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Aujourd'hui les Français ont toujours du mal à accéder à une médecine du quotidien. Ainsi près de 9 citoyens sur 10 vivent dans un désert médical, et 6,7 millions d'entre eux n'ont pas de médecin traitant. Si le problème n'est pas nouveau, Michel Barnier en a fait une priorité lors de son discours de politique générale le 1er octobre dernier. Absence de médecin traitant à 90 ans passés, examens reportés faute de spécialistes, ou encore commune qui voit ses cabinets médicaux fermer les uns après les autres, ce mois-ci Quentin Calmet donne la parole à cinq Français directement concernés par ces questions autour de la santé du quotidien. Cinq Français qui interpelleront directement les sénateurs présents sur le plateau de l'émission Dialogue Citoyen. Année de Production :

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Transcription
00:00Bonjour à tous, comment accéder à des soins de qualité près de chez soi ? C'est la question
00:14prioritaire posée par Michel Barnier lors de son discours de politique générale le
00:181er octobre, preuve de l'importance de ce sujet aujourd'hui dans notre pays, la France
00:23où on a vu en 2024 une hausse du nombre de soignants, une première depuis 2010, mais
00:29où il y a toujours de fortes disparités dans l'accès aux praticiens.
00:33D'après une étude réalisée par l'Association des maires de France avec la mutualité française
00:39qu'on a vue en janvier dernier, 87% de la population vit dans un désert médical.
00:44Ce sont ainsi 6,7 millions de Français qui n'ont pas de médecin traitant.
00:48Dans ce nouveau numéro de Dialogue Citoyen, 5 Français vont pouvoir témoigner de leurs
00:53difficultés, de leurs interrogations, mais aussi proposer des solutions.
00:58Beaucoup d'entre vous vivez dans des départements où il manque des soignants, que ce soit le
01:03Pas-de-Calais ou encore l'Allier, et nous verrons qu'en Normandie, la situation est
01:07également tendue.
01:09Et pour commencer, on va d'ailleurs se rendre en Normandie, à Saint-Quentin-sur-le-Aulme,
01:14dans la Manche.
01:15Bonjour Alain Thomas, vous êtes jeune retraité.
01:18Votre principale source d'inquiétude, c'est la situation de votre mère de 90 ans.
01:23Son médecin est parti à la retraite, elle vit à Bayeux, dans le Calvados, et elle ne
01:28peut plus conduire.
01:29Difficile, dans ces conditions, de retrouver un médecin traitant.
01:33Regardez.
01:36Voilà le dernier ordonnance du médecin traitant avant sa retraite.
01:40On est en novembre, puis obligé d'aller à l'hôpital en urgence parce qu'on ne
01:49trouvait pas de médecin.
01:51Ensuite, il a fallu retourner à l'hôpital au mois de mai.
01:55Toujours pas de médecin.
01:57Bonjour Alain, je le disais, vous auriez pu continuer comme ça encore pendant longtemps
02:02avec cette longue liste.
02:03Racontez-nous votre parcours du combattant, et d'ailleurs, est-ce que votre mère a
02:07retrouvé un médecin soignant ?
02:08Bonjour, non actuellement elle n'a toujours pas de médecin.
02:13C'est une longue bataille pour essayer d'en trouver un.
02:20Je suis en plus accompagné des services sociaux, mais également de l'hôpital de Bayeux.
02:25Ce sont les médecins de l'hôpital qui lui font ces ordonnances.
02:30Vous imaginez, vous en arrivez à cette situation avec votre maman de 90 ans.
02:34Elle est très angoissée, je crois.
02:36Oui, tout à fait.
02:38On a eu un rendez-vous il y a quelques semaines avec le service social de l'hôpital
02:45et le service social de la ville de Bayeux.
02:49Ils ont conclu, les deux personnes qui étaient avec moi ont conclu
02:52qu'il y avait une nette dégradation entre le mois de janvier dernier et aujourd'hui.
02:57C'est ça, le défaut de prise en soin par un médecin traitant
03:00a eu des conséquences directes même sur sa santé.
03:03Aujourd'hui, elle est dégradée, elle a du mal à saisir ce qui se passe autour d'elle
03:09et elle est en panique systématique dès qu'elle ne voit pas son infirmière le matin
03:13lui apporter ses médicaments.
03:15Alors justement, pour réagir à votre témoignage,
03:17je vais vous présenter mes invités.
03:19J'accueille sur ce plateau trois sénateurs qui vont pouvoir dialoguer avec vous,
03:22avec les citoyens.
03:24Bernard Jomier, bonjour.
03:25Vous êtes sénateur Place publique de Paris.
03:27Place publique, c'est le parti de Raphaël Glucksmann.
03:30Vous siégez au Sénat, au groupe socialiste et vous êtes médecin généraliste.
03:34Avec nous également, Véronique Guillotin, bonjour.
03:36Vous êtes sénatrice de Meurthe-et-Moselle, membre du Parti radical.
03:39Vous êtes au groupe RDSE, on dit, au Sénat.
03:41Vous êtes médecin de profession à l'hôpital, notamment.
03:44Et enfin, avec nous, un autre normand,
03:47Hervé Moret, bonjour, sénateur centriste de l'Eure,
03:50ancien président de la Commission de l'aménagement du territoire,
03:52on va le voir, ça a son importance.
03:55Vous ne découvrez pas ce sujet des déserts médicaux,
03:57mais qu'est-ce que ce témoignage d'Alain,
04:00eh bien, ça vous évoque, Bernard Jomier ?
04:04D'abord, c'est une angoisse pour les patients.
04:07C'est une angoisse de ne pas avoir de médecin traitant
04:10quand on a des problèmes de santé et qu'on ne sait pas
04:14si on va avoir une réponse, puis c'est totalement anormal.
04:17En France, en 2024, voilà, on est des départements entiers,
04:22et vous l'avez dit au début, plus de 80 % du territoire
04:26qui manque de médecin.
04:29Donc, et moi, je considère qu'il y a une insuffisance
04:33de réponse politique, pour être tout à fait franc,
04:35je ne veux pas rentrer dans le débat de façon trop outre-hortée,
04:38on va y venir, mais il y a une insuffisance de réponse
04:41parce qu'il y a des choses à faire.
04:43Il y a des choses à faire, ce n'est pas vrai que c'est inéluctable.
04:46Oui, il y a une pénurie, mais face à cette pénurie,
04:48il y a des choses à faire, et plus on traîne, plus on tarde,
04:52et je vais prendre juste un exemple pour commencer et m'en arrêter là,
04:55c'est l'histoire de l'année de professionnalisation
04:57pour les jeunes médecins.
04:58Ça ferait 30 médecins, jeunes médecins en plus,
05:00par département, et ça fait deux ans que ça n'avance pas
05:03parce que, voilà, c'est englué dans les procédures,
05:07dans l'administration...
05:08On va y revenir, parce qu'il y a eu une PPL,
05:10il y a eu une proposition de loi, il y a eu une loi là-dessus...
05:11Ah oui, ça a été voté, surtout, ça.
05:13Mais Véronique Guillotin, une femme de 90 ans
05:15dont on voit que l'état de santé a même pu être impacté
05:18par ce manque de soignants, ce manque de médecins,
05:22au jour le jour, qu'est-ce que ça vous évoque ?
05:24Je ne reprendrai pas les propos,
05:26mais c'est évident qu'on a une situation en France,
05:28mais il y a une hétérogénéité,
05:30donc plus dans certains départements et plus sur certains territoires,
05:33et des fois plus dans certains quartiers,
05:35où la situation est excessivement compliquée pour tous les patients,
05:38mais notamment pour les patients les plus fragiles.
05:40Donc moi, je suis... On est en pleine pénurie,
05:43et on paye aujourd'hui un numerus clausus,
05:46un nombre de médecins formés qui a été insuffisant,
05:50et pour former un médecin, il faut 10-12 ans avant qu'il s'installe,
05:52donc on voit bien la lenteur du virage du bateau.
05:56Mais en tout cas, je pense effectivement qu'il y a des choses à faire.
05:58On pourrait trouver d'autres systèmes d'organisation
06:00pour qu'effectivement il y ait une prise en charge de ces patients,
06:03pas comme avant. Moi, je suis quand même persuadée
06:05qu'on ne fera pas la médecine...
06:07On ne réglera pas les problèmes aujourd'hui avec les méthodes d'hier.
06:10On va y revenir également.
06:11Hervé Moret, ça fait 15 ans que vous portez la question
06:13notamment de la coercition de l'installation des médecins.
06:16Est-ce que vous avez vu la situation empirer dans votre département ?
06:19Est-ce que ça a renforcé votre conviction en la matière ?
06:22Écoutez, malheureusement, ce témoignage ne me surprend pas du tout,
06:25parce que, comme vous l'avez dit, ça fait 15 ans que je me bats sur le sujet
06:30pour que les gouvernements successifs...
06:32Successifs, moi, j'ai connu l'époque Sarkozy, l'époque Hollande,
06:36l'époque Macron.
06:37Malheureusement, je mets tout le monde dans le même sac,
06:39de ce point de vue-là, parce qu'aucun des gouvernements
06:42auxquels j'ai pu avoir affaire depuis 15 ans n'a eu le courage
06:45de prendre vraiment le sujet à bras-le-corps en proposant des mesures fortes.
06:49Et je n'attends pas davantage de M. Barnier,
06:52qui a effectivement annoncé des choses qui s'apparentent plutôt à des mesurettes.
06:57Moi, on y reviendra.
06:59Je ne prône pas la coercition, je prône la régulation,
07:01ce qui n'est pas la même chose.
07:03Et le sujet, ce n'est pas tant le nombre de médecins
07:05que la répartition sur le territoire, parce que, qu'on le veuille ou non,
07:09il y a encore aujourd'hui des endroits, notamment à proximité d'ici,
07:12c'est-à-dire au centre de Paris, où on peut avoir un rendez-vous très rapidement.
