• il y a 2 semaines
Jérôme Riviere un pilote originaire du Chambon-sur-Lignon, né à Saint-Etienne, célèbre pour ses exploits sur le Dakar dans les années 90, avec deux participations en moto et dix-sept en voiture, partage des anecdotes captivantes de cette époque. Il évoque également la conception d'une voiture sponsorisée par le groupe Zanier de Saint-Chamond.

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous ! Ravis de vous retrouver dans votre numéro de Sports 7.
00:04Un Sports 7 spécial Dakar.
00:07Et oui, il y a quelques semaines de cette édition 2025, il ne faut pas oublier un homme.
00:11Il s'appelle Jérôme Rivière, 19, Dakar.
00:14A son actif avec lui, on va retracer sa carrière.
00:17On va parler forcément des spécificités de ses véhicules.
00:21Et surtout, avec Lilian et moi-même, on va s'essayer un petit peu au franchissement.
00:25Sports 7, c'est parti !
00:30DAKAR
00:46Depuis des décennies, le Paris-Dakar fascine, attire et met au défi les meilleurs pilotes du monde.
00:51Sur des milliers de kilomètres de désert, de dunes et de rocailles,
00:55ce rally raid mythique a révélé des héros prêts à tout affronter pour vivre le grand frisson.
01:02Dans ce documentaire, nous allons plonger dans l'histoire d'un homme,
01:05dans ses souvenirs, ses victoires et ses défis.
01:07Il en a fait un mode de vie, une course avec lui-même, toujours plus loin, toujours plus fort.
01:12De la première à la dernière ligne d'arrivée,
01:15nous retracerons ensemble les moments clés de l'incroyable aventure humaine de Jérôme Rivière.
01:21Bonjour Jérôme !
01:23Bonjour ! Quelle arrivée !
01:25Ah oui, spectaculaire et surtout beaucoup d'émotion,
01:28parce qu'il y a 30 ans, année pour année, que je n'avais pas remis les pieds dans ce buggy.
01:34Et vraiment, c'est incroyable de le retrouver.
01:38En plus, c'était mon buggy.
01:40C'est ton buggy à toi ?
01:41C'est le mien.
01:42La sortie ?
01:43Avec le moteur Porsche, tout ça.
01:44La sortie, 30 ans après, c'est un peu compliqué.
01:46Ça a toujours été compliqué.
01:47Oui, c'était sportif, mais là encore plus.
01:50Ton premier Dakar, je l'ai dit il y a 19 ans, ça n'a pas été sur 4 roues, c'était sur 2 roues.
01:56Mes deux premiers Dakars ont été sur 2 roues, parce qu'à la base je suis motard.
02:01Tout a démarré au Chambon-sur-Lignon,
02:03quand on a créé l'école de trial de moto avec la famille Coutard.
02:07Et puis, parmi les stagiaires qui venaient assez souvent dans cette école du Chambon,
02:12il y avait un certain Hubert Auriol et un certain Cyril Neveu,
02:15qui étaient des pilotes anonymes à l'époque.
02:17Et deux ans plus tard, on les a retrouvés sur le premier Dakar, ou trois ans plus tard.
02:22Et là, évidemment, moi je me suis dit tout de suite, il faut absolument que j'y aille.
02:27Tu as mis 4 ans, 5 ans pour les rejoindre ?
02:29J'ai mis 5 ans pour les rejoindre.
02:31Et quand je suis arrivé sur le Dakar, eux, c'étaient devenus des grandes stars.
02:35Et moi, j'étais le petit poireau de base qui arrivait de la hauteur.
02:38Le poireau ?
02:39Eh oui, le poireau, c'est l'amateur qui n'a pas de moyens.
02:41Mais ça a été passionnel avant tout.
02:44Avant de revenir sur les conditions, effectivement, je te montre cette photo.
02:49Ah voilà !
02:51Des vrais copains ?
02:52La photo d'Hubert Auriol, j'en ai presque la larme aux yeux, tu vois.
02:56Parce qu'on était très liés avec Hubert.
02:58Il m'avait accueilli sur le Dakar, et puis c'était un peu mon...
03:02Un peu le mentor, ou pas ? Il te donnait des conseils ?
03:04Oui, tout à fait.
03:05Il a fait comme toi, il a commencé en moto.
03:07Il a commencé comme moi, en moto.
03:10Alors par contre, moi je suis passé avant lui en voiture,
03:13et c'est lui qui m'a copié après, et il est passé en voiture.
03:16Alors, il faut le dire, c'était le Dakar des années 80.
03:21C'était comment le Dakar des années 80 ?
03:23Bien différent d'aujourd'hui ?
