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00:00:00Bonjour à tous et bienvenue dans ce 16e épisode de Netscape.
00:00:03Netscape, l'émission qui tente de cartographier à son humble échelle l'histoire de la culture.
00:00:08Humblement.
00:00:09Humblement, j'oubliais le humblement, j'oubliais toujours un mot dans cette cache-phrase pourtant rondement menée.
00:00:15Vous avez déjà entendu mon cher Raphique avec qui nous allons parler aujourd'hui d'une parcelle d'Internet
00:00:22qu'on a peu abordée jusqu'ici.
00:00:24Tout à fait, on va aborder l'Internet des enfants.
00:00:28L'Internet des enfants et des adolescents, l'Internet des moins de 13 ans.
00:00:31Et c'est une de tes idées.
00:00:33C'est une de mes idées qui m'a été soufflée mais j'y viendrai plus tard.
00:00:37Tout d'abord, je vais vous accueillir avec, parce qu'il n'y a pas de raison que je sois la seule à être perplexe face à une vidéo.
00:00:41Pour les besoins de cette émission, j'ai regardé un petit peu ce qui se faisait en termes de vidéos pour enfants.
00:00:46Et j'ai été accueillie par la comptine Wilson the Bus.
00:00:50Accompagnée, donc, on a la vidéo que Antoine va nous mettre en régie.
00:00:55En gros, il s'agit d'une animation en 3D extrêmement rudimentaire, très générique.
00:01:00J'ai l'impression de voir une direction artistique qui ressemble à tous les dessins animés que j'ai eu l'occasion de voir enfant.
00:01:04Pas avec une patte particulièrement singulière.
00:01:06Donc, on est dans un magnifique bus colère jaune où tout le monde a l'air excessivement heureux.
00:01:10Du chauffeur au passager au bébé qui se retrouve inexplicablement seul au premier rang.
00:01:15Et ce bus va parcourir des chemins enchantés avec des animaux adorables qui attendent à l'arrêt de bus.
00:01:21Des jardins parfaitement entretenus.
00:01:23Et donc, tout le monde qui chante la fameuse comptine Wilson the Bus.
00:01:28Cette vidéo, elle cumule près de 7 millions de vues.
00:01:30Elle a été postée sur YouTube par la chaîne Cocomelon.
00:01:32Et Cocomelon, c'est la troisième chaîne YouTube ayant le plus d'abonnés au monde.
00:01:37C'est la deuxième chaîne la plus regardée.
00:01:40Juste derrière, le label indien T-Series, dont on parlera peut-être plus tard dans une autre émission,
00:01:44parce qu'ils ont longtemps été en bisbille avec PewDiePie, justement, pour savoir qui serait le premier sur YouTube.
00:01:50Et derrière, Mister Beast, qui a fait l'objet de pas mal d'articles sur Arrêt Sur Image.
00:01:57Et donc, cette partie d'Internet-là que je me plais à imaginer comme une sorte d'Internet parallèle,
00:02:01parce qu'il ne ressemble pas du tout à celui que je fréquente habituellement,
00:02:04c'est un Internet qu'on connaît finalement assez peu, à moins d'avoir des enfants.
00:02:08Et c'est une drôle de portion d'Internet où se côtoient, par exemple, des streamers qui jouent à Minecraft,
00:02:15des shorts YouTube qui présentent des images hypnotisantes,
00:02:17mais aussi des vidéos avec des adultes déguisés en Elsa de la Reine des Neiges, en Joker, en Spider-Man,
00:02:23en train de jouer avec une multitude de balles colorées dans des escaliers.
00:02:25Et parce que je m'étais dit, il nous faut un grand expert pour parler de cette question,
00:02:30j'accueille aujourd'hui David-Julien Ramil, journaliste pour l'ADN et auteur du livre
00:02:35« L'Internet des enfants », qui a été publié, si je ne m'abuse, le 25 octobre dernier, aux éditions Divergence.
00:02:41David, la première question que je voulais te poser à ce sujet,
00:02:44c'est qu'est-ce qui t'a déjà inspiré l'idée de faire un bouquin, mais vraiment axé sur l'Internet des enfants ?
00:02:50En fait, c'est vrai que c'est un trope qu'on a quand même assez souvent à la rédaction de l'ADN,
00:02:56où on s'intéresse beaucoup à tout ce qui est tendance numérique.
00:03:01Et les tendances numériques, elles émergent souvent dans des écosystèmes relativement jeunes,
00:03:06voire même de plus en plus jeunes.
00:03:08Donc, on a toujours été intéressé par les phénomènes web, que ce soit à l'époque les SCP,
00:03:15les backrooms quand ça a commencé à exploser dans les années 2020, les jeux vidéo,
00:03:22mais vraiment extrêmement populaires, donc Minecraft et notamment Roblox.
00:03:27Et en fait, c'est vraiment Roblox qui a été l'élément déclencheur au moment où ils ont fait leur mise en bourse.
00:03:33Ils ont fait une capitalisation boursière qui a très bien marché.
00:03:36Et nous, on aime bien suivre l'argent, voir pourquoi est-ce que cette boîte-là,
00:03:40dont honnêtement à l'époque personne ne savait ce que c'était vraiment Roblox,
00:03:44même les journalistes de jeux vidéo traitaient le truc un peu par-dessus la jambe
00:03:48parce que c'était une espèce de plateforme qui existait comme ça dans l'espace numérique.
00:03:53Et quand je me suis rendu compte qu'il y avait l'équivalent de la population française,
00:03:58alors les chiffres a priori ont été un peu trafiqués,
00:04:00mais en gros, on est entre 50 et 60 millions de personnes qui iraient tous les jours sur cette plateforme-là.
00:04:05Sur Roblox ?
00:04:06Sur Roblox, et que cette population-là avait entre 6 et 15 ans.
00:04:12On s'est dit, ok, personne ne parle de ce truc, c'est incroyable, tous les enfants sont dessus,
00:04:15et qu'est-ce qui s'y passe ?
00:04:17Et donc, après avoir fait une première enquête sur le sujet, que je résume pas mal dans le livre,
00:04:23je me suis dit, c'est intéressant de creuser, de voir quels sont les autres espaces qui peuvent exister
00:04:28et quelles sont les autres surprises qu'on pourrait découvrir.
00:04:31J'avais notamment fait quelques papiers avant aussi sur le Elsagate dont on va parler.
00:04:35On va largement en parler plus tard.
00:04:37Donc, ces gens qui se déguisent en Elsa et Spiderman, donc je me suis dit,
00:04:40il y a un monde, ça fait des vues incroyables, ça fait des chiffres de ouf,
00:04:44mais personne ne sait vraiment ce que c'est.
00:04:46Et en continuant un peu ma réflexion, je me suis dit, c'est fou,
00:04:49c'est qu'on a pas mal de livres qui parlent en fait de l'Internet, des écrans et des enfants.
00:04:55C'est surtout cet angle-là qui est pris.
00:04:57Beaucoup de livres ou d'émissions de télé, de reportages un peu catastrophistes,
00:05:03qui sont toujours avec un angle très panique moral,
00:05:07ou des témoignages de gens qui sont sur le terrain,
00:05:11donc des médecins qui reçoivent des familles avec des enfants qui ont des retards de langage.
00:05:14Et en partant de ces exemples-là qui existent,
00:05:17dressent des espèces de généralités sur le danger des écrans, etc.
00:05:20Je me suis dit, ok, on parle des écrans, mais on sait pas ce que font les enfants dessus en fait.
00:05:25On sait pas vraiment qu'est-ce qu'ils vivent comme expériences,
00:05:28quelles sont les plateformes sur lesquelles ils vont,
00:05:30qu'est-ce que ça fait aussi un peu à leur psyché,
00:05:32quelle est la culture qu'ils construisent.
00:05:33Et je me suis dit, j'adore Internet, j'adore la culture Web.
00:05:37Moi-même, j'ai grandi aussi un peu,
00:05:39bon, j'étais pas enfant-enfant, mais j'ai fait mon adolescence et ma vie de jeune adulte sur le Web.
00:05:43Essayons de reprendre un peu 30 années comme ça de culture Web à hauteur d'enfant.
00:05:49Oui, parce que tu parles pas mal des débuts d'Internet
00:05:52dont on a largement parlé sur Netscape.
00:05:55Tu évoques notamment des sites qu'on pouvait fréquenter dans les années 90,
00:05:59l'émergence de sites comme Roten.
00:06:01Enfin, aussi pour expliquer que ces phénomènes, en tout cas qui font l'objet de panique morale aujourd'hui,
00:06:05ne sont pas forcément nouveaux.
00:06:06Ils prennent leur racine en fait dans l'histoire des débuts d'Internet.
00:06:10Ça a toujours été là.
00:06:12Je pense jusqu'à l'époque, c'était beaucoup plus caché quoi.
00:06:14Roten, je pense qu'il a dû y avoir des articles dessus,
00:06:17mais en vrai, ça n'a pas vraiment créé des gigantesques paniques morales
00:06:21comme on pourrait voir aujourd'hui avec des trucs comme le Momo Challenge à l'époque
00:06:26où tout le monde en a parlé, alors que c'est un truc qui...
00:06:28On en reviendra dessus, c'est totalement interdit.
00:06:31Oui, c'est vrai, d'ailleurs on va peut-être définir la moitié des termes qu'on a balancé,
00:06:34mais je pense qu'on le fera à mesure...
00:06:36Mais pour Roten, pour ceux qui ne savent pas, effectivement,
00:06:38c'est un site qui est maintenant éteint, qui présentait des images gores et dégueulasses quoi.
00:06:45On avait fait effectivement une émission là-dessus sur Roten et Netscape.
00:06:49Sur les shock sites, oui, effectivement.
00:06:51C'est vrai que le danger, tel que les médias l'ont évoqué,
00:06:56c'était que les petites têtes blondes, je ne sais pas si l'expression est encore employée aujourd'hui,
00:07:03se retrouvent vastes dans les tréfonds d'internet immédiatement.
00:07:07C'était effectivement sur des sites comme Roten, sur des sites pornographiques,
00:07:10sur des sites néo-nazis ou que sais-je.
00:07:12Mais on ne se préoccupait pas du contenu à destination des enfants.
00:07:18C'est là où effectivement, toi tu as été enquêté,
00:07:21ça reste quand même le principal iceberg à explorer.
00:07:26Et là, effectivement, il y a des strates.
00:07:27Il y avait des pépites et des trucs incroyablement bien même pour les années 90.
00:07:32Enfin, on en parlera peut-être, mais c'est vrai que...
00:07:35Je pense que les années 90, au tout début du web...
00:07:37Moi, je commence en 95, peut-être pour préciser,
00:07:40parce que c'est l'arrivée du modem 56K
00:07:43et c'est le moment où vraiment Internet met le pied dans le côté un peu domestique,
00:07:48dans la sphère domestique.
00:07:49Avant, c'était quand même plus des gens qui l'utilisaient de manière professionnelle
00:07:52ou des gros, gros geekos.
00:07:53Là, c'est les familles qui commencent à s'en apparer.
00:07:55Et assez rapidement, il y a eu des sites comme Yahoo! Legans,
00:08:00comme le site de...
00:08:05J'ai oublié, je n'ai rien dit.
00:08:08Il y a le site de Yahoo! pour les enfants et celui de nick.com,
00:08:11donc l'extension web de Nickelodeon,
00:08:14qui faisait partie de cette cohorte de premiers sites, de premiers portails web,
00:08:20parce qu'à l'époque, il n'y avait pas Google pour les enfants,
00:08:22et qui était fait par des passionnés de l'éducation,
00:08:25des gens qui portaient cette idée
00:08:27que l'Internet allait donner de la connaissance et du savoir
00:08:32et renforcer un peu les apprentissages pour les enfants.
00:08:35Et on a eu de super initiatives.
00:08:38Quand on regarde aujourd'hui les sites qui sont principalement fréquentés par les gosses,
00:08:43on parlait de Roblox,
00:08:45enfin, ce n'est même plus des sites,
00:08:46c'est des plateformes, des mondes virtuels carrément.
