:40Comme ça, on peut identifier l'individu
05:42qui a laissé ses poils,
05:44savoir où est-ce qu'il était.
05:46On va connaître les déplacements
05:48et les liens de parenté entre les ours.
05:50C'est quelque chose qui nous permet
05:52de voir qu'effectivement,
05:54on a une consanguinité
05:56qui augmente depuis 2006 dans la population.
05:59Ça, c'est le gros enjeu
06:01sur la population pyrénéenne.
06:03Avec l'augmentation de la consanguinité,
06:06potentiellement, on peut avoir
06:08une diminution de la fécondité,
06:10une diminution des tailles de portée
06:12et potentiellement,
06:14une baisse de la résistance aux maladies.
06:17Avec les résultats ADN,
06:19on va, tous les ans,
06:21pouvoir déterminer le nombre d'ours.
06:24On a une base de données.
06:26Aujourd'hui, dans les Pyrénées,
06:28on a 76 ours.
06:30C'est 76 ours minimum
06:32parce qu'il s'agit du nombre
06:34d'ours qui a été détecté en 2022.
06:37L'espèce a de très faibles chances
06:39de s'éteindre dans les Pyrénées
06:41sur les 30 prochaines années.
06:43À partir du moment où les facteurs
06:45environnementaux ne changent pas.
06:47Par contre, il reste un gros enjeu
06:49sur le côté génétique.
06:51La solution par rapport à ça,
06:53ça va être de ramener
06:55de la diversité génétique.
06:57Pour cela, il faut pouvoir
06:59ramener des individus.
07:01Ceci étant, aujourd'hui,
07:03on n'a pas d'estimation
07:05sur cette viabilité génétique.
07:07Donc, potentiellement,
07:09elle peut être suffisante aussi.