Ce documentaire examine le travail des spécialistes qui luttent contre la pédocriminalité en ligne, en mettant en lumière les méthodes qu'ils utilisent pour identifier et traquer les criminels. À travers des témoignages d'enquêteurs, des analyses de cas et des reconstitutions, le film explore les défis auxquels ces professionnels font face dans un environnement numérique en constante évolution. En abordant des sujets délicats, le documentaire vise à sensibiliser le public sur l'importance de la vigilance en ligne et sur les efforts déployés pour protéger les enfants des dangers sur Internet.
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00:00J'en étais sûr, tout le temps il me dit ça.
00:07Quand je lui ai dit où il y a des enfants, il y aura des pédos criminels.
00:10Ce gars, il m'a demandé des photos en sous-vêtements et il insiste pas mal.
00:15J'essaye surtout de déterminer s'il a plusieurs comptes Facebook.
00:17S'il a plusieurs comptes Facebook, est-ce qu'il a des amis en commun
00:20qui du coup seraient reliés à lui et du coup pourraient m'amener vers son identité réelle.
00:23Certains nous ont reproché de voler le travail de la police.
00:27Les algorithmes des réseaux sociaux vont eux-mêmes nous diriger en suggestion d'amis
00:32chez certains présumés pédos criminels.
00:35Je cherchais une façon de trouver une utilité à ma vie juste,
00:39c'est-à-dire attraper des pédophiles.
00:42Je suis vice-présidente, je suis chef d'équipe, tous les dossiers passent par moi,
00:45donc je vois tout, la pédopornographie, la pornographie, les… tout.
00:56C'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas
01:26Peut-être mais il va falloir que je réfléchisse à ma réponse parce que ...
01:32Je suis rentrée dans l'association des enfants d'Argus parce que malheureusement comme beaucoup
01:36de gens dans le monde, j'ai été abusée quand j'étais enfant et c'est ce qui a principalement
01:40motivé mes démarches pour rejoindre l'association.
01:44Je pense que beaucoup de personnes qui rejoignent ce genre d'association sont concernées de
01:47très près par le problème.
01:48Que ce soit eux-mêmes ou bien des membres de la famille, leurs enfants, c'est un vléo
01:52qui touche énormément de personnes,
01:54qui est très tabou encore aujourd'hui.
01:57Je suis en train de connecter mon VPN.
02:00Le VPN, c'est hyper important pour que ça protège notre identité.
02:03En gros, si quelqu'un arrivait à voir notre adresse IP
02:07et pouvait nous localiser,
02:08ça lui mettrait que je me situe actuellement au Pays-Bas,
02:11ce qui, du coup, n'est pas le cas.
02:13Voilà, donc là, je suis connecté.
02:15Alors, du coup, je vais sur Facebook.
02:17J'ai mon profil juste ici, donc mon enfant virtuel.
02:23Au niveau des horaires, il faut rester crédible,
02:25il faut que ça soit comme les horaires d'un enfant qui va à l'école,
02:28donc il faut se connecter après les horaires de cours,
02:32mais il faut aussi que ça reste crédible par rapport à l'histoire de notre fake.
02:35Si j'ai dit à un gars que j'avais équitation à 17h,
02:38je me connecte pas à 17h.
02:40Alors, donc du coup, mon profil...
02:43J'ai mes passions, le dessin, la danse, le chant, l'équitation.
02:47J'ai mes photos juste ici.
02:49Donc il y a des photos de moi, il y a des photos de mon chat,
02:51il y a des photos de cookies,
02:53tout ce qui pourrait faire penser à un vrai profil d'enfant de 12 ans.
03:03Les photos dont on se sert pour nos faux comptes Facebook,
03:06on fait très attention à l'usurpation d'identité,
03:08puisque les photos sont soit des photos des membres adultes qu'on a rajeunis,
03:11et avec leur accord, évidemment,
03:13ou alors des photos Google libres d'accès,
03:16encore une fois qu'on modifie,
03:17on met des fois des visages libres d'accès avec des corps
03:20et qu'on rajeunit le tout pour que ça soit le plus homogène possible.
03:24Et on donne à l'enfant virtuel sortant de formation
03:26une liste de photos et de points de base.
03:32Par exemple, c'est une petite fille, elle a 12 ans, elle est blonde,
03:35et elle vit qu'avec sa mère et sa sœur.
03:37Ça, c'est le point de départ.
03:40Quand je peux pas me connecter,
03:42je vais en profiter pour alimenter mon compte,
03:44prendre des photos en extérieur,
03:46donc ça peut être juste une forêt ou une glace,
03:49peu importe, quelque chose que j'ai fait dans la journée,
03:51et ça me permet de crédibiliser mon compte et de le nourrir, tout simplement.
03:55Pour rester le plus crédible possible,
03:57on peut poster des messages sur notre compte,
04:00le genre de message qu'un enfant mettrait,
04:02dans un langage plutôt jeune, avec des fautes d'orthographe,
04:05parce que souvent, à 12 ans, on écrit pas parfaitement.
04:13Un enfant virtuel, comme son nom l'indique,
04:14ce n'est pas un enfant, c'est un adulte
04:17qui a rejoint notre association,
04:19qui a entre 20 et 60 ans, pour certains,
04:23qui représente, sur les réseaux sociaux,
04:25un enfant qui aurait entre 10 et 12 ans,
04:28que ce soit une petite fille ou un petit garçon.
04:30Paradoxalement, nous, on fait rien, absolument rien.
04:33Les algorithmes des réseaux sociaux, d'une manière générale,
04:38vont eux-mêmes nous diriger en suggestion d'amis
04:42chez certains présumés pédocriminels.
04:48996, c'est le nombre de demandes d'amis que j'ai à l'heure actuelle.
04:52Je peux voir de quand elles datent.
04:53Là, il y a 15 heures, il y a deux jours, il y a quatre jours,
04:56il y a une semaine.
04:58C'est majoritairement des hommes.
05:00Ça n'arrive que des femmes. Là, par exemple, c'est une femme.
05:03Et il arrive que ce soit des comptes de femmes,
05:06mais que ce soit des hommes qui se font passer pour des femmes.
05:11Donc là, j'ouvre mon fil de discussion,
05:13et c'est toutes les discussions que j'ai.
05:17J'ai ce gars, il m'a demandé des photos en sous-vêtements.
