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Mars 2022. Trois cents militaires français débarquent en Estonie. Le contingent hexagonal vient renforcer le dispositif de défense des pays baltes aux côtés d'autres bataillons placés sous la bannière de l'Alliance atlantique. Si la mer Baltique offre un débouché maritime à huit pays de l'Union européenne, ses côtes baignent aussi Kaliningrad, un territoire exclavé offert à l'URSS en 1945 et fortement militarisé. Depuis le déclenchement de l'"opération spéciale" lancée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine en Ukraine, la tension est montée d'un cran dans les États voisins de la Russie. Déjà inquiets des menées impérialistes de Moscou depuis l'annexion illégale de la Crimée en 2014 et la guerre du Donbass, les trois petits États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) sont en état d'alerte. Il en est de même pour la Suède, qui a déployé des troupes sur l'île de Gotland, et pour la Finlande, qui partage avec la Fédération de Russie quelque 1 300 kilomètres de frontière. Remisant leur quasi-neutralité historique, ces dernières ont demandé en mai dernier leur intégration au sein des forces de l'Otan.
Réactivant des traumatismes anciens, de la grande guerre du Nord (1700-1721) à la guerre froide en passant par la guerre d'hiver (1940-1941), le conflit russo-ukrainien bouscule de nouveau les équilibres dans la région baltique. Oublié le projet de reconstituer avec la Russie la ligue hanséatique médiévale, cette association des villes marchandes des côtes de la Baltique qui apporta trois siècles durant la prospérité au nord de l'Europe. Terminé aussi pour l'UE l'afflux d'une énergie bon marché grâce aux gazoducs Nord Stream 1 et 2 : les robinets sont coupés. L'heure est aux manoeuvres militaires conjointes, à la réactivation des ligues de défense territoriale, au renforcement de la surveillance aérienne et maritime et à la montée en puissance des outils de cyberdéfense. Mais, dans un proche avenir, l'adhésion à l'Otan de la Suède et de la Finlande mettra-t-elle le feu aux poudres ? Les trois pays baltes pourront-ils conserver leur souveraineté ? La défense des populations russophones d'Europe servira-t-elle d'argument au Kremlin pour une nouvelle intervention ? Autant de questions critiques abordées par les différents intervenants (analystes, diplomates, militaires, hauts fonctionnaires, anciens chefs d'État ...) réunis par Frédéric Compain et Benoît Laborde dans cet état des lieux.

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00:19c'est gate
00:23je passe
00:30La Baltique, perçue d'abord comme une petite mer froide, peu profonde et longtemps laissée
00:44aux pêcheurs et aux marchands d'ambres.
00:46Pourtant, dès le Moyen-Âge, elle est l'un des pôles économiques majeurs en Europe,
00:54jusqu'à devenir aujourd'hui l'un des points chauds de la géopolitique mondiale.
00:59Huit pays européens sont les riverains de la mer Baltique.
01:03Allemagne, Danemark, Suède, Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et puis il y a aussi
01:15la Russie et son morceau de territoire flanqué au cœur de l'Europe, Kaliningrad.
01:28Derrière ces lieux apparemment si paisibles et ces villes opulentes se niche une longue
01:36et singulière histoire, tour à tour écrite par les vikings et les chevaliers teutoniques,
01:42par la réunion des marchands de la Baltique, la Hanse, et puis par tous ces hommes en armes,
01:49guerre locale et annexion, tsars et gueux, Staline et nazis, extermination et frontières
01:55sans cesse redessinées, rideaux de fer et autant, et là-haut, la Russie qui ne rassure personne.
02:05Avec la fin de l'URSS, les Russes en mer Baltique ont perdu de leur puissance.
02:13Adieu Pologne, pays balte, Allemagne de l'Est, adieu pays communiste.
02:18Violente réorganisation, certains diront d'épeu sage, vécue par la nouvelle Russie comme une humiliation.
02:32Et aujourd'hui, on peut s'inquiéter.
