Antoine de Caunes reçoit les talents des films qui font l'actualité cinéma en salles
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00:00Nous sommes ici dans un studio mythique du centre de Paris,
00:03le studio Saint-Germain,
00:04pour parler d'Enfant Phare, le film d'Emmanuel Courcol,
00:08un film où la musique est évidemment capitale.
00:10La musique, c'est le carrefour, on est obligés d'en passer par là,
00:14c'est le carrefour entre ces deux personnages.
00:16C'est ce qui vous a aussi permis à tous les deux, comédiens,
00:18de connecter tout de suite.
00:20La musique ?
00:22En vrai, le truc qui nous a connectés, je crois que c'est Jim Carrey.
00:25C'est quoi ?
00:26C'est Jim Carrey.
00:27On a peut-être vite parlé de Jim Carrey.
00:29Quel rapport entre Jim Carrey et Enfant Phare ?
00:30C'est pas musicien à maintenant, mais dans la musique, le style, on va dire.
00:34La musique, le style de ses fréquences vocales,
00:38de la musicalité de sa comédie, quelque part.
00:40On a quand même connecté avec la musique assez vite
00:42parce qu'on s'est mis au piano dans une salle de répète,
00:44parce qu'il y a une scène où je lui apprends d'où viennent les origines du jazz
00:52et l'influence du classique sur le jazz.
00:53Et on s'est mis à faire un peu du boogie à quatre mains.
00:57Mais ce plaisir qu'on a eu à découvrir qu'en fait, on avait un peu ce goût-là
01:03et qu'en impro, ça commençait à le faire.
01:05Et puis, ah putain, là, le frérot !
01:07Et ça nous a permis quand même de se sentir,
01:11de se sentir et de commencer à bien s'aimer.
01:13Ce qu'il a de particulier, ce film, c'est que c'est une comédie
01:17à la fois drôle, tendre, émouvante,
01:19avec une touche de comédie sociale à l'anglaise,
01:23briques rouges du Nord compris.
01:25C'est ce qui vous a plu, comme ça ?
01:29Ouais, ce côté un peu Billy Elliot, Ken Loach.
01:31C'est un peu aussi une référence, ce genre de cinéma,
01:35quand on va l'appliquer en gros.
01:37Même pour le réalisateur, c'est la référence pour lui.
01:42Un peu de drame social, enfin comédie sur fond de drame social.
01:46Moi, ce mélange des genres, il me touche beaucoup,
01:47mais c'est aussi parce que c'est extrêmement bien écrit.
01:49C'est pas juste parce qu'on rit en pleurs,
01:51parce que ça, c'est vraiment très consensuel de dire
01:53vous allez rire, mais vous allez aussi pleurer.
01:55C'est un film doux-amer.
01:57Ça, ça peut me crisper au dernier degré.
01:59Je l'ai pas dit, vous avez remarqué.
02:00Non, mais du coup, je l'exorcise.
02:03Et c'est ça, c'est que c'est toujours pétri de sincérité, d'authenticité.
02:07Quand on rentre dans la fanfare, cette vraie fanfare de Lalin,
02:10parce que c'est la fanfare du film.
02:12La fanfare du film est un vrai ensemble musical amateur.
02:15C'est l'union musicale des mineurs de Lalin.
02:18En fait, ils ont ça.
02:19Ils sont à la fois très émouvants
02:21et ils nous font hurler de rire dans la seconde d'après.
02:25Et moi, je suis persuadé qu'on est ému dans le film
02:28parce qu'on a ri deux secondes avant
02:30et que la qualité de l'émotion, elle est liée à l'éclat de rire qu'on a eu avant.
02:34Ça change quoi, d'ailleurs, de jouer avec des acteurs non professionnels ?
02:37C'est qu'il y a une certaine...
02:39Une sorte de fraîcheur.
02:40Il y a aussi un truc assez intéressant, c'est qu'ils sont déjà entiers.
02:43C'est-à-dire qu'il y a pas eu besoin de faire un travail de composition
02:45pour qu'il y ait un personnage.
02:47C'est déjà des gens qui sont des personnages en soi.
02:49Donc, du coup...
02:51Non, ça va même plus vite
02:54parce qu'en plus, quand on les met à l'aise, ils sont eux-mêmes.
02:56Donc, du coup, c'est hyper intéressant
02:58parce que ça match tout de suite, c'est hyper cool.
03:00Et vous continuez à jouer du trombone, donc ?
03:02Je continue à le regarder, mais...
03:04Là, vous me tentez parce qu'il y en a un qui...
03:07Bah si, il y a un trombone qui vous regarde, là.
03:08Non, je peux pas jouer
03:10parce que j'ai une plaque dans la main que je dois enlever après-demain.
03:13Et c'est hyper mauvais pour les...
03:15Mais t'as qu'à...
03:16Moi, j'aurais pris le trombone, j'aurais au moins essayé de souffler dedans, quoi.
03:19Je sais pas.
03:21Attention, là, voilà.
03:22Un peu de bonne volonté.
03:23Evidemment, il décroche le micro.
03:25Ouais.
03:26N'importe quoi.
