Clara Luciani pour son nouvel album "Mon sang", et Wilfrid Lupano pour la suite des "Vieux Fourneaux"
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00:00Avec Frédéric Carbone, on commence Frédéric par la chanson la plus fredonnée sans doute
00:07du répertoire français.
00:08Non, rien de rien, non, je ne regrette rien Évidemment, si vous demandez le nom de l'interprète,
00:20tout le monde va vous dire Edith Piaf, mais le compositeur est peut-être moins connu,
00:25Charles Dumont qui vient de mourir à l'âge de 95 ans et Matteo Maestraci, on peut le
00:29dire, travailler avec Edith Piaf a été absolument essentiel pour lui.
00:34Oui, et Charles Dumont et Edith Piaf font partie de ces duos artistiques inextricablement
00:38liés.
00:39On peut parler de la môme sans forcément mentionner le premier cité.
00:42Difficile en revanche d'évoquer la longue vie et carrière de Charles Dumont en escamotant
00:46sa période Piaf.
00:47Non, je ne regrette rien, écrite 4 ans plus tôt et enregistrée par Edith Piaf en 1960
00:52et un an plus tard sort cet autre morceau.
00:55« Les flancs font du buzz, un grand coup d'un buzz, et la corde est enceinte, ce
01:12coup-là s'enfonce, les flancs font ce qu'on croit... »
01:17Voilà, évidemment, le succès de « Je ne regrette rien » est passé par là et les
01:20chansons marchent très bien, moins festifs et plus sentimentales.
01:24Un autre titre du duo sort l'année suivante, en 1962, et c'est très beau.
01:28« Quand les amants entendront cette chanson, c'est sûr, ma belle... »
01:44Voilà, 41 chansons en tout, là c'est « Les amants » en 1963, Edith Piaf devait aussi
01:49enregistrer « Je m'en remets à toi » écrite par Jacques Brel, composée par Dumont, mais
01:54elle meurt avant, le 10 octobre à 47 ans.
01:56Charles Dumont fera ensuite une carrière solo longue et prolifique à partir des années
02:0070, plus de 20 disques sortis entre 1972 et 2010, dans lesquels il est souvent question
02:06de femmes, d'amour et ou d'Edith Piaf.
02:09Charles Dumont décédé à l'âge de 95 ans et qui disait « Ma mère m'a mis au monde
02:29», Edith Piaf m'a amené dans le monde, on comprend à quel point ce duo a marqué
02:35des décennies.
02:36Allez, il est temps de passer quelques minutes avec une chanteuse bien d'aujourd'hui qui
02:40en trois albums a posé une empreinte durable dans le paysage musical français, Clara Luciani
02:46revient d'ailleurs sans avoir donné l'impression d'être jamais partie, après cette tournée
02:51XXL et après Chœur, très dansant, très disco, voilà mon sang, où elle ouvre largement
02:56l'album de famille, il est vrai que cet album a été écrit et composé dans des circonstances
03:01particulières, c'est ce que nous raconte d'abord Clara Luciani quand nous l'avons rencontré
03:06avec Yann Bertrand.
03:07« J'ai écrit ce disque-là quand j'étais enceinte et ça a remis beaucoup de questionnements
03:12presque identitaires chez moi, j'ai eu envie un peu de retourner un peu aux racines de
03:20ma famille, j'ai posé beaucoup de questions à mes parents, j'ai regardé des vieilles
03:24photos et j'ai eu envie de raconter à cet enfant qui j'étais, d'où il venait,
03:29qui étaient ses grands-parents et quelle était mon histoire en fait.
03:33Et peut-être aussi se dire, au troisième album, je suis plus légitime pour ça, je
03:37peux parler de moi un peu plus directement.
03:39Je ne sais même pas, vous savez, si c'était conscient ça, je crois juste que c'était
03:43nécessaire pour moi, je devais faire ce disque-là, je ne me suis pas posée beaucoup
03:47plus de questions que ça.
03:48Allez, on y rentre dans ce disque Yann Bertrand, on va y rentrer avec le morceau qui lui donne
03:52son titre.
