Le 30 octobre, dans le contexte d’une guerre commerciale entre la Chine et l’Union européenne, qui pourrait retomber sur le secteur du cognac, la commission des affaires économiques du Sénat auditionnait Jérôme Delford, président du Bureau national interprofessionnel de l'armagnac, Florent Morillon, président du Bureau national interprofessionnel du cognac et Anthony Brun, membre du Bureau national interprofessionnel du cognac. Ces derniers ont alerté sur l’impact que pourrait avoir la mise en place de sanctions douanières de la part de la Chine, qui constitue pour eux le deuxième plus gros marché extérieur, et le quart de leurs exportations. Ils urgent le gouvernement français à apporter une solution diplomatique afin d’empêcher la mise en place d’une telle surtaxe qui mettrait en péril les viticulteurs, agriculteurs et les entreprises de spiritueux françaises. Revivez ces échanges. Année de Production :
Category
📺
TVTranscription
00:00:00Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver pour un nouveau numéro de 100% Sénat, l'émission
00:00:14qui vous fait vivre les travaux de la Haute Assemblée.
00:00:16La filière française du cognac va-t-elle subir la guerre commerciale entre l'Union
00:00:21Européenne et la Chine ? Les Européens ont décidé de taxer plus fortement les voitures
00:00:25électriques chinoises et en réponse, la Chine a décidé d'augmenter les taxes sur
00:00:30le cognac.
00:00:31Pour en parler, les sénateurs ont entendu les représentants de la filière française
00:00:34du cognac.
00:00:35Je suis très heureuse d'accueillir ce matin pour commencer notre matinée les représentants
00:00:41du monde des spiritueux que je remercie très sincèrement de leur venue.
00:00:45Monsieur Florent Morillon, vous êtes directeur des relations viticoles et des affaires institutionnelles
00:00:53de la maison Ency et présidé le bureau national interprofessionnel du cognac.
00:01:00Vous êtes accompagné de Monsieur Anthony Brun, représentant au sein du bureau national
00:01:06interprofessionnel du cognac de la famille de la viticulture.
00:01:10Monsieur Jérôme Delors, vous êtes à la tête de la maison Armagnac Delors, implantée
00:01:16à l'Anepax dans le Gers.
00:01:18Vous êtes président du bureau national interprofessionnel de l'Armagnac.
00:01:23Et Monsieur Nicolas Ozanam, vous êtes délégué général de la fédération des exportateurs
00:01:31de vins et spiritueux qui représente plus de 550 entreprises exportatrices.
00:01:38La filière des spiritueux dont vous portez la parole est aujourd'hui dans l'inquiétude
00:01:45et le mot est faible, voire la colère et nous pouvons aisément le comprendre.
00:01:50En effet, le ministère chinois du commerce a annoncé le 8 octobre que, à compter du
00:01:5811 octobre 2024, les importations de boissons spiritueuses à base de vins originaires de
00:02:06l'Union européenne vers la Chine devront être accompagnées d'un dépôt de garantie.
00:02:12Le taux de ce dépôt de garantie est important, entre 30,6 et 39% de la valeur à l'importation.
00:02:21La mesure va principalement frapper des produits français, le cognac, l'Armagnac, mais aussi
00:02:30le calvados et quelques autres produits.
00:02:33Le danger est de taille.
00:02:35La Chine est, après les Etats-Unis, le deuxième marché d'exportation des spiritueux français
00:02:42pour un montant de 1,7 million de dollars en 2023, en comptant les volumes transitant
00:02:51par Hong Kong et Singapour.
00:02:53La Chine, c'est un peu moins de la moitié du chiffre d'affaires de la filière cognac
00:03:00et 20% de la surface du vignoble.
00:03:03La situation est d'autant plus préoccupante que le vignoble de cognac accrue de 14 500
00:03:10hectares entre 2018 et 2023, porté par une conjoncture favorable impliquant de lourds
00:03:19investissements pour les viticulteurs.
00:03:22Enfin, l'élection de Donald Trump, si elle devait advenir, pourrait rouvrir le chapitre
00:03:30des sanctions américaines, ce qui priverait alors les spiritueux français de leurs deux
00:03:36premiers marchés.
00:03:37Dans ces deux cas, et surtout dans le cas des sanctions douanières chinoises qui nous
00:03:43occupent aujourd'hui, la filière des spiritueux français est prise en otage et surtout victime
00:03:49collatérale d'un conflit qui ne la concerne pas.
00:03:53En effet, les sanctions chinoises constituent une réponse directe à la décision de l'Union
00:04:00européenne, prise le 4 octobre dernier, d'imposer une surtaxe à l'importation des véhicules
00:04:08électriques chinois.
00:04:09Si cette décision peut se comprendre au regard de la nécessaire protection de notre industrie
00:04:15automobile, à laquelle Luc Châtel, le président de la plateforme automobile, nous a sensibilisés
00:04:21il y a moins d'un mois, ce n'était peut-être pas la seule possible et elle nous entraîne
00:04:26dans un bras de fer et des sanctions successives avec la Chine.
00:04:30Sophie Primat, ministre en charge du commerce extérieur et ancienne présidente de notre
00:04:35commission, a annoncé être prête à se rendre en Chine et j'ai pu voir dans un tweet qu'elle
00:04:40a fait qu'elle se rendrait en Chine dès la semaine prochaine pour défendre les spiritueux
00:04:45français.
00:04:46Elle a aussi annoncé que la France et l'Union européenne allaient contester la mesure chinoise
00:04:52devant l'OMC, mais il n'est pas certain que le problème soit résolu à court terme.
00:04:58Ainsi, messieurs, quels sont concrètement les risques qu'engendre cette situation pour
00:05:04la filière en termes de perte de part de marché, de chiffre d'affaires et d'organisation
00:05:10du vignoble ? Dans le cas où les sanctions ne seraient pas levées à court terme, ce
00:05:16qui semble être le plus probable pour l'instant, quelles mesures de soutien attendez-vous des
00:05:22pouvoirs publics français et européens ? Existe-t-il des possibilités de report partiel
00:05:29vers d'autres marchés exports, par exemple ?
00:05:31Voici, messieurs, les quelques questions que je souhaitais vous poser à titre introductif.
00:05:37Je ne doute pas que les sénateurs de notre commission, et particulièrement peut-être
00:05:41encore plus les sénateurs des territoires qui sont directement concernés par vos filières,
00:05:47vous interrogeront. Et une fois que vous aurez pris la parole, et en vous distribuant
00:05:52la parole comme vous le souhaitez, messieurs, je céderai la parole à notre collègue Daniel
00:05:57Laurent, qui est lui-même viticulteur et président du groupe d'études Vignes et
00:06:02Vins. Et ensuite, on ouvrira plus largement les prises de parole pour l'ensemble de nos
00:06:07collègues, à qui je demanderai une fois de plus d'être concis compte tenu du timing
00:06:12qui nous est imposé et d'une audition qui commencera ensuite à 11 heures. Voilà, messieurs,
00:06:16je vous laisse la parole. Je ne sais pas qui commence. Monsieur le délégué général.
00:06:20Merci, madame la présidente. Merci de nous accueillir aujourd'hui, mesdames et messieurs
00:06:28les sénateurs, mesdames et messieurs. C'est pour nous une grande chance, et nous la prenons
00:06:33comme telle, d'avoir l'opportunité d'aborder avec vous la situation très préoccupante
00:06:38auxquelles font face aujourd'hui les acteurs des filières Cognac et Armagnac. Peut-être
00:06:44en propos liminaire, juste vous resituer quelques éléments généraux sur cette filière.
00:06:50Les vins et spiritueux, d'une manière générale, c'est 16 milliards d'euros à l'exportation,
00:06:55dont 15 milliards d'euros d'excédent. Si on se centre sur la partie des spiritueux,
00:07:02c'est 5 milliards d'euros d'exportation, c'est-à-dire grosso modo un tiers des exportations
00:07:07de la filière. Et l'export est pour cette filière un enjeu absolument incontournable.
00:07:13Il n'y a pas de futur pour cette filière des vins et spiritueux sans l'exportation.
00:07:19Et c'est encore plus criant si on s'intéresse strictement aux deux filières Cognac et Armagnac.
00:07:25La Chine est le deuxième marché à l'exportation. C'est un gros marché d'environ 800 millions
00:07:32d'euros à l'exportation, plus encore si on s'intéresse aux produits qui transitent
00:07:37par d'autres marchés, par exemple Singapour, avant d'être exportés vers la Chine.
00:07:43Vous posiez la question des alternatives. En fait, il n'y a pas d'alternative à la Chine.
00:07:50La Chine, comme les Etats-Unis, sont deux pays-continents qui ne peuvent être suppléés
00:07:58par d'autres marchés. Et donc, il est absolument déterminant de rester sur ces marchés et
00:08:05de pouvoir construire dans la durée des partenariats commerciaux et des relations avec les consommateurs
00:08:13sur ces différents marchés. Pour peut-être approfondir plus spécifiquement sur les impacts
00:08:20dans les filières régionales Cognac et Armagnac, je passe la parole à M. Morillon.
00:08:27Madame la Présidente, Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs, Mesdames et Messieurs,
00:08:33merci vraiment infiniment de nous accueillir et de nous consacrer ce temps aujourd'hui.
00:08:38Je voudrais saluer aussi nos Sénateurs et particulièrement Daniel Laurent et nos autres
00:08:45Sénateurs, mais je ne vois pas tout le monde aujourd'hui, et vraiment vous dire qu'on
00:08:49attend beaucoup de cette rencontre aujourd'hui. Et je voudrais poursuivre peut-être par quelques
00:08:55chiffres. Quelques chiffres. Cognac, c'est aujourd'hui plus de 4 000 exploitations viticoles,
00:09:02mais je laisserai mon collègue Anthony Brun vous en parler plus en détail. Quand je dis
00:09:054 000 exploitations viticoles, c'est 4 000 familles, c'est aujourd'hui 250 maisons de
00:09:12négoces, nous exportons à plus de 97% et nous sommes dans 150 pays dans le monde. 150
00:09:21pays dans le monde et puis effectivement on a des marchés plus importants, les Etats-Unis
00:09:28qui est notre premier marché, et le deuxième marché qui est la Chine et qui fait l'objet
00:09:35aujourd'hui de notre rencontre. Alors, Madame la Présidente, vous évoquiez un danger de
00:09:44taille. Effectivement, depuis le 5 janvier, la région est dans l'angoisse. Une angoisse
00:09:54qui a progressivement monté. Donc le 5 janvier, c'était la date officielle du lancement
00:10:00de cette enquête dite anti-dumping et nous avons décidé au niveau de la région de
00:10:10collaborer pleinement à cette enquête. Quand je dis collaborer, nous avions la possibilité
00:10:14de ne pas collaborer, mais comme nous n'avons strictement rien à nous reprocher, nous avons
00:10:19décidé de collaborer. Alors, collaborer, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nos
00:10:23entreprises, nos maisons, qu'elles soient grandes, petites ou moyennes, ont ouvert leurs
00:10:27portes aux autorités chinoises. Quand je dis ouvert leurs portes, c'est ouvrir les
00:10:30livres, c'est ouvrir nos ordinateurs. Et quand on parle d'enquête, on pense tous à un questionnaire
00:10:37de quelques pages. Non. Concrètement, ça a été des dizaines de milliers de pages
00:10:42qu'il a fallu fournir aux autorités chinoises. Quand je vous dis des dizaines, j'ai en tête,
00:10:48par exemple, pour la plupart des grandes maisons, c'est de l'ordre de 20 000 pages qu'il a
00:10:51fallu transmettre aux autorités chinoises, bien sûr traduites en chinois. Aujourd'hui,
00:10:55nous avons dépensé, ce n'est pas des milliers d'euros, c'est des millions d'euros. Je vous
00:11:01parle bien de millions d'euros, aujourd'hui, pour se défendre sur quelque chose dont nous
00:11:07sommes complètement innocents, un sujet qui est complètement étranger à notre filière,
00:11:16comme vous le savez. D'ailleurs, tout le monde le reconnaît aujourd'hui, que c'est une grande
00:11:21mascarade, que nous sommes pris en otage. Et on prend en otage une des dernières filières
00:11:26françaises, on va dire, qui exportent, qui ramènent des devises, qui créent de l'emploi.
00:11:34L'emploi, je voudrais juste vous donner un chiffre. Aujourd'hui, la filière cognac, c'est
00:11:38plus de 70 000 emplois directs et indirects. Et aujourd'hui, cette filière est en situation
00:11:47grave, vous l'avez dit, Madame la Présidente, parce que la Chine, c'est 25 % de notre marché,
00:11:56c'est un quart de nos expéditions. Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que ce n'est pas
00:12:00un nouveau marché. On a des traces des premières expéditions dans les années 1850. On ne
00:12:06parlait pas de véhicules électriques à l'époque, on ne parlait même pas de véhicules thermiques.
00:12:09Donc aujourd'hui, c'est de se dire, est-ce qu'on sacrifie totalement un produit comme
00:12:15le cognac ou l'armagnac, mes collègues vont en parler, pour des produits industriels
00:12:20qui sont là aujourd'hui, qui ne seront plus là demain ? Et j'espère bien que le cognac
00:12:23et l'armagnac seront encore là, après les véhicules électriques. Mais en tout cas,
00:12:28c'est tout l'enjeu aujourd'hui. Donc comme je vous le disais, on a collaboré pleinement.
