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Vendée Globe 2024 / Rencontre avec Isabelle Joschke, MACSF

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Transcription
00:00Alors Isabelle, pour commencer, est-ce que tu peux te présenter ?
00:03Je m'appelle Isabelle Joschke, je suis le skipper de l'IMOCA MACSF.
00:09Alors, si on revient à la jeunesse de l'histoire,
00:13toi tu découvres la voile grâce à ta grand-mère autrichienne,
00:17avec une vision lointaine de bateau sur un lac.
00:22J'ai découvert la voile quand j'étais toute jeune,
00:27mais c'était en regardant les autres naviguer sur un lac en Autriche,
00:32quand j'allais chez ma grand-mère.
00:35Et j'ai beaucoup rêvé de naviguer à mon tour,
00:39je rêvais de traverser le lac en solitaire,
00:43et j'ai mis du temps avant de pouvoir réaliser mon rêve,
00:48et finalement d'aller un peu plus loin que le lac autrichien,
00:52puisque j'ai fini par naviguer sur les océans,
00:55et choisir de m'embarquer à fond là-dedans.
00:59Tu vas découvrir la voile au fil de ta vie,
01:03tout en menant en parallèle une vie étudiante et des études classiques,
01:08par rapport à d'autres qui naissent au bord de la mer.
01:12Et toi c'est auglénant, je crois que tu franchis un premier pas vers la navigation.
01:20En fait je me suis lancée dans la voile,
01:24de manière à la fois, ça a pris son temps pour que je puisse enfin oser me lancer,
01:30puis le jour où j'y suis allée, j'y suis allée à fond,
01:33je faisais mes études, des études de lettres,
01:37et en gros je suis allée faire un stage de voile auglénant,
01:40et là j'ai mordu à l'hameçon,
01:43j'ai été conquise je crois dès le premier moment,
01:46et peu de temps après j'ai décidé de devenir skipper professionnel et j'ai bifurqué.
01:51Et voilà je suis devenue skipper avant de m'engager dans la course.
01:57Alors la course c'est grâce à la mini que tu vas mettre le pied dedans au départ,
02:03et puis après ça va aller assez vite en fait.
02:06Alors au début c'est l'envie de vivre une aventure,
02:10donc j'étais devenue skipper pro, je travaillais dans le monde de la croisière,
02:15et puis j'ai découvert la mini transat, ça m'a fait triper,
02:21l'idée de partir en solitaire, c'était pas tellement la compétition au début,
02:26c'était vraiment plus le fait de partir sur un petit bateau en solitaire à travers l'Atlantique,
02:30et je me suis dit cette aventure-là moi aussi j'ai envie de la vivre,
02:34et c'est comme ça que je me suis lancée dans la course sans vraiment savoir,
02:38ou sans vraiment réaliser que je me lançais vraiment dans un milieu de compétition.
02:43Et ensuite après la mini et la découverte de tout ce que ça comporte,
02:47la compétition et la course au large, à partir de quand naît une idée de Vendée Globe ?
02:53L'idée du Vendée Globe, alors elle m'a été suggérée assez tôt,
02:59finalement je crois qu'après ma première mini transat,
03:02il y a déjà des gens qui sont venus me dire,
03:05est-ce que ça te dirait pas de monter un projet de Vendée Globe ?
03:08J'étais jeune, je devais avoir 28 ans,
03:13et j'avais très peu d'expérience du large,
03:17j'avais l'expérience de ma mini transat et c'est à peu près tout.
03:21Je me sentais pas assez aguerrie en fait pour me lancer dans un tel projet.
03:27Donc au début ça me faisait un peu peur,
03:32et puis quand j'ai couru en Figaro,
03:36j'ai commencé à me dire, moi aussi je pourrais faire le Vendée Globe,
03:41et j'ai cherché des sponsors pour monter un projet Vendée Globe.
03:45J'ai été aidée d'une écurie de course au large, Absolute Dreamer,
03:49avec laquelle on a cherché un sacré moment avant finalement que ça se présente à moi.
03:54Et à ce moment-là, quelles images tu as du Vendée Globe,
04:00des premières éditions, des éditions contemporaines de ta carrière qui se développent ?
04:04Qu'est-ce que tu retiens toi, comment le Vendée Globe a percuté ta vie ?
04:10Je pense que le Vendée Globe, il n'a pas percuté ma vie,
04:15mais il est rentré, il s'est infusé doucement dans ma vie.
04:20Moi l'image que j'en avais, c'était le Vendée Globe d'Hélène MacArthur en 2000-2001,
04:28qui m'avait beaucoup impressionnée, j'avais beaucoup aimé ce personnage.
04:33Évidemment, un peu toutes les aventures qui sont connues, Yves Parlier,
04:38la victoire, la première victoire de Michel Desjoyeaux.
04:44Mais en fait, j'ai quand même mis du temps à réussir à me projeter moi dans cette course-là.
04:55Donc je l'ai regardée quand même avec beaucoup de recul.
04:59Il y a un truc qui ne me paraissait pas réel là-dedans.
05:03Les mers du Sud, c'est comme si on me racontait que là, il y a des gens qui partent sur la Lune.
05:10Ouais, super, la Lune, ça doit être dingue, mais ce n'est pas très réel pour moi.
05:15Là, c'était un peu ça pendant un bon nombre d'années.
