Le billet de Daniel Morin dans le 5/7 Retrouvez tous les billets de Daniel Morin sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-daniel-morin
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00:00Marine Bausson, vous êtes avec nous toute la semaine pour les trois dernières minutes de l'émission.
00:03Bonjour, bonjour, ça va ? Je suis trop contente de vous retrouver.
00:06Vraiment j'aime bien quand Daniel est en vacances, ça c'est bien.
00:09Vous avez passé un bon week-end à la Toussaint tout le monde ?
00:11Oui !
00:12C'est sympa, tout le monde a bien été mettre des chrysanthèmes à 28 euros le petit pot sur la tombe de ses morts ?
00:16Les chrysanthèmes à la Toussaint c'est un peu l'équivalent des sandwichs triangle à 11 balles dans les trains.
00:21Il vaut mieux s'y prendre un petit peu avant le grand voyage.
00:23Et moi j'ai fait la totale, tombe, chrysanthème, 28 balles, c'était sympa.
00:27Et puis moi j'ai deux tombes à garnir, donc budget doublé.
00:30Bon, peut-être pas partir en vacances cette année, mais pas grave.
00:33Et alors la Toussaint c'est vraiment la pire des fêtes commerciales.
00:36Moi je ne cède pas à la pression sociale et je ne le fais pas pour rendre hommage à mes grand-mères.
00:40C'est parce que je n'ai pas besoin de ça pour penser à elles.
00:42Je le fais parce que je sais que si je n'y vais pas, je leur fous la honte, dans ma tête.
00:46Je sais qu'elles sont décédées, mais comme dans ma tête elles sont toujours un peu là,
00:49je sens leur jugement depuis l'au-delà.
00:51Si leur tombe n'est pas fleurie, je le sais, elles vont me hanter et je les comprends.
00:55C'est vrai, tout le monde juge les tombes des autres, en tout cas moi je juge les tombes des autres.
01:00Moi je me balade dans le cimetière, je me dis « oh, il y a plein de feuilles de mortel là ».
01:04Sous-entendu, cette personne avait des mauvais petits-enfants, au contraire de moi qui suis géniale,
01:07car si je ne le fais pas, je vais décevoir des personnes qui vivent encore dans ma tête.
01:10Tellement j'ai peur de la mort, c'est excellent.
01:13Allez, bon, toujours est-il que moi, je suis sans pitié dans les cimetières.
01:17Je suis là « oh non, ils ont des fleurs en plastique, oh quelle honte ».
01:23Les gens pourraient quand même pas faire un effort pour leurs aïeuls.
01:25C'est pas grand-chose de mettre un petit bégonia, c'est pas beaucoup d'entretien.
01:29Et puis ça coûte rien, c'est quoi ? C'est à peine deux menus autour d'un plat
01:33coquillette au jambon Gruyère et Comté Thierry Marx dans un TGV Inouï, c'est rien.
01:38Je suis peut-être un peu conditionnée par le fait que je fais très souvent des cimbrieux Paris
01:41pour venir bosser ici, et que les voyages, ça donne quand même faim.
01:45Mais ma réaction, elle est d'autant plus risible que moi-même, je déteste le jardinage.
01:48Ah ben, tu vois mon jardin.
01:50Pardon, j'ai des fleurs en plastique ? Non, pardon, je vois votre vie mine des confits.
01:53Alors, pour les Parisiens, les Parisiennes, un jardin, c'est un bout de terrain dépourvu
01:58de béton et qui n'est pas non plus un parc, et qui est attenant à la maison.
02:01Je sais pas si… La maison, les Parisiens, les Parisiennes, c'est un bâtiment d'habitation.
02:07Bon, allez, c'est pas grave, je continue.
02:08Non mais moi, mon jardin, c'est un terrain vague, le machin, la végétation elle est
02:11tellement haute qu'on voit pas que j'ai des jardinières, elles-mêmes remplies de
02:14mauvaises herbes, mais heureusement on les aperçoit à peine grâce aux ronces qui les
02:18dissimulent.
02:19Bien simple, chez moi, t'amèles Stéphane-Marie, le mec de silence sa pousse, il fait un malaise
02:22direct.
02:23Sauf que là, moi, toute nulle que je suis, le 31 octobre, tu me vois débarquer, remplir
02:27trois arrosoirs d'eau, et je suis là avec mon petit sécateur de pro, mes gants, ma
02:31brosse et mon savon noir pour briquer la tombe de ma mamie afin qu'elle soit plus chic que
02:35celle de ses voisins, qu'on connaît pas, qu'on n'a jamais vues, rapport au fait
02:38qu'ils sont morts en 1980, tout ça pour pas leur foudre la honte.
02:41Et alors je lui parle à ma mamie, on dirait une coiffeuse, je suis là, bon alors qu'est-ce
02:44qu'on leur fait ? Qu'est-ce qu'on lui fait ? Bon je vais faire un petit balayage
02:46pour enlever les feuilles mortes, et puis je vais couper les pointes, changer l'eau,
02:50voilà, tu vas être mieux mamie, ça va faire du bien de rafraîchir tout ça.
02:54Et en ce faisant, je parle un peu fort pour que les voisins morts pendant l'élection
02:57de François Mitterrand sentent que je suis une super petite fille, alors moi, pas comme
03:01leurs petits enfants à eux.
03:02Bref, moi, tout ça, c'était sixième sens, j'ai vu des gens qui sont morts, et ils m'ont
03:07jugé.
03:08Et d'ailleurs, en parlant de voisins qu'on veut impressionner, vous êtes là Nicolas,
03:11si vous êtes là, tapez trois fois.
03:13J'entends trois fois sur le micro, voilà, un, deux, trois.
03:16Merci Marine Bausson.