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"Le foot c'est comme la vie, c'est pas un long fleuve tranquille."

🇸🇳🇨🇲 De la CAN 1986 avec le Cameroun à la CAN 1992 avec le Sénégal, Claude Le Roy, ancien sélectionneur, partage ses 4 anecdotes de la compétition.

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Sport
Transcription
00:00J'avais Joseph-Antoine Bell dans les buts.
00:03Moi, quand j'ai gagné des grandes compétitions dans ma carrière,
00:06c'est pas que j'étais le meilleur entraîneur,
00:07c'est que j'avais toujours le meilleur gardien.
00:09Brut Afrique, bonsoir.
00:10Claude Leroy.
00:20On est dans le groupe de l'Algérie et le Maroc
00:21qui sont qualifiés pour la Coupe du Monde.
00:23On n'est pas forcément dans les favoris, loin s'en faut.
00:26Puis finalement, on finit proviés de la poule.
00:28En demi-finale, on joue la Côte d'Ivoire de Youssouf Oufana.
00:33On gagne et on se retrouve en finale devant 100 000 personnes au Caire, en Égypte.
00:39Donc, on prépare tactiquement.
00:41Déjà, la veille, il n'y a plus de terrain d'entraînement.
00:43On s'entraîne dans un parc avec les familles et les enfants et tout.
00:47Les buts, je fais ça avec des cailloux
00:49parce qu'on nous dit qu'il n'y a plus de terrain d'entraînement.
00:54Donc, je prépare tactiquement ce match
00:58parce qu'on sait que Tahir Abou Zeid a pris un carton en quart de finale,
01:03un carton pour le troisième match de groupe et un carton en demi-finale.
01:06Donc, il est suspendu.
01:07C'est peut-être le meilleur joueur africain de l'époque.
01:11Au moment d'arriver sur le stade, je regarde l'équipe d'Égypte.
01:16Qu'elle ne fut pas ma surprise de voir que Tahir Abou Zeid jouait.
01:21Il semblerait que, dans la nuit précédant la finale,
01:24le président Moubarak ou son fils, on ne sait plus qui,
01:27avait fait en sorte qu'un carton jaune se volatilise dans la nuit égyptienne
01:33et que la CAF, à l'époque, lui a donné le droit de jouer cette finale.
01:39C'est lui qui a marqué, puisqu'on a perdu au tir au but,
01:42un des tirs au but qui a permis à l'Égypte de gagner.
01:47Donc, c'était une découverte de la Coupe d'Afrique des Nations
01:52au goût un petit peu amer.
01:56Ça me paraissait tellement énorme que j'avais presque envie d'éclater de rire.
02:01Mais j'ai été vacciné très jeune.
02:04En réalité, à ce moment-là, les difficultés dans le football africain,
02:08comme des politiciens dans certains pays, en particulier en Égypte,
02:11pouvaient complètement influer sur le cheminement et le résultat d'un match
02:15ou même d'un tournoi.
02:17Puisqu'on sait qu'en 1986, c'était le moment où il y a eu l'attaque sur les pyramides
02:20et que la situation en Égypte était compliquée politiquement.
02:28La deuxième, c'est avec le Sénégal, mais c'est encore un peu dans le négatif.
02:33C'est dommage parce que la Coupe d'Afrique des Nations à nouveau,
02:38en 1990, en Algérie, où on fait un super parcours,
02:46le Cameroun que je venais de quitter.
02:48Je vis encore mal aujourd'hui cette demi-finale perdue contre l'Algérie
02:51parce que je pense qu'on méritait de la gagner,
02:54que l'arbitre, là aussi dans un contexte très tendu,
02:571990, c'était les années de braise un peu en Algérie.
03:01Donc la situation politique était très tendue, très compliquée.
03:07Et on a eu le sentiment d'être lésé avec, je me rappelle,
03:15les pleurs de Jules Bocandé après cette demi-finale
03:19qui avait l'impression que là, on était tout prêts peut-être
03:24d'arriver à décrocher le Graal, à casser le plafond de verre du Sénégal.
03:28Et c'était déjà bien.
03:30On était en demi-finale, mais ça ne nous suffisait pas.
03:33Ça a été un moment très triste.
03:38L'événement qui m'a le plus touché, c'est quand on gagne la Coupe d'Afrique au Maroc.
03:45On fait une demi-finale d'une intelligence tactique incroyable contre le Maroc.
03:50Je pense que le Maroc était à l'époque vraiment une immense équipe.
03:55Ils avaient fait une Coupe du Monde brillante deux ans avant.
03:59Je pense que c'est un des matchs peut-être que j'ai le mieux maîtrisé tactiquement dans ma carrière.
04:04J'avais Joseph-Antoine Bell dans les buts.
04:07Quand j'ai gagné des grandes compétitions dans ma carrière,
04:10ce n'est pas que j'étais le meilleur entraîneur, c'est que j'avais toujours le meilleur gardien.
04:13Et donc, on a fait une Coupe d'Afrique, je pense, d'une intelligence tactique incroyable.
04:22On n'a rien raté. Tout ce qu'on a fait, on l'a bien fait.
04:25Tout s'est bien déroulé. Comme quelques fois, les choses tombent dans le bon sens.
04:29C'est la vie du foot. Le foot, comme la vie, ce n'est pas un long fleuve tranquille.
04:33À des moments, on a l'impression que rien ne peut nous arriver,
04:35que tout est fluide, que tout ce qu'on a prévu se passe comme ça.
04:40Et puis, quelques fois, tout ce qu'on a prévu, ça ne se passe pas comme ça non plus.
04:47Senegal 92, par exemple, qui est probablement la plus grosse déception de toute ma carrière.
04:54J'avais une équipe pour qu'on puisse être champion d'Afrique.
04:58J'avais vraiment des super joueurs partout.
05:01On avait bien bossé. On avait beaucoup, beaucoup travaillé.
05:04Et puis, dans un quart de finale contre le Cameroun, sur une action,
05:09les bonguets nous marquaient un but alors qu'on aurait dû gagner ce match bien avant.
05:15Mais là aussi, c'est la vie du foot.
05:19C'est pour ça que je me disais, je n'ai pas gagné cette Coupe d'Afrique avec le Sénégal.
05:24Et heureusement, maintenant, ça y est, ils l'ont cassé le plafond vert.

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