05:18Même, je crois, quand j'ai commencé à chercher, il y avait quelque chose qui n'était pas concret pour moi.
05:23Et puis, j'ai commencé à regarder de plus près, je pense, en 2012, 2016,
05:32quand j'étais dans l'écurie de Jean-Pierre Dick, parce que lui, il participait.
05:37Et là, j'ai commencé à voir le truc avec sa dimension.
05:47Ouais, le côté, c'est l'aventure ultime, c'est dangereux, c'est dur, mais c'est dingue.
05:55Il y a un peu tout ça qui devenait plus réel devant mes yeux.
06:00Et je pense que j'ai mis encore plus de temps à me sentir vraiment prête intérieurement à y aller.
06:11Ça, ça a été peut-être la dernière étape.
06:14Une fois cette dernière étape franchie, tu vas construire un projet pour le Vendée Globe 2020.
06:19En fait, ce qui s'est passé, c'est presque ça.
06:23Ça a été un concours de circonstances assez étonnant, comme ça arrive souvent dans la vie.
06:30C'est qu'un jour, je suis allée naviguer sur un ultime, sur un trimaran de 30 mètres avec Yves Le Blévec,
06:39juste pour faire une sortie avec le team, pour me faire plaisir.
06:44Et en faisant cette sortie, je me suis dit, je crois que je suis prête.
06:51Moi aussi, je peux skipper un gros bateau.
06:53Mais à l'époque, il n'était pas du tout question que mon sponsor me propose d'aller sur le Vendée Globe.
07:00Et puis moi, j'avais arrêté de chercher parce que j'avais tellement cherché par le passé que j'étais un peu découragée.
07:07Et ce qui s'est passé, c'est que quelques semaines après cette petite remarque intérieure que je me suis faite,
07:13mon sponsor, qui était Générali à l'époque, m'a proposé de démarrer un projet Vendée Globe pour l'édition suivante.
07:20Donc en fait, ça s'est donné à moi.
07:22Ce n'est pas moi qui ai monté ce projet-là.
07:24Il est venu tout seul.
07:25Raconte-nous cette édition 2020.
07:29Qu'est-ce que tu en gardes ?
07:31Je ne sais pas, le chenal sur l'eau, sur un bateau, sur une course qui s'annonce.
07:38Et puis après, la course qui commence et qui devient au bout quand même d'un petit moment de course un peu plus difficile.
07:46C'est pas évident de résumer un Vendée Globe en quelques minutes.
07:54Il y a pas mal de souvenirs qui vont rester, je pense, tout le temps dans ma mémoire.
08:02Mais si j'avais un mot pour résumer tout ça, c'est la difficulté.
08:11Moi, je savais que ça allait être dur, mais je pense que je ne voyais pas les difficultés là où elles se sont présentées.
08:18Et finalement, le plus dur, ça a été de me gérer moi dans les situations difficiles qui se présentaient au fil de la course.
08:32Et ça, c'est quelque chose que je pensais avoir dépassé.
08:35Je pensais avoir préparé d'un point de vue mental, psychique.
08:41Je pensais aussi qu'on avait bien travaillé sur la préparation du bateau.
08:46Et puis, j'ai eu l'impression de rencontrer un mur.
08:50Déjà, je me suis rendu compte que j'avais des attentes et que c'était extrêmement dur.
08:57C'est dur de partir avec des attentes parce que le principe du Vendée Globe, c'est qu'il ne se passe jamais ce qu'on attend.
09:04Donc déjà, d'emblée, on est déçu.
09:07Moi, je pense que j'ai passé mon temps à me dire « ah tiens, je ne pensais pas que j'étais comme ça » ou « je ne pensais pas que ça se passerait comme ça ».
09:14Et il a fallu tout le temps m'adapter et je crois que j'ai dépensé beaucoup d'énergie à juste accepter ce qui se donnait.
09:25Clairement, j'ai été déçue au début de ma course parce que j'ai traversé la première tempête au mauvais endroit.
09:33J'ai eu peur de déchirer mes voiles, j'ai eu peur de devoir retourner au Sape d'Olonne avec une avarie.
09:39Donc, j'ai fait un mauvais choix de route et ça, ça m'a coûté beaucoup en termes de classement.
09:45Et je me suis retrouvée un peu au milieu de la flotte, là où je n'aurais pas voulu être.
09:53Et du coup, j'ai été frustrée pendant toute la descente de l'Atlantique, frustrée de ne pas être là où je voulais être, de ne pas être assez rapide, de plein de choses en fait.
10:04Et puis après, je suis rentrée dans les mers du Sud et il y a eu un petit miracle, c'est que j'ai réussi à rattraper le groupe des premiers.
10:14Et puis là, la course pour moi, elle a démarré à ce moment-là.
10:17Je me suis dit, ok, j'ai une deuxième chance, celle-ci je la prends et celle-ci, je ne la lâcherai pas cette fois-ci.
10:23Et du coup, il y a eu l'effet inverse.
10:26Comme j'ai dit cette fois-ci, la tête de la flotte, je ne la lâche pas et je me suis accrochée comme une dingue.
10:34Et je pense qu'à ce moment-là, je me suis... Aujourd'hui, avec le recul, je peux dire que je me suis trop accrochée.
10:39Parce que j'y ai mis vraiment toute mon énergie, toutes mes tripes et j'ai fait une super remontée des mers du Sud.
