Rembob'Ina revient sur la fabuleuse et prolifique carrière de Charles Aznavour, qui aurait fêté ses 100 ans en 2024. L'occasion de s'intéresser à son parcours unique, des humiliations de ses débuts à la gloire mondiale, avec deux émissions exceptionnelles qui mêlent interview et tour de chant, à 10 ans d'écart :
- A bout portant réalisé à l'Olympia par Roger Sciandra, avec les questions de Jacques Chancel, à l'occasion d'un récital qu'Aznavour a donné pour l'émission d'Europe 1 Musicorama, en octobre 69, diffusé le 26 janvier 70 sur la 1ère chaine de l'ORTF.
- Rendez-vous avec réalisé par Marcel Cravenne et présenté par Jacqueline Joubert, diffusé le 23 mai 59 : Un tour de chant en studio cette fois-ci, avec un trio d'excellents musiciens de jazz : Les frères Rabbath, François à la contrebasse, Victor à la batterie et le grand Jacques Loussier au piano.
Invités :
- Gérard Davoust, producteur et auteur
- Bertrand Dicale, journaliste
- Agnès Chauveau, Ina
C'est une plongée dans l'histoire de notre pays au travers des trésors cachés de la télévision. Fictions, documentaires, magazines d'actualité, émission de divertissements, débats politiques...
Le dimanche, Patrick Cohen nous invite à jeter un coup d´oeil dans le rétroviseur de notre petite lucarne. En présence d´acteurs ou de témoins de l'époque, de spécialistes des archives de l´INA, Patrick Cohen revient sur les grandes heures de la télévision. Emblématiques ou polémiques, ces programmes ont marqué les esprits et l'histoire du petit écran.
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- A bout portant réalisé à l'Olympia par Roger Sciandra, avec les questions de Jacques Chancel, à l'occasion d'un récital qu'Aznavour a donné pour l'émission d'Europe 1 Musicorama, en octobre 69, diffusé le 26 janvier 70 sur la 1ère chaine de l'ORTF.
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- Bertrand Dicale, journaliste
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NewsTranscription
00:00:00Générique
00:00:02...
00:00:22Bonjour à tous, bienvenue à Rambobina,
00:00:24l'émission qui vous offre 1h30 avec Charles Aznavour,
00:00:27avec deux émissions qui mêlent interview et tour de champ
00:00:30à 10 ans d'écart, 59 et 69.
00:00:34Avec nous, son ami et associé au sein des éditions,
00:00:37Raoul Breton. Bonjour, Gérard Davoust.
00:00:39Merci beaucoup d'être là.
00:00:41Vous racontez l'homme que vous avez connu
00:00:43dans cette Aznavour vue de dos
00:00:45avec Éric Berchot au Cherchemidi.
00:00:48Avec nous, aussi, et à vos côtés,
00:00:51son biographe, encyclopédie vivante des cultures populaires.
00:00:54Bonjour, Bertrand Ical.
00:00:55Bonjour.
00:00:56On vous doit ce tout Aznavour, chez First,
00:00:59près de 800 pages, mais contrairement à ce que dit le titre,
00:01:02je suis sûr que vous n'avez pas tout mis,
00:01:05tant son parcours est unique
00:01:06des humiliations des débuts à la gloire mondiale,
00:01:10la richesse de son répertoire, sa longévité.
00:01:13Aznavour aurait eu 100 ans, cette année,
00:01:16et il y pensait beaucoup,
00:01:18il en rêvait, de ce concert de ses 100 ans, Gérard Davoust.
00:01:22Oui, il y pensait beaucoup
00:01:23et il espérait même avoir 120 ans.
00:01:26Il disait toujours, dans la Bible,
00:01:28ils avaient 120 ans,
00:01:30et donc, moi aussi, pourquoi pas ?
00:01:33Bertrand Ical, son obsession,
00:01:35c'était de trouver le bon endroit où il pourrait
00:01:37célébrer son centenaire.
00:01:39Il avait demandé à ses proches, à Marc Di Domenico,
00:01:42un de ses derniers producteurs, de réfléchir à un endroit,
00:01:45parce qu'Aznavour a tellement chanté
00:01:48dans des endroits exceptionnels, prestigieux,
00:01:51l'Opéra de Paris, partout,
00:01:53comme il avait chanté partout,
00:01:55comme il avait chanté à Bercy,
00:01:56un de ses derniers concerts parisiens, c'était à Bercy,
00:02:00il se disait, où est-ce que ça serait intéressant,
00:02:04imposant, important,
00:02:05sachant qu'à peu près dans tous les pays développés,
00:02:08dans tous les pays importants du show business,
00:02:11il avait joué dans les plus grandes salles.
00:02:13100 ans pour une intégrale en 100 CD
00:02:16qui vient de paraître chez Panthéon Universal,
00:02:18record mondial pour un artiste de variété.
00:02:21Il paraît que même Sidatra n'a pas eu ça.
00:02:2351 albums originaux,
00:02:2641 langues étrangères, des livres, des raretés,
00:02:29un livret signé Bertrand Ical
00:02:32et 1 800 titres dont il a fallu chercher les originaux,
00:02:36parfois dans le monde entier, en corrigeant le son.
00:02:39C'est un travail monstrueux, titanesque, Gérard Davoust.
00:02:43Oui, certainement, parce que retrouver tout ça
00:02:46et qui, parfois, était égaré
00:02:49ou qui avait été enregistré à la va-vite,
00:02:52parce que l'homme était toujours pressé,
00:02:54et d'aller toujours à la rencontre de son futur.
00:02:58Oui, il y a des choses incroyables.
00:03:01Il y a des choses absolument incroyables,
00:03:03il y a des raretés, il y a des duos.
00:03:05Et puis, il y a, pour les maniaques d'Aznavour,
00:03:08il y a des légendes.
00:03:10C'est-à-dire que sur les albums en allemand, en anglais,
00:03:14il n'y a pas énormément d'inédits,
00:03:17mais, par exemple, il y avait des albums en espagnol
00:03:20dont on pensait qu'ils avaient existé,
00:03:22dont quelqu'un avait une photo de la pochette,
00:03:24mais on n'avait pas retrouvé l'album.
00:03:26Il semblerait qu'Aznavour ait enregistré un album
00:03:29pendant une tournée en Amérique latine,
00:03:31qu'il enregistre à Buenos Aires en espagnol.
00:03:34Il y a un travail dingue qui a été fait par Bruno Hay,
00:03:37c'est le nom qu'on ne dit jamais, l'homme qui a fait...
00:03:40Trois ans de recherche, et je peux vous dire,
00:03:42c'est pas trois ans de recherche en travaillant deux heures par jour,
00:03:46c'est vraiment du travail,
00:03:47et on ne parle jamais de ces compilateurs,
00:03:50de ces gens qui vont chercher les disques
00:03:52à partir d'une demi-ligne dans une brève,
00:03:56dans un journal, où il dit qu'il a enregistré ceci
00:03:59ou cela, et à partir de là, on retrouve le disque.
00:04:02Bruno a fait ce travail complètement dingue
00:04:04pour Universal et pour Aznavour.
00:04:06Et avec des remasterisations qui redonnent vie
00:04:10à des mixages qui avaient été parfois ratés à l'époque,
00:04:13comme dans les années 80, c'est un objet magnifique,
00:04:15c'est trop lourd.
00:04:17C'est pour ça que je ne l'ai pas apporté ici.
00:04:19J'ai préféré plutôt, voilà,
00:04:22cet album original sorti il y a tout juste 60 ans,
00:04:26avec Que c'est triste Venise,
00:04:28et hier encore, notamment, 64.
00:04:32Premier document de cette émission, un about portant de 1970,
00:04:36réalisé à l'Olympia par Roger Ciandra,
00:04:39avec les questions de Jacques Chancel,
00:04:41mais comme il n'y a pas eu d'Olympia cette année-là,
00:04:43nous supposons qu'il s'agit du récital
00:04:45qu'Aznavour a donné pour l'émission d'Europe 1 Musicorama
00:04:50en octobre 69, à l'Olympia.
00:04:52Aznavour a alors 45 ans,
00:04:55il se démultiplie entre chansons et cinéma,
00:04:57il va partir chanter trois semaines à Broadway,
00:05:00c'est un triomphe.
00:05:01Et à propos de réussite, vous serez frappé par le contraste,
00:05:05dès le début du film, souligné par la réalisation,
00:05:09entre cet homme qui chante les exclus,
00:05:11la misère matérielle et affective,
00:05:13et sa fortune, qu'il montre sans honte,
00:05:16la Rolls qui passe dans le champ de la caméra,
00:05:19ses goûts de luxe.
00:05:20On peut dire que c'est une mentalité
00:05:22plus américaine que française, Gérard Davoust ?
00:05:25C'était surtout la revanche sur des débuts difficiles,
00:05:30une origine modeste,
00:05:32et ébloui par tout ça,
00:05:35il a eu une période où il voyait grand,
00:05:39et à cette époque dont vous parlez,
00:05:42il avait même engagé un butler,
00:05:45un valet de pied,
00:05:48et pendant cette Olympia,
00:05:50il avait son valet,
00:05:52et il me le dit à l'oreille,
00:05:55le petit Arménien se venge,
00:05:57il a un maître d'hôtel, un butler...
00:06:00Et puis, huit jours après,
00:06:02je ne vois plus, ou quinze jours,
00:06:04je ne vois plus le butler,
00:06:06je lui demande et me dis,
00:06:08je ne l'ai pas gardé, il était mieux élevé que moi.
00:06:11Ah !
00:06:13L'émission s'ouvre par le souvenir d'enfance
00:06:15des pains au chocolat, qu'il chantera 45 ans plus tard
00:06:19dans son dernier album, Encore,
00:06:21ce qui montre la permanence de ses inspirations, Bertrand.
00:06:25Alors, Aznavour l'a toujours dit,
00:06:28il a été marqué, marqué au fer rouge
00:06:31par les humiliations de sa famille,
00:06:35par le fait de vivre dans la pauvreté,
00:06:38ses parents qui ont un accent français,
00:06:40un accent arménien, à couper au couteau
00:06:42quand ils parlent français,
00:06:44il est marqué par ça,
00:06:45il a toujours voulu se revancher.
00:06:47Et en même temps, il dit que c'est des années
00:06:50absolument merveilleuses, sublimes,
00:06:53et quand on parle au public et qu'on dit,
00:06:57on était pauvres, mais nos parents jouaient la comédie,
00:07:00répétaient du théâtre, on avait envie de devenir acteurs,
00:07:03les gens ne peuvent pas comprendre,
00:07:05mais quand il dit, dans cette misère-là,
00:07:07il y avait les petits pains au chocolat,
00:07:10ces petits pains au chocolat qu'il achetait,
00:07:12je ne me souviens plus de la rue dans le 5e arrondissement,
00:07:15de la boulangerie où il achetait ces petits pains au chocolat,
00:07:19ça parle à tout le monde.