05:24Et il insiste pas mal pour avoir ces photos,
05:26que, bien sûr, je ne fournirai pas.
05:32J'ai plusieurs conversations en même temps,
05:34qu'il faut quand même limiter dans la mesure du possible
05:37pour ne pas se perdre entre tous ces mecs qui nous écrivent.
05:42Donc on est sur une moyenne de trois à cinq,
05:44si on se sent de le faire et si on est assez expérimenté pour le faire.
06:15Oui ?
06:16C'est juste pour savoir, ça veut dire quoi, consentement ?
06:19Un consentement, ça veut dire que t'es d'accord.
06:21Si la petite fille, elle est consentante,
06:23et le grand, genre l'adulte aussi, il part quand même en prison ou pas ?
06:28Oui.
06:29Un enfant, il n'y a pas de consentement.
06:32Ça n'existe pas, le consentement pour les enfants.
06:34Si quelqu'un...
06:34Toi, s'il y a des enfants qui se disent
06:36oui, mais en fait, je l'aimais bien.
06:37Non, c'est parce qu'il t'a manipulé.
06:39Lui, c'est très bien qu'il n'a pas le droit,
06:40mais il t'a manipulé pour te faire croire que ça venait de toi.
06:44Si t'es un enfant, même si tu ne te débats pas,
06:47même si tu ne cries pas, même si tu dis je suis d'accord,
06:50un enfant de 10 ans, ça sera automatiquement la prison.
06:52Il n'y a pas d'histoire de consentement.
06:55Et sur les réseaux sociaux, comme tu disais,
06:56ou sur n'importe quel jeu électronique, il y a des pédocriminels.
06:59Comme je vous l'ai dit, où il y a des enfants,
07:01il y aura des pédocriminels, vous voyez ?
07:03Et nous, c'est ce qu'on fait, en fait, dans l'association.
07:05Nous, on se fait passer pour des enfants.
07:07On se fait passer pour des enfants qui auraient 10, 12 ans.
07:10On a un compte Facebook où il y a juste la photo d'un enfant
07:12et on attend qu'il y ait des gens qui nous contactent.
07:14Et il y a beaucoup, beaucoup de personnes qui nous contactent.
07:17Si vous avez quelqu'un qui vous demande en ami
07:19que vous ne connaissez pas, que ça soit une photo jeune,
07:22comme tu disais, qui avait 9 ans, ou une photo de quelqu'un qui est vieux,
07:26même si vous voyez que c'est déjà dans les amis de vos parents
07:29ou d'un de vos copains, vous ne les acceptez pas.
07:32Vous ne les connaissez pas, vous ne les acceptez pas.
07:36Si jamais ça vous arrive, vous en parlez à vos parents.
07:38N'ayez pas honte.
07:40Vous, vous n'avez rien fait.
07:42Si jamais ça vous arrive, c'est vous les victimes.
07:45Et c'est lui le salopard.
07:50Les enfants d'Argus agissent sur les quatre pays
07:53où on parle français en Europe.
07:54La Suisse, le Luxembourg, la Belgique et la France.
07:58Les membres, ils habitent dans ces quatre pays-là.
08:00Alors aujourd'hui, à quelque chose près,
08:03on est environ à 180 ou 185 dossiers déposés.
08:08Mais on peut estimer qu'on a fait entre 40 et 50 personnes aujourd'hui.
08:14Les enfants d'Argus sont à peu près entre 25 et 30 bénévoles.
08:19C'est quelque chose qui augmente un petit peu régulièrement,
08:22mais on ne peut pas dépasser un groupe de 40 ou 50 personnes.
08:26Ce ne serait pas possible.
08:27C'est déjà très dur à gérer.
08:29Et puis, on n'est que des bénévoles.
08:31C'est relativement compliqué.
08:38Musique d'ambiance
08:42...
08:47Musique de suspense
08:50...
08:54Sonnerie de téléphone
08:56...
08:58Salut, mec.
08:59Bonjour, salut.
09:01Maintenant qu'on a pu vérifier toute ton identité,
09:03que tout est carré,
09:04je vais rester à t'appeler par ton pseudo.
09:06Donc on restera, si j'ai bien compris,
09:08sur le nom de résistant de ton grand-père, Caverneuil, c'était bien ça ?
09:11Exactement.
09:12Si j'ai bien compris, suivant tes horaires à toi,
09:14tu vas plutôt t'orienter vers un rôle d'enquêteur.
09:18En fond virtuel, il faut quand même avoir du temps,
09:22et surtout du temps précisément à certaines heures.
09:25L'avantage d'enquêteur,
09:26même si évidemment ça va te prendre beaucoup de temps,
09:29c'est que tu y es quand tu veux.
09:30Oui, au départ, c'est ce qu'on m'a conseillé aussi.
09:33Je vais t'envoyer le lien de Discord pour rentrer en formation.
09:36Dès que tu as fini ta formation,
09:38ce qui normalement devrait être assez rapide,
09:40en trois semaines, un mois, ça sera fini,
09:42t'intégreras l'équipe d'Akella en tant qu'enquêteur.
09:45Il y a beaucoup de dossiers en cours,
09:47donc il nous tarde que tu puisses sortir de formation
09:49pour pouvoir nous aider sur ces sujets.
10:06...
10:20D'être en fond virtuel,
10:21c'est en gros d'avoir un compte Insta ou un truc...
10:23Enfin, un faux compte Insta.
10:25Et juste, t'arrives, tu crées un compte, genre, lisons 13 ans,
10:29et juste en créant ce compte,
10:30après, t'as plein de gens qui vont s'abonner,
10:32et dedans, t'as forcément des mecs malsains, tu vois,
10:34qui disent, ouais, bah, viens, on se voit,
10:35alors qu'à 12 ans, il n'a que 50 piges, tu vois.
10:37Genre, le faux compte, c'est juste un appât, genre.
10:38Oui, c'est un appât.
10:39Et ça marche ?
10:40Oui, bah oui.
10:42Mais la pédocriminalité, c'est vraiment un truc.
10:43Genre, on se rend pas compte que, là, nous, on connaît tous des gens.
10:45C'est partout, quoi.
10:47Genre, en moyenne, il y en a 3 par classe.
10:49Hein ?
10:50Ouais, genre 3 sur 30.
10:52...
11:02T'as pas peur, un peu, en vrai, des conséquences au quotidien ?