00:08:48Voilà, que ce soit Fortnite ou Roblox ou YouTube,
00:08:51on est vraiment très loin des précautions et des volontés qui existaient à l'époque.
00:08:56Mais en fait, on se rend compte aussi que ça a rapidement été balayé
00:09:00par l'industrie du jeu vidéo.
00:09:01Oui, complètement, et ça, l'industrie du jeu vidéo...
00:09:04Alors avant ça, j'aurais bien aimé quand même vous demander un petit peu
00:09:06quels étaient à vous vos premiers souvenirs d'Internet,
00:09:10parce que moi, j'ai un peu ce souvenir distinct
00:09:11d'avoir eu un premier accès à Internet en tant qu'enfant,
00:09:14je devais avoir 10-11 ans.
00:09:16Le premier site sur lequel je suis allée dans ma vie,
00:09:18c'était tefoo.fr, parce que je regardais les dessins animés sur TF1.
00:09:22Et tu avais l'adresse qui figurait en même temps que le jingle,
00:09:26et je me suis précipitée sur ce site.
00:09:27Je crois que c'est le tout premier.
00:09:28Ensuite, après, évidemment, ça devait être quelque chose qui avait un rapport avec Diddle,
00:09:31quelque chose qui était forcément lié à mes obsessions enfantines.
00:09:34Mais il y avait cet aspect de gratuité,
00:09:36là où il fallait débourser énormément d'argent pour avoir une peluche Diddle
00:09:39ou du papier à l'aide Diddle.
00:09:41Je pouvais regarder mon héros préféré dans toutes sortes de situations gratuitement.
00:09:45Moi, c'est vraiment un de mes premiers souvenirs d'Internet.
00:09:47Ça et fréquenter des chat-rooms Caramail,
00:09:51mais très clairement qui n'étaient pas adressés aux enfants.
00:09:53En fait, moi, ce qui m'attirait, en tout cas à cette époque d'Internet,
00:09:55et ce que je trouvais excitant, c'était l'idée de pouvoir parler à des personnes plus âgées.
00:09:59Même si, effectivement, je me suis très vite rendue compte
00:10:01que ce n'était absolument pas pour moi, que je n'avais pas ma place ici.
00:10:03Mais il y a un truc comme ça.
00:10:05Bref, je ne sais pas ce qu'il en est pour toi, David.
00:10:08Alors moi, je pense que les tout premières expériences,
00:10:10c'était lors d'un voyage linguistique que j'avais fait à San Diego.
00:10:14Donc, c'était l'une des rares fois où j'étais allé aux États-Unis.
00:10:17Et ça devait être courant.
00:10:20Écoute, je me rappelle très bien que c'était lors de la première saison de Buffy.
00:10:22Alors, Raphique, tu pourras peut-être me dire si ça devait être 96 ou 97, un truc comme ça.
00:10:27Ça devait être, à mon avis, à ce moment-là.
00:10:29Et donc, je n'avais jamais entendu parler d'Internet à l'époque.
00:10:32Et j'étais au collège, quoi.
00:10:35Et la personne chez qui je logais me montre comment, avec des chatroubes,
00:10:41on peut aller discuter avec des gens partout dans le monde.
00:10:43Et lui, il était friand de ce truc-là.
00:10:44Il apprenait le français.
00:10:46Donc, il parlait avec des Français, mais aussi avec des Espagnols un peu partout.
00:10:49Il me montrait ce truc-là.
00:10:50Et je me rappelle, ça m'a vraiment explosé la tête en disant « Ah ouais,
00:10:54on peut parler avec des gens comme ça dans le monde entier.
00:10:56C'est incroyable.
00:10:58Moi, je connaissais que les adresses de Minitel et le téléphone.
00:11:03Et ça a été ma première expérience viscérale.
00:11:06Et puis après, je ne pense pas que j'ai été un internaute très assidu
00:11:10dans la jeunesse, dans mon adolescence.
00:11:13J'ai commencé vraiment à y aller à partir du moment, à la fin du lycée,
00:11:16début de fac.
00:11:17Donc, je parle vraiment en tournant des années 2000.
00:11:19Et l'un des premiers sites, on en parlait tout à l'heure, c'était celui du Loft.
00:11:24J'avais une copine à l'époque et elle était à fond sur Loft Story.
00:11:26Du coup, on allait sur le site du Loft pour voir les vidéos.
00:11:29Oui, parce qu'il y avait à la fois l'émission sur M6.
00:11:33Je me souviens qu'il y avait une chaîne du câble où tu avais accès
00:11:35mais vraiment 24 heures sur 24 à ce que les lofteurs étaient en train de faire.
00:11:39Et donc, tu avais en plus de ça une couche sur Internet.
00:11:41Tu avais aussi des vidéos exclusives.
00:11:43Supposément, ce qui avait été censuré à la télévision.
00:11:45Oui, alors ça, c'était la légende.
00:11:47On disait que c'était la vidéo, on pouvait trouver la vidéo.
00:11:49Vu ce qu'on voyait à la télé, finalement, je me dis oui,
00:11:50il ne devait pas y avoir grand-chose en plus.
00:11:52Et je me rappelle de deux potes qui me montraient aussi des sites comme Miniclip
00:11:58ou Prizy sur lequel ils allaient s'amuser et gagner de l'argent.
00:12:02Ils gagnaient des lots, des prix.
00:12:04J'ai gagné approximativement 4 euros sur Prizy.
00:12:06Écoute, il n'y a pas de petite économie.
00:12:08Ils avaient tout de suite compris comment accrocher le client.
00:12:10Moi, j'ai découvert, bah oui, désolé, je suis un peu vieux.
00:12:14J'ai découvert Internet, j'étais déjà adulte, donc ce n'est pas très drôle.
00:12:18Mais effectivement, on me l'a fait découvrir, ça devait être en 93,
00:12:21quelque chose comme ça.
00:12:22Comme toi, l'idée de pouvoir parler directement à des gens
00:12:27à l'autre bout de la planète, ça m'a fait exploser.
00:12:30Et aussi d'échanger des fichiers,
00:12:32parce qu'on m'a fait découvrir les newsgroups à ce moment-là.
00:12:36Le premier site vraiment sur lequel je me suis retrouvé,
00:12:41c'est un collègue, Didier Allouche, qui travaille pour Canal+,
00:12:46qui m'avait fait découvrir IMDb.
00:12:49Donc pareil, mon cerveau a explosé.
00:12:51Jusque-là, jusqu'à cette époque-là,
00:12:53on s'obligeait à retenir par cœur les génériques de films.
00:12:57Et là, tout d'un coup, on avait tout sous la main.
00:13:00Mais par contre, pour ce qui est de la position d'enfant,
00:13:04moi, j'ai connu l'arrivée du Minitel.
00:13:07Et effectivement, j'ai un souvenir très vif que dès l'instant
00:13:12où j'ai ramené la machine à la maison,
00:13:14ma mère ne s'en est pas du tout occupée.
00:13:16Je suis allé la chercher tout seul.
00:13:17Je l'ai ramenée à la maison, je l'ai branchée.
00:13:19J'étais avec un copain, on est directement allé voir à quoi ça ressemblait.
00:13:24Et très, très vite, on est tombé sur un site de cul.
00:13:28Et c'était des échangistes,
00:13:32des gens qui se donnaient des rendez-vous, des trucs comme ça.
00:13:36Ils avaient tous des noms plutôt explicites,
00:13:39à la base de « gros kiki 33 » ou ce genre de choses-là.
00:13:43Et donc, pour se fondre dans la masse,
00:13:45on était vraiment pré-ado, gamins,
00:13:48on avait choisi le pseudo « orgasme ».
00:13:51Ce qui fait que beaucoup de gens nous ont pris pour une femme.
00:13:54Du coup, on s'est retrouvés hyper contactés
00:13:57et à devoir chatter avec, j'imagine, des adultes très excités.
00:14:02Ce que Raphique essaie de nous dire, c'est qu'il a fait du catfishing.
00:14:04Ouais, exactement.
00:14:06Donc, ma première interaction en ligne,
00:14:09c'est dans le rôle d'une femme en train d'allumer des pauvres gars.
00:14:14Direct le roleplay.
00:14:16Exactement.
00:14:17Et j'ai donc le souvenir d'avoir quitté la conversation brutalement
00:14:20en écrivant « ciel mon mari ».
00:14:25Voilà, c'est tout ce qu'il m'en reste.
00:14:27Mais ça veut dire ce que ça veut dire.
00:14:29Ça veut dire qu'effectivement, à 11 ans,
00:14:33tu fais ton truc dans ton coin,
00:14:35ta mère n'a pas la moindre idée de ce que c'est un mini-tel,
00:14:37elle ne savait pas ce que c'était qu'un terminal.
00:14:38Oui, bien sûr.
00:14:40Et t'es tout de suite dans un autre monde
00:14:43dans lequel tu ne devrais pas te retrouver.
00:14:44Mais en même temps, on ne peut pas protéger les enfants du réel.
00:14:48À un moment ou un autre, ils vont devoir s'y confronter.
00:14:50Et quand je suis devenu parent,
00:14:53j'ai été confronté justement à la façon
00:14:55avec laquelle mon fils allait naviguer sur Internet.
00:14:58Et beaucoup des choses dont on va parler aujourd'hui,
00:15:00je les ai découvert accidentellement via mon fils.
00:15:05Mais pas seulement la découverte de l'objet ou de la chaîne,
00:15:10mais aussi du pourquoi ça marche auprès de l'homme.
00:15:15Par exemple, un jour, on était à la campagne,
00:15:18je l'ai laissé deux secondes sur cet ordi
00:15:21et moi, j'étais dans le jardin.
00:15:23Et en fait, quand je suis revenu,
00:15:25il était allongé, très concentré, en train de regarder un truc.
00:15:29Et quand il a senti ma présence, il a fait presque un bond.
00:15:34Mais il avait 4 ans ou 5 ans,
00:15:36mais j'ai l'impression qu'il était en train de se masturber presque.
00:15:41Il a pris le temps de s'armer le clavier de l'ordinateur.
00:15:44Je me suis effrayé et je me suis dit,
00:15:45mais qu'est-ce qu'il était en train de regarder ?
00:15:46Et il regardait en fait du déballage de Kinder Surprise
00:15:50sur une chaîne qui s'appelle, je crois que j'avais noté le nom.
00:15:53Ah oui, si on peut diffuser les images, ce serait pas mal.
00:15:56Blue Toys Club Surprise.
00:15:58Et qui est donc une chaîne qui ne fait que ça,
00:16:01que du unboxing d'œufs magiques,
00:16:06que ce soit Kinder ou d'autres marques.
00:16:08Et qui a littéralement, dans l'époque,
00:16:10qui avait des millions et des millions de vues.
00:16:14Oui, et je crois que ça continue toujours.
00:16:15Ça continue de marcher toujours très bien.
00:16:17Voilà, c'est ça, c'est une paire de mains sur une moquette pourrie.
00:16:23Mais c'est marrant déjà que ton enfant, à un âge si jeune,
00:16:27ait conscientisé que ce soit un petit peu honteux
00:16:29de regarder des vidéos de déballage Kinder.
00:16:30C'est ça, mais je n'aurais jamais compris tout seul
00:16:34que c'était de l'effeuillage en fait.
00:16:36Oui, c'est vrai que c'est de l'effeuillage, oui.
00:16:38C'est un mix entre de l'ASMR et un truc un peu...
00:16:41Alors oui, je suis complètement d'accord,
00:16:42parce que j'ai regardé un petit peu les vidéos d'unboxing
00:16:44qui se faisaient actuellement.
00:16:46Et c'est vrai qu'il y a un côté ASMR, vraiment,
00:16:48on va voir souvent, parfois on ne voit même pas le visage
00:16:51de la personne qui déballe,
00:16:52ou on va l'entendre juste tapoter
00:16:54sur les différents objets en plastique qu'avait dit Pulp.