02:34Estonie, mars 2022. Trois semaines après l'invasion russe en Ukraine, 300 soldats
02:53français viennent ce jour-là renforcer la défense des pays baltes aux côtés d'autres bataillons
02:58européens. Ils sont réunis sous une bannière commune, celle de l'OTAN, la bête noire de la Russie voisine.
03:06Ordre du jour numéro 6. Dans le contexte actuel de la grande tension sécuritaire suite à l'invasion
03:16russe en Ukraine, notre chef des armées, le président de la République française, a déclaré
03:23que la France continuera à jouer pleinement son rôle de réassurance des alliés de l'OTAN en
03:30envoyant en Estonie un nouveau contingent au sein de la présence avancée, renforcée pour assurer
03:36une présence dissuasive et être en mesure de participer à la défense du pays. Fermez le banc, repos.
03:44Guerre mondiale ou pas, l'onde de choc de l'invasion russe est considérable sur le
03:59pourtour baltique. L'Estonie et ses deux voisins baltes sont-ils les suivants sur la liste du
04:08Kremlin ? Nous sommes ici dans un dispositif qui est totalement dissuasif, préventif et non agressif.
04:17Il s'agit de rassurer nos camarades estoniens, de leur dire qu'on est avec eux et qu'on participe à
04:24leur défense. Les forces de l'OTAN sont présentes depuis 2017 dans les trois pays baltes que sont
04:31l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ainsi qu'en Pologne. Depuis la guerre en Ukraine, cette présence
04:39s'est renforcée. Aujourd'hui nous sommes passés d'une posture dissuasive à une posture défensive.
04:45De plus en plus de contingents militaires arrivent ici. Ce que les soldats de la présence avancée
04:50renforcée ont fait, c'est de former nos alliés à la défense territoriale dans les pays baltes.
05:02Kersti Kaljuled fait partie de cette nouvelle génération de femmes présidentes ou premières
05:09ministres dans un pays de la mer baltique. En Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Finlande,
05:16au Danemark, en Suède, en Norvège. Le jour où les drapeaux des alliés ont été hissés sur la base
05:24militaire de Tapa, je me suis alignée avec les soldats d'autres pays qui venaient d'arriver.
05:28Les pays de la présence avancée renforcée de l'OTAN comprenaient des Britanniques, des Français,
05:34des Danois et des Islandais qui contribuaient également. Et j'ai bien compris que Moscou
05:40avait vu ces images et n'aimait pas ça du tout. Quand je dis qu'évidemment nous n'avons aucune
05:48inquiétude et que l'OTAN nous protégera en toutes circonstances, je le crois. Mais d'un
05:52autre côté, l'OTAN doit toujours s'adapter. L'OTAN, l'OTAN. Ce traité de l'Atlantique Nord a
05:59été signé aux États-Unis en 1949. Il fallait se prémunir de toute attaque de l'Union soviétique
06:05contre un pays membre de l'Europe occidentale. Le pacte de Varsovie sera la réponse communiste.
06:11Le pacte de Varsovie, l'équivalent à l'est de l'OTAN à l'ouest, a été renouvelé aujourd'hui
06:16pour 20 ans. La signature a eu lieu à Varsovie où s'était déplacé le nouveau numéro 1 soviétique
06:22monsieur Gorbatchev qui effectuait là son premier voyage officiel à l'extérieur de l'URSS.
06:29Deux blocs et un rideau de fer. Pourtant, à cette époque, la Baltique communiste n'est pas qu'un lieu
06:36d'affrontement. Durant mon enfance, la mer Baltique était essentiellement pour moi le lieu des
06:42vacances d'été. On associe rarement ces images de vacances heureuses avec le joug communiste.
06:52Mais je me souviens que cette mer baltique ne reliait pas vraiment les gens de l'autre côté de
07:03la mer baltique mais qu'elle divisait. C'était une mer frontière. C'était la mer de la
07:09confrontation. De la confrontation, de la guerre froide. Je me souviens encore que les plages
07:17polonaises étaient surveillés par l'armée la nuit pour voir si quelqu'un n'essayait pas de
07:22s'échapper ou d'entrer par la mer sans se faire remarquer. Ils espéraient voir des traces sur le
07:30sable. Le long des rives de la Baltique, aujourd'hui, d'anciens bunkers rappellent la militarisation
07:40séculaire. J'ai eu 18 ans en 1989. C'était exactement au moment de la fin du communisme
07:52en Pologne, de la fin du mur de Berlin. Tout était en train de changer.