11:06Enfin, je sais pas, t'as pas peur un peu des représailles, non ?
11:07T'as pas peur de quelque chose ?
11:08Des représailles, non.
11:10Des conséquences ?
11:11Si, j'ai peur.
11:12Une chose, c'est pour moi-même.
11:13C'est-à-dire...
11:14Je vais voir des choses,
11:16mais qui vont me faire vomir, peut-être, ou pleurer, ou...
11:19Tu vois, je sais qu'à un moment, je vais peut-être vouloir abandonner, etc.
11:22Tu vois, je connais vraiment...
11:23Vraiment, j'ai personne, au cours de moi, en tout cas,
11:25de ma connaissance, qui a connu ça, tu vois.
11:27Et donc, j'ai pas forcément d'image...
11:29T'as pas d'expérience, encore.
11:31T'as jamais vécu ça,
11:32donc tu sais d'autant moins encore à quoi t'attendre, en fait.
11:34Ouais.
11:35...
11:43Ce qui me fait faire ce que je fais aujourd'hui,
11:45si je devais dire une émotion, ça serait principalement la haine, je pense,
11:49qui fait que ça te donne tellement de détermination pour faire ce que tu fais,
11:54parce que derrière, aussi, il y a une satisfaction.
11:57Tu te dis...
11:58Je fais pas ça pour rien,
11:59parce que derrière, le mec peut être inquiété,
12:01il peut avoir un procès, il peut se passer un tas de choses.
12:04Je pense pas que ça soit une cause perdue.
12:06Et même, juste le temps qu'on passe à parler avec ces mecs,
12:10on se dit que c'est du temps en moins qu'ils ont à parler avec des vrais enfants.
12:13Donc, on fait pas rien.
12:15Je pense pas qu'on soit inutiles.
12:20Nos enfants virtuels vont être confrontés à différents types de pédocriminels.
12:25On a une certaine catégorie d'interlocuteurs
12:28qui va demander l'enfant en amie
12:30et, dans la foulée, envoyer des photos intimes, des photos pornographiques.
12:35À d'autres moments, on va tomber sur des gens qui font ça de manière plus insidieuse
12:40et qui vont parler à notre enfant virtuel ou à un enfant
12:44pendant six mois avant de commencer à parler de sexe et à envoyer des photos.
12:49Je dirais, moi, que le plus dangereux pour un enfant,
12:53c'est cette dernière catégorie,
12:55puisqu'il y a une mise en confiance qui se fait
12:58et qui pousse l'enfant à pas pouvoir refuser
13:02d'envoyer des photos de lui ou d'elle nu.
13:05Il va pas être en capacité émotionnelle, après être devenu « ami » avec son interlocuteur,
13:10à pouvoir refuser et comprendre la transition
13:13vers le côté plus sexuel de la discussion.
13:18Il faut s'accrocher, hein, parce que celui-là, il est un peu space.
13:23Ce gars-là, son délire, c'est qu'il veut rassembler des enfants dans sa maison
13:29pour qu'elles soient libres, qu'elles n'aient plus besoin d'aller à l'école,
13:32qu'elles n'aient plus besoin de vivre avec leurs parents.
13:35Il m'a dit qu'il y avait déjà des enfants qui étaient intéressés.
13:39« Imagine, liberté totale et plus jamais d'école. Est-ce que ça te ferait plaisir ? »
13:44Des fois, j'ai aussi ma petite cousine qui vient
13:46et à chaque fois qu'elle est là, elle veut plus partir.
13:48Moi, je demande l'âge.
13:50« Aussi jeune que toi, j'ai une photo quand elle dort, si tu veux. »
13:53Je l'ai vue venir.
13:56Je sentais que ça allait être ce genre de photo.
14:01Et moi, je réponds « Pourquoi elle est dans cette tenue ? »
14:05Il faisait chaud.
14:07Là, j'ai mon rôle d'enquête qui revient.
14:12Il faut que j'identifie au maximum la gamine.
14:15Donc là, je demande « Elle s'appelle comment ? »
14:18Et là, j'ai son prénom.
14:19Donc potentiellement, c'est une victime.
14:26Ce qu'on appelle le syndrome de Peter Pan
14:28chez les personnes avec une problématique pédophilique,
14:30c'est en fait l'idéalisation du monde de l'enfance ou de l'adolescence.
14:34C'est vraiment pour la plupart d'entre eux un âge d'or perdu
14:37et en général pas vécu.
14:39Parce qu'en fait, on réalise que dans leur événement de vie,
14:42il y a beaucoup qui, pour le dire vulgairement,
14:46qui, pour le dire vulgairement, n'ont pas eu d'enfance.
14:49En fait, ils se sentent extrêmement frustrés d'une jeunesse non vécue
14:53qui s'idéalise totalement à tort en général.
14:55Ils imaginent que c'est un monde de liberté
14:57où on explore son corps, les relations avec les autres,
15:00on transgresse et on peut tout se permettre
15:02et le champ des possibles est ouvert.
15:04Il y en a beaucoup qui décrivent qu'ils vont sur des tchats avec des mineurs
15:07où eux se font passer du coup...
15:08Donc ils montent sur leur âge, sur leur identité
15:10et ils vont se mettre à discuter avec des jeunes
15:13et ils disent
15:14qu'en fait, ils vont chercher plutôt des copains.
15:23J'viens de recevoir un message, par exemple,
15:25de quelqu'un à qui je parle plus ou moins régulièrement,
15:30qui n'a pas commis autant d'infractions que ce que j'espérais,
15:37qui m'envoie sa tête.
15:39Il me demande comment je le trouve.
15:41Il me demande quand est-ce qu'on peut se voir.
15:43Moi, je lui dis qu'on peut parler ici.
15:46Il me répond,
15:48tu as besoin de moi dans notre relation amoureuse.
15:50On ira se balader en amoureux, visiter ma ville
15:53et faire beaucoup de choses ensemble, chérie.
15:55Je te paierai le transport aussi.
15:57Je réponds, c'est impossible d'être en couple avec un adulte à 12 ans déjà.
16:00Tu aimerais que je te fasse des enfants un jour, si tu veux bien, chérie.
16:05Non, je vais pas écrire ça.
16:12Pourquoi j'ai changé mon message ?
16:14Parce que là, potentiellement, j'essaie de récolter des infractions.
