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00:00Nous évoquons aujourd'hui la question de l'alcoolisme avec Jean-Benoît Dumontex
00:04qui est avec nous spécialiste des addictions et nous allons commencer
00:09Jean-Benoît avec Nathalie, bonjour Nathalie.
00:12Bonjour Brigitte, bonjour Jean-Benoît, je suis ravie d'être encore à l'antenne avec vous Brigitte,
00:20vous avez toujours des émissions très intéressantes et donc je vais pouvoir apporter mon témoignage
00:25effectivement sur l'alcoolisme, alors moi ça remonte à très très longtemps, je vais faire très rapide,
00:31j'ai rencontré mon mari, j'étais très jeune, j'avais 16 ans, alors je l'ai rencontré dans un café donc
00:36jusque là rien de surprenant, moi j'avais 16 ans, je venais boire un petit coca quelque chose comme ça
00:41et lui je l'apercevais, il était toujours en train de prendre une petite bière et il repartait, il
00:45restait jamais très longtemps au café, donc bon à une occasion, ce rencontre et tout de suite je
00:50l'aime, j'aime cet homme, j'aime ce qu'il est, mais je ne sais pas ce que c'est l'alcoolisme, pour moi
00:57c'est juste quelqu'un qui boit un petit verre de temps en temps, donc on vit notre petite histoire,
01:01j'ai 16 ans, il en a 18, donc on est encore chez papa, on est encore chez maman, bon il y a des
01:07tensions familiales de son côté, bon mes parents me proposent gentiment qu'il nous rejoigne à la
01:12maison, qu'il vive à la maison avec nous, donc je kiffe, il fait, il vient à la maison, il vit avec nous
01:18et chez mes parents ça se passe bien, mais il ne boit pas quand il y a du monde, je me rends compte
01:23qu'en fait il boit quand il est tout seul. Vous avez l'impression que c'était un peu en cachette ?
01:29Oui voilà, parce que c'est souvent le cas, Jean-Benoît du Montex. Oui oui, ça commence comme ça en tout cas.
01:36Voilà parce qu'effectivement on ne boit pas de la bière comme ça à 3h de l'après-midi ou à 6h du
01:41soir ou avant de manger ou après manger, donc voilà il faisait des petites choses en cachette et puis
01:46après bon très vite on s'est installé ensemble et là ça a été la découverte de ce que
01:51c'était l'alcoolisme et donc du coup, on a vécu ensemble tout le temps, on a eu deux enfants
01:57ensemble, ça n'a pas été une jolie vie parce que autant l'alcoolique qui s'ignore,
02:05l'alcoolique qui est dans le déni, puisque à l'époque, moi je vous parle de ça dans les années
02:0986-90, l'alcoolisme s'était considéré comme une marque de faiblesse, ce n'était pas encore
02:15reconnu comme une addiction ou une maladie. Donc lui était effectivement enfermé dans le
02:22fait qu'il était faible alors que pas du tout et moi j'ai toujours aimé mon mari mais je n'ai
02:29jamais aimé l'alcoolique, j'ai bien fait la différence de celui que j'aimais de celui que
02:32je n'aimais pas, j'aimais l'homme qu'il était mais j'ai vécu avec l'alcoolique. Donc l'alcoolique
02:37dans toute sa splendeur, c'est-à-dire que c'est du matin quand on se lève, c'est tout de suite de
02:41l'alcool, jusqu'au soir où on se couche, ce n'est que de l'alcool. Le seul avenir qu'il y avait,
02:48c'était demain, est-ce que je vais avoir ma dose, est-ce que je vais avoir ma bouteille ? Puisqu'au
02:52fil du temps, bien sûr, de la petite bière, on est passé au petit apéritif et il avait fini par ne
02:59boire que du martini, du martini tous les jours, c'était le seul alcool qu'il buvait, c'était une
