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  • 07/10/2024
Sa vie a basculé en un instant... Ancien basketteur, Ahmed Taofik est aujourd'hui tétraplégique suite à un accident de voiture. Pour Brut, il raconte son parcours inspirant.

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Transcription
00:00On reprend la voiture, on conduit, tout se passe bien, très bien.
00:02Je dis au chauffeur, moi je vais dormir, moi je suis un peu fatigué.
00:05Et je m'endors.
00:08La prochaine chose qui m'arrive, en fait,
00:11je me réveille, la voiture en train de tourner sur elle-même.
00:14Je suis toujours en train de penser que je suis en train de rêver.
00:16Je me dis, bon, je suis dans la voiture sur le côté de mon chauffeur,
00:21je vais me réveiller, mais le temps passe.
00:24Je ne me réveille pas.
00:26Et là, je commence à me dire,
00:27je suis dans un cauchemar, et ce cauchemar, en fait, c'est une réalité.
00:50La veille, tout était magnifique.
00:51Je sortais d'une soirée extraordinaire.
00:55Le président Macron était en visite officielle au Bénin.
00:58Il y avait plein de jeunes leaders.
00:59J'avais été élu dans les 100 jeunes leaders africains
01:02qui impactent l'Afrique, qui impactent l'Europe.
01:04Et ce soir, après l'événement, après la soirée,
01:06je demandais à un ami s'il connaissait un chauffeur
01:09qui pouvait m'emmener là-bas.
01:10Il me dit bien que oui.
01:12Et donc, le chauffeur vient me prendre.
01:14On arrive à mi-chemin et je m'endors.
01:18La prochaine chose qui m'arrive, en fait,
01:21je me réveille, la voiture en train de tourner sur elle-même.
01:24À un moment, la voiture arrête de tourner.
01:27Et là, donc, les roues sont en l'air.
01:29J'essaie de vouloir sortir.
01:31Et là, je me rends compte que mon bras, il s'écroule sur moi.
01:35Et là, je me rends compte que je ne sens plus du tout mon corps.
01:38Il doit être deux heures du matin.
01:40On est au milieu de nulle part, je ne sais même plus où on est.
01:43Il pleuvait ce jour-là aussi, il était en train de pleuvoir.
01:45La première chose que je me dis, c'est que qui va venir ici, quoi ?
01:49Et là, comme par magie, il y a deux personnes
01:51qui apparaissent de nulle part de la forêt.
01:54Ils me sortent de la voiture.
01:55C'est assez bizarre parce que malgré le moment,
01:58au lieu d'avoir peur, j'ai une certaine sérénité à ce moment-là.
02:02Le chauffeur, il s'affole.
02:04Donc, je dis non, ce n'est pas le moment de s'affoler.
02:06Je dis voilà, prends mon portable dans la voiture.
02:10Et là, je passe tout le coup de fil important qu'il me faut passer.
02:15Finalement, dès que j'ai passé ce coup de fil-là,
02:18je perds connaissance.
02:20Et là, je me retrouve dans un endroit, une sorte de dispensaire.
02:26Mes amis que j'allais rejoindre à Paracoup,
02:29eux, ils sont venus me retrouver à l'endroit où j'étais.
02:32Et ils ont pu trouver un moyen de me trouver une ambulance
02:34qui m'a récupéré, qui m'a ramené jusqu'à Cotonou.
02:38On m'a opéré et le lendemain, j'ai été transféré directement
02:41par avion en France à la Pitié-Salpêtrière
02:45où ma femme Tatiana avait tout mis en oeuvre
02:47pour que je sois accepté ici
02:49et que je puisse poursuivre mes soins.
02:52Je tombe dans le coma pendant six semaines quand même.
02:54C'est au sortie des six semaines de coma
02:56qu'on m'apprend que je ne vais pas remarcher.
02:58Mais je t'avoue qu'à ce moment-là,
03:00marcher, ce n'est même pas mon souci en fait.
03:02Mon souci, c'est de vivre d'abord.
03:03C'est d'abord de revoir ma famille, revoir mes enfants.
03:05L'acceptation, c'est le moment le plus important,
03:07je pense, dans le handicap.
03:09Et moi, ça s'est effacé très, très vite.