03:24Oui, il y avait un esprit qui était incroyable.
03:28On n'avait peur de rien, on bivouaquait.
03:31Quand on pouvait prendre une douche, on était vraiment heureux,
03:34parce que ce n'était pas tous les jours.
03:36Il y avait plein d'anecdotes.
03:37Et puis surtout, le Dakar...
03:41Des espaces, c'était des grands espaces.
03:43C'était les grands espaces du Ténéré particulièrement.
03:46On partait de Paris, donc déjà il y avait toute la descente de la Nationale 20,
03:50et il y avait un engouement, mais c'était incroyable.
03:52Tout le monde aimait le Dakar, c'était devenu un événement international.
03:57Et quand on arrivait à Alger au début, on prenait le bateau à Marseille,
04:02et donc on arrivait à Alger, et là on était dans un autre monde,
04:06on traversait toute l'Algérie, et là on découvrait le Sahara.
04:10Et ma première découverte du Sahara, c'était juste incroyable.
04:15Trois initiales. G. P. S.
04:18Ça n'existait pas !
04:19Alors à l'époque, il n'y avait pas de GPS, effectivement,
04:22et on roulait, et moi en plus, les motards.
04:25On était pilote et copilote, et on avait une petite boussole de rien du tout,
04:29et il fallait naviguer à la boussole.
04:32Une boussole à 10 francs, tu disais.
04:33Des boussoles à 10 francs.
04:34Mais vraiment, c'était des boussoles avec un truc de visée,
04:37et on tenait l'accélérateur d'une main, la boussole de l'autre,
04:41alors on roulait plus ou moins.
04:43Le roadbook, c'était un espèce de truc avec des fiches qu'on déchirait.
04:48Aujourd'hui, si on faisait ça, ce serait de la polie.
04:51Et je ne sais pas comment on y arrivait.
04:53Et puis avec des motos qui, à l'époque, n'avaient pas de très bonne suspension,
04:57des motos qui n'étaient pas aussi performantes que maintenant, bien sûr.
05:01Premier Dakar, pas top.
05:02Pas top du tout, parce que j'étais tellement enthousiaste
05:06que je roulais un peu trop vite pour mon manque d'expérience.
05:11Et puis, ce qui devait arriver, arriva.
05:13Au bout de quatre jours de course, je suis passé par-dessus le guidon.
05:15Tout le monde a cru que j'étais mort.
05:17Et j'ai été rapatrié sanitaire et retour à l'envoyeur direct.
05:20Alors, il y a cette chute, mais on se dit, l'année prochaine, je reviendrai ?
05:24Alors, à peine je suis arrivé à l'hôpital à Lyon, puisque j'étais rentré sur Lyon,
05:29la première chose que j'ai dit à mes parents, qui étaient venus me récupérer,
05:33l'année prochaine, j'y retourne.
05:35Et j'y suis retourné.
05:36Et toujours en deux roues ?
05:37Toujours en moto, absolument.
05:39Quand est-ce que ce passage se fait aux quatre roues et pourquoi ?
05:43Alors ça, ça a été vraiment le pur hasard.
05:46Lors de mon deuxième Dakar, j'avais rencontré un Stéphanois
05:50qui avait envie de faire le Dakar.
05:52Et donc, mon deuxième Dakar en moto,
05:56il nous avait proposé de faire notre assistance rapide avec son Range Rover.
05:59Ça n'avait pas marché parce que lui, dès le deuxième jour, il avait abandonné.
06:03On avait monté une petite équipe avec trois motos.
06:05Les deux autres motos ont cassé les moteurs très vite.
06:08Et moi, je me suis retrouvé tout seul de l'équipe avec mon petit sac à dos.
06:12Et pendant trois semaines, je ne me suis pas changé.
06:15Ah oui, parce qu'on ne l'a pas dit, c'est trois semaines le Dakar.
06:17Trois semaines à l'époque du Dakar. Maintenant, c'est qu'un jour.
06:19Et donc, pendant trois semaines, j'avais les mêmes chaussettes,
06:21les mêmes slips, les mêmes t-shirts, je te passe les détails.
06:24Et donc, j'ai fait ce Dakar comme ça.
06:27Et à l'arrivée de ce Dakar, cette personne de Saint-Étienne,
06:32contre toute attente en ce qui me concerne,
06:34m'a proposé de le rejoindre et de faire le rallye de l'Atlas suivant au Maroc
06:39avec sa voiture, en Range tous les deux.
06:42Moi, je n'en revenais pas.
06:43Et je lui ai dit, OK, à une condition, c'est que je puisse piloter.