10:49J'étais fière de moi, mais j'ai laissé énormément d'énergie et je pense qu'il y a eu un côté où je me suis bien sacrifiée là-dedans pour surtout ne pas lâcher le top 10.
11:03Je m'accrochais au top 5, je savais que c'était faisable.
11:08Il y a un truc où je ne voulais rien lâcher.
11:11Et ça, à la fois, ça m'a permis de faire une magnifique traversée des mers du Sud, mais en même temps, ça m'a pris beaucoup d'énergie.
11:23Et à un moment donné, de toute façon, la suite, ce n'est pas moi qui l'ai décidée, puisque le bateau a eu une grosse avarie au niveau de la quille.
11:38Et celle-ci, elle était tout à fait indépendante de ma volonté, de ma manière de naviguer.
11:44Mais en tout cas, dans un premier temps, elle m'empêchait de naviguer dans le top 10.
11:49En gros, elle me faisait rétrograder gentiment parce que du coup, j'allais moins vite.
11:54Et donc ça, c'est arrivé un peu avant le passage du Cap Horn.
12:00Et puis, après le passage du Cap Horn, quelques jours après, le système de quille qui réussissait à maintenir ma quille en place sans bouger sous le bateau,
12:13eh bien, ce système, il a cassé dans une grosse tempête.
12:18Et là, j'ai immédiatement su que la course tout court était compromise.
12:25Donc, il y a eu un petit côté, une belle dégringolade à la fin.
12:31C'était extrêmement violent. J'imagine que l'histoire s'arrête comme ça.
12:36C'est toujours violent, une histoire qui s'arrête comme ça.
12:39Et puis souvent, ça s'arrête comme ça, en fait.
12:41Ça s'arrête avec un crac, un bruit qui nous prend au trip.
12:45On ne sait pas d'où ça vient et souvent, l'histoire, elle s'arrête pile à ce moment-là.
12:50Pour autant, après avoir réparé au Brésil, tu as choisi de boucler quand même ce tour du monde.
12:57C'était pour finir l'histoire, c'était pour digérer, c'était pour quoi ?
13:01Si j'ai choisi de finir déjà, je n'ai pas décidé tout de suite que j'allais terminer mon parcours hors course.
13:12Sur le moment, je crois que j'étais tellement en colère, j'avais tellement dépité que je me suis dit
13:19« si c'est ça, je laisse le bateau au Brésil », un peu en mode « si c'est ça, je rentre en avion ».
13:27Et puis, il s'est passé quand même pas mal de jours avant que j'atteigne le Brésil.
13:33Ça m'a laissé le temps de réfléchir, de prendre du recul, d'accepter la situation.
13:37Et là, je me suis rendu compte, mais c'est venu tout seul, que ce n'était pas possible que je rentre en avion.
13:42En fait, ce n'était pas possible que je ne rentre pas avec mon bateau à la maison.
13:47Je me suis rendu compte que c'était contre-nature pour moi.
13:53Et donc, la décision, je l'ai vraiment prise pour moi, je ne l'ai pas prise pour mon entourage.
13:58C'était pour finir cette histoire, entre moi et mon bateau, j'allais terminer ce petit bout hors course.
14:08Est-ce que cette fin brutale de cette édition a nourri ton envie de repartir sur le cycle suivant ? Comment ça s'est passé ?
14:17Paradoxalement, mon envie de repartir n'a rien à voir avec le fait que j'ai abandonné sur ma première édition du Vendée Globe.
14:32Ça n'a rien à voir. Aujourd'hui, j'ai parfaitement bien digéré ce qui a été vécu en 2020.
14:42Je ne l'ai pas vécu comme un échec. Je suis très fière de ce que j'ai pu faire.
14:47J'ai vu des choses, j'ai vu ce que je dis tout le temps, le Vendée Globe, c'est un miroir grossissant de soi-même.
14:54Ça m'a appris plein de choses. Pour moi, c'est une histoire parfaitement intégrée et qui me va. Je n'ai pas d'amertume du tout.
15:04Après, si j'ai envie de repartir aujourd'hui, je pense que c'est pour vivre une histoire qui n'a rien à voir.
15:10Ce n'est pas regarder en arrière et faire autrement, c'est juste ouvrir une page neuve.
15:17C'est comme on ouvre un nouveau livre et on redémarre un truc.
15:22Je sais que je peux aussi m'arrêter en cours de route. Ça peut arriver.
15:31Ce n'est pas parce que c'est arrivé une première fois que là, il y a moins de chances que ça arrive.
15:38Il y a toujours la même proportion, la même probabilité que ça arrive.
15:45Et ça, c'est OK.
15:48Du coup, tes ambitions pour ce Vendée Globe, c'est quoi aujourd'hui ?
15:53Mes ambitions, c'est vraiment dur de réussir à placer un chiffre, si on parle de chiffre et de classement.
16:06C'est vraiment dur parce que quand je regarde la liste des bateaux qui vont partir,
16:13mon bateau qui est exactement le même qu'il y a quatre ans et qui n'a pas été modifié du tout,
16:20il pointe à la 26e position en termes de potentiel de vitesse.
16:28Donc, en gros, si je navigue bien mais pas trop et pas trop mal, je termine à la 26e place.