00:07:20Là où c'est intéressant, c'est qu'Aznavour,
00:07:23effectivement, il vit dans un luxe ostentatoire,
00:07:27on n'a pas filmé sa Rolls
00:07:29sans lui demander son avis et son réalisation,
00:07:32il est content de montrer sa Rolls,
00:07:34mais c'est aussi quelque chose, il dit aux pauvres,
00:07:37aux gens qui vivent dans la misère, aux enfants qui vivent
00:07:40dans la misère, vous pouvez y arriver.
00:07:42Moi, j'y suis arrivé, j'étais petit, j'étais moche,
00:07:45j'étais arménien, je suis là, à cet endroit-là.
00:07:48Et puis c'est 20 ans, dans combien de chansons
00:07:50il a chanté la nostalgie des 20 ans ?
00:07:53C'est quand même extraordinaire.
00:07:55On va le voir tout de suite, voici Charles Aznavour,
00:07:58à bout portant, diffusé le 26 janvier 70,
00:08:02sur la première chaîne de l'ORTF.
00:08:18Quel est votre meilleur souvenir d'enfance ?
00:08:21Le petit pain au chocolat.
00:08:23C'est toujours le petit pain au chocolat.
00:08:25Encore, je mange des petits pains au chocolat.
00:08:27Le meilleur, c'est toujours à 4 heures.
00:08:30Le 4 heures est un souvenir fantastique.
00:08:32Le moment où tout s'arrête, on vous donne un pain au chocolat.
00:08:35Pourquoi ça ? Ca vient après la pauvreté ?
00:08:38Ca vient même pendant la pauvreté.
00:08:40Le petit pain au chocolat, c'est toujours pas cher.
00:08:57Je me voyais déjà en haut de l'affiche
00:09:02En dix fois plus gros que n'importe qui, mon nom s'étalait
00:09:06Je me voyais déjà adulé et riche
00:09:11Signant mes photos aux admirateurs qui se bousculaient
00:09:16J'étais le plus grand des grands fantaisistes
00:09:20Faisant un succès si fort que les gens m'acclamaient debout
00:09:25Je me voyais déjà cherchant dans ma liste
00:09:29Celle qui le soir pourrait par faveur se pendre à mon cou
00:09:34Mes traits ont vieilli, bien sûr, sous mon maquillage
00:09:39Mais la voix est là, le geste est précis et j'ai du ressort
00:09:43Mon coeur s'est aigri un peu en prenant de l'âge
00:09:48Mais j'ai des idées, je connais mon métier et j'y crois encore
00:09:52Rien que sous mes pieds, de sentir la scène
00:09:57De voir devant moi un public assis, j'ai le coeur battant
00:10:01On m'a pas aidé, non, je n'ai pas eu de veille
00:10:06Mais au fond de moi, je suis sûr au moins que j'ai du talent
00:10:22Depuis combien de temps savez-vous que vous êtes bien installé dans le succès ?
00:10:28Depuis combien de temps avez-vous conscience que vous êtes à Znavour ?
00:10:32Conscience que je suis à Znavour ?
00:10:33C'est-à-dire que ça, j'ai pas vraiment conscience d'être à Znavour,
00:10:35mais que je sois installé dans le succès, je le sais à peu près depuis cinq ans.
00:10:40Ça fait pas beaucoup.
00:10:41Non, mais il fallait sortir des frontières pour en être sûr.
00:10:45C'est là qu'on se rend compte que si l'émotion est un petit peu plus universelle,
00:10:49on se rend compte qu'on est installé.
00:10:51De toute manière, vous n'en avez pas fini avec vos ambitions
00:10:53d'être chanteur français.
00:10:56Vous l'êtes devenu et maintenant, il n'y a plus qu'une chose qui vous intéresse...
00:10:59D'annuler.
00:11:00Oui, c'est à peu près ce qu'il y a.
00:11:02Vous gagnez combien par gala ?
00:11:03Beaucoup.
00:11:05Trois millions ?
00:11:06Disons beaucoup.
00:11:07...
00:11:18Y a-t-il un chanteur que vous admirez et qui est pour vous comme un point de mire ?
00:11:23Oui.
00:11:24Traînée, en premier lieu.
00:11:27Ce que j'admire et qui est un point de mire.
00:11:30Et Brassens, que j'admire et qui n'est pas un point de mire.
00:11:34Traînée, ça a été un point de mire depuis le début
00:11:36parce que ça a été celui qu'on voulait limiter.
00:11:40Mais Brassens, je n'ai jamais voulu limiter
00:11:42parce que Brassens, je ne l'ai connu qu'après.
00:11:44Mais j'ai autant d'admiration pour Brassens.
00:11:49Charles Aznavour, est-ce qu'il y a, dans votre métier,
00:11:52des chanteurs qui vous gênent ?
00:11:53Non, personne ne me gêne.
00:11:55...
00:12:02Oui. Je ne peux pas plus loin parce que...
00:12:05Non, j'ai peur que tu exploses.
00:12:07Ça, c'est vraiment la plus mauvaise qu'on ait faite.
00:12:09C'est très agréable, cette rencontre. Roche-Aznavour ou Aznavour-Roche.
00:12:13Roche-Aznavour.
00:12:15Vous étiez le premier, là.
00:12:16Ce n'est pas que j'étais le premier, ça sonnait mieux.
00:12:19C'était il y a combien de temps ?
00:12:21On a commencé en 1942.
00:12:23De 1942 à 1952.
00:12:26C'était les débuts dans le musical d'Aznavour.
00:12:29C'était nos débuts ensemble.
00:12:31J'avais fondé une école de chansons en 1940.
00:12:34Et puis Charles était venu s'inscrire comme élève en 1941.
00:12:37Je ne suis pas venu pour m'inscrire comme élève.
00:12:39Il était venu prendre contact, voir ce qui se passait.
00:12:41Je ne suis pas venu pour m'inscrire comme élève parce que j'étais trop sûr de moi.
00:12:45Je suis beaucoup plus sûr de moi.
00:12:47Il faisait déjà du théâtre.
00:12:49Lui, il était à l'école du spectacle, étant tout jeune.
00:12:52Tout le monde ?
00:12:53Je me souviens d'une chanson complète.
00:12:56Des par express, peut-être.
00:12:58Peut-être. Pas complètement.
00:12:59On s'en souviendra d'une partie par express.
00:13:01En sol, tant pis.
00:13:03Je ne peux jamais jouer dans un autre ton que ça.
00:13:10Un jour de mai où l'ennui me pesait
00:13:12Pour vivre ma vie laissant ce qui m'offresse
00:13:14J'ai tout quitté sans chagrin, sans regret
00:13:16Puisque les voyages forment la jeunesse
00:13:18Aux gens curieux, j'ai répondu
00:13:21Destination inconnue
00:13:23J'ai pris le premier train qui partait le matin
00:13:25Par hasard dans le train, il y avait une train très bien
00:13:27Comme un dessin vailleux sur moi gentiment
00:13:29Elle était justement dans un compartiment
00:13:31Le train en volant faisait avec arme infernale
00:13:33Sur la banquette en bois, on était plutôt en bal
00:13:36Mais quand j'ai pris sa main parlante avec douceur
00:13:38Plus vite que le train, elle n'aimait pas moins de cœur
00:13:40Ton charme, mon âme, mon cœur
00:13:42En un instant, j'ai pris son cœur
00:13:44Et pour vous, c'est tout de l'amour
00:13:47Nous nous sommes mariés par un jour de printemps
00:13:51Sans prêtre, sans mairie, sans amis ni parents
00:13:55Nous n'avions tout au plus, elle est moins que 20 ans
00:13:57Mais un désir d'adulte brûlait au cœur d'enfant
00:14:03L'amour en une nuit émancipa notre cœur
00:14:06Et nous avons permis de nous réunir
00:14:09Dans un endroit où personne n'était
00:14:11Et nous avons permis de nous réunir
00:14:13L'amour en une nuit émancipa notre cœur
00:14:17Nous étions enlacés, tout honteux de bonheur
00:14:21Dans nos yeux agrandis ne passait nulle peur
00:14:24Car la jeunesse rit quand l'enfance se meurt
00:14:30Le palais de nos chimères
00:14:34Nous l'avions bâti sur l'horizon
00:14:40Et nous ceinturions la terre
00:14:44Elle est moindre comme les baies à vent
00:14:51Pour s'apprêver à la source
00:14:55De l'amour, cet éternel printemps
00:15:01Nous nous partageions la mousse
00:15:05Du château de la rose des vins
00:15:12A présent je suis seul, je marche toujours
00:15:16Mais quand je sentirai venir mon dernier jour
00:15:19Sur la tombe où déjà repose mon amour heureux
00:15:22J'irai m'étendre et mourir à mon tour
00:15:27Et sous la même croix nos deux corps dormiront
00:15:31Nos yeux seront cernés par le même horizon
00:15:35Et de la même terre nos bouches s'empliront
00:15:38Quand pour l'éternité nos âmes s'uniront
00:15:43Le palais de nos chimères
00:15:47A croulé avec mes illusions
00:15:54Et sous le poids de ces pierres
00:15:57Se les arde un coeur de vagabond
00:16:02Mon passé qui me domine
00:16:07Me pousse à errer par tous les temps
00:16:13Et dormir parmi les ruines
00:16:17Du château de la rose des vins
00:16:31Le château de la rose des vins
00:17:01J'étais un amour platonique et lointain
00:17:04Vous aviez quel âge ?
00:17:05Je ne sais pas, j'avais 12 ans ou 13 ans
00:17:07C'est précoce
00:17:10J'étais ravissante, c'était la plus belle fille de l'école
00:17:12Quelle école ?
00:17:13L'école du spectacle, le cardinal de Moines, ça existe toujours
00:17:19Je ne sais pas, l'été du Brésil ou de l'Amérique du Sud
00:17:21D'origine allemande avec un prénom italien
00:17:25En faisant ses études, si on peut appeler ça les études
00:17:28À Paris
00:17:30Je crois que tous les garçons qui étaient à l'école mixte
00:17:35On en bavait tous en la regardant
00:17:37C'est grave un premier amour ?
00:17:39Non, ce n'est pas grave
00:17:41Aucun amour n'est grave
00:17:43On fait des comparaisons après ?
00:17:45Moi, pas
00:17:46Tout s'en va, tout se meurt
00:17:49Tu ne crois plus à notre bonheur
00:17:52Et tu deviens sans raison ni cause
00:17:56Nerveuse et morose
00:17:58Rose, rose
00:18:01Rose, rose, oui, je me souviens
00:18:04J'avais quoi, dix-sept ans, toi, peut-être un peu moins
00:18:08Quand tu sais, chez tes cours, et venais le matin
00:18:11Pour m'apporter ton cœur comme un bouton de rose
00:18:15Rose, rose, amour de mon passé
00:18:18Quand tu venais me voir dans ma chambre au grenier
00:18:21Je trouvais que ta peau sentait le foin mouillé
00:18:25Et quand je t'embrassais, mais ça, c'est autre chose
00:18:29Tout s'en va, tout se meurt
00:18:33Tu veux fermer ta porte à mon cœur
00:18:36J'entends déjà le vent qui se lève
00:18:39Pour chasser mes rêves
00:18:41Eve, eve
00:18:45Eve, eve, encore un souvenir
00:18:48Qui m'a brûlé le cœur avant que le feu glire
00:18:51J'ai cru devenir fou, j'ai voulu en mourir
00:18:54Mais le temps guérit tout un jour sans prier grave
00:18:58Eve, eve, mordre follement
00:19:01Dans le fruit de l'amour, on se brise les dents
00:19:04Si tu m'as fait du mal, j'ai conservé pourtant
00:19:08Le souvenir des jours, je crois que je m'égare
00:19:13Tout s'en va, tout se meurt
00:19:16Je sens qu'en moi s'installe la peur
00:19:19Tu as déjà bouclé ta valise
00:19:22Et je réalise
00:19:24Lise, lise
00:19:28Lise, lise, où es-tu aujourd'hui
00:19:31Toi qui mourais le jour pour en être la nuit
00:19:34Toi qui marchais pieds du vent
00:19:36Aujourd'hui encore, vous avez du succès, pas les femmes.
