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Musique
Transcription
00:00Bonjour Philippe, Catherine, vous êtes cet artiste iconoclaste, hors des codes, usage,
00:07hors normes.
00:08On pourrait dire que vous êtes original, mais force est de constater que ce terme ne
00:10vous correspond en rien.
00:11Vous êtes vous, tout simplement, depuis votre arrivée sur le devant de la scène où vous
00:15nous avez proposé votre regard sur l'art, la culture, la musique, le cinéma, avec vos
00:19mots, vos prestations, votre humour et votre franc-parler.
00:22Avec vous, on adore ou on déteste, de votre titre devenu justement un tube Luxor, j'adore
00:27à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, en passant par Boris Dion que
00:31vous incarniez dans le film Gainsbourg, vie héroïque de Jon Sfar, ou encore votre prestation
00:35dans Le Grand Main qui vous a valu d'ailleurs de recevoir le César du meilleur acteur dans
00:38un second rôle.
00:39Nous apprenons à parler le Philippe Catherine.
00:42Aujourd'hui, vous sortez votre album Zouzou, soit dix-sept petites histoires qui vous racontent
00:46encore un peu l'occasion de faire plus ample connaissance avec l'homme que vous êtes devenu
00:51au fil du temps, qui se trouve tout simplement sous son bob, d'ailleurs vous l'assumez,
00:55c'est sa groove, c'est funk, c'est soul, la production est très léchée, même la
00:59flûte au milieu de la basse est totalement précise.
01:01Il y a un amusement permanent, assumé, en plus de responsabilités aussi qu'on vous
01:06découvre davantage.
01:07L'amusement est-il donc le maître mot de l'homme que vous êtes, Philippe Catherine ?
01:12Peut-être m'avez-vous défini en un seul mot.
01:16C'est vrai ?
01:17C'est vrai, j'aime le jeu.
01:18Pas dans les casinos, tout ça, pas du tout.
01:21Mais j'aime beaucoup jouer.
01:25J'adore le ballon, mais là, je joue beaucoup moins au ballon.
01:31Mais par contre, faire des chansons, ça équivaut un petit peu à ça.
01:35D'ailleurs, souvent, on enregistre en équipe et on joue à cache-cache, à col-la-maillard,
01:42qui est un jeu assez prenant et ancestral.
01:48Donc j'invente des jeux comme ça avec l'auditeur, avec moi-même.
01:52Oui, j'aime jouer.
01:54Donc le jeu, c'est quand même l'amusement.
01:57Auparavant, Philippe, vous aviez tendance, à travers l'art plastique en tout cas, le
02:02dessin, à réussir à exprimer ce que vous n'arriviez pas à dire en voix haute.
02:06Et là, on a le sentiment que tout ça, ça a changé à travers cet album, que vous arrivez
02:10enfin à poser des mots et à écrire et exprimer en voix haute ce que vous ressentez.
02:14Oh, je n'ai jamais été frustré par le fait de ne pas m'exprimer.
02:21Non, mais il y a quand même des choses qui sont plus difficiles à dire.
02:24Oui, bon, bien sûr.
02:26Vous avez une question de matos.
02:28C'est-à-dire ?
02:29Toujours pareil, quand on va à la pêche, bon, quel matos on emporte ?
02:33Pour la pêche, d'ailleurs, ce qui s'apparente un peu aux chansons, à l'écriture des chansons,
02:37on va à la pêche.
02:38Parfois, on revient à Bredouille, des fois, c'est un gros poisson imangeable.
02:42Puis des fois, on rejette à la rivière, etc.
02:47Mais le matos, c'est important quand on va à la pêche.
02:50Qu'est-ce qu'on emmène avec soi ?
02:53Bon, en l'occurrence, pour moi, ça m'est arrivé d'écrire tout un disque avec que des post-it.
03:01Sur des post-it, deux ou trois mots suffisent.
03:06Et puis là, pour ce disque, j'ai acheté un grand cahier comme ça, mais plus grand que le A4.
03:14Quasiment un A3, donc un truc vraiment immense.
03:17Je tournais comme ça les feuilles.
03:18Et c'est vrai que j'ai pu corriger, aller plus en profondeur, plus dans les détails aussi.
03:24Donc mes textes, là, sur ce coup, sont peut-être un peu plus...
03:29Je me suis amusé, plus amusé à écrire des textes.
03:32Et c'était passionnant pour moi.
03:34Vous dites d'ailleurs, plus on sait, moins on sait dans ce disque.
03:39C'est un peu le principe de la philosophie, d'ailleurs.
03:42– Vous êtes un addict de ça, de la nourriture intellectuelle, en tout cas.
03:46Vous avez ce besoin, déjà, vous avez la curiosité d'eux,
03:48mais vous avez ce besoin tout le temps de vous nourrir encore et encore.
03:51– Ah oui, ben oui, parce qu'ouvrir un livre, écouter un disque, pour moi, ça m'a sauvé.
03:58C'est pas que j'étais en perdition, que j'étais mal,
04:02mais j'avais un besoin d'autre chose, quand même.
04:07Et c'est vrai que dans la lecture, ça m'a permis de me trouver, quelque part,
04:15et de comprendre un peu où j'étais, qui j'étais,
04:18parce que j'étais quand même dans le brouillard total.