03:04bouteille et demie de martini par jour. Mais dès le matin qu'il se lève, quand je vous dis le matin
03:09qu'il se lève, c'est vraiment dès qu'il mettait le pied au sol, il allait dans la cuisine et il buvait
03:13son martini jusqu'au soir où il se couche. C'était un alcoolique qui n'était pas, on va dire,
03:20agressif, mais il était quand même, moi je le voyais à son regard, qu'il fallait que je me taise,
03:27qu'il fallait que je ne cherche pas, il fallait vraiment que je sois le plus discrète possible,
03:33que je fasse le moins de vent possible parce que la colère pouvait très vite arriver, les paroles
03:37pouvaient dépasser effectivement tout ce qu'il pouvait dire et avoir des fois des gestes un
03:42petit peu contrôlés. Combien de temps ça a duré ? Alors écoutez, ça a duré toute sa vie, il en est
03:52mort, il en est mort très jeune. Vous étiez encore ensemble ? Oui, j'ai toujours été amoureuse de lui,
04:03de l'homme, que j'ai retrouvé d'ailleurs une fois qu'il a été entre guillemets sevré parce qu'effectivement
04:08à un moment donné, quand notre premier enfant est né, il avait déjà beaucoup d'aigreur, d'estomac,
04:15il crachait du sang le matin, donc on va consulter un médecin qui lui dit, monsieur faites très
04:20attention, là vous êtes quand même dans quelque chose de très installé, si vous ne faites pas
04:25attention, dans dix ans vous n'êtes plus là. Bon bien sûr, quand on a 24 ans, vous savez,
04:29on est comme James Dean, on croit qu'on va jamais mourir jeune et que c'est pour les autres. Donc
04:35je lui dis de faire attention, mais en même temps, moi je suis sa femme, je suis la mère de ses enfants,
04:40mais ce n'est pas moi en fait qui vais l'aider à pouvoir se sortir de là. Tout au fil de notre
04:47vie ensemble, moi je me suis rendu compte que ce n'était pas moi qui pouvais l'aider, mais que par
04:50contre, j'étais si vous voulez le démon, pour lui à ses yeux, j'étais le démon qui l'envahissait.
04:56Vous étiez son miroir, donc c'est vous qui pouvez le regarder dans sa déchéance, je crois que c'est
05:05ça Jean-Benoît Dumont. Oui, c'est tout à fait ça, et les proches ont souvent cette place-là.
05:10Voilà, et quand il était très en colère envers son alcoolisme, c'était moi qui prenais en fait,
05:15par des phrases vilissantes, j'étais jamais bien, enfin bref, voilà, donc ça c'est aussi très violent
05:20pour ceux qui le vivent. Et puis un jour, pas fait comme un autre, mon mari est en phase de délire
05:26à la maison, je ne comprends pas ce qui se passe, il se lève le matin, il est en phase de délire, donc
05:30je fais venir le médecin qui le suivait, qui vient le voir un dimanche à la maison et qui me dit
05:34écoutez, il n'a pas bu hier, il n'a pas bu aujourd'hui, il fait une petite crise de manque. Bon, je dis
05:40ok, mais moi je n'y crois pas trop. Et en fait, je me rends compte que cette crise, elle dure, elle dure, elle
05:45dure. Bon, après concertation auprès de ma famille, pour trouver du soutien, je réussis à le faire
05:51aller à l'hôpital, donc je l'emmène à l'hôpital, je vais aux urgences, je demande à ce qu'il soit
05:55pris en urgence parce qu'il était en phase de délire et il voulait partir et moi je ne voulais absolument
05:59pas qu'il parte. Donc effectivement, on le prend en urgence et là, on me dit qu'en fait, il est en
06:03train de faire une hémorragie interne, donc qu'il était en train de se vider, voilà, donc il est
06:07hospitalisé d'urgence sur un établissement à Villejuif et donc quand je rencontre le médecin,