00:19:41Je sais pas, j'avoue.
00:19:42Tout à fait franchement, j'y fais plus attention.
00:19:45Parce que ça vient tout seul ?
00:19:46Non, c'est parce que maintenant j'ai l'impression
00:19:49Ayant fait suffisamment de publicité, j'ai pas peur du mot,
00:19:53autour de mon mariage et autour de ma vie conjugale,
00:19:56je crois que les gens se sont totalement habitués
00:19:57aux personnages mariés, installés chez lui,
00:20:00vivants, pas tout à fait au coin du feu,
00:20:02ou alors il faudrait avoir le coin du feu dans les avions.
00:20:04Enfin, presque, moralement.
00:20:05Je pense que les gens se sont habitués à ça.
00:20:07Et ils ont encore une plus grande confiance
00:20:09quand je vois venir des très jeunes filles.
00:20:12Elles ont beaucoup plus confiance qu'elles ne l'avaient dans le temps.
00:20:14Parce qu'avant, j'étais l'afro-drailleur.
00:20:15Le mariage, maintenant, c'est définitif ?
00:20:17Non, c'est l'heureuse escale définitive.
00:20:19Vous êtes sûr de vous ?
00:20:21Je suis sûr de moi et je suis sûr de ma femme.
00:20:26C'est de la lucidité ou de l'orgueil ?
00:20:29C'est de la constatation.
00:20:33Vous m'en rêvez pas, là !
00:20:35Lorsqu'on parle de votre physique, ça vous plaît, ça vous gêne ?
00:20:38Je m'en fous totalement.
00:20:39Je connais de très beaux garçons
00:20:41qui n'ont pas connu d'aussi belles filles que j'en ai connues.
00:20:43Alors ça s'arrête là, pour moi.
00:20:45Parce que toute ma vie, j'ai pensé qu'à une chose,
00:20:46c'est de rencontrer des femmes.
00:20:48J'en ai rencontré, tout m'a aidé.
00:20:51J'ai peut-être pas toujours été très honnête,
00:20:54dans le sens que, quand je rencontrais une femme,
00:20:57naturellement, je jouais de mes chansons,
00:20:59je jouais de mon nom, je jouais de mes possibilités.
00:21:02Mais qui ne joue pas quelque chose ?
00:21:03Lui, il te couvre
00:21:08Fiermeusement
00:21:10Toi, tu l'approuves
00:21:14En souriant
00:21:17Lui, il te guette
00:21:21Et je le vois
00:21:23Toi, tu regrettes
00:21:28Que je sois là
00:21:31Moi, dans mon coin
00:21:34Si je ne dis rien
00:21:37Je vois bien
00:21:40Votre manège
00:21:44Moi, dans mon coin
00:21:48Je cache avec soin
00:21:51Cette angoisse
00:21:54Qui m'étreint
00:21:56Ce qui est préférable, c'est être beau ou avoir du charme.
00:22:01Au mieux, avoir du charme.
00:22:05Ça aide pour tout.
00:22:08Lui, te cotise
00:22:12Te cotise
00:22:14À travers moi
00:22:17Toi, tu te grises
00:22:21Ries aux éclats
00:22:25Je ne sais pas qui disait que
00:22:27la beauté s'altère et la laideur s'accentue.
00:22:30Moi, dans mon coin
00:22:33Je bois mon chagrin
00:22:36Car l'amour
00:22:39Change de main
00:22:42Il y a des jours où vous êtes mieux que d'autres.
00:22:44Oui, il y a des jours où je suis plus beau que d'autres.
00:22:46Il y a des jours où je me trouve, moi,
00:22:49ça n'engage que mon opinion à moi.
00:22:51Il y a des jours où je me trouve plus beau que d'autres.
00:22:53Il y a des jours où je me dis, tiens,
00:22:55t'es pas laid comme ça.
00:22:57T'es beau, mais t'es pas laid.
00:22:59Et je me dis, demain, peut-être qu'il faudrait
00:23:02que tu retrouves cette coiffure un peu gonflée.
00:23:04Malheureusement, ça ne revient jamais.
00:23:13Il m'aurait fallu, s'il y a une soirée de repos.
00:23:21Je chante ma centaine de chansons, aujourd'hui.
00:23:23Je baroche sur son piano-bar.
00:23:25Non, je ne m'inquiète pas.
00:23:32Qu'est-ce qui se passe avec l'orgue ?
00:23:39Il y a du feu.
00:23:41Il y a du feu ?
00:23:44Oh, là, là !
00:23:46Je suis mort.
00:23:59Nous avons eu de bons moments.
00:24:02Nous avons eu de grands moments.
00:24:04Aujourd'hui, je ne vois personne.
00:24:12Il faut savoir.
00:24:15Mais moi, je ne sais pas.
00:24:27J'ai donné deux fois la note, et ce soir, je ne pourrai plus.
00:24:30La réussite à Znavour, c'est la vie facile,
00:24:33c'est le côté PDG.
00:24:35La réussite à Znavour, c'est du travail.
00:24:37J'ai une belle maison, j'ai une vie très confortable.
00:24:41Mais finalement, ça ne m'a pas donné l'intention
00:24:43d'abandonner quoi que ce soit en me disant que j'ai gagné de l'argent.
00:24:46Je l'ai arrêté, au contraire.
00:24:48Plus la réussite s'est affirmée, plus j'ai eu envie d'aller plus loin.
00:24:51Avant, je mangeais les sandwiches
00:24:53parce que je n'avais pas les moyens de manger autre chose.
00:24:56Et à partir du moment où j'ai gagné beaucoup d'argent,
00:24:59je continue à manger les sandwiches parce que je n'ai pas le temps de manger autre chose.
00:25:02Avec ce goût du luxe, du grandiose, vous devez être sans doute un homme de droite.
00:25:05Moi, non.
00:25:07Je ne peux pas être un homme de droite.
00:25:11Un homme de gauche confortable, alors.
00:25:14Oui, je suis un homme de gauche confortable.
00:25:18Je ne suis pas heureux quand j'entends des gens
00:25:20qui cachent ce qu'ils ont sous prétexte qu'ils ne veulent pas paraître antipathiques.
00:25:23Je trouve qu'on paraît antipathique quand on le cache, justement.
00:25:26C'est-à-dire qu'on met sa voiture au coin de la rue
00:25:28pour ne pas montrer qu'elle est trop belle.
00:25:30Et puis on dit, moi, vous savez, je suis pour la nature.
00:25:34On a une maison avec des choses extraordinaires dedans,
00:25:36mais on ne l'a jamais photographiée.
00:25:38Moi, j'ai acheté tout ça par mon travail.
00:25:40Je n'ai rien volé à personne.
00:25:42Comme on dirait vulgairement, c'était la soirée de mon enfant que je l'ai faite.
00:25:45Ma maison, elle reste.
00:25:47Je n'ai pas à en avoir honte.
00:25:49Le matin, le midi, le soir, faites-en 48 heures.
00:25:53Le principal, c'est pour ce soir.
00:25:55Non, ce sera fini ce soir, mon frère.
00:25:57Demain, ça y est. On va faire ça simplement aujourd'hui.
00:26:00Vous n'êtes pas inquiet pour ça, moi, docteur ?
00:26:02Non, pas du tout.
00:26:04Je ne pense pas que ça puisse commencer maintenant.
00:26:07C'est trop tard.
00:26:10Bon, docteur, merci.
00:26:14Je ne me ferais pas de billes pour la voix, jamais.
00:26:16S'il avait une cigarette, je la fumerais volontiers.
00:26:18On va se demander quel est votre grand homme.
00:26:21Je n'ai pas de cigare, non.
00:26:22Non, merci. C'est Jean Giscan.
00:26:25C'est des chiens à boîte et à cou.
00:26:28Oui, la meute.
00:26:30Pourquoi Jean Giscan ?
00:26:35Je ne sais pas.
00:26:38D'abord, parce que c'était un homme qui vivait...
00:26:42C'était un conquérant extraordinaire.
00:26:44Il n'est pas tellement connu.
00:26:46On connaît tous les conquérants, et ce n'est pas un des moindres,
00:26:49mais il n'est pas tellement connu.
00:26:51Et puis, il vivait...
00:26:53Il y a une guêpe, là-dessous.
00:26:55Il vivait à cheval.
00:26:58Et moi, j'ai une passion pour le cheval.
00:27:01Finalement, je suis...
00:27:05Je suis frustré.
00:27:07J'aurais voulu vivre en plein air,
00:27:09d'une manière...
00:27:11Enfin, très près de la nature.
00:27:28Je pense qu'il faut avoir un modèle.
00:27:32On ne peut pas réussir sans modèle.
00:27:35On ne peut pas réussir sans admiration,
00:27:37pour un nombre de gens.
00:27:39Et on ne peut pas toujours choisir
00:27:41ses admirations dans son propre métier.
00:27:45Ça pourrait être faux.
00:27:47Oui, mais il y a la petite taille qui joue dans ces cas-là.
00:27:49Je n'étais pas grand jusqu'à quand j'étais tout petit.
00:27:51Il n'y a qu'au cinéma qu'on l'a fait grand.
00:27:53Hélas ! On n'a jamais pensé à mieux.
00:27:57Non !
00:27:59À présent, quand on me tient,
00:28:02j'ai tout mon temps, tu sais.
00:28:04C'est pas beau, ça ?
00:28:06Oui.
00:28:08Bon. Alors reprenons du début.
00:28:10L'argent que t'as piqué au banque, où est-il ?
00:28:12Je veux voir Stella.
00:28:14Il s'agit de centaines de milliards volés.
00:28:17Stella, c'est ma femme. Et elle est blessée.
00:28:22Sortez tous. Laissez-moi seul.
00:28:24Vous avez l'impression que vous avez été bon, là ?
00:28:28J'ai l'impression que je suis en situation, pour le moment.
00:28:30Faut jouer le film.
00:28:33Je jouais jamais un film, avant.
00:28:35D'abord, j'ai l'impression que vous pourriez quitter, demain,
00:28:37le musical, la chanson, pour faire une grande carrière.
00:28:41Au cinéma, au théâtre. Pourquoi pas ?