00:16:56Et puis, je pense qu'il y a un côté très déballer le cadeau de toi-même
00:16:59par proxy, tu vois, c'est-à-dire que pour moi, l'ASMR,
00:17:02ce n'est que ça.
00:17:02Quand tu vois quelqu'un en train de fabriquer une potière
00:17:05ou en train de masser ou tapoter des trucs,
00:17:08tu te projettes dedans, t'as les neurones miroirs qui s'activent,
00:17:11t'as l'impression que tu le fais toi-même.
00:17:12Et je pense qu'on dérive un peu,
00:17:16mais pourquoi est-ce qu'il y a autant de vidéos ASMR
00:17:19qui montrent de l'artisanat, par exemple, sur YouTube ?
00:17:22Parce que les gens, ils ne touchent plus d'outils,
00:17:24ils ne fabriquent plus d'objets.
00:17:25Et en fait, ils fabriquent les objets, à mon sens,
00:17:27par l'intermédiaire de ces trucs-là.
00:17:29Et le déballage d'objets, fabriquer de la pâte à modeler,
00:17:32monter ton petit kit Lego, ou ce genre de trucs,
00:17:35c'est de l'adorance pour moi.
00:17:36Avec ce plastique qui brille.
00:17:37Mais il y a un côté indéniablement creepy,
00:17:39bon, ça, c'est peut-être mon regard d'adulte aussi,
00:17:40mais quand je vois ces espèces de poupées figées...
00:17:43C'est surtout que sa moquette est vraiment pouillie.
00:17:45Ouais, on va justement en parler de toute moquette.
00:17:48Je pense que c'est creepy parce qu'on sait que c'est un adulte qui fait ça, en fait.
00:17:50Et qu'on se dit que c'est un adulte qui joue à être un peu un enfant, quoi.
00:17:54C'est très bizarre.
00:17:55Alors, c'est marrant parce que ce n'est pas tant, moi, ce côté-là qui me gêne,
00:17:57c'est plutôt le côté, il va capitaliser sur la rétention de l'attention des enfants.
00:18:02Il y a vraiment un côté un petit peu commercial et cynique
00:18:05derrière ce type de démarche, parce qu'effectivement,
00:18:07regarder la plupart des chaînes YouTube d'unboxing, c'est assez hallucinant.
00:18:10Enfin, je pense qu'en termes de revenus publicitaires, ça se place assez haut.
00:18:14Mais c'est quelque chose que ces chaînes aussi ont très vite appris à utiliser l'algorithme.
00:18:20Oui.
00:18:20Alors, enfin, puisque de ce que j'ai compris, il y avait une grosse chaîne qui s'était créée,
00:18:26qui était Mother Goose Club,
00:18:29donc qui tentait de faire des programmes éducatifs, mignons, etc.
00:18:33Et c'est dans le sillage de Mother Goose que ces chaînes ont commencé à émerger,
00:18:38c'est-à-dire en reprenant des mots-clés,
00:18:41ce qui fait que du coup, elles apparaissaient dans les recommandations.
00:18:46Une fois que tu regardais une vidéo de Mother Goose,
00:18:47tu avais l'autre qui arrivait derrière et ça enchaînait directement.
00:18:51Oui, et puis tu as le watch time aussi qui a énormément joué,
00:18:53le fait qu'à partir de 2017, c'était le temps de visionnage d'une vidéo qui compte.
00:18:58Vu que les enfants sont en général assez passifs, ils regardent l'ensemble des vidéos,
00:19:02donc ils ont fait durer les vidéos plus longtemps.
00:19:03Ils ont aussi fait en sorte de capter l'attention
00:19:06en mettant des images très vives, des couleurs, des jouets, des trucs.
00:19:10Ça a tout de suite bien marché, et c'est vrai que ça a fait des millions de vues.
00:19:14Au niveau des titres, par exemple, il y avait un blogueur qui en avait noté certains.
00:19:19Surprise, Play-Doh, Eggs, Peppa Pig, Stamper Cart, Spokovo, Minecraft,
00:19:26Smurfs, Kinder, Play-Doh, Sparkle, Midwest.
00:19:29Le truc des Eggs, c'est assez étonnant, je crois que c'est très américain
00:19:33parce que je pense qu'ils doivent avoir vachement de jouets dans des oeufs.
00:19:35Déjà, les Kinder sont interdits aux États-Unis
00:19:38pour une raison que je n'ai jamais vraiment comprise.
00:19:41C'est bien, on risque des touffements avec les jouets ?
00:19:44Je ne sais pas, peut-être un truc comme ça.
00:19:47J'imagine que leurs mômes doivent avaler les oeufs en entier avec le plastique dedans.
00:19:54Donc, il y a ça.
00:19:57Dans les mots-clés, il y a tout ce qui touche à l'univers de Cars, Lightning McQueen.
00:20:04Évidemment, une fois que la Reine des Neiges a cartonné,
00:20:09le terme Elsa est devenu un terme très présent pour les héros.
00:20:13Spider-Man, c'est normal, on s'y attend un peu.
00:20:15C'est un nom qui a toujours réveillé quelque chose chez les mômes depuis longtemps.
00:20:19Mais on arrivera bientôt aux Elsadettes.
00:20:22L'idée, c'est de comprendre qu'effectivement,
00:20:25ces chaînes-là ont vite compris qu'il y avait un public potentiel
00:20:31qui n'était pas surveillé.
00:20:32Parce que c'est ça, les parents laissent YouTube jouer le rôle de la nounou.
00:20:37C'est ce que je trouvais étonnant.
00:20:39Parce que c'est vrai que quand on parlait au tout début,
00:20:40tu parlais du fait que certains parents pouvaient être un peu dans l'incompréhension
00:20:45par rapport à ce que leurs enfants regardent.
00:20:46Mais la plupart des chaînes, je pense que Cocomelon,
00:20:48c'est tout simplement les parents qui vont taper le nom d'une comptine
00:20:51et exposer leur enfant à ça.
00:20:53En fait, c'est vrai que Cocomelon a de ça d'assez balèze,
00:20:57c'est d'avoir donné un peu un vernis.
00:21:00Déjà, ils ont un aspect visuel, leurs dessins animés.
00:21:03Quand tu tombes sur du contenu Cocomelon, tu te dis bon, c'est vrai,
00:21:05c'est pour les bébés, c'est pour les petits.
00:21:07C'est coloré, c'est innocent comme tout.
00:21:09Dans le danger de la jungle d'Internet, du dessin animé tout rond,
00:21:13tout assidulé comme ça, mon enfant sera bien accueilli.
00:21:17En plus de ça, il y a de la comptine à tire l'arigot en veux-tu en voilà.
00:21:21Il y a un espèce de petit vernis éducatif.
00:21:24Oui, on doit avoir une vidéo où on apprend l'alphabet.
00:21:26Oui, voilà, on apprend à compter, on apprend les différentes couleurs.
00:21:31Il y a plein d'études qui ont montré que ça ne servait pas à grand-chose
00:21:34pour les bébés.
00:21:35En fait, l'apprentissage ne se fait pas par la vidéo comme ça.
00:21:37C'est vraiment un prétexte.
00:21:40Ça rassure les parents quelque part de dire qu'il y a un vernis éducatif.
00:21:43Ça rassure les parents.
00:21:44Ils se disent bon, au moins, je peux prendre un peu de temps pour moi
00:21:48et le laisser avec mon portable ou la tablette, regarder ça.
00:21:52Et en fait, moi, c'est le discours que je porte un peu dans le bouquin.
00:21:56Je dis en vrai, les dessins animés de Coca-Cola ne sont pas très bons.
00:22:00C'est assez médiocre comme contenu.
00:22:02C'est du McDo culturel.
00:22:05C'est-à-dire que, comme on disait tout à l'heure,
00:22:08c'est fait à base de mots-clés.
00:22:10Tout est fait pour retenir l'attention des enfants.
00:22:13Il n'y a pas vraiment de thématique qui pourrait être adressée
00:22:20à l'esprit des gamins.
00:22:22C'est toujours un peu le même contenu tout le temps, tout le temps, tout le temps,
00:22:25qui est ramaché constamment.
00:22:26Mais si on laisse son homme regarder ça pendant 10 minutes, 15 minutes,
00:22:30je veux dire, on ne va pas en faire un abruti.
00:22:32Non, mais c'est clair.
00:22:32Le problème, c'est qu'effectivement,
00:22:34il y a des parents qui laissent leurs enfants regarder ça pendant plus d'une heure.
00:22:39Même maintenant, d'ailleurs, quand tu vas sur YouTube,
00:22:42quand tu cherches des dessins animés, ça se présente sous forme de compilation.
00:22:45Donc, tu n'as pas vraiment de séparation épisode par épisode.
00:22:47C'est une compilation de une demi-heure, une compilation de 45 minutes ou une heure et demie.
00:22:52Et tu laisses comme ça un temps d'écran,
00:22:54quel que soit le contenu, dans les mains de ton enfant.
00:22:57Et en fait, le résultat, c'est le même.
00:22:59C'est un môme qui est comme ça bloqué sur un écran qui se tient tranquille.
00:23:04Et après, il y a aussi plein d'autres facteurs qui peuvent rentrer en compte,
00:23:10notamment le fait que chez certaines familles qui sont fraîchement immigrées en France,
00:23:16le fait de donner un téléphone portable à un bébé
00:23:18et de lui montrer des dessins animés en français,
00:23:21c'est un vecteur, c'est vu comme un vecteur d'éducation.
00:23:24Tu vas apprendre le français.
00:23:26Tu as un accès à la technologie, donc tu vas plus t'en sortir que nous
00:23:28qui ne connaissons pas forcément tous ces trucs-là.
00:23:31Et c'est là où c'est terrible, parce que justement, ce vernis éducatif,
00:23:34il est pris vraiment au premier degré de manière sérieuse
00:23:37et en fait, il n'est pas du tout efficace.
00:23:39Et ça donne des enfants qui, des fois, ont des retards de langage.
00:23:43Après, on pourrait vachement, excusez-moi, on pourrait vachement vanner.
00:23:46Enfin, je veux dire, on pourrait avoir un discours réactionnaire de notre époque.
00:23:49On n'avait pas de trucs comme ça.
00:23:50Mais finalement, il y a une analogie, justement, au contraire, pas du tout.
00:23:56Alors moi, je pensais plutôt à l'exemple que tu cites dans ton bouquin,
00:23:57qui est celui des Teletubbies, où en fait, tu as ce même aspect de monde
00:24:01où tout se passe magnifiquement bien, qui a un côté un peu creepy
00:24:04quand tu le regardes avec le recul, avec cette espèce de bébé à la Hengédès
00:24:07qui flotte dans un soleil.
00:24:09Finalement, moi, j'ai l'impression que Cocomelon, quelque part,
00:24:11avec son côté un peu inoffensif et générique,
00:24:13c'est juste un héritier de ce qu'on pouvait voir à la télévision.
00:24:15Oui, à la différence près que Cocomelon ne s'arrête jamais.
00:24:18Alors que je ne sais plus combien de temps duraient les émissions de Teletubbies,
00:24:22mais ça ne devait pas être plus de 15 minutes.
00:24:23Ouais, au moins, tu pouvais passer tranquillement à Pingu et à...
00:24:25Ouais, voilà, il y avait, en tout cas, il y avait d'autres programmes.
00:24:29Il y en a un qui se coache sur un aspirateur pendant un certain nombre d'épisodes.
00:24:34Et il a une relation très, très étrange à cette époque.
00:24:39Voilà, à l'occasion, à l'occasion, voilà, si vous aimez les risques,
00:24:43essayez de taper Teletubbies Al-Qaïda.
00:24:46Il y a une vidéo assez magnifique
00:24:51où c'est le visage de Ben Laden qui se réveille le matin sur un...
00:24:55Je crois que je l'ai vu en fait.
00:24:56L'appel du Muezzin, etc.