00:12:33Le résultat, vous le connaissez. Malgré cette collaboration, nous avons eu en septembre
00:12:38une intention de notification de taxes de l'ordre de 35% en moyenne pour nos entreprises,
00:12:45qui s'est traduite ensuite, quelques semaines après, et ça a été dit, par une demande
00:12:52de cautionnement. C'est-à-dire que nos entreprises, aujourd'hui, qui veulent continuer à faire
00:12:57du business, et dans l'attente de la sentence ou de la sanction définitive, doivent bloquer
00:13:03des fonds sur des comptes bancaires à hauteur de 35%. Donc là aussi, on parle encore de
00:13:08millions d'euros. Ce que je peux vous dire, c'est que les taxes ne sont pas tombées encore,
00:13:12mais elles ont déjà, cette situation a déjà des effets très négatifs. Moi, j'ai plein
00:13:17de PME qui m'ont appelé pour me dire, ben voilà, on avait des commandes en cours. L'importateur
00:13:23nous a appelés en disant, je lève le crayon, parce que là, on ne sait pas ce qui va se
00:13:25passer. Et donc j'annule les commandes. Et on le voit, d'ailleurs, on le voit dans les
00:13:31chiffres. On voit aussi très clairement que le calendrier de cette enquête est complètement
00:13:37calqué sur l'enquête sur les véhicules électriques. Quand il y a eu le vote au niveau européen
00:13:45sur les véhicules électriques, que vous connaissez donc positif, quatre jours après, nous avions
00:13:50cette notification pour ce système de cautionnement. Là, donc hier, il y a eu la publication du
00:13:59règlement européen, donc avec l'étau sur les véhicules électriques. Donc là, on s'attend
00:14:02dans les prochains jours, on s'attend dans les prochains jours ou prochaines semaines
00:14:07à subir une nouvelle étape au niveau de nos filières. Et ça, c'est insupportable.
00:14:12Quand je dis que c'est insupportable, c'est que nous demandons une seule chose. On ne
00:14:17demande pas d'argent. On ne demande pas de soutien financier. On demande juste une chose,
00:14:24c'est de pouvoir continuer à faire notre commerce comme on le fait depuis 300 ans,
00:14:29peut-être plus, et continuer à rayonner dans le monde, à porter le drapeau français
00:14:36dans le monde entier, parce que nos appellations... Et d'ailleurs, les Chinois ne se sont pas
00:14:41trompés en s'attaquant à l'armagnac et au cognac. Donc nous, c'est tout ce que l'on
00:14:46demande. On n'a pas de jugement sur ce dossier des véhicules électriques, sont bien fondés
00:14:53ou pas. Ce n'est pas notre sujet. Par contre, si on a des choses à dire, c'est qu'on ne
00:14:58peut pas être sacrifié totalement pour cette filière des véhicules électriques.
00:15:04Et surtout, quand j'entends que certains pays de l'Union européenne vont assembler sur
00:15:10leur territoire, ce qui permettra à la Chine d'éviter ces taxation, je ne vous cache pas
00:15:16que ça gronde dans la région, et qu'en plus, au regard du contexte économique national
00:15:22et international que vous connaissez, que nous connaissons, nous avons une région qui
00:15:28est sous méga pression. Alors c'est quoi la suite ? Et qu'est-ce que nous attendons
00:15:32finalement ? Je viens de vous faire un état des lieux. On n'est pas là pour se plaindre,
00:15:37on est là juste pour vous faire un état des lieux et voir ensemble ce que nous pouvons
00:15:41faire pour nos filières pour trouver une solution. Les taxes ont été votées, on en pense que
00:15:48l'on veut, au niveau européen sur les véhicules électriques. Donc ça s'est réglé, entre
00:15:51guillemets. Et nous, on est pris dans un étau qui se resserre et dont les conséquences
00:15:59pourraient être majeures pour nos régions. Perdre 25% de son marché, ce n'est pas possible,
00:16:06ce n'est pas acceptable, au regard des investissements qui ont pu être réalisés par les maisons,
00:16:11par les exploitations viticoles, par tout l'écosystème de la région et au niveau
00:16:16national. Donc aujourd'hui, la seule solution que nous poussons auprès des membres de notre
00:16:23gouvernement et que nous espérons avoir votre soutien, c'est qu'il faut aujourd'hui engager
00:16:29une discussion directe entre la France et la Chine. C'est quelle discussion il peut
00:16:38y avoir ? Quelle négociation bilatérale il peut y avoir ? On le sait aujourd'hui, via
00:16:42l'Europe, ce n'est plus possible. Ce n'est pas possible pour toutes les raisons que vous
00:16:45connaissez. J'entends bien que l'Europe a tenté devant l'OMC une action. Probablement
00:16:54qu'il faut le faire pour le long terme. Mais très honnêtement, ça ne règle pas notre
00:16:57problème dans les médias. On aura la suite de l'OMC dans 5 ans, dans 6 ans. Et d'ici
00:17:03là, on aura perdu notre marché. On a un très bon exemple, c'est les vins, ou un mauvais
00:17:07exemple, c'est les vins australiens qui ont subi la même chose il y a quelques années.
00:17:114 ans de surtaxes à plus de 200%. Ils ont perdu le marché, ils sont sortis du marché.
00:17:17Et un marché, il faut des années pour s'implanter. Donc après, ça sera mort. Donc aujourd'hui,
00:17:24pour nous, ce n'est pas la priorité. La priorité, c'est de trouver un accord avec
00:17:29la Chine, entre la France et la Chine, de profiter probablement d'un certain nombre
00:17:34d'événements. Et on l'a vu, notre président de la République a reçu il y a quelques
00:17:38mois le président chinois, dans le cadre de l'anniversaire de l'amitié franco-chinoise
00:17:45et des relations diplomatiques. Faisons de notre cas un bon exemple. Célébrer un anniversaire,
00:17:53c'est bien, mais nous, on aimerait qu'il y ait du concret derrière. Profitons des événements
00:17:59qu'il va y avoir la semaine prochaine en Chine, avec ce salon international, le C2I, qui est
00:18:04le salon des importateurs. Et la France est à l'honneur, dans le cadre d'un pavillon.
00:18:11Il faut profiter de cette situation. Et les dernières rencontres que nous avons pu avoir,
00:18:16et nous avons eu la chance, et on le remercie encore, la semaine dernière, de rencontrer
00:18:21M. le président du Sénat, qui a vraiment été à notre écoute, avec vos collègues
00:18:26qui étaient présents. C'est de dire, voilà, il faut qu'on envoie des personnes pour parler,
00:18:33des membres du gouvernement pour parler aux homologues chinois. Et donc ce que nous savons
00:18:38aujourd'hui, c'est que Mme Sophie Prima, accompagnée de ce que je crois comprendre
00:18:43de M. Jean-Pierre Raffarin, se déplacerait la semaine prochaine. Donc voilà, on croit
00:18:48beaucoup à ce binôme. Mais ça nécessite le soutien vraiment de tout le monde. Et c'est
00:18:56la piste à privilégier aujourd'hui. C'est la piste à privilégier. Ensuite, en termes
00:19:01de diplomatie, là on n'est pas les spécialistes, c'est que pouvons-nous donner en contrepartie
00:19:05à la Chine, qui n'engagerait pas, qui ne renierait pas, bien sûr, les convictions
00:19:11que l'on peut avoir, ou un certain nombre de choses. Mais probablement qu'il y a de
00:19:15la discussion à avoir, afin de nous sortir de cette ornière. Donc voilà, donc j'insiste
00:19:21beaucoup. Aujourd'hui, c'est la piste que nous demandons vraiment d'étudier et d'appuyer.
00:19:28C'est la seule viable aujourd'hui. Et vraiment, j'insiste, on a besoin de tout le monde sur
00:19:36le sujet. Donc je vais en arrêter là. Je vais laisser la parole à mon collègue de
00:19:41l'Armagnac, qui aussi est dans une région qui souffre beaucoup.
00:19:46Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Messieurs les Sénateurs armagnacais,
00:19:55Mesdames et Messieurs, juste, nous sommes cousins, nous sommes frères, jamais ennemis,
00:20:07donc toutes les préoccupations de nos amis Charentais sont les nôtres. Les marchés
00:20:14sont les nôtres, le potentiel est le nôtre, donc on est dans la même galère. Ce que
00:20:20je voudrais rajouter, j'ai cinq témoignages de maisons armagnacaises qui sont sur le marché
00:20:30chinois. Ce sont les cinq majeurs qui expédient en Chine. Est-ce que je peux citer les noms ?
00:20:40Oui. Donc le Club des Marques, qui est une maison qui appartient au groupe Vivadour,
00:20:48qui est basé dans les Landes. Leur dernière commande, c'est 25.000 euros en avril. Le
00:20:56numéro 2, c'est la maison Lobad, famille Lesbourg, qui commande environ 100.000 euros,
00:21:03150.000 euros annulés. Alors 150.000 euros en Armagnac, ça cause. C'est 1,5 million
00:21:10pour nos amis les Charentais, c'est à peu près ça, ou 2 millions. Le numéro 3, la
00:21:16maison Delors, 200.000 euros annulés. Perspective d'un nouveau importateur, annulés. Quand
00:21:22je dis annulés, pour l'instant, c'est annulés. Numéro 4, la famille d'Artigelong à Nogaro.
00:21:29Alors lui, il me dit clairement... Alors je prends son email. Attendez. Je vais mettre
00:21:35mes lunettes parce que j'ai passé les 50 ans. Ah, ça va mieux. Mon importateur chinois
00:21:42me dit que, bien sûr, ses distributeurs se tourneront en partie vers les whisky haut
00:21:48de gamme si les prix de nos Armagnac augmentent. Alors il dit 39%, 35%, mais ce n'est pas 35%
00:21:55puisqu'après, il y a tout le binz dont on va arriver à 80%. Donc quelque chose qui
00:22:01est consommable à l'équivalent de 50 ou 100 euros, c'est 200. Donc ça ne le fait plus.
00:22:08Là-bas, c'est le flou total. Le gouvernement chinois... Ça, c'était la semaine dernière.
00:22:11Le gouvernement chinois ne donne pas d'instructions claires aux douaniers. Et l'importateur ne
00:22:16sait pas s'il doit dédouaner ou non le bateau qui va arriver dans une semaine. Flou administratif.
00:22:22Le dernier témoignage... Alors là, c'est un... Je ne sais pas ce qu'était l'importateur,
00:22:31mais la maison, c'est Darroze. Donc Marc Darroze qui était en Chine il y a encore 15 jours.
00:22:37Donc si je résume, on va résumer... Donc il faut verser la caution. La caution, c'est
00:22:4635, 34,8% plus l'ATVA. Donc ça fait 49%. Donc déjà, l'importateur, avant que la marchandise
00:22:54arrive, il doit payer 50% du montant. L'importateur chinois dit que l'effet de ces taxes serait
00:23:02catastrophique. Et sa conclusion, cette taxe supplémentaire allait engendrer une forte
00:23:10baisse, voire une disparition des armagnacs Darroze du marché chinois. Donc c'est clair.
00:23:16C'est cinq maisons. Sur cinq maisons, il y a quatre maisons familiales. Donc ça, c'est
00:23:22la typicité un peu de l'armagnac. Souvent, notre nom, c'est notre marque. Donc on est
00:23:29les premiers touchés. Et quand on dit que les armagnacs Darroze vont disparaître du
00:23:34marché chinois, ce n'est pas très cool. Surtout que Darroze, ça fait un moment qu'il
00:23:39est sur le marché. Voilà ce que je... Ah, j'avais perdu mon étiquette. Voilà ce que
00:23:45je voulais souligner. Et comme disait M. Morillon, le cognac, l'armagnac, ce n'est pas juste
00:23:56une balance commerciale. Ce sont des familles. Et il y a un savoir-faire. Ce sont des produits
00:24:03qui font rêver les gens à l'export. Ils badent nos produits, je vous assure. Le whisky,
00:24:10c'est sympa, mais le cognac et l'armagnac, c'est quand même beaucoup mieux. Donc si
00:24:16on disparaît, c'est une partie du savoir-faire français qui disparaît. Et ça, c'est grave.
00:24:21C'est très, très grave. Voilà ce que je voulais souligner.
00:24:24Merci beaucoup, messieurs, pour ces propos limit... Ah, pardon.
00:24:30Oui, madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, merci de nous recevoir. Moi,
00:24:35j'aimerais apporter, après les éclairages apportés par nos deux représentants des
00:24:39interprofessions, un oeil plus terre à terre. Aujourd'hui, la filière cognac et l'armagnac,
00:24:45c'est aussi des viticulteurs qu'il y a derrière. On a aujourd'hui une filière, je parle pour
00:24:51la filière cognac, où le sujet des galimes ne se pose pas. Depuis des années, il y a
00:24:56des relations contractuelles viticulture-négoces qui sont en place, notamment avec des contrats
00:25:00pluriannuels glissants. Et toute la relation a été construite sur cette partie-là. On
00:25:07a été porté par la réussite économique de la filière depuis plus de 15 ans. On a
00:25:13augmenté nos ventes de près de 30 ou 40 %. On a dimensionné notre vignoble pour répondre
00:25:19à ces besoins-là en augmentant de 15 %. Et aujourd'hui, après tout ce qui s'est passé
00:25:25depuis le Covid avec le contexte inflationniste, vient nous arriver en plus la perte de notre
00:25:31deuxième marché. Et c'est notre deuxième marché en volume. Mais il faut savoir que
00:25:36c'est un marché principalement de vieilles eaux-de-vie. Et pour faire ces vieilles eaux-de-vie,
00:25:41elles consomment presque plus de vin que le premier marché, puisque les eaux-de-vie, au
00:25:47fur et à mesure du temps, s'évaporent. Ces eaux-de-vie-là contractualisées ont été
00:25:51achetées contractuellement par nos opérateurs et continuent de l'être. Et je m'en félicite
00:25:55aujourd'hui. Mais avec ce qu'on vient d'entendre chez nos opérateurs, si... Et c'est le cas
00:26:00aujourd'hui, et c'est ce qu'on a comme retour. Avec des volumes qui sont passés avant l'instauration
00:26:07de ces taxes provisoires, qui ont été divisées la semaine suivante par 5, c'est-à-dire que
00:26:14les volumes qu'ils ont achetés à l'époque, ils ont 5 fois plus de stock que ce qu'ils
00:26:18ont de besoin sur le marché chinois, si ce qui est prévu. Qu'est-ce qui va se passer,
00:26:23pensez-vous, pour les viticulteurs avec qui les relations contractuelles sont établies ?