07:56Je me souviens de la chaîne humaine, la voie balte de 1989. C'était une manifestation
08:08commune aux trois pays baltes pour montrer que nous existions et que nous pouvions maintenant
08:13nous tenir ensemble côte à côte. Bien sûr, cela n'a pas plu ni aux communistes ni à Moscou,
08:19mais ils ne pouvaient plus y faire grand-chose. L'Union soviétique était si faible. Je pense
08:27que c'était un message puissant envoyé au reste du monde que quelque chose était en train de changer.
08:32Et j'en étais partie prenante. J'étais à la frontière entre l'Estonie et la Lettonie.
08:37Je me souviens d'une chorale estonienne traversant la frontière lettone à pied en chantant des
08:45chansons interdites à l'époque soviétique. Nous n'avions plus peur de rien. Je pense toujours
08:51que la vie des Estoniens, de ceux de ma génération, a radicalement changé. Nous étions libres,
08:58nous pouvions tout dire, faire ce que nous voulions, sortir de ce pays et y revenir.
09:02C'était sans précédent. La liberté a un prix et dès leur indépendance en 1991,
09:13les pays baltes redoutent leurs grands voisins russes. Ils ont fait le choix de se rallier
09:19tous azimuts au monde occidental, qui évidemment s'en réjouit. Le pacte de Varsovie a disparu avec
09:28la chute du mur. Par contre, l'OTAN n'est pas dissoute, loin de là. Elle dispose aujourd'hui
09:35de l'adhésion de 30 pays, dont 21 de l'Union Européenne, et bientôt de la Suède et de la
09:41Finlande, ce qui constitue une véritable révolution pour ces deux pays, jusque-là
09:46résolument neutre ou semi-neutre, et une insupportable provocation pour la Russie.
09:51Le cap que nous nous sommes fixés a été de nous assurer que nous ne serions pas seuls,
10:02de rejoindre tous les clubs et organisations occidentales possibles, culminant avec notre
10:09adhésion à l'Union Européenne et à l'OTAN en 2004. Et depuis 2004, nous essayons de faire en
10:24sorte que, même si nous sommes à la périphérie d'un point de vue géographique de l'Union
10:29Européenne, en ce qui concerne les processus de prise de décision, nous devons et nous
10:34voulons être présents au cœur même et au centre de l'Europe. Il y a un dicton qui dit que si vous
10:41n'êtes pas à la table, vous êtes au menu. La peur d'être mangé tout cru et le volontarisme
10:50affiché par les Pays Baltes leur ont donné une assise au cœur de la puissance européenne et face
10:56aux redoutés voisins russes. Concrètement, ce que ça signifie, c'est que nous avons fait en sorte
11:08de nous assurer que la partie d'en face, la Fédération de Russie, sache que l'OTAN est basée
11:16en Estonie, prête à se battre dès le premier jour et qu'il n'y a pas de place pour les erreurs
11:25d'appréciation dans les têtes et en particulier dans celles qui dirigent actuellement le Kremlin.
11:40Abondance d'images pour l'édification des opinions publiques des deux bords.
11:44Les Européens ne sont pas les seuls à la manœuvre. La Russie multiplie les exercices
11:52grandeur nature. Ça se passe à Kaliningrad, enclave russe nichée entre la Pologne et la
12:01Lituanie, en mer Baltique, au cœur de la Nouvelle Europe.