07:16Je vous fais le pari de décrocher mon téléphone
07:18et vous obtenez un rendez-vous, y compris avec un spécialiste, dans la semaine.
07:22Et donc, il y a une inégalité d'accès aux soins dans ce pays
07:25qui est totalement inadmissible.
07:28Et encore une fois, je ne comprends pas ou je comprends trop bien
07:31que les responsables politiques successifs de tous bords
07:35n'aient jamais voulu prendre les mesures fortes qui s'imposent
07:37et soient en permanence dans des mesurettes qui, en 25 ans,
07:41ont malheureusement prouvé leur inefficacité totale.
07:43Oui, qu'est-ce que vous entendez exactement ?
07:45Qu'est-ce qu'on doit comprendre dans ce que vous dites ?
07:48C'est qu'il y a eu quelque chose qui s'est joué aussi de la part des gouvernements ?
07:51Non, ce qui est très clair,
07:54c'est que les gouvernements successifs ont peur du lobby médical.
07:58Moi, je me souviens, pour prendre un exemple de la gauche,
08:02le Parti socialiste qui, avant d'accéder au pouvoir,
08:05déposait ici même une proposition de loi
08:07avec, pour le coup, des mesures de contraintes très fortes
08:10qui étaient de dire qu'il fallait une autorisation à l'installation
08:14pour éviter que les médecins se concentrent tous dans les mêmes endroits.
08:18Cette proposition de loi, elle était signée par Jean-Marc Ayrault et Mme Touraine.
08:22Six mois plus tard, ils étaient aux affaires,
08:24l'un comme Premier ministre, l'autre comme ministre des Affaires sociales,
08:26et ils n'ont juré que par l'incitatif pour ne pas contrarier les médecins.
08:30Mais à force de ne pas vouloir contrarier les médecins,
08:31on arrive à la situation qui est dépeinte
08:34et qui, encore une fois, n'a fait que s'aggraver.
08:36Juste un mot, je vous en prie, pour terminer.
08:39Moi, je me souviens de la loi qui avait fait voter Mme Bachelot
08:41ministre de la Santé en 2008-2009,
08:44et à l'époque, elle nous disait, vous inquiétez pas,
08:46c'est juste un mauvais moment à passer.
08:48Dans dix ans, tout ça sera remis à niveau.
08:50On n'est plus de dix ans après 2008-2009.
08:52Bon, ça, personne ne peut me contredire.
08:54Mais la situation n'a fait que s'aggraver,
08:56et là aussi, personne ne peut me contredire.
08:57Alain, vous avez une question très précise
08:59pour les sénateurs qui sont avec nous.
09:01On vous écoute.
09:02Oui, alors, je voulais proposer et leur demander
09:07si les personnes âgées qui ne peuvent plus se déplacer
09:11ne peuvent pas être priorisées pour obtenir un médecin traitant.
09:16Bernard Jomier, est-ce que c'est faisable,
09:18est-ce que c'est réalisable, une forme de priorité
09:20pour les plus fragiles ?
09:22Je crois, je suis d'accord avec ce que disait Véronique Guillotin,
09:26c'est-à-dire qu'effectivement, on doit travailler autrement.
09:28On va penser à modifier les modes de prise en charge.
09:32Et ce qui est proposé là, théoriquement,
09:34c'est ce que doivent faire les cases d'assurance maladie.
09:36Elles en ont déjà la mission.
09:38Il y a un dispositif qui a été mis en place
09:40pour que, c'était François Braune qui était ministre,
09:43pour que chaque personne qui est en affection de longue durée
09:46ou qui est très âgée, comme la maman de monsieur,
09:50puisse avoir un médecin traitant,
09:52se voir désigner un médecin traitant.
09:53La limite du dispositif, c'est que quand vous êtes en pénurie,
09:57c'est-à-dire ceux qui sont là,
09:59déjà, ils n'arrivent pas à faire leur journée.
10:01Et si vous les surchargez encore, ils arrêtent.
10:04Ils font un burn-out et ils arrêtent.
10:05Véronique Guillotin, c'est le dernier kilomètre qui fait défaut ?
10:09La mise en place de tout ce qui a été voté depuis,
10:12on disait, 2008, monsieur Braune également ?
10:14Je ne sais pas si c'est le dernier kilomètre qui fait défaut.
10:17Moi, je pense que c'est le pilotage territorial qui fait défaut.
10:21On a des territoires denses, mais on a aussi des territoires ruraux.
10:24Et tout ce pilotage de la santé pour accéder,
10:26pour aller soigner les gens au plus près ou faire de la prévention
10:29est différent d'un territoire à l'autre.
10:31Donc, moi, je prône une territorialisation
10:33qui doit être avec, bien évidemment, un cadrage national.
10:36L'État doit donner les grandes lignes.
10:37Et j'attends beaucoup, moi, de ces docteurs juniors
10:40qui vont arriver en 2026.
10:41J'espère qu'ils vont arriver sur les territoires
10:43et que les territoires seront prêts à les accueillir.
10:45On va en reparler selon cette émission.
10:47Alain, vous restez avec nous.
10:49Merci pour votre premier tournage.
10:50On va écouter une deuxième personne,
10:52une deuxième Française,
10:54avec la situation particulière des médecins spécialistes.
10:57D'ailleurs, on voit que cette question a encore fait la une
11:00de la presse régionale.
11:01Cette semaine, en Occitanie,
11:03on a vu la dépêche du Midi titrée ainsi.
11:08Nous, on va rejoindre l'allié dans le centre de la France.
11:11Bonjour, Clélia Touzeri.
11:13Merci de nous avoir rejoints.
11:14Vous avez 33 ans.
11:15Vous êtes formatrice dans le sanitaire et social.
11:18Vous êtes diabétique et vous devez être surveillée régulièrement.
11:22Votre suivi médical, et on va le voir, très difficile.
11:25On regarde la vidéo que vous avez filmée pour nous.
11:32Mon suivi endocrinologique est fait
11:35via mon outil principal de travail,
11:37c'est-à-dire mon ordinateur,
11:39tout simplement parce que je n'ai pas la possibilité
11:42de pouvoir me rendre comme cela est préconisé
11:45tous les trois mois chez mon endocrinologue,
11:47parce qu'il se trouve à plus de 80 km de chez moi.
11:51Donc cela engendre bien évidemment des difficultés
11:54au niveau de mon suivi,
11:55parce que mon endocrinologue étant visio,
11:58il ne peut pas me faire un suivi complet
12:00comme cela est préconisé.
12:02Je n'ai pas, par exemple, le suivi de mes pieds,
12:06parce qu'on sait qu'un diabétique a régulièrement
12:09et souvent, malheureusement,
12:11des problèmes de circulation sanguine au niveau des pieds,
12:14ce qui peut entraîner des difficultés.
12:17Eh bien moi, je ne peux pas faire ce suivi
12:19avec mon endocrinologue,
12:20tout simplement parce que mon endocrinologue,
12:22je le vois physiquement à peu près qu'une fois tous les ans,
12:26voire tous les deux ans.
12:28Clélia, merci de nous avoir rejoints.
12:30Ce qu'on comprend, c'est que vous faites l'impasse
12:32sur certaines consultations.
12:33C'est une galère du quotidien pour vous ?
12:35Oui, complètement.
12:37En fait, quand on est diabétique,
12:40il faut avoir un suivi global de tout son corps,
12:43donc dermatophes, thalmos, gynéco, etc.,
12:47cardio, angio, enfin bon, complet.
12:51Et le souci, c'est que moi, ce suivi-là,
12:53déjà, je ne peux pas l'effectuer dans sa totalité
12:56et sur le peu de spécialistes que j'arrive à trouver,
12:59ils sont entre 80 et 120 km autour de chez moi.
13:04Oui, c'est ça.
13:05Vous avez parcouru parfois des centaines de kilomètres
13:07dans la même journée pour voir deux médecins.
13:10C'est très fatigant pour vous, on l'imagine.
13:12Est-ce que vous avez pu craindre même
13:13que ça aggrave votre situation médicale ?
13:16Alors, ça a failli, effectivement,
13:17puisque le jour où, effectivement,
13:19il a fallu que je me rende à la fois
13:21chez un ophtalmo en urgence et chez mon endocrinologue,
13:25donc j'ai fait plus de 320 km ce jour-là,
13:28justement parce que mon diabète s'étant aggravé,
13:31j'avais des micro-anévrismes dans les yeux
13:34qui risquaient de me faire avoir
13:36des pathologies bien plus importantes
13:37puisqu'ils étaient au niveau de la macula
13:39et donc risquaient de me faire perdre une partie de la vue.
13:42Oui. Dans votre cas, la télémédecine
13:45a joué une importance primordiale.
13:48Vous le dites, ça a pu vraiment améliorer énormément la situation.
13:51Oui, complètement, complètement.
13:53J'ai eu la chance de trouver cet endocrinologue en urgence
13:56qui a accepté de me voir en visio
13:58pour justement pouvoir me mettre sous insuline
14:02avec un suivi infirmier en urgence
14:05puisque, à ce moment-là,
14:07je n'avais pas la possibilité de me déplacer,
14:09j'étais en béquille
14:11puisque je venais de me faire opérer d'un pied.
14:12Et donc, l'endocrinologue, voyant ma situation,
14:16m'a dit, écoutez, je vous prescris tout de suite ce qu'il vous faut
14:19parce que là, très clairement, si je vous laisse comme ça,
14:21sachant que je venais faire ce qu'on appelle une crise d'acide océtose,
14:25vous risquez de finir à l'hôpital, très clairement.
14:27Et alors vous, vous êtes très en colère aujourd'hui.
14:29Vous parlez même de serment d'hypocrite
14:31et non pas de serment d'hypocrate.