00:26:26La situation, ça va être que... Voilà, il va y avoir des choix à faire. On sait
00:26:31qu'il y a déjà des entreprises qui sont très fortement implantées en Chine qui sont
00:26:35dans une situation dramatique côté de la filière négoce, et forcément, les viticulteurs
00:26:41qui sont engagés avec vont voir très très vite les impacts de cette situation. Alors
00:26:46on a un cycle de récolte annuel, donc forcément, c'est pas dès cette année que ça va se
00:26:51sentir, même si cette année, ça va se sentir fortement pour certains viticulteurs. Mais
00:26:56dans les années à venir, le marasme va être catastrophique, en sachant malgré tout qu'on
00:27:02a un vignoble de production de vin blanc, avec des choix individuels de viticulteurs
00:27:08qui, si aucune solution n'est trouvée, l'ont déjà fait par le passé, auront des volumes
00:27:14qui pourront aller sur d'autres débouchés, et je ne vous cache pas qu'aujourd'hui, si
00:27:19ce qui ne peut pas aller au cognac va ailleurs, dans un monde viticole, dans la difficulté
00:27:24où elle est aujourd'hui, c'est une catastrophe économique pour l'ensemble du monde viticole
00:27:28français. Ça me paraissait important de le souligner. Merci.
00:27:32Merci beaucoup à tous les quatre de vous être exprimés. Je vais donc céder la parole
00:27:38au président du groupe Vigne et Vin, notre collègue Daniel Laurent.
00:27:42Oui, Madame la Présidente, Messieurs les Présidents, Monsieur le délégué général
00:27:48de la Fédération, tout d'abord, merci, Madame la Présidente, d'avoir organisé cette audition.
00:27:55Il me semblait indispensable que je souhaitais bien sûr organiser avec le groupe Vigne et
00:28:00Vin, mais une grande partie des représentants du groupe Vigne et Vin sont ici présents.
00:28:04Je voudrais également bien sûr remercier Gérard Larcher qui, la semaine dernière,
00:28:10a accepté de vous recevoir, donc vous le disiez très justement, qui montre l'importance
00:28:15du sujet et l'importance de la répercussion sur nos territoires. Alors, cette crise s'inscrit
00:28:23dans une crise bien sûr globale, conjoncturelle et structurelle viticole, et j'insiste là
00:28:30dessus en tant que président du groupe Vigne et Vin. Et moi, je suis très heureux que
00:28:36le président du Sénat, dans la foulée de notre réunion la semaine dernière, messieurs,
00:28:40ait pu transmettre au président de la République directement la suite de notre rencontre et
00:28:47la réflexion du président de la République, je vous le livre, je ne sais pas si vous le
00:28:50savez, mais était de dire je vais les recevoir. Alors, écoutez, soyez l'arme au pied et
00:28:55j'espère que le président de la République va mettre en action cette affaire. Je remercie
00:29:00bien sûr nos collègues d'être présents et d'être solidaires de la situation des
00:29:05filières cognac et armagnac face à ces récentes mesures. Nous savons à quel point ces filières
00:29:12sont stratégiques, je dis bien la filière cognac et armagnac, mais la filière vin sont
00:29:18stratégiques et les chiffres vous ont été donnés dans le cadre de la balance extérieure
00:29:24nous concernant, et ces mesures chinoises qui imposent des droits de douane additionnels
00:29:29menacent directement nos entreprises, nos emplois et l'équilibre économique de nos
00:29:34territoires. Derrière ces chiffres se cachent des savoir-faire uniques, et Anthony Brun
00:29:40l'a dit tout de suite, des artisans passionnés et un rôle essentiel dans l'exportation
00:29:46de nos produits. C'est notre histoire la viticulture, c'est notre patrimoine, c'est
00:29:52notre environnement. Je vous invite à aller sur les coteaux de Gironde aujourd'hui, c'est
00:29:57catastrophique quand on voit toutes ces vignes qui ne sont pas arrachées et qui ne sont
00:30:02plus en production parce qu'elles ne sont plus cultivées, c'est un problème aussi
00:30:06environnemental. Donc je crois qu'il faut aussi en prendre conscience. Alors nous y
00:30:12sommes, puisque depuis le 11 octobre, vous l'avez très justement dit, les taxes du
00:30:18cognac sont applicables avec des conséquences directes, et comme vous le disiez très justement
00:30:23M. Morillon, des commandes peuvent être annulées, suspendues ou reportées, enfin il y a des
00:30:28choses qui sont assez floues pour le moment. Je suis ici en tant que président du groupe
00:30:34d'études Vignes et Vins du Sénat, j'irai Vignes et Vins, et spiritueux, pour rappeler
00:30:41que notre mobilisation est totale, Dominique, je crois que ça, il faut vous le dire et
00:30:45vous le préciser et vous le montrer. Nous devons défendre ces vilières face à des
00:30:49décisions commerciales qui les mettent en péril. Aujourd'hui, M. le Président, cette
00:30:55audition est l'occasion, et j'imagine que vous aurez question là-dessus, de discuter
00:31:00sur les impacts court terme et moyen terme qu'elles pourraient avoir sur nos territoires.
00:31:06Comme l'a rappelé Florent Morillon, la filière ne souhaite pas être sacrifiée
00:31:12sur l'autel des décisions, et vous avez le sentiment d'être les dommages collatéraux
00:31:22de conflits qui vous sont complètement étrangers, et on le sait bien. Au-delà de cette situation,
00:31:28l'ensemble de la filière viticole traverse une crise conjoncturelle, et j'insiste parce
00:31:31que je pense aussi aux autres filières, et structurelles, majeures, avec de nombreux
00:31:36défis à relever. Nous aurons l'occasion d'en reparler, bien sûr, lors de l'audition
00:31:42de la ministre de l'Agriculture dans quelques jours. Nous sommes tous mobilisés, le Président
00:31:48du Sénat, la ministre de l'Agriculture, la ministre du Commerce extérieur, les députés
00:31:54européens. Donc ne considérons pas, je vous le disais tout à l'heure, comme acquis,
00:31:59les défis que nous avons à faire, et j'espère que les discussions diplomatiques vont faire
00:32:04évoluer cette situation catastrophique. Merci.
00:32:08Merci, cher Daniel. Donc on va passer aux questions de nos collègues, et on commence
00:32:15par un sénateur armagnacé, Franck Montaugé.
00:32:19Merci, madame la Présidente. Je salue nos invités, M. De Laurent en particulier.
00:32:27Ma question aura deux temps, et vous me permettrez, dans ce contexte extrêmement compliqué,
00:32:36lourd, lourd d'inquiétude que vous avez évoqué, pas de plaisanté, mais un petit
00:32:43peu quand même. Deux points distinguent l'armagnac du cognac. Voilà, il y en a qui m'ont vu
00:32:51venir. Le premier, c'est que l'armagnac, 700 ans d'âge quand même, qui dit mieux,
00:32:58est beaucoup plus fin que le cognac. Parole objective de petit-fils de distillateur Gersoir
00:33:07de la Ténéraise. Et Daniel Laurent, j'avais marqué, c'est marqué là, Daniel Laurent
00:33:13est d'accord avec moi sur ce point. Et le second, plus sérieusement là, c'est l'organisation
00:33:23productive et surtout commerciale des deux filières. Pour faire simple, et ça a été
00:33:30évoqué par M. Delors en particulier, des grandes maisons côté cognac et des productions
00:33:36plus de domaine, on peut l'appeler comme ça, côté armagnac. Et je tiens vraiment à saluer,
00:33:41ce n'est pas un exercice de style, le travail de M. Delors au sein du Bureau national interprofessionnel
00:33:48de l'armagnac. Ma question à partir de là, elle est simple et complexe à la fois. Quelles
00:33:55options, quelles réflexions stratégiques éventuelles, quelles pistes de travail permettraient
00:34:02d'ouvrir, d'accroître, de préserver les perspectives commerciales de l'armagnac et
00:34:08du cognac, bien entendu, dans le concert international dont vous nous avez décrit les menaces et
00:34:13les opportunités ? Voilà. Moi, ce que je comprends de vos propos, mais j'ai peut-être
00:34:20mal compris, c'est que finalement, il n'y a peut-être qu'une piste d'urgence à prendre,
00:34:25c'est celle de la fiscalité. Je ne sais pas. Voilà, je pose la question. Il y a des mesures
00:34:34à prendre dans l'immédiat et d'autres, certainement, à plus long terme. Alors,
00:34:39est-ce que pour vous, c'est pertinent ? Je voudrais le savoir. Et quel plan stratégique,
00:34:47quelles réflexions stratégiques sont les vôtres sur le moyen et le long terme ? Je
00:34:52vous remercie.
00:34:53Si vous le voulez bien, messieurs, on va prendre des questions trois par trois et vous y répondrez.
00:34:57Donc, on pense à Vincent Louot.
00:35:00Merci, Madame la Présidente. Merci pour votre présentation. J'ai bien peur, malheureusement,
00:35:04que vous soyez sacrifié dans un jeu qui est commercial, qui est un jeu très mondial,
00:35:11et sacrifié un peu à l'image de l'agriculture. On en parlait entre collègues, à l'image
00:35:15de l'agriculture, avec des accords de quasi-libre-échange en Ukraine, parce qu'on n'est pas foutu de
00:35:20donner des obus, donc on accepte tout. Et puis, le mercosur, on en reparlera. Moi, j'ai
00:35:25une question, et puis le manque d'investissement dans nos relations avec les Chinois, parce
00:35:29que j'ai été témoin de certaines choses. Et je suis très heureux que Sophie puisse
00:35:35aller les voir et parler et avoir un vrai lien avec eux. C'est une diplomatie qui n'a
00:35:40pas les mêmes usages et les coutumes que la diplomatie française. On ne peut pas imposer
00:35:45une vision très française de la diplomatie. Il faut apprendre aussi à parler avec eux.
00:35:50C'est un peu compliqué. Et je ne dis pas que c'est facile, mais il faut le faire.
00:35:54Alors, je compte beaucoup là-dessus. Nous, on n'aura pas le choix, en fait. Moi, je suis agriculteur.
00:35:58Quand il y a une maladie qui arrive dans un troupeau, la puissance publique arrive,
00:36:02et l'État le prouve avec MHE, avec tout un tas de maladies. C'est des fonds d'urgence.
00:36:06Et aujourd'hui, vous êtes tout à fait légitime, parce que vous êtes une victime
00:36:10collatérale d'un débat qui ne vous concerne pas vraiment, parce que l'échange entre...
00:36:14Pas du tout. D'être légitime pour avoir un fonds d'urgence et un fonds de soutien.
00:36:18Il n'y a pas le choix. Aujourd'hui, vous allez perdre 50% de vos chiffres d'affaires.
00:36:22Il faut passer une période très difficile. Alors, c'est difficile pour nous de poser
00:36:26des amendements qui vont proposer une dépense. Ce n'est pas l'usage au Sénat
00:36:30de proposer une dépense supplémentaire. Donc moi, je le dirais franchement,
00:36:34il y aura des choix à faire dans la dépense pour aider les filières,
00:36:38première chose. Et dernière chose, je voudrais savoir quelles sont vos négociations
00:36:42avec Mme la ministre de l'Agriculture, justement, sur un fonds de soutien d'urgence,
00:36:46et avec l'Union européenne, qui est quand même la cause de la grande diplomatie,
00:36:50qui fait qu'aujourd'hui, vous serez, à mon avis, sacrifiés en tant que
00:36:54petits grains de sable dans cette machine de commerce internationale.
00:36:58– Daniel Selmon.
00:37:02– Merci madame la présidente, merci pour vos présentations.