00:28:44Parce que ça prend du temps.
00:28:46Parce qu'il faut rester longtemps dans un théâtre
00:28:48et que je suis un vagabond.
00:28:51Que...
00:28:53à toujours un moment, je voudrais reprendre mes valises pour repartir.
00:29:03Ça voulait dire
00:29:05On est heureux
00:29:09La bohème
00:29:12La bohème
00:29:15Nous ne mangeons
00:29:17Qu'un jour sur deux
00:29:23Dans les cafés voisins
00:29:25Nous étions quelques-uns qui attendions la gloire
00:29:29Et bien que miséreux
00:29:32Avec le ventre creux
00:29:34Nous ne cessions d'y croire et quand
00:29:36Quelques bistrots contre un bon repas chaud
00:29:39Nous prenaient une toile
00:29:41On récitait des vers
00:29:43Moupés autour du poêle
00:29:45En oubliant l'hiver
00:29:47La bohème
00:29:52La bohème
00:29:55Ça voulait dire
00:29:57Tu es jolie
00:29:59J'ai dit
00:30:01La bohème
00:30:05La bohème
00:30:07Et nous avions tous
00:30:11J'ai dit
00:30:29Il n'y a aucune raison de ne pas être assez riche pour avoir 200% en soi
00:30:59Rire
00:31:01Ces nuits blanches
00:31:04Lorsque l'on voit
00:31:06Loin devant soi
00:31:08Rire la vie
00:31:10Prendre l'espoir
00:31:12Riche de joie
00:31:14Et de folie
00:31:16Il vaut boire
00:31:19Jusqu'à l'ivresse
00:31:21Sa jeunesse
00:31:23La bohème
00:31:25La bohème
00:31:27Et la jeunesse
00:31:29Hier encore
00:31:32J'avais 20 ans
00:31:34Je caressais le temps
00:31:36Et jouais de la vie
00:31:38Comme on joue de l'amour
00:31:40J'y vivais la nuit
00:31:42Sans compter sur mes jours
00:31:45Qui fuyaient dans le temps
00:31:47J'ai fait tant de projets
00:31:49Qui sont restés en l'air
00:31:51J'ai fondé tant d'espoirs
00:31:53Qui se sont envolés
00:31:55Que je reste perdu ne sachant d'où aller
00:31:58Les yeux cherchant le ciel mais le coeur mis en terre
00:32:03Il n'y avait donc pas de quoi, pas de quoi, pas de quoi, pas de quoi en faire de chanson
00:32:09Mais j'avais rien à faire
00:32:12Alors j'en ai fait une, ai fait une, ai fait une
00:32:14Et ça vaut bien mieux dans le fond que de faire la guerre
00:32:21Désormais ma voix ne dira plus je te aime
00:32:28Désormais moi qui voulais être ton ombre
00:32:35Je serai l'ombre de moi-même, ma main de ta main séparée
00:32:41Tu es la vague, tu es la mer, tu es l'orage et les éclairs
00:32:47Tu es le monde et l'univers, ma mie
00:32:52Tu es la terre et la moisson, tu es les lacs, tu es les monts
00:32:58Tu es le ciel et l'horizon, ma mie
00:33:03La création est une chose curieuse parce que je sens
00:33:07Et je ne suis pas le seul à me rendre compte, les gens qui m'entourent s'en rendent compte aussi
00:33:11Quelques jours avant d'écrire, je sais que je vais écrire
00:33:15Je suis totalement absent
00:33:18Je quitte le lieu, je ne sais plus ce que je fais
00:33:21Et il faut absolument que j'écrive
00:33:24Souvent j'ai envie d'écrire chez moi
00:33:26Et puis parfois je me sens totalement vidé
00:33:29Alors quand je suis vidé, je prends l'avion et je m'en vais
00:33:31Je me souviens la dernière fois que ça m'est arrivé
00:33:33Je suis parti, j'ai écrit J'aimerais, Tout s'en va
00:33:38Et j'ai commencé Marie l'orpheline
00:33:41Marie mon amour, contre ma poitrine viens serrer tes jours
00:33:46Marie les angoisses, Marie déchirées
00:33:50Sors de ton impasse quand le bonheur veut t'adopter
00:33:57Marie l'orpheline, Marie les tourments
00:34:01Laisse sur tes ruines courir le printemps
00:34:05Marie la souffrance, Marie la douleur
00:34:08Viens chercher l'enfance au cœur de mon cœur
00:34:14Charles Aznavour, vous mangez avant d'entrer en scène ?
00:34:17Jamais je ne mange pas de la journée
00:34:19Je prends mon petit déjeuner et c'est tout
00:34:21Parce que je crois qu'on ne peut pas chanter la misère et la peine le ventre plein
00:34:26Je crois qu'on doit revenir en arrière
00:34:29Quand j'ai débuté, je chantais pour pouvoir manger finalement
00:34:33Et c'est ce qui me donnait cette sorte de force et d'agressivité
00:34:37Je ne pourrais pas être agressif et fort en scène
00:34:40Je crois que l'agressivité est une chose importante pour un chanteur
00:34:43Plus on est agressif, plus on n'est pas agressif
00:34:45Ce n'est pas qu'on en veut à quelqu'un, mais c'est par rapport à soi
00:34:49C'est cette agressivité qui donne le tout d'un spectacle
00:34:53Je ne mange pas et je n'ai pas de bijoux
00:34:55Moi je crois qu'on entre en scène pauvre
00:34:58Et la scène vous enrichit déjà au départ
00:35:07C'est le public qui vous a fabriqué ?
00:35:14Totalement, mais à son corps défendant
00:35:19Pourquoi ?
00:35:20Parce qu'au début il ne voulait pas
00:35:22Et quand le public ne veut pas, c'est très difficile
00:35:25Est-ce que vous croyez que chacun a un destin ?
00:35:28Je vais vous dire une chose assez particulière
00:35:31Oui et non
00:35:34D'abord parce que ma destinée je pense que je l'ai un petit peu forgée
00:35:37D'autre part, j'ai tout de même un sentiment et une sensation curieuse
00:35:42Dans le monde artistique particulièrement et dans le monde de la chanson
00:35:46Il n'y avait pas de garçons d'origine arménienne
00:35:50Nous avons été nous aussi un peuple
00:35:54Baloté, dispersé, battu, émigrant
00:36:00Et j'ai l'impression qu'il fallait qu'il y en ait un
00:36:04Pour le confort moral des Arméniens et que je suis celui-là
00:36:13Il est à quelle hauteur le micro ?
00:36:16Il n'est jamais à la bonne hauteur
00:36:19Parce que quand je le règle, je le règle trop bas
00:36:22Et puis dès que je suis sur scène, j'y retouche
00:36:24Pourquoi il y a une telle différence entre
00:36:26La hauteur du micro à la répétition, la hauteur du micro au niveau du récital
00:36:30Je pense que l'orgueil d'entrer en scène fait grandir un peu le chanteur
00:36:35C'est le coq
00:36:37Charles Aznavour, êtes-vous véritablement fier de vous ?
00:37:05Je suis content de moi
00:37:08Nuance
00:37:10Je suis très content de moi et j'ai pas peur de le dire
00:37:14Je trouve que j'ai réussi une chose très difficile à réussir
00:37:20Parce que j'ai été contre tout ce qu'on appelait les lois de notre métier
00:37:25Et à partir de ce moment-là, je suis très content de moi
00:37:28Et je crois qu'un jour, je serai fier de moi
00:37:35Un objet non identifié
00:37:40Une curieuse masse
00:37:45Descendue de l'espace
00:37:50Viendrait nous emporter
00:37:55Vers un point non identifié
00:37:59Loin, très loin de la Terre
00:38:04A des années-lumière
00:38:09Pour nous y déposer
00:38:14Sur un sol non identifié
00:38:19Où l'espoir serait maître
00:38:24Et nous ferait connaître
00:38:29Jusqu'aux éternités
00:38:34Ce bonheur non identifié
00:38:38Qu'apporte, je suppose
00:38:43Mille petites choses
00:38:48Qu'on oublie d'assembler
00:38:53Un objet non identifié
00:38:57A la folle vitesse
00:39:02D'un élan de tendresse
00:39:07Nous ferait voyager
00:39:12Par des voies non identifiées
00:39:16Sans jamais faire escale
00:39:21A travers les étoiles
00:39:26Dans un ciel ignoré
00:39:31Et les joies non identifiées
00:39:36D'une étrange planète
00:39:40Chanteraient dans nos têtes
00:39:45Et nos coeurs fortifiés
00:39:50D'un amour non identifié
00:39:55Aux racines profondes
00:40:00Plus fort que tout au monde
00:40:05Que je veux te donner
00:40:16Vous pensez à votre retraite ?
00:40:18Non, j'y pense pas.
00:40:20Ça viendra.
00:40:22Je préfère ne pas y penser.
00:40:24J'ai été allié à plusieurs femmes.
00:40:27J'ai fait des soirées d'adieu.
00:40:29Est-ce que vous avez déjà pensé à la vôtre ?
00:40:31Non, moi j'espère ne jamais en faire.
00:40:34Non, je vois pas pourquoi j'en ferais.
00:40:36Je tiendrai pas le coup, alors.
00:40:37Je reviendrai.
00:40:38L'amour c'est comme un jour
00:40:42Ça s'en va
00:40:45Ça s'en va
00:40:49L'amour
00:40:52C'est comme un jour
00:40:57Fait de mots en pagaille
00:41:03De bonheur en sommeille
00:41:10Et de rire en grisaille
00:41:15L'amour
00:41:17C'est comme un jour
00:41:21Ça s'en va
00:41:24Ça s'en va
00:41:28L'amour
00:41:31C'est comme un jour
00:41:36D'un infini sourire
00:41:43Du visage d'un autre
00:41:48Qui ne dit lui
00:41:51Ni l'autre
00:41:54L'amour
00:41:57C'est comme un jour
00:42:03Ça s'en va
00:42:08Mon amour
00:42:24L'amour est-il une chose très importante pour vous ?
00:42:26C'est primordial.
00:42:28On ne fait rien sans amour, je crois, en tout cas.
00:42:30On travaille par amour.
00:42:32On s'achète sa cravate pour l'amour.
00:42:35Je crois qu'on se lave et on se rase par amour.
00:42:37Pourriez-vous vivre sur une île déserte avec la femme aimée ?
00:42:40Non.
00:42:41Quelle est pour vous la femme idéale ?
00:42:43C'est la femme dont je serai amoureux.
00:42:45Quel est le bon âge ?
00:42:46Il n'y a pas d'âge.
00:42:48C'est physique.
00:42:49Pour vous, l'amitié, c'est plus fort que l'amour ?
00:42:51Oui.