06:47Il m'a dit, pas de problème, on fera un jour chacun.
06:50Puis en réalité, lui, il a pris le volant pendant 40 kilomètres
06:55et puis je n'ai plus jamais lâché le volant.
06:58Et après, je suis devenu pilote.
07:01L'hélicoptère de l'organisateur de la course Thierry Sabine
07:05s'est écrasé hier soir au Mali vers 19h.
07:16L'accident se déroule de nuit, dans de mauvaises conditions climatiques.
07:19L'hélicoptère s'est d'abord posé une fois
07:22et puis il a redécollé en suivant un peu les phares d'une voiture.
07:27Seulement, ils n'ont pas vu qu'à un certain moment la voiture montait
07:30alors qu'il y avait une dune de 30 mètres la première depuis 150 kilomètres.
07:33Et l'hélicoptère s'est craché.
07:36Là, cette première année où tu es justement pilote de voiture,
07:40cette fois-là, on est en 86.
07:42Et pour ceux qui ont connu cette période-là, je vais te montrer cette photo.
07:46Il y a celle-ci.
07:47Ah bah oui.
07:49Daniel Balavoine.
07:50Grandes, grandes émotions encore.
07:53En fait, c'est la première fois que je suis pilote de voiture.
07:57C'est la première fois que je suis pilote de voiture.
08:00C'est la première fois que je suis pilote de voiture.
08:03En fait, c'était le Dakar 86.
08:07Moi, c'était mon premier Dakar en voiture.
08:09Et c'était les grands, grands, grands Dakars.
08:13Il y avait un monde fou.
08:15Tous les médias, les télés, les artistes, tout le monde voulait faire le Dakar.
08:19Et donc, l'avenue de Balavoine, pour nous, c'était un événement absolument incroyable.
08:23Il se mélangeait à vous même.
08:25Ah oui, mais il était d'un accès absolument incroyable.
08:27Et j'ai une anecdote terrible par rapport à ça.
08:32C'est que nous, on avait abandonné,
08:36mais on rentrait quand même à Dakar par la Transsaharienne
08:39pour arriver jusqu'à la fin du Dakar.
08:43Et à un moment donné, on arrive à Niamey au Niger.
08:48Et on se retrouve toute une bande du Dakar
08:51à une table dans un restaurant africain au Niger.
08:56Et il y avait Daniel Balavoine et le chanteur Philippe Laville.
09:00Et nous, on était là, on était émerveillés de déjeuner avec eux.
09:05Et ils ont tenu le crachoir pendant tout le repas.
09:09Ils avaient une pêche incroyable.
09:11Enfin, Daniel Balavoine, c'était un type...
09:13Astère.
09:14Mais vraiment, humainement, c'était un type incroyable.
09:17Philippe Laville aussi, d'ailleurs.
09:19Donc vraiment, ça a été génial.
09:20Et malheureusement, deux jours plus tard, on arrivait à Bamako.
09:24Et là, on apprend l'impensable, l'accident d'hélicoptère.
09:28Thierry Sabine, Daniel Balavoine,
09:31et puis les quatre autres passagers de l'hélicoptère
09:34qui s'étaient scratchés dans la dune de Gourmarhaus de nuit.
09:37Et là, ça a été l'apocalypse pour nous.
09:40Pour nous, on avait l'impression que c'était la fin du monde.
09:43Et ça, ça restera gravé à jamais, bien sûr.
09:59Je vais te montrer des photos.
10:01Celle-ci, entre autres.
10:03Encore celle-ci.
10:05Ça, c'est la grande épopée de Peugeot
10:08que j'ai vue arriver sur le Dakar.
10:10Et à l'époque, j'étais avec un BJ71
10:13que j'avais acheté, qu'on avait acheté
10:15chez le concessionnaire Toyota de Saint-Étienne, René Ostard.
10:19Et c'était une voiture complètement de série.
10:21Eh bien, avec cette voiture,
10:23on avait fait des septièmes temps scratch sur le Dakar.
10:25C'était énorme !
10:26Alors qu'il y avait toutes les grosses écuries,
10:28il y avait Peugeot.
10:29Des grosses écuries et des gros pilotes.
10:32Il y avait Vatanen, il y avait Michel Mouton,
10:35il y avait Lartigues, il y avait des grands noms.
10:39Et nous, on arrivait avec notre petite voiture de série
10:43achetée chez le concessionnaire de Saint-Étienne
10:45et on se permettait de les taquiner
10:47et de faire des septièmes temps scratch.
10:49On n'avait pas peur.
10:50On n'avait peur de rien.
10:51On était à fond tout le temps.
10:53Les essais intensifs peuvent donc se poursuivre
10:55sur un terrain très cassant.
