• il y a 3 semaines
GRAND DÉBAT DE POLITIQUE INTERNATIONALE / Élections aux États-Unis : un scrutin, deux Amérique

Mardi 5 novembre 2024, 244 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour élire le 47ème Président des États-Unis. L'issue du scrutin n'a jamais été aussi incertaine : Kamala Harris et Donald Trump sont au coude-à-coude dans les sondages. Depuis 1787, le président des Etats-Unis est élu tous les quatre ans au suffrage universel indirect à un tour. Pour gagner l'élection, un candidat doit remporter les voix d'au moins 270 des 538 grands électeurs. Le système électoral américain du « winner takes all » rend capitale une victoire dans 7 états-clés : Arizona, Géorgie, Michigan, Nevada, Caroline du Nord, Pennsylvanie et Wisconsin. L'Iowa pourrait aussi faire basculer le résultat car cet Etat, habituellement acquis aux Républicains, pourrait majoritairement voter pour Kamala Harris. Ponctuée de scandales, de théories complotistes, de propos polémiques et d'insultes, la campagne présidentielle américaine a marqué tous les esprits. Quelle en sera l'issue ?

Invités :
- Vincent Hugeux, ancien grand reporter, enseignant à Sciences Po,
- Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au Figaro,
- En Skype (depuis la Floride) : Richard Werly, correspondant pour « Blick », envoyé spécial aux Etats-Unis.

GRAND DÉBAT DE POLITIQUE NATIONALE / Faillites et plans sociaux : pourquoi les entreprises sont-elles fragilisées ?

« Le récap » par Valérie Brochard

L'entreprise pneumatique Michelin a annoncé, mardi 5 novembre 2024, la suppression de 1250 postes en France. Les usines concernées sont celles de Cholet (Maine-et-Loire) et de Vannes (Morbihan). Le fabricant s'est engagé à aider les employés dans leur recherche d'un emploi pérenne. Michelin mentionne dans un communiqué qu'une compensation est prévue pour les salariés qui trouveront un emploi au salaire moins élevé. La fin de la production est prévue pour le 13 novembre en vue d'une fermeture du site avant 2026. Les salariés de l'usine de Cholet ont acté un mouvement de grève. Dans le même temps, le groupe Auchan programme également la suppression de près de 2400 emplois. Pandémie du Covid 19, guerre en Ukraine, hausse des prix de l'électricité, inflation, concurrence étrangère... Quels sont les facteurs conjoncturels qui peuvent expliquer la faillite de certaines entreprises ?

Invités :
- Anne Le Hénanff, députée Horizons du Morbihan,
- Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis, Présidente de la commission des affaires économiques,
- Michel Picon, Président de l'U2P (union des entreprises de proximité),
- Denis Ferrand, économiste, directeur général de « Rexecode ».

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00Générique
00:02...
00:05Bonsoir et bienvenue.
00:06Très heureuse de vous retrouver dans ça vous regarde ce soir.
00:10Harris Trump, c'est donc l'heure de vérité.
00:13244 millions d'Américains doivent les départager aujourd'hui.
00:16Élection historique, campagne à couteau tiré,
00:20enjeu pour le monde entier.
00:22Grand décryptage dans un instant avec mes invités.
00:26Dans la 2e partie, on va s'arrêter sur cette vague de faillite
00:29qui frappe le pays.
00:30Auchan et Michelin annoncent des plans sociaux en série.
00:34Au-delà des grandes entreprises, on décompte plus de 60 000
00:37défaillances de PME en un an.
00:39Que se passe-t-il dans le pays ?
00:40Le gouvernement a-t-il pris conscience de l'alerte ?
00:43C'est notre grand débat ce soir.
00:45Voilà donc pour le programme.
00:47Ça vous regarde. Installez-vous. C'est parti.
00:50Générique
00:52...
01:02L'Amérique s'apprête à vivre des heures cruciales.
01:05La nuit s'annonce très longue.
01:06C'est le scrutin présidentiel le plus imprévisible
01:09de l'histoire de la démocratie américaine.
01:12Les candidats ont jeté toute leur force
01:14dans cette dernière ligne droite.
01:16Kamala Harris va suivre l'élection depuis Washington,
01:18à l'Université de Howard.
01:20Donald Trump, depuis la Floride,
01:23où vous vous trouvez, Richard Verli.
01:25Bonsoir à vous. Correspondant, Richard,
01:28on va vous voir, le voici,
01:30pour le média en ligne suisse Blic.
01:32Vous êtes à West Palm Beach,
01:34où Donald Trump va passer la soirée électorale
01:36à côté de sa résidence de Mar-a-Lago.
01:38Vous allez tout nous dire de l'atmosphère sur place.
01:41Deux experts des questions internationales
01:44nous accompagnent ce soir. Isabelle Lasserre, bonsoir.
01:47Correspondant, diplomatique du Figaro,
01:49bonsoir, Vincent Eugeu, ancien grand reporter et enseignant
01:52à Science Po. Merci d'être avec moi,
01:55tous les trois, en direct.
01:56On fait d'abord le point sur les toutes dernières images
01:59de cette fin de campagne complètement volcanique.
02:02Katia Gilder.
02:03Musique de tension
02:05Sur la côte est des Etats-Unis, comme ici, à New York,
02:08les bureaux de vote ont ouvert à 6h, midi, heure de Paris.
02:11D'est en ouest, du nord au sud,
02:13les Américains sont appelés à choisir.
02:15Ils ajoutent leur voix aux quelques 82 millions d'électeurs
02:18qui ont déjà voté par anticipation.
02:21Je suis plein d'espoir.
02:23Je sens qu'il y a une vague bleue.
02:25Nous voulons une personne morale pour guider notre pays.
02:29Le peuple américain doit être entendu
02:32et Donald Trump est à l'écoute du peuple américain.
02:35Ce n'est pas le cas de Mme Harris.
02:38Dans cette élection à l'issue imprévisible,
02:40chaque voix compte.
02:42A Dixville Notch, dans le New Hampshire,
02:44les 6 électeurs de la commune ont voté dès minuit.
02:47A l'image des sondages,
02:48ils n'ont pas réussi à départager les deux candidats.
02:51Trois voix partout.
02:52Jusqu'à la dernière minute hier,
02:54Kamala Harris et Donald Trump se sont affrontés à distance.
02:58Ultime meeting électoraux en Pennsylvanie
03:01pour Kamala Harris,
03:03dans le Michigan pour Donald Trump,
03:05deux Etats-clés de cette présidentielle américaine.
03:08Nous avons besoin des voix des électeurs en Pennsylvanie.
03:11Vous allez faire la différence.
03:14Le candidat républicain, lui, semble sûr de sa victoire.
03:18Je me sens très confiant, je l'ai senti.
03:20Vous savez, nous sommes partis avec une très grande avance,
03:24et il semble que les Républicains soient venus en force.
03:27Les premières estimations sont attendues dans la nuit,
03:30mais l'incertitude qui règne dans de nombreux Etats
03:33risque de retarder l'annonce du résultat définitif
03:36de ce scrutin historique.
03:37Alors, à quoi peut-on s'attendre ?
03:39Richard Verlier, vous êtes en Floride.
03:42Il est 13h30, sur place,
03:43et on a assisté à cette scène incroyable,
03:46puisque les Etats-Unis permettent que les deux candidats,
03:49jusqu'à la dernière minute, puissent s'exprimer.
03:52Si je perds, je m'inclinerai.
03:54C'est ce qu'a dit Donald Trump il y a moins d'une heure.
03:57Est-ce qu'il change d'attitude ?
04:00Pourquoi dit-il cela ? Est-ce que c'est la première fois ?
04:03Pas vraiment.
04:04Vous savez, juste avant, à peu près deux heures avant,
04:07il avait dit qu'il était impossible de perdre,
04:09parce que, de toute manière, nous sommes plus nombreux
04:13que les électeurs de Kamala Harris.
04:15Donc oui, c'est un geste, notamment à l'attention des médias,
04:18peut-être à l'attention de la planète,
04:21parce que tout le monde regarde ce qui va se passer ici,
04:24et ce qu'il va dire dans ce centre de congrès derrière moi.
04:27C'est là qu'il prendra la parole, sans doute à partir de 21h,
04:3022h, heure de Floride, alors que, pour le moment,
04:33il est dans sa propriété de Mar-a-Lago,
04:35qui est devant moi, environ 2km au bord de la mer.
04:38Donald Trump, encore une fois, il n'a pas changé.
04:41Les équipes de campagne, rien ne vous le disait.
04:44Jusqu'à la dernière minute, ce matin, j'ai ouvert
04:46ma boîte aux lettres électronique, il y avait trois messages,
04:50deux de l'équipe démocrate et un de l'équipe de Trump.
04:53Il y a eu ces meetings dont vous avez parlé.
04:55Hier, pour Kamala Harris, c'était à Philadelphie,
04:58la grande ville de Pennsylvanie, le plus important des Etats-clés.
05:02Il envoie 19 grands électeurs au collège électoral.
05:05Pour Donald Trump, c'était à Grande Rapide,
05:07pour lui, c'était symbolique,
05:09parce que c'est là qu'il avait fait son dernier meeting
05:12avant sa victoire de 2016.
