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Jean-Christophe Venhard
Coordinateur du prélèvement d'organe au CHRU de Tours

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Transcription
00:00Une vague de refus du don d'organes en France à cause d'une histoire complètement invraisemblable aux Etats-Unis.
00:06Le cas, écoutez bien, d'un patient en état de mort cérébrale qui se serait réveillé en plein prélèvement de ses organes.
00:13Une information reprise d'ailleurs par plusieurs médias français, mais non vérifiée.
00:18On en parle ce matin avec votre invité, Adrien Bossard.
00:21Bonjour Jean-Christophe Vénard, un coordinateur du prélèvement d'organes au CHRU Tour.
00:26Depuis trois jours, cette histoire invraisemblable est relayée, très commentée en France, mais comme ailleurs.
00:30Et beaucoup donc se sont inscrits massivement sur le registre national de refus du don.
00:36On a une idée de l'ampleur de ce phénomène ?
00:39L'agence de la biomédecine qui gère les inscriptions sur le registre des refus parle d'inscriptions multipliées par 10 par jour, ce qui est considérable.
00:48Alors c'est vrai que très peu de gens sont aujourd'hui inscrits sur le registre des refus.
00:54Néanmoins, c'est vrai que ça témoigne d'un emballement médiatique terrible,
00:59d'une connotation très négative vis-à-vis du don d'organes, dont il faut absolument rétablir la vérité.
01:06Justement parce que l'agence de biomédecine dont vous parlez rappelle que les faits n'ont pas été authentifiés en France.
01:12Alors aux Etats-Unis, c'est un média qui en a parlé.
01:15Et quand bien même, vous le disiez, en France, est-ce que ça pourrait arriver, prélevé par erreur ou non d'ailleurs, des grèves sur un patient qui ne serait pas encore mort ?
01:24C'est totalement impossible. Je crois que le mot est clair, c'est impossible.
01:28C'est ce qu'on a véhiculé, nous, au niveau des sociétés savantes depuis deux jours.
01:32Parce que c'est vrai qu'il faut vraiment tordre le cou à cette idée-là.
01:36C'est totalement impossible. Aux Etats-Unis, les examens ne sont pas les mêmes.
01:41Ils peuvent envisager des prélèvements sans réaliser les scanners et des examens poussés comme nous le faisons.
01:46Et c'est vrai que nous ne connaissons pas d'abord la vérité sur cette histoire.
01:50Et donc je pense que ça, c'est important.
01:52Nous, l'axe de communication qui a été choisi par les sociétés savantes, ça a été de dire que c'était impossible en France,
01:58sans commenter ce qui s'est passé aux Etats-Unis, parce que nous n'avons pas les moyens.
02:01Mais par contre, c'est totalement impossible et il faut complètement rassurer la population sur ce phénomène.
02:06C'est aberrant.
02:08Il y a un de vos confrères, professeur à la Petite Salpêtrière à Paris, qui dit que ça ne peut jamais arriver.
02:13Et Dieu sait qu'en médecine, on n'aime pas dire jamais.
02:16Donc là, c'est vraiment qu'il y a zéro, zéro, zéro risque.
02:19C'est totalement vrai.
02:20Le « jamais » et le « toujours » en médecine, c'est quelque chose qu'on n'utilise pas beaucoup,
02:24parce que c'est vrai que c'est de la médecine, ce n'est pas une science exacte.
02:28Mais par contre, sur ce sujet-là, je crois qu'on est tous d'accord et tous unanimes, sur tout le territoire,
02:33pour dire que c'est impossible.
02:35Est-ce qu'on peut retenir de tout ça, Jean-Christophe Vénère ?
02:37Ces inscriptions massives, multipliées par 10 sur le registre national du refus,
02:42c'est que le don d'organes est quand même assez méconnu.
02:45C'est aussi ça que ça traduit derrière et souffre peut-être de mauvaises croyances.
02:48Vous le constatez ? C'est ce que vous en retenez, un petit peu ?
02:51En France, depuis 20 ans, on avait 30% de taux de refus,
02:55ce qui est beaucoup par rapport à des pays comme l'Espagne, où il y avait 1%.
02:5830% ?
02:59Oui, 30%.
03:00Depuis, bien entendu, avec l'épisode de Covid-19,
03:05on a chuté énormément notre activité.
03:07Enfin, ça avait chuté au moment du Covid et ça a eu du mal à remonter.
03:10Le taux de refus est passé l'année dernière à 36%.
03:13On ne parle pas de taux de refus, ça n'a rien à voir avec le nombre d'inscriptions.
03:15Ce n'est pas la même chose, voilà.
03:17Le taux de refus, c'est dans une situation donnée de mort cérébrale pour un proche,
03:21on recueille le témoignage des proches et le témoignage du défunt
03:27pour essayer de voir un petit peu quelle est la position du défunt par rapport à l'organe.
03:34En fait, on a 36% de refus.
03:36Toutes les coordinations, les réanimateurs sont particulièrement informés.
03:40On est tous dans une situation où, effectivement,
03:43nous savons que nous avons des greffés qui sont en attente.
03:45On a 22 000 patients qui sont en attente de greffe.
03:47On a trois patients par jour qui décèdent, pas à tour en France,
03:50faute de dons d'organe et faute de greffe.
03:53Donc, on est particulièrement inquiets par rapport à tout ça.
03:57Et il ne faut absolument pas véhiculer des idées telles qu'elles existent depuis deux jours
04:02parce que c'est dramatique.
04:03Il y a des événements comme ça dont vous parlez,
04:04qui véhiculent une mauvaise image et qui augmentent ce taux de refus.
04:09Est-ce qu'on sait combien de personnes attendent aujourd'hui une greffe ?
04:14Par exemple, en France, je crois que vous avez donné le chiffre tout à l'heure,
04:17mais sur notre département ?
04:19En France, je vous ai dit, il y a environ 22 000 patients
04:23qui sont en attente de greffe, tous organes confondus.
04:26Chez nous, on a des listes d'attente de greffe rénale,
04:29par exemple, qui dépassent 450-500 personnes en attente de greffe.
04:32Alors, le territoire de drainage est bien entendu important.
04:35Nous sommes le seul établissement greffeur de la région.
04:38Mais de toute façon, oui, on a des patients en attente de greffe régulière,
04:43quels que soient les organes, bien entendu.
04:45Merci beaucoup, Jean-Christophe Benard, d'avoir été notre invité ce matin.
04:47Je rappelle, ce qui s'est passé ou ce qui se serait passé aux Etats-Unis,
04:50c'est nié en France.
04:52Le message est passé.
04:53Coordinateur du prélèvement d'organes au CHRU de Tours.
04:56Merci beaucoup, monsieur Benard.
04:57Merci beaucoup.

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