00:37:06On est forcément dans un moment de crispation au niveau du marché mondialisé,
00:37:10aujourd'hui. On parle souvent ici du problème
00:37:14de la désindustrialisation de la France. Et effectivement,
00:37:18on est dans des injonctions, je ne veux pas dire contradictoires,
00:37:22mais il faut qu'on ait de la cohérence, parce qu'effectivement, si on veut amener
00:37:26une protection sur notre industrie, c'est ce qui est demandé bien souvent ici,
00:37:30effectivement, on sait bien qu'on a des contre-coûts qui se font
00:37:34à l'autre bout du monde. Donc on est dans un moment
00:37:38difficile, qui amène une grande vulnérabilité
00:37:42sur vos productions. J'aimerais bien savoir quelle est votre proportion
00:37:46de votre production qui est consommée en France
00:37:50et dans l'Union Européenne, parce que sans doute,
00:37:54faut-il se recentrer également sur notre marché
00:37:58intérieur, qu'il soit français ou européen, et quelles sont aussi
00:38:02les autres perspectives de marché hors Union Européenne,
00:38:06parce que je crains franchement que ce soit difficile
00:38:10de faire plier la Chine, parce que nous aussi, on a des exigences,
00:38:14on demande de protéger notre industrie,
00:38:18et il y a des contre-coûts qui sont là. Et sinon, dernière petite question,
00:38:22il va falloir sans doute faire évoluer,
00:38:26on a des régions agricoles qui sont très spécialisées, est-ce qu'il y a des pistes
00:38:30de déspécialisation dans votre territoire ? Merci.
00:38:34Voilà, messieurs, je vous propose de répondre à ces premières questions.
00:38:38Madame la Présidente,
00:38:42écoutez, moi, je vais répondre aux deux premières questions, mon collègue va répondre à
00:38:46celles-ci, mes deux autres collègues n'hésiteront pas à compléter, on n'a pas préparé les réponses,
00:38:50vous ne connaissez pas les questions, donc j'espère être assez exhaustif.
00:38:54En ce qui concerne la première question que vous avez posée,
00:38:58monsieur le sénateur, question stratégique,
00:39:02pour moi, aujourd'hui, la stratégie, il n'y en a qu'une seule, c'est qu'on lâche
00:39:06rien sur ce dossier. Donc aujourd'hui, on n'est pas sur les plans B. Quand je dis
00:39:10aujourd'hui, sinon, ça serait déjà se dire qu'on a perdu.
00:39:14Et moi, je ne veux pas croire qu'on ait perdu. Et donc, ça veut dire
00:39:18que la semaine prochaine, il y a ces rencontres
00:39:22qui vont avoir lieu, et nous avons la chance de rencontrer
00:39:26demain soir notre ministre du Commerce, donc madame Prima,
00:39:30pour justement évoquer son déplacement en Chine. Donc là, on va voir ce qui
00:39:34est prévu, et nous, on va lui dire en tout cas ce qui est attendu.
00:39:38Donc, on croit beaucoup à ce déplacement, et aujourd'hui,
00:39:42c'est ce qu'il faut privilégier. C'est ce qu'il faut privilégier peut-être par vos propres relations
00:39:46avec peut-être des homologues en Chine, je ne sais pas, mais en tout cas,
00:39:50c'est la piste qu'il faut privilégier. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui,
00:39:54on commence sur l'armagnac et sur le cognac, mais pas que.
00:39:58Vous le savez, il y a aussi... Là, on est en train de rentrer dans une espèce d'escalade.
00:40:02C'est le port, c'est la filière... Moi, je me souviens, au mois de janvier,
00:40:06la première rencontre qu'on a eue, c'était à l'Elysée, donc avec M. Alexis Collère,
00:40:10et on lui avait dit, il faut trouver une solution pour armagnac et cognac,
00:40:14parce que sinon, il va y avoir des dérives sur d'autres filières. La suite,
00:40:18vous la connaissez. On n'a pas trouvé de solution à notre sujet,
00:40:22et finalement, maintenant, c'est la filière laitière qui est attaquée, qui n'a pas besoin de ça.
00:40:26C'est la filière porcine, aussi, et demain, ça sera peut-être d'autres filières.
00:40:30Donc, on peut continuer comme ça. On peut nous donner quelques subventions.
00:40:34Je veux dire, la Chine, pour nous, on parle du milliard d'euros, plus du milliard d'euros
00:40:38par an de chiffre d'affaires, un milliard et demi. Je ne pense pas qu'avec
00:40:42les finances de la France actuelle, on va nous donner un milliard et demi par an.
00:40:46Je ne veux pas le croire, et personne ne le croirait ici. Donc, si c'est pour nous donner
00:40:50quelques centaines de milliers d'euros, ça va être un pansement sur une jambe de bois.
00:40:54Donc, non, il faut, aujourd'hui, continuer à privilégier cette négociation,
00:40:58parce que le marché chinois n'est pas remplaçable.
00:41:02Il n'est pas remplaçable. Ayez à l'esprit qu'aujourd'hui, on est dans plus de 150 pays
00:41:06dans le monde, mais un marché qui a été construit sur des décennies,
00:41:10des siècles, on ne perce pas comme ça un nouveau marché.
00:41:14Et la situation mondiale est compliquée. Vous pouvez dire, il y a les États-Unis,
00:41:18c'est votre premier marché. On suit tous l'actualité. On regarde tous la télé.
00:41:22Qu'est-ce qui va se passer ? Est-ce que Trump va revenir ? N'oublions pas que les taxes dites Trump
00:41:26ne sont que suspendues jusqu'au 1er janvier. Le problème n'est pas résolu.
00:41:30Elles ont été suspendues. Et potentiellement, on pourrait aussi avoir un problème.
00:41:34On pourrait revenir vous voir dans quelques mois pour les États-Unis.
00:41:38Donc, aujourd'hui, on ne peut strictement rien lâcher.
00:41:42Et il faut continuer. Et peut-être, je fais le lien avec votre question,
00:41:46M. le sénateur, la deuxième question, sur la diplomatie.
00:41:50Oui, nous, on demande, s'il vous plaît, qu'on soit plus dans la diplomatie.
00:41:54Je ne fais pas de procès d'intention,
00:41:58mais moi, j'ai souvenir qu'il y a un an, au mois de septembre l'année dernière,
00:42:02quand, au niveau européen, l'enquête a été lancée sur les véhicules électriques,
00:42:08la France, par l'intermédiaire d'un certain nombre de ses membres du gouvernement,
00:42:12se prévalait dans la presse largement que c'était grâce à la France
00:42:16si cette enquête était lancée. C'était grâce à la France.
00:42:20Et moi, je me souviens, à l'époque, les filières viticoles ont écrit pour dire
00:42:24« Restons derrière l'Europe sur ce sujet. Cachons-nous quelque part,
00:42:28mais ne brandissons pas le drapeau dans la presse,
00:42:32parce que sinon, ça va se retourner contre nous. »
00:42:34Bonne année. 5 janvier, c'est tombé sur Cognac et Armagnac. On le savait.
00:42:38Là, je vois qu'hier, il y a eu cette publication du règlement européen.
00:42:44C'est voté. On ne revient pas dessus, même si je ne vous cache pas
00:42:48que nos filières auraient apprécié une abstention de la France sur le vote,
00:42:52pour plein de raisons. En tout cas, c'est notre avis,
00:42:54puisqu'on a aussi quand même un avis sur le vote.
00:42:58Et je vois quand même des articles de presse où on a tendance à se prévaloir
00:43:02encore que grâce à la France, etc. Donc, est-ce qu'on pourrait faire
00:43:06un peu preuve sur le sujet d'humilité et se consacrer un peu sur Cognac
00:43:12et Armagnac maintenant ? De toute façon, le résultat que nous souhaitions,
00:43:18que la France souhaitait et les autres pays européens, est abouti.
00:43:22Il y a eu le vote. Et donc, il va y avoir les taxes.
00:43:24Très bien. Et là, comme je vous le disais tout à l'heure,
00:43:26on n'a pas de jugement, nous, à avoir.
00:43:28Par contre, on ne peut pas payer indéfiniment cela.
00:43:33Donc, maintenant, on aimerait que les regards au plus haut niveau de l'État
00:43:37se tournent vers nous en disant « On a voté. On a pris nos responsabilités. »
00:43:41Très bien. Mais ne lâchons pas, n'abandonnons pas totalement
00:43:45les barrières historiques. Je ne vais pas redire ce qui a pu être dit.
00:43:49Et donc, ça veut dire qu'il faut qu'aujourd'hui, on ait un comportement
00:43:54vis-à-vis de la Chine, de proximité, mais qu'on discute, qu'on fasse
00:43:59de la diplomatie. Alors, moi, ce n'est pas mon métier.
00:44:01Je ne sais pas ce qu'on peut donner en échange.
00:44:03Est-ce qu'on peut leur expliquer gentiment qu'on peut nous prendre en otage,
00:44:07demander des otages ? Inutiles, ici, là, de ce côté.
00:44:09On le voit bien. On peut nous tuer.
00:44:11De toute façon, les taxes seront appliquées sur les véhicules électriques.
00:44:16Et c'est ça qu'on a besoin de vous pour que vous portiez au plus haut niveau
00:44:21ce message. Il faut absolument... Aujourd'hui, c'est la seule solution.
00:44:25C'est la négociation diplomatique entre la France et la Chine bilatérale
00:44:30et trouver des solutions pour nous. Voilà ce que je voulais dire.
00:44:33Et je laisse mon collègue répondre à la troisième question.
00:44:37Oui, sur les différents éléments. Comme ça a été dit, aujourd'hui,
00:44:42la filière cognac, notamment, c'est les principaux exportateurs mondiaux
00:44:47de spiritueux qui reprennent, qui possèdent nos marques.
00:44:50Ils sont présents sur tous les pays du monde avec toutes les gammes de produits.
00:44:53S'il y avait un marché à conquérir, ne vous imaginez pas qu'ils l'auraient déjà fait.
00:44:59Et ce n'est pas en disant « Hop, où est-ce qu'on peut aller ? »
00:45:03qu'on va y aller d'un seul coup. Il y a des barrières tarifaires
00:45:05qui sont en place sur d'autres pays. Si on n'y est pas, c'est essentiellement pour ça.
00:45:09Sur la partie des autres activités agricoles, je pense que vous entendez,
00:45:14et vous aviez ce matin, je pense, un échange avec les représentants
00:45:16de la FNSEA et des GIA. Aller où ? On est sur une culture viticole,
00:45:23donc en plus avec des fonds immobilisés qui sont importants,
00:45:26parce que ce ne sont pas des céréales où l'année suivante, on peut changer de culture.
00:45:29Moi qui suis moi-même viticulteur, céréalière et arboriculteur,
00:45:32je peux vous garantir qu'aujourd'hui, un viticulteur qui a investi dans un vignoble,
00:45:36qui a investi dans du matériel performant pour pouvoir améliorer ses pratiques
00:45:40sur l'aspect environnemental, sur tous les points, lui dire
00:45:44« Demain, il faut que tu fasses autre chose », bon courage.
00:45:47Aujourd'hui, en plus, aller où ? On est dans l'ensemble des filières agricoles,
00:45:53dans une situation qui va être de plus en plus compliquée,
00:45:56et notamment de plus en plus compliquée, parce que quasiment la totalité
00:46:00des filières viticole et agricole françaises vont être ciblées
00:46:03par les contre-mesures qui vont être prises.
00:46:06Au niveau chinois, les contre-mesures qui sont proposées,
00:46:09c'est le porc, le lait et les eaux de vie de vin.
00:46:12On entend parler de la même sanction sur les vins,
00:46:15c'est quatre filières agricoles sur les cinq produits que les Chinois
00:46:19envisagent de mettre en contre-mesure qui vont être ciblées.
00:46:22Bon courage. Comme ça a été dit, aujourd'hui,
00:46:25si on veut trouver une solution pour aider les personnes qui sont taxées,
00:46:28c'est-à-dire les négociants, on peut leur donner des subventions,
00:46:31mais comment on aide toutes les personnes qui travaillent avec ?
00:46:34Parce que c'est pas le viticulteur qui va subir directement les taxes
00:46:37sur les véhicules et les eaux de vie, c'est celui qui exporte.
00:46:40Aujourd'hui, on produit, côté viticulture, 97% des volumes,
00:46:45il est commercialisé à 97% par les négociants.
00:46:48On est interdépendants les uns des autres, mais qui va être aidé ?
00:46:51Si le négocie est aidé, est-ce que la viticulture va l'aider ?
00:46:54Si la viticulture l'est, est-ce que les personnes avec qui on travaille,
00:46:57les piniéristes, les tonneliers, toutes ces personnes-là qui, aujourd'hui,
00:47:00ne savent pas ce qui va pouvoir advenir de la filière au global,
00:47:04comment on va trouver les financements nécessaires ?
00:47:08Avec toutes les discussions que vous devez avoir en ce moment sur un budget
00:47:11qui doit être déjà largement assez compliqué, c'est pas la peine de l'envisager,
00:47:14c'est pas ce qu'on demande. Aujourd'hui, on sait que le constat,
00:47:17c'est si on attend sur la décision de l'OMC, comme ça a été dit,
00:47:21ça sera dans 4 ou 5 ans, et encore, il n'y avait que le dossier australien
00:47:26à l'époque, aujourd'hui, il n'y a pas une semaine où il n'y a pas un nouveau dossier
00:47:29qui est déposé, même les Chinois viennent de déposer un dossier
00:47:32contre l'enquête européenne, donc l'OMC doit avoir un travail
00:47:35beaucoup plus important à faire qu'elle n'avait à l'époque,
00:47:38et ça sera certainement encore plus long, et on aura disparu.
00:47:41Donc voilà, les solutions sur ce point-là, elles sont assez simples.
00:47:44Imaginer que de l'argent réglera le problème, non.
00:47:47Imaginer qu'on peut trouver un nouveau marché demain, non.
00:47:50Donc la seule chose qu'on peut espérer, c'est trouver des solutions
00:47:53pour pouvoir rester là où on est présent.
00:47:56Et ça...
00:47:58Je voudrais peut-être compléter, j'ai répondu que partiellement
00:48:01à une question importante sur le marché français et le marché européen.
