Yvan Igouf, co-secrétaire SNES-FSU dans le Calvados, réagit aux annonces de la ministre de l’Éducation Nationale sur les réformes à venir dans les collèges : brevet obligatoire pour passer au lycée et étape suivante des groupes de besoins aux élèves de 4e et 3e. Des mesures critiquées par le délégué syndical, professeur d’histoire-géographie au Collège Villey Desmeserets à Caen.
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00:00Drazo, vous en parliez à l'instant, l'acte 2 du choc des savoirs annoncé par la ministre de l'éducation nationale.
00:05Ça va faire réagir notre invité, Jean-Baptiste Marais.
00:08Oui, c'est l'info d'ici qu'on va développer avec lui.
00:10Bonjour Yvan Higouff.
00:11Bonjour.
00:12Vous êtes co-secrétaire du syndicat SNES-FSU dans le Calvados,
00:14professeur d'histoire-géographie dans un collège de Caen.
00:17Vous venez de l'entendre, Anne Geneté, la ministre de l'éducation annonce que l'obstention du brevet en 3e
00:21sera obligatoire pour entrer au lycée. Vous en pensez quoi ?
00:24Ça fait déjà un an que ce projet a été annoncé et ça confirme nos craintes, effectivement,
00:30puisque c'est quelque chose que l'on dénonce au SNES et à la FSU de manière plus générale,
00:35ce que dénoncent aussi les enseignants.
00:36Ça fait plusieurs années que l'enseignement professionnel est régulièrement attaqué,
00:40et ses élèves en particulier.
00:42Le fait de ne pas pouvoir accéder à un enseignement professionnel, y compris,
00:46et pas uniquement général et technologique, puisque ça concerne tous les lycées,
00:49c'est un vrai problème.
00:50Ça pose la question d'où vont pouvoir aller ces élèves qui n'auront pas le diplôme national du brevet.
00:56Si on n'a pas le brevet, visiblement, on dit la ministre, ça sera en CAP direct ou alors une classe intermédiaire.
01:03Ou éventuellement ce qu'ils appellent les classes de prépa lycée,
01:05qui sont mises en place difficilement et dont, visiblement,
01:09ils sont aujourd'hui l'objet d'une enquête pour savoir si elles sont efficaces ou non.
01:13Et ça, c'est pas la bonne méthode ?
01:15Ça peut pas tellement être la bonne méthode, dans la mesure où, en fait,
01:18c'est pas les élèves qui ont, entre guillemets, le moins réussi à la fin du collège
01:21qui ont le moins besoin d'école, à notre avis.
01:23Alors, avant l'acte 2 du choc des savoirs, qui est précisé aujourd'hui,
01:27vous me disiez en arrivant au studio de France Bleue ce matin,
01:28vous avez reçu ça par mail à 5h du matin, c'est ça ?
01:30C'est ça, c'est ça.
01:31Les annonces de la ministre.
01:32Il y a eu le premier épisode, en quelque sorte,
01:34voulu par l'ancien ministre de l'Éducation et ex-premier ministre Gabriel Attal,
01:38notamment sur les groupes de besoins en 6ème et 5ème.
01:41Yvan Hégouf, est-ce que ça fonctionne dans votre collège, par exemple ?
01:44Eh bien, ça fonctionne bon an, mal an, avec la bonne volonté des enseignantes et des enseignants.
01:49On rappelle que c'est pour les maths et les français.
01:51Mais en fait, au prix d'une grande désorganisation, déjà,
01:54parce qu'au-delà de l'aspect déjà philosophique de la réforme sur laquelle on est opposés,
01:59puisque l'idée qu'on puisse faire réussir les élèves seulement en les triant et en les séparant,
02:03c'est quand même un énorme problème pour une mission de l'école républicaine.
02:07Mais par ailleurs, sur le terrain, et c'est le cas dans mon collège,
02:10eh bien, ça a conduit à des aménagements très compliqués,
02:14puisque pour mettre en place ces différents groupes, on a dû renier notamment sur des heures en sciences,
02:18je pense en physique-chimie, en technologie, en sciences de l'avis et de la terre,
02:22afin de pouvoir financer ces heures-là, puisque tout fonctionne à moyen constant.
02:26On n'a pas obtenu d'heures supplémentaires pour le faire, d'heures postes pour les enseignants.
02:30Donc, ça fonctionne très difficilement.
02:31Alors, il était prévu que ces groupes de niveau, comme ils avaient été appelés au début,
02:35c'est-à-dire nos élèves de 4ème et 3ème, ce matin, la ministre y renonce.
02:38Elle annonce simplement une heure hebdomadaire en plus,
02:40une semaine, ce sera le français, une semaine, ce sera les maths.
02:42Alors, ça ressemble quand même à un moyen de ne pas perdre la face,
02:45puisqu'on voit bien que l'idée, c'est de ne pas avoir l'air de retourner
02:49sur ce que Gabriel Attal avait annoncé l'année dernière.
02:52C'est pour ça, d'ailleurs, que la ministre a été nommée pour poursuivre la politique de Gabriel Attal,
02:57tout en sachant que, de toute façon, ça ne fonctionne pas,
02:58notamment parce qu'on n'a pas les enseignantes et les enseignants en français et en mathématiques,
03:02puisque ce sont des matières qui ne font pas le plein lors des concours,
03:06au point que là, on a quand même été obligés, une nouvelle fois,
03:08de rallonger les délais pour s'inscrire à ces fameux concours.
03:11Et très sincèrement, j'ai du mal à croire que ce n'est pas l'idée principale derrière.
03:16C'est qu'en fait, de toute façon, ils étaient dans l'impossibilité
03:18de les mettre en place en 4ème et en 3ème.
03:20– Le Parlement examine en ce moment le budget de l'État.
03:224 000 postes doivent être supprimés dans l'éducation nationale,
03:24les trois quarts en primaire.
03:25Ça vous indigne toujours ?
03:27– Écoutez, au bout d'un moment, à force de le répéter,
03:29c'est vrai que je pense qu'on a l'impression qu'il y a un peu d'écho.
03:33Mais ça fait des années que ces suppressions de postes, elles s'accumulent.
03:36On va toujours dans le même sens,
03:37soi-disant sous couvert de faire progresser nos élèves en parallèle.
03:40On nous annonce aussi dans le mail de ce matin des créations de postes,
03:43notamment de conseillers principaux d'éducation, d'assistants d'éducation.
03:46Mais on se demande avec quels moyens,
03:48puisque chaque année qui passe, on nous enlève du budget.
03:50– Oui, d'un côté on supprime et on nomme de l'autre.
03:52Merci Yvan Higouff, professeur en collège à Cancau,
03:55secrétaire du syndicat SNES et de la Fédération Caravados,
03:57d'avoir réagi aux annonces de la ministre ce matin.
03:59Bonne journée. – Bonne journée.