Invités cette semaine :
- Charles Rodwell, député "Essemble pour la république" (EPR) des Yvelines
- Fabien Gay, sénateur communiste de la Seine-Saint-Denis.
Parlement Hebdo est au coeur de l'actualité politique pour vous faire vivre cette année parlementaire inédite.
Chaque vendredi c'est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions en séance ou en commission.
Cette saison, une nouvelle formule : un débat entre un député et un sénateur sur les grands sujets qui rythment la vie du Parlement.
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#LCP #assembleenationale #Politique
- Charles Rodwell, député "Essemble pour la république" (EPR) des Yvelines
- Fabien Gay, sénateur communiste de la Seine-Saint-Denis.
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NewsTranscription
00:00– Bonjour à tous, ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:12l'émission qui vous fait vivre les temps forts de la semaine au Parlement.
00:16– Et comme chaque semaine, nous vous proposons un débat entre un député et un sénateur.
00:20Aujourd'hui, nous accueillons Fabien Guay, bonjour.
00:22– Bonjour.
00:23– Vous êtes sénateur communiste de Seine-Saint-Denis,
00:25vice-président de la Commission des Affaires Économiques du Sénat.
00:27Et face à vous, Charles Rodoelle, bonjour.
00:30– Bonjour, merci pour votre invitation.
00:31– Vous êtes député, ensemble, pour la République des Yvelines.
00:35– Et on parlera avec vous du dérapage des finances publiques,
00:38comment en est-on arrivé là, qui est responsable ?
00:42Les sénateurs ont interrogé Gabriel Attal et Bruno Le Maire
00:45sur leurs responsabilités respectives dans cette situation.
00:50Et dans ce contexte, les députés continuent d'examiner le budget
00:53et de le remanier avec des hausses d'impôts supplémentaires pour les plus riches.
00:57Ils n'ont, en revanche, pas réussi à voter sur l'ensemble du budget
01:01de la Sécurité sociale car ils ont dépassé le délai de 20 jours
01:04prévu par la Constitution dans l'examen de ce texte.
01:07– Mais d'abord, le dérapage des finances publiques.
01:09Les sénateurs ont auditionné ce vendredi l'ancien Premier ministre Gabriel Attal.
01:13Les échanges ont été très tendus et les sénateurs ont demandé
01:16à l'ancien chef du gouvernement s'il avait laissé déraper
01:19les finances publiques pour des raisons politiques
01:21car les élections européennes approchaient.
01:23Regardez cet échange.
01:26– Vous enjambez l'obstacle des élections européennes
01:30en vous disant que la situation pourrait nous revenir en boomerang,
01:37à la situation dégradée, etc.
01:39Le moins qu'on puisse dire, c'est que la réalité est arrivée fracassée,
01:46ses éventuelles intentions, mais je me trompe peut-être.
01:50– Je crois voir la conclusion à laquelle vous voulez arriver
01:52dans le cadre de cette mission, notamment sur ce sujet du PLFR.
01:55– Voilà, moi je vous dis que ce n'est pas le cas.
01:59Si la boussole des décisions que j'ai été amené à prendre
02:03avec mon gouvernement, c'était les élections européennes
02:06et le fait de préserver la majorité avant les élections européennes,
02:11on n'aurait pas augmenté la taxe sur l'électricité en janvier,
02:14on n'aurait pas annulé 10 milliards d'euros de crédit en février,
02:17on n'aurait pas doublé les franchises médicales en mars,
02:22on n'aurait pas annoncé une réforme de l'assurance chômage en avril et en mai.
02:27– Fabien Gay, on fait face actuellement à un dérapage des finances publiques,
02:30est-ce que vous considérez que Gabriel Aptal et ses ministres,
02:32au début 2024, ont laissé filer le déficit
02:35pour des raisons politiques à l'approche des européennes ?
02:37– Écoutez, moi je n'en sais rien, on verra s'il y a une question d'insincérité,
02:41il faudra d'ailleurs le prouver,
02:43parce que qui dit insincère dit que ça serait extrêmement grave,
02:46est-ce qu'ils ont réagi trop tard, peu importe.
02:48Moi ce qui me concerne et qui devrait nous animer,
02:51il y a la première question, je pense que,
02:53celle qui a été posée par un certain nombre de sénateurs,
02:56c'est que lorsque l'on vote un budget,
02:58qu'on soit dans la majorité ou l'opposition,
03:00on le vote, on peut s'y opposer pour ma part,
03:03mais après il est le budget de la France.
03:05Moi j'ai été assez choqué que, un mois après que nous ayons voté,
03:09Bruno Le Maire aille à TF1 et annonce une coupe franche de 10 milliards,
03:14sans débat et sans budget rectificatif.