05:14Un mot sur l'atmosphère.
05:15Est-ce que les soutiens républicains
05:18de Donald Trump commencent à arriver ?
05:20Vous en avez beaucoup rencontrés. Dans quel état d'esprit sont-ils ?
05:24Effectivement, on en a vu pas mal, mais ce qui est très intéressant,
05:28c'est que les autorités locales de West Palm Beach
05:31les tiennent à l'écart ou leur demandent de se calmer.
05:34Je l'ai vu, il y avait un convoi de quatre voitures
05:37avec des drapeaux de Trump.
05:38Il y a eu une patrouille du shérif, au niveau du comté,
05:41qui les a arrêtés, qui leur a prié de se garer,
05:44parce qu'ici, c'est la démocratie.
05:46C'est ce qu'a dit le maire de West Palm Beach.
05:49D'ailleurs, il a fait enlever le terre-plein,
05:51sur les pelouses derrière moi.
05:53Pendant la nuit, les supporters de Trump étaient venus mettre
05:56des panneaux pro-Trump ou Make America Great Again.
05:59Ils ont tous été enlevés parce que, encore une fois,
06:02la municipalité veut donner l'image d'une ville démocratique.
06:05C'est intéressant.
06:06Vous restez avec nous, Richard.
06:08La question de la démocratie, elle est centrale.
06:11Je vais vous montrer la une du New Yorker,
06:13la statue de la liberté, vous l'avez peut-être vue,
06:16sur un fil, en équilibre, en funambule,
06:18en péril entre les gratte-ciels.
06:21Est-ce que c'est ça, la voilà, la une,
06:23est-ce que c'est ça qui se joue ?
06:25Est-ce que c'est la démocratie américaine
06:27qui se joue ?
06:29C'est en tout cas, à l'évidence, une épreuve de vérité
06:32pour la robustesse de la démocratie américaine.
06:34Je note, d'ailleurs, que les petites touches
06:37de modération que Donald Trump a apportées tardivement
06:42sont peut-être, au fond, le signe d'une confiance
06:45moins vibrante que celle qu'il affichait jusqu'à maintenant,
06:48indépendamment, effectivement, de cette promesse
06:51qui ne l'engage guère, puisqu'il est exclu qu'il perde.
06:54C'est d'autant plus facile de dire que,
06:56dans cette hypothèse, on s'inclinerait.
06:58Jusqu'à maintenant, le postulat trumpien par excellence,
07:01c'est pile, je gagne, fasses-tu fraude.
07:04Il a déjà des actions en justice en cours.
07:07Contre les votes anticipés.
07:08Il est amorcé par les armées d'avocats
07:10des uns et des autres.
07:12Je note aussi une phrase dans l'un de ses derniers meetings
07:15où il s'adresse aux électeurs et dit, grosso modo,
07:18ne gâchez pas tout. En clair, si je ne suis pas béni
07:21par l'onction du suffrage, ce sera certainement pas de ma faute,
07:24mais ce sera la vôtre, vous ne me méritez pas.
07:27Troisième élément qui semble marquer
07:29une certaine forme de fébrilité, en tout cas, d'inquiétude,
07:33c'est l'embarras palpable dans lequel il a plongé
07:36son premier cercle sur certaines de ses digressions
07:39les plus démentes des dernières semaines.
07:42Vous pensez à ses phrases sur les journalistes ?
07:44Il comprendrait qu'on puisse s'y attaquer physiquement
07:47s'il était lui-même menacé ?
07:49Toujours ambiguë. Lorsqu'il dit, par exemple,
07:52je n'aurais pas dû partir en 2020,
07:55qu'est-ce qu'il veut dire ?
07:56Si vous aviez bien voté, j'y serais toujours ?
07:59Ou est-ce qu'il veut dire, en fond, j'aurais dû décréter
08:02ou aller plus loin dans le coup de force ?
08:04Quand il dit à des chrétiens,
08:06vous savez, dans quatre ans, vous n'aurez plus besoin de voter,
08:09quelle conclusion en tirer ?
08:11A partir de là, même si c'est pour lui un clin d'oeil
08:14à son socle électoral le plus robuste,
08:16il y a matière à s'interroger sur le fait
08:19qu'il soit véritablement quelqu'un d'attaché
08:21aux idées de la démocratie.
08:23Une légère fébrilité de dernière minute
08:25que vous présentez.
08:27Il y a eu deux campagnes extrêmement différentes,
08:29deux campagnes sur des personnalités.
08:32On a très peu parlé du fond, un peu, mais quand même très peu.
08:35Ca a été une campagne de coups de boxe,
08:37ça a été une campagne d'invective, de provocation.
08:41107 jours pour Kamala Harris, 720 jours pour Donald Trump,
08:45qui, au fond, est quand même resté le personnage principal
08:48de ces derniers mois.
08:50Oui, il est resté le personnage principal
08:52parce que, curieusement,
08:54est-ce qu'on peut utiliser ce mot,
08:56Kamala Harris n'a pas réussi
08:58à s'imposer, au sens où elle n'a pas réussi
09:01à se démarquer de Joe Biden.
09:02Elle n'avait pas réussi à s'imposer
09:04quand elle était la vice-présidente,
09:07seulement la vice-présidente de Joe Biden
09:09et pas encore la candidate,
09:10mais là, elle n'a pas réussi sur des sujets aussi majeurs
09:14que, par exemple, l'Ukraine ou le Proche-Orient,
09:17comme si elle était, en fait, empêchée,
09:20soit par une loyauté vis-à-vis de Joe Biden,
09:24soit par, en fait, une ambiguïté
09:27dans ses positions.
09:28Finalement, à la fin, on ne sait pas très bien
09:31ce que pense Kamala Harris et on ne sait pas très bien
09:34ce qu'elle fera sur les principaux sujets,
09:37alors que Donald Trump a fait du Trump,
09:39il a continué à répéter, sur les deux sujets,
09:42c'était très clair, plus d'aide à l'Ukraine
09:45et soutien absolument jusqu'au bout
09:49à Netanyahou,
09:50et c'était la même chose sur tous les sujets
09:53qui étaient clivants au niveau des Etats-Unis,
09:56que ce soit l'immigration ou l'avortement,
09:58par exemple, mais même aussi le climat.
10:01Donc on a, en fait, assez peu entendu
10:03la candidate d'États-Unis sur les sujets de fonds.
10:06L'avortement, c'est effectivement là-dessus
10:10qu'elle a fait la différence et, à mon avis,
10:13si jamais Kamala Harris gagne demain,
10:17ceux qui auront fait la différence,
10:20ce sont les femmes et elles l'auront justement fait
10:23sur sa position sur l'avortement
10:26et sur la loi de Donald Trump.
10:29C'est ce sujet-là qui pourrait la faire basculer.
10:32Justement, on parle d'une campagne très genrée.
10:34Je vais vous montrer le clip de campagne
10:37qui a énormément fâché Donald Trump et ses équipes.
10:41Regardez cette publicité du camp démocrate
10:43avec Julia Roberts, s'il vous plaît, qui fait la voix off.
10:53...
11:14Voilà, efficacité redoutable.
11:16Richard Verney raconte beaucoup de choses,
11:18ce clip de campagne.
11:20C'est qu'il y a peut-être des Républicains
11:22et des femmes républicaines effrayées par Trump.
11:25C'est celle-là qui pourrait faire basculer le scrutin,
11:28notamment dans les Etats pivots ?
11:30Oui, il est très efficace, ce clip,
11:32parce qu'il dit la vérité, tout simplement.
11:34Moi, ça m'a été répété par plusieurs personnes.
11:37Les femmes, y compris les femmes républicaines,
11:39qui ont des époux républicains favorables à Trump,
11:42que va-t-il se passer dans l'isoloir ?
11:44Effectivement, parce que ces femmes ont par exemple des filles
11:48et elles ont envie de voir grandir dans des Etats
11:50comme la Floride, où l'interruption volontaire de grossesse
11:54est interdite au-delà de six semaines.
11:56En Floride, il y a une proposition d'amendement
11:59qu'on appelle l'amendement 4
12:00pour justement remettre en cause cette interdiction
12:03des six semaines.
12:04Donc oui, il y a beaucoup de choses qui se passent
12:07dans l'électorat féminin.
12:09C'est le point fort de Kamala Harris,
12:11mais à une condition,
12:12c'est qu'elle réussisse à mobiliser
12:14et que cette mobilisation des femmes
12:16ne soit pas symétriquement handicapée
12:19par le refus des hommes,
12:20et notamment des hommes noirs, américains ou hispaniques,
12:23d'aller voter pour Kamala Harris,
12:25parce que sur cet électorat-là, le discours très viril,
12:28très homme fort de Donald Trump, on a vu qu'il marchait bien.
12:32La mobilisation, merci, Richard, vous restez avec nous,
12:35elle est cruciale. 70 millions d'Américains
12:37avaient déjà voté par anticipation.
12:39C'est un indicateur d'une forte mobilisation.
12:4282 millions.
12:43Vincent Hugelot, le gender gap,
12:45c'est l'expression.
12:4620 % de femmes, en plus,
12:48votent Harris.
12:50Par rapport à Trump.