16:19Donc, est-ce que c'est possible d'être en couple avec un adulte à 12 ans ?
16:23Peut-être qu'il va me dire, oui, c'est mon cas.
16:25J'ai déjà été en couple avec cette petite fille.
16:27Regarde, j'ai une photo.
16:28Je vais lui dire, non, c'est pas possible.
16:31Il faut toujours trouver des tactiques
16:33pour lui faire entendre ce qu'il veut, mais jamais trop non plus.
16:37C'est vraiment un travail de serpent, on va dire.
16:41Mais surtout, jamais d'incitation.
16:43Jamais laisser sous-entendre qu'on est d'accord pour avoir des relations sexuelles,
16:47qu'on est d'accord pour envoyer des photos,
16:49qu'on est d'accord pour quoi que ce soit
16:51qui soit en lien avec le sexe, tout simplement.
16:55J'en étais sûr.
16:56Tout le temps, il me dit ça.
16:58Moi, je suis en caleçon, je pense à toi, chérie, tu es dans la chambre.
17:05Il me demande si je suis dans la chambre.
17:06Oui, pourquoi ?
17:07Donc, là...
17:08Ah, putain !
17:12Il me demande si je suis dans la chambre.
17:13Oui, pourquoi ?
17:14Donc, là...
17:15Ah, putain !
17:18Il me demande si je suis dans la chambre.
17:20Oui, pourquoi ?
17:21Donc, là...
17:22Ah, putain !
17:25C'est la première fois qu'il m'en envoie.
17:28Désolé pour tout le monde.
17:35C'est terrifiant de se dire qu'il y a des vrais enfants qui reçoivent ce genre de messages.
17:44En fait, bien souvent, ce que le pédophile recherche chez l'enfant,
17:46c'est de la réassurance.
17:48Et donc, en fait, c'est des personnes qui souvent se valorisent,
17:52effectivement en se disant j'ai du pouvoir sur quelqu'un.
17:55Si la personne, elle est jeune,
17:57il s'imagine qu'elle est inexpérimentée, souvent en raison.
18:00Et du coup, il peut avoir ce qu'on appelle le fantasme d'initiation.
18:03Moi, je vais être le premier.
18:04Moi, je vais te montrer, toi, la jeune fille en fleurs qui a la vie devant toi
18:07et je vais te marquer et je vais exister dans ta tête pour toute ta vie.
18:11Et comme c'est des gens qui ont, en fait, une très, très, très mauvaise estime d'eux-mêmes,
18:15ça les valorise de se dire je vais compter pour cette personne,
18:18je vais laisser ma trace, mon empreinte.
18:23J'essaye de mettre de côté le fait que je suis dégoûté de ce que je vois
18:28parce qu'il faut que tu réagisses vite,
18:31il faut que tu restes dans ton rôle, quoi.
18:35Donc, qu'est-ce qui se passe quand on est face à ça ?
18:38Capture d'écran immédiatement.
18:40Et j'enregistre le média qu'il m'a envoyé,
18:42donc à savoir la photo de son pénis.
18:45Tu en penses quoi, chérie, de ma teub ?
18:50Capture d'écran, pourquoi ?
18:51Parce qu'à tout moment, le mec supprime et je perds ma preuve d'infraction.
18:56Là, par exemple, je vois qu'il a retiré un message.
18:59Il a retiré sa photo.
19:01Donc, heureusement qu'on l'a screen,
19:03parce qu'on a bien notre preuve qu'à telle heure, tel jour,
19:07monsieur machin a envoyé une photo de son membre à une enfant de 12 ans.
19:15C'est important de rappeler l'âge de l'enfant,
19:18en l'occurrence, moi, j'ai 12 ans,
19:19parce que ça peut, malheureusement, être utilisé dans une défense
19:24pour dire, ah, mais peut-être que monsieur Antenne ne se rappelait pas
19:28que la personne avec qui il conversait avait 12 ans,
19:31il l'a sûrement oublié, voilà.
19:33Alors que là, on le rappelle extrêmement souvent,
19:36donc il n'y a pas moyen d'oublier.
19:38Là, par exemple, j'ai mis deux messages à la suite où c'est écrit.
19:50L'avantage de ces avatars utilisés par ces associations,
19:54c'est qu'ils permettent, par des messages type
19:57j'ai 8 ans, j'ai 10 ans, j'ai en tout cas moins de 15 ans, un minima,
20:03c'est précieux pour aller sur l'aspect psychologique,
20:07sur ce qu'on appelle l'intentionnalité,
20:09puisque une infraction est composée d'un élément matériel
20:13et d'un élément intentionnel.
20:15En ayant créé un avatar
20:17et en ayant fait plusieurs messages un peu type
20:22j'ai cet âge-là, ça me fait peur ce que tu me dis,
20:27avec plusieurs messages comme ça,
20:30ça permet de caractériser toute l'intentionnalité
20:34et je dirais même la dangerosité.
20:36C'est en ça qu'ils sont très intéressants.
20:39J'ai une infraction claire et nette.
20:41Grâce à ça, je vais pouvoir constituer un dossier
20:43en indiquant que j'ai reçu une photo à caractère pornographique.
20:47Ce qui est un délit, clairement.
20:50Il faut vérifier toutes ces informations
20:52et ça, c'est le rôle de l'enquêteur,
20:54qui s'occupe de creuser réellement le profil de la personne
21:00dans l'espoir que ce dossier soit un jour envoyé en dépôt de plainte.
21:10Même si tu sais, en tant que victime,
21:13que c'est des choses qui arrivent,
21:15que ce soit sur Internet, que ce soit dans la vraie vie,
21:17que ce soit un proche, que ce soit un ami,
21:20que ce soit un inconnu,
21:23c'est quelque chose auquel les enfants peuvent être confrontés partout.
21:28En fait, il n'y a pas de safe space,
21:30il n'y a pas d'endroit sécurisant qui existe vraiment.
21:34Il y aura toujours des vieux vicieux partout.
21:38C'est tout type de gens.
21:40Tu ne peux pas mettre une étiquette sur le profil type du pédo
21:43parce qu'il y en a tellement.
21:45Et c'est là que tu te rends compte que ça peut être ton jardinier,
21:49ça peut être ton boulanger, ça peut être absolument n'importe qui.
22:05Donc voilà, on va commencer gentiment cet AG.