00:48:04Alors, monsieur le sénateur, je laisserai mon collègue pour l'Armaniac,
00:48:08parce qu'autant on a plein de points communs, mais sur le marché français,
00:48:12probablement, c'est un peu différent.
00:48:15Pour le Cognac, le marché français, c'est entre 2 et 3% de nos ventes.
00:48:21Je vous le disais, on exporte à 97%.
00:48:24Ceci étant, c'est quand même notre 6e marché sur 150.
00:48:27C'est pour ça qu'on a les Etats-Unis, la Chine,
00:48:30et puis derrière, vous parlez d'autres marchés.
00:48:33Le Royaume-Uni, par exemple, c'est notre 4e marché.
00:48:36L'Allemagne, c'est notre 5e marché.
00:48:39Donc on continue à travailler, bien sûr, mais ça prend énormément de temps.
00:48:42Et puis si je viens au marché français, je peux vous assurer
00:48:45que les maisons, les groupes travaillent sur le sujet,
00:48:48sur les matériels que nous connaissons, bien sûr, de lois et vins, etc.
00:48:51Ce qui limite, et puis toujours, bien sûr, avec cet esprit de consommation responsable.
00:48:55Donc on essaye de gagner des parts de marché sur le whisky, par exemple,
00:48:59parce que c'est vrai que le whisky, on est le pays consommateur,
00:49:04mais on est aussi sur des gammes ou sur des produits différents.
00:49:07N'oublions pas, n'oubliez pas que nous sommes une eau de vie
00:49:11issue d'une plante pérenne, la vigne,
00:49:14contrairement à une eau de vie de céréales, qui coûte beaucoup moins cher à produire,
00:49:18à cognac, quand vous plantez une vigne aujourd'hui,
00:49:21c'est pour, en moyenne, vos premiers VS, c'est-à-dire le cognac
00:49:24le plus jeune qu'on commercie, dans 7 ans.
00:49:26Donc vous imaginez bien, et tout à l'heure, Madame la Présidente,
00:49:30vous avez évoqué nos plantations, effectivement, que nous avons mis en oeuvre.
00:49:33Quand on a planté en 2017, qui, autour, dans cette salle,
00:49:37nous aurait dit qu'il y aurait le Covid, la Covid ?
00:49:40Qui nous aurait dit qu'il y aurait la guerre en Ukraine
00:49:43aujourd'hui, le marché russe, on s'en serait retiré ?
00:49:45Qui nous aurait dit que nous aurions les potentielles taxes chinoises ?
00:49:49Ou alors on ne fait rien, mais ce n'est pas dans notre esprit.
00:49:53On est des conquérants, depuis des décennies.
00:49:58Et on sait aussi que la géopolitique, quand on exporte à 97%,
00:50:03on est une cible privilégiée.
00:50:06Mais on ne peut pas être sacrifié systématiquement.
00:50:10Juste, tu peux me dire combien de bouteilles vous vendez en France, avec vos 2% ?
00:50:16Donc c'est plus ou moins, selon les années, 4 millions, 4 millions et demi de bouteilles.
00:50:23Donc 4 millions, c'est le marché global de l'armagnac.
00:50:27La répartition France export, pour avoir quelque chose de facile à retenir, c'est 50-50.
00:50:36Et par contre, les Armagnacais, on n'a pas la force de frappe de nos amis Charentais.
00:50:42Je pense qu'on est à fond, sur le marché français, on est à fond.
00:50:45On est chez tous les cavistes, dans tous les restaurants.
00:50:48À un moment donné, trouver de l'armagnac en France, c'est facile.
00:50:51Donc on est à fond.
00:50:53Et comme je disais tout à l'heure, c'est un secret ou pas un secret,
00:50:58mais en fait, on se cale un peu sur nos amis Charentais.
00:51:01On voit ce qui fonctionne, on voit sur les pays qui progressent,
00:51:04et après on arrive derrière.
00:51:06C'est le grand frère qui ouvre le bal et nous on suit.
00:51:11Donc trouver d'autres marchés, pour nous c'est impossible.
00:51:16La Chine c'est grand, c'est long.
00:51:19Souvent quand je fais des visites, je dis, on ne fait pas des bières.
00:51:24La bière, vous la faites, vous la buvez, c'est fini.
00:51:27L'armagnac, le cognac, il y a des vignes, il faut faire le vin, le distiller,
00:51:31c'est du long terme.
00:51:32Et le commerce, c'est du long terme.
00:51:34Donc repartir, se faire arrêter sur le marché chinois et partir ailleurs,
00:51:41c'est impossible.
00:51:44Donc on ne demande pas ni de l'argent, on demande juste de nous laisser travailler.
00:51:49Ça, j'ai bien aimé ce que disaient nos amis Charentais.
00:51:51Nous, on veut juste faire du commerce.
00:51:55Nous, on veut juste faire du business et on laisse tranquille tout le monde.
00:52:00Voilà ce que je voulais dire sur l'armagnac, qui est quand même similaire au cognac.
00:52:09Peut-être sur la question de la diversification par rapport, je ne sais pas.
00:52:15Alors, pour un armagnac, non, non, c'est impossible.
00:52:22En plus, là, vous touchez un armagnac, vous touchez une famille.
00:52:28Nous, ça fait quatre générations qu'on fait de l'armagnac.
00:52:30Parce qu'il y a une crise.
00:52:33Non, on ne change pas, on continue.
00:52:35Sinon, le savoir-faire français, il est mort.
00:52:40Il est mort.
00:52:41On le change.
00:52:42On dit tiens, les spiritueux, ce n'est plus à la mode.
00:52:44On va faire des vins sans alcool.
00:52:46Et après, on fait quoi quand c'est fini ?
00:52:48On va sur la lune ?
00:52:49Non, non, on a une stratégie.
00:52:50On s'y tient.
00:52:51Les armagnacs, ils s'y tiennent.
00:52:52Il faut s'y tenir.
00:52:53On ne va pas changer de...
00:52:54Et puis, en plus, on ne sait pas faire.
00:52:55On ne sait pas faire.
00:52:56Et ça fait, ce que vous disiez, monsieur le sénateur, ça fait 700 ans qu'on fait l'armagnac.
00:53:01Et parce qu'il y a une crise sur les véhicules, on va changer de métier.
00:53:05Mais non, pour nous, ce n'est pas possible.
00:53:07Non, non.
00:53:08Merci, Madame la Présidente.
00:53:11Je pense que c'est important sur cette histoire de diversification.
00:53:15On a connu des crises dans nos filières il y a des décennies.
00:53:18Et on s'est peut-être à un moment donné diversifiés en faisant...
00:53:22Si je prends pour Cognac, il y a quelques décennies, on s'est dit on va se mettre à faire des vins de pays,
00:53:26ce qui s'appelait les vins de pays à l'époque.
00:53:28Mais aujourd'hui, en fait, ça serait complètement illusoire.
00:53:31Nos collègues qui vivent que de ça, des autres régions, vous le savez parfaitement aujourd'hui,
00:53:36et ça a été dit par monsieur le sénateur.
00:53:38Aujourd'hui, en France, si je retire la région Cognac, il est reconnu qu'il y a à peu près 100 000 hectares,
00:53:44100 000 hectares de trop sur les 800 000.
00:53:48C'est dit, connu, reconnu de l'ensemble de la filière viticole française.
00:53:53Aujourd'hui, sans exception, ou quasiment sans exception,
00:53:57toutes les filières viticole souffrent.
00:54:00Nos amis de Bordeaux, ça a commencé il y a déjà quelques années.
00:54:03Et puis ça a été contagieux.
00:54:06En tout cas, toutes les régions aujourd'hui sont touchées.
00:54:09Donc si demain, parce qu'on vend moins de Cognac à cause de ces taxes,
00:54:14on doit arracher nos cépages pour remettre des cépages dits de consommation
00:54:19pour venir en concurrence avec nos collègues qui sont à 100 km,
00:54:23et les crues périphériques notamment, qui n'arrivent pas à vendre leur production,
00:54:26on déplace le problème.
00:54:28Donc c'est pour ça, je vous dis, il faut régler le problème.
00:54:30Parce que là, si on ne règle pas le problème, déjà, et je le disais tout à l'heure,
00:54:34on va toucher la filière laitière, la filière porcine,
00:54:39qui nous dit si on n'arrive pas à se mettre d'accord à un moment donné avec la Chine
00:54:42ou trouver des compromis, que ça ne va pas être d'autres filières.
00:54:46Et puis nous, on fait quoi de nos excédents de vins qui ne partiront pas au Cognac ?
00:54:50On ne va pas les mettre au fossé.
00:54:52On ne va pas demander des distillations obligatoires avec des fonds de l'État,
00:54:57comme on a déjà connu.
00:55:00Et c'est des vins qui, potentiellement, vont aller polluer le reste du marché français.
00:55:05Et nous, on ne veut pas ça.
00:55:07Et là, on voit très bien, ça serait être...
00:55:11Il faut que tout le monde soit responsable sur ce sujet,
00:55:14au plus haut niveau, aussi bien de l'État que nous, professionnels.
00:55:19Et on doit préserver aussi nos autres collègues des autres régions,
00:55:23qui n'ont pas besoin de ça.
00:55:25Et ça passe par trouver des solutions.
00:55:27En tout cas, on doit, à date, privilégier cette orientation-là.
00:55:31Et si demain, ou dans une semaine ou dans deux, la Chine devait confirmer ses taxes,
00:55:38on ne baissera pas les bras pour autant.
00:55:40Ça sera le début d'autre chose.
00:55:42Mais il faudra continuer à discuter avec eux.
00:55:45Et l'approche, et ça a été dit par Monsieur,
00:55:47et moi, je ne suis pas spécialiste de la diplomatie,
00:55:49probablement qu'avec la Chine, les Chinois, il y a une diplomatie particulière.
00:55:55Mais on a des spécialistes.
00:55:57Et on est ravis que notre ministre du Commerce extérieur,
00:56:00accompagné de Monsieur Raffarin, qui est connu, reconnu là-bas.
00:56:05Et on a beaucoup d'espoir dans ce déplacement.
00:56:08Sachez aussi qu'on n'attend pas tout du gouvernement.
00:56:11Nos maisons, nos grands groupes vont être sur place aussi.
00:56:15Il va y avoir un certain nombre de rencontres à l'ambassade en parallèle.
00:56:20Et c'est un combat commun, c'est-à-dire avec vous, avec notre gouvernement.
00:56:25Mais je peux vous assurer que ce soit aussi bien au sein de nos interprofessions,
00:56:30au sein de nos groupes.
00:56:32Depuis le 5 janvier, c'est non-stop, parce que l'enjeu est trop important.
00:56:39Merci. Donc on passe à une nouvelle série de questions. Bernard Buy.
00:56:43Merci, Madame la Présidente.
00:56:45Moi, je suis sénateur de la Drôme, une zone aussi viticole
00:56:48et très impactée aussi par la problématique aujourd'hui.
00:56:51Donc ma question portera sur le nombre de bouteilles.
00:56:54Vous avez parlé tout à l'heure du nombre de bouteilles que vous produisez.
00:56:56Vous en exportez combien en Chine ?
00:56:58Ça représente des pourcentages, pour avoir une idée de la grandeur que ça représente.
00:57:02Et puis, ma deuxième question comporte sur les diminutions
00:57:05que vous avez déjà commencées à faire sur le rendement à l'hectare.
00:57:09Et ne craignez-vous pas, à terme, que les vignes soient abandonnées
00:57:13et qu'il y ait un problème sanitaire d'une manière générale sur tout le secteur ?
00:57:18Merci, Bernard. Serge Mérylou. Serge.
00:57:22Oui. Bonjour.
00:57:25Moi, je ne crois pas que vous êtes un petit grain de sable.
00:57:28Vous êtes un énorme grain de sable, voire un énorme caillou.
00:57:31Et c'est la raison pour laquelle vous avez été choisi par les Chinois
00:57:34pour faire le contrepoids par rapport à leur marché des voitures électriques.
00:57:39Sinon, vous auriez été en paix tranquillement.
00:57:43Je voudrais dire que je ne crois pas du tout à un fonds de soutien.
00:57:46Ça nécessiterait une masse d'argent énorme.
00:57:50Et par les temps qui courent, j'y crois encore moins.
00:57:53Je pense qu'il n'y a que la solution diplomatique.
00:57:56Je ne suis pas sûr que ça puisse être à l'échelle uniquement française.
00:58:01Qu'il y ait du travail fait par notre diplomatie, c'est évident.
00:58:05Mais la difficulté provient de l'Europe qui protège l'industrie des voitures automobiles
00:58:13et a pris le cognac, l'armagnac, les biens spiritueux et d'autres produits.
00:58:18Donc, à mon avis, seule une avancée diplomatique.
00:58:22Parce que les Chinois sont condamnés aussi à trouver un accord.
00:58:25Tout le monde. On est sur un marché, sur du business.
00:58:28Tout le monde est condamné à trouver un accord.
00:58:30Moi, je ne suis pas sûr que ça dure très longtemps.
00:58:32Il va y avoir peut-être six mois, un an de négociations.
00:58:35Tout le monde va essayer de faire peur aux autres.
00:58:38Mais la diplomatie, à mon avis, finira de l'emporter.
00:58:42Et la question, c'est combien de temps ça va durer ?
00:58:44Et comment on fait pour tenir ?