03:11Je me suis dit que ça faisait partie des étapes de ma vie.
03:15Une grosse partie de ma détermination aussi vient de ma mère.
03:18Elle n'a jamais pris le temps de pleurer sur son sort ou quoi que ce soit.
03:22C'est vraiment l'une des choses qui m'a permis aussi de m'accrocher
03:25parce que je voulais continuer mon combat,
03:27continuer à impacter mon pays,
03:29continuer à être ce mentor et ce leader.
03:31Malgré mon handicap, malgré ma situation,
03:34le chef de l'État du Bénin, le président Patrice Talon,
03:37m'a nommé conseiller du ministère des Sports
03:40en charge de la jeunesse, des loisirs et du handisport.
03:43Donc ça déjà, c'est complètement quelque chose qui m'a surmotivé.
03:47Je pense que je suis en Afrique une fois par mois.
03:49C'est toute une autre organisation.
03:51Il faut arriver plutôt à l'aéroport,
03:54mettre mon fauteuil dans la soute,
03:56me faire passer sur un autre petit fauteuil
04:00qui me permet de monter dans l'avion.
04:01Et de l'avion, il faut quand même me transférer sur mon siège.
04:05Et là, maintenant, on me met dans mon siège et donc je peux voyager.
04:08Ça, c'est une difficulté déjà de pouvoir se faire transporter.
04:11Le plus compliqué, c'est vraiment avoir besoin des gens pour tout.
04:15La perte d'autonomie, c'est vraiment le truc le plus horrible.
04:17Je suis très croyant, Dieu m'a mis dans cette situation.
04:20Ça m'aide d'observer, de continuer à grandir.
04:23Avec mon association, ça fait 10 ans qu'on travaille
04:25avec le comité paralympique béninois,
04:27l'association handisport de basketball au Bénin.
04:31Mais maintenant, d'être handicapé, je comprends encore mieux leur situation
04:34et je peux comprendre encore mieux comment les servir, comment les aider.
04:37Au Bénin, depuis plusieurs années,
04:40on a lancé un autre tournoi 1 contre 1.
04:42On a rénové plusieurs terrains de basket,
04:44dans plusieurs villes au Bénin.
04:46Aujourd'hui, il y a des endroits les plus reculés du Bénin, dans le nord,
04:50où les jeunes, ils ont accès au basket.
04:52Mon autre prochain rêve à moyen et à long terme,
04:54c'est de pouvoir augmenter le nombre de participants paralympiques béninois
05:02aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028.
05:05Ce qui est très intéressant, qui m'a beaucoup fait plaisir par contre,
05:08cette année, c'était les Jeux paralympiques à Paris.
05:10Ça a changé le regard du handicap.
05:12On a vu des supers athlètes lors de super compétitions.
05:17Il y a eu aussi plein de choses qui ont été faites en amont dans les écoles et tout.
05:20Et du coup, pour beaucoup d'enfants, par exemple,
05:23quand ils voient une personne handicapée,
05:24on te voit plus comme un super héros aujourd'hui
05:26que comme quelqu'un qui a besoin d'assistance ou d'aide.
05:30Après, je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire au niveau Afrique
05:33sur ce regard parce que c'est triste, mais en Afrique,
05:36le handicapé, c'est mendiant.
05:38Et ça, c'est un de mes combats, ce serait de changer cette vision-là.
05:41Déjà, avec mon rôle, montrer que tu peux être une personne handicapée
05:45et avoir une bonne place dans la société.
05:47Tu peux avoir un bon boulot, tu peux réfléchir, tu peux raisonner
05:51parce que, comme j'ai appris avec mon expérience,
05:53les deux muscles les plus importants, c'est le cœur et le cerveau.
05:56Donc, quand tu as le cœur et tu as le cerveau, tu peux réaliser tout ce que tu veux.
05:59Le jour où je ne suis plus là, j'ai envie que les gens disent
06:01« Voilà, on a connu ce gars Ahmed Taoufiq, il est venu,
06:04il a eu une vie magnifique, il a eu des situations compliquées,
06:08mais il s'est relevé et il a continué à se battre.
06:10Il m'a montré un exemple.
06:11Et donc, si lui-là, il arrive à le faire, moi, je peux aussi le faire.

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