12:51Je suis totalement à l'analyse de Richard à l'instant,
12:54parce que ce qui est indéchiffrable, à l'instant T,
12:57c'est la résultante de mouvements
12:59qui peuvent être contradictoires.
13:01Certes, Kamala Harris a sans doute réussi
13:03à mobiliser un électorat féminin
13:05qui aurait pu être plus docile,
13:07sans ce type de clip et ses propos,
13:10notamment sur l'IVG.
13:12En revanche, on ignore tout de son aptitude
13:15à avoir mobilisé un électorat masculin noir
13:18et latino.
13:19Plusieurs enquêtes ont été conduites
13:22par des instituts de sondage américains
13:24qui montrent que Trump bénéficie,
13:27ça peut sembler contre-intuitif et paradoxal,
13:30dans ces populations-là, d'un socle de popularité
13:32qui n'est pas totalement anodin.
13:34Encore une fois, quelle sera la résultante mathématique
13:37de ces mouvements contradictoires ?
13:39Ma boule de cristal ne me le dit pas.
13:41Evidemment, tout va se jouer
13:43dans les fameux swing states.
13:45Il y en a sept, on va voir la carte.
13:49C'est dans ces Etats pivots et notamment dans un Etat
13:52où toutes les caméras du monde entier,
13:55et principalement les caméras américaines,
13:57sont braquées, c'est la Pennsylvanie.
14:00Isabelle Lasserre a passé toute la journée d'hier
14:03en Pennsylvanie Kamala Harris.
14:06Il y a deux types de territoires là-bas.
14:08Il y a du rural républicain
14:10et il y a de l'urban démocrate.
14:13Est-ce qu'on peut dire que c'est là
14:15que ça va se jouer véritablement ?
14:17Écoutez, c'est là, mais c'est aussi,
14:19comme le disait Richa Verli,
14:21dans l'intimité des isoloires,
14:25c'est-à-dire qu'on voit, depuis deux jours,
14:27il y a un espèce de frémissement.
14:29Il y a une évolution, en fait,
14:31dans les intentions de vote américaines.
14:34Il y a un désir de femmes chez les femmes.
14:36Elle dit qu'elle a le vent dans le dos.
14:38Notamment pour défendre l'avortement.
14:40Et il y a une peur des femmes dans l'autre camp,
14:44celui qu'on attendait pour Kamala Harris,
14:46parce que c'est le camp des Noirs et des Latinos,
14:49et qui, en fait, sont plus attirés, certains,
14:52par la masculinité de Trump
14:55et effrayés d'avoir la première candidate
14:58femme de... la première présidente
15:00femme aux Etats-Unis.
15:02En Pennsylvanie, Joe Biden l'a emportée en 2020
15:05à 80 000 voix près et s'est restée
15:07emportée en travers de la gorge de Donald Trump.
15:09Après un recontage laborieux qui a pris quatre jours,
15:12parce qu'initialement, les Républicains étaient persuadés
15:16d'avoir emporté la Pennsylvanie.
15:18Trump, en 2016, il gagne de 41 000 voix, pas davantage.
15:22Ce qui est intéressant sur la Pennsylvanie,
15:24d'abord, un petit clin d'oeil,
15:26la capitale de ce qu'on appelle le Commonwealth of Pennsylvania,
15:30c'est Harrisburg. C'est peut-être un bon présage
15:32pour Kamala du même métal, mais plus sérieusement,
15:35vous avez en Pennsylvanie une sorte de mini-Amérique.
15:38Vous avez 19 grands électeurs, c'est énorme.
15:40Ça peut faire basculer le verdict final.
15:43Et puis, symboliquement, Scranton, la ville natale de Biden,
15:47est en Pennsylvanie. C'est celle aussi,
15:49l'origine de Taylor Swift, dont on sait le poids
15:52dans l'entourage et l'électorat de Kamala Harris.
15:56Butler, là où Donald Trump a échappé à ce tir,
16:00était blessé à l'oreille, on est en Pennsylvanie.
16:03Fistoville, l'endroit où ils jouent,
16:06de manière d'ailleurs assez factice,
16:08les employés de McDonald's.
16:10Vous avez eu 17 meetings démocrates,
16:1420 meetings républicains,
16:16et c'est là aussi où le plus d'argent a été dépensé.
16:19295 millions de dollars pour Kamala Harris.
16:23C'est l'État crucial par excellence.
16:25Que ce soit la Pennsylvanie ou le Wisconsin,
16:28à l'arrivée, ce qui est terrible,
16:30et notamment pour les Européens,
16:32c'est que quelques dizaines de milliers d'électeurs américains
16:36vont déterminer le sort du monde,
16:38et je pense là particulièrement aux Ukrainiens,
16:41dont le destin, en fait,
16:43dépend de quelques milliers de voix...
16:46Rappelez-nous les enjeux. Donald Trump arrête
16:48l'aide militaire aux Ukrainiens ?
16:50Il peut le dire ?
16:51L'aide américaine aux Ukrainiens, probablement,
16:54en tout cas, c'est ce qu'il a dit.
16:56Quant à Kamala Harris, elle poursuit la politique de Biden,
17:00mais un peu plus lentement,
17:01donc c'est pas terrible pour les Ukrainiens.
17:04Disons que Trump les fait mourir brusquement
17:06et Kamala Harris les fait mourir à petit feu, si je...
17:10Voilà.
17:11Et en fait, ces électeurs ne connaissent même pas
17:14les enjeux véritables, en fait, de cette guerre en Ukraine.
17:17Et c'est à chaque fois pareil,
17:19c'est-à-dire que ça fait la deuxième fois
17:22que le sort de la planète dépend d'une poignée d'électeurs américains.
17:26J'ai envie de dire même plus que du Wisconsin,
17:28sur la règle électorale.
17:30Mais c'est absolument terrible.
17:32C'est un système à deux degrés
17:33avec un collège électoral de grands électeurs.
17:36Il en faut 270 pour avoir la majorité absolue
17:39et chaque Etat envoie l'ensemble,
17:41la majorité dont chaque Etat remporte la totalité
17:43des grands électeurs, il faut le rappeler.
17:46Richard Verli, il y a un indicateur
17:48dans des récentes enquêtes qui a été très scruté,
17:51c'est l'Iowa.
17:52Iowa, républicain, traditionnel,
17:54il n'est pas dans la liste des sept Etats pivots
17:57et il voterait finalement Harris.
18:00Est-ce que, sur place, on le commente beaucoup
18:02comme étant un indicateur pour Kamala,
18:05pour le camp démocrate ?
18:06Oui, incontestablement.
18:08C'est l'élément qui a fait frémir tous les analystes
18:11depuis 24 heures ici.
18:12Ce que tous les universitaires, les politologues
18:15ont dit depuis le début,
18:17c'est que vous avez deux données qu'il va falloir suivre.
18:20La donnée majeure, c'est celle des sept Etats clés
18:23dont vous venez de parler.
18:24Il y a toujours, lors d'une présidentielle américaine,
18:28une surprise dans un état donné qui bascule
18:30alors que ce n'était pas prévu.
18:32Voilà ce qu'il faut regarder.
18:34Après ces Etats clés, j'en ai parcouru quatre.
18:36Le Michigan, la Pennsylvanie, la Caroline du Nord et la Géorgie.
18:41Isabelle a raison, je n'ai jamais entendu parler d'Ukraine
18:46dans la bouche des Américains ordinaires que j'ai rencontrés.
18:49Le refrain, j'allais dire, de cette campagne,
18:52c'est nous, les Américains, l'Amérique d'abord,
18:55occupez-vous de nous.
18:57Les trumpistes disent, et tant pis pour le reste du monde,
19:01l'actualité internationale, cette fois-ci,
19:04peut-être encore plus qu'avant, elle est absente.
19:07Un dernier mot, dans vos reportages,
19:09vous avez sillonné les Etats d'est en ouest.
19:12Vous avez vu deux Amériques qui ne se parlent plus ?
19:15C'est plus que deux Amériques.
19:17J'ai rencontré au moins une dizaine de familles
19:20où les gens disent qu'on ne parle plus de politique en famille.
19:23C'est-à-dire que le virus de la confrontation, du duel,
19:28s'est inséré même dans la sphère de l'intime.
19:30Il y a cette phrase que j'ai entendue lors d'un meeting de Tim Walz,
19:34le collicier de Kamala Harris, c'était à Savannah, en Géorgie,
19:37et ça a été repris par toutes les femmes présentes,
19:40ne laissez pas Donald Trump entrer dans nos chambres à coucher.
19:43Ça visait l'avortement, mais ça veut dire que ça va plus loin.
19:47La sphère intime des Américains est touchée par cette élection
19:50absolument basée sur la confrontation.
19:53Tous les coups étaient permis et beaucoup de gens en sont dégoûtés.
19:57J'ai rencontré dans le Michigan
19:58deux couples qui veulent quitter les Etats-Unis
20:01et venir s'installer en Europe.
20:03L'onde de choc de ce duel traverse le pays tout entier.
20:06Vincent Hugeot, on sait que la nuit va être longue,
20:09qu'il va y avoir des dépouillements,
20:11qu'il y a énormément d'équipes de chaque côté,
20:13des scrutateurs, des observateurs,
20:15et que, si ça se trouve, c'est pas dans les heures,
20:18mais dans les jours qui viennent qu'on aura le résultat définitif ?