16:39Maintenant, je pense que je peux faire beaucoup mieux parce que j'ai vu sur les dernières transats
16:46que j'étais capable de faire vraiment des beaux résultats.
16:49Je termine 9e sur la route du Rhum, 9e au retour à la base.
16:54Je pense que je peux faire mieux sur un Vendée Globe.
17:00Rêver d'un top 10, c'est un objectif super ambitieux, mais en tout cas, je ne me l'interdis pas.
17:06Et en dehors de l'aspect factuel comptable, ça serait quoi pour toi un Vendée Globe réussi cette fois-ci ?
17:14Un Vendée Globe réussi, ce sera en tout premier un Vendée Globe où je vais me faire plaisir.
17:23Parce qu'autant il y a quatre ans, franchement, la dimension plaisir était un peu endormie
17:29et elle est passée derrière tout le reste.
17:32Et OK, je l'ai fait une fois, c'est OK, j'accepte.
17:36Mais cette fois-ci, non, je pense que le plaisir aura une place beaucoup plus importante.
17:42Pour moi, un Vendée Globe, c'est une histoire entre soi et soi.
17:47Ce n'est pas que le fait de partir pour un sponsor, pour une équipe, pour un classement sportif.
17:58Mais il y a aussi ce côté, la dimension intérieure.
18:08En tout cas, chez moi, c'est vraiment important.
18:11Aujourd'hui, clairement, j'y vais pour me faire plaisir et être dans le match.
18:18C'est vraiment pour me montrer, me rappeler que les deux sont compatibles.
18:23Et alors, quelles sont les sources de plaisir d'Isabelle Joschke sur un bateau, en course, sur un Vendée Globe ?
18:28Ah, les sources de plaisir !
18:32Déjà, il y a le fait juste de m'écouter moi-même.
18:36Ça, ça m'amène à avoir du plaisir parce que je m'épuise moins que quand je ne m'écoute pas.
18:44En gros, des fois, une source de plaisir, c'est de m'offrir une sieste quand il ne faudrait pas le faire.
18:51Il y a des moments où il ne faut pas aller dormir parce qu'il faut aller régler, parce que ci, parce que ça.
18:56Sauf qu'il y a des fois, je suis trop fatiguée, je suis trop fatiguée.
19:01Et là, de me dire, si, je vais m'offrir une sieste et je vais en profiter pleinement.
19:07Ça, c'est une source de plaisir.
19:09Lire aussi, j'aime beaucoup lire.
19:12Et puis, c'est pareil, il y a des moments.
19:16Sur le retour à la base, j'ai lu les premières 24 heures de course.
19:21J'ai lu, je ne sais pas combien d'heures.
19:23Je n'arrivais plus à décrocher de mon livre.
19:26Et il y avait un côté de moi qui se disait, ça ne se fait pas quand même de lire en compétition.
19:31Et puis, en fait, j'ai rechargé les batteries parce que je me suis fait du bien.
19:36Et j'ai fait, je crois franchement, c'était la meilleure course de toutes les courses en IMOCA que j'ai faites.
19:42Donc, il y a la lecture, il y a écouter des podcasts, il y a cuisiner des petits plats.
19:48Alors, toujours avec les moyens du bord, mais moi, j'aime bien cuisiner avec ce que j'ai.
19:56De temps en temps, regarder un film, même si ça, ce n'est pas mon...
20:01Je ne vais pas en regarder beaucoup.
20:02Ce n'est pas quelque chose que j'ai l'habitude de faire très souvent.
20:07Mais voilà, des petits moments d'évasion, du repos quand je le souhaite.
20:13Et puis, si je sens que je me fais trop mal, être capable de dire, OK, là, je lève la pédale, en fait.
20:23Enfin, je lève le pied sur la pédale plutôt.
20:27Parce que je crois pertinemment, ça, c'est sans doute la grande leçon de mon premier Vendée Globe,
20:34que ce n'est pas toujours constructif, en fait, de ne pas s'écouter, de se sacrifier pour un objectif.
20:48En fait, je pense qu'il y a l'objectif et il y a la manière d'y arriver.
20:52Et la manière d'y arriver, c'est un objectif en soi et ça permet, je trouve, d'atteindre l'objectif encore mieux.
21:02Tu as une particularité, c'est d'avoir un team manager qui a remporté le Vendée Globe depuis un moment.
21:09Est-ce que tu peux nous raconter cette relation, cet apprentissage ?
21:15Comment Alain t'a transmis un certain nombre de choses, d'abord sur la première édition, puis sur la deuxième ?
21:25Quelle force tu en tires d'avoir ce personnage avec toi ?
21:32Alain Gauthier, c'est le team manager de mon projet.
21:36Son rôle principal, c'est de faire en sorte que le projet soit bien géré, que le bateau soit bien préparé,
21:45que je parte dans les meilleures conditions possibles.
21:48Ça, c'est sa fonction.
21:50Ce n'est pas un coach et en plus, il n'a pas du tout la fibre pour ça.
21:57C'est quelqu'un d'assez réservé malgré tout.
22:00Je pense qu'aujourd'hui, pour préparer mon Vendée Globe, je ne sais pas si vraiment il m'a appris des trucs concrets.
22:13Le fait de naviguer avec lui, oui, ça m'a appris des choses.
22:18Mais aujourd'hui, d'être à ses côtés, ça me permet surtout de déléguer, de me concentrer sur la partie sportive.