03:16– En février 2024 ?
03:17– Un mois après, dès le début du mois de février,
03:20et je pense que ça, en tant que parlementaire,
03:22quel que soit, parce que vous savez,
03:23aujourd'hui on est dans l'opposition,
03:24demain on peut être dans la majorité, et inversement.
03:27Je pense que ça, nous ne devrions pas laisser passer.
03:29Puis on a une deuxième question,
03:32c'est que là on va faire une coupe franche de 60 milliards,
03:34on va faire peser 5, mais en réalité peut-être 10,
03:38sur les coûts cachés sur les collectivités.
03:40Les collectivités sont le premier rempart,
03:41nous sommes élus locaux tous les deux,
03:44dans des majorités différentes, mais j'étais à Montreuil hier,
03:49et ils m'ont dit une chose,
03:50c'est que ça sera pour eux 7 millions en moins.
03:537 millions en moins, c'est exactement le budget du monde associatif.
03:58C'est une coupe franche.
03:59Une collectivité ne peut pas avoir un budget en déséquilibre,
04:02et l'État, elle, peut avoir un budget en déséquilibre,
04:04et c'est elle qui fait peser, en réalité, son déficit sur les collectivités.
04:08– On va revenir sur l'édition de Gabriel Attal.
04:10Avec une question pour vous Charles Ordouel,
04:13est-ce que Gabriel Attal et ses ministres
04:15ont laissé filer le déficit pour des raisons politiques,
04:17à l'approche des élections européennes ?
04:19– Ah non, ça je peux vous dire qu'il n'y a pas de volonté
04:22de laisser déraper les comptes publics.
04:24– Pourtant, le résultat est là.
04:25– Je pense que Bruno Le Maire comme Gabriel Attal
04:28comme Thomas Kaznav ont bien expliqué ce qu'il s'est passé.
04:31On a eu une perte de recettes à la fin de l'année 2023.
04:35– Ça n'explique pas tout.
04:36– Ce qui se passe.
04:37– On a l'impression qu'il y a eu des mensonges, des dissimulations.
04:40– Ah non, il n'y a eu ni mensonges, ni dissimulations,
04:42et je crois d'ailleurs que la commission d'enquête du FNA le montre.
04:46Je crois que ces accusations, moi, me semblent minables,
04:49pour être franc avec vous, parce que le fonctionnement de l'État est le suivant.
04:53L'administration délivre aux ministres les recettes que l'État fait
04:58sur les différents impôts, sur les ménages et sur les entreprises.
05:01Il y a une règle cardinale, c'est que le ministre ne peut pas se mêler
05:05de la levée des recettes.
05:06Et honnêtement, c'est quand même une bonne chose,
05:08c'est quand même une bonne décision qui est prévue par notre Constitution,
05:11qu'un ministre qui est responsable politique ne puisse pas se mêler
05:13de la levée de l'impôt ou de la levée de la recette.
05:16Et fort des recettes qui sont délivrées,
05:19le ministre et le Parlement font des choix politiques pour allouer la dépense.
05:24Ce qui s'est passé, c'est qu'avant la crise Covid,
05:27vous aviez en moyenne un point de PIB est égal à un point de recette fiscale.
05:33C'était une règle qui était fixée en France et il y a une forme de barème
05:36qui sont fixées par pays européens.
05:38Et depuis la crise Covid, et c'est ce qu'on a connu aussi
05:40après la crise financière de 2008, ce barème, c'est plus le bon.
05:45C'est-à-dire que notre économie a changé et on est en train d'essayer
05:48de comprendre pourquoi cette règle n'est plus la même.
05:52C'est ce qu'on voit en Allemagne aussi.
05:53En quatre ans, l'Allemagne a perdu 58 milliards d'euros de recettes
05:57qui nous ont du mal à expliquer.
05:58Et c'est ce qu'on a connu à la fin de l'année 2023,
06:00ce qui nous a obligés, et tant mieux,
06:03heureusement que Bruno Le Maire a pris cette décision
06:05et Gabriel Attal a pris cette décision,
06:07de tout de suite annuler des crédits à hauteur de 10 milliards d'euros
06:10et de revenir sur l'allègement de la CNCFE à hauteur de 5 milliards d'euros
06:14et de proposer pour Bruno Le Maire, et je le soutiens là-dessus,
06:16un projet de loi financier adjudicatif.
06:18Vous avez été au cabinet de Bruno Le Maire en 2021 et 2022.
06:22Tout à fait.