03:53On va écouter plusieurs titres de l'album, bien sûr, on va entendre qu'il y a aussi
04:10des voix familières au sens premier dans cet album puisqu'il y a vos parents qui
04:14chantent, il y a aussi votre sœur Ella qui mène aussi une carrière musicale de son
04:18côté.
04:19Quand est-ce qu'il est venu, à quel moment du processus de création de l'album ?
04:23Je dirais la première moitié, les mois où je pouvais encore chanter debout.
04:31J'avais envie d'écrire sur le son depuis longtemps, je trouve que c'est un mot intéressant
04:38parce qu'il dégoûte beaucoup de gens et pourtant la symbolique est très forte et
04:46pour moi qui est très positive, qui est de l'ordre de la vie.
04:49C'était un mot que j'avais écrit sur mon téléphone depuis de nombreuses années
04:52et je ne savais pas trop comment dérouler cette thématique mais je l'avais en tête.
04:58Et quand j'ai appris que j'attendais un enfant, ça me parait assez évident que c'était
05:01le moment d'écrire sur mon son et ce que ça représentait pour moi.
05:05Vous allez me dire, et à juste titre, que tout n'est pas conscient et réfléchi évidemment,
05:10c'est très spontanément, on l'entend bien, il n'y a pas le même univers que
05:14l'autre.
05:15Est-ce qu'à un moment vous vous dites, de l'autre côté, ils voudraient entendre
05:16la même chose ou c'est pas grave, c'est ce que je suis aujourd'hui et c'est ça
05:19que je donne et que je propose ?
05:20Les deux, je pense que les gens ont adoré le côté jouissif et dansant du deuxième
05:27album.
05:28Ça je le sais parce que c'était une grande fête cette tournée et pour autant je me
05:32dis que je leur fais confiance, que mon lien avec le public est au-delà de ça.
05:38Vous savez, c'est un peu comme quand on a un ami, évidemment qu'on aime faire la fête
05:41avec nos amis mais parfois on aime bien s'asseoir avec eux et puis discuter, avoir des conversations
05:45un petit peu plus profondes.
05:46Et je me dis que mes liens avec le public sont peut-être maintenant assez durables
05:52pour qu'en effet on puisse s'asseoir et discuter.
05:55Allez, vous connaîtrez mieux qu'Alain Ralessiani et on continue cet album.
05:58C'est assez rare qu'on aime autant de morceaux sur un album, je dois le confesser,
06:02on va dérouler un petit peu avec celui-ci.
06:11Celui-ci, je voulais qu'on l'entende parce qu'on y entend notamment les arrangements
06:24qui sont notamment l'oeuvre d'un génie, je crois qu'on peut l'appeler ainsi puisque
06:29c'est Sage Ambroise Villaume qui a son projet personnel, qui a aussi un formidable groupe
06:33qui s'appelle Astral Bakers, qui est aussi un ami cher et qui vous accompagne depuis
06:37le début.
06:38Ça ne pourrait pas arriver sans lui, toutes ces choses-là ?
06:40Je ne crois pas, je n'ai même pas envie d'essayer pour être honnête.
06:44Je trouve qu'on s'entend trop bien, nos esprits créatifs fonctionnent hyper bien
06:51ensemble et se répondent.
06:52Par exemple, cette intro, c'est vraiment la preuve évidente de ce duo qui fonctionne.
06:59Je me rappelle d'Ambrose qui trouve largement de cordes qui fait « tiririri » et je lui
07:05dis qu'il manque un truc, il faut qu'il y ait une voix qui répond à ça.
07:08Et là, je fais « aaaah, aaaah ». C'est comme ça qu'on travaille en permanence.
07:14C'est du ping-pong.
07:15C'est « tiens, et si on faisait ci, et si on faisait ça ? ». Il me stimule en permanence
07:19et c'est vraiment grâce à lui aussi que j'ai réussi à travailler aussi tardivement
07:23dans ma grossesse parce qu'il y a vraiment des jours où ça devenait assez inconfortable
07:26d'être aussi grosse et où vraiment j'ai peiné à me traîner jusqu'au studio.