22:08On commence comme ça, les arrivées, les départs.
22:11Les départs de JD, Freya, Andli et Yoko,
22:14et arrivées de 5 enfants virtuels,
22:16Ezekiel, Adex, Naomi, Pitoufa et Louis,
22:19et 7 enquêteurs, Coline, Jade, Ariane, Louise,
22:22Dégain, Nicolas et Caverneuil.
22:26Pourquoi on embauche un salarié ?
22:27Parce qu'aujourd'hui, on développe.
22:29Déjà, on a de plus en plus de boulot.
22:31J'ai un peu de mal à m'en sortir sur pas mal de trucs.
22:33Les files d'enquête, ça prend énormément de temps.
22:35Tout regrouper, contacter les policiers, c'est beaucoup de travail.
22:39D'où l'intérêt pour nous d'avoir quelqu'un.
22:41Ça nous professionnalise.
22:43Vis-à-vis de la justice, quand on voit qu'on a un salarié,
22:46c'est déjà super bien.
22:48Donc, ça va être notre petit Akella,
22:50qui va être embauché à partir du 1er novembre.
22:52Mise en place d'un statut spécial
22:54pour gérer les demandes des enfants virtuels.
22:56Comme ça, vous aurez à vous adresser d'abord,
22:59et en particulier à votre chef d'équipe.
23:01Avec toute diplomatie, on essaye de parler,
23:03parce que je vois des fois des discussions où ça part dans tous les sens,
23:06où ça s'engueule presque.
23:08Même des fois, ça s'engueule.
23:09Franchement, si j'avais été aussi peu diplomate
23:12que des fois quand je vous vois faire, l'association, elle aurait explosé.
23:15Il y a des équipes.
23:16Vous faites remonter l'info à votre chef d'équipe.
23:18Et puis après, on voit dans le staff.
23:20Moi, je suis toujours gênable.
23:22On essaye de voir, mais vous avez un chef d'équipe.
23:24La 1re chose à faire, c'est votre chef d'équipe.
23:33Hello, comme tu l'as compris, je m'appelle Akella.
23:36Je suis ta chef d'équipe.
23:38Je viens de t'ouvrir des droits d'escorte sur une enquête.
23:41Et tu pourras aussi interagir avec l'intercepteur.
23:44S'il est encore en contact avec le potentiel pédocriminel,
23:48tu pourras par exemple demander à orienter la conversation
23:51sur l'adresse ou sur l'âge s'il te manque une information.
23:55Et moi, je reste évidemment disponible
23:57si jamais tu as la moindre question.
23:59Donc là, je vais commencer ma 1re enquête qu'Akella m'a envoyée.
24:04C'est Ezequiel qui a eu une conversation avec un potentiel pédo.
24:07Donc là, par exemple, dans cette enquête, on a plus de 140 screens.
24:10Donc ça fait à peu près 1 500 messages à étudier.
24:13On a une base de données avec toutes les infractions
24:16qui sont prédéterminées.
24:18Donc c'est principalement de la corruption de mineurs,
24:21propositions sexuelles, propositions de rendez-vous,
24:24diffusion d'images pornographiques,
24:26avec toutes les infractions.
24:27Avec toutes les peines encourues pour pouvoir déterminer
24:30la gravité de certaines infractions.
24:32On va donc comparer avec les phrases que l'on trouve sur les screens
24:36les discussions entre les faux profils d'enfants
24:39et les profils de potentiels pédocriminels.
24:42Donc là, il envoie directement son sexe.
24:44C'est clairement une diffusion d'images pornographiques.
24:47Étant donné qu'il sait que l'enfant est à soi-disant 12 ans
24:50et lui est majeur,
24:52la diffusion d'images pornographiques va être caractérisée.
24:57Il demande, tu es dispo quand pour se voir chéri ?
24:59Dis-moi, je te paye le transport, donc proposition de rendez-vous.
25:02Et ensuite, t'inquiète pas bébé, je vais prendre des capotes,
25:04j'irai doucement pour te faire du bien, etc.
25:06Le fait qu'il dit qu'il va prendre des capotes,
25:08ça pourrait commencer à caractériser
25:10une proposition sexuelle spécifique à la pénétration.
25:21Mon métier m'aide au sein de l'assaut
25:24pour savoir comment les enquêteurs vont procéder
25:27aux investigations ou réquisitions
25:29pour avoir des infos sur l'auteur présumé
25:32dû ou des infractions.
25:34Je peux aiguiller les enquêteurs pour monter le dossier.
25:39Déjà, on commence toujours par le profil Facebook
25:42où parfois il y a des photos.
25:44Même s'il y en a qui utilisent leur vrai nom et leur vrai prénom,
25:47il y en a d'autres qui, bien sûr, font des faux noms.
25:50C'est là où le travail va être le plus dur.
25:53Il faut déterminer le vrai nom et le prénom juste de la personne.
25:58Il faut savoir que tout est basé sur ce qu'on appelle l'auzint.
26:02C'est le fait de récupérer des informations
26:05mises à la disposition du grand public.
26:07Effectivement, pas de dark web, pas de paiement,
26:11pas de téléchargement d'informations.
26:14J'essaie surtout de déterminer s'il a plusieurs comptes Facebook.
26:17S'il a plusieurs comptes Facebook,
26:19est-ce qu'il a des alliés en commun dans ces comptes Facebook
26:22qui sont reliés à lui et qui pourraient m'amener vers son identité réelle ?
26:31Le fait de pouvoir voir s'il est liké ou pas,
26:34ça permet déjà d'essayer de le situer.
26:36Parfois, il peut liker des restaurants où il a été.
26:38Si on en voit, par exemple, quatre en région Bretagne,
26:41ça peut déjà donner un périmètre de recherche
26:44qui est inférieur à celui du début.
26:47Ça permet de voir s'il a des passions,
26:50s'il est dans un club de voile, un club de pétanque,
26:53n'importe quelle information qui pourrait être utile pour l'enquête.
26:58Parfois, les enquêtes se débloquent sur une information anodine
27:01qui va permettre de déterminer l'identité réelle.
27:05Je peux vous citer un cas où une personne avait fait un selfie
27:08où il était torse nu, dos à la fenêtre.
27:11Qu'est-ce qu'on voit ? L'extérieur, pas grand-chose.