00:24:57Et en fait, on a tous les Teletubbies qui explosent.
00:25:01C'est celle-là.
00:25:04Je me demande sincèrement à quoi ressemblerait une chaîne YouTube
00:25:07entièrement conçue sur tes recherches intermédiaires.
00:25:10Ce serait vraiment incroyable, quoi.
00:25:13J'avais un copain qui n'est plus des nôtres aujourd'hui,
00:25:15mais on se faisait des playlists.
00:25:17Effectivement, le week-end, quand on se retrouvait tous ensemble,
00:25:20chacun lançait sa playlist des trucs les plus aberrants qu'il avait vus
00:25:24dans la journée.
00:25:24Donc, en fait, voilà, ils font tout péter pendant toute la vidéo en criant à la haque-barre.
00:25:31Mais d'ailleurs, ça me fait penser, justement, quand on parle du rôle de la télé.
00:25:37L'existence de cette émission palestinienne pour enfants qui s'appelait
00:25:43« Tomorrow's Pioneers », les pionniers de demain.
00:25:48Si Antoine, tu tapes « Tomorrow's Pioneers » sur Google Images,
00:25:52tu vas vite avoir une vague idée de ce dont je parle.
00:25:56Et qui était donc un coproduit par le Hamas
00:26:01pour préparer les Palestiniens au combat du futur, quoi.
00:26:07Et on avait, en fait, des faux bouts de gueule, des faux trucs hyper cliquants,
00:26:15qui expliquent aux enfants, en gros, pourquoi il faut détruire les sionistes
00:26:20et toute la clique.
00:26:21Mais ce qui était...
00:26:24Voilà, on va redonner la gloire à cette nation,
00:26:28on va libérer l'Alaska, on va libérer l'Irak sous la volonté de Dieu et tout ça.
00:26:32Mais avec des séquences volontairement traumatiques dedans.
00:26:38C'est-à-dire que pour s'assurer que les gamins comprennent bien le message
00:26:42et, on va dire, aient déjà un désir de vengeance dès le plus jeune âge,
00:26:45il me semble qu'il y a un épisode où une des mascottes est prise en otage
00:26:50par les sionistes, se fait tuer in camera, etc.
00:26:54Enfin, truc vraiment bon.
00:26:55Alors que t'es potentiellement attiré par une miniature où tu vois Mickey
00:26:58derrière un fond coloré, quoi. T'as un côté un petit peu...
00:27:00Alors, je pense pas qu'un môme occidental puisse tomber
00:27:03accidentellement sur Thomas Pionnier aujourd'hui.
00:27:06On est bien d'accord.
00:27:07Mais c'est pour dire que...
00:27:10Voilà, même à la télévision, on a eu des sorties de route spectaculaires.
00:27:16Et aux États-Unis, par exemple, la télé commence fin des années 40, début 50.
00:27:22Mais il faut attendre la toute fin des années 60
00:27:25pour qu'on commence à envisager de faire appel à des pédopsychiatres
00:27:29ou à des psychologues pour concevoir des programmes adaptés aux enfants.
00:27:34Jusque-là, on faisait un peu tout et n'importe quoi avec les mômes.
00:27:38Généralement, c'était du Zorro entrecoupé de pubs pour les céréales
00:27:42bien pleines de sucre, quoi.
00:27:44Mais c'est vraiment à la fin des 60 que ça devient une affaire sérieuse,
00:27:48ce qui va donner la naissance à Sésame Street, en fait,
00:27:51qui sera une des premières grosses émissions conçues
00:27:54avec à l'idée de faire quelque chose de vraiment éducatif.
00:27:57En France, l'État est plus interventionniste,
00:28:00donc on s'est plutôt préoccupés de ce qu'on donnait à manger à nos gamins à la télévision.
00:28:09D'ailleurs, ce qui est assez marrant, c'est que Sésame Street,
00:28:11maintenant, dans l'esprit de beaucoup d'internautes,
00:28:13c'est représentatif d'une ère un peu creepy de la télévision
00:28:16où les dessins animés ou les émissions pour enfants
00:28:21paraissent un peu bizarres ou paraissent un peu étranges,
00:28:23et ça devient des creepypastas.
00:28:25J'ai vu des extraits de Sésame Street,
00:28:27où Téléchat, exactement, pendant longtemps,
00:28:29on a trippé sur Téléchat en disant que c'était un truc horrible.
00:28:32Alors que non, quand tu regardais Téléchat à l'époque,
00:28:34moi, ça me choquait.
00:28:35C'était quand même particulier d'avoir fait appel à un mec connu
00:28:40dans le théâtre d'avant-garde pour faire une émission pour enfants.
00:28:43Moi, j'ai adoré Téléchat, mais peut-être aussi que j'avais le bon âge
00:28:45pour comprendre le second degré de l'émission.
00:28:50Mais c'est vrai qu'il y avait quand même un côté un peu creepy dans cette émission.
00:28:55Le truc avec la grosse différence entre Internet et la télévision,
00:28:59c'est encore une fois la question de l'argent.
00:29:03C'est-à-dire que les programmes pour enfants à la télévision,
00:29:07ils coûtent cher.
00:29:08Donc, de fait, ils sont passés par une succession de filtres
00:29:12avant d'avoir leur forme définitive.
00:29:14Alors qu'on l'a vu, sur Internet, il suffit qu'un pélo
00:29:18prenne à y acheter des Kinders.
00:29:19Oui, voilà, il suffit de les déballer.
00:29:21Il les déballe sur sa moquette.
00:29:22Et il y a 7 milliards de connexions.
00:29:24Même si ce n'est pas automatique, parce que j'imagine que maintenant,
00:29:26il y a tellement de chaînes d'unboxing.
00:29:28Oui, je pense que c'est plus difficile d'émerger maintenant.
00:29:31Mais c'est vrai qu'effectivement, ces vidéos qui cumulent des millions de vues,
00:29:34elles ne sont pas forcément des énormes coûts de production.
00:29:36Et on va très vite arriver au El Zagaït, où pareil,
00:29:39j'ai l'impression que c'est 20 euros de budget pour des vidéos de 3 minutes.
00:29:43Mais avant ça, j'aurais bien aimé revenir un petit peu sur la place du jeu vidéo
00:29:47dans l'Internet des moins de 13 ans.
00:29:49Parce que c'est vrai qu'au tout début d'Internet,
00:29:52on avait des plateformes comme Newgrounds, où on pouvait jouer à des jeux Flash.
00:29:57Mais toi, tu évoques aussi le monde virtuel de Néopets en 99
00:30:00et qui a un peu ouvert la voie à des plateformes comme Roblox,
00:30:05dont on a déjà parlé.
00:30:06Et ouais, excuse-moi, déjà, tu peux nous rappeler un peu ce que Néopets.
00:30:09Et puis, quels sont les éléments de Néopets qu'on retrouve
00:30:11en fait dans des plateformes comme Roblox aujourd'hui ?
00:30:13Alors, Néopets, pour ceux qui ne se souviennent pas,
00:30:15c'était un croisement entre...
00:30:17Enfin, le concept partait un peu entre le Tamagotchi et le Pokémon.
00:30:21Donc, l'idée, c'était, on arrivait sur cette plateforme-là,
00:30:24on adoptait un espèce de petit animal fantasy,
00:30:28il y en avait de plein de sortes différentes.
00:30:30Et puis, on pouvait le changer, on pouvait changer sa couleur de peau, on pouvait...
00:30:35Comme un petit Tamagotchi, un peu ?
00:30:37Oui, voilà, c'est ça.
00:30:38Il fallait lui faire vivre des aventures, principalement.
00:30:41C'est-à-dire qu'il y avait toute une série de...
00:30:42La plateforme proposait des jeux.
00:30:44Et grâce à la participation à ces jeux, on gagnait des points.
00:30:48Et ces points-là étaient reconvertis en une espèce de monnaie
00:30:51qui permettait, du coup, d'acheter des accessoires.
00:30:53Et donc, en fait, très rapidement,
00:30:55on a eu une espèce d'économie de l'Avatar qui s'est mise en place,
00:30:57où les enfants participaient au maximum de jeux,
00:31:01essayaient même de prendre un peu des chemins de traverse,
00:31:04de cheater le plus possible pour pouvoir accumuler le plus de richesse possible.
00:31:08Et pour pouvoir avoir des potions, des attributs, je ne sais pas...
00:31:12Il avait utilisé des accessoires de mode qu'on pouvait équiper à son Néopets.
00:31:17Et les enfants pouvaient aussi fabriquer leur propre guilde.
00:31:20Donc ça, c'était un truc qui était assez fort.
00:31:22C'est-à-dire que ce n'était pas un jeu uniquement individuel.
00:31:25Ils pouvaient se regrouper avec d'autres,
00:31:27créer des groupes un peu comme à l'époque de World of Warcraft.
00:31:31C'était même avant World of Warcraft.
00:31:32Donc ils montaient des forums, ils montaient des sites.
00:31:35Ils pouvaient aussi monter des boutiques en ligne.
00:31:38Donc ça a appris à tout un tas d'enfants à bidouiller du code HTML.
00:31:42C'était encore à l'époque où le web était encore assez malléable.
00:31:46C'est-à-dire que tu avais le truc de base,
00:31:49mais si tu décidais d'aller dans le code source et de modifier un peu deux, trois trucs,
00:31:52tu pouvais faire les choses à ta sauce.
00:31:54Chose qui n'est plus trop possible encore maintenant.
00:31:56On peut juste personnaliser un avatar, enfin personnaliser un avatar,
00:31:59mais on ne peut plus vraiment toucher au cadre, on ne peut plus toucher au site en lui-même.
00:32:03Mais à l'époque, c'est des choses qui se faisaient bien.
00:32:07Les enfants ont appris, ont chopé des compétences à la fois sociales,
00:32:11des compétences économiques, des compétences de code un peu techniques.
00:32:14Ils faisaient de la fanfic avec leur Néopeth,
00:32:18ils leur inventaient des aventures incroyables.
00:32:20Et en même temps, il y avait ce pendant économique
00:32:24qui est un peu devenu le socle du site
00:32:27et qui s'est retrouvé après sur plein de plateformes de jeux.
00:32:31Aujourd'hui, un Roblox, je pense,
00:32:34s'est totalement inspiré de ce qu'a pu faire Néopeth
00:32:36sur l'idée de cumuler de l'argent virtuel
00:32:40et de pouvoir ensuite le redépenser à l'intérieur de la plateforme.
00:32:43Et l'idée étant que tu n'as jamais vraiment assez d'argent virtuel,
00:32:46il faut que tu en achètes avec du vrai argent.
00:32:48Mais alors, je ne sais pas ce qu'il en était à l'époque de Néopeth,
00:32:52mais moi, ce qui me marque un petit peu avec des cas actuels comme Fortnite,
00:32:56c'est qu'on voit vraiment un phénomène de distinction sociale qui s'opère.
00:33:00J'ai déjà croisé un petit cousin qui était hyper triste
00:33:03parce que sa mère ne voulait pas lui acheter un skin Fortnite
00:33:05et il expliquait, mais maman, on va me traiter de bambi.
00:33:08Bambi, c'est un peu le terme que tu peux dire à quelqu'un
00:33:11qui a un skin par défaut sur Fortnite et qui n'a pas dépensé d'argent.
00:33:14C'est un peu comme se faire vanner au collège parce que tu n'as pas un suit de marque.
00:33:17Mais en plus de ça, tu peux te faire vanner potentiellement
00:33:19parce que tu as un perso vraiment hyper générique et de base sur Fortnite.
00:33:23Mais il n'y a jamais...
00:33:24Il y a la question de l'argent et la question de la disponibilité aussi.
00:33:27Moi, j'ai le souvenir que mon fils m'avait demandé à 4 heures du matin,
00:33:34connecté sur son compte Fortnite, pour assister à un concert.
00:33:38Oui, bien sûr, avec les décalages.
00:33:40Parce que c'était la seule façon d'avoir justement un skin
00:33:43que tous ses potes allaient avoir, etc.