07:30Mais juste la simple joie de me dire que j'allais créer avec cet ami-là me réjouissait assez
07:38pour que je trouve l'énergie de me déplacer une énième fois au studio.
07:41Qu'est-ce que c'est bien de retrouver au bureau une personne qu'on aime tous les jours ?
07:43Hein ?
07:44Surtout quand c'est au studio fermé.
07:47Le suivant, c'est moi qui le lance parce que c'est ma favorite de l'album.
07:51On se retrouve comme un con mais serein Dans une solitude qui nous va trop bien
07:59On s'y délace comme au chaud d'un long bain On se lave de tout ce qui nous tient
08:08Quand tout le monde s'en va à la fin
08:12Ces romances, je crois que c'est la préférée de Sage aussi.
08:15Elle a une place particulière celle-là ?
08:17Déjà elle a une certaine magie je pense.
08:19Peut-être que c'est pour ça que c'est la préférée de Sage parce que vraiment on l'a fini en une heure.
08:24En écrite et enregistrée en une heure.
08:28Il y a eu une seule prise de piano, une seule prise de voix.
08:31Donc une évidence ?
08:32Une évidence.
08:34Ça ne nous arrive pas souvent ce truc en trois disques.
08:37Mais tout était là.
08:39Le texte, l'intention, la voix.
08:41On n'a rien rajouté.
08:43Donc c'est assez magique.
08:46Elle est spéciale aussi de par son sujet parce qu'il y a quelque chose à la fois d'assez triste.
08:52Mélancolique ?
08:54Mélancolique mais il y a presque un certain plaisir aussi à être dans cette mélancolie-là.
09:00Dans laquelle on se glisse comme dans un bain.
09:04On continue à dérouler Yann ?
09:05On continue et on parlait des liens, du sang.
09:08On parlait de vos parents.
09:09Évidemment ceci.
09:22Ici vous parlez de quelqu'un en qui on peut tous se reconnaître.
09:26C'est ma mère, pas la mienne, évidemment la vôtre.
09:29Très très beau morceau.
09:32C'est un peu celui qui m'a fait un peu m'écrouler très honnêtement en l'entendant.
09:36C'est une très très belle chanson.
09:38Remercier les parents, dire que les choses évoluent.
09:42C'est aussi ça cet album qu'on change et qu'à la fois on reste les mêmes.
09:47Oui évidemment et puis surtout qu'on porte des histoires qui sont presque antérieures à nous.
09:53Cette idée de la transmission est très très forte sur ce disque.
09:58Et puis aussi l'idée de comprendre pour la première fois à quel point j'avais été une enfant aimée.
10:05En aimant mon enfant, j'ai réalisé le degré de dévotion que c'était de s'occuper d'un enfant.
10:12Mais c'était la première fois.
10:14Je crois qu'il y avait quelque chose d'assez ingrat finalement dans mon attitude.
10:16C'était presque normal quand même et je réalisais pas à quel point c'était fort.
10:19Et en devenant mère moi-même, j'ai compris ça et j'ai eu envie de le dire à ma mère.
10:25Il y a toutes les familles, on le comprend dans cet album.
10:28La famille de sang, la famille de chœur, le frère de composition, sage.
10:34Puis il y a peut-être aussi des familles d'artistes qui vous ont tant inspiré.
10:38On ne peut pas ne pas penser à François Zardy par exemple dans ce disque.
10:41Des clins d'œil, c'était important d'en faire des clins d'œil comme ça.
10:44C'est marrant ça aussi, je sais que vous allez...
10:46Mais c'était pas conscient non plus.
10:48Il y a beaucoup de gens qui me parlent de François sur ce disque-là.
10:52On me parle beaucoup de François sur la chanson Interlude.
10:57C'était pas conscient mais je crois qu'en comptant...
10:59Je veux le revoir mademoiselle, c'est ça ?
11:01Mais c'est quelqu'un d'important pour vous ?
11:02Oui, évidemment.