20:22C'est un facteur d'inquiétude.
20:24Il faudrait une sorte d'alignement des planètes miraculeux
20:27pour qu'un résultat net nous prémunisse
20:31d'un tumulte qui pourrait durer des jours, voire des semaines.
20:35Pour moi, le scénario le plus problématique,
20:37c'est celui d'une victoire extrêmement étriquée
20:40de Kamala Harris, qui, évidemment, alimenterait
20:43toute la thèse et tous les fantasmes de fraude
20:45du camp républicain.
20:47Vous avez déjà des réseaux, au niveau des Proud Boys,
20:50par exemple, les Mecs Fiers, ça fait partie de cette base
20:54qui, via les chaînes Telegram, via d'autres réseaux sociaux,
20:59ont déjà préparé un dispositif de riposte.
21:01Elon Musk a joué un rôle en relayant des théories du complot
21:05sur les fraudes avec une fonction spécifique sur son réseau X.
21:08Il est au moins aussi dangereux que Donald Trump
21:11pour la démocratie américaine et mondiale,
21:13puisqu'effectivement, il a été le véhicule
21:16de théories conspirationnistes
21:18et il a également laissé prospérer,
21:21sur X, des thèses absolument démentes.
21:25Donc, je pense qu'il faut être très attentif
21:29à ce qui va se jouer dans les jours qui viennent,
21:32sauf, encore une fois, résultat clair et net,
21:36mais ça ne me semble pas en prendre le chemin.
21:38Isabelle Lasserre, les bureaux de vote
21:41sont surveillés de très près,
21:43Washington est complètement barricadé,
21:45il y a même des drones, des tireurs d'élite,
21:48tous les sites sensibles, Capitole, la Maison-Blanche,
21:51sont grillagés.
21:52Le risque, c'est la violence.
21:55Vous avez deux Américains sur trois
21:57dans les enquêtes qui redoutent que le pays ne bascule
22:00dans la violence, avec même le mot de guerre civile
22:03qui est prononcé.
22:04Bien sûr. Déjà, la plupart des Américains sont armés,
22:08donc c'est un prérequis assez intéressant
22:10dans une ambiance de pré-guerre civile,
22:12Myriam, comme le notier.
22:14Alors, bien évidemment, parce que ça fait quatre ans
22:17qu'une partie des Républicains vit dans l'idée
22:20que la victoire précédente leur a été volée.
22:24Ca fait quatre ans.
22:25Et ça fait quatre ans que Donald Trump
22:27et ses réseaux de désinformation
22:31ont créé, en fait, une réalité parallèle,
22:33une réalité virtuelle
22:35qui, en fait, révise l'histoire électorale
22:38récente du pays.
22:39Donc, bien évidemment, ces gens sont dans un objectif
22:43de vengeance. Et comme Donald Trump a dit
22:45à plusieurs reprises qu'il avait déjà gagné
22:48et qu'il était logique qu'il gagne,
22:50parce que ses électeurs étaient plus nombreux,
22:52on peut s'attendre à tout si, d'aventure,
22:55Kamala Harris arrive devant lui.
22:57Les images du 6 janvier sur le Capitole
22:59sont encore vives dans les esprits.
23:01Les partisans, le coeur, les magas,
23:03sont vraiment engagés
23:06dans une volonté de revanche et de vengeance.
23:09S'ils perdent, ils vont avoir le sentiment
23:14que l'élection leur a été volée une deuxième fois
23:16et qu'il faut pas la rejouer dans la rue.
23:19Je vous donne le mot de la fin.
23:20Vous redoutez la violence ?
23:22Oui, le Donald Trump de 2024
23:24n'est pas le Donald Trump de 2016 ou de 2020.
23:27Il est pire. Il est effectivement mu
23:29par la hargne et l'appétit de vengeance.
23:32Et je redoute, effectivement,
23:34qu'il ait tellement enflammé la psyché de sa base
23:39qu'il sera très dur de réfréner ses élans dévastateurs.
23:44Merci beaucoup. Merci d'être venu
23:46dans ces dernières heures de campagne.
23:48Merci infiniment à Richard Verli,
23:50très belle nuit américaine depuis la Floride.
23:53Elle va être longue.
23:54C'est sûr. Bon courage.
23:56Qui veut suivre, état par état, l'arrivée des résultats,
23:59rendez-vous sur LCP Nuit américaine
24:03avec, comme partenaire, France 24,
24:05la RTBF et la RTS.
24:07Merci beaucoup.
24:09On va revenir à présent en France
24:11pour s'arrêter sur l'autre grande actualité du jour,
24:14les faillites qui reviennent et les plans sociaux en série.
24:1766 000 défaillances de PME l'année dernière
24:20et deux grands groupes qui y créent la surprise ce matin,
24:23le distributeur Auchan et l'équipementier automobile Michelin,
24:27annoncent à eux deux plus de 3600 suppressions d'emplois.
24:30Comment en est-on arrivé là ?
24:31Que peut le gouvernement avant d'accueillir mes invités ?
24:35Le récap' de Valérie Brochard.
24:46Bonsoir, Valérie.
24:48Bonsoir, Myriam.
24:49Les groupes Auchan et Michelin annoncent
24:51des milliers de licenciements.
24:53Ces deux entreprises en difficulté ont annoncé
24:55aujourd'hui vouloir limoger massivement leurs salariés.
24:59On parle de 2 389 emplois supprimés
25:03chez Auchan et 1 254 chez Michelin.
25:06Un plan social d'ampleur que la direction du groupe Auchan
25:10a rebaptisé plan de retour à la croissance en France,
25:13qui prévoit notamment la fermeture de 10 super- et hypermarchés.
25:17Dans un communiqué de presse diffusé ce matin,
25:20la direction d'Auchan assure que cette phase de reconquête
25:23va permettre de baisser ses coûts et simplifier son organisation.
25:27Des mots qui ne rassurent pas les salariés, loin de là.
25:30-"C'est catastrophique.
25:32Ca va laisser beaucoup, beaucoup de salariés
25:36dans la difficulté, de familles.
25:39Et c'est... Non, c'est vraiment...
25:42C'est choquant. Scandale."
25:45-"Très brutal. On reste sous choc."
25:48On avait une petite idée de ce qui allait se passer,
25:51parce qu'on voit les résultats, on n'est pas non plus aveugles,
25:55mais très, très sous choc. Pas d'autres mots.
25:58Sur le marché de la distribution,
26:00Auchan n'arrive qu'en cinquième position.
26:02Le groupe a perdu 1 milliard d'euros sur les 6 premiers mois de l'année.
26:06Ses ventes ont reculé de presque 2 % en 2023,
26:09depuis la crise du Covid.
26:11La situation du distributeur se dégrade
26:13quand ses concurrents, comme Leclerc ou Intermarché,
26:16ont surfé sur l'inflation alimentaire
26:18pour engranger plus de profits.
26:20Le syndicat Force ouvrière, l'entreprise Auchan,
26:22souffre surtout d'un grave problème d'instabilité.
26:25-"On pense qu'il y a des mauvaises stratégies
26:28qui ont été mises en place, dénoncées depuis des années.
26:31On a changé de direction nationale
26:33maintes et maintes fois depuis plusieurs années,
26:35tous les ans ou tous les 18 mois,
26:37et il n'y a aucune stratégie dans la longueur
26:42qui est mise en place."
26:44-"Chez Michelin, le problème viendrait d'ailleurs
26:46notamment de la concurrence internationale.
26:49Le déclin des venteurs de pneus en provenance de Chine
26:52et l'érosion de la compétitivité européenne
26:54seraient responsables de la situation,
26:56mais le résultat est le même,
26:58des fermetures d'usines et des salariés dévastés."
27:01-"A Vannes, ici, les employés ont fait beaucoup pour Michelin.
27:05Enorme. Voilà la récompense.
27:09J'ai failli perdre ma fille à maison.
27:15Et maintenant, c'est la fermeture.
27:19Très dur."
27:20-"Une crise dont se sont saisis les députés cet après-midi.
27:23Dans l'hémicycle, pas moins de 4 questions
27:26ont été posées au gouvernement.
27:27Ecologistes, socialistes, horizons et communistes
27:30ont porté dans l'Assemblée nationale la détresse des salariés,
27:34entendue par le Premier ministre."
27:36-"Je suis en désaccord avec cette décision,
27:39naturellement, je veux le dire,
27:41et j'ai pour la même sentiment que vous.
27:43Je le regrette, cette décision qui touche Cholet et Vannes.
27:46Nous sommes en solidarité.
27:48Nous serons en exigeant de ce groupe, comme du groupe Auchan,
27:51de travailler avec le tissu local, les élus locaux,
27:54les syndicats, le patronat local,
27:56les chambres de commerce,
27:58de mettre en moyenne ensemble tous les outils dont nous disposons
28:01pour accompagner individuellement chacun des salariés
28:04et accompagner ces territoires dans la possibilité de reconversion.
28:08Ca a été fait ailleurs. Ca doit être fait là aussi."
28:11-"Voilà pour le pansement et pour le traitement de fonds.