10:56Tellement intensifs d'ailleurs ces essais
10:58que le pilote chargé d'une partie du programme,
11:00Jérôme Rivière,
11:01a demandé l'installation d'une prise d'air
11:03pour son refroidissement personnel.
11:05La preuve qu'il ne ménage pas la Samara
11:07poussée dans ses derniers retranchements.
11:14Je dirais que le principal point fort,
11:16c'est la motricité de la voiture et sa suspension.
11:20On peut aller très vite dans des successions de bosses
11:23et on a l'impression vraiment d'une araignée
11:25qui adhère tout le temps, tout le temps, tout le temps.
11:27Et en plus, le moteur est très doux,
11:30bien que ce ne soit pas encore le définitif.
11:32Mais je sais qu'en plus, c'est un moteur atmosphérique
11:35et donc je pense que dans le sable,
11:37la voiture sera très performante.
11:39On a un magnifique passage.
11:41Alors, tu changes d'écurie.
11:43Tu es chez Lada Poc.
11:45Ça s'est fait comment ce changement ?
11:47Et surtout, tu avais un copilote,
11:49un copilote costaud quand même.
11:51Alors en fait, j'ai roulé d'abord en amateur sur Range.
11:55Ensuite, avec la même personne de Saint-Étienne,
11:58on est passé en catégorie marathon sur Toyota,
12:01c'est-à-dire voiture de série.
12:03Et à partir de ce moment-là, je me suis fait repérer par Toyota
12:06qui m'a fait entrer dans l'équipe officielle.
12:08Donc c'était mon premier volant officiel
12:10sur le FJ73 qui est juste derrière là.
12:13Et à partir de ce moment-là,
12:15je me suis mis à gagner toutes les courses en marathon.
12:17J'étais un peu la bête à abattre.
12:20Ah, tu n'étais plus un point roulant.
12:21Ah ben là, je n'étais plus un point roulant.
12:23Et puis après, au départ du réglage,
12:25j'achète l'équipe.
12:26Et là, je vois un truc incroyable.
12:28Lada qui revenait sur le Dakar avec trois Samaras.
12:32Et dessous, c'était la Porsche 959
12:34de Jacky X et Claude Brasseur.
12:38Et en fait, elle était carrossée.
12:40Elle avait un look de Lada,
12:42mais dessous, c'était la Porsche 959.
12:44Et donc, il y avait déjà deux places de pilotes
12:46qui étaient attribuées.
12:47Il y avait une troisième voiture.
12:49Et j'ai tout de suite dit,
12:50cette voiture, elle est pour moi.
12:51Et comment tu as fait ?
12:52Je suis parti faire le rallye de l'Atlas.
12:54J'ai fait un très bon résultat avec Toyota.
12:56Et au retour, comme je suis avec Toyota,
12:58je voulais rester en marathon.
13:00Et moi, forcément, je voulais aller
13:02en catégorie supérieure, c'est-à-dire en proto.
13:05J'ai téléphoné au retour à Jean-Jacques Poc,
13:08qui était l'importateur de Lada.
13:10Et je lui ai dit, bonjour Jérôme Rivère.
13:12Ah, bonjour Jérôme.
13:14Justement, on voulait vous appeler.
13:16C'est vrai.
13:17Quand est-ce que vous pouvez nous voir à Paris ?
13:19Demain.
13:20Et j'ai pris le TGV.
13:22Je suis allé à Paris.
13:23J'ai signé mon premier contrat vraiment
13:25de pilote d'usine.
13:26Ces images-là, tu ne les avais jamais vues.
13:28Est-ce que tu peux me les commenter ?
13:30T'appuies sur lecture.
13:32Ça, c'est un de nos…
13:33On est en quelle année ?
13:34C'est un de nos plus grands moments.
13:36Ça, c'était le premier Dakar.
13:38Et on était face au Citroën.
13:40Et moi, j'étais avec Jacques Higgs.
13:43On avait chacun notre Lada.
13:44Et dans la fameuse Passe de Nega,
13:46qui a été un des plus gros monuments du Dakar,
13:50on avait fait la pige au Citroën,
13:52qui était bien supérieure à nous
13:54en termes de performance.
13:56Et on avait fait un doublé triomphal avec Jacques Higgs.
14:00On avait fait premier et deuxième.
14:01Et je me souviens de Jean Todt qui était venu.
14:03Il m'a dit, mais t'as vu les Citroën ?
14:06Elles sont où ?
14:07Je lui ai dit, t'inquiète pas, elles arrivent.
14:08Et en fait, elles sont arrivées très longtemps après.