11:03En fait c'est ça, je pense que quand on écoute tellement quelqu'un,
11:06au bout d'un moment il finit par nous inspirer même sans qu'on s'en rende compte.
11:09Oui, il fait partie de vous.
11:11Vous voulez qu'on en écoute un qui fait partie de vous aussi ?
11:22Alors, cette chanson n'est pas dans l'album évidemment.
11:25Malheureusement, j'aurais adoré l'écrire.
11:28C'est peut-être, c'est très subjectif, la plus belle chanson jamais écrite.
11:32Paul McCartney, les Beatles, évidemment, Blackbird.
11:35A quel point est-ce qu'il est important Paul McCartney ?
11:38Et à quel point ça vous fait plaisir qu'on vous dise que sur cet album,
11:41on ne va pas comparer mais que vous vous rapprochez d'une écriture britannique,
11:45pop en tout cas de ce versant-là ?
11:48Paul McCartney, il est important pour moi dans le sens où évidemment,
11:51c'est mon musicien favori de tout le temps.
11:54Mais je crois qu'il est important de par ce qu'il représente.
11:57Parce que pour moi, Paul McCartney, c'est forcément un lien
12:00avec la relation que j'ai avec mon papa,
12:03qui fait lui-même de la musique depuis toujours
12:06et qui n'a jamais malheureusement réussi à en vivre
12:09alors qu'il a énormément de talent, beaucoup plus que moi d'ailleurs.
12:12Il m'a fait découvrir Paul McCartney très rapidement.
12:16Il m'a fait découvrir Paul McCartney très tôt dans ma vie.
12:19Les Beatles et Paul, c'est notre petit univers à nous.
12:22On s'envoie tout le temps des articles sur les Beatles,
12:25on s'offre des livres sur les Beatles à chaque Noël.
12:28Donc voilà, tout ça, c'est très important
12:31parce qu'encore une fois, ça rejoint l'idée de la transmission.
12:36Avoir cité, entre guillemets, cette musique britannique,
12:41c'est faire référence à mon père.
12:45De nouveau, on parle de famille.
12:48À quel point vous avez envie de dire à vos parents tant de choses ?
12:51Merci de les partager avec nous et avec les auditeurs de France Info.
12:55Ce n'est pas un piège, on ne vous oblige à rien, Clara Luciani.
12:58Mais si vous avez du temps, début décembre, quand il va venir à Paris,
13:01Paul McCartney, et qu'on va faire une émission spéciale ici sur France Info,
13:04vous êtes immensément bienvenue.
13:06Mais pitié, j'aurais tellement de choses à dire.
13:08Eh bien, vous venez.
13:09L'invitation est lancée.
13:10On a topé.
13:12Avec grand plaisir de faire une émission McCartney avec vous.
13:14On sera ravis que vous reveniez.
13:16En attendant, précipitez-vous, on est d'accord Yann Bertrand,
13:19sur l'album de Clara Luciani.
13:20Bonjour, merci mille fois.
13:21Bon sang.
13:22Merci à vous.
13:23Merci beaucoup.
13:24Et rendez-vous est pris, donc, le 4 décembre, Frédéric,
13:26avec Clara Luciani, Les Vieux Fourneaux.
13:28La délicieuse BD Les Vieux Fourneaux au programme
13:31des prochaines minutes après le Fil Info.
13:3313h46, Armand Perroulaga.
13:35Détracteurs sur les routes.
13:37Journée de mobilisation des agriculteurs jusqu'à demain
13:39avec 85 opérations menées à l'appel de la FNSEA
13:41des jeunes agriculteurs.
13:43Des barrages filtrant des manifestations
13:45devant les préfectures ou des feux de la colère.
13:47Dans leurs viseurs, les normes,
13:49leur rémunération trop faible et l'accord de libre-échange
13:51que la Commission européenne veut signer
13:53avec les pays du Mercosur.
13:55Le Sénat prend la main sur le projet de budget.
13:57A partir d'aujourd'hui, après les débats chaotiques
13:59à l'Assemblée, la Chambre haute va discuter
14:01de plusieurs sujets épineux, notamment
14:03l'indexation des retraites sur l'inflation.