28:14Le gouvernement promet un plan de réindustrialisation
28:17qui serait, d'après Michel Barnier,
28:19la priorité absolue du gouvernement."
28:21Merci beaucoup. Merci, Valérie Brochard,
28:24pour l'exposé des faits.
28:27Je vous présente mes invités pour en débattre,
28:30de ces défaillances d'entreprise et de ces plans sociaux en série.
28:33Anne Le Hénanf, bonsoir.
28:35Merci d'être là. Vous êtes députée
28:37au Rizon du Morbihan.
28:39L'useline Michelin de Vannes, qui va fermer,
28:41est dans votre circonscription.
28:43300 emplois en moins d'ici 2026.
28:45Vous nous direz comment vous allez accompagner les salariés.
28:48Face à vous, Aurélie Trouvé, bonsoir.
28:51Merci d'être là. Présidente de la France insoumise
28:54de la Commission des affaires économiques
28:56à l'Assemblée nationale. Bonsoir, Michel Picon.
28:59Bienvenue à vous.
29:00Vous représentez les TPE, les très petites entreprises.
29:03Vous êtes le premier vice-président de l'UDEP,
29:06l'Union des entreprises de proximité.
29:08Bonsoir, Denis Ferrand.
29:09Bienvenue à vous, économiste et directeur général
29:12de l'Institut Rex & Code.
29:14Je vais commencer avec vous, Anne Le Hénance.
29:16Déjà, est-ce que les salariés, on le sait,
29:19ont appris la nouvelle dans la presse, et vous ?
29:21Est-ce que vous saviez, tout simplement,
29:24que le site de Vannes Michelin était menacé ?
29:26Est-ce que les dirigeants vous avaient laissé entendre
29:29quelque chose, ou même prévenu, honnêtement ?
29:32Oui, on peut le dire.
29:34Moi, j'ai bien sûr découvert la nouvelle ce matin,
29:39alors que j'étais dans le train en direction vers Paris,
29:42et Michelin a pris la peine de m'appeler,
29:44je les remercie, pendant mon trajet,
29:47et par ailleurs, j'ai eu également le cabinet du ministre
29:51qui m'en a informé également.
29:53J'étais en échange depuis plusieurs semaines
29:56avec la directrice, madame Nettodea.
29:58Plusieurs options se présentaient.
30:00Jusqu'à la dernière minute, nous avons eu espoir.
30:03Les dirigeants disent qu'ils ont tout fait pour éviter...
30:06Il y avait trois options sur la table.
30:08Elle m'en avait parlé il y a trois ou quatre semaines,
30:11avec l'espoir qu'on puisse continuer à faire fonctionner
30:14l'usine, qu'on réoriente...
30:16Vous avez parlé aux salariés, les 300 internés ?
30:18On sait que déjà à Cholet, le préavis de grève est déposé.
30:22Ils sont très en colère, on les a beaucoup entendus.
30:24Comment vont-ils ? Ils encaissent ?
30:26Alors, ce que j'ai pu échanger avec madame Nettodea,
30:31la directrice du site de Vannes, cet après-midi,
30:34et le maire de Vannes, c'est le mot qu'il a utilisé,
30:37c'est beaucoup de tristesse.
30:39C'est pratiquement une relation filiale
30:43entre la commune et ce site industriel.
30:45Elle fait partie, l'usine Michelin,
30:48de la vie et de l'histoire de la ville de Vannes.
30:51Ils sont là depuis plus de 60 ans.
30:53On a fêté le 60e anniversaire de leur présence sur la ville
30:56l'année dernière.
30:57C'est une relation vraiment intime
31:00entre le territoire et Michelin et les salariés.
31:02Ce sont des Vannetais, des gens qui habitent dans le bassin.
31:06Ce sont des ouvriers très qualifiés.
31:08C'est pas simple ce qu'ils fabriquent.
31:10On est sur une industrie, je dirais, pas de pointe,
31:13mais de haute technique.
31:14En général, quand on a de l'industrie,
31:16qu'on essaie de réindustrialiser,
31:18c'est pour avoir de la valeur ajoutée.
31:20Vous comprenez les arguments sur la compétitivité,
31:23le prix d'énergie, la concurrence chinoise et asiatique ?
31:26Je viens du monde de l'entreprise, j'ai été cadre dans une entreprise.
31:30Jusqu'au bout, on a souhaité que cette compétitivité
31:34puisse faire face aux difficultés qu'ils rencontrent,
31:37mais ça n'a pas été le cas.
31:38C'est un groupe qui va plutôt bien.
31:40J'ai regardé les chiffres.
31:423,5 milliards d'euros, je parle de Michelin,
31:45de chiffre d'affaires, pour 2 milliards de bénéfices.
31:48Michelin aurait les trouvés, doit s'adapter.
31:50C'est le grand mot à la concurrence internationale
31:53pour rester compétitif.
31:54La faute à la mauvaise gestion ou à la conjoncture, pour vous ?
31:58D'abord, je crois qu'il faut replacer dans le contexte,
32:01je le dis de manière un peu grave,
32:03nous sommes aujourd'hui dans une...
32:05Nous rentrons dans une forme de chaos économique,
32:08dans le sens où nous avons un retournement très important,
32:12avec des annonces, des prévisions de suppression d'emploi,
32:16d'après l'OFCE, 143 000 suppressions nettes d'emploi
32:20l'année prochaine.
32:21Si le budget, tel qu'il est pensé par le gouvernement Barnier,
32:24notamment sur le coût du travail, est appliqué,
32:27c'est pas de la situation économique actuelle,
32:30c'est des conséquences budgétaires.
32:32Vous avez tout à fait raison,
32:33c'est du fait notamment de l'austérité budgétaire prévue,
32:37mais pas seulement.
32:38Nous atteignons un triste record
32:41de défaillance des entreprises,
32:44et notamment des PME.
32:45On a une surproduction chinoise,
32:48notamment dans l'industrie automobile,
32:50mais pas que. Et je le dis ici pourquoi.
32:52Moi, c'est ce qui m'intéresse, c'est pourquoi.
32:55D'abord, je crois qu'on fait les frais, aujourd'hui,
32:58d'années et d'années de politique libérale
33:01des gouvernements successifs,
33:03avec, et pas seulement France,
33:05mais les gouvernements européens,
33:07par exemple sur l'automobile.
33:08Il y a eu beaucoup d'aides. C'est aussi ça
33:11qui est en jeu dans ces défaillances.
33:13Je veux dire, quand même, les gens qui se connaissent un peu
33:16dans l'industrie automobile, la première raison,
33:19c'est le fait que les Chinois ont pris des années d'avance
33:22avec les Etats-Unis, parce qu'ils ont planifié,
33:25versé des aides massives et ciblées,
33:27tandis que nous, on déversait des milliards d'aides
33:30aux entreprises non ciblées, non planifiées, sans contrepartie.
33:34C'est la politique de l'offre d'Emmanuel Macron.
33:36Deuxième raison, nous n'avons pas de protection suffisante
33:40ni aux frontières européennes, ni aux françaises,
33:42parce que c'est aux frontières européennes
33:45qu'on est censé protéger les entreprises et les salariés.
33:48Or, vous regardez sur l'industrie automobile,
33:50les Etats-Unis se protègent avec des droits de douane
33:53supérieurs à 100 %, d'accord ?
33:55Et nous, on atteint, bon gré mal gré,
33:57les 35 % de droits de douane et encore sur les véhicules,
34:00pas sur le reste des composants,
34:02et c'est ce qui concerne l'équipementier Michelin.
34:05Ce que je voudrais vous dire, c'est que ce n'est pas seulement Michelin.
34:09C'est Valeo, un autre équipementier,
34:11Stellantis, qui annonce des suppressions massives d'emplois.
34:14Il y a aussi une responsabilité des grands groupes.
34:17Ce sont des grands groupes qui déversent des profits
34:20souvent en forte augmentation.
34:22Les dividendes, depuis 2-3 ans, ont fortement augmenté.
34:25Il s'agit de restructuration pour financer les dividendes
34:29des actionnaires plutôt que des salariés ?
34:31Il y a une question énergétique qui est plus forte en Europe
34:34que, par exemple, aux Etats-Unis.
34:36Il y a un problème aujourd'hui de démocratie dans les entreprises.
34:40Et nous, le nouveau Front populaire, ce que nous portons,
34:43c'est, par exemple, qu'il y ait des droits de véto
34:46ou un pouvoir bien supérieur des représentants de salariés
34:49pour éviter, par exemple, les délocalisations
34:52et faire en sorte que les bénéfices des entreprises
34:55ne soient pas de plus en plus vers les actionnaires,
34:58de moins en moins vers les salariés,
35:00mais aussi vers l'investissement productif.
35:02Il y a quand même un coût de l'énergie
35:04qui a augmenté plus en Europe et pour la France.
35:07C'est les raisons par demi.
35:09Dans la niche de la France insoumise,
35:11nous proposons, j'espère qu'elle sera votée
35:13à une majorité à l'Assemblée, fin novembre,
35:16une proposition de loi pour bloquer les prix de l'énergie,
35:19y compris dans les entreprises.