06:23Et justement, on va parler de Bruno Le Maire,
06:24on va revoir quelques extraits de son audition au Sénat
06:28devant les sénateurs sur cette question du dérapage des finances publiques.
06:36La convocation était matinale, 8 heures tapantes,
06:39mais pas de quoi entamer l'état d'esprit de Bruno Le Maire déterminé.
06:43Bonjour Monsieur le ministre.
06:45Je vais leur dire la vérité des faits.
06:49Si c'est en tant qu'ancien ministre de l'économie et des finances
06:51qu'il était convoqué, Bruno Le Maire a tenu à rappeler
06:54qu'il était désormais sans fonction officielle,
06:57avec un changement de ton à attendre.
06:59Je suis libre.
07:02Donc je pense que ça va nous permettre de clarifier
07:04un certain nombre de choses pour les Français.
07:06Certains accusent Bruno Le Maire d'optimisme forcené
07:09dans la préparation du budget 2024,
07:12puis d'un manque de réactivité quand les indicateurs économiques
07:15ont montré que les résultats espérés ne seraient pas au rendez-vous.
07:19L'ancien locataire de Bercy a donc refait le fil des 12 derniers mois
07:23en rappelant qu'il a très tôt alerté sur le besoin d'agir.
07:27Le 8 janvier, à mes voeux.
07:29Le 21 janvier, aux 20 heures de TF1.
07:32Le 18 février, aux 20 heures de TF1.
07:35Tout ça devant des millions de nos compatriotes.
07:37Je leur dis le plus dur est devant nous.
07:39Il répète qu'il a fait des propositions d'économie
07:42en partie suivies en février et avril,
07:44mais que la dissolution a ensuite eu lieu début juin.
07:48Sur l'ampleur du dérapage du déficit prévisionnel,
07:51qui est passé de 4,4% du PIB initialement à 6,1% aujourd'hui,
07:57Bruno Le Maire ne veut pas porter seul le chapeau.
08:00Selon lui, le nouveau gouvernement aurait pu prendre des mesures
08:04qu'il avait préparées pour rester à 5,5% du déficit,
08:09une différence d'un peu plus de 15 milliards d'euros.
08:11Le chiffre de déficit de plus de 6% pour 2024,
08:15avancé par le nouveau gouvernement, est donc biaisé.
08:19Il résulte de son choix et de son seul choix
08:23de ne pas reprendre à son compte
08:25l'intégralité de nos mesures de redressement.
08:28La Commission des finances du Sénat a salué une parole plus libre
08:31que lors des précédentes auditions quand Bruno Le Maire
08:34était encore en fonction, sans être totalement convaincu
08:37par certaines de ses explications, forcément réécrites
08:41à posteriori du dérapage des finances publiques.
08:44– Fabien Guest, ce qu'on retient de cette audition de Bruno Le Maire,
08:47c'est que Bruno Le Maire souhaitait faire davantage de réduction de dépense,
08:50davantage d'économie, mais Gabriel Attal et Emmanuel Macron
08:53ne l'ont pas souhaité.
08:54– Non mais on a un problème qui est pour moi un problème démocratique.
08:56Je reviens à ce que disait M. Rodwell et ce que vient de dire le ministre Le Maire.
09:01Il dit, dès le 8 janvier, j'ai alerté.
09:03Le 8 janvier, nous sommes à peu près 15 jours à 3 semaines
09:07après le vote du budget au Parlement.
09:10Donc le Parlement se réunit, il vote un budget et 3 semaines après,
09:15le ministre de l'économie et des finances dit,
09:17ça ne sera pas tenable et ça ne sera pas possible.
09:19Donc là on peut se poser une question,
09:20est-ce que le budget qu'on nous a proposé au Parlement
09:23était-il sincère ou insincère ?
09:25La commission d'enquête le dira.
09:28Et puis après on a une question, c'est que ça a amené à des choix politiques
09:31qui n'ont pas été débattus par le Parlement.
09:34Moi par exemple, la question de rehausser la taxe, la TIFCE sur l'électricité,
09:39c'est un sujet que je connais bien.
09:41Elle est descendue de 32 euros à 1 euro pendant la crise, remontée à 22.
09:47Là, dans le budget qui nous est proposé, remontée à 50.
09:50Moi je le dis, un quart de nos compatriotes
09:53ne sont pas en capacité de se chauffer cet hiver.
09:56Faire peser 3 milliards supplémentaires aujourd'hui de taxes
10:01sur la facture énergétique est un mauvais choix politique.
10:04Mais encore faut-il qu'on puisse en débattre.
10:07Après il y a des choix politiques, chacun les assumera.