00:33:45Donc, en tant que parent, tu te retrouves quand même dans des situations...
00:33:49Je veux voir Travis Scott sur Fortnite.
00:33:52C'était un concert de rap.
00:33:53C'était Travis Scott, non ?
00:33:55Il avait fait un gros concert.
00:33:56Je ne peux pas tout adapter non plus à des mots.
00:33:58Enfin, je suis désolé.
00:34:00Bref, quand tu deviens parent, tu deviens de fait un peu conservateur.
00:34:05Si ceci dit, Fortnite, c'est quand même assez family-friend.
00:34:08Oui, globalement, je n'ai pas eu pire.
00:34:11Ça va, j'ai vu pire.
00:34:12Mais oui, d'ailleurs, Lil Nas X est allé faire des concerts aussi sur Roblox
00:34:17pendant le confinement.
00:34:18C'est assez marrant de voir qu'il y a des rappeurs qui ont très vite capté
00:34:21que ces endroits-là pouvaient être des scènes virtuelles.
00:34:25Il y a maintenant...
00:34:26Enfin, moi, j'aime bien faire cette analogie avec la cour de récré
00:34:28parce que pour moi, le web des enfants, c'est une cour de récré perpétuelle, gigantesque.
00:34:33Et dans toutes les cours de récré, on a toujours eu ce sale gosse
00:34:35qui se ramenait avec les dernières Nike à la mode
00:34:37et qui disait « Moi, je suis le cool kid de la cour ».
00:34:39Évidemment, tout le monde était en « Ah ouais, les dernières Nike, c'est génial ».
00:34:42Exactement le même phénomène se retrouve sur le web.
00:34:45Maintenant, on peut même se retransposer dans le monde physique.
00:34:48J'ai entendu des histoires de gamins qui font des coteries comme ça
00:34:53au sein de la cour de récré.
00:34:54Et si tu veux faire partie du groupe, il faut que tu achètes la skin sur Fortnite.
00:34:58En gros, ce n'est pas les blousons noirs comme à l'époque,
00:35:00c'est les blousons noirs, mais dans Fortnite.
00:35:02C'est exactement le même phénomène.
00:35:04Et en fait, ce n'est pas étonnant quand tu vois la manière dont Fortnite,
00:35:09principalement, mais aussi Roblox,
00:35:10s'est utilisé pour poursuivre les relations qui commencent
00:35:14dans les cours de récré physiques, que ce soit en primaire ou au collège.
00:35:19Les gamins se précipitent de rentrer à la maison,
00:35:21ils font leurs devoirs rapidement et paf, paf,
00:35:23ils se donnent rendez-vous très vite sur Fortnite pour pouvoir continuer à se marrer,
00:35:27aller se mettre en groupe et aller se taper contre d'autres personnes.
00:35:29C'est vraiment des bastons, c'est la guerre des boutons pour moi.
00:35:32C'est vraiment ça.
00:35:34Mais tu ne finis pas avec l'œil au beurre noir ou le genou écorché.
00:35:38Tu finis juste avec l'enculé.
00:35:39Il y a un vrai côté espace de sociabilisation.
00:35:42Moi, j'avais l'impression que quand j'étais adolescente,
00:35:45c'était plutôt sur MSN qu'on se retrouvait à l'époque,
00:35:47où vraiment, il y avait ce côté...
00:35:50Tu poursuivais des discussions que tu avais avec des camarades de classe
00:35:54que tu voyais déjà toute la journée.
00:35:55Et dans ton bouquin, t'introduis aussi avec un exemple,
00:35:58qui est celui de Snapchat,
00:36:00avec notamment, il y a cette couche supplémentaire de,
00:36:04par exemple, vouloir garder,
00:36:06alors je ne sais plus comment ça s'appelle, un strict,
00:36:07par exemple, si tu as interagi suffisamment avec...
00:36:09Ah, c'est les flammes, les flammes de Snapchat.
00:36:10Est-ce que tu peux rappeler un peu comment ça fonctionne ?
00:36:11Ouais, en gros, ça c'est terrible,
00:36:14parce que même les gamins se trouvent,
00:36:15enfin, ils sont très conscients qu'ils sont totalement accros à ce truc-là.
00:36:18Donc, les flammes, c'est en fait des petites émojis flammes
00:36:20qui apparaissent au moment où, en gros,
00:36:23on continue une conversation plus de 24 heures.
00:36:26On peut même retrouver le même...
00:36:28D'ailleurs, j'ai découvert récemment
00:36:29que le même phénomène existait sur TikTok,
00:36:31donc c'est un truc qui a été vraiment adopté
00:36:32par plein de plateformes différentes.
00:36:35Et en fait, l'idée, c'est qu'il faut continuer les flammes
00:36:38parce que ça permet de quantifier l'amitié.
00:36:40Plus on s'envoie des choses, plus on a des choses à se dire,
00:36:42donc plus on est amis, forcément, plus on est proches.
00:36:44Et je sais qu'il y a des sociologues
00:36:46qui ont travaillé sur ce sujet, qui se disent
00:36:48mais les flammes, c'est terrible
00:36:49parce qu'il y a des amitiés de plusieurs années
00:36:52qui se brisent parce que quelqu'un rate son envoi de flammes.
00:36:57Et ça peut provoquer vraiment des drames au niveau des gamins.
00:37:01Et ce que j'explique, c'est qu'ils ont du coup des méthodes
00:37:03pour quand ils ont la flemme,
00:37:04parce que des fois, ils n'ont rien à se dire,
00:37:07ils s'envoient des écrans noirs
00:37:08ou alors ils demandent à quelqu'un d'autre
00:37:10de le faire à leur place.
00:37:10Ils se filent les comptes et les mots de passe.
00:37:12Donc, ce qui est assez étonnant,
00:37:15c'est de voir qu'à l'époque, effectivement,
00:37:17quand on avait MSN,
00:37:18MSN, ça permettait de faire une espèce de continuité,
00:37:21comme tu dis, de la cour de récré,
00:37:22où on se racontait des ragots.
00:37:24On pouvait surtout parler,
00:37:26et ça, c'est encore le cas aujourd'hui,
00:37:27on pouvait parler de manière différente
00:37:29parce que quand on est au collège, surtout,
00:37:32et même au lycée, on est dans une forme de représentation,
00:37:34on est tout le temps jugé par ses pairs.
00:37:36Le collège, c'est un endroit où on est constamment scruté,
00:37:39jugé et la réputation est quelque chose de très, très important.
00:37:44Mais quand on est sur les MSN ou sur un chat Snapchat,
00:37:49ce n'est plus le même regard.
00:37:49On est entre deux,
00:37:50on peut avoir une conversation sans être jugé par les autres.
00:37:52Les gens ne savent pas qu'on discute comme ça de paire à paire
00:37:55et on peut plus se dire deux choses.
00:37:56Et ce que je trouve assez machiavélique,
00:37:58en fait, c'est que les plateformes viennent se poser
00:38:00sur cet espace de liberté, un peu alternatif,
00:38:03pour aller rajouter encore de l'algorithme et du code.
00:38:06Et continuer de capter l'attention et de garder du utilisateur captif.
00:38:09Vous venez bien parler, allez-y, continuez.
00:38:10Continuez bien de parler parce que si vous arrêtez...
00:38:12Mais en même temps, ça m'évoque aussi,
00:38:13et je crois que t'en parles dans ton livre aussi,
00:38:15mais moi, j'ai connu des drames amicaux
00:38:17par rapport au Top Ami MySpace.
00:38:18Tu pouvais mettre plus de 10 personnes,
00:38:21donc souvent, tu mettais deux, trois groupes pour faire genre,
00:38:23voilà, regarder mes goûts comme je suis cool,
00:38:24mais tu choisissais tes amis.
00:38:26Et moi, je me souviens avoir vraiment opéré sur un système rotatif
00:38:30où tout...
00:38:31Mais c'est n'importe quoi de se préoccuper autant de ça.
00:38:32Ça te demande de faire de la gestion.
00:38:33Mais tous les mois, je faisais évoluer mon Top Ami
00:38:36justement pour que chacun s'entreprésente
00:38:37et ne pas perdre mes amis, c'est quand même grave.
00:38:39Mais voilà, quelque part, il n'y a rien de nouveau
00:38:41dans ce phénomène Snapchat,
00:38:42tu as juste ce côté un petit peu où on sent à quel point
00:38:45maintenant, les plateformes capitalisent sur ce genre de truc,
00:38:47sur cette crainte d'être ostracisé de son groupe d'amis.
00:38:49C'est ça, c'est à la fois, tu te mets en valeur,
00:38:52tu mets en valeur tes connexions sociales
00:38:53et en même temps, il ne faut surtout pas que tu les arrêtes
00:38:55parce que sinon, tu ne deviens plus personne.
00:38:57Oui, c'est ça.
00:38:59En fait, l'industrie a toujours cherché à exploiter les mômes
00:39:04tant qu'elle le pouvait,
00:39:05mais c'est vrai que de l'époque de la télévision ou de la radio,
00:39:10il y avait le filtre parental qu'il fallait vaincre
00:39:14d'une certaine manière pour atteindre le môme.
00:39:16Internet, d'une certaine manière, a retiré le parent
00:39:19parce que quoi qu'on fasse, même avec beaucoup d'efforts,
00:39:23on n'a pas la moindre idée de ce qui se passe
00:39:26une fois qu'on a tourné le dos.
00:39:28Et c'est là où effectivement, le môme se retrouve très vite
00:39:33pris dans des systèmes commerciaux,
00:39:36que vous décrivez là,
00:39:37sur lesquels en tant que parent, tu n'as plus aucun effet.
00:39:42Moi, je pense que c'est là où l'important du truc,
00:39:44c'est de garder ce dialogue en fait.
00:39:46Parce que c'est vrai que là, j'ai mon plus grand qui est au collège,
00:39:49qui rentre au collège, donc je rentre dans le dur.
00:39:52Je ne suis plus dans la théorie,
00:39:52maintenant, je suis vraiment dans la pratique
00:39:53avec le fait de gérer son temps de portable,
00:39:57d'avoir un contrôle parental,
00:39:59d'aller de temps en temps checker un peu les conversations sur WhatsApp.
00:40:03Et même, ce qui est assez marrant, c'est que par exemple,
00:40:05si une génération, là aujourd'hui, les enfants de 11 ans
00:40:08qui ne sont pas encore à fond, par exemple sur Facebook,
00:40:10enfin Facebook, c'est mort depuis longtemps,
00:40:11mais ils ne sont pas très Insta,
00:40:14parce qu'ils sont encore un peu jeunes pour ça,
00:40:18mais ils se font des statuts comme nous,
00:40:19on faisait à l'époque sur Facebook, sur WhatsApp.
00:40:22Donc maintenant, WhatsApp est en train de se transformer
00:40:23dans le nouveau réseau social.
00:40:25Et je vois qu'il y a toujours ce côté mise en avance de soi,
00:40:30mise en avance de son identité.
00:40:31On se raconte en fait à travers des images,
00:40:33à travers des petites vidéos CapCut.
00:40:37Et je pense que d'un côté,
00:40:38c'est bien que les parents n'aient pas toujours la main dessus.
00:40:41En vrai, on a besoin, je pense, en tant que gamins,
00:40:43de développer ce truc-là.
00:40:44Je parlais du rapport des gamins à l'industrie, d'ailleurs.
00:40:47Au fait, ils ne comprennent pas qu'il existe un truc
00:40:51qu'on appelle le commerce.
00:40:53Oui, qu'il y a de la prédation et de l'exploitation.
00:40:55Heureusement qu'à un moment donné,
00:40:57ils sont obligés d'aller demander la carte bleue de papa-maman
00:40:59et que c'est à ce moment-là qu'en fait,
00:41:00c'est ça que tu reviens en disant,
00:41:01t'es mignon, mais ton skill Fortnite, non quoi.
