Instantané sonore saisissant diffusé hier dans le 13h d’Inter. Nous sommes à Agen, avec les manifestants de la Coordination rurale du 47, Lot-et-Garonne, et de son président José Perez. Son téléphone sonne : "bonjour c’est Michel Barnier". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique/l-edito-politique-du-jeudi-21-novembre-2024-2508385
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00:00Patrick Cohen, colère paysanne, bienveillance générale !
00:04Instantané, sonneur, saisissant, diffusé hier dans le Trésor d'Inter.
00:07Nous sommes à Agen avec les manifestants de la Coordination rurale du 47, Lotte Garonne
00:12et de son président José Pérez.
00:14Son téléphone sonne, bonjour, c'est Michel Barnier, Monsieur le Premier ministre, nous
00:18sommes dans le 47, c'est la noisette, demain c'est la pomme, après-demain c'est la prune,
00:23c'est cette surtransposition, toutes ces normes qui nous tuent, Barnier au bout du fil.
00:28« Je suis convaincu de cela, mais je ne suis là que depuis deux mois et demi.
00:30Mais le point de dénouement est bien là », insiste une autre syndicaliste, Karine Duc.
00:34« Vous avez ma parole », répond Barnier.
00:36« Alors dites-le devant les médias, mais dites-le ! ». Il est 9h30 quand notre reporter
00:41Antoine Jeffin capte cet échange, la suite se passe au Sénat à 15h, c'est la séance
00:46de questions, mais Michel Barnier répond d'emblée à une question qui ne lui est
00:49pas posée.
00:50« A raison, les agriculteurs nous demandent de regarder une par une l'application des
00:56normes européennes en France, preuve est faite que depuis 20 ans nous avons surtransposé,
01:01il faudra y mettre fin, nous nous y engageons, applaudissement ! ». Une revendication donc
01:05très vite satisfaite.
01:06« Ça ne mettra pas fin au mouvement, mais quelle autre corporation peut se vanter d'une
01:11telle influence politique et d'une telle indulgence populaire ? Car les agriculteurs
01:15ne se contentent pas de faire du foin, ils en brûlent avec des pneus, des palettes,
01:20des panneaux routiers, du lisier, du fumier, ils bloquent, détruisent parfois, et quel
01:23que soit le gouvernement, le seuil de tolérance aux violences paysannes reste étonnamment
01:28élevé, aussi élevé que la côte d'amour des paysans chez les Français.
01:32Comme si l'agriculteur, métier de sacrifice, vestige d'un monde en train de disparaître,
01:37avait par principe toujours raison.
01:39Leur poids électoral, pourtant Patrick, est de plus en plus faible.
01:42Ils ne sont qu'un peu plus de 2 millions appelés à voter fin janvier pour élire les
01:46membres des chambres d'agriculture, 4% du corps électoral.
01:49Ce scrutin est d'ailleurs l'une des clés d'explication du mouvement actuel, où les
01:53notables de la FNSEA et les durs de la coordination rurale rivalisent sur les tracteurs avant
01:59de se mesurer dans les urnes.
02:00Enjeu crucial, d'après le média Contexte, la FNSEA pourrait perdre au profit de la coordination
02:06jusqu'à 19 chambres et plusieurs millions d'euros de financement public.
02:10Et sur le fond Patrick, y a-t-il trop de normes sur la noisette du Lot-et-Garonne ?
02:13La récolte a été saccagée par deux ravageurs, le balanin, une sorte de charençon, et la
02:19punaise diabolique, 50% de pertes cette année, plus de 6000 tonnes sacrifiées sous les
02:26yeux de cultivateurs impuissants et découragés parce que l'insecticide qui pourrait protéger
02:30les noisetiers est interdit en France depuis 2016, alors qu'il reste autorisé partout
02:35ailleurs en Europe.
02:36La France, quatrième pays consommateur de noisettes au monde, importe 95% de ses besoins,
02:43surtout de Turquie, où les standards de production sont très loin des nôtres, avec plus de
02:47200 pesticides autorisés, un système ananoï qui méritait bien un coup de fil au Premier ministre.