10:09Nous, nous avons des contre-propositions pour aller chercher l'argent moyen
10:13sur les dividendes, sur le capital.
10:15Mais le choix qui est fait par ce gouvernement et par Bruno Le Maire
10:19à l'époque seul, c'est de le faire peser, notamment sur les finances.
10:23Alors Charles Rodoile, on va vous laisser répondre.
10:24Moi je vais être franc, j'ai un peu du mal à comprendre l'argument
10:26qui dit que le Parlement n'a pas été consulté.
10:29J'ai sous les yeux le compte-rendu de l'audition de Bruno Le Maire
10:32en mars 2024 par la Commission des finances.
10:35Vous avez notamment les députés, les parlementaires d'ailleurs,
10:38parce qu'il y avait des sénateurs présents aussi,
10:39communistes, LFI, socialistes, qui expliquaient qu'on assistait
10:44sur le plan de Bruno Le Maire de rétablir les comptes publics,
10:46qu'il présentait là encore une fois devant le Parlement
10:48pour un débat parlementaire sur cette question,
10:50de saignées budgétaires, de compromissions budgétaires,
10:53de plans d'austérité sans commune mesure.
10:56Et même l'un des députés présents, pas de votre groupe,
10:58mais qui siège sur les partis de gauche,
11:00a traité Bruno Le Maire d'assassin pour ensuite se retrouver
11:04quelques mois après, six mois et demi plus tard aujourd'hui,
11:07où il dénonce que Bruno Le Maire a laissé déraper les comptes.
11:10Donc moi, ce que j'ai un peu du mal à comprendre, si vous voulez,
11:12c'est une partie des parlementaires, en tout cas à l'Assemblée nationale,
11:16qui contestait les mesures prises par le gouvernement
11:19pour rétablir les comptes en janvier, en février,
11:22et y compris devant le Parlement au printemps,
11:24pour ensuite nous expliquer aujourd'hui qu'il y a un trou dans les comptes,
11:27mais en présentant, et je sais qu'on va l'aborder,
11:29un projet de loi de finances actuel
11:31où ils font exploser la dépense par leurs amendements.
11:34Mais qu'est-ce qu'il s'est passé selon vous ?
11:35Parce qu'il manque quand même un débat parlementaire qui est sain.
11:39Il faut qu'on se fixe des règles communes.
11:40Un, le gouvernement doit présenter ses décisions devant le Parlement,
11:43c'est la raison pour laquelle Bruno Le Maire a demandé un PLFR,
11:45c'est la raison pour laquelle il a participé à la régistration,
11:48c'est la raison pour laquelle on présente aujourd'hui le PLFR,
11:53et que Michel Barnier propose de laisser
11:55toutes les perspectives ouvertes aux parlementaires,
11:57mais il faut aussi, pardonnez-moi,
11:59que les parlementaires se responsabilisent.
12:01Et là, je m'adresse à mes collègues socialistes,
12:03NFP, LFI et PCO à l'Assemblée nationale,
12:07l'explosion des dépenses aujourd'hui
12:10ne va mener qu'à une chose,
12:11au gouvernement de prendre ses responsabilités,
12:13car ils font courir un danger majeur à notre pays.
12:17Est-ce qu'on peut se répondre ?
12:18Non mais c'est ça qui est intéressant dans un débat.
12:20Alors répondez, répondez Fabien.
12:21Non mais qu'on puisse avoir un échange.
12:23J'écoute avec comptation.
12:24Il y a du respect, il y a du débat,
12:26et le débat est argumenté, tant mieux.
12:28J'espère que vous ne confondez pas, M. Rodoelle,
12:30le fait qu'on ait une audition.
12:32Certes, il est venu M. Le Maire au mois de mars,
12:35devant la Commission au Sénat,
12:36certainement à l'Assemblée nationale,
12:38avec un budget rectificatif et un vote.
12:41Une audition de deux heures,
12:42sans qu'à la fin il se dégage quelque chose,
12:45n'est pas tout à fait la même chose
12:46sur le fait démocratique qu'un vote.
12:48Et la deuxième chose,
12:50c'est que s'il y avait un dérapage,
12:52bon d'abord, pardon de le dire,
12:54celles et ceux qui nous ont conduits là
12:55sont les mêmes qui aujourd'hui
12:56s'allient à la droite sénatoriale pour gouverner.
12:58Et donc ce sont ceux qui nous ont conduits de la lumière
13:01qui continuent à conduire le camion,
13:02puisqu'Antoine Armand, ministre de Renaissance,
13:06est aujourd'hui ministre de l'Économie.