00:41:04Mais sur le fait qu'ils soient encouragés justement
00:41:09à l'interaction, etc.
00:41:10Là-dessus, on n'a pas ce contrôle-là.
00:41:13Il y a eu donc à l'époque,
00:41:15on va finir par en parler, du Elzagate.
00:41:16Ça arrive, ça arrive.
00:41:17Allez, on y va.
00:41:18On peut y aller en vrai, on peut y aller.
00:41:19Mais l'Elzagate, c'est des...
00:41:20Qu'est-ce que c'est en fait, l'Elzagate ?
00:41:22L'Elzagate, c'est des petits malins qui ont compris justement
00:41:25comment fonctionnait l'algorithme de YouTube.
00:41:27On a des vidéos sur la chaîne WebZenTiaraz, Antoine,
00:41:31pour que les gens puissent voir ce genre de...
00:41:33Qu'il y avait moyen de...
00:41:34Tu peux voir un avortement d'Elza.
00:41:36Tu peux voir un avortement d'Elza avec le joker.
00:41:38Je crois que je t'ai envoyé, Antoine,
00:41:40une espèce de photomontage,
00:41:42parce que beaucoup des vidéos de...
00:41:45Avec cette esthétique porno, quoi, vraiment.
00:41:47Oui, il y a un côté, mais oui, il y a un décalage.
00:41:50Mais encore une fois, je pense que c'est aussi notre regard d'adulte.
00:41:51Tu peux voir un truc hyper creepy là-dedans.
00:41:53Enfin, je pense qu'il y en a...
00:41:54Encore celle-ci, elle n'est pas la pire.
00:41:56J'ai pris une soft, parce que c'est vrai qu'il y en a
00:41:57des vraiment très, très étonnantes.
00:41:58Mais tu as, oui, en gros, Elza qui mange des frites aux toilettes,
00:42:01Elza qui se fait accoucher par le joker.
00:42:03Ils se font des piqûres aussi.
00:42:04On va faire les choses dans l'ordre.
00:42:05En fait, ils ont compris qu'en utilisant ces mots-clés,
00:42:11ils allaient se retrouver avec des gamins qui allaient
00:42:13cliquer, cliquer, cliquer pendant des heures.
00:42:16Et donc, comment on appelle ça quand tu mets de la pub sur tes vidéos ?
00:42:21Monétiser, quoi.
00:42:22Voilà, monétiser leurs vidéos.
00:42:26Et qu'en fait, ce que les mômes avaient tendance à rechercher,
00:42:28c'était des trucs qui occident typiquement les mômes.
00:42:31C'est-à-dire tout un aspect psychanalytique,
00:42:34tout ce qui touche à la bouffe, tout ce qui touche au docteur,
00:42:37à la piqûre dans les fesses, tout ce qui touche aux toilettes,
00:42:41à la différence des sexes aussi, à la curiosité d'un sexe à l'autre.
00:42:47Et donc, ils ont commencé à mêler, à mêler tout ça.
00:42:51Et ça donnait donc des vidéos, effectivement, de le joker
00:42:54mange des frites aux toilettes.
00:42:56Alors, c'est pas il est aux toilettes et il mange des frites,
00:42:58c'est les frites sont dans le bidet de chiottes.
00:43:00Ouais, c'est complètement absurde.
00:43:02Où Spider-Man enceinte va se faire piquer chez le docteur par Elsa.
00:43:08Enfin bon, et ça donne, c'était donc des adultes qui avaient acheté
00:43:16un costume au magasin du coin vite fait pour tourner la vidéo en deux heures
00:43:20et la mettre en ligne dans la journée même.
00:43:23Sauf que voilà, dans ton regard d'adulte, t'es devant un truc
00:43:28complètement pervers en fait.
00:43:32Mais comme c'est un monde à part, comme tu en parlais bien
00:43:38dans l'introduction de l'émission, c'est un monde dont on n'a pas idée.
00:43:41En tant qu'adulte, on ne s'en préoccupe pas, on laisse faire.
00:43:45Et du coup, il y a eu pour le coup des milliards de vues,
00:43:49là on touche aux milliards, sur des vidéos amateurs
00:43:55extrêmement douteuses sans que personne ne réalise
00:44:00ce qui se passait avant qu'il soit trop tard.
00:44:02Aujourd'hui, il y en a beaucoup qu'on dégageait.
00:44:05Oui, alors on peut trouver des compils maintenant
00:44:07parce que les gens ont réussi un peu à sauvegarder cet espèce d'instant.
00:44:11Moi, je pense que c'est un truc un peu historique d'Internet.
00:44:13C'était surtout les vignettes.
00:44:16Antoine, je t'ai envoyé une photo d'un cumul de vignettes
00:44:21qu'on pouvait trouver à l'époque.
00:44:22Et c'était surtout les vignettes qui étaient très choquantes.
00:44:25Plus encore que les vidéos elles-mêmes,
00:44:27parce que justement, elles mettaient bien en évidence l'élément en jeu.
00:44:35Enfin voilà, donc il y a eu tout comme ça,
00:44:40peut-être un an après que ça ait vraiment commencé,
00:44:44plusieurs articles de blogueurs, en fait, pas vraiment dans la grande presse.
00:44:49La presse a mis du temps avant de découvrir le truc.
00:44:51Je pense que ça a mis facilement un an et demi, deux ans avant de...
00:44:55Il y a eu une conférence-tête d'un artiste britannique,
00:44:58je ne veux pas le dire son nom, c'est Briddle,
00:45:00je crois que c'est James Briddle,
00:45:02qui avait vraiment marqué le coup.
00:45:03Je crois qu'elle a été sortie en 2017
00:45:04et il avait déjà fait des articles de blogue avant, en 2016,
00:45:07pour documenter le truc.
00:45:08Là, on a une petite compil de ces vignettes.
00:45:12Je ne sais pas si on a moyen de zoomer,
00:45:13mais effectivement, dedans, il y a des trucs où tu peux te douter...
00:45:18C'était le rotten des bébés, quoi, en fait.
00:45:19C'est ça.
00:45:21C'est fou, quoi.
00:45:22J'ai envie de cliquer, même moi j'ai envie de cliquer.
00:45:24Beaucoup de piqûres, beaucoup de jambes écartées, beaucoup de...
00:45:28Des chaussures géantes.
00:45:29Voilà, beaucoup de caca.
00:45:31Bah, c'est chinois, ce truc.
00:45:32Oui, le caca, on va en parler, ouais.
00:45:34Parce que ça fait partie, en gros, des obsessions des mots.
00:45:38Bien sûr.
00:45:39On a quelqu'un dans le chat qui demande,
00:45:40c'est pas des IA qui font ça ?
00:45:41Alors non, justement, mais ça, c'est une évolution,
00:45:43on en parlera plus tard, mais est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
00:45:45Par contre, on soupçonnait qu'il y avait beaucoup de bots
00:45:48qui étaient là pour faire booster les sessions
00:45:51de façon à ce qu'elles puissent se retrouver dans le fameux field YouTube.
00:45:56Oui, c'était probablement regardé par des faux comptes.
00:45:59Alors non, en fait, c'est marrant, d'ailleurs,
00:46:01parce que déjà à l'époque, il y avait ce soupçon.
00:46:03Alors, ChatGPT n'existait pas encore, on est vraiment en 2016, 2017.
00:46:06Il y avait déjà ce soupçon de trucs fabriqués par un ordinateur un peu à la chaîne.
00:46:12Moi, je pense que c'était vraiment les créateurs WebZentaya
00:46:16qui se prenaient la tête à essayer d'inventer des scénarios.
00:46:18Ils ne devaient pas aller chercher très, très loin.
00:46:21En vrai, il y avait une certaine créativité, je trouve, dans leurs trucs.
00:46:25Enfin, on va leur rendre un peu hommage à ce niveau-là.
00:46:27Mais non, en fait, c'est surtout toutes les séries qui ont été dérivées de WebZentaya
00:46:33parce qu'en fait, Elsa Gate ne se résume pas qu'à cette chaîne-là.
00:46:37Il y en a eu des centaines et des milliers
00:46:39qui ont fait des contenus encore plus indigents que ça.
00:46:42Et tu avais, au bout d'un moment, des vidéos de danse de personnages
00:46:47qui faisaient, par exemple, les comptines Daddy Finger.
00:46:50Et c'est devenu totalement absurde.
00:46:52On voyait cinq modèles 3D de Hulk ou de Hitler
00:46:55en train de danser devant une yourte afghane,
00:46:58une danse précalculée sur une chanson de Daddy Finger.
00:47:02Je pense qu'il y a eu un processus industriel
00:47:07qui s'est mis en place pour créer du contenu très rapidement, très facilement.
00:47:10Mais je pense que ce n'était pas généré par IA.
00:47:13Oui.
00:47:14Pas encore.
00:47:15Maintenant, il n'y a plus rien qui empêche la fabrication de ce type de contenu.
00:47:19On a ouvert les vannes.
00:47:21Et en même temps, c'est dur, par exemple,
00:47:23quand tu penses à des phénomènes assez importants aujourd'hui
00:47:26comme Skibidi Toilet,
00:47:27qu'il fallait qu'on vienne à Skibidi Toilet
00:47:29parce que c'est la miniature qui vous a fait cliquer.
00:47:31Je ne sais pas si Antoine, tu peux diffuser des extraits à Skibidi Toilet
00:47:34parce que c'est quand même un énorme phénomène.
00:47:36Est-ce que tu peux un peu résumer ce que c'est ?
00:47:38Skibidi Toilet, c'est une web série
00:47:40fabriquée à partir du moteur Source,
00:47:42le moteur de Half-Life 2.
00:47:45Il a permis pendant plusieurs années
00:47:47de fabriquer ce qu'on appelle des machinimas.
00:47:51J'allais dire machinicas, mais non, machinimas.
00:47:53C'est un machinima complètement absurde
00:47:55avec une tête qui sort des toilettes
00:47:57et qui chante une chanson virale
00:47:59qui a bien marché à une époque sur TikTok.
00:48:01Les deux premières vidéos,
00:48:03c'est un peu absurde.
00:48:06C'est juste un petit délire comme ça.
00:48:08On sent que le gars se cherchait encore.
00:48:10Les vidéos ont vraiment beaucoup marché
00:48:12parce que la chanson était très virale sur TikTok
00:48:14et les enfants ont commencé à regarder cette vidéo-là
00:48:16sur YouTube.
00:48:18Dès le troisième épisode,
00:48:20on commence à arriver
00:48:22avec une histoire d'invasion
00:48:24de toilettes qui débarquent
00:48:26dans notre univers.
00:48:28Là, on voit des humains,
00:48:30mais au bout d'un moment,
00:48:32les humains disparaissent.
00:48:34C'est des hommes à tête d'écran
00:48:36ou des têtes de caméra
00:48:38qui représentent le viewer
00:48:40parce que les trucs sont filmés en POV,
00:48:42à la première personne.
00:48:44Il y a tout un espèce de scénario
00:48:46qui se développe, une espèce de guerre gigantesque
00:48:48avec une course aux armements absolument monstrueuse.
00:48:50Quelqu'un découvre
00:48:52le moyen de se débarrasser des skis-billies-toilettes.
00:48:54Les skis-billies-toilettes décident de contre-attaquer
00:48:56en ayant une arme encore plus efficace.
00:48:58C'est des faits un peu cumulatifs
00:49:00qui montent au fur et à mesure des épisodes.
00:49:02Je trouve ça génial.
00:49:04Je n'ai plus le compte en tête,
00:49:06mais à l'époque où j'en avais parlé,
00:49:08ça faisait déjà plus de 20 milliards de vues.
00:49:10C'était la série de la génération alpha.
00:49:12Oui, c'est ça.
00:49:14Il y a un truc que j'aime bien,
00:49:16parce que ça me rappelle aussi
00:49:18tout ce côté très image absurde
00:49:20plus humour un peu subversif.
00:49:22Ça me rappelle vraiment aussi
00:49:24l'émergence des YouTube Poop
00:49:26qu'il y avait à l'époque.