00:58:47Moi, j'ai le sentiment que vos filières sont suffisamment solides,
00:58:51je le crois, que vous pouvez stocker pour pouvoir tenir.
00:58:56Je l'espère sincèrement.
00:58:58Moi, je le dis parce que je suis sénateur d'un département de la Dordogne
00:59:03qui a aussi une dizaine de communes en appellation cognac.
00:59:06Et j'ai été sollicité par les producteurs,
00:59:09qui ne sont pas dans le cœur de l'appellation,
00:59:12mais qui sont très inquiets parce qu'ils ont fait beaucoup d'efforts en la matière.
00:59:16Et je pense que vraiment la diplomatie réparera ce qu'elle a détruit.
00:59:23Et je voulais vous dire que j'ai écrit à Sophie Primat,
00:59:25en tant que ministre du Commerce extérieur,
00:59:27pour lui faire part de nos inquiétudes sur la partie du vignoble de la Dordogne
00:59:31et de l'ensemble du cognac.
00:59:34Ce n'est pas pour ça que j'ignore l'Armaniac,
00:59:37mais moi, je suis le plus proche du cognac.
00:59:40Voilà, merci.
00:59:41Merci Serge. Amel Gacker.
00:59:45Merci Madame la Présidente.
00:59:47Vous l'avez dit, il n'y a pas de doute ici,
00:59:49nous sommes tous mobilisés autour de vos filières mises en danger.
00:59:54Et vous avez raison, il ne faut pas bouger.
00:59:58L'effet, bien sûr, est économique,
01:00:01mais il est aussi vraiment politique, symbolique,
01:00:03puisqu'il s'agit ici de la place de la France,
01:00:06du rôle de la France dans les échanges commerciaux mondiaux.
01:00:10Mais une question que je me pose,
01:00:12on l'a bien compris, ce que vous souhaitez aujourd'hui,
01:00:15ce n'est non pas un retour en arrière, puisque les choses ne sont pas effectives,
01:00:18mais une pause dans cette menace sur cette taxation des Chinois.
01:00:23Mais quels sont vous, en fait, vos arguments ?
01:00:28Aujourd'hui, c'est continuer à faire du business, c'est clair.
01:00:32Mais qu'est-ce que vous mettez aussi sur la table
01:00:34pour accompagner, faciliter l'action diplomatique
01:00:39que, et je m'en réjouis, va mener notre ministre,
01:00:43accompagné du ministre Raffarin ?
01:00:46Ou alors vous estimez que la balle est juste dans le camp de la diplomatie,
01:00:51et qu'à aujourd'hui, vous, vous n'avez pas forcément à bouger.
01:00:53Mais pour tout vous dire, je me questionne
01:00:55et je m'interroge sur, aujourd'hui, le positionnement des Chinois,
01:00:59qui sera de dire, d'accord, avec une contrepartie,
01:01:02on veut bien mettre un bouton pause,
01:01:04mais encore une fois, quels sont vous, quels arguments vous mettez sur la table ?
01:01:08Merci.
01:01:09Voilà, messieurs, je vous laisse de nouveau la parole.
01:01:14Oui, pareil, mes collègues, complètement.
01:01:17Concernant la première question, le pourcentage chine,
01:01:21donc pour Cognac, en direct, parce qu'on a aussi,
01:01:27on a du passage par Singapour, que l'on maîtrise moins,
01:01:30mais en direct, aujourd'hui, c'est 25%, c'est un quart.
01:01:34Donc c'est un quart, on est à peu près à 170 millions de bouteilles,
01:01:39on parle bien de millions de bouteilles,
01:01:40donc vous faites un quart, vous voyez ce que ça donne,
01:01:43et puis il y a ce qui arrive, on va dire, indirectement.
01:01:47Donc voilà pour la partie Cognac,
01:01:49mais je laisserai mon collègue compléter sur la partie Armagnac.
01:01:54Vous évoquiez aussi le rendement à l'hectare.
01:01:56Donc en fait, effectivement, on vote au niveau de l'interprofession,
01:01:59tous les ans, un rendement à l'hectare,
01:02:01c'est-à-dire c'est le rendement commercialisable.
01:02:03Il y a le rendement agronomique, celui qui sort réellement de la vigne,
01:02:06et il y a le commercialisable.
01:02:08Et il se trouve qu'effectivement, il a baissé,
01:02:10il est à 8,64 cette année, donc 8,64 hectolitres d'alcool pur
01:02:15que peut vendre le viticulteur sur chaque hectare.
01:02:19C'est lié à plusieurs choses.
01:02:21C'est lié à l'évolution économique globale, générale.
01:02:26On a eu une baisse des ventes, très clairement, post-Covid.
01:02:30Donc là, je ne vais pas rentrer dans le détail,
01:02:32mais en tout cas, c'est ça.
01:02:33Et puis, on a aussi ces perspectives,
01:02:35parce qu'on a un business plan qui intègre les perspectives,
01:02:38et dans ces perspectives, on intègre aussi, bien sûr,
01:02:41tous ces phénomènes, et ce qui fait qu'aujourd'hui,
01:02:44on est à 8,64.
01:02:45Et on sait qu'à 8,64, quand on regarde les coûts de production,
01:02:49on est à la limite, voire en dessous de la limite,
01:02:52ou au-dessus de la limite, pour certaines exploitations viticoles,
01:02:55et qu'on arrive en zone rouge.
01:02:58Donc voilà pour cette première question.
01:03:00Sur la deuxième question, sur la diplomatie,
01:03:06pour nous, enfin, je l'ai dit, je me répète,
01:03:08pour nous, c'est la seule voie, aujourd'hui,
01:03:10la seule voie possible.
01:03:12Et comment on tient en attendant, sur le long terme ?
01:03:16Parler de stocks, il a été évoqué, les stocks.
01:03:18Ce qu'il faut savoir, c'est que déjà, depuis trois ans,
01:03:21suite à la période post-Covid,
01:03:23où il y a quand même une dégringolade de consommation,
01:03:26d'une manière générale, pour les vins, les spiritueux,
01:03:29dont le cognac, les maisons,
01:03:32et ça a été dit tout à l'heure par Anthony,
01:03:35que nous sommes dans une région fortement contractualisée,
01:03:38ou totalement, je ne vais pas dire totalement,
01:03:40mais quasi totalement contractualisée.
01:03:42Et malgré la baisse des ventes de ces trois dernières années,
01:03:46on a d'un côté le curseur rendement,
01:03:49qui au BNIC a baissé, donc effectivement,
01:03:51le viticulteur a pu vendre moins,
01:03:53mais à l'intérieur de ce rendement voté au BNIC,
01:03:56les maisons ont continué d'acheter,
01:03:59malgré les baisses de ventes.
01:04:01Parce qu'on a la chance d'avoir un produit qui peut se stocker,
01:04:04ceci étant, ça a des limites.
01:04:06Quand je dis ça a des limites, quand vous stockez trop,
01:04:09et quand vous achetez trop à un moment donné,
01:04:11quand ça fait deux, trois ans,
01:04:13à un moment donné, ce n'est plus possible,
01:04:15parce que les stocks, c'est un coût.
01:04:17Ensuite, ça ne correspond pas particulièrement
01:04:19à ce que l'on stock, à ce qu'on attendra sur les marchés.
01:04:22Ce que je peux vous dire, juste en chiffres, très rapidement,
01:04:25c'est que le cognac, c'est 50% en VS, à peu près,
01:04:28donc un cognac qui a deux ans minimum.
01:04:31C'est 40%, tout ce qui est VSOP, c'est-à-dire quatre ans minimum.
01:04:34Et toutes les vieilles eaux de vie, c'est 10%, moins de 10%.
01:04:39Et à un moment donné, si on a trop de vieilles eaux de vie,
01:04:42mais que le consommateur, et notamment aux États-Unis,
01:04:44n'a pas trop de VS, puis on ne pourra pas dire
01:04:46qu'on utilise quand même des vieilles eaux de vie,
01:04:48parce que là, on ne rentrera plus dans les coûts de production.
01:04:51Et pour terminer, peut-être, et après compléter surtout,
01:04:54mes collègues, par rapport à votre question, madame,
01:04:56c'est qu'est-ce que vous attendez ?
01:04:58Et je vous l'ai dit tout à l'heure, on n'est pas là uniquement
01:05:00pour faire un état des lieux, voire pleurer.
01:05:02Ce n'est pas notre sujet.
01:05:04La preuve en est, c'est que dès le 5 janvier,
01:05:06on a pris la situation en main.
01:05:08On aurait pu dire qu'on attend,
01:05:10qu'on ne collabore pas à l'enquête.
01:05:12Ce que je vous dis aujourd'hui, c'est qu'en dix mois,
01:05:14on a collaboré à cette enquête.
01:05:16Donc ça, je pense que la filière,
01:05:18je peux vous dire que toutes les semaines,
01:05:20le nombre de réunions qu'on a sur le sujet,
01:05:22on a été obligés d'accompagner des entreprises,
01:05:24des PME, parce qu'on parle de grandes entreprises,
01:05:26mais dans les PME, des fois, c'est des PME
01:05:28de cinq, six personnes.
01:05:30Le PDG fait aussi bien la mise en bouteille
01:05:32que les papiers. Quand vous tombe une enquête
01:05:34comme ça, je peux vous assurer, moi j'en ai eu
01:05:36au téléphone en pleurs,
01:05:38qu'il y avait déjà des difficultés,
01:05:40j'arrête tout.
01:05:42Donc il a fallu supporter tout ça.
01:05:44Et on a répondu.
01:05:46Je suis pas allé au bout tout à l'heure
01:05:48de mon propos.
01:05:50On est allé à Pékin
01:05:52répondre à une audition
01:05:54qui était une grande mascarade,
01:05:56je peux vous l'assurer.
01:05:58Donc on a fait tout ce qu'on nous demandait.
01:06:00On a fait tout ce qu'on nous demandait.
01:06:02Pour se voir, au mois de septembre, notifié,
01:06:04se voir notifié,
01:06:06ces taxations pouvaient aller jusqu'à 39%.
01:06:08Et ça suffit pas.
01:06:10On nous a dit après,
01:06:12on va vous envoyer des contrôleurs dans vos entreprises.
01:06:14Est-ce que vous acceptez ?
01:06:16On a accepté les contrôleurs. Concrètement, c'est quoi ?
01:06:18C'est des contrôleurs chinois du MOFCOM
01:06:20qui sont venus chez NC,
01:06:22qui sont venus chez Rémi Martin,
01:06:24qui sont venus chez Martel, pendant deux jours.
01:06:26Il a fallu leur ouvrir nos ordinateurs.
01:06:28Tout leur donner.
01:06:30Ils nous demandaient même nos coupes.
01:06:32Bon, nos coupes de vie. Bon alors on leur a donné,
01:06:34mais à peu près, je vais vous dire, sur les coupes de vie.
01:06:36À peu près.
01:06:38Et ils sont venus,
01:06:40et les documents qu'on leur avait envoyés en Chine,
01:06:42comme ils ne voulaient pas les transporter,
01:06:44on nous a demandé de refaire l'ensemble du dossier
01:06:46pour qu'ils puissent vérifier
01:06:48dans nos ordinateurs que ce qu'on leur avait donné
01:06:50était bien vrai.
01:06:52Après, je me dis, est-ce qu'on peut faire plus ?
01:06:54Et aujourd'hui, on a dépensé, je vous dis bien,
01:06:56des millions d'euros.
01:06:58La FEVS pourrait vous en parler, nous, l'interprofession
01:07:00et les maisons. Si on fait l'addition,
01:07:02et je pense qu'on va la faire à un moment donné,
01:07:04on va réclamer de l'argent, là, par contre,
01:07:06parce qu'en fait, on subit les conséquences,
01:07:08et on le sait tous ici, d'un sujet,
01:07:10on n'est pour rien, et nous, pour nous défendre,
01:07:12on est obligés d'avoir des avocats,
01:07:14en plus de nos avocats européens, des avocats chinois.
01:07:16N'oubliez pas qu'ils sont d'abord chinois,
01:07:18comme je l'ai dit à mon collègue, avant d'être avocat.
01:07:20Donc, on ne sait pas ce qu'ils défendent véritablement.
01:07:22Bon.
01:07:24Donc, voilà.
01:07:26Je peux vous assurer que c'est des services entiers,
01:07:28je dis bien des services, parce que ça a été
01:07:30toutes les filiales, toutes les filiales européennes,
01:07:32qu'il a fallu fournir.
01:07:34Donc, depuis le 5 janvier, on n'est pas resté les bras ballants
01:07:36et attendre.
01:07:38Et depuis le 5 janvier, on a sollicité
01:07:40tous les membres du gouvernement,
01:07:42de l'ancien gouvernement,
01:07:44là, depuis, on a rencontré la nouvelle ministre de l'Agriculture,
01:07:46on a rencontré, enfin, bon,
01:07:48on vous rencontre, je peux vous assurer que
01:07:50on n'arrête pas,
01:07:52et nos maisons, nos maisons
01:07:54essaient de trouver aussi des solutions.
01:07:56Alors, des solutions diplomatiques,
01:07:58techniques, juridiques,
01:08:00mais on a besoin,
01:08:02on sait que c'est,
01:08:04la solution passe par le politique.
01:08:06Non mais, donc, ça ne peut être qu'une solution.
01:08:08Moi, je vais vous dire, on a rencontré en marge
01:08:10du Salon de l'Agriculture,
01:08:12l'ambassadeur
01:08:14de Chine en France.