00:42:52Un bon matin, je sais que je m'éveillerai
00:42:55Différemment de tous les autres jours
00:42:59Et mon cœur délivrerait enfin de notre amour
00:43:04Et pourtant, et pourtant, sans un remord, sans un regret
00:43:09Je partirai droit devant moi, sans espoir de retour
00:43:14Loin des yeux, loin du cœur, j'oublierai pour toujours
00:43:17Et ton corps, et tes bras, et ta voix, mon amour
00:43:23Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:43:26Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:43:30Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:43:33Et pour autant, j'arracherai sans une larme, sans un cri
00:43:38Les liens secrets qui déchirent ma peau
00:43:42Me libérant de toi pour trouver le repos
00:43:46Et pour autant, et pour autant, je marcherai
00:43:50Vers d'autres cieux, d'autres pays
00:43:52En oubliant ta cruelle froideur
00:43:55Mes mains pleines d'amour, j'offrirai au bonheur
00:43:59Et les jours, et les nuits, et la vie de mon cœur
00:44:04Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:44:08Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:44:11Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:44:15Et pour autant, faudra bien que je retrouve ma raison
00:44:20Mon insouciance et mes désirs de toi
00:44:24Que je partage à même, me détachant de toi
00:44:28Et pour autant, et pour autant, dans d'autres bras
00:44:32Quand j'oublierai jusqu'à ton nom
00:44:34Quand je pourrai repenser l'avenir
00:44:38Tu deviendras pour moi un lointain souvenir
00:44:41Quand mon mal et ma peur et mes pleurs vont finir
00:44:47Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:44:50Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:44:54Et pour autant, pour autant, je n'aime que toi
00:44:57Et pour autant
00:45:12À votre avis, à quoi ça sert un chanteur ?
00:45:17Ça, c'est une drôle de question, alors
00:45:19En vérité, ça ne sert pas à grand-chose
00:45:22Intrinsèquement parlant, ça ne sert à rien, un chanteur
00:45:25Mais comme notre vie est faite de chansons, comme notre vie est faite de musique
00:45:29À partir du moment où on met le pied sur terre, si j'ose dire
00:45:33Eh bien, on a besoin de musique, ça commence par la berceuse
00:45:36Et puis après, il y a les chansons enfantines
00:45:38Et puis, il y a les marches militaires
00:45:40Et puis, il y a les chansons d'amour
00:45:42Et puis, il y a les chansons souvenirs
00:45:44Alors à partir de ce moment-là, le chanteur sert à quelque chose
00:45:57Nous avons eu de bons moments
00:46:00Nous avons eu de grands moments
00:46:03De folles joies, d'étranges peines
00:46:06À vivre ensemble
00:46:08Nous étions engorgés de printemps
00:46:12Et fiers d'étaler nos vingt ans
00:46:15Que les jeux de l'amour et les rêves rassemblent
00:46:20Un jour riche, un jour sans un sou
00:46:23Nous étions heureux malgré tout
00:46:26Car jour et nuit, brûlait-on nous
00:46:29Cet amour fou qui nous ressemble
00:46:32Bien sûr, le bonheur est mouvant
00:46:35Mais il laisse au cœur des amants
00:46:40Les bons moments
00:46:48Nous avons eu de bons moments
00:46:52Nous avons eu de grands moments
00:46:55Ce soir, grâce à vous et en votre compagnie
00:46:58Les musiciens et moi-même avons connu de merveilleux moments à présent
00:47:01Il ne me reste plus qu'à vous dire tout d'abord merci
00:47:03Ensuite, bonsoir et à très bientôt, j'espère
00:47:06Bonsoir
00:47:10L'Amour
00:47:29Entre le spectateur et le chanteur
00:47:32Le plus malheureux est souvent le spectateur
00:47:35Mais au moment où on chante une chanson d'amour qui est très malheureuse
00:47:39Je crois que le spectateur a un petit peu l'impression
00:47:41Qu'on lui prend un peu de sa peine
00:47:43Parce qu'il se dit, tiens, il a dû le ressentir comme moi
00:47:47Il a peut-être été encore plus malheureux que moi
00:47:49Je pense qu'on lui fait du bien, c'est une sorte de médecine
00:48:08Charles Aznavour ! Charles Aznavour !
00:48:28Charles Aznavour en 69-70 pour l'émission Abou Portant
00:48:32Avec nous Gérard Davoust, son ami complice associé aux éditions Raoul Breton
00:48:37Et son biographe Bertrand Dical
00:48:39Fin 69, Aznavour vient de sortir un nouvel album
00:48:43Désormais, qui est aussi l'une de ses très grandes chansons
00:48:46Et il ne se cache pas, on l'a dit, de savourer son succès, son ascension
00:48:50Contraire à toutes les lois du métier, dit-il dans le film
00:48:54On pourrait le prendre pour un orgueilleux
00:48:57Et vous Gérard Davoust, l'homme que vous avez connu, que vous racontez dans ce livre
00:49:02Il vous a toujours frappé par sa grande élégance
00:49:06Absolument, et je pense que c'est quelqu'un qui de toute façon s'est construit entièrement
00:49:13Et à des époques, il a savouré le bonheur de la démesure
00:49:21Et puis il est passé progressivement à une sorte de sagesse
00:49:27D'attention aux autres, de fidélité
00:49:32Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme ça
00:49:35C'est-à-dire que j'ai eu la chance d'arriver après son hubris
00:49:39Et là, il était extraordinaire
00:49:44Quand je l'ai accompagné pour son autobiographie
00:49:49Je voulais absolument qu'il la fasse
00:49:52Des éditeurs lui ont proposé évidemment le système où on raconte
00:49:56Et puis quelqu'un écrit et je savais qu'il pourrait écrire
00:49:59Ce qu'il avait fait une première fois qui n'était pas un très bon livre
00:50:02Et lui-même le regrettait
00:50:04Donc on est arrivé à la conclusion que oui, il devait l'écrire
00:50:09Et en effet, ça a été laborieux mais il l'a fait
00:50:14Il était très heureux de le faire
00:50:16Et ensuite, l'engagement c'était qu'il fasse une tournée des librairies
00:50:22Avec l'éditeur pour vendre le livre
00:50:27Et il l'a fait
00:50:29On a fait des tas de villes et il était très heureux de faire ça
00:50:33Mais chaque fois, je l'ai vu pour, je me souviens, ce jour-là
00:50:38Qui était dans une immensité de magasins
00:50:42Il a vendu 426 bouquins
00:50:46Et donc 426 fois, il a regardé dans les yeux la personne
00:50:51C'est extraordinaire le respect qu'il avait des gens
00:50:54C'est ce que j'ai ressenti à chaque fois que j'ai eu la chance de l'interviewer aussi
00:50:58C'est quelqu'un qui était attentif aux autres
00:51:01Et qui était remarquable de générosité
00:51:06Ça lui était naturel
00:51:08Le matin quand il vous regardait vraiment
00:51:12Et s'il voyait quelque chose, une ombre
00:51:15Il disait ça ne va pas
00:51:18Toujours, il avait une attention aux autres
00:51:22Que je n'ai jamais rencontrée aussi grande
00:51:25Face à Jacques Chancel, une réponse étonnante
00:51:29Quand on lui parle de destin
00:51:31Il n'y avait pas d'Arménien dans la chanson, il en fallait un
00:51:34J'ai trouvé cette phrase assez formidable, Bertrand Nicale
00:51:38Oui, alors il y a deux choses
00:51:40Il y a un, Aznavour, de plus en plus
00:51:44Vraiment à partir du début des années 70
00:51:47Il porte de plus en plus le destin du peuple arménien
00:51:52Et la mémoire du génocide
00:51:55Il n'a pas encore écrit sa grande chanson
00:51:57Il n'a pas encore écrit Ils sont tombés
00:51:59Mais il en parle de plus en plus
00:52:02Et puis il y a aussi lui, lui, lui même lui
00:52:07Et j'ai l'impression que souvent, Aznavour
00:52:11A dit le destin d'un petit Arménien
00:52:15Pour schématiser, pour ramasser
00:52:18Tout ce qu'il a vécu aussi pendant des années
00:52:21Vous parliez tout à l'heure de ses débuts de carrière
00:52:23Qui ont été très longs
00:52:25Non seulement ils ont été longs
00:52:27Mais ils ont été effroyablement humiliants
00:52:30Il ne faut pas oublier qu'Edith Piaf
00:52:33Chez qui il a vécu, qui l'a encouragée au début
00:52:36A beaucoup passé de temps à le décourager
00:52:40On ne chante pas sur scène
00:52:42On va en parler tout à l'heure
00:52:43Ça fait partie de sa légende évidemment
00:52:44Et on va y revenir avec des images, avec des illustrations
00:52:48Tout à l'heure avec Agnès Chauveau
00:52:50On va retrouver Aznavour
00:52:52C'est encore une période où il est sur la route du succès
00:52:59Mais il en a déjà engrangé quelques-uns
00:53:01Dix ans auparavant
00:53:03C'est un formidable document
00:53:05C'est encore un tour de chant en studio cette fois
00:53:07Avec un trio de musiciens et la présentatrice Jacqueline Joubert
00:53:10On est donc en 1959
00:53:12Aznavour a rempli l'Alhambra pendant six semaines
00:53:16L'Alhambra c'est trois mille places
00:53:17C'était le grand musical de la rue de Malte
00:53:20Le cinéma le réclame
00:53:21Il vient d'être récompensé pour son rôle
00:53:23Dans la tête contre les murs de Franju
00:53:26Il va tourner un premier rôle pour Truffaut
00:53:29C'est tiré sur le pianiste
00:53:30Il s'apprête à signer chez Barclay
00:53:32Début soixante
00:53:33C'est le début de la gloire là quand même Bertrand
00:53:36C'est là où c'est incroyable
00:53:38C'est de voir à ce moment là
00:53:39Et de se dire que juste après
00:53:41Juste après
00:53:42C'est l'oeuvre de guitare
00:53:43C'est « Je me voyais déjà »
00:53:44C'est tout ça qui arrive
00:53:45Et c'est le moment où
00:53:48Il y a certainement un certain nombre de professionnels
00:53:51Qui en voyant cette émission en 59
00:53:53Se disent « Mais dis donc il se la pète
00:53:55Quel melon il a ! »