03:27C'est pas que ce soit une contrainte non plus.
03:29Mais c'est une contrainte, tout est une contrainte.
03:30C'est une prise de risque, c'est toujours une prise de risque.
03:32On n'a pas envie que ça nous enlève des entrées.
03:33On n'a pas envie que ça vous perce les tympans.
03:35Moi, je vais faire l'avion.
03:40L'avion qui revient.
03:46Putain, c'est Dunkerque.
03:47Ah, moi, je dis monsieur.
03:48Christopher Nolan, Dunkerque.
03:49Ah, je dis monsieur.
03:50Ah ouais, moi aussi.
03:52J'ai vraiment un coup de bol, je vais remettre la petite truie
03:53parce que j'ai l'enseignement.
03:54Il n'a jamais aussi bien joué sur le tournage.
03:55Je sais pas très bien en faire en vrai, à part quand je fais l'avion.
03:56Et du coup, je me suis marié il n'y a pas très longtemps.
03:59J'ai envie que ça marche.
04:00Le mariage ou la trombone ?
04:02Le mariage.
04:03Ah.
04:04Et pour ce qui est de la direction de l'orchestre,
04:06vous avez travaillé avec un vrai chef.
04:09Antoine Dutail, c'est ça ?
04:10Exact.
04:11Je suis très renseigné.
04:12Je voudrais savoir ce que ça fait comme sensation
04:14de diriger 65 musiciens ?
04:17Sensation de toute puissance ?
04:19Alors, il y a deux facettes.
04:22Il y a deux aspects de la chose.
04:23C'est, au départ, un peu humiliant parce qu'on se sent...
04:29Pas légitime.
04:30Ouais, on se sent pas légitime.
04:31Parce que je joue un chef qui est vraiment
04:33un grand, grand professionnel.
04:34Il y a une star dans son domaine.
04:36Et comme moi, je suis un petit peu fragile sur la question.
04:40Alors, j'ai travaillé.
04:41J'ai travaillé comme un fou.
04:42Mais le début de journée où vous devez interrompre l'orchestre,
04:45leur faire des notes, leur dire,
04:46non, s'il te plaît, t'es un peu en dessous là, large,
04:50et de reprendre alors qu'on fait tomber sa baguette
04:53et que les musiciens vous regardent en faisant...
04:56Il y a un petit endroit où on se dit,
04:57allez, Benjamin, il faut que s'ils t'y croient pas,
05:00ils vont pas y croire.
05:02Et petit à petit, pendant la journée,
05:03à force de refaire et de refaire,
05:04je commençais même à avoir de l'influence sur eux
05:07et de sentir ce que c'était de diriger, en fait,
05:12et d'avoir ce...
05:13Au-delà du pouvoir, la communion et de sentir la musique
05:16et que ça vous remplit.
05:18Et moi, j'ai eu les larmes aux yeux.
05:19À plein de moments,
05:21j'étais submergé par Beethoven,
05:24mais par ce que c'est que de faire de la musique ensemble
05:27et surtout d'avoir la puissance des cuivres, des cordes.
05:30Et c'était extraordinaire.
05:31Le film a été présenté à Cannes, très bien accueilli à Cannes,
05:35très bien accueilli dans le Nord.
05:36Vous l'avez présenté pendant 3-4 jours,
05:37vous avez fait des avant-premières partout.
05:38C'est un film qui...
05:40Alors, si ça marche à Cannes et si ça marche dans le Nord,
05:42on va dire que c'est un film fédérateur.
05:44Oui, puis même qui dépasse les frontières.
05:46C'est-à-dire qu'on est là,
05:47on est un peu surpris du phénomène qui a lieu,
05:50parce que je crois qu'il y a eu plus de 11 prix du public
05:52pour le film à l'étranger.
05:53Portugal, en Espagne, en Italie, à L.A.
05:57Donc, on se dit, bah oui, c'est vrai que la musique,
06:00c'est universel, c'est fédérateur.
06:02Et la musique amateur aussi, la musique pour tous.
06:04Juste pour finir, Pierre,
06:05vous êtes nommé aux Révélations pour les prochains Césars.
06:07Putain, oui.
06:08Bah oui, putain, oui.
06:09Oh putain, oh merde.
06:11Oh merde.
06:12Bravo, Pierrot.
06:13Ouais, non, c'est vrai.
06:14Bonne nouvelle.
06:15Ah, je suis content.
06:17Bonne nouvelle.
06:18Est-ce que...
06:19Benjamin est déjà passé par là,
06:20qu'il y a quatre nominations au Césars.
06:21Ouais.
06:23La bulle.
06:24La bulle, zéro pour l'instant.
06:25La bulle, pour l'instant.
06:26En même temps, c'est un peu gris,
06:27dans ce moment où l'enveloppe s'ouvre
06:29et sur les lèvres,
06:30on a compris avant qu'on l'avait pas.
06:31C'est prendre ça avec beaucoup de recul
06:32et c'est tellement chic de pas l'avoir.
06:33Ouais, c'est ça.
06:35Voilà.
06:36Donc je te souhaite de pas l'avoir,
06:37c'est beaucoup plus classe.
06:38Ouais.