Des jeunes qui suivent et filment des gens dans les rues de Paris en les accusant d'être des pickpockets… Le compte TikTok qui publie ces vidéos a été banni. Voici pourquoi.
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00:00« Pickpockets ! Pickpockets ! Pickpockets ! Attention les pickpockets, regardez les pickpockets là-dedans ! »
00:08Sur cette vidéo virale tournée à Paris et publiée sur les réseaux sociaux,
00:12on peut voir des jeunes suivre des personnes qu'ils accusent d'être des pickpockets.
00:15« Pickpockets ! Pickpockets ! Faites attention s'il vous plaît, c'est des pickpockets ! »
00:19Contacté par BFM Paris, le jeune qui a publié ces vidéos a déclaré
00:23« On affiche des pickpockets afin d'avertir les touristes et aussi parce que c'est quand même assez amusant pour nous.
00:28Nous, on ne voit pas le mal. »
00:29Son compte TikTok vient d'être banni pour harcèlement, une décision qu'il affirme ne pas comprendre.
00:34« Les personnes qui apparaissent dans les vidéos et qui sont ciblées dans ces vidéos,
00:37qui sont désignées comme étant des pickpockets,
00:40sont des personnes qui manifestement appartiennent à la communauté rome.
00:46Et on comprend bien qu'ici, on est sur un préjugé, sur un stéréotype
00:51qui consiste à associer systématiquement les personnes romes à des activités de pickpockets.
00:56C'est quand même le fondement des dynamiques de racisme. »
00:59Ces vidéos, elles rappellent celles publiées à l'été 2023 par Monica Poli,
01:03une italienne lassée des vols à la tire dans Venise.
01:05« Attention des pickpockets ! »
01:08L'italienne était devenue virale sur les réseaux sociaux.
01:10Membre du mouvement Citoyens non distraits depuis 30 ans et conseillère municipale de la Ligue,
01:14le parti d'extrême droite de Matteo Salvini,
01:17elle expliquait vouloir sauver les touristes des pickpockets.
01:19Sauf que ces vidéos, elles ont posé problème aux autorités italiennes
01:23qui reprochaient à Monica Poli de ne pas respecter la présomption d'innocence.
01:26« La présomption d'innocence est un droit qui est prévu effectivement par la loi
01:30et qui implique que seul un juge est en mesure de prononcer une décision de condamnation
01:35à l'égard d'un suspect qui aurait commis un délit dans le cadre d'un débat contradictoire.
01:39À partir du moment où vous jetez l'anathème sur un individu
01:43en publiant ou en diffusant des vidéos sur les réseaux sociaux,
01:46où on laisse entendre qu'il a commis cette infraction
01:48sans qu'il ait pu se défendre au sens juridique du terme,
01:51il y a effectivement une atteinte à notre démocratie
01:54et à la présomption d'innocence d'un point de vue moral.
01:56Ce qui pose problème c'est que ce sont des personnes, des particuliers
01:59qui d'une certaine manière s'arrogent un pouvoir qu'ils n'ont pas,
02:03celui de la vengeance, celui de l'ordre public.
02:07Dans une démocratie normalement constituée,
02:10seul le ministère public a la violence légitime pour pouvoir engager des poursuites,
02:15interroger des individus qui sont suspectés d'avoir commis des infractions
02:19et le cas échéant les poursuivre devant les juridictions.
02:21Mais vous avez aussi une violation de la vie privée, du droit à l'image,
02:25parce qu'on vous a filmé à votre insu, sans votre consentement.
02:29Pourquoi on en arrive là ?
02:30On en arrive là parce qu'il y a une défiance de la population
02:33à l'égard de l'institution judiciaire.
02:35Il faut lutter contre ce genre d'attitude,
02:37nouer de la confiance à l'égard de l'institution judiciaire,
02:41être patient.
02:42Le temps d'enquêter, le temps d'accéder à la manifestation de la vérité,
02:46c'est un travail qui doit être minutieux.
02:48Et il faut respecter ce travail pour être sûr que lorsqu'on condamne un individu,
02:52on est sûr, on est certain que c'est lui qui a commis cette infraction.