13:07Donc on a une question,
13:08c'est qu'il fallait aller chercher des nouvelles recettes.
13:11Et ça, pour le coup,
13:12ce gouvernement n'a jamais voulu en débattre.
13:15Et nous, nous avons beaucoup de propositions sur cette question.
13:17Justement, Charles Rodoelle,
13:18si on prend un petit peu de recul ces dernières années
13:19sur la stratégie économique du gouvernement de Bruno Le Maire,
13:22ça fait sept ans qu'il est à Bercy,
13:23est-ce qu'il y a eu une erreur
13:25en baissant les recettes fiscales de la France ?
13:28Ça, c'est une différence philosophique,
13:30je pense, entre vous et moi.
13:32Même politique.
13:33À partir du moment où...
13:34Politique, oui.
13:35À partir du moment où on est dans une période...
13:38Mais on paie ses choix aujourd'hui.
13:40Je suis fini.
13:41Au contraire, oui, on paie ses choix
13:42et heureusement qu'on les paie
13:43parce que le fait de baisser massivement les impôts
13:45et baisser massivement les cotisations sociales,
13:47on a créé dans ce pays 2,7 millions d'emplois
13:49qui ont changé la vie de 2,7 millions d'employés,
13:52qui ont changé la vie de 2,7 millions de familles
13:54et qui ont surtout rapporté 40 milliards d'euros
13:56de recettes supplémentaires pour l'État.
13:58C'est-à-dire que quand vous créez un emploi,
13:59non seulement vous versez une allocation en moins
14:02et en plus vous récupérez des cotisations,
14:0340 milliards d'euros de recettes supplémentaires.
14:05Autre exemple, l'impôt sur les sociétés,
14:07on l'a baissé de 8 points.
14:09Eh bien, en passant de 33 à 25,
14:11il a rapporté plus.
14:12Pourquoi ?
14:13Parce qu'entre-temps, vous avez des milliers d'entreprises
14:16qui ont été créées et ça, ça tombe bien dans l'emploi.
14:18Et je finis juste sur ce point
14:19et après, je laisse la parole à mon collègue Gay.
14:22Dans un moment où les États-Unis
14:25sont en train de relancer la machine économique
14:27et on a vu les intentions fiscales et économiques
14:28de Donald Trump vis-à-vis de l'Europe,
14:30quand on est dans un moment où vous avez un déploiement massif
14:34de l'industrie et de la technologie chinoise et asiatique,
14:37est-ce que c'est vraiment le moment
14:39de remettre un boulet aux pieds de nos entreprises
14:42et des Français en faisant exploser leurs impôts ?
14:45Nous, nous pensons tout l'inverse.
14:47Nous pensons qu'il faut baisser les impôts
14:50et baisser les dépenses.
14:51– Alors Fabien Gay, ça c'est une différence philosophique majeure.
14:53– C'est très bien, c'est un débat et un clivage gauche-droite.
14:58Comme d'ailleurs, on a essayé de nous faire croire
15:00que la Macronie, c'était ni de gauche ni de droite,
15:02mais aujourd'hui, on le voit bien, elle est de droite
15:05et donc il y a un autre choix politique.
15:07– Moi, j'ai toujours assumé mes origines.
15:08– Eh bien voilà, tout le monde l'assume et moi, je suis communiste.
15:11Donc là, pardonnez-moi de vous le dire,
15:13on a eu beaucoup de communication gouvernementale
15:16autour de la réindustrialisation du pays.
15:18Là, plus personne n'ose le dire
15:20parce que les plans sociaux,
15:21à Montcelles, on est à 180 plans sociaux,
15:24100 000 emplois menacés.
15:26Encore cette semaine, Michelin, Auchan, Thalès,
15:29j'ai reçu l'intersyndical ce lundi, 1000 emplois supprimés.
15:34Mafrance, dans mon département, 280 emplois menacés
15:37et beaucoup d'autres dans la filière autonomie.
15:39Je le dis, là on a une question.
15:42182 milliards d'euros d'argent public
15:46donnés chaque année aux entreprises sans contrepartie.
15:49– Non, attendez, Michel Barnier a dit qu'il voulait rendre des comptes.
15:53Cela fait 7 ans que nous nous proposons de conditionner
15:56les aides publiques aux entreprises en matière sociale,
15:59environnementale et aux conditions d'emploi.
16:02Pour l'instant, c'est toujours le cas.
16:03– Alors on va vous couper, Fabien, on va vous couper
16:04parce qu'on va en parler, on va parler de ces cotisations sociales
16:06des entreprises qui permettent de financer
16:09le budget de la Sécurité sociale.