14:10Et là, on avait fait vraiment sensation.
14:12Mais c'était quoi ?
14:13Ça venait de la voiture, du pilotage ?
14:15Parce que là, elles sont perdues.
14:16Elles tournaient en rond.
14:17Alors, je pense qu'il faut savoir que Jacques Higgs,
14:19il vient du trial moto.
14:22Moi, je suis un trialiste.
14:23Et là, on était dans les dunes.
14:25Et en fait, il faut aimer les dunes.
14:30Et les pilotes de rallye, dans les dunes,
14:33ils ont plus de difficultés.
14:34Et nous, on est les vrais du désert.
14:36On aime la difficulté.
14:38Et là, on leur a fait une pige monumentale.
14:42C'est un bon souvenir.
14:43C'est un des meilleurs souvenirs de Dakar, oui, bien sûr.
14:46C'est la première fois que je fais un scratch sur le Dakar, d'abord.
14:49Et deuxièmement, avec un buggy du XEV.
14:51C'est le premier scratch du buggy du XEV.
14:53Donc, c'est vraiment un très grand jour.
14:55On va finir par une autre vidéo.
14:58C'est celle-ci.
14:59En plus, elle est derrière.
15:00Présente-nous cette voiture.
15:02Et comment c'est venu ?
15:03On est en mode buggy, un peu.
15:04Alors ça, ça a été la fin de ma période professionnelle.
15:08En 1992, on avait eu la chance.
15:11Alors, j'étais chez Nissan à ce moment-là,
15:13sur un Terrano V6 en catégorie marathon.
15:16Et à la fin du Paris, on avait fait, en janvier, le Paris-Le Cap.
15:21Oui.
15:22Donc, on a traversé toute l'Afrique de nord-sud.
15:25Et six mois plus tard, en septembre,
15:28on prenait le départ du Paris-Moscou-Pékin,
15:30ce qui était une aventure absolument incroyable.
15:33Et à la fin du Paris-Moscou-Pékin,
15:35il y avait Gérard Bourgoin qui voulait monter un team privé.
15:39Donc, c'était le team Duc-Zed.
15:41Duc, les poulets ducs.
15:42Les poulets, oui.
15:43Zed, les vêtements d'enfants Zanier.
15:45Roger Zanier de Saint-Chamond.
15:46C'est chez nous, ça.
15:47Voilà, exactement.
15:48Et il cherchait un pilote.
15:49Et à ce moment-là, j'avais plutôt la cote.
15:51Donc, il est venu me proposer le volant.
15:54Et là, ça a été ma période.
15:57Donc, j'étais pilote, développeur.
16:00Et pendant trois ans, j'ai couru pour Gérard Bourgoin.
16:03Alors, c'était vraiment Olé Olé,
16:05parce que le personnage était Olé Olé.
16:07Mais des souvenirs incroyables.
16:08Et cette voiture derrière,
16:09elle roulait quand même à plus de 200 sur la piste.
16:12Même les voitures actuelles, elles roulent à moins de 200.
16:15Par contre, la grosse différence,
16:16c'est que les voitures actuelles ont des suspensions incroyables.
16:19Et dans le cas 100, elles vont très, très vite.
16:21Alors que nous, on a passé notre temps
16:23à manquer de faire une pirouette avant.
16:25Justement, on va faire un petit tour de l'inventaire de ces voitures.
16:29On va rentrer dedans.
16:30Tu vas m'expliquer la complexité de la chose.
16:32Et vous allez voir, il y a pas mal d'anecdotes encore.
16:34Ah, beaucoup !
16:40Jérôme, on est en quelle année ?
16:41Et c'était une voiture comme ça que tu avais ?
16:43Oui, alors cette voiture-là, c'est le Toyota FJ73.
16:48C'est un moteur six cylindres essence,
16:51atmosphérique, il n'y a même pas de turbo.
16:54L'avantage de cette voiture,
16:55c'était un châssis moyen par rapport au BJ71,
16:59qui était un châssis court.
17:00Et le problème du BJ71,
17:02qui avait été ma première voiture du Dakar,
17:05le BJ71, c'était comme une balle de ping-pong,
17:08il était dangereux.
17:09Je me retrouvais toujours sur deux roues,
17:11en avant, en arrière, il était dangereux.
17:14Alors que celui-ci, il était beaucoup plus stable,
17:16presque plus long.
17:17Et les princes avaient les mêmes.
17:18Voilà, ça, c'est un véhicule qui existait dans les Émirats,
17:22parce qu'ils n'ont pas peur de consommer de l'essence
17:25avec un six cylindres essence.
17:27Et ce véhicule consommait beaucoup d'essence.
