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Anthony Lasfont est maraicher en agriculture biologique à la limite de l'Eure-et-Loir et de l'Orne. La tempête Kirk, qui s'est abattu sur la région, a provoqué des inondations sur son exploitation. Aggravant encore les difficultés qui touche de nombreux agriculteurs. 15 jours après, il tente de panser les plaies. Et de se projeter malgré l'incertitude. Un reportage de Jérôme Rabier et Coralie Moreau. Année de Production : 2022

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Transcription
00:00Musique d'ambiance
00:08Maraîcher bio à la frontière de l'Eure-et-Loire et de l'Orne,
00:11Anthony Laffont n'avait jamais vu cela en 15 ans de travail.
00:15Quand la tempête Kirk s'est abattue sur ces terres,
00:18il a vu l'eau inexorablement monter.
00:2110 mm par heure de pluie, ce qui est énorme, ce qui n'arrive jamais.
00:24Donc on a eu 100 mm dans la journée.
00:27Et donc là, nous, on est bordés par la rivière.
00:29Et la rivière s'est mise à, d'un seul coup, déborder, déborder.
00:32On avait à peu près une soixantaine de centimètres d'eau.
00:35Puis là, on voyait plus rien. Tout ça, c'était dans l'eau.
00:38On voyait à peine l'herbe.
00:40Au fond de sa parcelle, des productions plantées au mois d'août
00:43pour des récoltes en hiver.
00:45Haricots, épinards ou encore salades ont été ravagées.
00:49Vous voyez, ça, c'est la chicorée rouge.
00:51Elles sont pleines de terre à l'intérieur.
00:53Tout est plein de terre.
00:55Tout, tout jusqu'au coeur.
00:57Elles vont finir par pourrir.
00:59Et si on les lave, on pourra pas les garder.
01:01Elles vont pourrir aussi.
01:03Donc tout ça, là, on avait 2 000 pains de sucre
01:05et 1 000 chicorées rouges.
01:07Tout est cuit, là.
01:09L'assurance inondation lui coûterait plus de 20 000 euros par an,
01:12davantage que le revenu qu'il se verse.
01:14Alors pour la 2e année consécutive,
01:16ses comptes seront dans le rouge, de quoi miner son moral.
01:20Enfin, c'est un métier qui est dur, compliqué
01:23et hyper pesant mentalement.
01:25Et quand il n'y a pas de résultat,
01:27alors là, travailler pour rien, c'est pénible, quoi.
01:30Moi, je vois là, quand on a été inondés,
01:32j'avais envie d'arrêter.
01:34S'il n'abandonne pas, c'est aussi pour ses salariés,
01:37actuellement 6 personnes,
01:39car dans le maraîchage et en particulier dans le bio,
01:42la main-d'oeuvre est indispensable.
01:44Ce jour-là, dans ses serres à l'abri de l'eau,
01:46l'heure est à l'arrachage des derniers plants de tomates de l'année.
01:49Il faudra qu'on garde des tomates vertes
01:51parce que les amas, ils m'en ont réclamé.
01:53Les tomates vertes ?
01:54Oui, pour faire la confiture.
01:55Mais à long terme, l'agriculteur s'interroge
01:58sur la pérennité de son activité.
02:00L'année dernière, du coup, on n'a pas récolté nos légumes d'hiver.
02:03Ca a mangé toute ma trésorerie,
02:06que j'avais faite durant plus de 10 ans.
02:09Et là, on refait une mauvaise saison,
02:11avec des salariés qui sont là,
02:13qu'il faut payer, des salaires à sortir.
02:15Donc si on foire notre production,
02:17comment payer tout le monde ?
02:19C'est un tracas permanent.
02:22Et puis se dire, fermer l'entreprise,
02:24on ne va pas licencier les salariés.
02:26Donc c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est un peu compliqué.
02:28Côté aides, les promesses du gouvernement se font attendre.
02:32Le projet de loi agricole a été interrompu par la dissolution
02:35et pas encore remis à l'agenda du Parlement.
02:38Pour Anthony Laffont, les raisons de la crise n'ont pas bougé.
02:42Les problèmes sont toujours là, il n'y a rien qui a changé.
02:44D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi les agriculteurs
02:46se sont arrêtés de se plaindre.
02:48On a un peu l'impression qu'il n'y a rien qui va changer.
02:50De toute façon, nous, on est dans nos champs,
02:53la tête dans le guidon en permanence,
02:55à essayer de produire pour s'en sortir.
02:58Donc j'espère qu'il y aura quelque chose qui va changer.
03:01Mais pour l'instant, je ne vois rien.
03:06Attaché à son métier et à ses équipes,
03:09Anthony Laffont va une nouvelle fois relever ses manches
03:12et inlassablement replanter pour ses nouvelles productions
03:16avec l'espoir d'une année 2025 plus clémente pour son activité.

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