14:32C'est votre expression ?
14:34Mais oui, parce que pour moi, le serment d'hypocrate,
14:37c'était quelque chose de très important.
14:40J'admire les gens qui prêtent ce serment.
14:43Et aujourd'hui, ces gens-là, j'ai l'impression que,
14:47alors par effectivement des décisions de l'État successives,
14:53ce serment-là, en fait, il s'est modifié.
14:55Et aujourd'hui, un médecin n'est plus médecin
14:57pour aider son prochain et sauver des vies,
14:59mais est médecin pour le prestige et l'argent.
15:02Et moi, ça me dégoûte un petit peu, en fait, d'écouter ça.
15:05Voilà, ces déclarations, elles feront évidemment réagir en plateau.
15:09Bernard Jomier, qu'est-ce que vous pouvez répondre à Clélia ?
15:11Vous êtes médecin, je le rappelle, je l'ai déjà dit.
15:13Oui, merci.
15:17Pareil, moi, je comprends complètement.
15:19Vous avez besoin d'avoir un suivi régulier.
15:21La question, il me semble, pour vous,
15:24c'est vraiment beaucoup l'organisation du parcours de soins
15:27et d'utiliser la bonne ressource au bon moment.
15:31Quand j'entends parler de l'examen des pieds, par exemple,
15:34eh bien, il n'y a pas besoin d'un endocrinologue.
15:37Une infirmière, une IPA, ces fameuses IPA dont on parle,
15:40infirmière de pratique avancée, ça existe déjà sur le diabète.
15:42On y reviendra après, oui.
15:43Ce sont les infirmières asalées qui existent actuellement.
15:45Une infirmière asalée, elle a été formée pendant deux ans
15:49sur la question du diabète.
15:51Et elle est en capacité de regarder,
15:55de prévenir, de dépicer des complications,
15:57d'examiner des pieds, de voir si l'attention est bonne, etc.,
16:00de lire des résultats d'examens biologiques.
16:03Et il faut que le médecin généraliste,
16:05qui est celui qui doit avoir la vision d'ensemble,
16:07ou l'endocrinologue pour les formes les plus graves de diabète,
16:10mais pas pour tous les diabètes du tout,
16:12soit utilisé au bon moment.
16:14Or, on a un système qui reste encore très figé.
16:17Les IPA, en ville, en France, il y en a 200.
16:20À l'hôpital, ça commence à se répandre.
16:22Mais en ville, il y en a 200.
16:23Pourquoi ?
16:24Parce qu'on ne leur paye pas la formation.
16:27Imaginez qu'une infirmière...
16:28Il y a aussi les réticences des médecins,
16:30on va en reparler, monsieur Jomier.
16:31Une IPA, si elle veut se former, ça dure deux ans,
16:35et elle ne va quasiment pas avoir de revenus.
16:37Mais Julia, elle en veut aux médecins, aujourd'hui.
16:39Vous avez entendu ce qu'elle a dit, c'est très fort.
16:41Les médecins ne peuvent plus répondre à tout.
16:43Ils sont en pénurie.
16:44Donc, il faut les utiliser.
16:46Il faut que madame Toudry puisse être soignée,
16:49que son diabète soit suivi.
16:51Et je pense que si elle a une infirmière de pratique avancée
16:54qui est spécialisée dans le diabète,
16:56elle n'aura pas de réticence à faire examiner ses pieds
17:00par cette infirmière pour surveiller,
17:02parce qu'elle a raison,
17:03elle a survenu de complications, d'un mal perforant aux pieds.
17:07Voilà, c'est ça, il faut qu'elle ait une réponse.
17:09Julia, vous êtes avec nous en direct,
17:11donc vous pouvez réagir directement à ce qu'elle vient de dire.
17:13Jomier.
17:14Moi, très clairement, je ne suis même pas sûre
17:17que j'ai une IPA dans mon département.
17:19Non, il n'y en a pas, c'est ce que je dis.
17:21On va revenir sur la question des IPA après.
17:23C'est le problème, c'est qu'on ne paye pas leur formation,
17:26alors qu'il y en a beaucoup qui voudraient.
17:27Hervé Moret, vous vouliez réagir.
17:29Bien sûr.
17:30Oui, bien sûr, je voulais réagir.
17:32Moi, je suis le seul à cette table à ne pas être médecin,
17:34donc je peux répondre très librement
17:36et je ne me sens pas obligé de défendre la profession.
17:38Cela dit, je pense que vous êtes un peu sévère
17:41quand vous dites qu'aujourd'hui,
17:42les médecins ne pensent plus qu'aux titres et aux revenus.
17:47Ce qui est vrai quand même,
17:48c'est que le schéma du médecin d'autrefois,
17:51qui travaillait 40 heures par semaine, c'est fini.
17:54Et ça ne tient pas, contrairement à ce que disent beaucoup,
17:57uniquement à la féminisation.
17:59Ça fait réagir, en fait.
18:00Je connais des jeunes médecins qui sont de sexe masculin.
18:04Je dis ça parce que je ne prétends pas du tout être féministe,
18:07mais je trouve que c'est un peu sommaire,
18:09un peu caricatural de dire
18:10que c'est parce que la profession s'est féminisée.
18:12Non, je connais des médecins de sexe masculin,
18:15jeunes, qui ont une trentaine d'années
18:16et qui n'ont pas envie de travailler comme leurs aînés,
18:19je ne sais combien d'heures par semaine,
18:2160, 80 heures,
18:23et qui sont plutôt à travailler trois, quatre jours par semaine.
18:27On peut le regretter, mais c'est ainsi.
18:29Et c'est vrai, d'ailleurs, que quand on regarde les chiffres
18:32entre 2010 et aujourd'hui,
18:33le nombre de médecins qui se consacrent à temps plein à la profession
18:38a beaucoup diminué.
18:39En 2010, on était au-dessus de 75 %,
18:41aujourd'hui, on est à 60 %.
18:43Donc, c'est un fait et il faut en tenir compte.
18:46Parce qu'on parle toujours du nombre de médecins.
18:47Il n'a pas tellement baissé.
18:49C'est plutôt le temps de travail des médecins qui a baissé,
18:51comme je l'indiquais.
18:54Et donc, effectivement, il faut en tenir compte.
18:56Moi, ce que je veux quand même dire,
18:58par rapport au fond de la question,
19:00c'est qu'effectivement,
19:02la difficulté d'accéder à un spécialiste
19:04est encore plus grande que celle d'accéder à un généraliste.
19:07Et malheureusement, dans certains cas,
19:10le temps que l'on met à accéder à un spécialiste
19:13a un impact sur la santé.
19:15Quand vous avez une pathologie grave et évolutive,
19:19si je force un peu le trait,
19:20vous pouvez, le jour où vous avez enfin votre rendez-vous,
19:23ne plus avoir besoin de voir le médecin
19:25parce que, malheureusement, il n'y a plus grand-chose à faire.
19:27C'est un peu caricatural, ce que je dis,
19:29mais pas totalement,
19:30parce qu'on sait très bien que certaines pathologies,
19:31si on les prend en amont, on arrive à régler le problème.
19:34Et si on attend des mois, voire parfois plus d'un an,
19:37c'est préoccupant.
19:38Véronique Guillotin, vous êtes élue de Meurthe-et-Moselle.
19:42Il y a cette complique CT
19:45pour les habitants des départements ruraux en particulier.
19:48Qu'est-ce que vous répondez, vous, à Clélien ?
19:50C'est un dysfonctionnement.
19:52On ne peut pas nier qu'il y a, sur votre cas, madame,
19:56un dysfonctionnement puisque vos besoins ne sont pas...
20:00Il n'y a pas de réponse à votre besoin.
20:02Pour autant, je pense qu'effectivement,
20:04si vous avez un diabétologue à 180 ou 80 km de chez vous,
20:08il ne pourra pas suivre tous les diabétiques
20:11de tout le territoire.
20:13Donc, il faut une coordination.
20:15Aujourd'hui, il y a des montées en compétences.
20:17Il faut organiser le parcours du patient,
20:19c'est-à-dire le suivi, effectivement, d'un diabétique.
20:22Demande un suivi ophtalmo,
20:24qui n'est peut-être pas toujours à faire par l'ophtalmo
20:26de manière régulière.
20:27On a des orthoptistes aujourd'hui
20:28qui sont en lien avec des filières d'ophtalmo.
20:31On a des infirmières asalées
20:33qui s'occupent des pathologies chroniques
20:35et qui sont excessivement bien formées,
20:37je dirais presque quelques fois mieux.
20:39Et elles ont surtout plus de temps
20:41pour s'intéresser aux problèmes de votre alimentation,
20:44de l'activité physique si besoin,
20:46du suivi de votre diabète
20:48et de la surveillance des éléments indispensables,
20:50vous l'avez cité, comme vos pieds.
20:51Et je reviens à ce que je disais tout à l'heure,
20:54je crois qu'il faut effectivement re-territorialiser tout ça.
20:56Il faut mettre les compétences
20:57et puis il faut faire monter des paramédicaux en compétences
21:01pour qu'ils puissent travailler.
21:02Le seul souci, c'est la coordination.
21:04Le médecin traitant doit rester le pivot, vraiment,
21:07mais pour qu'il reste le pivot,
21:08il faut qu'il puisse accéder à toutes les informations
21:11qu'il reçoit de tous ces paramédicaux et des spécialistes.
21:14Clélia, qu'est-ce que vous pensez
21:15de tout ce qui a été dit en plateau ?
21:17Il y a visiblement bien un dysfonctionnement
21:18autour de votre situation, tout le monde le reconnaît.
21:21Alors, malheureusement, je ne suis pas un cas isolé, en fait.
21:24Je suis un cas qui est en train de se banaliser,
21:27de se généraliser,
21:28et malheureusement, c'est aussi pour ça que je témoigne.