00:49:28Pour le coup, c'est plus une question de rythme.
00:49:30C'est-à-dire que les YouTube Poop
00:49:32nous ont accoutumés
00:49:34à une forme de rythmique
00:49:36qu'on se plaît à retrouver.
00:49:38D'une vidéo à l'autre,
00:49:40et qui est basée
00:49:42sur la rupture de ton brutal,
00:49:44sur l'explosion soudaine, etc.
00:49:46Et tu as tout à fait raison
00:49:48que ce qui me dit...
00:49:50Voilà.
00:49:52Oui, il y a toujours eu
00:49:54le dernier qui débarque à un moment.
00:49:56Ça, c'est le côté un peu étonnant.
00:49:58Il y a des YouTube Poop
00:50:00à partir de Tintin et de dessins animés
00:50:02regardés par les enfants,
00:50:04mais il y en a aussi eu un
00:50:06à base de Motus avec Thierry Beccaro
00:50:08qui pose des questions et qui se voit toujours répondre
00:50:10des trucs complètement absurdes par les candidats
00:50:12parce que c'est des montages.
00:50:14C'est marrant.
00:50:16Tu retrouves vraiment ce côté un peu early Internet
00:50:18que j'adorais dans les années 90.
00:50:20Pour moi, c'est vraiment ce qu'il me dit Toilet
00:50:22qui retranscribe mieux cet espiracle.
00:50:24Avec un gros travail graphique pour le coup.
00:50:26Je ne sais pas s'il est toujours sur le moteur d'Half-Life 2,
00:50:28mais il y a certaines vidéos qui sont impressionnantes.
00:50:30Il y a un énorme travail aussi au niveau du son.
00:50:32Je n'ai pas regardé les derniers épisodes.
00:50:34J'ai un peu décroché de ce qu'il dit Toilet.
00:50:36Il y a combien d'épisodes aujourd'hui pour la web série ?
00:50:38Je ne sais pas. Je me suis arrêté au moment où il y avait
00:50:40une dizaine de saisons et chaque saison,
00:50:42c'était à peu près une dizaine d'épisodes
00:50:44de une à deux minutes.
00:50:46Celui-là, tu vas devoir mettre le son, Antoine.
00:50:48Je ne sais pas si vous avez le son,
00:50:50mais c'est quand même assez fort.
00:50:52Bien joué. Bonne réponse.
00:50:54D'accord.
00:50:56Dans quelle ville portuaire du sexe
00:50:58a le muséum hormonaux ?
00:51:00Oui, Patrick.
00:51:02Ça, c'est bon.
00:51:04Dans quelle ville portuaire du sexe
00:51:06a le muséum hormonaux ?
00:51:08Le Sénégal.
00:51:10Le 19 octobre.
00:51:1212 sans sexe.
00:51:14Je me garderais bien de juger
00:51:16les enfants qui rigolent devant ce qu'il dit Toilet
00:51:18pour avoir rigolé devant ce genre de truc.
00:51:22En vrai, ce qu'il dit Toilet,
00:51:24pour moi, il n'y a rien de choquant
00:51:26de regarder ce qu'il dit Toilet quand tu as 9 ans.
00:51:28C'est vrai que tu as ce côté
00:51:30un petit peu...
00:51:32En tout cas, tu ne fais pas partie du délire.
00:51:34Tu ne fais pas partie de la fête.
00:51:36Ça paraît complètement absurde.
00:51:38Comme montrer un YouTube Poop à quelqu'un
00:51:40qui n'a pas...
00:51:42J'ai 40 piges.
00:51:44Même si je n'étais pas continuellement
00:51:46en ligne, j'ai quand même grandi
00:51:48avec un minimum de culture web.
00:51:50Est-ce qu'on est les seuls
00:51:52à avoir fait ça ?
00:51:54La culture Internet,
00:51:56l'humour absurde d'Internet,
00:51:58c'est ce qu'on a donné dans le mainstream.
00:52:00Je ne vois pas trop...
00:52:02Peut-être que c'est moi
00:52:04qui fais partie de ma bulle de journaliste tech
00:52:06spécialisée sur les médias et Internet.
00:52:08Je reconnais tout de suite
00:52:10la pâte humour absurde,
00:52:12un peu débile du web.
00:52:14Je peux comprendre que ça ne puisse pas parler à tout le monde,
00:52:16mais je me dis qu'à un moment donné,
00:52:18je comprends le délire.
00:52:20Quand tu vois une série comme ça, ça ne fait pas peur.
00:52:22C'est juste drôle.
00:52:24Il y a juste le côté
00:52:26des toilettes.
00:52:28Et aussi,
00:52:30dans les déformations d'images,
00:52:32on est souvent
00:52:34la chair qui est exposée.
00:52:36Quand le visage se met
00:52:38à sourire exagérément,
00:52:40on a du rouge partout,
00:52:42comme s'il était blessé
00:52:44ou ouvert.
00:52:46Ce qui, en fait,
00:52:48est un défaut graphique,
00:52:50mais qui a un petit côté gore
00:52:52qui, à mon avis,
00:52:54choque, pour le coup,
00:52:56les parents.
00:53:02Tu l'évoques dans ton livre également.
00:53:04Il y a des personnes
00:53:06qui sont arrivées un peu sur le tard
00:53:08qui demandaient qui était le monsieur.
00:53:10Le monsieur, c'est David-Julien Ramil
00:53:12qui a écrit ce livre,
00:53:14l'Internet des enfants.
00:53:16Je ne sais plus ce que je voulais dire.
00:53:18Je voulais parler de...
00:53:20Non, parce que tu parlais du fait de se faire peur.
00:53:22En tout cas, du fait que ce qu'il dit,
00:53:24il y a un côté qui peut paraître gore
00:53:26quand tu regardes...
00:53:28Violent.
00:53:30L'imagerie est violente.
00:53:32Elle est drôle, etc.
00:53:34Pour nous, elle n'est pas choquante en soi.
00:53:36Mais le fait que la peau du personnage
00:53:38se décolle
00:53:40et qu'on voit la chair
00:53:42en dessous, pour un parent lambda,
00:53:44c'est suffisant pour dire
00:53:46non, je ne veux pas que mon gamin mette ça.
00:53:48On a beaucoup parlé,
00:53:50sur Netscape, on a fait des émissions précédemment
00:53:52sur les backrooms et la fondation SCP
00:53:54en parlant de ces espaces
00:53:56où les internautes aiment bien jouer à se faire peur.
00:53:58On a des itérations
00:54:00plus récentes.
00:54:02Tu parlais du Momo Challenge, typiquement.
00:54:04Alors qu'ils sont un peu plus anciens.
00:54:06Je crois que c'est plus ancien que les backrooms.
00:54:08Ce qui est intéressant
00:54:10avec le Momo Challenge, pour ceux qui ne se souviennent pas,
00:54:12c'était une espèce de sculpture
00:54:14de femme oiseau japonaise
00:54:16qui était censée
00:54:18apparaître
00:54:20sur Whatsapp, il me semble.
00:54:22Avec qui tu pouvais avoir une discussion.
00:54:24Si jamais elle apparaissait, tu recevais des coups de fil
00:54:26ou des textos qui te disaient
00:54:28de participer à des challenges
00:54:30de plus en plus dangereux jusqu'à ce qu'à la fin
00:54:32tu es censé te suicider.
00:54:34C'est une énorme fake news.
00:54:36C'est un truc qui vient d'Amérique du Sud
00:54:38qui a été...
00:54:40Je ne sais plus exactement quel a été le parcours
00:54:42de cette fake news.
00:54:44Aucun enfant ne s'est jamais suicidé avec Momo Challenge.
00:54:46Par contre, la rumeur a suffisamment gonflé
00:54:48pour que les gamins s'en inquiètent.
00:54:50Moi, j'y ai eu droit.
00:54:52On a passé une soirée
00:54:54à calmer
00:54:56mon homme
00:54:58parce qu'il était vraiment effrayé.
00:55:00C'est ça qui est intéressant avec l'horreur sur Internet.
00:55:02Je ne vais pas du tout
00:55:04remplacer Al236 que vous avez reçu ici
00:55:06qui est aussi une idole pour moi.
00:55:08J'adore ce mec.
00:55:10Le point commun
00:55:12de tout ce qui
00:55:14concerne les creepypastas,
00:55:16le backroom,
00:55:18c'est la frontière entre le réel et la fiction
00:55:20qui est complètement
00:55:22brouillée sur les réseaux.
00:55:24Je pense que vous avez dû en parler avec les creepypastas.
00:55:26C'est toujours du témoignage à la première personne,
00:55:28un peu à la Lovecraft à l'époque
00:55:30pour donner
00:55:32une impression de véracité.
00:55:34On va bidouiller quelques images
00:55:36pour en plus appuyer plus
00:55:38son propos et dire, regardez, j'ai trouvé cet obscur
00:55:40média que personne n'arrive vraiment
00:55:42à savoir d'où il vient.
00:55:44Il s'est arrivé sur mon ordinateur, je ne sais comment.
00:55:46Voilà ce qui s'est passé.
00:55:48Je trouve qu'il y a un côté comme ça
00:55:50où quand les enfants arrivent sur Internet,
00:55:52ils doivent apprendre
00:55:54très rapidement les codes.
00:55:56Ils se font souvent bizuter.
00:55:58J'expliquais, il y a tout un moment
00:56:00et ça existe encore, où on les mettait devant
00:56:02les chockeurs, c'est-à-dire des espèces
00:56:04de petites vidéos qui commencent tout doucement
00:56:06et où t'as un jumpscare
00:56:08énorme qui arrive.
00:56:10C'est la blague 101
00:56:12de la blague Internet à faire à un enfant
00:56:14qui n'est jamais allé sur Internet. Ne faites pas ça, bien sûr.
00:56:16Mais voilà,
00:56:18il y a un côté où
00:56:20quand les enfants arrivent sur Internet,
00:56:22ils ne savent pas trop à quoi s'attendre.
00:56:24Ils sont plus sur des chemins balisés.
00:56:26Et en même temps, ils vont
00:56:28voir des contenus
00:56:30qui peuvent être extrêmement gores,
00:56:32extrêmement violents et qui parfois
00:56:34sont totalement faux
00:56:36et qui sont parfois vrais.
00:56:38C'est-à-dire qu'il y a des vidéos qui sont
00:56:40publiées sur des décapitations de Baèches,
00:56:42sur des gens qui se font tabasser,
00:56:44que sais-je encore.
00:56:46Et je pense que cette frontière
00:56:48entre le film d'horreur gore
00:56:50où c'est pour de faux
00:56:52et la vidéo obscure Internet
00:56:54de décapitation et en fait
00:56:56on ne sait pas trop si c'est vrai ou si c'est faux,
00:56:58pour moi c'est le socle de l'angoisse
00:57:00qui donne naissance à tout ce genre horrifique
00:57:02sur les réseaux.
00:57:04Il y a aussi quelque chose que t'évoquais,
00:57:06un changement, une évolution dans les usages.
00:57:08C'est que typiquement dans les années 90,
00:57:10tu pouvais mater sur l'ordinateur du CDI
00:57:12des sites de Rotten, t'étais quelque part entouré
00:57:14et pas forcément seul face à l'écran.
00:57:16Là où maintenant
00:57:18qu'il y a les smartphones, il peut y avoir plus souvent
00:57:20un enfant exposé à un truc
00:57:22et qui ne peut pas tout de suite en parler immédiatement
00:57:24avec quelqu'un qui dédramatiserait le truc.
00:57:26Et qui n'aurait pas forcément osé l'en parler
00:57:28aussi à ses parents parce qu'il y a une impression
00:57:30de honte, on en parlait tout à l'heure,
00:57:32de j'aurais pas dû aller là,
00:57:34les enfants sont très
00:57:36sujets à ce truc-là.