01:08:16Et à la fin de la discussion, il était très sympathique.
01:08:18Il nous a dit, mais
01:08:20la solution est dans les mains de votre gouvernement,
01:08:22il nous l'a dit comme ça. Voilà.
01:08:24On nous a envoyé, le maire de Cognac
01:08:26a écrit, lui a écrit,
01:08:28il lui a fait une réponse de trois pages.
01:08:30On l'a donné d'ailleurs à M. Larcher,
01:08:32notre président du Sénat,
01:08:34quand on l'a rencontré. Trois pages.
01:08:36Il ne se cache pas du tout que
01:08:38c'est complètement lié.
01:08:40Maintenant, il n'y a même plus de, avant on disait,
01:08:42mais non, c'est pas lié, etc.
01:08:44Et à la fin, parce qu'il a un peu d'humour,
01:08:46il cite un proverbe chinois
01:08:48disant, c'est à celui qui a
01:08:50accroché le collier
01:08:52ou la clochette
01:08:54au cou du tigre de le décrocher.
01:08:56S'adressant au gouvernement français.
01:08:58Voilà pour résumer la situation.
01:09:00Donc, qu'est-ce qu'on peut faire, nous on est à votre écoute,
01:09:02mais qu'est-ce qu'on peut faire de plus ?
01:09:04Qu'est-ce qu'on peut faire de plus ?
01:09:06Pour compléter
01:09:08les propos de Florent
01:09:10sur la partie des rendements
01:09:12et des stocks, sur la gestion
01:09:14qu'on a aujourd'hui,
01:09:16les rendements
01:09:18depuis la première,
01:09:20la baisse
01:09:22du contexte économique mondial,
01:09:24c'est-à-dire qu'il a commencé
01:09:26au niveau des chiffres des expéditions
01:09:28au mois de novembre 2022.
01:09:30Donc le rendement de l'année précédente
01:09:32était terminé, puisqu'on fait la récolte au mois de septembre.
01:09:34Depuis, on a une baisse,
01:09:36on est passé d'un rendement commercialisable
01:09:38de 4h64
01:09:40à 8h64. C'est-à-dire que ça,
01:09:42c'est un effort qui a été partagé
01:09:44sur cette partie viticulture
01:09:46négocie, ça n'a rien demandé à personne.
01:09:48Malgré tout, dans le même temps,
01:09:50vu que les œufs de vie qu'on produit
01:09:52sont en stock,
01:09:54on calcule aussi le stock
01:09:56en fonction des années d'expédition,
01:09:58donc on prend le chiffre des expéditions de l'année,
01:10:00sauf que vu que le chiffre des expéditions baisse,
01:10:02et qu'il va être amené à baisser beaucoup plus,
01:10:04on a un chiffre d'années de rotation de stock
01:10:06qui augmente.
01:10:08Et pour le coup, là encore,
01:10:10ça veut dire que,
01:10:12si on regarde aujourd'hui, par rapport à l'année dernière,
01:10:14même si on a moins d'œufs de vie en stock,
01:10:16plus du stock pour plus longtemps,
01:10:18parce que les ventes ont baissé.
01:10:20La gestion de la filière a d'avoir.
01:10:22Et sur ce point-là,
01:10:24on ne demande rien.
01:10:26Mais aujourd'hui, nos produits,
01:10:28si on ne peut pas aller les commercialiser à l'international,
01:10:30la situation est morte.
01:10:32On a un produit qui est né pour ça.
01:10:34Et très clairement,
01:10:36on a besoin
01:10:38d'une action diplomatique
01:10:40qui permette juste de pouvoir être
01:10:42concurrentiel par rapport aux autres produits.
01:10:44Parce que là, qu'est-ce qu'on dit ?
01:10:46Il y aura juste nos produits,
01:10:48c'est à 98%
01:10:50des eaux de vie de vin françaises,
01:10:52armagnac
01:10:54et cognac. Ça va concerner
01:10:56que nous. On va se retrouver dans une situation
01:10:58où, par rapport à tous les autres
01:11:00produits, nous ne serons
01:11:02plus concurrentiels.
01:11:06Monsieur le délégué général.
01:11:08Merci madame la présidente. Peut-être
01:11:10élargir un peu le focus et rappeler que
01:11:12dans le marché des spirituels en Chine,
01:11:14les spirituels importés,
01:11:16ça représente 2 à 3%.
01:11:20Donc la part
01:11:22que représentent nos exportations là-bas
01:11:24ne sont pas un facteur de déséquilibre
01:11:26du marché des spirituels
01:11:28en Chine. Et l'essentiel des spirituels
01:11:30chinois, ce sont des spirituels locaux,
01:11:32notamment le Baijiu.
01:11:34Je pense que peut-être certains d'entre vous
01:11:36ont eu le plaisir de le déguster.
01:11:38Et effectivement,
01:11:40ça pose quelques difficultés.
01:11:42Ce n'est pas vraiment ce qu'on a l'habitude de boire.
01:11:44On a de bonnes relations
01:11:46et des relations suivies avec nos homologues
01:11:48chinois, avec lesquels
01:11:50on travaille sur des aspects d'ordre
01:11:52réglementaire, d'ordre de développement commercial,
01:11:54etc. Et s'il faut bien se dire une chose,
01:11:56c'est que ça n'est pas
01:11:58un conflit entre
01:12:00producteurs de spiritueux chinois
01:12:02et producteurs de spiritueux européens
01:12:04ou français. Quoi qu'on
01:12:06puisse dire ou présenter,
01:12:08on sait tous comment ça se passe. Le Mofcom
01:12:10tape sur l'épaule d'une association
01:12:12sur place et lui demande de déposer
01:12:14une plainte. On a vu le record
01:12:16de vitesse des dépôts de plainte dans le domaine
01:12:18du porc ou du lait.
01:12:20Donc ça ne se passe pas sur le terrain
01:12:22de la relation professionnelle
01:12:24ou de la relation commerciale
01:12:26sur les spiritueux. On peut proposer
01:12:28mille et une choses, on le fait sur le plan
01:12:30des relations qu'on a avec eux,
01:12:32mais ça n'est pas là qu'est le cœur
01:12:34du sujet. Le cœur du sujet, il est
01:12:36sur la façon
01:12:38dont l'Europe
01:12:40et la France prennent une position
01:12:42qui ne nous appartient pas de commenter
01:12:44sur la politique
01:12:46industrielle et le développement
01:12:48d'un certain nombre de secteurs
01:12:50jugés stratégiques en Europe
01:12:52et la réaction que ça suscite côté
01:12:54chinois. En dehors de ça,
01:12:56le reste c'est uniquement des bras de levier
01:12:58pour faire valoir une position politique.
01:13:00Merci messieurs.
01:13:02Alors il reste encore 5
01:13:04questions et vraiment le temps est compté
01:13:06donc je vous demande d'être court
01:13:08et concis. On va donc continuer
01:13:10avec Henri Cabanel. Henri.
01:13:12Oui, merci madame la présidente, merci messieurs.
01:13:14Nous partageons tous, bien
01:13:16entendu, votre inquiétude et
01:13:18ça rappelle de vieux souvenirs avec la taxe Trump
01:13:20où les viticulteurs français
01:13:22n'avaient rien à voir avec la problématique
01:13:24entre Boeing et Airbus.
01:13:26Mais c'est un petit peu, malheureusement,
01:13:28les règles du marché mondialisé
01:13:30et dont on
01:13:32en est les conséquences.
01:13:34Moi je vais revenir sur ce que
01:13:36j'ai évoqué ce matin déjà
01:13:38dans le petit déjeuner
01:13:40au niveau de la FDSEA
01:13:42sur la stratégie
01:13:44de la viticulture française.
01:13:48Vous venez d'évoquer
01:13:50effectivement le fait que vous puissiez
01:13:52réduire vos rendements
01:13:54mais force est de constater quand même
01:13:56que sur ces dernières années vous avez
01:13:58planté énormément de
01:14:00vignes dans le Cognac.
01:14:02Et qui
01:14:04peut effectivement avoir
01:14:06une problématique aujourd'hui
01:14:08dans la stratégie. Mais
01:14:10aujourd'hui
01:14:12ça a été évoqué par l'un d'entre vous
01:14:14tous les vignobles français plus ou moins
01:14:16sont dans des difficultés.
01:14:18On a
01:14:20connu les difficultés
01:14:22dans le Languedoc. Aujourd'hui
01:14:24il demeure.
01:14:26Il y a des difficultés dans le Bordelais.
01:14:28A quand
01:14:30une vraie stratégie viticole française
01:14:32plutôt que de
01:14:34se tirer la concurrence entre
01:14:36régions viticoles françaises.
01:14:38Parce que si on n'a pas compris que l'intérêt
01:14:40que nous avions c'était d'être
01:14:42ensemble et de vendre l'image France
01:14:44au niveau de l'export
01:14:46on n'aura rien compris
01:14:48à la situation. Et quelles que soient
01:14:50les difficultés que peuvent rencontrer les uns
01:14:52et les autres, chaque fois nous recevons
01:14:54les régions viticoles séparées.
01:14:56Aujourd'hui c'est vous. Hier c'était le Bordelais.
01:14:58Demain je ne sais pas qui.
01:15:00Mais il y a un véritable problème
01:15:02au niveau de la stratégie
01:15:04donc de la viticulture
01:15:06française. Donc moi j'espère
01:15:08comme nous tous ici que
01:15:10le climat diplomatique
01:15:12arrivera à trouver des solutions.
01:15:14Je le crains.
01:15:16Il faut avoir espoir.
01:15:18Mais même en Europe
01:15:20on n'est pas sur la même longueur
01:15:22d'onde. Donc si nous entre-européens
01:15:24on ne s'entend pas ça sera difficile de faire
01:15:26entendre notre voix au niveau
01:15:28chinois.
01:15:30Mais je crois qu'il est important aussi
01:15:32de regarder
01:15:34la vision
01:15:36que l'on peut avoir et la défense
01:15:38qu'on peut avoir au niveau français
01:15:40à travers l'OMEC. Parce que là il me
01:15:42semble aussi que c'est une question
01:15:44importante. Merci Henri.
01:15:46Daniel Farjot. Oui merci
01:15:48Madame la Présidente et merci messieurs
01:15:50pour vos différentes interventions.
01:15:52Alors vous l'avez précisé,
01:15:54vous l'avez exprimé, la filière est prise
01:15:56en otage et pour autant
01:15:58vous ne devez pas être sacrifié.
01:16:00Ça c'est certain. Alors pour élargir
01:16:02le débat sur le plan
01:16:04de l'exportation des eaux de vie, je voudrais
01:16:06juste revenir sur un point en
01:16:08complément de celui posé par
01:16:10Madame la Présidente dans son propos
01:16:12liminaire. L'Union
01:16:14européenne se prépare dans le
01:16:16cas d'une réélection de Donald
01:16:18Trump à l'hypothèse d'un nouveau
01:16:20bras de fer commercial avec les Etats-Unis.
01:16:22Les difficultés rencontrées avec la Chine
01:16:24pourraient s'étendre aux relations
01:16:26commerciales avec les Etats-Unis.
01:16:28La question est de savoir si vous vous y
01:16:30préparez et de quelle manière.
01:16:32Enfin, une toute petite question supplémentaire
01:16:34toujours liée
01:16:36aux Etats-Unis. Pendant la période de
01:16:38Covid, les Américains se sont rués vers
01:16:40le cognac. Il y a eu des problèmes
01:16:42d'approvisionnement et des augmentations de prix
01:16:44significatives au point que
01:16:46les consommateurs américains se sont tournés
01:16:48vers deux autres produits, la tequila
01:16:50et le whisky. Je voudrais juste
01:16:52vous demander si vous avez une
01:16:54stratégie de réplique pour reconquérir
01:16:56ce marché. Merci.
01:16:58Yannick Jadot.
01:17:00Merci Madame la Présidente. Merci messieurs
01:17:02pour votre témoignage
01:17:04et votre engagement.
01:17:06Je pense qu'on a, au-delà de ce
01:17:08que disait notre collègue Kavanel,
01:17:10on a un problème aussi de stratégie
01:17:12commerciale européenne. C'est
01:17:14qu'on n'est pas habitué à faire de l'anti-dumping
01:17:16au niveau européen. On a raison
01:17:18de taper les Chinois sur
01:17:20le dumping sur l'automobile.
01:17:22C'est une évidence. On a raison
01:17:24de se battre pour
01:17:26la propriété intellectuelle
01:17:28qu'ils violent régulièrement,
01:17:30ou le droit des marques,
01:17:32y compris des appellations, champagne
01:17:34et autres, pour qu'on
01:17:36ne soit pas victime de concurrence déloyale.
01:17:38Et la difficulté
01:17:40qu'on a, c'est qu'on n'est pas habitué à ça en fait.
01:17:42On le fait parfois et parfois
01:17:44on ne le fait pas. Moi je me souviens sur
01:17:46les panneaux photovoltaïques,
01:17:48l'Europe a totalement lâché parce que
01:17:50les Chinois sont venus menacer les Français
01:17:52déjà de représailles sur le vin.
01:17:54Et qu'on s'est dit
01:17:56« Oh là là, on ne veut pas de représailles sur le vin,
01:17:58on ne veut pas de guerre commerciale. »
01:18:00Le problème c'est que ça ne s'arrête jamais avec les Chinois.
01:18:02Donc il faut un bloc de cohérence
01:18:04européen pour qu'on défend
01:18:06tous nos secteurs
01:18:08face à une concurrence qui est
01:18:10objectivement déloyale.
