Face à l’absence de l’état, les libanais remettent en fonctionnement l’éclairage public. L'organisation Rebirth Beirut redonne vie aux quartiers de la capitale libanaise après plusieurs années dans l’obscurité. Rémy Buisine est à Beyrouth pour une série de reportages pour Brut.
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00:00Face à la défaillance de l'État au Liban,
00:02ce sont les habitants eux-mêmes qui s'auto-organisent
00:04pour s'occuper de l'éclairage public.
00:06J'ai rencontré une ONG qui s'est créée ici
00:08pour essayer de rallumer les rues de la capitale
00:10qui sont plongées dans l'obscurité depuis le début de cette crise.
00:12Ce n'est pas aux ONG d'éclairer les routes au Liban,
00:16c'est à l'État, c'est au ministère de l'Énergie.
00:19Mais comme l'État est défaillant, c'est honteux à mon avis.
00:22Il y a pas mal de quartiers qui sont toujours sans lumière,
00:25pas mal de feux tricolores qui ne marchent pas.
00:27Il y a pas mal d'intersections qui étaient très chaotiques.
00:30En mai 2022, on a lancé notre initiative
00:32« Rallumons nos quartiers ».
00:34Jusqu'à ce jour-là, nous avons allumé 105 rues,
00:389 avenues, 4 places et 2 escaliers.
00:42On a aussi 15 intersections.
00:44On a aussi ramené les feux tricolores.
00:46On est en train de rendre la lumière, la vie à notre ville.
00:50Ici, il y a un feu.
00:52C'est vous qui l'avez fait mettre là ?
00:54Oui, en fait, ça, c'est un des feux,
00:56parmi les 15 feux qu'on a réhabilités.
00:59Là, c'était une intersection, c'est l'entrée de Beyrouth.
01:02Si on explique un peu la situation au Liban,
01:04ça veut dire qu'il n'y avait pas d'éclairage public
01:06et il y avait des endroits où il n'y avait même plus de feux de circulation ?
01:08Exactement. Là, on a utilisé la technologie du solaire.
01:12Avant, c'était le chaos total.
01:14Les piétons avaient peur de passer.
01:16Les voitures prenaient plus de 15-20 minutes
01:19pour pouvoir passer cette intersection-là.
01:22C'était très dangereux.
01:23Les accidents se faisaient très nombreux.
01:26Soit il fallait rester sans feux tricolores,
01:29sans électricité,
01:31soit il fallait travailler avec le secteur privé
01:34pour pouvoir le financer.
01:36Et voilà, ça reprend la vie continue.
01:39Là aussi, c'est une rue que vous avez faite ici ?
01:41Oui, là, en fait, c'est les petites ruelles de Gemmayzé.
01:43Ce n'est pas seulement la rue principale de Gouraud.
01:46C'est aussi les petites ruelles qu'on a faites
01:48parce qu'il y a pas mal d'habitations, pas mal d'immeubles.
01:51Donc là, c'était l'obscurité totale avant.
01:53Et maintenant, tu vois comment la rue est devenue.
01:56Les gens marchent.
01:57C'est Beyrouth comme on connaissait Beyrouth depuis tout le temps.
02:00Beyrouth, c'était la vie.
02:02Beyrouth, c'était les soirées.
02:03C'était le tourisme.
02:05Et ça va reprendre et ça a repris.
02:07C'est quoi l'impact, justement, du retour de la lumière ?
02:10Ça facilite beaucoup.
02:12Imagine maintenant sans lumière.
02:15C'est 9h.
02:16C'est pas pratique de rester ouvrir le magasin.
02:20Ça reste toute la nuit.
02:22Plus de sécurité.
02:23Les gens aiment marcher plus dans la rue.
02:26Même les visiteurs n'étaient pas motivés à visiter le quartier.
02:30Pendant la nuit, vous pouvez voir,
02:32il y a les filles qui passent seules en pleine sécurité.
02:35Même moi-même, je laisse mes filles venir visiter Jumaïda.
02:40En général, je ne serais pas en mesure de rester ouverte trop tard
02:42parce que les lumières s'éteignent
02:44et ça devient vraiment effrayant et insecure.
02:47Mais après, avec les lumières...
02:50D'abord, les rues sont encore plus jolies.
02:53Vous pouvez voir les rues.
02:55Et c'est plus sûr.
03:18C'est un escalier qui est connu pour être un site touristique,
03:23un site culturel.
03:25Il y a pas mal d'expos qui se font là.
03:28Pas mal, il y a la fête de la musique qui se fait chaque année ici.
03:31C'est une maison qui est là, qui a de l'électricité 24 heures sur 24,
03:35qui nous a donné un petit tempérage de sa maison
03:38pour allumer la rue.
03:40Et on a changé les lampes en LED pour moins de consommation.
03:44C'est comme ça qu'on fait.
03:46Chaque institution, chaque université, chaque hôpital,
03:50chaque immeuble qui a de l'électricité, qui a son générateur,
03:53nous donne de l'électricité.
03:55En contrepartie, il a un rabais grâce à notre partenaire,
03:58qui est Medco.
04:00C'est grâce à cette initiative et grâce à ce modèle
04:03qu'on a pu allumer 105 rues jusqu'à maintenant.
04:09Il y a encore des petites coupures, c'est ça ?
04:11Oui, parce qu'il y a de l'électricité qui est venue.
04:13Elle vient deux heures par jour seulement.
04:15C'est liban.
04:17Donc il y a le moteur qui revient, qui part, deux heures.
04:20Donc il y a une coupure de dix secondes.
04:22La plupart des Libanais n'ont que deux heures d'électricité par jour.
04:26C'est décevant.
04:28Ces micro-coupures, ça fait partie du quotidien, quoi.
04:31Oui, on est habitué.
04:33Où il y a la lumière, il y a la vie.
04:35Ça devrait être un droit, mais malheureusement,
04:37en l'absence d'électricité dans tout le pays,
04:40on n'a plus le choix que de faire nous-mêmes.
04:43Sous-titrage Société Radio-Canada