04:19– L'une des chansons, « Que deviens-tu ? »,
04:22vous vous adressez directement à votre verge.
04:25– Oui, j'en ai une, oui.
04:27– On en rigole, mais finalement, vous abordez un sujet qui est vraiment tabou,
04:30c'est la libido masculine.
04:33Quelque part, c'est aussi votre force, Philippe Catherine,
04:36c'est qu'à travers l'humour, vous réussissez à mettre sur le devant de la scène,
04:40entre guillemets, des sujets qu'on a du mal à aborder, qu'on a peur d'aborder.
04:45– Oui, mais c'est une…
04:50Bon, alors, il y a plein de chansons que je jette, vraiment.
04:52Il y a des fois où je rentre dans des trucs, je ne peux pas assumer,
04:56ce n'est pas possible, donc il y a des trucs que je jette.
04:59Et puis, quand même, il y a des chansons où je me dis,
05:03tiens, quand même, je ne vais pas être tout seul dans ce cas,
05:06il y a des gens qui vont s'y reconnaître.
05:07C'est vrai que la libido, après 60 ans, c'est quand même le grand mystère.
05:10Moi, j'ai 5 ans encore devant moi, mais c'est un peu le mystère.
05:16C'est vrai que Fabrice Luchini m'a dit, je le cite dans la chanson,
05:20tu sais, après 60 ans, je ne sais pas ce que c'était.
05:25Et ça peut être un grand soulagement.
05:26Alors, c'est vrai que c'est une phrase, on entend des phrases,
05:29des fois, on vit avec pendant des années.
05:34Et ça m'asserre au bout d'un moment.
05:38Donc, j'étais contrat quasiment à écrire cette chanson,
05:42ça m'a fait du bien, sur une chanson que j'ai composée quand même
05:45avec mon ami Jean-Sébastien, Jean-Sébastien Bach.
05:49J'en veux en parler, c'est effectivement le prélude de Bach.
05:53C'est quand même très osé, j'ai l'impression.
05:55Non, mais c'est très osé parce qu'il faut assumer
05:58que toutes les personnes qui touchent à des œuvres classiques,
06:00il faut assumer de pouvoir mettre des paroles dessus,
06:02qu'elles soient pleines d'humour ou pas.
06:04On touche à une œuvre qui fait partie, finalement, de la mémoire collective.
06:08Est-ce que ce n'est pas ça aussi qui vous définit le plus ?
06:11C'est d'aller chercher, comme un laborantin,
06:13comme un artisan du son, de faire des propositions.
06:18Ah ben, c'est vrai, un laborantin, c'est pas mal comme...
06:23Ouais, j'aime bien cette définition.
06:26Comme un chercheur, CNRS, le Centre National de Recherche de la Sanchon.
06:32Ça, c'est pas mal, je suis d'accord avec vous.
06:35Dans Total à l'Ouest, vous dites,
06:36je suis né pour être troubadour, sans trompette ni tambour.
06:40À quel moment vous avez compris que ça allait passer par là ?
06:45Quand j'étais petit ?
06:46Oh, je chantais beaucoup à la messe et tout ça.
06:50Et je sentais qu'on m'écoutait plus quand je chantais que quand je parlais.
06:55Donc, ça m'interpellait quand même.
07:02On me demandait de chanter un couplet en solo.
07:05Donc, je sentais que chanter, c'était quelque chose que ça plaisait chez moi,
07:12quand je chantais.
07:13Donc, ça vient de ce genre de choses.
07:16Après, moi, j'aime bien être pris en photo, jouer dans des films et tout ça.
07:21Bon ben, ça, c'est les caméras, photos.
07:24Ma mère, tout simplement, on feuilletait l'album de photos.
07:28Et puis, elle me disait, regarde, Philippe, t'es quand même photogénique.
07:32Ah bon, ça veut dire quoi ?
07:34Ah ben, t'es bien, t'es quand même mieux en photo qu'en vrai.
07:39T'es pas tout à fait ça, enfin, pas de ouai.
07:42Et je l'ai cru.
07:43Et alors, c'est ce genre de phrase qui vous fait prendre un chemin plutôt qu'un autre, à vrai dire.
07:50C'est-à-dire qu'on vous fait croire que vous chantez bien, que vous êtes photogénique.
07:54Ah ben, allons-y, c'est ça qu'il faut que je fasse.
07:56Donc, ça s'est produit quand même très jeune.
07:58On va terminer sur l'adage de votre grand-mère, parce que tout est dit dans cet adage.
08:02Et je crois qu'il résume bien cet album.
08:04Quand il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème.
08:06Absolument. C'est pas ma grand-mère.
08:07C'est celle de Pépé, qui est notre régisseur dans la tournée, que je salue, Pierre-Philippe.
08:15Et c'est sa grand-mère qui disait ça.
08:17Et c'est vrai qu'on parlait des phrases tout à l'heure qui vous restent à jamais.
08:21Bon, celle-ci m'a beaucoup aidé, par exemple.
08:24C'est vrai que c'est un adage service à la personne totale.
08:28C'est-à-dire que quand il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème.
08:31Voilà. Donc, ça vous fait des bonnes nuits, comme ça.

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