21:31C'est parce que certes, moi, j'ai des difficultés,
21:33mais je suis encore jeune, je suis battante,
21:35donc j'arrive encore à m'en sortir,
21:37mais des situations de personnes qui sont isolées,
21:39qui n'ont pas de moyens de transport,
21:41qui n'ont pas forcément les moyens financiers
21:43aussi de pouvoir se déplacer,
21:44de faire des centaines de kilomètres,
21:46c'est aussi pour eux que je me bats,
21:48parce que c'est très compliqué, en fait, pour tout le monde.
21:51Et pour revenir sur l'un des sénateurs...
21:57Alors, je ne me souviens plus lesquels, je suis désolée,
21:59je ne connais pas les noms.
22:02Qui disait que j'étais un peu dure.
22:03Alors, oui, je me suis devenue un peu dure, effectivement,
22:07aujourd'hui, tout simplement parce que j'ai tellement été déçue,
22:12mais pas que par les médecins, par les politiques aussi,
22:15parce que j'ai eu l'occasion, par le biais de mon association,
22:18de rencontrer des politiques,
22:20et à chaque fois, on m'en voyait balader,
22:22en me disant, oh non, non, mais ça, ce n'est pas une priorité.
22:25Bah si, en fait, la santé de la population,
22:27aujourd'hui, c'est une priorité.
22:28Oui, bien sûr.
22:30Et Hervé Moret, voilà, elle vous a renvoyé la balle.
22:33Effectivement, c'est tout le politique
22:34qui est atteint par cette crise.
22:35Je vois que les politiques sont pour vous
22:38pire que les médecins ou inversement, je ne sais pas.
22:40Vous voyez mes collègues qui sont les politiques et médecins,
22:42ils sont pourtant très sympathiques.
22:44Non, très sérieusement, on sait bien, on est bien conscients
22:48que l'accès aux soins, la santé,
22:51c'est la priorité numéro un des Français.
22:53La preuve en est, c'est que,
22:55quand M. Macron a organisé les grands débats,
22:57il n'avait pas identifié ce thème dans les thèmes
23:00à évoquer lors des grands débats.
23:01Ça n'avait pas été prévu par le président de la République
23:03comme un thème sur lequel les Français devaient débattre.
23:06Pourtant, ça s'est imposé dans le débat,
23:08dans le grand débat, comme la priorité numéro un.
23:11Malheureusement, on sait ce qui en est advenu,
23:13c'est-à-dire rien.
23:14C'est-à-dire que le gouvernement précédent
23:16n'a absolument rien fait
23:18et que tout le monde, je crois que tout le monde
23:20est bien conscient du constat.
23:22Après, il faut passer du constat aux actes,
23:24ce qui est souvent la difficulté dans notre pays,
23:26et particulièrement sur ce sujet,
23:28parce que j'entends tout ce qu'on dit sur le fait
23:30qu'il faut une meilleure coordination.
23:32Le problème, pour moi, et on y reviendra,
23:34c'est la répartition des médecins sur le territoire.
23:37On va retrouver notre premier témoin, Alain,
23:40parce qu'Alain, vous aussi, au-delà de votre maman,
23:42il y a aussi votre situation.
23:44Vous n'avez plus de médecin traitant non plus
23:46et vous nous avez raconté avoir sollicité
23:49au moins une quinzaine de cabinets.
23:51Quelles étaient les raisons invoquées ?
23:53Et je crois qu'on vous a même...
23:54Vous avez fini par trouver, mais avec une condition.
23:56Vous pouvez nous en raconter ?
23:58Oui, en 2019, mon médecin a pris sa retraite.
24:02Il était très sympathique
24:04et depuis plusieurs années, il s'occupait de moi.
24:07Et j'ai besoin de voir un médecin de temps en temps, quand même,
24:13pour mes petits soins et puis mon sport.
24:17Donc, j'ai cherché sur plus de quinze cabinets
24:20autour d'Avranches et les communes environnantes
24:24et j'ai obtenu une réponse chez un médecin
24:31de bien vouloir me prendre exceptionnellement
24:35à la condition où je ne viendrai pas plus de deux fois par an
24:39en consultation parce qu'il était déjà surbooké.
24:42Et je l'ai obtenu au bout de sept mois.
24:46Merci, Alain.
24:47Bernard Jaumet, cette condition,
24:48ne pas venir plus de deux fois par an,
24:51c'était la condition requise pour pouvoir être soigné.
24:53Que ça vous évoque ?
24:54Ça m'évoque que quand on est en pénurie,
24:57tout devient absurde et incompréhensible.
25:00Les médecins généralistes,
25:02leur temps de travail moyen par semaine, c'est 48 heures.
25:04C'est 48 heures.
25:06Donc, c'est bien au-dessus du temps de travail moyen de la population.
25:09Donc, je ne pense pas que c'est en les montrant du doigt
25:13qu'on va avancer en quoi que ce soit.
25:14D'ailleurs, Monsieur Di, son médecin d'avant,
25:16il avait de très bons rapports et c'était quelqu'un de sympa, etc.
25:19Ils essayent de faire le travail.
25:21Ils sont en situation de pénurie.
25:23On a formé dans les années 90,
25:25moins de 4 000 médecins par an quand il fallait en former 8 000.
25:28Et on va payer pendant encore des années.
25:31Alors, ce n'est pas pour ça qu'il n'y a pas de solution.
25:34On a parlé du nouveau partage de tâches
25:36entre les professionnels, mais ça avance trop lentement.
25:39Je vais vous dire, puisqu'on a parlé politique ici,
25:41on a eu sept ministres de la Santé en 30 mois dans notre pays.
25:45Comment voulez-vous mener une politique de santé ?
25:48Les Français disent que c'est la priorité numéro un.
25:50Hervé Moret a rappelé ce qui est sorti des cahiers de doléances.
25:54Mais dans le monde politique, la santé, ça n'est pas une priorité.
25:57Ça n'est pas une priorité dans le monde politique, il faut le dire.
26:01Et c'est un véritable problème parce que, du coup,
26:03on ne règle pas ces situations.
26:06Merci, Alain. Merci, Clélia.
26:07On continue dans cette émission avec le témoignage d'une élue locale.
26:11Anne-Marie Barbier, vous êtes maire de Buquois,
26:14dans le Pas-de-Calais, une commune de 1 500 habitants.
26:17Et vous, vous avez vu trois médecins de votre commune
26:21partir en même temps à la retraite.
26:24Cela a été vécu comme un choc sur la commune.
26:26Avant de vous entendre, on va voir quelques images
26:29de votre centre médical et du centre-ville de Buquois.
26:35Voici le centre médical.
26:37Pour l'instant, il est encore ouvert.
26:39Mais à partir du 1er novembre, il n'y aura plus de médecins,
26:43car un des médecins part à la retraite
26:46et les deux autres médecins ont choisi de partir en même temps que le premier.
26:51Notre village de 1 500 habitants bénéficie de la présence de plusieurs commerces.
26:57Carrefour Contact, la boulangerie Lagatine,
27:00deux cafés, une fleuriste, trois banques,
27:04une poste, un cabinet de kiné, six infirmières,
27:09un bon maillage de professionnels de santé.
27:12Bonjour Anne-Marie Barbier, merci d'être avec nous.
27:15Un village plein d'atouts, se dit-on en voyant votre petite vidéo,
27:19avec des commerces, avec des services.
27:21Racontez-nous ce qui s'est passé.
27:23Trois départs d'un seul coup, c'est énorme.
27:25Ce n'était pas anticipable.
27:28Bonjour madame, bonjour messieurs.
27:31Oui, les médecins sont...
27:34Il y en a un qui avait avancé, enfin dit qu'il partait en retraite
27:38donc là au mois d'octobre.
27:42Par contre les deux autres, c'est plus par convenance personnelle
27:45qu'ils quittent le village, qu'ils quittent notre cabinet médical,
27:48où ils exerçaient quand même depuis maintenant une trentaine d'années.
27:53C'est pour ça qu'on le dit, ça a été vécu comme un choc
27:55sur votre commune par les habitants.
27:56Voilà, ça a été annoncé très tardivement,
28:00voire au mois de septembre.
28:03Oui, quelles sont les conséquences très concrètes
28:06pour vos concitoyens, les habitants du coin ?
28:09Oui, les conséquences, c'est que beaucoup de personnes
28:12n'ont pas anticipé de trouver un médecin traitant
28:15et ils se retrouvent sans médecin
28:19alors qu'ils ont des pathologies,
28:21des personnes qui voient le médecin tous les mois
28:25ou tous les deux ou trois mois.
28:27Donc ça, c'est très compliqué.
28:29Et Anne-Marie, est-ce que vous avez des pistes ?
28:31Où est-ce qu'on en est à l'heure où l'on se parle ?
28:33La commune a racheté le cabinet
28:35et nous avons pris une délibération pour offrir deux ans de loyer
28:41à tout jeune médecin qui venait s'installer à Buquois.
28:45Mais malgré tout, ça n'a pas amené de médecin à Buquois.
28:49Vous le dites, votre village, il a des atouts.
28:51C'est ce que vous voulez nous montrer.
28:53Il y a des commerces, il y a d'autres praticiens de santé.
28:56C'est quelque chose qui est important.
28:58Oui, et pour moi, oui, justement.
29:00On a un bon maillage de professionnels de santé.
29:03On a une pharmacie, une jeune pharmacienne
29:05qui s'est installée il y a maintenant sept ans.
29:08Et voilà, et dommage, parce que maintenant,
29:11avec un cabinet médical, sans médecin dedans,
29:15c'est un peu compliqué.
29:16Merci pour votre témoignage.
29:18Véronique Liottin, on voit ces efforts des élus locaux.
29:20Qu'est-ce que ça vous évoque, on vous écoute.
