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Pianiste virtuose, artiste inclassable, Chilly Gonzales est hors-norme. On a voulu voir à quoi ressemble la préparation de l'un de ses concerts. C'est à l'Olympia, accompagné de Myd et Chanceko, qu'on l'a retrouvé pour se laisser doucement glisser dans son univers.

Chilly Gonzales sera en concert le dimanche 4 novembre à la Gaité Lyrique dans le cadre du ARTE Concert Festival !
En attendant, son album "French Kiss" est disponible partout.

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Musique
Transcription
00:00La première fois qu'il est arrivé en studio, il était en chaussons quand même.
00:08On est à l'Olympia, c'est le deuxième soir de deux concerts, on a fait le grand
00:20boulot de s'installer, on a tout laissé ici, j'ai même tous mes robes de chambre
00:25qui sont restées dans les loges, c'est un vrai luxe de jouer deux fois dans le même
00:29endroit.
00:30Et puis bientôt, il y a un guest spécial qui va arriver, qui va surprendre le public
00:36à toute fin de concert.
00:37Ce soir, je vais arriver en technomane, je te le dis, j'ai un bon beurre et j'ai des
00:55lunettes de soleil je pense, ce sera trop bien, ce sera mieux.
00:58Voilà, il faut que tu sois un minimum en personnage, personne se déguise, mais tout
01:03le monde vit leur fantasme.
01:05Mon principe de scène, c'est que je vis mon fantasme, c'est l'impunité totale, c'est
01:10d'être un génie musical qui a le droit d'être sensible, fragile et arrogant s'il
01:16veut.
01:17Chez les artistes, tu ne sais jamais ce qu'il y a de la part du déguisement, mais les
01:19costumes, en tout cas, ça aide toujours à sortir un peu de qui on est.
01:24Il avait besoin d'un gig de musique électronique.
01:32La vérité, c'est que Juliette Armanet est venue hier soir et elle ne peut pas ce soir.
01:37Et lui, il avait un gig hier soir et il pouvait venir ce soir.
01:42On sait que je suis la Juliette Armanet de l'électro.
01:45Et moi, je suis le mid du piano.
01:47La musique électronique, c'est tout simplement ça.
01:50On met un kick, on l'enlève, ça rend triste les gens, on leur allume et ça les rend
01:55heureux.
01:56Tu veux raconter ce qu'on va faire ? Non, c'est un secret.
02:04J'ai vécu à Paris pendant dix ans, début des années 2000 et j'étais un peu traumatisé
02:21par des codes à Paris que je ne maîtrisais pas et je me retrouvais souvent à parler
02:26trop directement avec les gens.
02:28Cette culture un peu de diplôme, de séduction, ça me dépassait à des moments.
02:33Je me suis toujours dit que la langue, ça représente quelque chose pour eux.
02:37Ils ont une relation hyper intime avec cette langue.
02:40Ils voient beaucoup de leur culture à travers un prisme littéraire, notamment la chanson
02:46française littéraire.
02:47Et là, je trouvais qu'il n'y avait pas de place pour moi.
02:49Donc là, je commence à me réconcilier avec déjà la littérature française.
02:54J'ai commencé à lire, je commençais à écouter beaucoup de rap français et j'ai
02:58compris que le rap a fait son takeover de la culture musicale de la France tout court.
03:03On n'était plus dans des histoires de prisme littéraire, qu'il faut se prendre au sérieux
03:08pour être pris au sérieux.
03:09Moi, je n'ai jamais voulu choisir entre l'art et l'entertainment, je crois qu'on peut facilement
03:15faire les deux.
03:16Pour moi, la chanson, c'est quelqu'un qui parle à eux-mêmes, c'est moins intéressant.
03:21Je n'ai jamais voulu être chanteur pour cette raison là.
03:24Quand on écrit dans une langue qui n'est pas notre langue maternelle, on a moins de
03:29choix à formuler les phrases et les sentiments et ce qu'on veut dire.
03:34Je croyais que je faisais un single, le morceau Piano à Paris, featuring Juliette Armanet.
03:39Et finalement, j'ai eu l'idée de C'est Wonderful, de prendre un bain de foule, un petit jeu
03:44de mots inspiré par For me, for me, formidable.
03:48Peu à peu, j'ai voulu continuer à écrire en français, après rajouter des reprises
03:53instrumentales en français.
03:54Et après un bout de six mois, j'avais un album, donc je me suis surpris moi-même.
04:02La chanson, pour moi, c'est toujours ça, c'est je vous dis quelque chose dans ma journée
04:07intime que je n'oserais jamais dire.
04:09Et le rap, j'ai l'impression que c'est tout l'inverse, qu'on partage comme on parle avec
04:14les gens.
04:15On est en représentation d'une manière très positive, c'est la communication.
04:19Quand le rap a fait son takeover et j'ai compris, il y avait des gens comme Bonny Banane,
04:24je ne sais pas, ça m'a inspiré et je me suis dit, le terrain est mûr enfin.
04:28Moi, qui c'est toujours un peu inspiré des rappeurs pour la gestion de ma carrière tout
04:34court.
04:35Quoi de mieux d'enfin surprendre les gens à chanter, rapper, pas se lamer en français.

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