22:27Sur la partie qui est un combo skipper.
22:32Maintenant, je pense qu'Alain est le premier à dire que les bateaux d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec les bateaux sur lesquels il a navigué quand il a gagné.
22:44Que lui, aujourd'hui, même une traversée de l'Atlantique, ça ne lui ferait pas plaisir sur un Imoca à foil.
22:50Donc, je crois qu'il mesure parfaitement la difficulté, l'inconfort que ça représente de naviguer sur des bateaux comme les nôtres aujourd'hui.
23:01Alors certes, à l'époque, il y avait plein de choses, plein de technologies qu'ils n'avaient pas.
23:08Et donc, qui rendaient peut-être la vie plus difficile aux skippers.
23:12Mais on n'a pas à rougir aujourd'hui.
23:14Parce qu'aujourd'hui, on navigue sur des bateaux qui ont une puissance, qui vont à des vitesses telles que c'est vraiment pas facile juste de rester à bord et de réussir à faire son parcours.
23:29Et ça, je crois que tout le monde en est conscient aujourd'hui dans le monde de la course.
23:33Est-ce que c'est une dimension, ça, la gestion du marin ou de la marine, je ne sais pas comment on dit, qui t'inquiète un peu sur la longueur, sur ces bateaux qu'on sait effectivement éprouvants ?
23:48La gestion du marin, je pense que c'est un vrai sujet.
23:53Surtout sur une durée d'environ 80 jours, parce que c'est un peu ça mon objectif.
23:58C'est un vrai sujet parce qu'il y a la traversée de l'Atlantique qui dure 13 jours où finalement, même si on se fait un peu mal, on ne mange pas très bien, on ne dort pas trop, on s'en sort parce que ce n'est pas très long.
24:16Mais là, dans les mers du Sud, il fait froid.
24:19Il faut faire face au froid, il faut faire face aux avaries.
24:23Au stress, à la solitude.
24:27Même quand on est un solitaire, à un moment donné, ça devient long.
24:32Et c'est clairement une difficulté.
24:37Maintenant, je ne dirais pas que ça m'inquiète.
24:40Je pense que je suis suffisamment armée pour gérer ça.
24:46Et j'ai confiance.
24:49Mais je sais que ça ne se fera pas tout seul.
24:52Sur l'aspect qui est un peu révolutionnaire là, je ne sais pas comment toi tu as équipé ton bateau, mais de facilité de communication qui s'est encore accentuée dans ce dernier cycle avec l'arrivée de Starlink.
25:06Et la facilité de connexion avec la Terre dans les deux sens.
25:10Dans ce que toi tu envoies à la Terre et dans ce que la Terre peut t'envoyer.
25:14Puisque finalement, vous vivez quasiment avec les mêmes réflexes qu'à Terre.
25:21Sur WhatsApp, sur les flux faciles.
25:25Comment tu envisages la chose ?
25:27Alors, en ce qui concerne la communication avec la Terre, je pense que déjà il y a un pas énorme qui a été franchi il y a quatre ans.
25:34C'est que c'est la première édition où on pouvait communiquer avec WhatsApp, avec la Terre et avoir des groupes WhatsApp, même entre skippers.
25:43Ça, ça a apporté plein de choses.
25:45Nous, entre skippers, on communiquait, on communiquait, on communiquait.
25:48Des fois, quand la VHF ne marchait pas, ça m'est arrivé de communiquer par WhatsApp avec un de mes concurrents.
25:55Je pense que ça a vraiment changé la façon de faire en fait.
26:01Mais après, moi je trouve qu'il y a beaucoup de choses qui ont changé.
26:07Je pense que ça a vraiment changé la façon de faire en fait.
26:14Mais après, moi je trouve pas forcément une bonne chose d'aller beaucoup plus loin.
26:23Parce que, qu'est-ce qu'on fait ? On se rapproche de plus en plus de la vie à Terre.
26:29En fait, on part pour quoi ? On part pour être en solo autour du monde ?
26:33Ou est-ce qu'on part pour regarder des séries comme à la maison ?
26:38Pourquoi pas emmener le canapé et le grand écran ?
26:41Il y a un moment donné, je trouve que la communication, mais on se pose les mêmes questions à Terre, dans notre vie courante.
26:51C'est-à-dire qu'il y a un moment donné, la communication c'est super, mais c'est aussi ultra-invasif.
26:55Et ça capte toute notre attention.
26:57Donc oui, ça peut soutenir, ça peut nous apporter de l'aide technique, aussi de savoir qu'on peut appeler quelqu'un, on peut appeler sa famille facilement, c'est vraiment chouette.
27:09Et quand on est tout seul, il y a des moments où on est content de l'avoir, ça je reconnais.
27:13Maintenant, moi j'ai vraiment pas envie d'oublier que ce tour du monde, je vais le faire toute seule, j'y vais pour être seule avec les éléments.
27:22Et si je passe mon temps à tchater, il y a un truc qui sera moins là.
27:27Et la question se pose, pourquoi on part ? Est-ce qu'on part juste pour faire une grande régate ?
27:34Ouais, ok, alors on peut en amener un grand écran.
27:37Mais ça veut dire aussi que tu as mis en place des protocoles de communication avec toi, que par exemple, il y a un entonnoir et qu'il y a une seule personne qui peut communiquer avec toi directement.