14:05Une semaine importante au procès des viols de Mazan.
14:08Aujourd'hui, la parole est aux quatre derniers hommes
14:10accusés d'avoir répondu à l'invitation de Dominique Pellicot
14:12de violer son épouse qu'il droguait.
14:14Suivront ensuite les plaidoiries
14:16à partir de mercredi, puis le réquisitoire
14:18en fin de semaine.
14:20Joe Biden met de l'huile sur le feu.
14:22C'est la réaction du Kremlin alors que les Etats-Unis
14:24autorisent désormais Kiev à utiliser des missiles
14:26de longue portée sur le territoire russe.
14:28Sur le terrain, Moscou continue son offensive.
14:30Une attaque aux missiles en plein jour
14:32a fait au moins huit morts sur la ville d'Odessa
14:34dans le sud de l'Ukraine.
14:37G20 réunis en sommet à Rio au Brésil jusqu'à demain.
14:39Ils doivent discuter notamment du climat
14:41alors que les négociations patinent
14:43depuis une semaine à la COP29 à Bakou.
14:45Et puis, il a été le compositeur
14:47de l'une des plus belles chansons françaises
14:49« Non, je ne regrette rien »
14:51chanté par Edith Piaf.
14:53Le compositeur Charles Dumont est mort la nuit dernière
14:55à l'âge de 95 ans.
14:58France Info
15:04Et tout public, Frédéric continue
15:06avec les papilles rebelles
15:08les plus célèbres de la bande dessinée en France.
15:14Antoine ! Qu'est-ce que tu fous ?
15:16Je dois faire un petit voyage.
15:17Putain, mais qu'est-ce qu'il y prend ?
15:18J'ai comme une vague idée.
15:19C'est la seule où tout le monde savait déjà
15:20que ma femme couche avec Garance Hervillers.
15:22Tes amis me disent que t'es parti avec une arme.
15:23C'est-à-dire que j'aurais préféré le tuer à coups de pied.
15:25Mais avec mon artrite...
15:27On ne commet pas un crime passionnel 50 ans après les fées.
15:30Alors, pardon, mais je ne pars pas, je ne sais pas où,
15:32pour balancer des tendules.
15:33Je ne sais pas qui avec deux vieux.
15:34Ça va le chier !
15:35Et ça chie.
15:36Antoine Pierrot et Mimile,
15:37donc les vieux fourneaux ici, évidemment,
15:39dans l'adaptation au cinéma,
15:41et qui fêtent leur dixième anniversaire
15:43avec leur huitième album « Graines de voyou »
15:45chez Dargaud qui fleure bon.
15:47Le sud-ouest et ses tradictions rubistiques,
15:49l'esprit anard de tous les personnages,
15:51mais avec peut-être une pointe de nostalgie
15:53que l'on sent affleurer parce que le temps passe,
15:56mais il y a aussi des contes non réglés
15:58qui remontent à la surface.
15:59Bonjour, Wilfried Lupano.
16:00Bonjour.
16:01Scénariste et des vieux fourneaux
16:02avec votre compère Paul Cohé au dessin.
16:04Vous aviez envie de faire un petit retour
16:06au monde d'avant,
16:08un côté gardez-bouton des personnages ?
16:10On fait ça un peu tout le temps quand même
16:12dans les vieux fourneaux.
16:13On a régulièrement des petits flashbacks
16:15sur différentes périodes de leur vie,
16:17l'enfance, la jeunesse, etc.
16:19Mais là, c'est essentiel.
16:20Là, il y a des révélations
16:22sur des trajectoires de vie
16:25sur des moments où la vie pourrait changer.
16:29On balance pas mal d'infos
16:31sur la jeunesse de nos personnages
16:33et ce n'est pas toujours joli joli.
16:35Ce n'est pas toujours joli joli,
16:37mais vous ne savez pas, fleur bleue,
16:39le premier baiser, c'est important.
16:41On vieillit.