35:21Oui, les entreprises ont aussi trinqué,
35:23et en particulier les sous-traitants,
35:25les PME et TPE, ont eu énormément de difficultés
35:28avec des prix de l'énergie qui ont explosé.
35:30Et le quoi qu'il en coûte qui, d'un coup, se retire.
35:33Et donc, peut-être que ça a aussi un effet.
35:36Je voudrais comprendre ce qui se passe
35:38au niveau macroéconomique dans le pays.
35:40On a l'impression qu'on a retiré un couvercle
35:42et que d'un coup, on a les petites entreprises
35:45qui mettent la clé sous la porte,
35:47les grands groupes qui n'arrivent plus à être compétitifs,
35:50notamment à cause du prix de l'énergie.
35:52Ils ont eu un problème d'inflation,
35:54les Américains aussi, une très forte inflation.
35:57Ca ne s'explique que par encore plus d'inflation chez nous
36:00ou c'est plus compliqué que ça ?
36:01Oui, c'est plus compliqué que ça.
36:03Il y a eu de l'inflation aux Etats-Unis,
36:06il y a eu un choc de prix de l'énergie
36:08qui a été massif et qui a été beaucoup plus important
36:10dans l'Europe que dans les Etats-Unis ou la Chine.
36:13Pourquoi ? Parce que ce choc de prix de l'énergie
36:16n'est pas passé par le pétrole, qui est un prix mondial,
36:19il est passé par le prix du gaz,
36:20qui est régional et qui a beaucoup plus pesé sur l'Europe
36:23qu'il n'a pesé sur les Etats-Unis ou la Chine.
36:26On a emprunté le gaz américain en se prévenant du gaz russe,
36:29c'était bon marché.
36:30On l'a substitué par du gaz venant des Etats-Unis,
36:33qui coûte plus cher, du gaz venant du Qatar.
36:36Il a fallu substituer des sources d'approvisionnement.
36:39Vous avez aussi plus largement une économie européenne
36:42et en particulier une industrie européenne
36:44qui se trouve prise en étau entre deux stratégies très claires.
36:48Une stratégie d'attaque par la baisse des prix,
36:50et ça, c'est le cas de la Chine,
36:52il faut avoir à l'esprit qu'en trois ans,
36:56en trois ans, simplement, l'écart d'évolution de prix
36:59sorti d'usine entre la Chine et la zone euro,
37:01c'est 20 points d'écart d'évolution de prix.
37:04Ca vous rebascule à une vitesse absolument incroyable
37:07les enjeux, les paramètres de la compétitivité.
37:09C'est la première branche de l'étau, la branche chinoise,
37:12une attaque par les prix, une attaque de surcompétitivité.
37:16C'est classique.
37:17Pourquoi les Chinois le font-ils ?
37:19Ils n'ont pas de demande à l'intérieur.
37:21La Chine a une économie fragilisée sur le plan interne.
37:24Ils mettent le paquet sur les exportations par les prix.
37:27Tout à fait.
37:28La deuxième branche de l'étau, c'est ce qui vient des Etats-Unis.
37:32En réalité, Chine et Etats-Unis
37:34sont embarqués dans une course à l'hégémonie industrielle.
37:37La politique, c'est pas une politique par le prix,
37:39mais par l'attractivité de l'investissement.
37:42C'est le dispositif Inflation Reduction Act.
37:44C'est les aides massives d'investissement
37:47d'argent public dans l'économie industrielle.
37:49Ils viennent siphonner une partie de l'investissement
37:52qui se faisait en Europe.
37:53Jusqu'à présent, quand vous regardez jusqu'à mi-2023,
37:57la progression de l'investissement des entreprises en France
38:00suivait exactement la même progression
38:02que celle que l'on observait aux Etats-Unis.
38:05Si on part de 2017 à 2023, vous avez la même progression.
38:08Les Chinois nous attaquent sur les prix par la main de bon marché
38:12et les Américains soutiennent très fortement leur industrie
38:15et se protègent aux frontières pas comme nous.
38:18Michel Picon, qu'est-ce qu'on constate
38:20dans les petites entreprises ?
38:2166 000. Quand on regarde le graphique,
38:24je sais pas si on l'a préparé, il était dans le Parisien,
38:27on fait entre 2 020 et 28 000 défaillances d'entreprises.
38:30Il y avait le quoi qu'il en coûte, les protections du Covid.
38:33Elle fait comme ça, la courbe. On arrive à 66 000.
38:36La voilà.
38:37Absolument, et 84 % de ces défaillances
38:40sont des défaillances de petites entreprises
38:42qui maillent le territoire.
38:4490 % du tissu économique
38:47dans le territoire national
38:49est le produit de petites entreprises
38:52et aujourd'hui, elles sont extrêmement fragiles.
38:55Elles ont subi la crise sanitaire
38:57avec un endettement lié au PGE
39:00qu'elles doivent rembourser.
39:02Le prêt garanti par l'Etat,
39:03qu'il faut rembourser, c'est maintenant ?
39:05Je dois dire, je veux saluer les efforts considérables
39:08qu'elles font pour rembourser,
39:10puisque le taux de défaillance sur le plan national est de 4 %
39:13dans les zones, dans les territoires.
39:16En Bretagne, notamment, c'est moins de 2 %
39:19de défaillances de remboursement du PGE.
39:21Elles remboursent ça, mais elles ont pris la crise de l'énergie
39:25avec un certain nombre d'aides de l'Etat, c'est vrai.
39:28Le bouclier tarifaire.
39:29Quoi qu'il en soit, le coût de l'énergie
39:32dans la production d'un boulanger,
39:34d'un boucher, d'un garage automobile,
39:37il a fait fois deux, même aujourd'hui.
39:40C'est la fin des aides qui crée ce choc.
39:42Oui, bien sûr. Ensuite, après,
39:44l'augmentation du coût des matières premières,
39:46avec une incapacité à répercuter dans le prix.
39:49Souvent, on est en bout de chaîne des grands groupes.
39:52Quand les grands groupes serrent les vis,
39:54ils les serrent à leurs sous-traitants,
39:56aux petites entreprises.
39:57Et puis, moi, ce que je voudrais dire...
40:00C'est terrible pour les gens qui ont perdu leur emploi,
40:03aujourd'hui, chez Michelin, chez Auchan.
40:05Moi, je voudrais, et je suis là pour le rappeler,
40:102 000 salariés perdent leur emploi
40:12dans les petites entreprises toutes les semaines.
40:15Personne n'en parle.
40:17500 petits chefs d'entreprises,
40:19commerces de vêtements, agences immobilières,
40:21esthéticiennes, salons de coiffure, pharmacies,
40:24trois pharmacies qui ferment par semaine.
40:27Personne n'en parle.
40:28Et moi, je dis, attention, la casse va être terrible.
40:31On n'en parlera pas.
40:32On n'en parlera pas aux 20h, mais...
40:34-...pour comprendre.
40:36Après, il y a les décideurs, les législateurs que vous êtes,
40:39qui devaient proposer des solutions
40:41dans une période très difficile budgétaire,
40:43à l'Assemblée.
40:45Ces licenciements, ces plans sociaux
40:47se sont invités aux questions au gouvernement.
40:49Le président communiste André Chassengne,
40:52suivi de Michel Barnier, le Premier ministre,
40:54qui lui répond.
40:56-"Auchan, et ses 33 milliards d'euros de chiffre d'affaires,
40:59a déjà supprimé 2 000 emplois en 2020,
41:02tout en touchant 500 millions d'euros de CICE.
41:06Michelin, qui a versé, en 2024,
41:091,4 milliard d'euros à ses actionnaires,
41:12a touché lui aussi des dizaines de millions d'euros d'aides publiques.
41:16A quoi ont-elles servi,
41:18sinon à détruire l'emploi sur le territoire national ?"
41:22J'ai le souci de savoir ce qu'on a fait
41:24dans ces groupes de l'argent public qu'on leur a donné.
41:27Je veux le savoir.
41:28Applaudissements
41:31...
41:33Donc, nous allons poser des questions
41:36et nous verrons si cet argent a été bien ou mal utilisé.
41:40-"Aurélie Trouvé", elle vous surprend la réponse de Barnier,
41:43qui a l'air de dire que c'est une bonne question,
41:46où est allé l'argent ?
41:47Quand on entend M.Pigon,
41:49pour survivre, pour faire tourner la boutique,
41:52ce sont des aides de l'Etat qui, pendant le Covid,
41:54étaient forcément prêtes.
41:57On a une puissance publique qui verse,
41:59à l'estimation, 170 milliards d'aides publiques par an.
42:03Vous rebonnez sur l'ensemble de la politique
42:05des aides aux entreprises.
42:07Il faudrait peut-être qu'on sache ce qu'on en fait,
42:10alors qu'il est en train d'annoncer une austérité budgétaire drastique.
42:14On est où ?
42:15Là, il y a un problème de responsabilité des gouvernements.
42:18Le problème, c'est que le gouvernement
42:20va faire l'inverse de ce qu'il faudrait.
42:23C'est bien pour ça que l'OFCE dit
42:25que si le plan Barnier d'austérité est mis en place,
42:29il y aura 143 000 suppressions d'emplois.
42:31Net, je dis.
42:33Voilà. En comptant les créations.