29:22Je voulais vous poser une question, peut-être.
29:24Est-ce qu'il serait possible de connaître la raison du départ
29:27des deux autres ?
29:28Est-ce qu'ils se sont réinstallés à côté ?
29:30Ou est-ce qu'ils étaient en période de retraite également
29:32et qu'ils ont profité du départ du premier ?
29:35Alors non, ils ne sont pas en période de retraite.
29:39Ils n'ont pas l'âge du premier, qui a 67 ans.
29:43C'est un choix qu'ils font.
29:45Je n'ai pas...
29:46Alors j'avoue qu'on a acheté le cabinet médical,
29:49mais on a demandé, après, quand ils sont devenus locataires,
29:52quelles étaient leurs intentions.
29:54Et on n'a pas eu de réponse.
29:56Donc c'est vrai que la communication avec la mairie
29:58a été très difficile.
30:00Pourtant, je ne suis pas une personne à repousser les gens.
30:03Donc j'essaie quand même d'entretenir la communication.
30:07Mais avec M. et Mme Legrand, pour ne pas les citer,
30:11ça a été compliqué.
30:12Mme Liottin, allez-y.
30:14Moi, dans mon département, on a connu la même chose.
30:16Un couple, en fait, qui a déplaqué pratiquement du jour au lendemain...
30:19Déplaqué ?
30:20Qui a enlevé leur plaque, qui ont quitté l'installation,
30:22mais du jour au lendemain, sans prévenir qui que ce soit
30:25et pas les élus, du coup, et personne,
30:27et avec un petit papier sur la porte en disant
30:29« Demain, pas de consultation ».
30:30Du jour au lendemain.
30:31Du jour au lendemain, la même chose,
30:33avec zéro médecin, du coup, dans ce centre médical.
30:36Oui, ça interpelle, déjà, sur la méthode.
30:39On ne peut pas non plus saluer la manière de faire.
30:42Je ne soutiens absolument pas le départ
30:45sans aucune anticipation.
30:48On parle de la liberté d'installation des médecins
30:51qui pose problème pour beaucoup de Français.
30:54Il y a aussi la question de la liberté de partir
30:57qui est aussi question.
30:59Je voudrais profiter de ce témoignage, déjà,
31:02pour souligner l'effort qui est fait par les collectivités
31:06pour faire en sorte d'essayer d'attirer des médecins
31:09et d'essayer de les garder.
31:11Ce sont des efforts considérables qui sont faits,
31:13notamment par les communes,
31:15qui souvent, comme dans le cas qui nous est présenté,
31:17investissent, rachètent des murs,
31:20parfois créent des maisons de santé
31:22qui ont des coûts très importants,
31:24le font avec le soutien des autres collectivités,
31:26le département, la région,
31:28et même l'État qui finance tout ça.
31:30Il y a des efforts colossaux qui sont faits,
31:32y compris par des petites communes,
31:34pour essayer de maintenir un tissu en matière de santé
31:37et qui, malheureusement, ne fonctionnent pas.
31:41Effectivement, je reviens à l'idée à laquelle je crois
31:46et qui est la seule qui n'a jamais été tentée
31:48depuis 20 ans que je la propose, ou presque,
31:50c'est d'essayer de faire qu'il y ait une régulation
31:52à l'installation des médecins.
31:54Une régulation, ça veut dire quoi ?
31:56Au départ, ça va avec ?
31:58On ne peut pas non plus empêcher les gens de bouger.
32:01Ce que je propose n'est pas non plus
32:03une assignation à résidence,
32:05mais il faut que cela se fasse dans des délais
32:08qui soient compatibles avec l'intérêt général.
32:12La grande notion que je mets en exergue
32:14et qui, pour moi, est plus importante
32:15que la liberté d'installation,
32:17c'est l'intérêt général.
32:19J'aimerais que les médecins soient
32:22un peu plus sensibles à cette notion
32:24qui est celle d'intérêt général.
32:26Bernard Jomier, quand on voit tous ces investissements
32:28dans des communes de 1500 habitants,
32:30on est à 25 minutes d'Arras,
32:32on voit tous ces commerces,
32:34ce tissu qui est aménagé par les élus locaux,
32:37et ensuite les médecins qui ne suivent pas,
32:39ça vous évoque ?
32:40S'il y a une obligation qu'on pourrait imposer
32:43aux médecins généralistes
32:46qui sont installés dans nos différents départements,
32:49pas la contrainte à l'installation,
32:51Hervé Mauret sait ce que j'en pense,
32:53c'est-à-dire que, sur le principe,
32:55ça ne me pose pas de problème, les obligations,
32:57mais ça ne peut pas marcher, ça ne marchera pas,
32:59et là, ça ne produira pas de résultats.
33:01Mais ce sera un peu long d'en discuter.
33:03Mais par contre, je trouve que vous aviez
33:05trois médecins,
33:07combien accueillait un interne ou un étudiant en médecine ?
33:10Je pense zéro, de ce que vous dites.
33:12Et c'est là qui est tout le problème.
33:14C'est que ça devrait être un devoir
33:17des médecins généralistes
33:19d'accueillir des étudiants en formation.
33:21Parce que quand un étudiant ou un interne
33:23est venu quelques mois, six mois,
33:25quelque part,
33:27il y en a qui ont envie d'y rester.
33:29Il y en a qui trouvent que ça s'est bien passé
33:31et ils auront envie de s'y installer.
33:33Et on doit repartir,
33:35pour répondre à l'offre de soins,
33:37des départements.
33:39Et on doit construire des dispositifs,
33:41pas en laissant les maires tout seuls
33:43et payer et refaire des incitations financières.
33:45On a atteint les limites,
33:47mais construire des dispositifs
33:49où, à la fois, on accueille des jeunes,
33:51on crée des regroupements si besoin,
33:53on répond aux besoins de logement
33:55de ces jeunes médecins.
33:57Mais c'est par là que la solution,
33:59elle va arriver.
34:01Je conclue là-dessus.
34:03Il y en a à la Saône-et-Loire, je le dis,
34:05c'est pas du tout ma sensibilité, en plus politique,
34:07qui, depuis longtemps, Conseil départemental
34:09de Saône-et-Loire a mis en place
34:11tout un dispositif de maillage du territoire.
34:13Ils ont attiré
34:15plusieurs dizaines de nouveaux médecins
34:17et ils ont 30 000 personnes
34:19qui ont retrouvé un médecin traitant.
34:21Mme Bittin, vous voulez réagir ?
34:23On sait que les maisons de santé pluriprofessionnelles
34:25fonctionnent.
34:27On sait que la montée en compétence des professionnels
34:29à l'intérieur est nécessaire.
34:31Pour autant, aujourd'hui, il faut faire attention
34:33de ne pas tomber dans une concurrence territoriale
34:35et vous avez dit, je vais laisser deux mois de loyer
34:37gratuit, etc., il faut faire attention à ça
34:39parce qu'on a des territoires où c'est le loyer zéro,
34:41des territoires où c'est plus cher, et il y a une concurrence.
34:43Donc, il faut un maillage, il faut un pilotage,
34:45en fait.
34:47Et un maillage qui puisse attirer.
34:49Et si on n'a pas de maître de stage à l'intérieur
34:51de ces maisons de santé pluripro,
34:53en gros, on n'accueillera pas de jeunes sur ces territoires-là.
34:55Anne-Marie, j'avais une dernière question,
34:57si vous me permettez. Parmi les seules propositions
34:59que vous avez reçues, ce sont celles de médecins étrangers,
35:01si j'ai bien compris.
35:03Oui, à la suite de la médiatisation,
35:05c'est vrai que j'ai eu
35:07plusieurs retours
35:09de médecins de l'étranger.
35:11Maroc, Tunisie,
35:13Sénégalais, Camerounais.
35:15C'est parti
35:17dans les mains de l'ARS
35:19et du Conseil de l'ordre.
35:21Moi, je n'ai pas de compétence pour décider
35:23qu'un médecin de l'étranger arrive chez moi.
35:25Oui, je mets à ce que c'est.
35:27Pardon, allez-y, je vous en prie.
35:29La question qui a été dite
35:31juste avant, c'est quelque chose
35:33qui me préoccupait.
35:35Moi, j'ai discuté
35:37avec des jeunes médecins qui voulaient
35:39s'installer.
35:41Pourquoi ils n'arrivent pas à Buqua ?
35:43Je posais la question.
35:45Mais quelquefois, c'était plus
35:47pour raisons personnelles,
35:49d'être un peu en ville.
35:51Enfin, voilà,
35:53ils ne voulaient pas la vie
35:55à la campagne.
35:57Bernard Injomy, sur les médecins
35:59étrangers, ça peut être une solution ?
36:01Sous réserve,
36:03et Mme Lamère le dit d'une certaine
36:05façon, d'un contrôle
36:07des compétences.
36:09On parle quand même
36:11de médecins qui vont
36:13exercer. Il faut que...
36:15La question de la nationalité n'a rien à voir
36:17avec ça. Il faut que ce ne soit pas
36:19un obstacle, on en est bien d'accord.
36:21Mais par contre, le contrôle de la qualification
36:23lui est important,
36:25et ce sont les agences régionales de santé
36:27et les ordres des médecins qui ont
36:29la responsabilité en la matière.
36:31On va rejoindre notre citoyenne précédente,
36:33Clélia. Clélia, vous vivez
36:35dans l'Allier, on l'a dit. Est-ce que vous avez
36:37pu penser à quitter ce département
36:39pour déménager, pour aller
36:41voir des médecins plus près ?
36:43Ça vous a traversé l'esprit ?
36:45Alors,
36:47très concrètement, à aucun moment,
36:49déjà parce que je suis attachée
36:51à ma terre natale, du Bourbonnet,
36:53premièrement, et deuxièmement,
36:55tout simplement parce que les déserts médicaux,
36:57il y en a absolument partout.
