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🇸🇳 Le Sénégal a finalement décidé de rentrer en négociations pour acquérir la bibliothèque de Léopold Sédar Senghor. Mais comment les ouvrages de l'ancien président se sont-ils retrouvés mis en vente aux enchères en France ? Edouard Gning vous dit tout dans l'update de Brut Afrique.

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Transcription
00:00Mardi dernier, l'État du Sénégal est intervenu in extremis pour faire stopper la vente de plus de 300 oeuvres
00:05issues de la bibliothèque de Léopold César Senghor.
00:07La majeure partie de la bibliothèque du président Senghor se retrouve entre les mains
00:11d'une tierce personne qui n'a absolument rien à voir avec l'histoire du Sénégal.
00:14Cette bibliothèque est unique au monde, parmi les livres qui la composent,
00:17ceux de son vieil ami Aimé César, père de la négritude.
00:19On y retrouve aussi des réalisations de Ousmane Sembène, célèbre réalisateur sénégalais,
00:23ou encore des ouvrages du poète français Jacques Prévert.
00:26Mais comment cette bibliothèque s'est retrouvée mise en vente en France ?
00:29On en parle dans l'update de Brut'Afrique.
00:37Salut tout le monde, c'est Edouard pour Brut.
00:39Alors aujourd'hui, pour analyser les enjeux de cette vente
00:41et comprendre la genèse sur l'héritage de l'ancien président Léopold César Senghor,
00:45je me suis entretenu avec Salih Alassane Cham, président de l'ONG Afrique Patrimoine.
00:49Salih Alassane Cham, bonjour.
00:50Bonjour Edouard.
00:51Alors cette bibliothèque du président Senghor est bien un patrimoine culturel,
00:55mais n'est pas un bien public.
00:57Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
00:58Cette bibliothèque-là fait partie de la collection privée.
01:01Même dans le cadre de la question de la restitution des objets culturels,
01:03il y a des objets qui relèvent de la collection privée,
01:07qui n'ont absolument rien à voir avec la collection publique.
01:10La collection publique est protégée par la loi française, la doménialité publique.
01:14Donc ces objets en question, lors du décès du président Senghor,
01:18il a légué ces objets à son épouse, madame Colette Senghor.
01:21Madame Colette Senghor, à son tour, quand elle est décédée, a laissé ces objets à sa sœur.
01:25Et sa sœur l'a légué à sa gouvernante.
01:27Donc aujourd'hui, on est dans une situation qui est vraiment frustrante.
01:31C'est-à-dire que la majeure partie de la bibliothèque du président Senghor
01:33se retrouve entre les mains d'une tierce personne
01:35qui n'a absolument rien à voir avec l'histoire du Sénégal.
01:38Parce que cette dame, aujourd'hui, a hérité de ce que dit la loi française.
01:41Quand on hérite et qu'on n'a pas de lien de parenté avec la personne,
01:45on est obligé de payer 100% au fisc français.
01:47Raison pour laquelle, on a dit, le président de la République doit pouvoir interpeller ce sujet
01:52et le traiter de manière bilatérale dans le cadre de la coopération culturelle.
01:55Et aujourd'hui, ça y est, Alassane Diam, où en est-on concrètement
01:57concernant cette vente de la bibliothèque du président Senghor ?
02:00Alors, la suite, c'est qu'aujourd'hui, de ce qu'on a eu comme information
02:04de l'ambassadeur de France au Sénégal, Maguetsey,
02:06c'est que le Sénégal va conclure l'achat avec le commissaire Préseur et la vendeuresse.
02:11Ensuite, cette bibliothèque sera rapatriée à Dakar.
02:15Mais, quand même, ce problème doit encore nous interpeller, nous, Africains.
02:20Quelle démarche doit-on faire pour la protection de nos patrimoines ?
02:23D'autant plus que c'est régi et conseillé par la Charte de la renaissance culturelle africaine
02:28qui nous dit, à son article 3, de promouvoir et de préserver le patrimoine culturel africain
02:32à travers la restitution, la conservation et la réhabilitation.
02:36Concernant la vente suspendue des œuvres de la bibliothèque de Senghor,
02:39l'État sénégalais et l'Hôtel des ventes de Caen se sont donnés deux semaines
02:42pour trouver un accord.

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