16:10– C'est l'autre sujet de la semaine, Alexandre.
16:12Mais alors, c'est une première, l'Assemblée nationale
16:15n'a pas pu aller jusqu'au bout de l'examen du texte.
16:17Le texte a donc été transmis directement au Sénat.
16:20Explication d'Elsa Mondin-Gava, on y revient juste après.
16:24– Émissicle de l'Assemblée nationale, mardi minuit.
16:31– Le délai de 20 jours prévu par l'article 47.1 de la Constitution
16:36expire ce soir.
16:38L'Assemblée nationale n'ayant pas émis de vote en première lecture
16:42sur l'ensemble du projet de loi,
16:43le gouvernement décide de saisir le Sénat du texte.
16:50Le gouvernement met fin à l'examen du budget de la Sécurité sociale,
16:54une situation dénoncée par les oppositions.
16:57– Nous avons assisté à une opération assez coordonnée
17:00de contournement du Parlement, de l'Assemblée nationale.
17:04Parce que lorsque nous avons demandé à minuit à la ministre
17:08en charge des relations avec le Parlement de prolonger le débat
17:11pour terminer l'examen du plus gros budget de la nation,
17:14cela nous a été refusé.
17:16– Si les députés n'ont pas pu finir la partie dépense
17:19du projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
17:23ils ont adopté la partie recette, un vote à front renversé.
17:28Ce sont les députés du Nouveau Front Populaire
17:30qui ont permis l'adoption d'un texte qu'ils avaient profondément modifié.
17:35Les élus du Socle commun ont voté contre.
17:38– Nous apprêtons à voter un texte pour le coût très dénaturé.
17:43Ce que fait cette partie du PLFSS ?
17:48Pénaliser en taxant toujours plus,
17:52taxant les dispositifs d'épargne salariale,
17:55en taxant les primes d'intéressement.
17:57– Le texte est donc transmis au Sénat.
17:59La Chambre haute a 15 jours pour se prononcer
18:01sur le budget de la Sécurité sociale.
18:04Mais l'Assemblée nationale aura encore son mot à dire
18:07avant la fin du processus législatif.
18:10– Alors une question pour vous Charles Rodoelle,
18:12puisque les députés de votre groupe sont un peu pointés du doigt
18:15par les oppositions qui les accusent,
18:17un, de déserter les débats,
18:19et deux, de déposer beaucoup d'amendements pour ralentir les débats.
18:25Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
18:26– J'imagine que vous avez les chiffres du nombre d'amendements déposés,
18:29où le Nouveau Front Populaire et notamment le Parti socialiste
18:32a déposé quatre fois plus d'amendements
18:33que le Socle commun et que notre groupe.
18:35Vous savez, moi quand j'ai écouté Boris Vallaud,
18:36ça m'a inspiré une chose,
18:37c'est qu'il y a une chose dont on meurt en politique, c'est l'hypocrisie.
18:40L'hypocrisie, elle est létale en politique.
18:44Et quand j'entends le patron du Parti socialiste expliquer
18:47qu'il n'a pas eu le temps de débattre,
18:48alors que pendant des semaines, et des semaines, et des semaines,
18:51contrairement d'ailleurs à la culture du Sénat,
18:54on a des députés du NFP sous la coupe de la France insoumise
18:59qui déposent amendement après amendement,
19:01après amendement, après amendement, après amendement,
19:03pour taxer, taxer, taxer, taxer,
19:05je vous fais juste une liste si vous voulez,
19:06la taxe sur les bouteilles d'eau,
19:08la taxe sur les rats de laboratoire,
19:09la taxe sur les équipements de bateaux maritimes de transport,
19:13la taxe sur les munitions de fusil de chasse,
19:15la taxe sur le tourisme des éoliennes en mer.
19:17Alors là, pour une chose, il y a une chose,
19:19notamment les socialistes,
19:20il y a une créativité absolument incroyable.
19:22Et quand je dénonce l'hypocrisie,
19:23quand je vois que le Parti socialiste
19:24est en train d'être rayé de la carte politique française,
19:27c'est bien de cela qu'ils sont en train de faire.
19:29Pourquoi vous avez déserté l'hémicycle
19:30pendant ces débats budgétaires ?
19:31Les députés macronistes dans leur ensemble.
19:32Je pense que vous avez bon taux de présence.
19:34Moi, ça fait trois semaines que je siège en commission et en séance,
19:37et j'y suis, y compris le samedi à minuit,
19:38parce que mes électeurs m'ont élu pour cela.
19:40Mais votre groupe ?