27:14On connaît sa ville, mais on voit qu'il y a une rambarde
27:19quelque chose en fer forgé sur sa fenêtre.
27:22C'est un peu particulier.
27:24On a la chance aujourd'hui, sur Google, d'avoir Street View.
27:28Les enquêteurs, pendant des heures et des heures,
27:31ont fait toutes les rues de cette ville
27:33jusqu'à déterminer où la photo avait été prise.
27:41C'était le seul endroit où il y avait ces rambardes en fer forgé.
27:46C'est un des exemples où les enquêteurs font un travail extraordinaire.
27:53C'est un travail fastidieux, ça demande énormément de temps
27:57et surtout, ça demande des tranches d'horaire assez grandes
28:01parce qu'il faut au minimum travailler 2 ou 3 heures
28:05pour être efficace sur un dossier,
28:07surtout quand on a énormément d'informations
28:09et qu'on a énormément de screens à étudier.
28:16C'est un des exemples où les enquêteurs
28:19font un travail extraordinaire.
28:46Salut, mec.
28:48Ça va ?
28:49Je me permettais de t'appeler.
28:51C'est quoi le dernier dossier sur lequel t'as bossé ?
28:54C'est Xavier.
28:55C'est un dossier qui est prêt à partir.
28:57L'enquête a été bien menée et on a à peu près tout sur ce garçon.
29:01Si je dis pas de bêtises,
29:03il part demain par courrier pour le dépôt de plainte.
29:06C'est un gars qui serait...
29:09C'est un gars qui serait...
29:11Il est en train de se faire un petit déjeuner.
29:13C'est un gars qui serait aux alentours d'Angoulême.
29:17Malheureusement, à Angoulême,
29:19je ne crois pas qu'on ait déjà déposé de dossier
29:21et on n'a pas de contact au niveau des forces de l'ordre.
29:24Espérons qu'on sera bien reçus et que ce sera assez rapide.
29:29Une fois qu'on arrive à un dossier assez conséquent
29:32et à un dossier qui, potentiellement, peut aller en justice,
29:36à ce moment-là, je corrige les files d'enquête,
29:39je vérifie que tout soit carré,
29:42qu'il n'y ait pas de fautes dans les infractions,
29:44que tout soit en lien avec les infractions, etc.
29:47Une fois que tout ça est fait,
29:49Akella récupère tous ces dossiers-là,
29:51plus la lettre de dépôt de plainte qu'on fait,
29:54et tout ça part au parquet.
29:56À l'issue de ça, il y a une enquête de police qui est faite.
29:59Donc soit on est informé des suites, soit on n'en est pas informé.
30:02Et potentiellement, après, quand ça va jusqu'au procès,
30:05on est convoqué en tant que partie civile
30:08pour pouvoir représenter notre victime,
30:12notre enfant virtuel, au procès.
30:14Et c'est Cédric qui s'occupe de ça.
30:22J'ai encore un paquet de dossiers à préparer.
30:24Tu vas chez ta mère, tout à l'heure ?
30:26Oui, j'y vais vers 11h.
30:28J'ai un procès à Coutances, en Normandie, où j'en ai parti civile.
30:32J'ai regardé l'autre jour le nombre de kilomètres qu'il y avait.
30:35Il faudra que je couche aussi sur place.
30:38Je t'ai dit qu'il y avait le procès à Lens.
30:40Lens, c'est un peu plus près.
30:42Saint-Quentin, il y a un gars qui doit se faire arrêter la semaine prochaine.
30:45C'est le SRPJ de Reims. Eux, ils sont vraiment bien.
30:48Tu m'avais parlé que tu devais aller à Reims.
30:51Ouais.
30:53Quand je m'investis, je m'en aperçois pas que je m'investis autant.
30:56Donc malheureusement, c'est seulement une fois que tu t'aperçois
31:00que je suis allé trop loin, que là, tu te dis,
31:04il faudrait peut-être que je lève un peu le pied.
31:06Mais je pense que la cause est tellement importante
31:09que c'est dur de s'en vouloir, de s'investir dans une telle cause.
31:12Au début, j'avais peur que tu m'enveuilles,
31:15que je ne m'investisse pas comme toi
31:17et que je ne sois pas pour cette cause et défendre cette cause.
31:21Et puis après, j'ai compris que si je le faisais autant que toi,
31:25on serait perdus tous les deux.
31:27Parce qu'entre les nuits que tu passes avec des cauchemars,
31:30que tu pleures et que c'est moi qui dois te réveiller
31:33et te prendre dans les bras pour dire,
31:35c'est bon, on est tous les deux.
31:37Mais si je le faisais en même temps que toi, c'est cauchemar.
31:41On ne serait pas sortis.
31:43C'était invivable.
31:47On a un gars qui est parti il n'y a pas très longtemps.
31:50JD, c'était son pseudo, il a arrêté.
31:52Je pense qu'il n'en pouvait plus à force.
31:54C'est compliqué.
31:56On est des fois confrontés à des choses qui sont dures.
32:00Pas nécessairement à des photos
32:02parce qu'ils n'envoient pas tout le temps des photos,
32:05mais c'est souvent les écrits.
32:07Les écrits, ça peut être dur.
32:09Au même titre que les vidéos.
32:11La vidéo par elle-même est très dure.
32:13Ce qu'il y a de plus dur, c'est le son.
32:15C'est le son.
32:17C'est ça le plus dur.
32:19Donc c'est normal qu'il y ait des gens qui craquent.
32:22C'est pas quelque chose de chouette.
32:24Le seul truc qui te fait relever la tête,
32:26c'est quand le gars est finalement arrêté.
32:29Quand les forces de l'ordre ou le magistrat t'envoient une convocation.
32:33Donc ça, c'est super chouette.
32:35Il faut rester sur le côté positif.
32:37Tout le monde peut le faire, il faut juste le vouloir.
32:40Je suis fière de ça.
32:42Que tu le fasses.
32:44Je t'en remercie.
32:46Je te l'écris souvent.
32:48C'est vrai.
32:50C'est plus facile de l'écrire que de le dire.
32:59La question qui se pose quand on entre dans ce type d'association,
33:03c'est est-ce qu'on est préparé à ce à quoi on va être exposé ?
33:09La réponse, c'est non.
33:11Parce que personne n'est préparé à ça.
33:16Les professionnels ont des formations
33:19pour pouvoir supporter de faire ce travail-là.