27:48Est-ce que tu mettras des barrières, un peu, pour que ça ne soit pas si facile de pénétrer ta bulle, finalement ?
27:57La première barrière que j'ai mise, c'est que déjà nous, on a gardé le même système de communication qu'il y a 4 ans.
28:04On n'a pas choisi d'augmenter le débit et de pouvoir faire plus parce que je considère que j'ai assez avec ce que j'avais déjà il y a 4 ans.
28:15Je peux faire un live en vidéo, je peux faire une interview en live.
28:20Ça, voilà, c'est peut-être la plus grande exigence finalement, c'est de pouvoir partager ce qu'on vit à bord.
28:29Ça, je pouvais le faire il y a 4 ans et je pourrais le faire cette année pareil.
28:33Donc, je n'ai pas changé de dispositif.
28:37En plus de ça, c'est vrai qu'on met en place un système pour qu'il y ait des groupes spécifiques par lesquels je communique avec mon sponsor, avec mon équipe technique.
28:54Ce n'est pas tout le monde qui va me poser une question de son côté.
29:00Les questions reviennent, elles sont posées sur le groupe pour limiter, tout simplement, pour que mon attention ne soit pas trop prise.
29:15Après, je ne peux pas couper non plus la communication totalement, ça ne marche pas en fait.
29:30Sinon, je ne sais pas, il faut faire une autre course.
29:33Là, c'est quand même le Vendée Globe, donc il y a un minimum, de toute façon, que je dois faire.
29:37Et que tu fais avec plaisir, la notion de partage, de récit de tes aventures, c'est quelque chose qui t'anime ?
29:45Alors moi, ce que j'adore partager, c'est les enregistrements audios que je fais et avec lesquels on fait des podcasts.
29:55Et là, je me fais énormément plaisir, j'aime bien partager les photos, les vidéos, mais pour moi, ce n'est pas le premier média qui va m'inspirer.
30:08J'adore raconter, en fait, je fais des enregistrements, je les envoie à terre et puis j'ai une super équipe qui fait des mégas podcasts qui sont ensuite diffusés au fil du Vendée Globe.
30:24Et ça, je me régale, vraiment.
30:28Et alors sur l'aspect météo, pareil, de la facilité des flux et donc de la capacité à compulser de la donnée, de la prévision, du routage.
30:40Est-ce que tu peux nous raconter un peu, toi, tes protocoles, ton fonctionnement classique de météo sur un jour lambda sur le Vendée Globe ?
30:47Mon fonctionnement classique sur un jour lambda, déjà, je suis calée sur le temps universel, l'heure universelle.
31:01Donc, ce n'est pas facile parce que je suis calée à la fois sur l'heure universelle et en même temps sur le soleil, le jour, la nuit, de là où je me trouve.
31:10Mais en gros, à partir de, je ne sais plus quelle heure, mais à 5h TU, il va y avoir le premier fichier météo de la journée qui va sortir.
31:21Donc là, quelle que soit, s'il fait nuit ou s'il fait jour, peu importe, là, je vais aller télécharger mon fichier.
31:30Donc, en fait, ma journée, en gros, elle est ponctuée de moments où je sais qu'il y a des fichiers solides, des fichiers qui sont fiables, qui vont sortir.
31:42Et à ces moments-là, à moins que je sois en plein dans une manœuvre, j'essaye de les télécharger et de faire tourner un routage ou des routages.
31:52Et à partir de là, je remets en question la stratégie que j'avais posée la veille.
31:58Donc, je repose tout et je relance la réflexion.
32:03Et il y a des documents qui arrivent parce qu'il y a des fichiers météo, mais il y a aussi d'autres types de documents qui arrivent à des heures données.
32:09Donc, moi, en fonction des heures à lesquelles ça arrive, je vais régulièrement à la table à cartes pour charger et pour affiner la stratégie et pour vraiment la valider au fil de la journée ou de la nuit.
32:28Parce qu'au final, que veut dire une journée ? Dans le Pacifique, la journée, elle dure 20 heures parce que c'est l'été là-bas et les nuits sont très courtes.
32:37Donc, pour moi, maintenant, une journée, c'est 24 heures en gros.
32:43Cette partie stratégie, élaboration de ta route météo, ça peut être quelque chose de très chronophage puisque justement, maintenant, avec cette fluidification des flux, c'est quelque chose qu'on peut, de manière un peu perpétuelle, retravailler.
32:59Quelle est la part de risque que ça induit pour vous d'être absorbé par ça et d'en oublier de gérer son bateau ?
33:13C'est vrai que plus on a d'informations météo, plus ça demande du temps pour les traiter, pour les analyser, les comprendre et puis ensuite être sûr de sa stratégie.
33:27Et plus ça va, plus on a d'informations et plus ça nous prend du temps.
33:31Moi, je pense qu'il y a des moments, ces dernières années, où j'ai été complètement dédiée à la stratégie et je faisais tourner beaucoup de routages.
33:46Je me disais, mais j'en peux plus de faire tourner des routages, mais c'était la bonne chose à faire parce que c'était des situations très instables.
33:54Quand une situation est très instable, ça veut dire qu'elle va vite bouger et donc il faut vite savoir quel est le nouveau scénario.
