Tchad : Le ministre russe des Affaires étrangères, M. Sergueï Lavrov, à la tête d'une importante délégation, sera dépêché à N'Djamena le 5 juin 2024 par le Président Vladimir Poutine. L'analyste politique et directeur de recherche au CRASH, Dr Yamingué Betinbaye, livre ses premières impressions au micro d'Alwihda Info.
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00:00Le ministre des affaires étrangères est annoncé en Diamènes le 5 juin de ce mois, alors dites-nous que vous inspirez la prochaine visite annoncée de cette dernière et du point de vue de la stratégie géopolitique ?
00:27C'est une pièce maîtresse de l'administration, de la diplomatie et même de la politique de Poutine.
00:35Lorsqu'il se déplace dans un pays, cela montre l'intérêt et le grand intérêt de Moscou pour ce pays.
00:44Et c'est pour cela que lorsqu'il annonce qu'il arrive en Diamènes, dans ce contexte que l'on connaît, où la présence russe se renforce dans le Sahel et en Centrafrique, au détriment de celle des anciennes puissances classiques comme les Etats-Unis ou la France.
01:04Donc clairement, cette visite montre que la Russie gagne de l'espace dans cette petite guerre d'influence qu'on observe depuis quelques mois entre elle et les autres puissances occidentales sur le terrain africain.
01:24Merci. Quelles sont les présagies sur l'approchement avec la Russie ?
01:32Depuis le 24 novembre de cette année, le Tchad et la Russie vont célébrer le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
01:52Et il a été annoncé qu'à cette occasion les deux pays entendent élargir la base de leur coopération bilatérale.
02:00Donc d'emblée, c'est une visite qui rentre dans cette dynamique, travaillée à finaliser les documents préparatoires qui seront parafaits à l'occasion de ce 60e anniversaire.
02:14Mais d'emblée aussi, cela laisse entrevoir que la prochaine coopération bilatérale entre la Russie et le Tchad sera une coopération plus intense, plus dense et plus élargie que celle qu'on a observée jusqu'à présent et qui fait déjà partie des coopérations fortes du Tchad avec d'autres pays.
02:39Dernière question, ce partenaire avec la Russie ne risque-t-il pas de déranger l'Elysée ?
02:47Bien sûr, de mon point de vue c'est presque une évidence parce que la Russie est en train de gagner du terrain dans un espace qui a été pendant longtemps considéré comme un précaré français.
03:02Donc lorsqu'on voit la Russie débarquer, s'installer mais aussi s'affermir et s'étendre sur cet espace, cela montre que c'est la France d'abord, au premier chef, qui est en train de perdre de l'espace.
03:16Et donc c'est quelque chose qui peut-être ne va pas véritablement être vu d'un bon oeil du côté de l'Elysée.
03:25Mais en même temps, vous vous souvenez que l'ancien chef de la diplomatie tchadienne, l'ambassadeur Anadif, a dit que le Tchad reste très à l'écoute de ses partenaires internationaux et qu'il reste très sensible à ses propres intérêts.
03:42Je pense que c'est un message très fort. Je crois que dans ce contexte, d'autres puissances comme la France ont sûrement intérêt à élever un peu leur offre vis-à-vis du Tchad pour aiguiser l'intérêt du Tchad et conserver la place importante qu'elle occupe déjà sur le terrain tchadien.
04:02Donc on n'est pas question de quitter un mètre sur la procédure ?
04:06Non, pas du tout. Il est question de diversifier ses partenariats pour le Tchad. Il est question de voir ce qui est intéressant chez qui et prendre cela sur la base des coopérations bilatérales réorganisées, remaniées.
04:22Donc ce n'est pas une question de changement de mètre, c'est une question peut-être d'actualisation des partenariats internationaux.