33:23Le suivi, il est psychologique, j'entends.
33:26Il n'est pas optionnel.
33:28C'est vraiment quelque chose...
33:30Il faut parler de ça pour pouvoir le supporter.
33:34Il y a une différence entre le faire dans le cadre d'un tribunal,
33:38dans le cadre d'une procédure avec des bornes légales.
33:42C'est différent que le faire en tant que particulier
33:46en se sentant animé d'une mission.
33:48Entrer dans cette démarche-là,
33:50ça peut être pour tout un tas de motivations
33:53que je n'ai certainement pas à juger ou même à évaluer.
33:56Mais c'est se mettre soi-même en danger.
34:15En termes d'écho personnel,
34:17j'ai découvert pendant mes recherches
34:20que ma grand-mère avait été victime d'inceste.
34:23Je ne le savais pas du tout avant de rechercher dans mes proches.
34:27D'ailleurs, ma grand-mère en est décédée de ça.
34:30Elle avait peur d'aller voir le médecin, les gynécos,
34:33qu'elle ait décédée d'un cancer.
34:35Je pense que si elle n'avait pas été victime de ça,
34:38elle aurait vécu plus longtemps, malheureusement.
34:41Mais c'est vrai que quand on cherche,
34:44on trouve forcément des victimes dans notre entourage.
34:49C'est hyper dépressif, je suis désolée.
34:54Sonnerie de téléphone
35:01Salut !
35:03Comment ça va ?
35:04Ça va et toi ?
35:06Ça va, ça va.
35:07Alors, je t'appelle pour faire un petit point avec toi
35:10sur comment ça allait en ce moment.
35:13Je sais que t'avais des soucis avec ton fake
35:15et je me demandais si, en termes de morale,
35:17ça t'avait pas trop cassé, on va dire.
35:20Bah, en vrai, j'avoue qu'un petit peu,
35:24parce que le fait de pas avoir de dossier,
35:29ça fait un peu baisser le moral,
35:31parce que je vois, par exemple,
35:33les dossiers d'autres personnes dans l'assaut
35:35qui fonctionnent bien, des comptes qui fonctionnent bien,
35:38et c'était pas le cas de mon fake.
35:40Donc je me suis remis en question aussi,
35:42je me suis demandé si c'était la manière dont je faisais les choses
35:46qui était pas bien, si mon approche était mauvaise.
35:50Et ouais, du coup, j'avoue, j'avoue que ça m'a mis un petit coup
35:55dans ma motivation, j'ai un peu été démotivé.
35:59Mais là, ça reprend avec le compte de Gadget, du coup.
36:03Rien qu'au niveau des demandes d'amis, je vois la différence, ouais.
36:14C'est un emploi qui est quand même particulier
36:17dans le sens où on voit beaucoup d'horreur.
36:23Moi, je travaille donc à temps plein,
36:25je suis vice-présidente, je suis chef d'équipe,
36:27tous les dossiers passent par moi, donc je vois tout,
36:29la pédopornographie, la pornographie, les... tout.
36:33C'est... Il faut être accroché.
36:37Après, j'ai la chance, moi, d'être bien entourée,
36:39j'ai mes proches, ma famille,
36:41qui vont aussi être là pour moi quand ça va pas.
36:45Quand tu te donnes à fond pour une cause telle que celle-ci,
36:48t'es censé savoir dans quoi tu t'embarques.
36:50Et tu sais que c'est un truc auquel tu vas penser de manière régulière.
36:55Ça reste forcément dans ta tête.
36:57Forcément, des fois, t'es là le soir dans ton lit
37:01et puis tu fermes les yeux, puis tu peux avoir des images
37:04par exemple de contenu pédoporno que t'as pu recevoir, ça arrive.
37:07Ou alors tu te dis
37:08que ce mec m'a envoyé tel message, c'est dégueulasse.
37:11Ou alors il m'a dit qu'il avait...
37:13qu'il avait couché avec une petite fille de 8 ans.
37:15Enfin, ça peut arriver, ce genre de truc.
37:17Et ça te reste en tête.
37:19Il faut vraiment que tu fasses la part des choses
37:22et qu'il faut aussi que tu te donnes le temps à toi-même de décompresser.
37:26Tu sors, tu vas avoir des amis, tu fais ce que tu veux.
37:29Mais c'est un temps qui est hyper important
37:31parce que tu te noies sinon dans tout ça.
37:33Et niveau santé mentale, je pense que ça peut être hyper nocif
37:37si, dès le début, t'apprends pas à faire la part des choses.
37:44Moi, j'ai été éduqué dans la foi catholique
37:47parce que mes parents sont catholiques, mes grands-parents aussi, etc.
37:56Quoi qu'on puisse dire sur toutes les atrocités
37:58qui ont été commises dans l'Église,
38:00c'est des atrocités qui sont contraires à ce que, normalement, il est dit
38:04et contraires aux valeurs vraiment chrétiennes.
38:06Et c'est pour ça que, moi, en tant que chrétien,
38:08c'est aussi hyper important que je sois dans cet engagement-là
38:12parce que c'est, en fait, l'essence même du catholicisme,
38:16c'est de protéger.
38:18Même si, au départ, je m'imaginais pas
38:20que c'était ça qui allait me pousser à rentrer dans cette association,
38:23mais, en fait, c'est plutôt a posteriori que, oui, je me rends compte
38:27que c'est des valeurs qui sont vraiment proches de la chrétienté.
38:31Je sais que c'est un combat qui est louable et, voilà, j'y vais.
38:37Au départ, ce genre d'association-là,
38:40c'est pas super bien vu dans le sens où certains nous ont reproché
38:44de voler le travail de la police.
38:46On précise bien qu'on ne vole pas le travail de la police,
38:49on est là pour les aider, on n'est pas des shérifs,
38:52on va pas aller arrêter nous-mêmes nos interlocuteurs,
38:55on va juste faire des dépôts de plaintes
38:57et, après, c'est entre les mains de la police
38:59ou de la gendarmerie et de la justice.
39:09...
39:29Ca, ça a été vraiment super rapide.
39:31J'appelle d'abord la police de La Rochelle,
39:33qui me dit que ça sera avec la gendarmerie,
39:35mais qui me donne le numéro de téléphone du proc.
39:37Il était OK pour travailler avec nous.
