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Plusieurs rassemblements sont prévus en Drôme-Ardèche ce samedi contre les violences faites aux femmes :
-10 heures au Poët Sigilat et Privas
-11h place Porte-Neuve à Valence et parking St James à Montélimar
-14 heures a Anneyron

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Transcription
00:008h45 à la veille de plusieurs rassemblements Dromardèche contre les violences faites aux femmes
00:12le témoignage ce matin d'Emmanuelle Champal d'une victime qui est avec nous
00:16Bonjour Karine Djeli, merci d'être là, vous témoignez ce matin un visage découvert, ce n'est pas si fréquent
00:22Pourquoi vous accepter qu'on vous voie ?
00:26Aujourd'hui j'ai décidé cette invitation parce que je veux que ma parole puisse être entendue
00:36par le plus grand nombre, essentiellement les femmes mais aussi les hommes, les familles
00:42parce qu'autour de nous, il faut se dire, ça n'arrive pas qu'aux autres
00:46ça peut être notre soeur, ça peut être notre fille, on ne sait pas
00:53et aujourd'hui, après plusieurs années où j'ai fait un travail sur moi-même
01:01j'ai réussi à pouvoir prendre la parole comme ça, en direct
01:09Quand on s'est parlé hier, vous m'avez dit « je n'ai plus honte aujourd'hui de dire que j'ai été une femme battue »
01:14Oui j'ai plus honte, c'est vrai qu'il y a quelques années
01:16Et c'est aussi pour ça ce témoignage ?
01:17Oui tout à fait, j'ai plus honte aujourd'hui, la honte ce n'est pas nous les victimes qui devons l'avoir
01:22c'est nos agresseurs, c'est pour ça aussi, c'est vraiment important pour moi
01:27à l'époque je pensais avoir une étiquette sur le front avec marqué « femmes battues »
01:33et ça c'était très dur, aujourd'hui c'est une fierté, j'ai fait un long combat
01:39et pour tout ça je témoigne à visage découvert aujourd'hui
01:47Les violences psychologiques, physiques, ont également duré une dizaine d'années
01:51avec votre ex-mari dans le secteur de Livron
01:57cet homme a été condamné, il a fait deux mois de prison
02:00Aujourd'hui vous vous en tirez quoi de cette expérience-là ?
02:04Vous dites quoi aux femmes qui pourraient être dans la même situation que vous
02:07et qui subissent et qui n'osent pas parler encore ?
02:10C'est vrai que c'est très difficile de parler
02:14il n'y a pas beaucoup de lieux mais ça se démocratise de plus en plus
02:18aujourd'hui on a des centres, notamment des associations
02:22vous avez le CIDFF à Valence dont je fais partie
02:26on fait partie d'un groupe de paroles de femmes
02:30elles sont toutes invitées à venir, elles sont là
02:34on s'écoute les unes les autres sans aucun jugement
02:38Vous les rencontrez chaque mercredi ?
02:41Tous les 15 jours on se retrouve
02:45il y en a qui sont un peu plus anciennes, il y en a qui arrivent, c'est la première fois
02:49et ça permet vraiment de libérer la parole et on échange
02:53des choses qui peuvent être très pertinentes
02:57comme le choix d'un avocat, de porter partie civile
03:03Le plus dur c'est le premier pas finalement ?
03:05Le premier pas c'est déjà partir
03:09c'est aller porter plainte et pousser la porte d'un commissariat
03:14c'est vraiment pas facile
03:16Est-ce qu'aujourd'hui tout est fait dans les commissariats, dans la gendarmerie
03:19pour accueillir les plaintes des femmes battues ?