12:22Kaliningrad. Ce territoire allemand fut offert aux Russes en guise de prise de guerre en 1946. Les
12:50Allemands à l'époque eurent quelques heures pour plier bagages manu militari. Aujourd'hui Kaliningrad
12:55compte près d'un million d'habitants, russes, en grande partie ravitaillés par Moscou grâce à
13:03une ligne ferroviaire traversant la Lituanie et la Biélorussie. Kaliningrad reste l'un des
13:09derniers grands ports russes de la Baltique et surtout une base avancée au cœur du monde
13:14occidental. La Russie ne se prive pas de cet atout. Alors ici, sur la plupart des plages,
13:20les vacanciers ne sont pas les bienvenus. Depuis 2015, les missiles balistiques russes prolifèrent
13:32au gré des simulations de raids nucléaires. La baignade est fortement déconseillée. D'autant
13:41que la Baltique est l'une des mers les plus polluées du monde. Jetées dans l'eau après la
13:46seconde guerre mondiale, armes chimiques, bombes en tout genre et épaves de bateaux de guerre. Sans
13:53compter produits chimiques et déchets industriels déversés quotidiennement. Nous trouvons dans la
14:01mer Baltique de nombreux vestiges de guerres passées. C'est pourquoi le déminage est pour
14:06nous une priorité. Il s'agit avant tout de munitions qui n'ont pas explosé pendant la guerre.
14:12Et c'est justement ces vieilles munitions qu'il faut évacuer. Nous l'avons également mentionné
14:18dans l'accord de coalition et je suis très optimiste, nous parviendrons à faire des
14:22progrès dans ce domaine au cours des prochaines années. Il n'est pas dit que ces ambitions
14:28écologiques soient la première préoccupation de la Russie de Kaliningrad. Bien trop accaparée
14:35par la supposée menace des armées de l'OTAN.
14:47La Russie a en quelque sorte justifié le renforcement de son dispositif militaire à
14:54Kaliningrad par la présence des forces de l'OTAN qui sont amassées dans les trois pays baltes et
15:01en Pologne. Je pense que cela fait partie de la propagande russe de dire que la menace
15:10occidentale envers la région de Kaliningrad est réelle et que la Russie et Moscou doivent y répondre.
15:17Depuis la chute du mur et la faillite du communisme, l'Occident semblait avoir
15:32triomphé de l'impérialisme russe et quasiment figé les frontières dans le marbre.
15:36Certains évoquaient la fin de l'histoire mais en fait pas du tout.
15:47La guerre froide était terminée. Les Etats-Unis et les pays occidentaux détenaient la supériorité
15:55technologique militaire. Ces raisons et de nombreuses autres ont amené les pays européens
16:01à penser qu'il n'y avait tout simplement pas de menace d'une guerre majeure. En conséquence de
16:07nombreux pays européens, en réalité la majorité de ces pays, ont supprimé le service militaire,
16:12sont passés à une armée professionnelle de quelques dizaines de milliers d'hommes et ont
16:17supprimé les infrastructures qui servaient à construire une armée de guerre conventionnelle
16:21à grande échelle. Je propose donc que le service national que nous connaissons aujourd'hui soit
16:30supprimé dès le 1er janvier 1997. Dans ces années-là, effacer le service militaire en Belgique,
16:40en Espagne, en Slovénie, en Italie, en Pologne, en Suède, en Allemagne, à la place...
16:45Une armée de métiers. C'est en 1992, à cette époque de confiance réciproque,
17:00qu'est créé le Conseil des Etats de la mer Baltique, aujourd'hui présidé par l'Allemagne,
17:05pour promouvoir l'identité de la région et stimuler les échanges commerciaux.
17:09Dès sa création, la Russie y a toute sa place, et ce, jusqu'à son retrait en mai 2022.
17:20Il y a alors comme un rêve de reconstituer ce que fut la Hanse au Moyen-Âge,
17:23cette association des villes marchandes qui a entretenu durant trois siècles la
17:28prospérité et l'équilibre de la région toute entière, jusqu'à Novgorod, au cœur de la Russie.
17:34En effet, la situation il y a 30 ans dans la région de la mer Baltique était très différente.