36:59Donc si je me rapproche de certains spécialistes,
37:01je vais m'éloigner de d'autres, et du coup
37:03je ne vois pas l'intérêt, en fait.
37:05Très rapidement, monsieur Moret, allez-y.
37:07Effectivement, les déserts médicaux, il y en a partout,
37:09et c'est malheureusement pas en déménageant, sauf en venant
37:11peut-être dans certains quartiers de Paris et encore,
37:13qu'on réglera le problème. Moi, j'aimerais dire
37:15deux choses, de manière complémentaire.
37:17Les ordres des médecins, parfois,
37:19sont un petit peu
37:21trop rigides.
37:23Moi, quand j'ai eu des problèmes d'accès
37:25aux soins dans ma ville, j'ai été maire,
37:27j'ai embauché un médecin salarié,
37:29je ne l'ai pas fait par idéologie, je l'ai fait par pragmatisme,
37:31je n'ai pas le temps de détailler
37:33à quel point l'ordre des médecins du département
37:35de l'Eure, je le cite, a mis des bâtons dans les roues,
37:37mais finalement, le médecin que j'avais embauché
37:39a fini par partir, tellement il était enquiquiné
37:41pour être poli.
37:43Deuxième élément que je voulais citer rapidement,
37:45c'est mon travers maintenant que je suis à la commission
37:47des finances du Sénat, on ne parle jamais
37:49du coût de toutes ces mesures incitatives
37:51inefficaces que les gouvernements successifs
37:53mettent en place.
37:55La Cour des comptes considère que ça représente
37:57à peu près 5 milliards par an, tous ces dispositifs
37:59d'aide à l'installation,
38:01de défiscalisation,
38:03etc. Pour un résultat
38:05dont on voit tous les limites.
38:07Et j'ai, à plusieurs reprises,
38:09interrogé les gouvernements successifs
38:11par des questions écrites ou orales
38:13sur le coût des dispositifs qui étaient
38:15mis en place. On ne m'a jamais répondu.
38:17Alors je ne sais pas si c'est parce
38:19qu'ils ne sont pas évalués ou si c'est parce
38:21qu'on veut cacher les résultats de l'évaluation.
38:23Mais c'est un vrai souci de dépenser
38:255 milliards par an pour les résultats qu'on a aujourd'hui.
38:27Merci M. Moret.
38:29Je voulais aussi remercier Anne-Marie
38:31et Clélia, car vous avez pu
38:33témoigner dans ce numéro de
38:35Dialogue citoyen de toutes vos
38:37inquiétudes, de toutes vos préoccupations.
38:39Et on voit que c'est un sujet qui
38:41concerne de nombreux départements
38:43en France. On va écouter à présent des solutions
38:45avec notamment
38:47une association qui porte
38:49une de ces solutions. Martial Jardel,
38:51vous êtes vous-même médecin.
38:53Vous avez cofondé l'association
38:55Médecins Solidaires qui propose
38:57de loger un praticien dans un gîte
38:59pour une semaine dans un désert médical
39:01pour que celui-ci puisse assurer des
39:03consultations dans le cabinet médical
39:05de la commune. On va faire avec vous
39:07une petite visite guidée de l'un de ces
39:09cabinets médicaux. Il est tout neuf.
39:11Il a ouvert il y a quelques jours. Regardez.
39:15Alors voici le centre
39:17de santé d'Arnac-la-Poste
39:19dont le fonctionnement médical est assuré
39:21par le collectif Médecins Solidaires.
39:23Alors, on va rentrer.
39:27Là, on découvre Marine
39:29qui est notre super
39:31coordinatrice. Béatrice
39:33n'est pas là puisque c'est son jour de repos.
39:35Le téléphone sonne.
39:39C'est du live.
39:41Et là, on a notre docteur
39:43Alain Jalet qui est
39:45le médecin de cette semaine qui vient
39:47officier ici dans le
39:49centre de santé d'Arnac-la-Poste
39:51où tout l'équipement
39:53est à disposition des médecins.
39:55Tous les outils qui vont
39:57permettre le diagnostic
39:59médical avec du matériel
40:01de qualité parce que c'est important
40:03de travailler dans de bonnes conditions.
40:05Avec un accès direct
40:07sur la salle d'attente qui communique
40:09également avec le
40:11secrétariat que l'on a vu tout à l'heure.
40:13Et dans la salle d'attente,
40:15on voit cette carte de France
40:17avec pour l'instant une seule photo
40:19qui est celle du docteur Paul-Henri Lambert
40:21qui est le médecin qui est venu exercer
40:23la semaine dernière. Et dans
40:25un an, il y aura 50
40:27photos autour de cette carte de France
40:29et on va mettre celle d'Alain
40:31très bientôt, dès la semaine prochaine
40:33pour lui rendre hommage
40:35parce que c'est important
40:37de dire aux médecins qu'ils ne sont pas juste
40:39des lignes sur des tableaux Excel.
40:41On met aussi son nom sur la
40:43porte du bureau parce que c'est important
40:45que le médecin soit bien accueilli
40:47et qu'il sente qu'il est vraiment
40:49attendu ici. Voilà
40:51le centre Médecins Solidaires.
40:53Alors la semaine
40:55de 42 heures est payée 1000 euros.
40:57L'association a déjà ouvert
40:59plusieurs gîtes en France. Ce sont au total
41:01500 médecins de 28
41:03à 74 ans qui ont adhéré
41:05à ce collectif. Bonjour
41:07Martial, racontez-nous s'il vous plaît.
41:09Bonjour.
41:11Effectivement, l'idée c'est
41:13dans la suite un peu des propos
41:15qui ont été tenus dans l'émission, je suis assez
41:17d'accord. Il est nécessaire que les médecins
41:19généralistes se saisissent de ce sujet.
41:21On ne peut pas rester les bras croisés
41:23sur le bord de la route en voyant le train
41:25passer et ce drame qui est extrêmement
41:27grave puisque c'est très grave ce qui est
41:29en train de se passer. Je suis moi-même installé
41:31comme médecin de famille dans la commune
41:33du Dorat dans le nord de la Haute-Vienne
41:35et je peux vraiment vous dire que c'est vraiment très
41:37grave ce qui est en train
41:39de se passer. Donc il est nécessaire qu'on
41:41sorte des postures,
41:43qu'on sorte
41:45de cette accusation permanente
41:47des politiques publiques passées
41:49et de la question du myosclosus car
41:51même si ce sont des éléments d'explication évident,
41:53ce ne sont pas les seuls éléments
41:55et puis surtout ça ne fait pas avancer
41:57le schmilblick. Donc on a fait
41:59beaucoup de rapports, beaucoup de propositions,
42:01maintenant il est temps de passer à l'action. Et donc la proposition
42:03qui est faite à ces médecins c'est de dire venez
42:05une semaine dans un territoire,
42:07dans un centre de santé dans lequel on a installé
42:09un centre de santé qui fonctionne sur ce
42:11modèle-là. Et puisqu'on ne peut pas
42:13demander beaucoup à peu, peut-être qu'on peut
42:15demander peu à beaucoup. En fait il est fondamental
42:17de se dire, ça fait 30 ans
42:19qu'on bloque sur cette question
42:21du médecin de famille qui ne veut pas aller s'installer
42:23dans un territoire parce que c'est trop d'engagement,
42:25c'est le temps d'ouvrir la boîte
42:27de l'innovation organisationnelle
42:29et de se permettre de sortir
42:31du dogmatisme
42:33que l'on a pu avoir
42:35pendant tant de temps.
42:36Ce n'est pas du bénévolat, on l'a dit,
42:38ils sont payés ces médecins qui viennent
42:40une semaine. Cette idée,
42:42vous l'avez eue en faisant en 2021
42:44un tour de France, si j'ai bien compris,
42:46des déserts médicaux, c'était de là qu'est partie
42:48la réflexion ?
42:50Oui, après mon
42:52internat, j'ai passé ma thèse
42:54et je suis parti avec un camping-car pendant
42:565 mois, faire 10 remplacements
42:58de 15 jours dans des déserts médicaux.
43:00J'avais
43:02besoin de comprendre mieux, de
43:04sentir, de vivre
43:06de plus près
43:08cette réalité de l'exercice de la médecine
43:10générale dans ce territoire-là
43:12et ça m'a permis
43:14d'avoir une vision plus
43:16exhaustive, bien que pas totalement complète
43:18puisqu'il y a quand même 90 départements
43:20que je n'ai pas visités, donc je n'ai pas tout vu,
43:22mais en tout cas d'avoir une vision beaucoup plus
43:24éclairée de ce qu'était
43:26l'état de la médecine générale aujourd'hui.
43:28Comment ça se passe très concrètement ?
43:30Comment est-ce que vous déployez ces centres ?
43:32Pouvez-vous nous expliquer ?
43:34Donc Médecins Solidaires, c'est une association
43:36à but non lucratif. Les centres,
43:38on les déploie du coup
43:40dans plusieurs départements. Dans ces
43:42départements-là, on identifie à chaque fois
43:44en concertation avec l'Agence régionale de santé
43:46quel est vraiment
43:48le village dans lequel il y a une
43:50présence médicale qui a disparu et des
43:52soins qui sont vraiment sur le carreau. On ne va pas
43:54venir renforcer une offre de soins
43:56insuffisantes. J'espère qu'un jour
43:58on pourra en arriver là, mais pour l'instant
44:00on essaie déjà d'éteindre
44:02les foyers les plus brûlants
44:04de l'incendie. Donc d'abord,
44:06là où une présence médicale a disparu, et puis
44:08on embauche deux coordonnatrices
44:10qui sont après dans ce centre de santé
44:12et on trouve un JIT et on
44:14contractualise avec les médecins via une plateforme
44:16informatique.