39:38Les gendarmes, ils sont mis devant, des gendarmes de l'île de Ré.
39:41Là, ils le font descendre du véhicule.
39:43Il avait d'abord dit aux gendarmes,
39:45ne restez pas garés devant moi, je vais pas rester longtemps.
39:48Ils descendent la voiture, les gendarmes lui demandent
39:51qu'est-ce qu'il est venu faire là et il avoue immédiatement,
39:54je suis venu chercher une enfant.
39:56Donc, il est venu chercher un de nos enfants virtuels
39:59d'une douzaine d'années et ce monsieur doit avoir à peu près 64 ans.
40:03Il est déjà récidiviste sur des faits de pédocriminalité.
40:06Musique sombre
40:09...
40:25Oui, allô ?
40:26Salut, Akela.
40:28Je suis en train d'arriver à l'instant au tribunal de Coutances
40:32pour notre gars qui était jugé aujourd'hui.
40:36J'ai vu la greffière et manifestement,
40:39il a d'autres chefs d'inculpation, on n'était pas au courant de tout.
40:42Donc, voilà, dans un quart d'heure, il faut que j'y sois.
40:45J'ai rempli la partie civile, tout est bon.
40:48Dès que c'est fini, je t'appelle et je te donne le résultat
40:51et je ferai un petit résumé pour tous les membres.
40:54Musique sombre
40:55Le procès est capital pour nous dans la mesure où c'est lui
40:59qui va déterminer si tout le travail qu'on a fait
41:02a été validé par la justice ou pas.
41:04C'est-à-dire que si, à l'issue d'un procès, on a une condamnation,
41:07on sait qu'on a fait notre boulot et qu'on l'a bien fait.
41:10Musique sombre
41:16Environ 85 % des enfants qui ont été abusés, agressés, violés
41:21l'ont été dans le 1er cercle, le 1er cercle familial.
41:25Si on rajoute 10 points à tout ça, donc on arrive à 95 %,
41:29ça serait le 2e cercle.
41:31On est toujours dans quelqu'un qui connaît l'enfant.
41:32Musique sombre
41:42Donc il reste ces 5 % qui, eux, vont agresser sexuellement
41:46des enfants qu'ils ne connaissent pas, qu'ils recherchent sur Internet
41:49et ils vont tomber un peu aux pipes sur eux.
41:51Et c'est les gens sur lesquels on travaille.
41:53Et quand on s'aperçoit du nombre de gens qui nous contactent,
41:57du nombre de dossiers qu'on arrive à monter,
41:59on s'est dit que c'est ahurissant, puisqu'on ne représente que 5 %.
42:05Musique sombre
42:11Il y a aussi une réalité judiciaire,
42:13c'est que si l'intégralité de ces plaintes devait amener à des procès,
42:19notre système explose.
42:21Nous n'avons pas les moyens humains,
42:23nous n'avons pas les moyens matériels d'organisation d'audience.
42:27La justice doit faire du chiffre.
42:28Et pour faire du chiffre, il faut des réponses rapides.
42:32C'est le cas du stupéfiant,
42:33c'est le cas de toutes les autres attentes faites aux personnes,
42:37vol, violence, et les attentes au bien.
42:41Les peines, elles existent.
42:43Les condamnations, elles existent.
42:46Elles existent tous les jours, elles existent toutes les semaines.
42:49Et on ne peut pas dire qu'aujourd'hui, il n'y a pas de réponse pénale
42:55parce que c'est tout simplement faux.
42:57En un an, ma section des mineurs du Parc et de Paris
43:01ouvre approximativement 200 informations judiciaires.
43:07Évidemment qu'on souhaiterait que ce soit plus.
43:09Évidemment qu'on souhaiterait pouvoir traiter en quasi-temps réel
43:13l'intégralité des signalements qu'on reçoit.
43:15Et évidemment, on se limite à une question de moyens
43:19face à une masse qui est extrêmement importante.
43:23Dans 5 ou 10 ans, l'association, je pense, fera encore partie de ma vie
43:26et sera encore une des causes pour lesquelles je m'engagerai.
43:32Je ne sais pas dans quel état sera l'association,
43:34mais j'espère en tout cas qu'elle sera encore plus importante aujourd'hui
43:37et qu'elle aura un peu moins de travail.
43:41Bonsoir à tous, je repars à l'instant du tribunal de Coutances.
43:44C'est une affaire relativement compliquée puisque ce monsieur,
43:47en plus d'essayer d'avoir des rapports sexuels avec des femmes,
43:50en plus d'essayer d'avoir des rapports sexuels avec des enfants,
43:53prostituait également son épouse, et tout cela en récidive.
43:57Il a donc été condamné aujourd'hui à un an de prison avec sursis,
44:013 ans de subi socio-judiciaire,
44:04des indemnités pour préjudice moral pour l'association.
44:07Il est désormais au figesse, le fichier des infractions judiciaires.
44:12Il a une interdiction de rentrer en contact avec des mineurs
44:16et bien d'autres petites choses.
44:19Voilà.
44:20Merci à tous de votre implication et à très bientôt pour la suite.
44:26En fait, quand j'ai décidé de faire des recherches
44:29pour trouver une asso qui pourrait me correspondre
44:32et qui faisait ce que je cherchais à faire,
44:35c'est-à-dire attraper, même si le terme est un peu douteux,
44:40des pédophiles,
44:42c'était quand j'étais dans une phase hyper basse de ma vie,
44:48on va dire à niveau santé mentale, c'était pas fou.
44:51Et je cherchais une façon d'occulter un peu la souffrance
44:57et de trouver une utilité à ma vie juste
45:01et de me servir de mes traumas comme d'une force.
45:06Et c'est la meilleure façon que j'ai trouvée.
45:10Je pense que, pour le moment,
45:13j'ai pas encore accompli assez de choses
45:16pour être vraiment fier de moi.
45:19Mais j'estime que, dans l'asso,
45:23on fait un travail qui est super important.
45:26Donc je pense que...
45:28Non, je vais pas partir maintenant.
45:30J'ai encore des choses à faire.
45:32J'ai encore trop de choses à apporter, je pense.
45:36Pas que je sois pas remplaçable ou quoi que ce soit,
45:39mais je pense que j'ai de l'énergie à revendre
45:43et j'ai des pédos à faire tomber.
45:46Donc je vais rester encore.
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