17:42Nous étions justement dans la période qui suivait la fin de la guerre froide,
17:45la chute du rideau de fer, et c'est pour cela que le Conseil des Etats de la mer Baltique a été
17:50créé, pour répandre la démocratie, la paix, la stabilité, les droits de l'homme dans la région
17:55de la mer Baltique. C'est aussi en 1997 qu'on commerce sans hésitation avec la Russie. Ce
18:04nouveau partenaire si fiable. Sous l'impulsion du chancelier Gerhard Schröder et de Vladimir
18:09Poutine, est conçu un très ambitieux projet énergétique, Nord Stream, dont les travaux
18:15démarreront en 2005, et grâce auquel la Russie livrera son gaz à l'Allemagne et à toute une
18:21partie de l'Europe. Ce gazoduc de 1200 kilomètres va parcourir les profondeurs de la mer Baltique.
18:29Il sera inauguré en 2012 sans que personne ne s'interroge sur la nouvelle dépendance européenne
18:36au gaz russe. Parce que la sécurité énergétique est un des fondements de nos économies, l'Europe
18:45doit diversifier ses sources et ses voies d'approvisionnement. La création de ce nouveau
18:52gazoduc répond à cet impératif. Durant toutes ces années, la France et l'Europe tout entière ne
18:58craignent plus la Russie. Ce qui n'est pas du goût de Vajravaike Freiberga, présidente de la
19:04Lettonie entre 1999 et 2007. Je me rappelle les conversations avec monsieur Chirac et je lui
19:11disais monsieur le président vous avez une vision bien romantique de la Russie et il l'a reconnu
19:17franchement il avait une vision romantique de la Russie et ce qui l'attirait c'est qu'il partageait
19:24avec la Russie l'idée de grandeur et de culture et monsieur Poutine évidemment avait joué de cette
19:36corde sensible quasiment chaque fois qu'il avait rencontré Poutine il était plus sympathisant
19:45envers la Russie que jamais. Les pays de la Baltique tirent le signal d'alarme et ne sont
19:57guère écoutés. Ils vivent à proximité des russes et ont en général un certain discernement. J'avais
20:03eu une rencontre avec monsieur Poutine sur territoire neutre alors littéralement sur le
20:09territoire de l'Autriche où il était allé avec sa famille faire du ski et aussi acheter trois
20:14avions de chasse à l'Autriche au gouvernement autrichien et déjà dès cette première rencontre
20:25il avait indiqué comme quoi il considérait que c'était une grande tragédie qu'il y ait une
20:30frontière entre nos deux pays et je lui ai répondu que la si vous voulez la fin de l'union soviétique
20:39c'était pour lui une catastrophe mais pour moi le jour le plus heureux de ma vie et pour
20:45beaucoup de mes compatriotes pareillement. La situation va se dégrader sans que grand monde
20:54voit le coup venir. Après cet enthousiasme initial des années 1990 où nous nous sommes
21:03vraiment concentrés sur la collaboration le fait de tisser des liens et de nous réunir à partir
21:09des années 2000 la mer baltique est redevenue un lieu de tensions géopolitiques. C'était le lieu
21:18où la Russie rencontrait l'union européenne et l'OTAN et c'était la source des tensions
21:23géopolitiques. Les dirigeants russes ont clairement fait savoir qu'ils n'étaient pas satisfaits de la
21:32dissolution de l'union soviétique et ont commencé à remettre en question les frontières qui avaient
21:38été convenues. A quand remonte la douche froide ? Cela a vraiment commencé en 2014 après l'annexion
21:52illégale et l'occupation de la Crimée par la fédération de Russie et au début de la guerre
21:58dans le Donbass. Et comme vous le savez cela dure depuis huit ans. Je remonterai personnellement
22:10plus loin dans le temps. J'étais au siège de l'OTAN en 2008 lorsque la guerre entre la Russie et la
22:16Géorgie a commencé. Bien sûr il y a eu des discussions pour savoir qui avait provoqué qui
22:22mais vous avez certainement déjà pu constater le niveau d'agressivité russe envers ses voisins.