17:30Si on se baisse un peu, là, regarde,
17:32on les voit, là, les lames.
17:33Oui.
17:34C'est important, ça ?
17:35La spécificité de ce véhicule,
17:36c'était quatre sorts à lames derrière,
17:40dignes d'un camion.
17:41C'est-à-dire qu'on conduisait un petit camion.
17:43C'est ce que tu me disais, c'est un petit camion, ça.
17:45Par contre, l'avantage,
17:46c'est que ce véhicule était quasiment incassable.
17:48Et la performance,
17:50elle venait qu'on passait à fond partout,
17:52même dans le cassant.
17:53Et c'est grâce à ce véhicule-là
17:56que je me suis fait repérer par Toyota France
17:59et qui m'a proposé une place dans l'équipe officielle.
18:02Et c'est à partir de ce moment-là
18:04que je suis devenu pilote officiel Toyota.
18:07Et l'année suivante,
18:08j'ai tout gagné en marathon sur ce véhicule-là.
18:11Oui, très proche de la série.
18:12Regarde, viens, on va voir l'intérieur.
18:13Oui, en fait, c'est un véhicule de série.
18:15C'est ça ?
18:16Voilà, parce que dans le Dakar,
18:17il y a deux catégories.
18:18Il y a la catégorie véhicule de série marathon
18:21et la deuxième catégorie,
18:23c'est les protos,
18:24comme le Buggy Duke, par exemple,
18:25fait pour gagner le scratch.
18:27Donc, quand on est pilote débutant
18:29et qu'on veut se faire remarquer pour aller plus loin,
18:31il est conseillé de commencer par la catégorie marathon
18:35pour y aller step by step.
18:37Jérôme, l'intérieur, c'était le même, l'odeur ?
18:39C'est pareil, ça sent l'essence.
18:41Oui, il sent même l'odeur.
18:43Je retrouve vraiment le même véhicule.
18:46C'est-à-dire qu'en fait, c'est un véhicule de série.
18:49On avait juste les terres à tribres en plus.
18:51Ventilation, clim ?
18:53Combien de litres ?
18:54L'eau ?
18:55C'était un véhicule qui était très confortable
18:57parce qu'il y avait la clim, etc.
18:59Mais la clim, dans le désert, on ne l'utilise pas
19:01parce que ça prend de la puissance moteur.
19:03Déjà qu'on n'en avait pas beaucoup,
19:05parce que ce véhicule ne fait que 140 ch,
19:07ce qui n'est rien du tout.
19:08Par contre, il était tellement solide
19:10qu'on pouvait passer à fond partout.
19:12C'est la caractéristique de ce véhicule.
19:14Et là, pour moi, c'est un souvenir incroyable.
19:17C'est ce véhicule-là qui m'a permis de me faire remarquer
19:20et d'aller dans la catégorie proto.
19:24On va revenir sur un de tes sponsors
19:26qui t'avait suivi tout le long.
19:28C'est l'entreprise Anissé, sans les citer.
19:31Comment s'est faite cette rencontre ?
19:33En fait, cette rencontre s'est faite
19:35dans mon magasin de sport au Chambon-sur-Lignon.
19:37Chambon-sur-Lignon qui est d'origine protestante.
19:39Le directeur général du groupe de grosses boissons d'Anis
19:43était du Chambon-sur-Lignon.
19:45C'était lui qui décidait un petit peu
19:47de faire ce qu'on appelait l'entreprise
19:49de l'entreprise Anissé.
19:51Et à l'époque, ce groupe était
19:53le plus gros sponsor de l'organisation
19:56et possédait des teams d'usines
19:59aussi bien en moto qu'en voiture.
20:03Et quand il a vu les yeux que je faisais
20:06et la passion et l'envie que j'avais de faire le Dakar,
20:09il m'a dit « Bon, allez, ok, je te donne un billet. »
20:12Et finalement, il m'a donné la moitié de mon budget.
20:15Et l'autre moitié, ça a été de ma part.
20:17J'ai mis du temps à m'en remettre,
20:19mais dans la passion, on ne compte pas.
20:21Et du coup, ce groupe m'a permis
20:23de démarrer sur le Dakar.
20:27Ça, on l'a connu, ça, chez nous.
20:29Saint-Chamorre, Roger Zannier,
20:31le roi du vêtement d'enfant.
20:33Associé quand même au poulet.
20:35Au poulet duc.
20:37Gérard Bourgoin, le grand copain de Zannier.
20:40Et on s'est rencontré.
20:42On s'est rencontré.
20:44On s'est rencontré.
20:46Deux années.
20:48Les deux ont créé le team Duke Z.