06:13le lendemain ou le surlendemain, donc il m'explique l'état gravissime de mon mari, c'est que son foie
06:19ne fonctionne plus parce qu'effectivement, être alcoolique, c'est pas que boire, c'est qu'on en
06:22est malade et qu'il y a de la détérioration qui se fait. Donc on me dit que son foie est complètement,
06:26voilà, en phase de destruction totale et qu'il faut absolument qu'il arrête. Donc bon, pour moi,
06:31là-dessus, effectivement, pas de problème et mon mari, quand il est hospitalisé là-bas, le médecin
06:36le rencontre et lui dit, écoutez monsieur, si vous rebuvez une seule goutte d'alcool, vous repassez
06:42de l'autre côté. Et là, ça a été instantané, mon mari a arrêté de boire du jour au lendemain. Du jour
06:48au lendemain, il s'est arrêté de boire, il n'a plus touché une seule goutte d'alcool rien qu'avec
06:52cette phrase-là. Donc il avait peur de subir le manque, comme on peut l'expliquer, comme on peut
06:57le voir dans certains cas, et en fait, il n'a pas eu de manque. Je pense que dans sa tête, il y a
07:02eu quelque chose à ce moment-là, peut-être la peur, la peur soudaine de disparaître, lui a fait
07:07arrêter l'alcool. Malheureusement, malheureusement pour lui, hélas, le cancer s'est déclaré par la
07:13suite sur la langue, à la suite effectivement de son passé d'alcoolique. Le cancer de la langue a
07:19été soigné impeccablement et après, il s'est propagé, il s'est mis sur la carotide. Donc mon
07:25mari en est mort quelques temps après. Donc mon mari est mort très jeune, puisqu'il est mort,
07:30il avait 35 ans. Je me suis retrouvée avec les deux enfants. Ça a été très foudroyant. Alors
07:37moi, si vous voulez, mon départ dans l'alcoolisme, je ne l'ai su que très tard, puisque quand je
07:42l'ai rencontré, il était du coup déjà alcoolique. Mais bon, quand on est jeune, on ne sait pas ce
07:46que c'est, on ne comprend pas, on essaie de comprendre. Donc c'est très difficile. Et en fait,
07:51ce sont mes belles sœurs qui m'ont expliqué, mais ça faisait peut-être déjà, je vais vous dire,
07:558 ou 10 ans que j'étais déjà avec mon mari, qu'on était mariés, qu'on avait des enfants. Et elles
07:59m'ont dit, tu sais, quand il était jeune, puisque c'était une fratrie de cinq enfants, elle m'a dit,
08:02tu sais, ça a été le dernier de la famille, c'est lui qui a trinqué pour tout le monde. Donc j'ai
08:06bien compris qu'à ce moment-là, effectivement, il avait une haine envers ses parents, il avait
08:10toujours de la colère. Et en fait, l'alcool a été pour lui le moyen de pouvoir, de pouvoir...
08:16De s'évader, oui, bien sûr. Non, mais on le sait, Jean-Benoît Dumontex, derrière l'alcoolique,
08:21il y a toujours de la souffrance et très souvent, d'ailleurs, de la souffrance durant l'enfance.
08:26Voilà, j'allais vous demander, mais est-ce que vous connaissez la cause de cet alcoolisme
08:31précoce ? Et voilà, vous l'avez nommé, il y a un traumatisme majeur là. Il y a quelque chose
08:37qu'il n'arrivait pas à surmonter. Et voilà, disons, la substance de prédilection, c'est
08:44l'alcool. Et voilà, ça donne un résultat quand même. Mourir à 35 ans dans ces conditions-là,
08:50c'est absolument atroce. Enfin, pour lui, d'accord, et pour vous aussi. J'imagine à peine ce que vous
08:57avez pu vivre, vous, comment faire pendant la vingtaine d'années où vous l'avez côtoyé.
09:02Merci de ce témoignage, Nathalie, qui montre bien à quel point c'est compliqué,
09:08mais que c'est en même temps totalement dévastateur.