22:28C'est une image qu'on croirait sortie d'un autre temps. Celle de ces fermiers géorgiens apeurés
22:34fuyant en calèche l'avancée des chars russes. Ouais on va prendre tout prendre, la Russie
22:43gagne toujours. Aidez-nous crie cette femme, qu'avons-nous fait de mal pour mériter ça ? Après
22:502008 et 2014, la réaction de l'Union Européenne aux agressions russes a été trop faible. Y compris
23:01en ce qui concerne leurs liens énergétiques. Essayez d'imaginer un instant, si les sanctions
23:11actuelles avaient été appliquées alors que la Russie occupait partiellement la Géorgie et montrait
23:18pour la première fois qu'elle remettait en cause le droit international. Et nous connaissons le
23:24résultat bien sûr, l'agresseur voit que l'agression paie, il n'y a pas de conséquences réelles et
23:30cela amène les russes à penser on va retenter. L'annexion illégale de la Crimée a certainement
23:45été un signal d'alarme pour mon pays, comme pour la plupart des autres pays européens et pour
23:50l'Alliance dans son ensemble. La Suède a pris une nouvelle décision majeure en doublant son budget
23:56de défense par inquiétude de ce que nous avions vu se produire en Crimée et aussi avec une attention
24:03renouvelée pour la défense territoriale. En 2015 par exemple, la Suède a décidé que nous devions
24:11maintenant développer deux nouveaux sous-marins afin de patrouiller la frontière orientale et la
24:16mer baltique. En Suède, le service militaire avait été supprimé en 2010 mais il est rétabli
24:33sept ans plus tard. L'île suédoise de Gotland devient un vaste théâtre d'opérations.
24:39Provocateurs et menaçants, les russes violent régulièrement son espace aérien.
24:46L'état suédois, en réponse, multiplie les démonstrations de force.
25:03Gotland a toujours eu un emplacement stratégique au niveau de la mer baltique. Si on contrôle
25:16Gotland, on peut influencer à bien des égards à la fois le trafic maritime et dans une certaine
25:22mesure le trafic aérien qui a lieu dans la mer baltique. L'île de Gotland est à la portée
25:29des missiles russes qui se trouvent à Kaliningrad et de même, depuis Gotland,
25:33des armes de longue portée peuvent atteindre Kaliningrad. Ici à Gotland, nous avons pensé
25:40que c'était une erreur que Gotland soit démilitarisé au début des années 2000. Mais
25:46la confiance était très forte. On pensait que la Russie voulait vraiment emprunter une voie
25:51démocratique. Et pourtant on avait une attitude très négative face aux retraits militaires de
25:56Gotland. Les habitants de l'île saluent maintenant la décision d'avoir à nouveau l'armée sur notre
26:02territoire. La société civile a besoin de nous pour la défendre, mais nous dépendons aussi du
26:12soutien de la société civile en cas de crise ou de guerre. Depuis l'invasion de l'Ukraine,
26:19le phénomène a pris une ampleur saisissante. Que ce soit en Suède, en Norvège ou en Finlande,
26:25partout des ligues de défense territoriale se sont formées et des volontaires ont répondu à
26:30l'appel. L'armée peut compter sur une foule de citoyens prêts à se battre dès maintenant.
26:35Je m'appelle Christoph Wintgren, j'ai 56 ans et je travaille comme professeur dans un lycée à Gotland.
26:43Je m'appelle Julia, j'ai 22 ans. Depuis l'invasion de l'Ukraine notamment, j'ai senti que je ne voulais
26:57pas rester les bras croisés à ne rien faire. C'est le sens du devoir.
27:07Johann Karlsson, je suis commandant et je suis chef du bataillon de la réserve à Gotland.
27:16Ici à Gotland, on compte 350 soldats. Nous avons trois compagnies. Notre tâche est de
27:25monter la garde et de protéger les endroits clés. Cela peut être des bâtiments et d'autres choses,
27:30civils comme militaires. Une autre mission consiste à surveiller et à contrôler tout ce
27:37qui se passe sur l'île et signaler des choses inhabituelles, comme par exemple des
27:43plaques d'immatriculation de véhicules qui ne circulent pas en général sur l'île.
27:46Nous savons en gros où se trouvent chaque arbre et chaque maison. Nous sommes stationnés sur l'île
28:01et nous connaissons ces résidents. Il y a toujours eu une petite peur du russe sur Gotland.