20:50Et toi, tu as développé la voiture de A à Z, presque.
20:54Oui, en fait, j'ai été appelé par Gérard Bourgoin,
20:57qui cherchait un pilote.
20:59C'était l'époque où j'étais plutôt en vogue.
21:02Et donc, j'ai accepté son offre.
21:05Et j'ai vraiment fait tout le développement
21:07de cette voiture
21:09sur l'héterodoxère de Gérard Bourgoin.
21:11Et on s'est aligné sur le premier Dakar,
21:13notre premier Dakar en 1993.
21:15Moteur, première année.
21:17La première année, on avait un moteur Porsche.
21:19La deuxième année, ce n'était pas le même moteur.
21:21Et la deuxième année, Bourgoin avait discuté avec Renault.
21:24Parce que normalement, il y aurait dû avoir
21:26un gros projet de collaboration avec Renault.
21:28Et du coup, on était passé sur un moteur R21 2 litres turbo.
21:31Et on avait un moteur incroyable
21:33qui roulait à plus de 200 à l'heure sur la piste.
21:35Tu avais fait des podiums avec.
21:37J'ai gagné des spéciales du Dakar.
21:39J'ai failli gagner plusieurs courses.
21:42A une époque, j'étais en tête de la Coupe du Monde
21:44de Rally Raid en deux roues motrices
21:46devant un certain Schlesser.
21:48C'était une belle aventure.
21:50Châssis tubulaire, forcément.
21:52Oui, bien sûr, châssis tubulaire, buggy.
21:54On était parmi les premiers buggy
21:56deux roues motrices performants.
21:58Et maintenant, quand on voit le Dakar,
22:00c'est tout des buggy.
22:02Nous, on était un peu en avance sur notre génération.
22:04Petite spécificité, vous allez voir,
22:06ça se passe à l'intérieur.
22:08Quand tu m'as pris ça, c'était énorme.
22:10C'est un tank ?
22:12Il y a beaucoup de manettes.
22:14Il y a le frein à main classique
22:16sur les roues arrière.
22:18Mais il y a quelque chose
22:20de très spécifique à cette voiture.
22:22Cette voiture ne tournait pas.
22:24Elle allait tout droit.
22:26Elle était sous-vireuse.
22:28Elle ne s'inscrivait pas dans les virages.
22:30Il y avait un problème de conception.
22:32Du coup, les ingénieurs
22:34avaient une très bonne idée.
22:36Ils ont installé ce qu'on appelle un droit de gauche.
22:38Quand on met en avant,
22:40ça bloque le frein arrière droite.
22:42Et quand on tire en arrière,
22:44ça bloque le frein arrière gauche.
22:46La meilleure manière que j'avais
22:48de faire tourner cette voiture,
22:50c'était en appel contre appel.
22:52Frein gauche, frein droit.
22:54La voiture se mettait en dérapage.
22:56J'arrivais à m'inscrire dans le virage.
22:58Il n'y avait pas des frayeurs ?
23:00C'était un jeu incroyable.
23:02Dans ces cas-là,
23:04c'était dans les parties sinueuses.
23:06Je tenais le volant avec la main gauche,
23:08la manette avec la main droite,
23:10et la voiture, je la conduisais
23:12volant manette.
23:14La voiture, j'arrivais à faire
23:16des grands dérapages,
23:18contrôlés, bien sûr.
23:20Elle était devenue très efficace grâce à ça.
23:22À l'arrivée du GPS, on n'était plus confort.
23:24Avec cette voiture, contrairement au Toyota,
23:26effectivement, le GPS était arrivé.
23:28C'était un autre Dakar,
23:30en quelque sorte.
23:32Mais avec le GPS,
23:34on roulait encore plus vite.
23:36Le GPS était quand même une sécurité supplémentaire.
23:38Combien d'années avec celle-ci ?
23:40Cette voiture, on a commencé le développement
23:42en fin 1992.
23:44J'ai fait mon premier Dakar en 1993 avec.
23:46Suivi du Dakar 94.
23:48J'aurais dû faire le Dakar 95,
23:50mais Bourgoin a arrêté
23:52tout son programme de développement.
23:54L'histoire s'est arrêtée là.
23:56C'est ta voiture,
23:58mais pas ta voiture. Tu n'as gardé aucun souvenir ?
24:00Oui, c'est ma voiture.
24:02Je suis très ému de la revoir.
24:04Mais je n'ai jamais gardé
24:06de voiture de course parce que je n'en avais pas
24:08les moyens.
24:10J'ai eu l'immense surprise
24:12de la retrouver
24:14ici, chez Moduloto.