44:17Un fait à réagir en plateau, Bernard Jomier.
44:19Vous connaissez bien cette association ? Vous nous le dites ?
44:21Non.
44:23Dans la Nièvre, vous avez participé aussi ?
44:25Non, mais alors,
44:27je suis médecin généraliste, je travaille
44:29une demi-journée le vendredi après-midi
44:31parce que je suis sénateur aussi, et régulièrement
44:33je vais
44:35faire des remplacements, remplacer des collègues.
44:37Incognito, ils ne savent pas que je suis sénateur.
44:39J'étais dans la Nièvre au mois de juillet,
44:41j'étais à la limite du Loiret
44:43et de la Seine-et-Marne en janvier, donc deux fois
44:45par an. Je fais deux fois par an, une semaine.
44:47C'est ça, vous faites une semaine de remplacement.
44:49D'abord, un, j'aime beaucoup l'exercice
44:51en milieu rural, donc c'est pas une...
44:53C'est pas une... Je me dévoue pas
44:55et je pense que chacun doit prendre sa part.
44:57La question, c'est effectivement...
44:59Moi, évidemment, je salue comme
45:01tout le monde sur ce plateau cette
45:03initiative de dire, voilà, on ne peut pas rester
45:05indifférent et il faut
45:07poser des solutions sur la table.
45:09Le fait de faire
45:11appel à des médecins qui
45:13sont à la retraite, ou qui ne travaillent
45:15pas trop, ou qui sont prêts à donner un coup
45:17de main une semaine, il faut le saluer.
45:19C'est une... On va dire...
45:21Ça fait du temps médical qui vient
45:23au contact de personnes
45:25qui en ont particulièrement besoin.
45:27Après, ça ne doit pas nous exonérer, nous,
45:29parce que ça, c'est une société civile qui s'organise.
45:31Ce sont des acteurs qui s'organisent
45:33et c'est très bien. Et s'ils ont besoin,
45:35d'ailleurs, qu'il y ait
45:37quelque chose, parce que, voilà,
45:39sur un plan administratif ou autre, il y a une complexité,
45:41il faut qu'ils fassent appel à nous.
45:43Mais sinon, ça ne doit pas nous exonérer, nous,
45:45qui sommes dans le monde politique,
45:47de trouver des solutions structurelles,
45:49et d'apporter des réponses pérennes.
45:51Mais évidemment, moi, je salue
45:53et je partage cette façon de faire.
45:55Avant de vous donner la parole, Mme Guillotin,
45:57M. Moret, on va retrouver Anne-Marie.
45:59Est-ce qu'à Buquois, ça pourrait vous intéresser,
46:01cette initiative ? Qu'est-ce que vous avez pensé de ce témoignage
46:03de Martial ?
46:05Très bien. Je ne le connaissais pas non plus.
46:07J'apprécie.
46:09Il me dit pourquoi pas.
46:11Ça vous semble une solution qui pourrait
46:13concrètement vous aider.
46:15Bien sûr, oui, oui, tout à fait.
46:17Mme Guillotin, ça communique
46:19entre citoyens, mais vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
46:21On ne peut que saluer l'initiative,
46:23bien évidemment. Il y a cette initiative
46:25et on en a plein d'autres sur les territoires.
46:27On peut le multiplier, on a des
46:29bus mobiles, on a des gynécobus,
46:31il y a plein de situations
46:33que j'appellerais un peu palliatives,
46:35pour effectivement pallier un manque
46:37réel d'accès aux soins
46:39sur certains territoires, avec des déplacements pas possibles.
46:41Après, moi, je reste convaincue
46:43qu'il faut qu'on transforme notre système de santé.
46:45En tout cas, bravo pour l'initiative,
46:47parce qu'aujourd'hui, on a des situations
46:49dans ce temps de transformation, des périodes de latence,
46:51où il faut qu'on trouve des solutions, et vous avez raison,
46:53il faut se retrousser les manches, tous,
46:55et trouver ces solutions concrètes
46:57sur les territoires, mais beaucoup de territoires...
46:59Mais il y a pu y avoir des craintes
47:01chez les habitants. Je crois que dans la Creuse,
47:03quand vous avez ouvert un de ces centres Martial,
47:05certains patients ont un peu hésité
47:07avant de venir.
47:09Oui, bien sûr,
47:11parce que dès qu'on propose un système différent,
47:13vous savez, il y a beaucoup de résistance
47:15aux changements, et les gens sont habitués à un modèle,
47:17et donc, dès qu'on leur propose
47:19un nouveau modèle, ça crée une crainte,
47:21mais qui a été très vite levée, et aujourd'hui, les patients
47:23nous ont même dit, j'espère qu'il n'y a pas un médecin qui s'installera,
47:25parce que sinon, le médecin va partir.
47:27Les craintes, c'est de se dire,
47:29mais quelle va être la qualité du suivi médical ?
47:31Est-ce que mon dossier
47:33va être bien
47:35suivi d'un médecin à l'autre ?
47:37Et au final, ils se rendent compte,
47:39les médecins, les patients, qu'il y a un bénéfice
47:41à ces regards croisés.
47:43Il ne s'agit pas de déconstruire le modèle du médecin de famille,
47:45mais je me permets de préciser,
47:47parce que je crois qu'avec une présentation
47:49aussi rapide,
47:51vous ne pouvez pas forcément saisir
47:53l'ampleur de la transformation qu'on est en train
47:55d'initier.
47:57Pour l'instant, on a 5 centres de santé,
47:59le projet, c'est d'en ouvrir 20,
48:01mais notre projet, surtout, c'est aussi d'écrire un nouveau discours
48:03qui soit beaucoup plus positif
48:05et enthousiaste sur la médecine générale
48:07et surtout, je le disais et je le répète,
48:09de dégoupiller cette
48:11possibilité de faire de l'innovation organisationnelle.
48:13Aujourd'hui, dans ces territoires,
48:15on ne peut plus délivrer de la médecine générale
48:17comme on le faisait avant.
48:19Je suis tout à fait d'accord avec Mme la sénatrice
48:21Guillotin, c'est une transformation
48:23du système et dans cette transformation-là,
48:25il faut redéfinir profondément,
48:27et c'est un travail collectif,
48:29comment est-ce qu'aujourd'hui, la médecine générale,
48:31le soin de premier recours,
48:33doit être délivré auprès de la population générale
48:35dans les territoires qui
48:37ne peuvent plus accueillir la volonté
48:39propre d'un médecin qui a envie de s'installer pendant 30 ans.
48:41Parce que ça, aujourd'hui, ça n'arrivera plus
48:43dans beaucoup de territoires. Alors nous, c'est un prémice
48:45et ce n'est pas un médecin solidaire qui va
48:47transformer l'accès aux soins de
48:49toute la France, mais comme le disait
48:51le sénateur Jaumier,
48:53c'est le rôle des pouvoirs publics
48:55de se saisir de ces
48:57initiatives en disant mais là, il y a quelque chose.
48:59Là, il y a quelque chose parce que
49:01là, c'est la seule initiative
49:03qui arrive à apporter de la présence médicale
49:05dans des territoires isolés où il n'y avait plus personne.
49:07Alors comment est-ce que ça doit être transformé ?
49:09Comment est-ce que ça doit être catalysé ?
49:11Comment est-ce que ça doit être aidé ?
49:13Je suis prêt à en discuter, mais je crois que nous sommes
49:15en train de saisir ici quelque chose de fondamental.
49:17Vous serez peut-être auditionnés par
49:19les sénateurs dans les prochains mois.
49:21On en vient à notre dernier témoignage.
49:23Merci, Martial, d'avoir été avec nous.
49:25On va accueillir Katia Desmont.
49:27Vous habitez Cherbourg dans la Manche
49:29et donc nous retournons en Normandie,
49:31M. Moret. Vous êtes infirmière
49:33IPA, Katia,
49:35c'est-à-dire infirmière en pratiques
49:37avancées. Vous pouvez ainsi renouveler
49:39par exemple les ordonnances.
49:41On va vous voir en action.
49:45Je vous remets votre ordonnance de médicaments
49:47avec les modifications que j'ai apportées
49:49au regard de votre biologie
49:51et suite à l'examen clinique
49:53qu'on vient d'effectuer.
49:55Ainsi qu'une biologie complète
49:57que vous apporterez
49:59à ma collègue dans trois mois
50:01pour votre suivi annuel avec le médecin
50:03traitant. C'était ce qu'on avait
50:05convenu lors
50:07de ma prise de poste au niveau
50:09du cabinet que vous me verrez moi
50:11tous les trois mois pour votre renouvellement
50:13de traitement, adaptation des doses
50:15et aussi pour refaire un point
50:17complet sur votre situation, que ça soit
50:19médicale, sociale,
50:21on fait vraiment un point complet ensemble.
50:23Et tous les ans, vous voyez ma collègue
50:25pour refaire
50:27un point médical aussi
50:29avec elle. Et bien sûr, vous la voyez
50:31quand il y a des choses aiguës.
50:33Merci de nous avoir rejoint, Katia.
50:35Le principe, c'est que vous pouvez par exemple renouveler
50:37des ordonnances et vous pouvez comme ça
50:39dégager du temps médical pour les médecins.
50:41Alors tout à fait, oui.
50:43Je peux renouveler des ordonnances, mais
50:45pas que. On fait un examen clinique,
50:47on revoit avec le patient
50:49tout ce qui s'est passé dans les trois mois
50:51où je ne l'ai pas vu. Après, je peux
50:53l'adresser aussi
50:55à des collègues,
50:57à des spécialistes pour d'autres examens
50:59complémentaires. Si mon patient est
51:01déstabilisé, bien entendu, je le réadresse à ma collègue
51:03médecin pour qu'elle refasse le point
51:05complet avec elle.
51:07C'est vraiment une prise en charge globale du
51:09patient. Ce n'est pas du morcellement de soins.