03:22Alors il y a du progrès
03:26il y a beaucoup de formations, les gendarmes, les policiers ont des formations
03:30après comme partout
03:35il y a des personnes qui sont plus
03:39dans la bienveillance avec nous
03:43il y en a où il y a beaucoup moins de respect
03:47et encore hier il y a une dame que j'ai rencontrée et qui m'a dit
03:51je suis allée dans un commissariat et on n'a pas voulu prendre ma plainte
03:55et ça pour moi ce n'est pas entendable
03:59au jour d'aujourd'hui on doit prendre les plaintes de ces femmes
04:03c'est pas ce qu'on vit et c'est affreux
04:05Concernant la protection des femmes qui subissent ces violences conjugales
04:09il y a plusieurs dispositifs qui ont été mis en place ces dernières années
04:13le bracelet anti-rapprochement, il y a des hébergements d'urgence
04:17également qui sont mis en place, est-ce que pour vous c'est suffisant ?
04:21Est-ce que ça fonctionne tout ce qu'on a mis en place ?
04:23Alors oui ça fonctionne, il n'y a pas très longtemps que ça existe
04:27moi j'ai bénéficié du bracelet
04:32notamment d'appels d'urgence
04:36mais ce n'est pas suffisant, il faut savoir que sur Valence par exemple
04:40il y a trois appartements qui sont destinés à des femmes
04:44victimes de violences conjugales
04:48et qui sont obligées de partir pour leur survie
04:52et des fois elles partent avec leurs enfants sous le bras
04:56et elles se retrouvent dans des appartements
05:00qui sont prêtés par la ville de Valence
05:04et donc ça je pense que ça se fait dans toutes les villes dans la France.
05:06Et il faudrait faire quoi selon vous pour que vraiment ça s'améliore ?
05:10Après ça va être au niveau de la justice pour moi
05:14c'est vraiment là où le bas blesse
05:18tout ce qui est d'ordre de la plainte
05:22il faut savoir que 80% des plaintes déposées
05:26sur violences conjugales sont classées sans suite
05:30ce qui est impensable de nos jours
05:34le nombre de féminicides on est à 122 à ce jour
05:38les chiffres montrent que ça ne baisse pas
05:42donc il y a des progrès mais il y a encore beaucoup à faire et notamment au niveau de la justice
05:46il y a trop de longueur, trop trop de longueur
05:50comment on peut pendant un an laisser un agresseur en liberté ?
05:54qu'on peut laisser pendant un an une personne avec son bourreau ?
05:58Tout à fait, ils sont libres tant que le jugement n'est pas passé
06:02ils sont libres, ils peuvent revenir
06:06et on en arrive à des situations qui sont terribles
06:10mais vraiment terribles.
06:12Vous avez eu un enfant avec votre mari qui a été condamné donc qui est sorti aujourd'hui
06:16vous avez toujours des relations avec cet homme, vous êtes contrainte de le rencontrer
06:20parce que vous avez un enfant ensemble
06:24vous avez toujours peur de cet homme aujourd'hui ?
06:28Non, j'ai plus peur de lui
06:32et je lui ai dit droit dans les yeux il y a une semaine
06:36que ce qu'il pouvait dire ou faire ça ne m'atteignait plus
06:40après vous me tendez la perche sur ça
06:44les enfants, il faut savoir que c'est des victimes aussi
06:48parce que c'est des victimes collatérales
06:52et ça aussi, ça commence un petit peu, on commence à en prendre conscience
06:56mais moi à mon époque non, et c'est terrible
07:00et du coup je me permets de refaire un petit coucou à mon fils parce que hier il m'a dit
07:04maman moi aussi j'ai toujours été là
07:08et c'est la première fois en 5 ans qu'il m'a dit ça, ça m'émeut
07:12et il m'a dit maman tu pourrais faire une petite dédicace
07:16et puis j'étais là pendant que tous ces faits se passaient
07:20et il n'y a rien eu pour lui
07:24il faut savoir qu'après nous les victimes
07:28on doit se reconstruire derrière et c'est très très très long
07:32Merci infiniment pour ce témoignage
07:36Karine Jelly, vous disiez 122 victimes selon les derniers chiffres gouvernementaux
07:40féminicide, une femme qui meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint
07:44ou de son mari, il va falloir se mobiliser, continuer
07:48parce que les dispositifs mis en place, on l'a bien compris avec ce que vous nous dites, ne sont pas encore suffisants
07:52Merci beaucoup et passez une bonne journée
08:14Violence faite aux femmes

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