19:41Moi, j'y considère, quand je regarde les taux de présence,
19:43que le groupe EPR, contrairement à ce qui peut être dit,
19:45est dans la moyenne, et je pense que tout est disponible,
19:48tout est public sur le site de l'Assemblée nationale,
19:51est dans la moyenne de la présentielle.
19:52Simplement.
19:53Pourquoi nous avons voté contre ce texte ?
19:54Mais tout simplement parce qu'on a eu une explosion,
19:57notamment des cotisations sociales et de certains impôts.
20:00Il y a le PLF et le PLFSS,
20:01mais sur le PLFSS, la question essentielle des cotisations sociales,
20:05on a peut-être une différence philosophique et politique sur ce sujet.
20:07Nous, nous assumons d'avoir baissé le coût du travail pour,
20:11un, rapprocher le coût brut et le coût net du travail, la rémunération,
20:16et puis, de deux, faire baisser le coût du travail pour les entreprises
20:20pour créer 2,7 millions d'emplois dans notre pays depuis sept ans.
20:24Alors, revenons juste sur ce débat sur le budget de la sécurité sociale
20:28qui reste inachevé.
20:29Mais quand même, il n'y a pas eu d'usage du 49-3.
20:31Vous vous en félicitez ?
20:33Ne parlons pas de l'anecdote ou de la politique aérique.
20:36Il y a un problème politique.
20:38Michel Barnier est issu d'une formation
20:41qui a fini cinquième de l'élection législative
20:44et qui est donc au gouvernement maintenant
20:48avec ceux qui nous ont entraîné dans le mur.
20:49C'est-à-dire que les vaincus se sont alliés aux losers
20:53pour gouverner et ne pas respecter le vote populaire.
20:57Et donc, ça se voit dans l'Assemblée nationale.
20:59C'est-à-dire que quand vous avez les vaincus avec les losers,
21:020 plus 0, ça ne fait pas une majorité.
21:05Et donc, quand il y a un débat à l'Assemblée nationale,
21:09il y a les députés du Nouveau Front Populaire
21:11qui font passer beaucoup d'amendements
21:13parce qu'ils sont présents, après on peut débattre,
21:15on peut être en accord ou en désaccord, évidemment.
21:18Et donc là, vous avez une question,
21:19c'est que Michel Barnier se retrouve confronté à deux solutions.
21:23Soit il fait comme Elisabeth Borne
21:24qui ne disposait pas non plus d'une majorité.
21:26Et donc, il utilise le 49-3.
21:28– Il ne l'a pas fait.
21:29– Ce qui, il ne le fait pas,
21:31parce que ça conduit à une motion de censure
21:33qui, pour l'instant, puisque le Rassemblement national l'a décidé,
21:36ne la votera pas.
21:38Mais ça veut dire qu'aux yeux des Françaises et des Français,
21:41ce gouvernement ne tient qu'à un fil,
21:43c'est-à-dire celui que Marine Le Pen tient.
21:46Ou alors, il a la deuxième solution, celle qu'il a organisée.
21:49Vous laissez le temps filer,
21:51il y a beaucoup d'amendements de part et d'autre,
21:53mais notamment d'une majorité.
21:54D'ailleurs, le Nouveau Front Populaire a enlevé 30 ou 40 %
21:58de ses amendements pour aller au bout.
22:00Et au bout du bout, vous arrivez et vous dites,
22:02ah, il n'y a plus de temps.
22:03Et donc, ça a quoi comme conséquence ?
22:05C'est que le texte, vous ne l'avez pas expliqué,
22:07va repartir dans sa version initiale avec les amendements
22:11– Ça veut dire la version du gouvernement.
22:12– La ministre en relation au Parlement avec les chefs de groupe,
22:15c'est-à-dire celles et ceux qui leur sont favorables.
22:17– Sans les amendements de la gauche.
22:19– Sans les amendements.
22:19Va le transmettre au Sénat.
22:20Et comme ici, la droite sénatoriale est déjà au gouvernement,
22:23l'affaire est entendue.
22:24Mais nous, nous serons extrêmement offensifs sur l'affaire.
22:27Ensuite, je voudrais répondre sur le coût du travail.
22:29Parce que le travail, d'abord, n'est pas un coût.
22:32Et lorsque l'on dit que l'on veut rapprocher le salaire brut du salaire net,
22:37c'est-à-dire que, entendez bien ce que je dis,
22:40votre fiche de paye, il y a le salaire net,
22:43c'est celui pour vivre tous les jours,
22:44et le salaire brut, c'est le salaire différé,
22:46c'est le salaire pour la vie.
22:48Et donc, lorsqu'on rapproche des deux, en réalité,
22:52non, ce n'est pas les charges,
22:53des cotisations sociales qui ouvrent des droits.