00:53:57Et il a un discours
00:53:59Qui est un peu plus grand que sa gloire de ce moment là
00:54:03Mais sa gloire va réellement
00:54:05Exploser juste après
00:54:08Il ne faut pas oublier que début 61
00:54:10Quand il refait « La Lambra »
00:54:11« Je me voyais déjà »
00:54:12Ce triomphe là
00:54:13Le début des années Barclay et de la grande gloire
00:54:15Il y a un de nos confrères du Figaro
00:54:17Qui écrit avec le moulin à poivre
00:54:19Qui lui sert de gosier
00:54:21« Il n'est pas ce que l'on appelle un chanteur »
00:54:23Évidemment
00:54:24Mais les professionnels qui peuvent l'écouter
00:54:27À ce moment là en 59
00:54:29Avec Jacqueline Joubert
00:54:30Ils peuvent avoir l'oreille d'entendre
00:54:32Quand même de très grandes chansons déjà
00:54:34Il a un répertoire qui est assez formidable
00:54:36Preuve de ce nouveau succès d'ailleurs
00:54:38Il vient d'enregistrer des versions de ses chansons
00:54:40En anglais et en espagnol
00:54:42Il en donne un aperçu très amusant dans l'émission
00:54:44On va le voir
00:54:45Il est entouré par trois excellents musiciens de jazz
00:54:48Deux des frères Rabat
00:54:50François à la contrebasse
00:54:52Victor à la batterie
00:54:53Et le grand Jacques Loussier au piano
00:54:55Version endiablée pour faire une jam
00:54:58En fin de séance
00:55:00Et pour commencer une chanson beaucoup moins connue
00:55:02Qu'il a enregistrée en 1953
00:55:04À propos de Pommier
00:55:33Un jour le bon Dieu le front soucieux
00:55:37Se dit mon vieux ton grand ciel bleu
00:55:39N'a rien de rose
00:55:42Plus j'y réfléchis plus je me dis
00:55:44Qu'il manque ici un paradis
00:55:46Ou autre chose
00:55:48Il fit tenter bien avec ses mains
00:55:50Presque rien en un peu moins
00:55:52D'une semaine
00:55:55Qu'il avait créé des chants, les prélibères
00:55:57L'été et aussi les
00:55:59Formes humaines
00:56:02Il est convoqué alors dit voilà
00:56:04Avec tout ça vous n'avez qu'à
00:56:06Vivre tranquille
00:56:08Je vous en fais donc tout y est bon
00:56:10Mais attention à condition
00:56:12D'être docile
00:56:15Et de me faire la promesse
00:56:18De ne pas toucher au Pommier, non
00:56:22De ne pas toucher au Pommier
00:56:23Vaut mieux pas toucher au truc
00:56:24Et là c'est pas bien
00:56:25De ne pas toucher au Pommier
00:56:28Le bon Dieu partit à danse
00:56:30Eh ben mon ami t'es mieux ici
00:56:32Que dans une usine
00:56:35T'as une poupée, une beauté
00:56:37Qui roulait comme pour tourner du sable
00:56:39À la Goldwine
00:56:42Et ce bravadant passait le temps
00:56:44En souriant béatement
00:56:46Comme tous les hommes
00:56:48Sans avoir idée que sa moitié
00:56:50Put se flirter avec un reprès
00:56:52En représentant en pomme
00:56:55Elle fut trouvée charmante et affolante
00:56:57Son beau Tarzan nommé Serpent
00:56:59La sornette
00:57:01Qui sut l'envoûter, la fasciner
00:57:03Lui faire croquer dans la pomme
00:57:05Et perdre la tête
00:57:08Au point d'oublier sa promesse
00:57:11De ne pas toucher au Pommier
00:57:14De ne pas toucher au Pommier
00:57:16Pourtant si vous s'aimez
00:57:18De ne pas toucher au Pommier
00:57:21Tout commence ici, un vent folie
00:57:23Brite un beau fruit et le temps dit
00:57:25À son petit homme
00:57:28Le bravadant toujours confiant
00:57:30Un bel dent mordit dedans
00:57:32Comme une pomme
00:57:34Lorsque Dieu l'a pris avec mépris
00:57:36Il leur a dit plus de paradis
00:57:38Non, non, je vous condamne
00:57:41À vivre et lutter, à travailler hiver, été
00:57:43Et tout ça c'est
00:57:45C'est à cause d'une femme
00:57:47C'est ainsi depuis que va la vie
00:57:49Même aujourd'hui l'homme est trahi
00:57:51Dans l'ignorance
00:57:54Et le vieux Pommier presque oublié
00:57:56Est remplacé par le péché
00:57:58De complaisance
00:58:01Car les femmes tiennent leur promesse
00:58:04De ne pas toucher au Pommier, non
00:58:07De ne pas toucher au Pommier
00:58:09Car elles préfèrent goûter au péché
00:58:12C'est si doux, c'est si bon
00:58:14De pouvoir goûter au péché
00:58:17Goûter au péché
00:58:19De goûter au péché
00:58:26Vous êtes bien M. Charles Aznavour ?
00:58:28Oui, madame
00:58:29Vous êtes venu à l'émission Rendez-vous avec ?
00:58:31Euh, je crois, oui
00:58:32Vous pouvez saluer ?
00:58:33Bonsoir
00:58:34Bonsoir
00:58:35Ah non, je croyais m'être trompé l'émission
00:58:36Non, non, vous n'êtes pas trompé l'émission
00:58:37Vous avez changé tout le programme ?
00:58:38J'ai changé tout le programme
00:58:39Ah merci, ça n'était pas la chanson prévue
00:58:41Non mais si, on devait faire exactement tout ce qui est prévu, vous comprenez ?
00:58:44Oui mais alors, alors
00:58:45La vie manquerait d'originalité
00:58:46Mais alors comment s'y reconnaître ?
00:58:47Vous faites ça en scène ?
00:58:48Oui
00:58:49Vous osez ?
00:58:50J'ose
00:58:51Et que disent les musiciens ?
00:58:53Ils sont habitués
00:58:54Et qu'est-ce que vous changez encore en scène ?
00:58:56Je change l'interprétation, souvent la musique, parfois le texte et en tout cas l'ordre des chansons
00:59:02Bon, mais l'interprétation, c'est normal, vous la changez tous les soirs ou au bout d'un certain moment ?
00:59:08D'abord, je chante la chanson sérieusement pendant un laps de temps assez long
00:59:13Ensuite, tout en étant sérieux, je trouve que je commence à m'ennuyer dans une mise en scène déjà faite
00:59:18Alors je change complètement la mise en scène, ce qui fait que j'ai l'impression de chanter une toute nouvelle chanson
00:59:22Avec les mêmes paroles mais pas toujours exactement la même musique
00:59:25Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre
00:59:27Non et puis alors, les musiciens font la même chose, on se retrouve à la coda
00:59:30Au point d'orgue
00:59:32Vous écrivez généralement des chansons d'amour et puis voilà tout à coup que ce soir vous chantez une chanson satirique
00:59:37C'est pas une chanson satirique, c'est le départ des chansons d'amour
00:59:41Sans Adam et Eve, l'amour n'existerait peut-être pas
00:59:44Ah mais c'est vrai ça, c'est vrai
00:59:46Et vous écrivez de si belles chansons d'amour, Charles Aznavour
00:59:48Merci
00:59:49Vous les écrivez en forme de lettres quelquefois ?
00:59:51Oui, la plupart du temps
00:59:53La dernière en tout cas est très très marquée
00:59:56Oui, marquée
00:59:57Vous avez subi l'influence de quelqu'un ?
00:59:59Francis James
01:00:00C'est bien
01:00:01Elle est dédiée à qui ?
01:00:03Quelqu'un
01:00:04On peut savoir ?
01:00:05Une dame
01:00:06On peut savoir ?
01:00:07Non
01:00:08Bon, mais chantez-la quand même, plutôt lisez-la cette lettre
01:00:12Par la peur de te perdre et de ne plus te voir
01:00:18Par ce monde insensé qui grouille dans ma tête
01:00:24Par ces nuits sans sommeil où la folie me guette
01:00:30Quand le loup de mes fleurs est dans mon cœur de noir
01:00:37J'en déduis que je t'aime
01:00:43J'en déduis que je t'aime par le temps que je prends
01:00:49Pour ne penser qu'à toi
01:00:51Par mes rêves de jours où tu régnais en idole
01:00:57Par ton corps désiré, mon corps qui s'affole
01:01:04Et l'angoisse à l'idée que tu te joues de moi
01:01:12J'en déduis que je t'aime
01:01:17J'en déduis que je t'aime par le froid qui m'étreint
01:01:24Lorsque je t'aperçois
01:01:27Par mon souffle coupé et mon sang qui se glace
01:01:32Par la désolation qui réduit mon espace
01:01:38Et le mal que souvent tu me fais malgré toi
01:01:44Par la contradiction de ma tête et mon cœur
01:01:49Par mes vingt ans perdus
01:01:52Quand toi je réalise par tes regards lointains
01:01:57Qui parfois me suffisent et me font espérer en quelques jours meilleurs
01:02:08J'en déduis que je t'aime
01:02:13J'en déduis que je t'aime par l'idée que la fin
01:02:20Pourrait être un début
01:02:22Par mes joies éventrées, par ton indifférence
01:02:28Par tous les mots d'amour qui restent en souffrance
01:02:34Puisque de te les dire est pour moi défendu
01:02:41J'en déduis que je t'aime
01:02:45J'en déduis mon amour
01:03:15J'en déduis que je t'aime
01:03:20J'en déduis que je t'aime
01:03:25J'en déduis mon amour
01:03:30J'en déduis que je t'aime
01:03:35J'en déduis que je t'aime
01:03:46Belong to me, to me alone
01:03:50Belong to me with all you own
01:03:53Your heart, your soul, your lyrics of war
01:03:56I hang your soul to make them mine
01:03:59Without you I'm a wasted life
01:04:02A puff of smoke, a bladeless knife
01:04:06Belong to me and make me strong
01:04:09Belong to me and I belong
01:04:12I tremble at the touch of you
01:04:15You set me on fire
01:04:18I just can't get much of you
01:04:21Unquenchable is my desire
01:04:25Belong to me, the only way for
01:04:28Every hour of every day at least
01:04:32Until eternity
01:04:34I beg you to
01:04:37Belong to me
01:04:47Ça change de la chanson habituellement
01:04:49qui racontait une tout autre histoire
01:04:51Oui, oui, oui, il m'a semblé
01:04:53Mais c'est tout à fait autre chose
01:04:55La musique est là avec un rythme différent
01:04:57Oui, oui, merci de cette explication
01:04:59Puisque nous en sommes aux langues étrangères
01:05:01j'aimerais vous entendre chanter
01:05:03En une langue dure, âpre, passionnée
01:05:08Je ne vois qu'une seule langue dans ce genre-là
01:05:11Et justement, j'ai pas mal de chansons
01:05:13espagnolisantes
01:05:15Ah tiens, c'est joli ça
01:05:16Oui, c'est...