01:18:12Si on laisse,
01:18:14aujourd'hui c'est vous qui êtes
01:18:16victime de cette guerre là,
01:18:18mais demain vous serez peut-être victime
01:18:20au premier chef parce que d'un seul coup ils décideront
01:18:22que le cognac c'est
01:18:24aussi une production chinoise.
01:18:26Ce n'est plus une appellation contrôlée
01:18:28et protégée au niveau international ou champagne
01:18:30ou d'autres.
01:18:32Moi je plaide plutôt à la fois
01:18:34pour qu'on trouve un
01:18:36moyen de vous soutenir
01:18:38dans la démarche, y compris de manière diplomatique.
01:18:40Le bœuf aux hormones, ça c'est fini par une négociation
01:18:42avec les États-Unis et le Canada.
01:18:44Donc il faut cette
01:18:46diplomatie mais il faut surtout
01:18:48quand même une stratégie commerciale
01:18:50ferme et cohérente au niveau européen.
01:18:52Sinon c'est les uns après les autres qu'on perdra.
01:18:54Merci. Rémi Cardon
01:18:56et ensuite Anne-Catherine Loisier et on s'arrêtera là.
01:18:58Merci Madame la Présidente.
01:19:00Pour rebondir sur les propos
01:19:02de mon collègue Yannick Jadot, effectivement
01:19:04l'enjeu d'une stratégie commerciale
01:19:06européenne est essentiel
01:19:08mais moi je vais plutôt me focaliser
01:19:10sur
01:19:12les territoires d'industrie puisque
01:19:14j'ai vu qu'il y avait un territoire d'industrie
01:19:16Angoulême-Cognac qui
01:19:18fonctionne bien et qui a été construit
01:19:20il y a quelques années
01:19:22et ce territoire d'industrie
01:19:24va avoir
01:19:26va forcément être chahuté
01:19:28par votre problématique
01:19:30ça va de soi et j'aimerais bien
01:19:32avoir connaissance à la fois des emplois
01:19:34directs et indirects
01:19:36puisque les emplois indirects, le secteur de l'emballage
01:19:38que ce soit sur l'industrie du bois, du papier
01:19:40du carton ou de l'imprimerie
01:19:42il y a, je pense, beaucoup d'emplois en jeu
01:19:44et je pense aussi que ça, il faut qu'on
01:19:46en prenne conscience en tant que parlementaire
01:19:48en tant qu'élu de la représentation
01:19:50nationale et je pense
01:19:52que c'est des chiffres importants que vous
01:19:54peut-être vous avez
01:19:56en votre possession pour alimenter
01:19:58le débat. Merci. Anne Catherinoisier.
01:20:00Merci messieurs. En deux mots
01:20:02effectivement je pense qu'il y a un
01:20:04enjeu de cohérence de la parole
01:20:06de l'Union européenne dans le cadre des
01:20:08relations d'échange avec la Chine
01:20:10mais par ailleurs, est-ce que
01:20:12vous explorez d'autres marchés ?
01:20:14Je pense à l'Inde
01:20:16est-ce que
01:20:18il y a d'autres perspectives qui
01:20:20pourraient peut-être venir un peu
01:20:22finalement contrebalancer
01:20:24ces pertes de marché ou en tout cas
01:20:26ces pressions de la Chine ?
01:20:28Voilà messieurs pour ces
01:20:30mots de conclusion et donc
01:20:32on vous laisse la parole. Monsieur Brand.
01:20:34Merci.
01:20:36Je vais répondre sur deux des questions.
01:20:38La première sur la partie
01:20:40plantation et la réflexion
01:20:42d'une stratégie nationale.
01:20:44Étant moi-même vice-président
01:20:46de l'ACNOG, le Comité
01:20:48national des AOC, aujourd'hui
01:20:50c'est une discussion qu'on a
01:20:52régulièrement
01:20:54au niveau de l'ensemble de la filière viticole
01:20:56française. Après aujourd'hui
01:20:58il est évident que
01:21:00notamment à travers nos cycles de qualité
01:21:02on a aujourd'hui un sujet
01:21:04qui concerne les eaux de vie de vin.
01:21:06Il y a parfois des sujets qui concernent
01:21:08la difficulté que peut rencontrer le vin rouge.
01:21:10Des filières qui se sont
01:21:12spécifiées sur les bulles
01:21:14et les effervescents, d'autres sur la partie vin blanc
01:21:16ou rosé. On n'a pas les mêmes
01:21:18difficultés au même moment et ça
01:21:20avec nos cycles de qualité
01:21:22on ne peut pas décider
01:21:24d'aller faire de l'eau de vie à Bordeaux
01:21:26d'aller faire des bulles à Bordeaux, d'aller faire
01:21:28du vin rouge en Champagne. Donc forcément
01:21:30on ne rencontrera pas les mêmes difficultés au même moment.
01:21:32Donc une stratégie commune
01:21:34réfléchie, pensée collectivement c'est ce qui se passe
01:21:36aujourd'hui mais qui est forcément
01:21:38différente parce que
01:21:40chaque vignoble fait
01:21:42sa propre production. Pour répondre
01:21:44de manière très succincte sur la partie emploi direct
01:21:46et indirect, aujourd'hui
01:21:48les emplois directs de la filière
01:21:50cognac c'est 15 000 emplois
01:21:52directs, c'est 77 000
01:21:54emplois indirects.
01:21:56Ces chiffres là ont fait l'objet d'une étude. Et juste
01:21:58sur un petit point sur la partie de la stratégie
01:22:00commerciale à l'international
01:22:02je peux plus facilement en parler
01:22:04que mes collègues négociants. Aujourd'hui
01:22:06la particularité de la filière cognac
01:22:08avec les grands groupes qu'on a
01:22:10fait qu'une des marques de cognac
01:22:12est sponsor officielle de l'ANBA
01:22:14une des marques de cognac
01:22:16a payé une pub pendant le Super Bowl aux Etats-Unis
01:22:18une des marques de cognac vient de signer un partenariat
01:22:20avec la Fédération
01:22:22Internationale d'Automobile
01:22:24qui va être présente sur les Grands Prix de
01:22:26Formule 1 en termes de visibilité
01:22:28commerciale
01:22:30aucune structure
01:22:32agricole ou viticole
01:22:34ne peut sans ces groupes là
01:22:36avoir la force marketing
01:22:38qui est aujourd'hui de ces grands groupes.
01:22:40Après peut-être que c'est pas
01:22:42la bonne chose mais en tout cas
01:22:44il y a des publicités avec les plus grands acteurs
01:22:46qui sont mis en place par toutes les maisons
01:22:48pour pouvoir être visible
01:22:50et gagner des parts de marché
01:22:52sur ce point là ça me paraissait
01:22:54important aussi de le souligner.
01:22:56Pour répondre à la deuxième question sur les US
01:22:58comment on se prépare sur
01:23:00d'éventuelles taxes Trump
01:23:02sachez qu'il y a un travail qui est fait
01:23:04à la fois par
01:23:06les interprofessions, la FEVS de rapprochement
01:23:08avec nos homologues aux Etats-Unis
01:23:10qui font d'autres spiritueux
01:23:14qu'on travaille chacun de notre côté
01:23:16de nos côtés avec nos gouvernements respectifs
01:23:18pour dire nous on veut pas être pris entre
01:23:20le marteau et l'enclume donc
01:23:22on a intérêt même s'ils sont concurrents à un moment donné
01:23:24on a intérêt à avoir ce travail là
01:23:26il y a le travail qui est fait aussi par les groupes
01:23:28en local
01:23:30donc voilà sur les prix
01:23:32sur les prix des cognacs
01:23:34aux Etats-Unis effectivement
01:23:36il y a eu la période Covid
01:23:38où il y a eu
01:23:40une évolution de la consommation
01:23:42le pouvoir d'achat des américains
01:23:44qui touchaient des subventions et qui
01:23:46consommaient à domicile donc on a eu une évolution
01:23:48des ventes qui étaient
01:23:50anormales entre guillemets qui n'étaient pas
01:23:52dans la normalité structurelle
01:23:54on va dire et on a
01:23:56effectivement des distributeurs
01:23:58qui se sont cru tout permis sur les prix
01:24:00et on connaît la sensibilité du consommateur
01:24:02au prix par exemple
01:24:04un VS qui était à plus ou moins 42
01:24:06est passé à 41, 42, 43, jusqu'à
01:24:0845, 46 et à un moment donné
01:24:10quand on est revenu à la vraie vie c'est à dire
01:24:12quand la période Covid s'est arrêtée
01:24:14ces gens là ils ont arrêté
01:24:16d'acheter
01:24:18donc les groupes ont fait pression
01:24:20parce qu'on ne maîtrise pas la politique
01:24:22de prix en local parce qu'il y a
01:24:24plein de distributions, on a fait pression
01:24:26on leur a fait comprendre que c'était
01:24:28une erreur et là maintenant ils sont
01:24:30revenus au vrai prix, au bon prix
01:24:32et on voit même si ça ne se traduit pas
01:24:34totalement aujourd'hui dans les statistiques
01:24:36de sortie de la région
01:24:38ce que l'on sait c'est ce qu'on appelle le sell out
01:24:40c'est à dire ce qui est vendu véritablement
01:24:42les chiffres que nous avons de nos commerciaux
01:24:44on sait aujourd'hui que ça reprend
01:24:46et grâce notamment à un prix
01:24:48adapté, le vrai prix
01:24:50ensuite vous me parliez
01:24:52aussi de tout ce qui est tequila
01:24:54whisky etc
01:24:56on nous disait à un moment donné
01:24:58oui c'est la tequila qui a pris le pass sur etc
01:25:00aujourd'hui je peux vous assurer
01:25:02et on regarde c'est des statistiques
01:25:04que tous les spiritueux souffrent
01:25:06tous les spiritueux sont en baisse de consommation
01:25:08probablement moins que le cognac
01:25:10mais le cognac a tellement évolué vite
01:25:12qu'obligatoirement on a
01:25:14rebaissé rapidement
01:25:16pour répondre à la question numéro 2
01:25:18j'espère avoir été concret
01:25:20pour rester sur les marchés
01:25:22on avait parlé tout à l'heure sur les autres marchés
01:25:24l'Inde par exemple
01:25:26aujourd'hui il y a des droits
01:25:28qui ne permettent pas
01:25:30d'accéder aux marchés
01:25:32aujourd'hui on a
01:25:34sur 10 marchés potentiels
01:25:36qui pourraient nous intéresser
01:25:38les droits sont tellement importants
01:25:40qu'il faudrait déjà trouver un accord bilatéral
01:25:42avant de trouver avec ces 10 marchés là
01:25:44mais en tout cas
01:25:46les 10 marchés qui pourraient nous apporter
01:25:48des nouvelles parts
01:25:50même en les cumulant, même en obtenant
01:25:52un accord qui va prendre des années
01:25:54ça ne compensera
01:25:56même pas le quart
01:25:58de ce que l'on vend en Chine
01:26:02peut-être pour conclure
01:26:04même si je suis armagnacais
01:26:06j'ai travaillé longuement dans le groupe
01:26:08Cadbury Schweppes
01:26:10donc au final
01:26:12c'est le commerce qui est en jeu
01:26:14et le consommateur
01:26:16ou l'acheteur de vin n'est pas l'acheteur de spiritueux
01:26:18on peut avoir une stratégie
01:26:20commune vin
01:26:22spiritueux, ça ne fonctionne pas
01:26:24certes on vient de la vigne
01:26:26on peut gérer des
01:26:28rendements, des choses comme ça
01:26:30mais l'acheteur et le consommateur
01:26:32est complètement différent
01:26:34et en ce moment
01:26:36ce qui est à la mode, ce n'était pas ça
01:26:38il y a 20 ans quand je suis arrivé, c'est le spiritueux
01:26:40même si
01:26:42si on n'était pas taquiné
01:26:44par des choses
01:26:46politiques, les croissances
01:26:48de Charente continueraient
01:26:50les armagnacais suivraient
01:26:54peut-être pour compléter
01:26:56sur l'Inde qui a été évoqué
01:26:58il y a un instant, ça fait 15 ans
01:27:00qu'on est en négociation avec l'Inde
01:27:02je ne sais pas si dans 15 ans on sera encore en négociation
01:27:04avec l'Inde, mais tant que
01:27:06les droits à l'entrée sont de 150%
01:27:08avec une bascule qui monte jusqu'à
01:27:10400% sur les produits
01:27:12vous imaginez bien que même si c'est
01:27:14séduisant avec 1,5 milliard d'habitants
01:27:16il est absolument impossible aujourd'hui
01:27:18de pénétrer sur le marché indien
01:27:20alors on le regarde avec les yeux de l'amour mais que ça
01:27:22Les sénateurs ont donc
01:27:24entendu les représentants de la filière cognac
01:27:26sur les hausses de taxes chinoises décidées
01:27:28en réponse aux hausses de taxes européennes
01:27:30sur les voitures électriques
01:27:32chinoises, la solution viendra
01:27:34de la diplomatie pour éviter
01:27:36une catastrophe, estiment les représentants
01:27:38de la filière cognac. Voilà c'est la fin
01:27:40de cette émission, merci de l'avoir suivie, continuez à suivre
01:27:42l'actualité politique et parlementaire sur notre site
01:27:44internet publicsenat.fr
01:27:46je vous souhaite une très bonne journée sur Public Sénat