22:56Eh bien, en fait, on vous a l'air du salaire global.
22:59Il faut que les gens entendent ça.
23:00Vous y perdez.
23:02On vous vole et c'est de l'argent qui part au capital et pas au travail.
23:05– On va laisser répondre Charles Rodwell.
23:07Vous parliez des hausses d'impôts, des hausses de cotisations
23:09votées par la gauche.
23:10Mais il y a aussi le gouvernement,
23:11qui en prévoit dans sa version initiale du budget,
23:14notamment du budget de la Sécurité sociale,
23:16puisqu'il souhaite augmenter les cotisations patronales.
23:20Est-ce que vous dites, là, à l'heure actuelle,
23:21avec les plans sociaux qu'on connaît,
23:22le gouvernement Barnier fait une erreur ?
23:24– Eh bien, j'ai déposé un amendement de suppression
23:26de la hausse de l'impôt sur les sociétés.
23:27J'ai déposé un amendement de suppression
23:29de la hausse des cotisations sociales.
23:31Il a été remporté l'amendement de suppression
23:33sur l'impôt sur les sociétés.
23:35Et nous avons remporté, pour le coup, le bras de fer dans l'Assemblée,
23:37à l'Assemblée, sur la hausse des cotisations.
23:39Et moi, je respecte votre philosophie.
23:40J'en ai une qui est totalement différente.
23:42Deux points sur lesquels je voudrais…
23:44– Vous êtes cohérent avec vous-même, vous êtes conscient.
23:47– Voilà, nous, nous considérons, si vous voulez,
23:49que la première des libertés pour les Françaises et les Français,
23:53c'est le travail.
23:53Et moi, ce que je regrette, mais c'est des différences fondamentales,
23:57c'est qu'il compte que la gauche ne se félicite pas aujourd'hui
24:00qu'on ait créé près de 3 millions d'emplois dans ce pays depuis 7 ans.
24:03Et donc, nous voulons continuer sur cette trajectoire.
24:04C'est-à-dire qu'on a baissé de 11% à 7% le taux de chômage
24:07et on veut passer à 5%.
24:08Mais pour cela, nous considérons que la clé de la confiance,
24:11c'est la constance.
24:12Dans un monde qui est plein d'incertitudes,
24:15toucher à la stabilité fiscale des entreprises et des Français,
24:18et toucher à la question des cotisations sociales
24:19pour les entreprises et pour les Français,
24:21est un choix politique que nous ne voulons pas faire.
24:24Nous voulons choisir le sujet de la stabilité.
24:27Ensuite, je me touche quand même à un dernier mot.
24:29Pourquoi est-ce que nous avons bâti cette coalition avec les Républicains ?
24:33Déjà, un, nous avons perdu les élections législatives, le Bloc central,
24:36donc nous ne voulions pas que le Premier soit quelqu'un du Bloc central.
24:42Nous avons tendu la main à la gauche.
24:44Mais Bernard Cazeneuve a été trahi par qui ?
24:45Il a été trahi par les siens, par les socialistes et par les communistes.
24:48Et donc, à partir de là, il a fallu qu'on se tourne vers d'autres alliés politiques.
24:52Nous nous sommes tournés vers la droite et nous regrettons qu'il y ait eu ce choix.
24:55– 2 400 emplois supprimés chez Haussan,
24:58on en parlait, 1 250 chez Michelin.
25:00Ce n'est pas le moment pour vous, Fabien Guay,
25:02d'augmenter les charges maternelles des entreprises ?
25:04– Non mais, attendez, je redis, 100 000 emplois menacés, partout.
25:08Moi, sur mon territoire, les MaFrance,
25:10Stellantis a décidé, en 3 semaines, de liquider la boîte, 280 emplois.
25:16C'est des hommes et des femmes, beaucoup d'hommes,
25:18de 50 à 55 ans qui ne retrouveront pas de job.
25:21J'étais chaque semaine avec eux.
25:22– Et c'est fini. Il nous reste 10 secondes.
25:25– Et j'étais avec eux parce que Stellantis veut récupérer
25:29les machines outils et les délocaliser en Turquie.
25:32Nous avons eu un gros problème,
25:34c'est qu'il faut conditionner les aides publiques aux entreprises.
25:37– Et ce sera le mot de la soirée, merci à tous les deux.
25:39– Merci d'avoir pu nous retrouver sur ce point-là.
25:40– En finissant un accord, merci à tous les deux d'avoir participé à ce débat.
25:43– On se retrouve sur les Télévisions, tchao tchao.
25:45– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org