42:36Pourquoi c'est l'inverse ?
42:38Parce que ça va plomber la demande populaire.
42:40Or, le premier problème, y compris de l'artisan boulanger,
42:43c'est la demande populaire, qu'on lui achète sa baguette,
42:46qu'il puisse vendre son bouquet de fleurs.
42:49C'est le premier problème.
42:50Deuxième problème, il va détruire, avec l'austérité budgétaire,
42:54notamment la formation.
42:55Sur quoi ont misé les Chinois ? Ils ont bien raison.
42:58C'est sur une formation de pointe.
43:00Aujourd'hui, le problème, y compris en Chine,
43:02on a des ouvriers ultra et bien qualifiés.
43:05Il faut, heureusement et j'espère, qu'en Europe, on suive le rythme.
43:09On va laisser la majorité vous répondre.
43:11C'est ce qu'a vu la coalition au pouvoir.
43:13Par ailleurs, l'école publique...
43:15Dans ce que vous dites, il y a trois sujets.
43:18Le premier sujet, qui est la politique de l'offre,
43:21c'est-à-dire le soutien massif aux entreprises,
43:23par des aides d'Etat,
43:24ça a commencé sous François Hollande,
43:27ça a été poursuivi par Emmanuel Macron.
43:29Puis, il y a les aides Covid.
43:31Vous en parlez bien, M. Picon,
43:32vous ne les remettez pas toutes en cause.
43:35Il faut les aider.
43:36Et puis, il y a le budget qui arrive et qui revient,
43:39d'une certaine façon, sur cette politique de l'offre initiale.
43:42Aurélie Trouvé vous dit
43:44que vous allez aggraver la situation économique.
43:47C'est vrai que l'OFCE, c'est un organisme d'économistes,
43:50d'experts, qui vous dit
43:51qu'il faut faire attention aux destructions d'emplois.
43:54Qu'est-ce que vous répondez ?
43:56Je reviens sur l'intervention de M. Barnier.
43:58Il n'était pas là, Premier ministre,
44:01quand les décisions étaient prises de bouclier tarifaire.
44:04Il est en responsabilité.
44:05Il n'a pas pris ses décisions, c'est tout à fait normal.
44:08Ca ne me choque pas qu'aujourd'hui, ils disent...
44:11Les Républicains ont voté pour ces aides.
44:14Je vais vérifier et voir ce qu'ils en ont fait.
44:16Je voudrais citer deux exemples.
44:18Parce qu'ici, on n'a pas...
44:20À part avec vous, un petit peu, monsieur,
44:22le mot de compétitivité.
44:24Les entreprises ont besoin d'être compétitives.
44:27Je vais vous citer deux exemples du PLF 2025,
44:31le projet de loi de finances qu'on est en train d'étudier.
44:34Je vais vous citer deux amendements
44:36qui ont été portés par NFP,
44:40soutenus, pour l'un d'entre eux, par RN.
44:42Le premier, la contribution exceptionnelle
44:44des grandes entreprises.
44:46Nous souhaitions, effectivement,
44:48que les grandes entreprises de plus d'un milliard d'euros
44:51puissent contribuer à l'effort collectif de la nation
44:54pour rétablir les comptes publics, ce qui est normal.
44:57Tous les Français vont y participer,
44:59dont les entreprises, notamment.
45:01La gauche les a votées, même pérennisées,
45:03ces hausses d'impôt.
45:04C'est justement ça.
45:05C'est que, effectivement,
45:07cette contribution des grandes entreprises,
45:10nous la voulons ciblée et ponctuelle.
45:12Le groupe NFP, dans un amendement
45:17qui a été adopté, veut le pérenniser,
45:20c'est-à-dire toute l'année, tout le temps.
45:22Et non seulement le pérenniser,
45:25mais le tripler.
45:27C'est absolument intenable, économiquement,
45:30pour une entreprise, et Michelin est concernée,
45:33et Auchan est concernée,
45:34car ils ont plus qu'un milliard d'euros de chiffre d'affaires.
45:37C'est le climat d'incertitude fiscale
45:39dans lequel vous mettez vos yémens.
45:41Ca nuit à la compétitivité.
45:43Ca nuit à la compétitivité,
45:45et ça va se traduire par des licenciements, c'est clair.
45:48Deuxièmement, un amendement qui concerne,
45:52je dirais, la cotisation sur la valeur ajoutée,
45:56la participation sur la valeur ajoutée,
45:59produite par les entreprises.
46:00La CVAE, on l'appelle.
46:02La CVAE, tout à fait.
46:03Eh bien, nous avons proposé,
46:05le gouvernement a proposé
46:07de décaler de trois ans cette suppression.
46:11Eh bien, NFP, avec l'aide de RN,
46:13puisqu'ensemble, ils ont voté cet amendement,
46:16propose non pas de le décaler dans trois ans,
46:20c'est de le supprimer définitivement.
46:22Donc, eh bien, de la même manière,
46:25ça charge les entreprises.
46:27Ca charge les entreprises.
46:29Qu'on les charge de façon ciblée ou de façon pérenne,
46:32ça charge. Les entreprises voient ce signal-là.
46:35Il faut trouver de l'argent, il y a des déficits.
46:37Qu'est-ce que dit le conjoncturiste, l'économiste ?
46:41A quoi peut-on s'attendre ?
46:42Dans quoi on est en train de rentrer ?
46:44On n'a même pas encore ce budget mis en oeuvre,
46:47qui va être dur pour les particuliers
46:49et les entreprises, d'un point de vue fiscal.
46:51Ca va déjà très mal.
46:53C'est vrai qu'il y a le mot d'instabilité
46:55que vous évoquez, c'est important,
46:57parce qu'on voit qu'il y a les destructions d'emplois,
47:00et vous avez parlé d'emplois nets.
47:02C'est très important de réfléchir en net
47:05entre ce qui se crée et ce qui se perd.
47:07Là, les pertes, on les voit.
47:09Ce que l'on ne voit pas, c'est ce qui ne se crée pas.
47:11Et ce que l'on voit actuellement,
47:13on interroge chaque trimestre à peu près 1 000 patrons de PME
47:17et on leur demande, face à la situation économique,
47:20face à la situation politique, comment vous réagissez ?
47:23Est-ce que vous maintenez ? Est-ce que vous supprimez ?
47:26Reportez-vous vos projets d'investissement,
47:28vos projets d'embauche ?
47:30On a vu une montée extrêmement importante
47:32de la proportion de chefs d'entreprise qui déclarent...
47:35-"Le pied sur le frein".
47:37On est dans une incertitude qui est extrêmement forte
47:40et qui participe de ce recul...
47:42-...mais en toute objectivité d'experts,
47:44ce budget tel qu'il est ficelé, de toute façon,
47:47il sera sans doute transformé.
47:49On attend de voir s'il y a un 49-3
47:51et quelles sont les mesures retenues.
47:53Il y a plus d'impôts pour les entreprises.
47:55Ce budget, il va accélérer, on va dire,
47:57cette crise économique ou pas ?
47:59On parle de budget d'austérité
48:01et même de récession, de spirale austéritaire.
48:04Vous voyez ça ou pas ?
48:05Dans la manière dont il a été conçu, ce budget,
48:08il y a eu une recherche de la minimisation
48:10de l'impact économique,
48:12mais c'est un montant de 60 milliards,
48:1460 milliards des forces structurelles.
48:17Donc, c'est les modalités d'application
48:20de cette quête de 60 milliards d'économies budgétaires,
48:24les modalités, ils ont essayé d'en minimiser l'impact économique,
48:27mais quand vous retirez 60 milliards,
48:29vous ne pouvez pas ne pas avoir d'impact immédiat.
48:32La question, c'est de savoir si on peut faire autrement,
48:35avec six points de déficit public chaque année,
48:38sachant que cette dette que l'on accumule,
48:40qui est la contrepartie de ce déficit,
48:43n'a pas en face d'elle une formation d'actifs.
48:45On ne crée pas des actifs nouveaux
48:47avec la dette qu'on a en train d'accumuler.
48:49Vous pouvez vous endetter
48:51parce que vous faites des choix d'investissement,
48:54parce que vous vous dotez d'un appareil de production
48:57qui va donner les conditions du remboursement de cette dette.
49:00C'est pas le cas. On a un déficit
49:02qui n'est pas consubstantiel de fabrication d'actifs.
49:05Concrètement, sur le terrain, Michel Picon,
49:07il y a un climat. On voit bien les difficultés
49:09liées au retrait, à l'arrêt des aides Covid,
49:12mais il y a un climat d'incertitude.
49:14La croissance est à taune,
49:16il y a des impôts qui vont arriver.
49:18Est-ce que vous, vous vous dites, dans les petites entreprises,
49:21déjà, on met le frein sur l'embauche,
49:23voire on va déjà se séparer de salariés ?
49:26Bien sûr, bien sûr.
49:28Il y a deux choses que je voudrais dire.
49:30Vous savez, dans une entreprise, même une petite entreprise,
49:33lorsque ça va mal, lorsque vous êtes en perte,
49:36lorsque vous avez des dépenses plus fortes que vos recettes,
49:39la première chose que vous faites, c'est de réduire vos dépenses.