16:43Les vieux fourneaux, c'est la seule bande dessinée
16:45où les auteurs finissent par ressembler
16:47à leurs personnages à la fin,
16:49ce que vous ne verrez pas chez Lucky Luke
16:51ou chez Titeuf.
16:53C'est pas vous le dessinateur,
16:55mais le trait, ça doit être compliqué.
16:57Vous les faites vieillir ou pas d'ailleurs ?
16:59Un petit peu, il arrive quand même.
17:01Ce n'est pas facile pour lui,
17:03il les a pris à 75,
17:05aujourd'hui ils en ont 85 à peu près.
17:07Donc en fait, le truc est dans les détails.
17:09Mais oui, il essaie de les affaisser un petit peu,
17:11il fait tomber un petit peu tout ça,
17:13à droite à gauche.
17:15Ce n'est pas des âges auxquels c'est spectaculaire.
17:17Le mal est fait quoi ?
17:19Ils sont immortels, les vieux fourneaux ?
17:21Dans la bande dessinée, dans la tradition
17:23de la bande dessinée franco-belge classique,
17:25les héros sont un peu immortels.
17:27Dans Les Tuniques Bleus par exemple,
17:29vous voyez, La Guerre de Sécession,
17:31ça a duré 4 ans,
17:33et pourtant il y a 68 albums,
17:35on a l'impression qu'elle dure encore.
17:37Les personnages sont un peu immortels
17:39dans la bande dessinée franco-belge,
17:41pas les nôtres.
17:43On a un marqueur du temps qui passe dans les vieux fourneaux,
17:45c'est le personnage de Sophie
17:47qui est enceinte dans le premier tome,
17:49puis qu'il y a un bébé dans le deuxième,
17:51et on regarde sa fille grandir
17:53au fur et à mesure des épisodes,
17:55ce qui semble indiquer que le temps passe.
17:57Faut se préparer au pire alors.
17:59C'est une série qui va mal finir.
18:01On n'y est pas.
18:03Personnage de Sophie, il y est,
18:05comme dans tous vos albums.
18:07D'ailleurs là,
18:09c'est pas le prétexte, mais le cadre,
18:11c'est le 60e anniversaire
18:13du théâtre du loup en slip.
18:15Le théâtre du loup en slip.
18:17Un théâtre de marionnettes
18:19créé par sa grand-mère en 1964.
18:21Mais on voit que les souvenirs
18:23sont aussi toujours des reconstructions.
18:25Pour en revenir à ce fameux premier baiser,
18:27à quel point il est essentiel,
18:29qui l'a donné, comment, pourquoi ?
18:31Moi je suis très intéressé
18:33par ce sujet, de ce qu'on fait
18:35de nos souvenirs et de notre propre histoire.
18:37On se rend compte
18:39qu'on est capables
18:41de modifier nos propres souvenirs,
18:43même en les re-racontant
18:45systématiquement, on les modifie
18:47toujours un petit peu. En vieillissant, on les change.
18:49Et je pense qu'on peut même arriver
18:51à se convaincre de la nouvelle version
18:53qu'on raconte. C'est pas forcément
18:55de la mauvaise foi.
18:57C'est le bonheur des traditions orales qui se transmettent.
18:59Oui, c'est ça. Et puis des points de vue.
19:01Y a-t-il une vérité
19:03quelque part, ou est-ce que c'est juste
19:05un ensemble de points de vue ?
19:07Est-ce que tout simplement, les événements
19:09sont pas... Est-ce que c'est pas
19:11celui qui les raconte qui a raison ?
19:13Voilà.
19:15C'est ce sujet-là.
19:17J'étais tombé sur une phrase de Borges
19:19qui dit...
19:21Grand écrivain labyrinthique.
19:23Qui dit que la vie est suspendue quelque part
19:25entre le souvenir et l'oubli.
19:27Et ça m'avait parlé
19:29quand j'étais en train de l'écrire.
19:31C'est pas suite à cette phrase, mais j'étais en train d'écrire
19:33ce bouquin quand j'ai entendu cette phrase.
19:35Et ça m'avait interpellé. Je me suis dit que c'est exactement
19:37ce que je suis en train d'essayer de faire. C'est ce moment
19:39où on essaie de se rappeler de comment
19:41les choses se sont passées. Mais c'est loin.