51:11Je ne fais pas que du renouvellement d'ordonnances.
51:13Vous êtes encore peu nombreuse en France.
51:15Pourquoi est-ce que vous n'êtes pas plus
51:17nombreuse tout simplement ?
51:19Je vais rebondir un petit peu sur ce que
51:21M. Jaumier disait tout à l'heure, qu'il y avait
51:23peu d'infirmières qui se projetaient
51:25vers ce nouveau métier.
51:27C'est un métier qui demande
51:29beaucoup d'investissement sur les
51:31deux ans de formation qu'on a à faire.
51:33C'est beaucoup de temps
51:35donné et peu d'argent.
51:37Il faut qu'on travaille, on n'a pas assez de subventions.
51:39Mais il y a aussi la grosse difficulté derrière,
51:41c'est de trouver un médecin avec qui on peut travailler.
51:43Il y a une résistance, vous le dites.
51:47Je le dis par mon vécu.
51:49Il y a trois ans, quand j'ai fait ma formation d'IPA,
51:51j'ai sollicité tous les médecins
51:53autour
51:55de mon travail.
51:57Et j'ai un médecin qui a donné son
51:59accord pour s'installer avec moi.
52:01Une réaction vernis guillotin.
52:03On se dit que là, c'est une occasion manquée.
52:05On a des infirmières qui peuvent soulager, donner du
52:07temps médical aux médecins et des médecins qui ne s'emparent
52:09pas de l'opportunité.
52:11J'ai assisté au congrès des IPA Grand Est jeudi dernier.
52:13Effectivement, on voit
52:15qu'il y a à la fois le modèle économique une fois que
52:17vous êtes installé. Il y a la formation
52:19qui demande deux années, qui permet
52:21financièrement, c'est compliqué.
52:23Et puis, la difficulté de trouver des médecins.
52:25Il y a encore une réticence, une méconnaissance des métiers.
52:27C'est un métier tout neuf.
52:29Il faut accélérer cette connaissance auprès des médecins.
52:31Je crois que les nouvelles générations vont vous faire
52:33confiance. Je crois que c'est
52:35une piste essentielle.
52:37Nous devons politiquement lever ces freins-là.
52:39Monsieur Jomier, tous les professionnels
52:41doivent aussi faire un effort.
52:43Ce sont des changements culturels.
52:45Et les changements culturels, ça prend toujours du temps.
52:47Avec les IPA, c'est enclenché.
52:49Il faut absolument
52:51avancer beaucoup plus vite sur les questions
52:53de formation, de modèle économique,
52:55comme dit Véronique Guillotin.
52:57Mais je rappelle que
52:59lors de la discussion de la dernière loi,
53:01il y a eu un accord avec
53:03de grands syndicats de médecins
53:05pour dire, oui, les IPA,
53:07mais il faut que ce soit un exercice coordonné.
53:09On ne va pas rentrer dans le débat, mais ce n'est plus
53:11non, c'est oui,
53:13à certaines conditions. Donc c'est comme ça
53:15qu'il faut avancer par la discussion
53:17et il faut absolument progresser.
53:19Mais c'est culturel. Ça prend trop de temps.
53:21J'en suis bien d'accord.
53:23On voit qu'il y a d'autres professions qui peuvent
53:25aider les médecins. On pense aussi aux pharmaciens
53:27qui peuvent vacciner, par exemple. Qu'est-ce que vous en pensez ?
53:29Écoutez, moi, dès 2013,
53:31dans un rapport que j'ai
53:33commis dans cette maison,
53:35j'appelais, avec mes collègues,
53:37à une plus grande délégation des actes.
53:39Parce qu'effectivement, il y a un certain nombre d'actes
53:41qui ont besoin d'être faits par des médecins.
53:43Et donc, on a très tôt,
53:45ici, appelé à cette délégation.
53:47Mais comme ça a été dit, il y a souvent une réticence
53:49des médecins, qui est d'ailleurs paradoxale,
53:51parce qu'à la fois, on a souligné qu'ils étaient
53:53souvent tout à fait
53:55surchargés, surbouqués,
53:57en burn-out, et puis quand on leur propose
53:59des solutions qui conduisent à
54:01les alléger de certains actes,
54:03il y a une réticence. Donc j'espère
54:05que les choses vont évoluer parce que
54:07la délégation des actes, ça n'est pas
54:09panacée, mais ça fait partie
54:11du panel d'action
54:13qui peut utilement être proposé
54:15pour améliorer l'accès aux soins.
54:17Oui. C'est donc
54:19ce découpillage que vous appelez
54:21de vos voeux. Katia, vous, si on a bien compris ?
54:25Je vais rebondir aussi sur le travail coordonné.
54:27De toute façon, tout IPA diplômé
54:29travaille en coordination avec un médecin.
54:31On n'est pas en libre
54:33accès comme ça. On ne fait pas
54:35ce qu'on veut. On travaille vraiment en coordonné avec
54:37un médecin. On est à
54:39deux pour un regard sur un patient.
54:41C'est vraiment du travail
54:43partagé. On communique
54:45et le lien aussi se fait énormément
54:47avec les paramédicaux.
54:49J'ai plus de temps que ma collègue médecin
54:51pour faire le lien avec les infirmières de territoire,
54:53avec les dététiciennes, avec
54:55les kinés. C'est vraiment
54:57du plus pour le patient.
54:59Ma question,
55:01comment on peut faire pour faire adhérer
55:03les médecins à notre
55:05profession ? Parce que moi, je vois
55:07dans notre cabinet, on n'est qu'un médecin.
55:09Et moi, en trois ans, on a repris 300
55:11nouveaux patients qui n'avaient plus de médecins.
55:13Il y a quand même une plus-value.
55:15Ma collègue médecin y trouve
55:17un confort dans sa pratique
55:19parce qu'en fait, il y a un échange au quotidien.
55:21Qu'est-ce qu'on peut mettre en place ?
55:23C'est ma question du jour.
55:25C'est la pratique concrète. Dans les maisons
55:27de santé pluriprofessionnelles, les médecins,
55:29ils y sont favorables.
55:31Il faut juste régler la question encore une fois
55:33de quels actes, combien, etc.
55:35Mais ils y sont favorables. Et donc, c'est en développant
55:37ces lieux où les professionnels
55:39santé sont ensemble qu'en fait,
55:41on abat les barrières entre les professions
55:43de santé. Il ne faut pas les opposer
55:45les unes aux autres. Il faut les mettre dans
55:47des milieux pour exercer ensemble autour du patient.
55:49Il nous reste quelques secondes.
55:51Un mot de conclusion, Véronique Guillotin ?
55:53Je dirais qu'effectivement,
55:55il y a deux regards. Un regard court-termiste
55:57et un regard de transformation plus longue.
55:59Tout ce qu'on a vu aujourd'hui, les maisons de santé
56:01pluriprofessionnelles, les organisations,
56:03les IPA et les médecins en compétences,
56:05en tout cas, laissent espérer, avec le nombre
56:07de médecins généralistes qui augmente aussi,
56:09laisser espérer quand même un meilleur pour demain.
56:11Mais il faut absolument rompre ces inégalités
56:13territoriales. Hervé Moret, on a vu tous ces témoignages
56:15toujours de cette émission. Un mot de conclusion,
56:17vous aussi ? Un mot de conclusion,
56:19ce sera un mot d'espoir
56:21ou d'illusion, je ne sais pas, de dire que l'on est...
56:23d'espérer que l'on ait enfin, un jour,
56:25un gouvernement courageux, qui prenne des mesures
56:27fortes et qu'on sorte de ces mesurettes
56:29qu'on met en place depuis 25 ans et dont
56:31on voit bien qu'elles ont peut-être été
56:33nécessaires, mais elles sont, en tout cas, tout à fait
56:35insuffisantes, puisque la situation n'a fait
56:37que s'aggraver, malgré les politiques
56:39qui ont été mises en place et qui ont coûté très cher
56:41pour pas grand-chose. Monsieur Jaumier ?
56:43Pareil, un dernier mot de conclusion à tous
56:45ces Français. Tout ce qu'on s'est dit dans cette émission ?
56:47Moi, je trouve que
56:49les cinq personnes qu'on a entendues
56:51vivent des situations difficiles,
56:53une du côté professionnel,
56:55les autres du côté des patients.
56:57Je dis qu'il y a des solutions, mais il faut que la santé,
56:59la politique de santé publique,
57:01soit une priorité dans notre pays
57:03et soit pas au fin fond de l'agenda gouvernemental.
57:05Eh bien, merci.
57:07C'est la fin de cette émission. Merci aux
57:09Françaises et aux Français qui ont accepté
57:11de témoigner dans ce débat.
57:13Merci à vous, trois sénateurs en plateau.
57:15Un grand merci aussi aux équipes techniques
57:17et éditoriales qui ont permis la réalisation
57:19de cette émission. A très vite
57:21pour un nouveau numéro de Dialogue Citoyen
57:23et très belle suite de programme sur Public Sénat.
57:25J'ai bien apprécié
57:27ce genre d'émission.
57:29Oui, après, on n'a pas une réponse
57:31à toutes nos questions,
57:33mais on apprend. Moi, j'ai appris des choses.
57:35J'ai découvert le système
57:37IPA un peu plus précisément.
57:39L'association
57:41des médecins, c'est assez original.
57:43J'espère que ça permettra de porter notre profession
57:45un petit peu plus haut
57:47où elle en est aujourd'hui.
57:49Il y a plus de cinq ministres
57:51en 30 mois, donc en fait le système politique,
57:53c'est le rôle
57:55des citoyens maintenant d'essayer de trouver des solutions.
57:57C'est ce qu'on fait. On entend les politiques
57:59en parler de plus en plus, mais nous, on veut
58:01de l'action concrète.

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