00:57:38C'est pas étonnant qu'il y a énormément
00:57:40de blackmail, de chantage
00:57:42qui sont faits à leur rencontre
00:57:44parce qu'en fait,
00:57:46ils osent jamais, ils se disent
00:57:48si j'ai vu cette chose-là,
00:57:50c'est que je suis allé un peu la chercher.
00:57:52Parce que l'internet, c'est une démarche qui est quand même
00:57:54toujours un peu proactive, de genre un clic ici si tu l'oses.
00:57:56Contrairement à la télé qui a un côté
00:57:58un peu distrait. Si tu vois quelque chose
00:58:00de choquant à la télé, c'est que t'étais pas devant la télé
00:58:02à la bonne heure.
00:58:04Normalement, t'es pas censé voir le truc choquant.
00:58:06T'es pas censé être sur ton écran.
00:58:08Qu'est-ce que
00:58:10le futur nous réserve par rapport à ça ?
00:58:12Moi, j'ai l'impression,
00:58:14c'est mon expérience,
00:58:16qu'aujourd'hui,
00:58:18ils sont moins dans
00:58:20la recherche
00:58:22d'un site, on va dire,
00:58:24comme nous on a pu connaître à notre époque,
00:58:26et plus dans une interaction
00:58:28perpétuelle.
00:58:30Une des pratiques
00:58:32qui m'a le plus surprise,
00:58:34et qui a vraiment commencé à partir du confinement,
00:58:36c'est la téléprésence.
00:58:38C'est-à-dire que
00:58:40les moums soient
00:58:42en visio, quand bien même
00:58:44ils ne se parlent pas.
00:58:46Ils font chacun leur truc de leur côté.
00:58:48Lui, il se brosse les dents.
00:58:50Sa copine, elle est en train de faire ses devoirs.
00:58:52Et en fait, ils sont
00:58:54en présence.
00:58:56Les téléphones sont allumés, avec la caméra.
00:58:58Et ils voient ce que l'autre est en train de faire.
00:59:00Sur Discord, tu as des salons où les gens
00:59:02dorment en laissant le téléphone
00:59:04ouvert, et où ils peuvent entendre les ronflements
00:59:06des autres, et c'est comme s'ils dormaient ensemble.
00:59:08Et donc, puisqu'il y a toujours des malins
00:59:10sur Internet, je pense que c'est ça qui va être
00:59:12bientôt, comment dire,
00:59:14repéré et exploité
00:59:16d'une manière ou d'une autre.
00:59:18Oui, je vois du mal à...
00:59:20C'est ça qui est compliqué avec ce genre
00:59:22d'ouvrage, c'est que ça s'arrête au moment où
00:59:24tu arrêtes d'écrire le livre.
00:59:26Moi, je continue à faire ce travail-là
00:59:28à travers mon média, mais c'est toujours
00:59:30un peu...
00:59:32Tu n'es jamais le premier au courant. Quand tu es journaliste,
00:59:34à un moment donné, tu tombes sur le truc et tu fais
00:59:36« Ah oui, ils font ça, c'est ouf ! Ok, je vais en parler. »
00:59:38Et à partir de là, la pratique
00:59:40rend dans le mainstream. Moi, je pense qu'il y a
00:59:42comme tu dis, sur l'interaction, sur les serveurs
00:59:44Discord, parce que je ne connaissais pas tant que ça.
00:59:46Je n'avais pas trop cette culture du Discord.
00:59:48Je suis abonné à plein de Discord, mais je n'y vais jamais parce que je n'ai pas le temps.
00:59:50Et ce côté
00:59:52où on va s'amuser
00:59:54à faire du roleplay, à être
00:59:56quelqu'un d'autre, encore une fois,
00:59:58toujours cette dimension
01:00:00à tester de nouvelles identités,
01:00:02même faire le roleplay
01:00:04d'une fille quand tu es un garçon.
01:00:06Et inversement, c'est des choses qui fonctionnent très bien.
01:00:08Et effectivement,
01:00:10à vivre comme ça de manière complètement connectée.
01:00:12C'est comme ça que se créent
01:00:14les nouveaux influenceurs maintenant.
01:00:16C'est-à-dire que ce n'est plus forcément le contenu
01:00:18que tu vas mettre en avant qui va te faire
01:00:20connaître, c'est plus le nombre
01:00:22de gens qui interagissent avec toi,
01:00:24et la communauté que tu vas former,
01:00:26et les actions que tu vas faire au sein de cette communauté
01:00:28qui ont cette importance.
01:00:30Et je me dis que les gourous
01:00:32des réseaux ont encore de beaux jours
01:00:34devant eux parce qu'il y en a plein qui sont en train
01:00:36de se former, de se créer.
01:00:38Il y a tout un mouvement
01:00:40qui a démarré depuis MeToo
01:00:42qui est comme ça justement,
01:00:44qui essaie d'avertir un peu les jeunes en disant
01:00:46« Faites gaffe, vos youtubeurs, vos créateurs de contenu
01:00:48ne sont pas toujours
01:00:50on va dire, une fois qu'ils ont accès
01:00:52à une certaine influence, à un certain pouvoir,
01:00:54ils ne sont pas toujours très stables
01:00:56mentalement, ils ne sont pas toujours très
01:00:58cools avec les garçons, les filles,
01:01:00ils sont plus jeunes qu'eux.
01:01:02Il y a du grooming.
01:01:04Ça encore une fois, c'est un truc qui a toujours existé.
01:01:06Avant que ce soit les youtubeurs,
01:01:08c'était les stars de rock indé qui étaient
01:01:10sur les plateformes
01:01:12de réseaux sociaux
01:01:14et qui captaient les gamines.
01:01:16Donc, déjà les prévenir
01:01:18de ça, mais se dire aussi
01:01:20qu'effectivement, des mouvements
01:01:22sectaires, des mouvements communautaires
01:01:24très forts, où les gens vont tourner
01:01:26un peu en boucle, il y en a plein.
01:01:28On parlait de
01:01:30Roblox justement, parce que sur Roblox
01:01:32les enfants ont la
01:01:34possibilité de créer leur propre jeu
01:01:36qu'ils vont pouvoir montrer au reste de la
01:01:38communauté et ça, ça peut être monétisé.
01:01:40Ils peuvent gagner de l'argent pour ça s'il y a suffisamment de visites.
01:01:42Il y a un super documentaire de People Make Games
01:01:44sur la prédation sur mineurs
01:01:46au sein de Roblox.
01:01:48Mais quelque part, ça non plus, c'est pas nouveau
01:01:50malheureusement, parce qu'il y a le cas d'Abo Hotel
01:01:52que tu cites également dans ton livre.
01:01:54Abo Hotel, qui est toujours d'ailleurs,
01:01:56il y a eu Abo Origins cet été,
01:01:58qui est un espace de sociabilisation
01:02:00en ligne,
01:02:02qui était fréquenté particulièrement par des adolescents.
01:02:04On arrive
01:02:06toujours à trouver un pendant.
01:02:08En fait, après,
01:02:10c'est-à-dire que tu avais effectivement
01:02:12des adultes qui allaient groumer
01:02:14des ados.
01:02:16Quel que soit le point
01:02:18historique d'Internet, ça a toujours existé,
01:02:20ça sera toujours là.
01:02:22Parce qu'Internet, c'est un endroit où les jeunes
01:02:24et les moins jeunes se fréquentent au sein des mêmes espaces.
01:02:26Dès qu'il y a un internaute
01:02:28qui a un comportement prédateur,
01:02:30il ira chercher
01:02:32des jeunes qui sont facilement
01:02:34s'attaquer.
01:02:38Il faut sortir aussi de l'image
01:02:40du vieux pervers.
01:02:42Parfois, c'est aussi des très jeunes adultes,
01:02:44voire des
01:02:46adolescents qui sont en fin de l'adolescence.
01:02:48Le grooming, ce n'est pas
01:02:50qu'un truc de vieux sur des jeunes.
01:02:54C'est là où c'est compliqué.
01:02:56C'est de faire le distinguo entre
01:02:58des jeunes de 13-14 ans
01:03:00qui vont aller sur ces plateformes et qui,
01:03:02effectivement, vont peut-être un petit peu
01:03:04s'amuser à découvrir leur sexualité
01:03:06via leur avatar.
01:03:08Sur Abo Hotel,
01:03:10en particulier,
01:03:12tu pouvais aller dans une chambre et tu avais
01:03:14un certain meuble qui vibrait.
01:03:16En gros, tu pouvais simuler
01:03:18une scène de sexe avec la personne
01:03:20que tu rencontrais.
01:03:22Tu avais ta première expérience sexuelle totalement
01:03:24virtuelle et totalement inoffensive.
01:03:26Je veux dire, tu ne sais pas
01:03:28trop qui est derrière l'écran.
01:03:36Il faut prévenir du danger, mais il ne faut pas
01:03:38avoir une envie
01:03:40abolitionniste de ce truc-là.
01:03:42Ça existe, les ados le font
01:03:44parce qu'ils ont aussi un âge
01:03:46où ils ont envie de découvrir cette chose-là.
01:03:48Si le web leur permet de découvrir la sexualité
01:03:50de manière safe, sans
01:03:52avoir à être groumé par un adulte
01:03:54ou que les nudes
01:03:56fuitent ou quoi que ce soit,
01:03:58en vrai, ils font ce qu'ils veulent.
01:04:00L'idée, c'est de pouvoir accompagner.
01:04:02Mais ça veut dire pour ça
01:04:04qu'il faut enlever le tabou
01:04:06sur cette discussion-là.
01:04:08Quand on voit que, déjà, ne serait-ce que des cours
01:04:10même pas d'éducation sexuelle,
01:04:12mais des cours au consentement dans les écoles,
01:04:14t'as des parents qui ne veulent même pas
01:04:16en entendre parler parce qu'ils trouvent
01:04:18que ce n'est pas le rôle de l'école,
01:04:20on est encore loin de tout ça. C'est un peu compliqué.
01:04:22On sera ramenés
01:04:24à parler d'Abohotel dans une
01:04:26future émission parce qu'on va forcément
01:04:28parler un jour de Police Closed,
01:04:30l'événement qui a bien agité
01:04:32ce jeu
01:04:34et qui a notamment
01:04:36plus ou moins créé le phénomène
01:04:38des Anonymous.
01:04:40Là, je vois l'heure qui tourne.
01:04:42Oui, j'allais dire, cette émission touche à sa fin.
01:04:44Merci beaucoup, David, d'être venu.
01:04:46Merci à vous pour l'invitation.
01:04:48On était en live. On n'a pas eu beaucoup de questions.
01:04:50Oui, c'est vrai.
01:04:52Mais nous, on en a posé
01:04:54plein.
01:04:56Merci beaucoup de nous avoir regardés.
01:04:58On se retrouve le mois prochain pour
01:05:00une autre émission sur un sujet encore indéterminé.
01:05:02On verra.
01:05:04Pour rappel, le livre de David Jullien
01:05:06est ici.
01:05:08Encore merci d'être venu.
01:05:10On va rappeler le titre. L'Internet des Enfants
01:05:12et ses édités, tu l'as dit tout à l'heure.
01:05:14Chez Divergence.
01:05:16On le remontre.
01:05:18Il est beau.
01:05:20C'est l'envers Bratt.
01:05:22Merci à toi.
01:05:24On se retrouve.
01:05:26On n'a pas encore déterminé
01:05:28le prochain sujet.
01:05:30Je vois qu'il y a des suggestions dans le chat.
01:05:32Merci beaucoup.
01:05:34Chaque émission,
01:05:36on partage la tâche,
01:05:38Julie et moi.
01:05:40Merci beaucoup, Julie,
01:05:42pour ce sujet qui, encore une fois,
01:05:44est trop vaste.
01:05:46Il aurait pu être couvert pendant quatre heures de plus.
01:05:48Il faut bien s'arrêter un moment.
01:05:50Merci à Antoine, qui est allé chercher
01:05:52toutes ces vidéos absurdes et scatophiles
01:05:54pour illustrer cette émission.
01:05:56A bientôt.

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