01:05:17Espagnolisantes
01:05:18Espagnolisantes
01:05:19Et si vous voulez, je vais vous chanter
01:05:20une chanson espagnolisante
01:05:21Comme ça, vous aurez l'impression
01:05:22d'entendre des phrases en espagnol
01:05:24De toute manière, comme l'amour et la mort
01:05:26se mêlent toujours dans mes chansons
01:05:27Oui, je vous en prie
01:05:29Espagnolisées, je vous en prie
01:05:31Disons « Vivre avec toi »
01:05:35Avec les noces étrangères
01:05:36Je veux mourir à notre amour
01:05:38Avec le même échange
01:05:39Des joies qui nous entourent
01:05:41Avec les yeux qui changent
01:05:43De reflets nuit et jour
01:05:45Vivre
01:05:47Je veux vivre avec toi
01:05:51Avoir le même envie
01:05:53Ou les mêmes valeurs
01:05:54Échangeons des sourires
01:05:56Confondons nos pleurs
01:05:57Mais partageons le pire
01:05:59Comme on fait du meilleur
01:06:01Vivre
01:06:03Je veux vivre avec toi
01:06:07Mêler nos idées
01:06:10Nos deux cœurs
01:06:11Et nos voix, mon amour
01:06:14Avoir un seul nom
01:06:16Un seul sang
01:06:17Un seul toi
01:06:19Ou tout
01:06:20Avec l'unique envie
01:06:22Avoir un seul destin
01:06:24Et les mêmes folies dans ton cœur
01:06:26Et le mien
01:06:27Et traverser la vie
01:06:29En se tenant la main
01:06:31Mais vivre
01:06:33Je veux vivre avec toi
01:06:37Par contre, dans les traductions espagnoles
01:06:39La version française est beaucoup plus suivie
01:06:41La chanson « Vivre avec toi » est devenue en espagnol
01:06:43« Vivir junto a ti »
01:06:45Je vais d'ailleurs la chanter maintenant en espagnol
01:06:48Mais avant de le faire
01:06:49Je voudrais tout de même prévenir les personnes
01:06:51Qui ne comprennent pas l'espagnol
01:06:53Que ça n'a vraiment aucune importance
01:06:56Parce que les autres
01:06:58Ceux qui comprennent
01:07:00Ou qui croient comprendre l'espagnol
01:07:02Ne comprendront rien non plus à ce que je vais leur raconter
01:07:05Parabras amorosos
01:07:07Miradas de pasión
01:07:09Sonorizas peligrosas
01:07:11Un mundo de ilusión
01:07:12Tus ojos cariñosos
01:07:14Son imán para mí
01:07:16Quiero
01:07:18Yo vivir junto a ti
01:07:20Si no es la falsa
01:07:22Nací para quererte
01:07:23Te quiero con fervor
01:07:25Que mi pasión despierte
01:07:26En tu pecho el calor
01:07:28Prefiero yo la muerte
01:07:29Que vivir sin tu amor
01:07:31Quiero
01:07:33Yo vivir junto a ti
01:07:35J'ai mis 6 mois pour entendre tout ça
01:07:37Brindarte mi bien
01:07:39Los latidos de mi corazón
01:07:42Escuter la dulce ribera
01:07:44Y jurarte tan bien
01:07:46Que seras tu mi alta
01:07:48De pasión
01:07:50La suerte me cubre con un sol
01:07:53No dejes que yo llerte
01:07:55El llanto del dolor
01:07:56La vida yo te ofrezco
01:07:58Dígamosla mi amor
01:08:00Quiero
01:08:02Yo vivir
01:08:04Dire que je ne comprends pas un mot à ce que je raconte
01:08:06Junto a
01:08:08Ti
01:08:13Olé
01:08:14Olé
01:08:15C'était de rigueur le olé
01:08:16Vous qui écrivez des chansons d'amour
01:08:18Et de sang
01:08:19Aimez-vous la solitude ?
01:08:20Oui parfois
01:08:21Pas toujours
01:08:22Pourquoi pas toujours ?
01:08:23Vous fuyez de temps en temps ?
01:08:25Non c'est pas moi que je fuis
01:08:26Mais j'ai besoin d'une certaine ambiance
01:08:27Pour pouvoir trouver des idées nouvelles
01:08:30Je pense que seul on ne crée rien véritablement
01:08:32Oui c'est vrai
01:08:33Vous partez quelquefois sur une idée de texte
01:08:35Ou sur une idée, une petite phrase musicale
01:08:37Comme ça qui vient vous chatouiller délicieusement l'oreille ?
01:08:39Parfois je pars sur une idée de texte
01:08:41Alors je termine entièrement le texte
01:08:42Et je mets la musique sur ce texte
01:08:45Si j'estime que la musique n'est pas exactement dans mon goût
01:08:47Je fais appel à un compositeur
01:08:49Tel que Florence Véran
01:08:50Gabi Vaganem
01:08:51Gilbert Bécaud
01:08:53Quand je pense qu'ils peuvent faire mieux
01:08:55Que ce que je voulais faire moi
01:08:57Et à ce moment là, tout va bien
01:08:59Sinon je commence par de la musique
01:09:01Mais quand j'écris de la musique, ça n'est jamais définitif
01:09:03On commence à partir sur une ligne mélodique
01:09:06Et puis alors mes musiciens viennent chez moi
01:09:08On travaille
01:09:09Si on peut appeler ça travailler
01:09:11Oui, j'ai huité un petit peu
01:09:13On passe la journée pour jouer une fois un morceau
01:09:16Vous travaillez souvent ensemble ?
01:09:18Combien d'heures par jour ?
01:09:21C'est par crise ?
01:09:22Oui, par crise, nous arrivons à travailler trois heures dans la semaine
01:09:25Ah oui, les semaines chargées ?
01:09:27Les semaines chargées, le reste du temps on s'amuse
01:09:29Je pars sur un thème mélodique
01:09:31Vous savez qu'on pourrait vous croire ?
01:09:33On pourrait vous croire
01:09:35Je voudrais assister à une séance de travail
01:09:37Est-ce possible ?
01:09:38Oui, oui, c'est possible
01:09:39Alors, messieurs
01:09:40Alors, imaginons, Charles Aznavour a trouvé une ligne mélodique
01:09:44Il vous la porte
01:09:45Et vous travaillez
01:09:46Disons qu'il la connaisse quand même un petit peu avant
01:09:48Un petit peu quand même
01:09:49Ce n'est pas facile
01:10:19Un, deux, trois, quatre
01:10:49Un, deux, trois, quatre
01:11:20Et maintenant, les deux
01:11:39À la basse
01:11:41François Rabat
01:11:43À la batterie, Victor Rabatte.
01:11:50Au piano, Jacques Loussier.
01:11:57Trois musiciens sont ensemble, qu'est-ce qu'ils font?
01:12:01Ils s'amusent et quand ils s'amusent, qu'est-ce qu'ils font?
01:12:03Ils jouent et ils adorent improviser.
01:12:05Par exemple, une jam session.
01:12:08...
01:12:16Certains soient quand je m'ennuie,
01:12:18Je connais un coin dans Paris
01:12:20Où l'on se rencontre entre amis pour faire une jam
01:12:24Chacun prenant son instrument
01:12:26Qu'il soit à corde ou bien avant laisse
01:12:28Parler son tempérament pour faire une jam
01:12:32Comme je ne suis pas musicien mais que vraiment
01:12:35J'aime ça le rythme en rappant
01:12:38...
01:12:41Quand on est dans cette ambiance
01:12:43Les mots n'ont aucune importance
01:12:45Le principal c'est que ça balance pour faire une jam
01:12:48...
01:12:53On perd en éclair d'un instant
01:12:55La notion du lieu et du temps
01:12:57Et on oublie ses embêtements pour faire une jam
01:13:01C'est l'horreur de l'improvisation
01:13:04Des citations car on se donne avec passion
01:13:07Pour faire une jam
01:13:09Nos aînés ne trouvent pas normal
01:13:11Ces explosions de joie
01:13:13Mais au fond que fait-on en allant chantant
01:13:15...
01:13:17En bras de chemise parce qu'on a chaud
01:13:19On se lève pour les yeux miclos
01:13:21Car plus ça chauffe mieux ça vaut
01:13:23Pour faire une jam
01:13:25...
01:13:29Nos peines, nos joies, nos ivresses
01:13:31Dans ces rythmes se reconnaissent
01:13:33Il faut la foi de la jeunesse
01:13:35Pour faire une jam
01:13:37La batterie roule, la basse craque
01:13:39Le piano chante, les cuivres attaquent
01:13:41De toutes par les notes, le clap court
01:13:43Pour faire une jam
01:13:45Quand on a le jazz dans le sang
01:13:47Et jusqu'au bout des doigts
01:13:49Et que l'on est pris cent pour cent
01:13:51On chante et vive du rire à vos doigts
01:13:54Aux petits jours sur le trottoir
01:13:57Les traits tirés, les tables à faire
01:14:00Comme un regret, on se sépare
01:14:03En se lisant remplis d'espoir
01:14:06Salut les gars, à Rennes ce soir
01:14:09Faut faire une jam
01:14:14...
01:14:18Merci, merci Charles Aznavour d'être venu à notre rendez-vous
01:14:22...
01:14:49Aznavour, Jacques Loussier au piano et les frères Rabatte
01:14:53dans un rendez-vous réalisé par Marcel Craven
01:14:56présenté par Jacqueline Joubert, diffusé le 23 mai 59
01:14:59J'espère que vous avez pris autant de plaisir
01:15:01que moi en découvrant ce document irrésistible
01:15:05Bertrand Dical, Gérard Davoust avec nous
01:15:08Agnès Chauveau nous a rejoint, bonjour Agnès
01:15:10Bonjour Patrick
01:15:11Alors vous allez nous parler de ce qu'on a un peu abordé tout à l'heure
01:15:14avec Bertrand notamment, des débuts difficiles de Charles Aznavour
01:15:17et particulièrement évidemment la vocation de Rambobina à la télévision
01:15:21Eh bien oui, à la télévision, Charles Aznavour, Patrick
01:15:24c'est un peu un paradoxe
01:15:26c'est à la fois une star incontestée de la chanson française
01:15:30c'est l'invité récurrent de toutes les émissions de variété
01:15:34de Top A à Taratata
01:15:36c'est aussi par exemple le couple mythique des Carpentiers
01:15:40en fait sa dernière émission en 1997
01:15:43dans un show Aznavour, Mes Amis, Mes Amours
01:15:47donc vraiment une star
01:15:50et en même temps il a des débuts absolument catastrophiques
01:15:53très difficiles
01:15:55la télévision est extrêmement critique, méchante avec Aznavour
01:15:59qui arrive et on a retrouvé, on l'avait déjà diffusé dans Rambobina
01:16:03mais on s'est dit qu'il fallait absolument le faire revoir
01:16:07cette interview de Pierre Dégrope dans 5 colonnes à la une en 61
01:16:11où vraiment Dégrope est d'une férocité mais atroce avec Aznavour
01:16:15on regarde
01:16:17Vous êtes tout petit, vous n'avez pas beaucoup de cheveux sur le front
01:16:21Vous n'avez pas de voix, vous chantez des chansons d'amour
01:16:25Là, là, attention, on dit que j'ai pas de voix
01:16:28mais si j'ai tout de même de la voix
01:16:31Alors effectivement c'est pas très aimable
01:16:34mais en fait ce que dit Dégrope c'est simplement ce qu'il a lu dans les journaux
01:16:37ce que dit la presse
01:16:39On n'aime pas Aznavour, sa voix est très critiquée
01:16:42cette voix voilée, alors on parle effectivement, vous l'avez dit
01:16:45de moulin à poivre, de laryngite, d'épouvantail à moineau
01:16:49et puis on critique beaucoup son physique
01:16:51ce qui est curieux quand même, c'est-à-dire que sa petite taille
01:16:531m63, mais enfin bon
01:16:55sa laideur supposée
01:16:57Oui parce qu'il n'a pas le standard des chanteurs de charme de l'époque
01:17:01C'est éminemment subjectif
01:17:03et donc cette télévision ne cesse en fait
01:17:07de le critiquer, de le rejeter
01:17:10Mais à partir des années 60, on l'a dit, il enchaîne les succès
01:17:14Alors oui, et là le paradoxe continue
01:17:16c'est-à-dire qu'à partir du moment où il a du succès
01:17:18on le critique pour ses succès
01:17:20c'est-à-dire qu'on va dire que c'est une usine à tubes en fait
01:17:23et on a retrouvé une parodie très drôle de 1965
01:17:28qui s'appelle Entre 4 yeux
01:17:30avec un sketch qui s'appelle le laboratoire des chansons d'Aznavour
01:17:35où on voit le chansonnier Robert Roca dans une usine
01:17:39usine Aznavour-Enco
01:17:41visiter cette usine
01:17:43et dans cette usine, l'ouvrier, c'est Jacques Martin
01:17:46Une chanson plaintive ?