24:16Ça tombe bien, on va voir le propriétaire.
24:18Le tout nouveau propriétaire. Tu lui as même appris des choses.
24:20Il est en train de la remettre en état
24:22pour faire peut-être des courses historiques
24:24avec des choses comme ça.
24:26Avec le Flat6.
24:28Exactement, le Porsche.
24:30Tu as acheté cette voiture ?
24:32Oui, j'ai eu la chance de pouvoir la racheter.
24:34Elle était en Bourgogne.
24:36Mon objectif, c'est de lui donner
24:38une troisième vie.
24:40Comme Jérôme nous l'a dit,
24:42elle a eu une première vie en 1993 et 1994.
24:44Ensuite,
24:46cette voiture a été restaurée
24:48et a roulé
24:50au Maroc en 2012.
24:54Et là, on voit bien le châssis tubulaire.
24:56Oui, on voit bien le châssis tubulaire,
24:58la coque en carbone Kevlar.
25:00Deux roues motrices.
25:02C'était un choix à l'époque ?
25:04Oui, à l'époque, c'était un choix.
25:06On était beaucoup plus léger
25:08en deux roues motrices.
25:10C'était aussi pour des questions de coût.
25:12Aujourd'hui, le Flat6 est chez toi,
25:14démonté, restauré.
25:16Toi, tu veux en faire quoi ?
25:18Le moteur a été restauré.
25:20C'est plus que la boîte de vitesse qu'il faut que je remonte.
25:22Ce sont des boîtes U-Land qui n'étaient pas très fiables.
25:24Il y a une petite anecdote sur ces boîtes-là.
25:26Il y avait un pignon de marche arrière
25:28qui était minuscule.
25:30Tu changes le concept ?
25:32Oui, je vais renforcer tout ça
25:34pour que ce soit le plus fiable possible.
25:36Aujourd'hui, toi, tu veux faire des raids ?
25:38Oui, j'ai envie de faire...
25:40Raids historiques, on est d'accord.
25:42J'ai envie de faire des raids historiques
25:44parce que c'est un monument
25:46du Dakar
25:48parce qu'il y a eu
25:50très peu d'exemplaires.
25:52De pouvoir le faire rouler, c'est assez incroyable.
25:54Quand on entend Jérôme, il t'a expliqué
25:56la marche arrière, tout ça.
25:58Tu savais ça ?
26:00Non, je ne le savais pas. Il m'a appris beaucoup de choses.
26:02Je suis friand de ses anecdotes
26:04parce que ça fait partie
26:06de l'histoire du Buggy.
26:14C'est une énorme histoire
26:16parce que comme on l'avait dit, ton premier Dakar,
26:18tu chutes et tu te retrouves dans Paris Match.
26:20Explique-moi.
26:22J'étais en moto.
26:24Au bout de 4 jours de course,
26:26je me suis littéralement explosé.
26:28Je suis passé par-dessus la moto à plus de 150.
26:30Je suis tombé dans le coma, etc.
26:32Et quand je me suis réveillé,
26:34je ne sais pas au bout de combien de temps, je ne l'ai jamais su,
26:36il y avait une nuée de photographes
26:38en face de moi, en plein désert,
26:40qui me photographiaient, me filmaient,
26:42ils croyaient que j'étais mort, etc.
26:44Finalement, la photo a fait tous les journaux.
26:46Double page dans Paris Match, VSD,
26:48l'équipe, le Figaro, et j'en passe.
26:50Et du coup, j'étais devenu la mascotte
26:52du groupe.
26:54Parce que pour un petit budget,
26:56je leur avais fait un maximum de retombées.
26:58Et finalement, suite à ça,
27:00ils m'ont toujours suivi.
27:02Merci beaucoup, Jérôme.
27:04Tu en avais sous le capot, c'est ça ?
27:06Oui, ça a été un énorme plaisir de retrouver un volant.
27:08Et le problème, c'est que
27:10ça ne s'oublie pas.
27:12On n'a qu'une envie, c'est de recommencer.
27:14T'as été gentil de m'avoir ménagé un peu, là.
27:16Non, mais tu as été très confiant et c'était très agréable.
27:18Peut-être prochainement sur un prochain Rally Red ?
27:20Pourquoi pas ?
27:22Parce que c'est vrai que dès qu'on reprend un volant,
27:24on n'a qu'une envie, c'est de recommencer.
27:26Ça ne nous quitte jamais, ça.
27:28Merci à vous d'avoir suivi
27:30ce numéro de Sportset spécial
27:32à Dakar et on vous dit
27:34à très bientôt pour de nouvelles aventures.
27:36Ciao, bye bye !

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