19:43C'est de la nostalgie ?
19:45Ou ça n'a rien à voir ?
19:47Non, pas vraiment.
19:49C'est pas vraiment une série...
19:51Ils sont pas nostalgiques,
19:53nos vieux fourneaux.
19:55La plupart du temps...
19:57D'ailleurs, c'est pas eux qui reparlent de leur jeunesse.
19:59On leur en reparle.
20:01Elle leur ressaute à la figure.
20:03Parfois pour le meilleur,
20:05mais souvent pour le pire.
20:07Et eux, ils sont pas tellement là-dedans. Ils vont plutôt de l'avant.
20:09Oui, ça c'est sûr.
20:11Ils sont pas dans un « c'était mieux avant ».
20:13Non, il n'y a rien de cet ordre-là.
20:15Vous voulez qu'on replonge un peu
20:17dans la version cinéma ?
20:19La police passera dès demain
20:21à vérifier si les résidents ont bien des papiers en règle.
20:23Il faut dégager tous les réfugiés d'ici.
20:25Tu veux les amener où ? Au lieu sûr.
20:27Dans certains villages,
20:29on n'hésite pas à envoyer des flics
20:31chez les personnes qui viennent en aide aux réfugiés.
20:35C'est rien, c'est une descente de police.
20:37Ça, c'est des sujets très politiques,
20:39la question de l'accueil des migrants,
20:41l'ouverture à l'autre de manière générale,
20:43le dérèglement climatique et ses conséquences.
20:45Ils vous sont chers, ces thèmes.
20:47Mais là, on est dans un album moins frontalement politique.
20:49Plus tendre, peut-être.
20:51Vous aviez cette envie-là,
20:53cette couleur-là.
20:55Oui, parce que celui d'avant l'était beaucoup.
20:57Il était très dur, celui d'avant.
20:59Il y a un grand incendie dans celui d'avant.
21:01Il y a pas mal de violences institutionnelles.
21:03Les black blocs et la police.
21:05Il y a un gamin
21:07qui bascule un peu
21:09dans une espèce d'activisme d'extrême droite.
21:11Un peu crado.
21:13L'album,
21:15la couverture était rouge et noir
21:17avec un cocktail Molotov.
21:19C'était un album très vénère.
21:21J'avais envie d'apaiser
21:23tout ça sur le tome suivant.
21:25Y compris en disant
21:27on peut avoir des convictions fortes,
21:29et vos convictions sont fortes,
21:31absolument.
21:33Les vieux fourneaux, c'est pas ça.
21:35C'est pas une bande dessinée
21:37de propagande.
21:39On essaie de s'adresser à tout le monde.
21:41Malgré tout,
21:43il y a un truc de conscience de classe
21:45dans cette histoire.
21:47On apprend
21:49des choses qu'ont fait nos personnages
21:51quand ils étaient jeunes,
21:53et le moteur de ces méfaits,
21:55de ces actions indignes qu'ils ont pu réaliser,
21:57c'est une conscience de classe.
21:59De pauvres contre les riches.
22:01Et je parlais des questions environnementales.
22:03La canicule, la sécheresse,
22:05elles sont infiniment présentes là-dedans.
22:07On crève de chaud.
22:09On enchaîne sur une inondation.
22:11On transpirait en lisant.
22:13On enchaîne sur une inondation.
22:15Et c'est pas la première fois qu'il y a eu une inondation
22:17dans les vieux fourneaux. Il y en avait déjà eu une
22:19qui avait à moitié noyé les moutons de Berthe.
22:21Je sais pas si vous vous rappelez de ce truc-là.
22:25Ça, tout simplement, nous,
22:27on parle de la France d'aujourd'hui,
22:29on parle de la France qu'on voit,
22:31qu'on connaît,
22:33et vraiment, des fois c'est bluffant,
22:35mais dans l'album d'avant
22:37dont je parlais, là,
22:39où il y a un grand incendie,
22:41quand Paul était en train de faire les pages,
22:43il y avait toute la Gironde qui était en feu.