28:08La peur des russes en Suède a même droit à une place dans le dictionnaire. On l'appelle très
28:21officiellement la Ryskak. On voit ressurgir, venant de loin, de très loin, une vieille aversion envers
28:30la Russie et son expansionnisme. Dans les mémoires collectives et nourrissant l'angoisse, la grande
28:36guerre du nord. Un conflit en 1700 et pendant 20 ans qui, pour aller vite, opposa la Russie de
28:44Pierre le Grand à la Suède et qui affirma la Russie victorieuse comme principale puissance
28:48en mer baltique et acteur déterminant dans les affaires européennes. Autre traumatisme, la guerre
28:59d'hiver qui vit en 1939 les hommes de Staline envahir la Finlande. Pour les finlandais, ce que
29:09vivent aujourd'hui les ukrainiens évoque immanquablement ce qu'ont vécu leurs grands
29:12parents au cours de cette guerre emblématique. La résistance acharnée des finlandais frappe les
29:21esprits. Ils luttent à un contre quatre face à l'armée rouge. Disproportions héroïques et victoire
29:27de la Finlande. Un désastre colossal pour l'armée rouge après une centaine de jours de combat.
29:38Malgré sa victoire, la petite Finlande sait à quoi s'en tenir face à son puissant, très puissant
29:44voisin. Et on invente pour décrire son positionnement prudent le terme de finlandisation. Le pays
29:51déclare sa neutralité. Est-ce vraiment pour la Finlande une victoire si nette que cela ? Sa
29:58longue frontière avec la Russie la contraint alors à ne jamais défier la puissance de son
30:02voisin. Mais en échange, la Finlande gardera sa souveraineté tout en conservant actif son armée,
30:09on ne sait jamais. Après son adhésion à l'OTAN, les cartes sont redistribuées aux grandes dames
30:15de la Russie. Nous avons 1300 kilomètres de frontière commune avec la Russie, ce qui signifie
30:24qu'il y a de nombreux sujets d'ordre pratique dont nous discutons sur une base régulière. Les
30:30circulations de personnes, de biens, l'environnement et d'autres choses encore, que nous évoquons bien
30:36sûr constamment avec la Russie. Et cette coopération s'est bien déroulée depuis la fin de la guerre
30:42froide. Et en fait, même pendant la guerre froide. Il convient toutefois de noter que la
30:52Finlande n'a pas réduit son budget de défense depuis la fin de la guerre froide. Nous n'avons
30:57pas non plus abandonné le service militaire obligatoire. Et donc, nous avons toujours notre
31:02propre système d'autodéfense solide et crédible. Et il ne s'agit pas tant de disposer d'un équipement
31:12technique, même si nous sommes en train de renouveler notre flotte de chasseurs à grands
31:16frais, que d'avoir la capacité de mobiliser une réserve entraînée de 280 000 soldats. Ce qu'aucun
31:26pays européen, même plus grand, n'est en mesure de faire. Que ce soit en Finlande ou dans les
31:35pays baltes, les frontières sont bien gardées. Mais, comment dire, elles sont un peu poreuses et
31:44ne reflètent pas toujours l'origine des populations locales. Des millions de Russes implantés dans
31:49ces territoires au temps du communisme y sont restés. Anciennement ville russe, Narva a été
32:02coupée en deux. Et une ligne bien marquée sépare dorénavant la Russie de l'Estonie.
32:08Narva est une ville particulière, un lieu spécial à la frontière de deux mondes. L'Europe commence
32:19à Narva. C'est la porte d'entrée de l'Europe et une ville où l'on parle russe. Narva est la ville
32:25la plus russophone de l'Union Européenne. Parlant estonien, je fais partie d'une petite minorité,
32:3296% des habitants sont russophones. Il faut bien comprendre que moins de la moitié des habitants
32:41sont des citoyens estoniens et qu'un habitant sur trois est un citoyen de la fédération de Russie.
32:47C'est ce qui rend la ville si difficile à appréhender politiquement.