49:43Et ça, j'ai pas l'impression, tout de même,
49:45qu'aujourd'hui, l'Etat s'est attaqué à ce sujet.
49:48C'est plus facile d'augmenter ses recettes,
49:50d'augmenter ses prix, sauf que dans le monde de l'entreprise,
49:54vos clients, ils vous suivent pas toujours.
49:56Là, les clients, ils sont obligés de subir.
49:59Donc, ce point-là, tout de même, pour moi,
50:01c'est un point de désaccord,
50:03parce que les recherches d'économie
50:05sur le fonctionnement de l'Etat,
50:07elles sont pas trop lisibles.
50:08Premier point.
50:10Deuxième point que je voudrais évoquer avec vous,
50:12c'est qu'il y a la fiscalité,
50:14ce que vous venez d'évoquer, madame la députée,
50:17mais moi, je voudrais dire qu'on s'attaque
50:19aux exonérations de charges.
50:21Quand on parle des exonérations de charges,
50:23c'est un sujet, mais les exonérations de charges...
50:26C'est ce qu'on appelle le coût du travail.
50:28On a baissé le coût du travail depuis des années.
50:31...d'Emmanuel Macron, de la majorité horizon,
50:33notamment d'Edouard Philippe, en allégeant les charges.
50:36On va les remodeler sur les bas salaires.
50:39S'il y a trop d'exonérations de charges,
50:41c'est parce que le poids des charges sur le travail
50:44est excessif dans notre pays et qu'il faut trouver...
50:48Le fond du sujet, il est là.
50:50On va pouvoir bidouiller tout ce qu'on peut,
50:53diminuer la prime d'activité,
50:55on la remet, on la rabiote.
50:57Le travail coûte trop cher.
50:58...sur les allocations de logements.
51:02C'est une usine à gaz.
51:04Si on a mis des exonérations de charges,
51:06au fil du temps, c'est un micado,
51:08on ne peut plus en lever quoi que ce soit.
51:10Moi, ce que je dis, ce que nous disons,
51:13dans les entreprises, il faut revaloriser
51:15le pouvoir d'achat de nos salariés,
51:17car ça relance la consommation.
51:19Je suis d'accord.
51:20En baissant les charges ou en montant les salaires ?
51:23Il faut lever les charges qui ne sont pas contributives
51:26sur le coût du travail.
51:28Vous n'avez pas une alliée, à côté de vous, Aurélie Trouvé.
51:31La baisse du coût du travail.
51:33C'est vrai que quand on regarde les chiffres,
51:36on essaie d'être le plus neutre possible dans ce débat.
51:39Si vous combinez la baisse du coût du travail
51:41aux allégements de charges, il y a plus de compétitivité.
51:45Quand on regarde les chiffres, 7,3 % de chômage aujourd'hui,
51:48en 2024, 9,4 en 2017,
51:52quand est arrivé Emmanuel Macron au pouvoir.
51:54L'investissement étranger revient en France.
51:57C'est des données objectives.
51:59Vous ne voyez aucune vertu à cette politique de baisse
52:02du coût du travail ?
52:03Vous trouvez que ça va bien, l'investissement productif ?
52:06Je prends un peu de champ sur les années précédentes,
52:09pas aujourd'hui.
52:10Vous permettez de prendre un peu de champ.
52:13Investissement productif en Berne, productivité du travail en Berne.
52:17En ce qui concerne l'emploi,
52:18une très grande partie des emplois soi-disant créés,
52:21c'est le fait du développement de l'auto-entreprenariat
52:24et du nombre d'apprentis.
52:26Par ailleurs, on est en retournement de conjoncture,
52:29parce que même en prenant en compte cette dégradation
52:32de la qualité de l'emploi, qui masque un peu les chiffres du chômage,
52:36de toute manière, on rentre dans une nouvelle conjoncture
52:39qui est qu'il y a maintenant plus de destruction d'emploi
52:42que de création d'emploi.
52:44En gros, nous rentrons dans une situation
52:46où les conséquences de la politique de l'offre
52:49et de la politique libérale du gouvernement
52:51créent ces pleins effets désastreux,
52:53et je le dis aussi, ce sont les salariés
52:55qui trinquent en premier avec ces plans de licenciement massif,
52:59mais aussi, vous avez tout à fait raison,
53:01dans les TPE, l'artisanat, etc.
53:03Michel Barnier veut augmenter le coût du travail.
53:06J'y arrive. Par ailleurs, depuis trois ans,
53:08qu'est-ce qu'il s'est passé ?
53:10C'est pas comme si les bénéfices des grands groupes
53:13avaient diminué, mais ces bénéfices, je l'ai dit,
53:15vont de plus en plus vers les dividendes des actionnaires,
53:19Le résultat, c'est que les dividendes
53:22ont fortement augmenté depuis trois ans,
53:24pendant que les salaires ont diminué,
53:26les salaires réels, je prends en compte l'inflation,
53:29ont diminué de 3 %, donc il faut redonner
53:31quelque part du pouvoir d'achat,
53:33et certainement pas en allant rogner
53:35sur les cotisations sociales,
53:37c'est-à-dire le droit à la retraite,
53:39l'assurance maladie, sachant que les caisses
53:42de la sécurité sociale sont déjà dans le rouge.
53:44Donc, ce qu'il faut faire, c'est augmenter les salaires nets,
53:47et pour ça, augmenter le SMIC,
53:49indexer les salaires sur l'inflation,
53:51mais en aidant particulièrement les très petites,
53:54les petites entreprises.
53:56Il faut faire repartir la machine de la consommation.
53:59Il faut dialoguer avec la majorité qui va vous répondre.
54:02Et deuxième chose, blocage des prix de l'énergie,
54:04et troisième chose, protection des entreprises.
54:07Et là, il faut arrêter, il faut arrêter avec...
54:10Il faut du protectionnisme, nous n'avons plus le choix.
54:13C'est la politique commerciale globale.
54:15Anne Le Hénanff, qu'est-ce que vous répondez
54:17à un programme qui a travaillé, qui vous oppose point par point
54:21votre politique de l'offre ?
54:22Alors, moi, je suis toujours gênée de...
54:25...d'entendre, finalement,
54:28de parler de manière globale du monde de l'entreprise.
54:31Comme si les grands groupes internationaux
54:36pouvaient être comparables à des TPE, des artisans, des PME.
54:40C'est ce qui me différencie par rapport à madame qui est ici,
54:45c'est qu'il n'y a pas de point commun
54:48entre un grand groupe international
54:50qui fait plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires
54:53et une TPE, une PME, un artisan.
54:55Premièrement, ce que je souhaite souhaiter,
54:57c'est avoir des politiques différentes
55:00entre le fait qu'on s'adresse à des petites et moyennes entreprises
55:04dans nos territoires et des grands groupes internationaux.
55:07La preuve, on s'est saisi et on est prêts à les faire contribuer
55:11et participer.
55:12Sur les allégements de charges,
55:15d'ailleurs, la coalition au pouvoir,
55:18le socle commun à Talvoquet a supprimé cet article.
55:22Vous vous soutenez, Michel Barnier,
55:24sur l'idée de revenir sur les allégements de charges ?
55:27Je continue, c'était une mise au point.
55:29On ne considère pas les entreprises de la même manière.
55:32Je suis d'accord pour augmenter les salaires,
55:35il n'y a aucun souci, sauf que quand on charge le travail,
55:38on réduit le chiffre d'affaires d'une entreprise
55:40et quand on n'a pas les moyens, on n'augmente pas le salaire.
55:44On réinvestit dans l'outil productif,
55:46parce que c'est l'avenir de l'entreprise,
55:48l'outil productif. Il faut faire des choix,
55:51des arbitrages, et on choisit l'outil productif
55:54et on ne confirme pas en CDI des CDD,
55:56on met fin à des temps partiels,
55:58parce que c'est du bon sens.
55:59Le chef d'entreprise, une TPE, une PME, un artisan,
56:02il a du bon sens et quand il n'a pas les moyens,
56:05il ne dépense pas.
56:06La politique économique que vous votez sur le coût du travail,
56:10en fait, horizon est assez clair, on ne souhaite pas...
56:13On ne souhaite pas...
56:14-"Augmenter le coût du travail".
56:16-"Augmenter le coût du travail".
56:18On souhaite être vraiment, finalement,
56:20de faire de la dentelle, d'étudier au cas par cas,
56:25faire contribuer ceux qui sont les plus...
56:27les plus riches, et puis, par contre,
56:29travailler...
56:31-"Du sur mesure".
56:32-"Avec les TPE, les PME".
56:33On va s'arrêter là. Vous n'êtes pas d'accord,
56:36mais le débat ne fait que commencer,
56:38parce que la situation économique est difficile.
56:40Je vous remercie. Vous serez les bienvenus.
56:43C'est la fin de cette émission. Merci de nous avoir suivis.
56:46Pour voir où revoir, ça vous regarde,
56:48il y a le podcast et la chaîne YouTube d'LCP.
56:51C'est parti pour votre soirée documentaire.
56:54Ce soir, Iran, les visages de la colère,
56:56c'est un doc inédit.
56:57Regardez. A demain.
56:59Même mieux, ma meuf.
57:00SOUS-TITRAGE ST' 501

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