01:17:48Alors regardez, pour les paroles
01:17:50du sentiment
01:17:52on parle de soi, un amour malheureux
01:17:54je vous mets une jeune fille dans le cou ?
01:17:56Oui pas trop
01:17:57Enfin une petite jeune fille, c'est ça ?
01:17:59Et voilà, un peu de larmes ?
01:18:01Oui, oui
01:18:02Bon, pour la musique
01:18:04Rachmaninov
01:18:06du Lopez pour les basses
01:18:08toujours, ça a toujours marché
01:18:10quelques accents de folklore
01:18:12oui, un petit peu d'accents de folklore
01:18:14et vous allez voir, je fais le chiffre
01:18:18et la voilà, voyez-vous
01:18:20Elle est faite, elle sèche
01:18:22On en sort 15 cents à l'heure
01:18:24et ça peut se consommer tout de suite
01:18:26Ah mais tout de suite d'ailleurs, voyez-vous
01:18:28je vais maintenant à ma table de transmission
01:18:30Je vais brancher directement sur la propriété de Montfort-Lamorie
01:18:32Alors, Charles l'entend
01:18:34et en même temps
01:18:36d'ailleurs, toutes les maisons d'édition d'Aznavour
01:18:38c'est-à-dire que dans deux heures, elle sera imprimée dans le monde entier
01:18:40et dans trois heures environ
01:18:42elle sera mise en vente
01:18:43Et dans quatre heures, ils en manqueront déjà
01:18:44Ils en manqueront déjà, on sera déjà à ce moment-là sur les satellites
01:18:46Alors, Charles, tu m'entends ?
01:18:48Une plaintive, référence musicale
01:18:50Messieurs, 7037-2011
01:18:52référence AB
01:18:54Oui, c'est la plaintive
01:18:56Oui, voilà, d'accord
01:18:58Alors, plaintive
01:19:00C'est parti, messieurs
01:19:02Musique
01:19:04Musique
01:19:06Musique
01:19:08Musique
01:19:10Musique
01:19:12Musique
01:19:14Musique
01:19:16Musique
01:19:18Musique
01:19:20Musique
01:19:22Musique
01:19:24Musique
01:19:26Voilà, Jacques Martin qui se moque
01:19:28et à peu près au même moment
01:19:30son complice radiophonique
01:19:32Jean-Yann enregistre une parodie ouverte
01:19:34d'Aznavour qui s'appelle
01:19:36Pourquoi m'as-tu mordu l'oreille ?
01:19:38Voilà, si vous ne la connaissez pas
01:19:40je vous la recommande de l'écouter sur les plateformes
01:19:42c'est assez drôle
01:19:44et nous avons ici même un biographe de Jean-Yann
01:19:46qui est Bertrand Dical
01:19:48il a toutes les casquettes
01:19:50mais on choisit ses extraits quand même
01:19:52à dièse parce qu'évidemment
01:19:54toutes les émissions de télé ne se moquent pas d'Aznavour
01:19:56Evidemment, c'est un chanteur
01:19:58populaire
01:20:00encore une fois, c'est une star incontestable
01:20:02et d'ailleurs
01:20:04au-delà de son audience populaire
01:20:06c'est aussi par la qualité de ses musiques, de ses chansons
01:20:08c'est aussi un chanteur qui plaît aux intellectuels
01:20:10s'il y a une preuve, c'est bien
01:20:12c'est l'émission de Denys Glazer, Discorama
01:20:14il est invité plus d'une dizaine de fois
01:20:16dans Discorama
01:20:18et ce qui est intéressant, c'est lui justement
01:20:20quel a été l'effet
01:20:22sur sa personnalité
01:20:24de ces critiques au début très sévères
01:20:26et on voit, il en parle
01:20:28à Denys Glazer, on voit qu'il a
01:20:30beaucoup de philosophie,
01:20:32beaucoup de recul, beaucoup de distance
01:20:34par rapport à ces critiques
01:20:36qu'il a essuyées, on regarde
01:20:38Finalement
01:20:40je pense
01:20:42que mon ascension
01:20:44devrait être une leçon
01:20:46d'espoir pour beaucoup de gens
01:20:48c'est-à-dire que se dire
01:20:50avec le physique que j'ai, avec la voix que j'ai
01:20:52avec
01:20:54les chansons faciles,
01:20:56populaires que j'écris
01:20:58tout un chacun pourrait se dire
01:21:00alors moi aussi, peut-être pourrais-je le faire
01:21:02et en vérité, c'est exactement
01:21:04ce que je cherche, c'est que les gens
01:21:06se sentent confortables dans leur peau
01:21:08Moi, ce dont j'ai souffert le plus
01:21:10lorsque j'ai débuté, c'est justement
01:21:12qu'on disait que j'avais pas le physique d'une vedette et que je pourrais jamais
01:21:14faire une vedette, c'est que j'avais pas la voix
01:21:16qu'il fallait pour monter sur une scène
01:21:18Aznavour, qui n'a eu de cesse de répéter
01:21:20qu'il n'avait ni le physique, ni la voix
01:21:22au départ, mais qui a eu cette carrière
01:21:24extraordinaire et puis surtout
01:21:26cette plume
01:21:28enfin, je veux dire, il faut quand même revenir
01:21:30à l'essence de son œuvre
01:21:32et de son métier
01:21:34ce répertoire, ces chansons
01:21:36qui parlent
01:21:38de la vie amoureuse
01:21:40comme personne ne l'a fait
01:21:42de l'instant présent, pour citer
01:21:44une chanson qu'il aimait beaucoup et qui n'a pas
01:21:46eu le succès, de choses qui
01:21:48sont des scènes
01:21:50de vie
01:21:52absolument universelle chez Ardavoust
01:21:54Oui, absolument
01:21:56et ce besoin
01:21:58qu'il avait
01:22:00de rayonner
01:22:02de communiquer
01:22:06ses sentiments
01:22:08c'était prodigieux
01:22:10parce qu'il n'a pas gardé
01:22:12de rancune, il avait toujours
01:22:14un petit peu de regret
01:22:16de ce qu'on ne l'avait pas aimé
01:22:18au début et surtout que la presse
01:22:20l'avait éreinté
01:22:22ça, il le vivait
01:22:24mal quand même
01:22:26mais il est vrai que parmi
01:22:28toute cette reconnaissance
01:22:30c'était toujours Brel Brassens-Ferret
01:22:32et pas Aznavour
01:22:34et pas Aznavour, il n'était pas reconnu
01:22:36au sommet d'une parade
01:22:38de la chanson française
01:22:40ça c'est une complainte souvent entendue
01:22:42Bertrand, sur qui on met
01:22:44tout en haut
01:22:46de la chanson des fondateurs
01:22:48Aznavour dit dans l'interview
01:22:50à Chancel que son maître
01:22:52s'est traîné et qu'il
01:22:54a traîné en point de mire, Charles Traînay
01:22:56Brassens
01:22:58c'est autre chose, il l'admire mais
01:23:00ça n'est pas un modèle
01:23:02C'est pas un modèle parce que Brassens vient après lui
01:23:04Brassens explose en 52, mais Agnès avait raison
01:23:06il y a un truc fou
01:23:08c'est la manière
01:23:10dont Aznavour
01:23:12pendant à peu près 15 ans quand même
01:23:14les quelques journalistes
01:23:16toute la presse qui parle de lui
01:23:18le méprise, pense que c'est une erreur
01:23:20tout ce qu'on a dit
01:23:22sur son physique et sa voix
01:23:24et ensuite directement ça devient une star gigantesque
01:23:26ça devient un classique
01:23:28et Aznavour
01:23:30il passe de ce moment où les gens disent
01:23:32mais c'est pas un vrai chanteur au moment où
01:23:34la chanson française classique
01:23:36c'est Aznavour, un chanteur normal
01:23:38c'est Aznavour
01:23:40son début de carrière a été tellement long
01:23:42d'abord c'est une exception
01:23:44dans la culture populaire française
01:23:46quelqu'un qui a 15 ans de début
01:23:48avant de devenir une star
01:23:50Gainsbourg peut-être un peu
01:23:52différemment
01:23:54mais effectivement
01:23:56il n'est pas classé dans les meilleurs
01:23:58parce que
01:24:00souvent on va se dire
01:24:02quel est le plus beau vers
01:24:04de toute l'oeuvre d'Aznavour
01:24:06je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître
01:24:08bon ben c'est pas de lui
01:24:10d'ailleurs il disait
01:24:12on me cite régulièrement à des remises de décorations
01:24:14à des remises de prix cette phrase
01:24:16comme l'absolu Aznavour
01:24:18c'est Jacques Plant
01:24:20c'est un grand auteur
01:24:22immense auteur de chansons
01:24:24et Aznavour
01:24:26c'est
01:24:28effectivement un des plus
01:24:30immenses auteurs de la chanson française
01:24:32un des plus immenses compositeurs
01:24:34un immense producteur
01:24:36et ça fait certainement une des carrières
01:24:38peut-être même la carrière
01:24:40la plus complète et la plus impressionnante
01:24:42sur la durée, sur l'abondance
01:24:44sur le nombre de tubes
01:24:46mais on dit aujourd'hui
01:24:48il n'a pas la carte
01:24:50mais il lui manque quelque chose
01:24:52qui est précisément ce qui va faire sa force
01:24:54c'est qu'Aznavour sait tout faire
01:24:56et les autres non
01:24:58les autres
01:25:00ils n'ont pas de disque d'or souvent
01:25:02c'est vrai que Brassens n'a jamais eu de disque d'or de son vivant
01:25:04ils ne sont pas
01:25:06nécessairement des grandes stars populaires
01:25:08ou pas reconnus à l'étranger
01:25:10lui
01:25:12c'est le décathlonien
01:25:14il sait tout faire
01:25:16Merci beaucoup
01:25:18Gérard Davoust d'Aznavour
01:25:20vu de dos au Cherchemidi
01:25:22Bertrand Dical tout Aznavour
01:25:24chez First et
01:25:26le livret de cette monumentale intégrale
01:25:28en 100 cd dans un coffret
01:25:30de bois chez Universal
01:25:32c'est vraiment le biopic
01:25:34avec Aznavour incarné par Tahar Rahim
01:25:36merci à vous tous
01:25:38merci Agnès
01:25:40et je vous remercie de nous avoir suivis
01:25:42et je vous dis à très bientôt pour de nouvelles aventures
01:25:44dans les archives de l'INA