34:03Après, je pense effectivement qu'il faut se méfier et ne pas se retrouver pendant 80 jours à faire tourner des routages toute la journée parce qu'il y a un moment donné,
34:13c'est du temps qui n'est pas passé à régler les voiles, à se reposer, à prendre soin du bateau aussi parce que c'est sûr que ça prend aussi beaucoup de temps sur un Vendée Globe.
34:25Donc, il faut trouver le bon équilibre.
34:27Je crois qu'il y a des moments où on est content d'avoir plein d'infos et il y a des moments où il faudra lâcher un peu le truc et me dire, ok, maintenant, je vais dormir.
34:40C'est la notion de priorité.
34:45C'est vachement intéressant, je trouve, ce truc des priorités.
34:51C'est que sur un Vendée Globe, la priorité, ce n'est pas forcément d'aller vite.
34:58Ce n'est pas toujours d'aller vite.
35:00Il y a des moments où ça peut être autre chose.
35:02Il y a des moments où ça peut être de se reposer.
35:05Il y a des moments où ça peut être, et là, je le dis parce qu'il y a quatre ans, j'étais nulle là-dedans, c'était faire autre chose, penser à autre chose, faire une pause.
35:16Il y a des moments, c'est faire de la stratégie.
35:19Il y a des moments, c'est manœuvrer.
35:21Vraiment, il y a ce truc-là où pour réussir à trouver quel est la bonne priorité du moment, il ne faut pas avoir mis toute son énergie ailleurs.
35:33Donc, il faut s'économiser.
35:35Ça, c'est quelque chose qui, pour moi, est fondamental.
35:38De rester bien alignée en moi-même pour avoir la lucidité de me dire, là, c'est ça qu'il faut faire avant tout.
35:48J'accepte, ma foi, que le bateau aille un peu moins vite maintenant.
35:53Et je vais faire ma manœuvre un tout petit peu plus tard parce que là, je pense qu'il y a un autre truc qui est plus prioritaire juste dans l'instant.
35:58Sur l'aspect, tu l'as dit, tu as été assez marqué par Hélène MacArthur qui ouvrait un champ de possibles.
36:05Parce que pour la première fois, on voyait une si jeune fille d'un petit gabarit parvenir à gérer ces grandes machines.
36:13Et moi, je pense notamment au matossage, au matossage de ses voiles, au transport de ses voiles d'avant en arrière, à l'intérieur, dans la coque.
36:21Comment, toi, tu gères ça physiquement ? Justement parce que c'est l'une des clés.
36:28Est-ce que tu as des trucs, des astuces ? Est-ce que tu as mis des palans à droite à gauche pour pouvoir bouger ces voiles de 80 kg d'un bord à l'autre ?
36:37Alors le matossage, j'avoue qu'il y a un truc qui me plaît dans les foils, c'est que ça a rendu le matossage moins prépondérant en termes de performance.
36:48Parce que c'est clair que moi, je n'ai pas le gabarit pour matosser à longueur de journée.
36:55Et en l'occurrence, c'est un truc qui ne devient rapidement pas prioritaire chez moi.
37:00Si je dois enchaîner plusieurs virements de bord, je ne vais pas matosser.
37:04Ce n'est pas possible, en fait. Je mets déjà tellement d'énergie à border mes voiles que moi, je suis cuite, en fait, après.
37:10Il faut retrouver de l'énergie pour le virement d'après.
37:12Donc, en gros, je matosse quand j'ai un long bord. Et si je n'ai pas un long bord devant moi, je laisse les voiles au milieu.
37:21Des fois, ça m'arrive de les laisser du mauvais côté parce que je suis trop fatiguée à ce moment-là.
37:27Et je me dis, je vais attendre, je vais reprendre un peu d'énergie et j'irai quand j'aurai retrouvé de l'énergie.
37:33Pour moi, le matossage, c'est utile.
37:38Mais je ne sais pas si c'est sur le haut de la pile, en fait.
37:44Quand on regarde la stratégie, le réglage des voiles ou du bateau en général, c'est un élément du réglage.
37:53Mais c'en est un et ce n'est pas le premier.
37:57Le fait de garder de la lucidité pour la suite, ça pour moi, c'est très important.
38:04Pour moi, de ramener une voile de derrière à devant, par exemple, ça me prend énormément de temps parce que je suis obligée d'utiliser un palan.
38:12Je n'ai pas la force pour remonter une voile au vent.
38:15Souvent, les voiles font une fois et demie mon poids, à peu près.
38:21Et c'est beau, surtout quand elles sont en haut.
38:25J'utilise un palan pour remonter la voile.
38:28C'est vraiment la mission.
38:30Quand je dois changer les voiles de côté, c'est que je sais que j'y ai viré de bord pour un long moment.
38:36Est-ce que tu peux nous parler du parcours, en général, ces grandes sections ?
38:41Je sais que vous avez tendance à fractionner pendant des années.
38:45Est-ce que tu peux nous parler du parcours ?
38:48Est-ce que tu peux nous parler du parcours, en général, ces grandes sections ?
38:53Je sais que vous avez tendance à fractionner pendant des années.
39:00Est-ce que tu peux nous donner tes différentes portions et nous décrire ce que tu attends de ces tronçons ?
39:10Le parcours, c'est assez facile, je trouve, de le diviser, surtout quand on a déjà fait le Vendée Globe.
39:21On sait là où potentiellement ça peut être dur et là où ça peut être cool.