22:45Et il me disait, c'est incroyable, j'ai l'impression que
22:47tout ce que je dessine dans l'album se produit autour,
22:49donc est-ce que tu veux pas changer le scénario
22:51pour que des choses un peu plus cool se passent ?
22:53Et là...
22:55De toute façon, ce sont des épisodes
22:57qu'on a de plus en plus fréquemment,
22:59donc moi j'en parle dans les vieux fourneaux,
23:01parce que c'est ce que vivent les Français actuellement.
23:03La France d'aujourd'hui, c'est aussi les QR codes.
23:05Vous aimez pas ça ?
23:07Ça vous envoie même au tribunal.
23:09Qu'est-ce que vous détestez ça ?
23:11En fait, l'histoire que je raconte dedans
23:13m'est arrivée pour de vrai.
23:15Vous avez refusé de payer avec un QR code dans un café ?
23:17Non, je ne pouvais pas commander.
23:19Je voulais commander un café,
23:21on m'a dit qu'il fallait commander par l'appli,
23:23et le serveur m'a dit que je ne peux rien faire.
23:25Donc en fait, on m'a expliqué que j'aurais pas mon café.
23:27Ça existe vraiment ça ?
23:29Si vous passez pas par l'appli,
23:31le gars qui fait le café derrière le contrôle...
23:33Il le fait pas.
23:35Ça s'est pas terminé...
23:37En fait, j'ai raconté dans l'histoire
23:39ce que j'aurais aimé faire,
23:41c'est-à-dire lui péter sa console sur le carrelage,
23:43mais que je n'ai pas fait parce que j'avais un train à prendre.
23:45Vous l'avez eu votre café ?
23:47Oui, j'ai fini par l'avoir.
23:49J'ai fini par l'avoir,
23:51mais on a galéré.
23:53On a galéré à trois à essayer de comprendre pourquoi l'appli ne marchait pas.
23:55C'est devenu une quête.
23:57C'est un café que j'ai mérité.
23:59J'ai bossé pour l'avoir.
24:01QR code et présentiel.
24:03En fait,
24:05c'est un sujet
24:07qui est dans l'air du temps
24:09et qui porte un nom aujourd'hui.
24:11C'est la maltraitance numérique.
24:13Vous avez peut-être déjà vu passer ce truc-là.
24:15Il y a une grosse partie de la population
24:17qui est laissée pour compte par cet usage massif
24:19très rapide en termes de civilisation
24:21à la numérisation
24:23et au tout internet.
24:25Utilisez votre smartphone, démerdez-vous.
24:27Pendant ce temps,
24:29c'est des services publics qui ferment,
24:31c'est des interlocuteurs qu'il n'y a plus.
24:33Michel Barnier, le Premier ministre, il veut faire la révolution.
24:35Il l'a dit il y a quelques jours.
24:37Désormais, il y a à chaque fois quelqu'un qui répond
24:39ou qui parle physiquement à des usagers des services publics.
24:41La Cour des Comptes
24:43suggère de faire
24:45machine arrière sur le tout numérique.
24:47C'est une conclusion
24:49récente de la Cour des Comptes.
24:51Il me semble que c'est la Cour des Comptes qui a dit ça.
24:53Si Michel Barnier fait ça, vous accepterez
24:55le médaille de chevalier des arts et lettres que vous avez refusé ?
24:57Non.
24:59Ni de Michel Barnier.
25:01Vous ne le regrettez pas ?
25:03Non, pas du tout.
25:05Michel Barnier, je pense qu'il est comme
25:07Pierrot, vu qu'il a le même âge.
25:09Il est un peu plus jeune.
25:11Il est victime de maltraitance numérique.
25:13Laissez-le tranquille.
25:15Laissez Michel Barnier tranquille.
25:17On terminera là-dessus, les vieux fourneaux.
25:19Merci Wilfried Lupano,
25:21tonne 8, graines de voyous, publié chez Nargo.
25:23Merci à vous Frédéric Carbone, c'était Tout Public.