39:26Je ne sais pas en combien de morceaux, mais il y a des morceaux qui peuvent être très courts mais qui sont importants.
39:32Et il y a des morceaux qui peuvent être beaucoup plus longs.
39:36Le plus court, je dirais que c'est les quelques jours après le départ, à peu près une semaine.
39:44La première semaine, pour moi, c'est un moment très important parce que c'est là où je vais rentrer dans ma course,
39:52où je vais réaliser que je suis partie sur le Vendée Globe.
39:56Je sais que ce n'est pas du tout facile et on a beau se préparer avec des préparateurs mentaux,
40:01en fait, tu ne sais pas comment ça va se passer.
40:04Il faut attendre d'y être et peut-être que cette fois-ci, je le gérerai mieux que la dernière fois.
40:10Mais je sais que la dernière fois, il m'avait fallu quelques jours pour me dire que c'est bon, j'ai compris, je suis sur le Vendée Globe maintenant.
40:18Après, il y a la descente de l'Atlantique qui est un moment que je trouve vraiment chouette parce qu'on peut traverser des tempêtes, ça c'est sûr.
40:29Mais généralement, il fait doux, on retrouve régulièrement des vents portants.
40:36C'est un endroit que je connais en fait, l'Atlantique, j'ai descendu plusieurs fois, traversé plusieurs fois, donc je ne suis pas trop loin de la maison.
40:46Il y a un côté, c'est sympa, c'est la transition pour tranquillement aller vers les mers du Sud où là, par contre, c'est complètement autre chose.
40:57Et après, il y a un passage symbolique, c'est le franchissement des 40e Sud et le franchissement du Cap de Bonne-Espérance, c'est l'un juste après l'autre en gros.
41:12Là, ça y est, c'est un peu l'entrée dans un tunnel et le tronçon des mers du Sud, il peut se découper en plusieurs morceaux,
41:22mais pour moi, c'est un long tunnel où globalement, chaque jour, il fait un peu plus froid parce qu'on fait une route qui va à chaque fois un peu plus vers le Sud.
41:32Et le plus dur, ça peut être le Cap Horn.
41:37Donc en fait, on peut toujours se dire que le plus dur est à venir.
41:41C'est long, la traversée des mers du Sud, ça dure en tout, avant de refranchir les 40e, ça peut durer 40 à 50 jours en fonction.
41:50Donc c'est vraiment très, très long.
41:53Et il y a le Cap Horn, ça pour moi, c'est une vraie, là c'est une porte, c'est presque une porte au sens propre parce que la météo, elle change complètement en fait.
42:08Une fois franchi le Cap, on rentre dans un autre monde, on rentre dans un autre océan, dans un autre climat.
42:14Enfin, pas un autre climat, mais en tout cas, un autre schéma météorologique.
42:23Voilà, on est sorti du tunnel.
42:26Et puis après, il y a la remontée de l'Atlantique, qui est géniale parce que chaque jour, on va un peu plus vers le Nord.
42:36Et en même temps, ce n'est pas facile parce qu'on peut croire qu'on est sorti du danger, des difficultés.
42:47Et souvent, dans l'Atlantique Sud, il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de difficultés.
42:52Et là, souvent, on se dit, non, ce n'est pas vrai. Non, je pensais que ça y est, c'était fini les tempêtes.
42:57Et là, non, il y en a encore.
42:58Donc, c'est le moment où je trouve, une fois qu'on a passé le Cap Horn, il y a plein d'espoir.
43:05Et puis, il y a aussi plein de déceptions, justement, parce que la réalité n'est pas toujours comme on peut l'espérer.
43:11Et puis après, le retour dans les Alizés.
43:17Je pense que retrouver la chaleur, c'est vraiment un truc pour moi, symboliquement, qui est important.
43:24Et puis, d'une fois, retrouver l'hémisphère Nord.
43:31Oui, c'est les dernières semaines.
43:34Là, je dirais que c'est le dernier, comment dire, c'est le dernier, il faut s'accrocher jusqu'à l'arrivée.
43:44Voilà, avec un petit, peut-être, une petite phase un peu chaude à l'arrivée, s'il y a une grosse tempête.
43:55Parce qu'au final, on peut toujours avoir, c'est assez dingue, le Vendée Globe, on peut toujours se prendre un truc.
44:03Et on l'a vu il y a quatre ans, on peut se prendre un truc la veille de l'arrivée.
44:08Il y a un truc qui fait très mal.
44:09Dernière question, sur le Vendée Globe idéal, pour toi, là, ça va ressembler à quoi ?
44:18Le Vendée Globe idéal, c'est un Vendée Globe un peu comme ma dernière route du Rhum ou le retour à la base.
44:27C'est des courses où je me suis engagée à fond, mais pas autant que les autres.
44:34Engagée à fond, mais pas au-delà de mes limites.
44:41Et où j'ai fait les meilleurs résultats que j'avais fait en Imoka jusque-là.
44:49Je pense que j'ai trouvé le bon curseur, je me suis fait plaisir.
44:56J'avais un minimum de confiance en moi.
45:02J'avais aussi de la confiance dans ce qu'allait se passer.
45:08Et je crois que c'est ça que j'aurai envie de vivre, à nouveau.
45:13C'est tout ce qu'on te souhaite, merci beaucoup.

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