33:03Dans tous les Pays Baltes, la même problématique d'intégration des russophones hante la société.
33:11Ils vivent en général dans les quartiers les moins privilégiés.
33:22Cela a certainement été la volonté et le souhait de la Russie de garder des populations
33:29russophones dans toute l'Europe, pas seulement dans les Pays Baltes. L'Allemagne, par exemple,
33:37compte deux millions de russophones. La Russie est parvenue à garder les personnes âgées dans
33:41sa sphère d'influence médiatique, mais pas les plus jeunes. Ceux qui sont venus ici pendant
33:47l'ère soviétique ne savaient pas du tout qu'ils venaient dans un autre pays. Et certains ont encore
33:53une très bonne opinion de Poutine, mais c'est une petite minorité. La jeune génération ne le pense
33:59certainement pas. La plus grande erreur que nous pourrions commettre en ce moment est de suspecter
34:03que tous les russophones soutiennent le régime de Poutine. Ce serait très dommageable aux relations
34:08entre les gens ici, en Estonie. Nous ne ferons certainement pas cette erreur.
34:14A Riga, capitale de la Lettonie, on peut se rendre en train jusqu'à Moscou, compter une nuit de voyage.
34:22Aujourd'hui, les russophones sont ici environ 450 000 pour plus d'un million d'habitants lettons.
34:28Les confrontations sont monnaie courante. Dans une école communale de Riga, une institutrice milite pour l'apaisement.
34:39Mes élèves ont participé à un concours et l'ont remporté. Ils ont représenté l'intégration comme une salade de fruits,
34:48avec des pommes, des ananas, des kiwis, de tout. Plusieurs composants différents qui s'intègrent dans une salade,
34:56chacun ayant sa propre saveur. Ensemble, nous nous intégrons tous et créons une nouvelle société, notre société lettonne.
35:05Il y a des Russes qui disent à voix haute que le régime de Poutine est totalement injuste et inacceptable.
35:11Et il y a ceux qui aimeraient se prononcer mais qui ont peur que ça se retourne contre eux et aussi contre les Russes qui sont ici,
35:19étant donné l'attitude générale envers les Russes.
35:25En Finlande, c'est 100 000 russophones qui sont installés depuis des générations.
35:34De la capitale Helsinki, on peut aller à Saint-Pétersbourg en bateau, compter 14 heures.
35:42La grande majorité des Russes vivant en Finlande sont des Russes de la classe moyenne qui ont déménagé ici pour une raison ou une autre.
35:50Ils sont peut-être tombés amoureux d'un ou d'une Finlandaise, se sont mariés ou sont venus pour travailler.
35:56Nous avons toujours eu des Russes. Nous sommes proches de la Russie. Nous partageons une frontière de 1300 kilomètres.
36:02Bien sûr, il y aura toujours des Russes qui s'installeront ici. La plupart des Russes vivent une vie parfaitement normale en Finlande.
36:12C'est triste de constater que le racisme à l'égard des Russes et des russophones s'est déjà accru en Finlande.
36:31Les tensions avec les russophones sont fréquentes. Ce qui se joue à Tallinn, en Estonie, est éloquent.
36:39Cette statue de bronze à la mémoire des soldats soviétiques tombés durant la Seconde Guerre mondiale était considérée par les russophones comme le symbole de la victoire contre le nazisme.
36:49Mais perçue par les Estoniens comme la représentation de l'occupation soviétique, donc du mal.
36:57Planté en plein centre-ville, le gouvernement décida de déplacer le soldat russe en 2007 dans un endroit moins exposé, le cimetière militaire.
37:08Résultat, ressentiment chez les russophones d'Europe qui se sentent humiliés. Les rancœurs sont attisés. Mais qui manipule qui ?
37:19Bien sûr, le gouvernement russe a organisé des manifestations, a profité de ce moment pour échauffer les esprits et former des comités de défense.
37:28Résultat, ça s'est transformé en émeute, une fois que le soldat de bronze a été démonté.
37:34Et pile au même moment, les cyberattaques russes ont commencé.
37:40Mais comme c'est dans le cyberespace, vous pouvez pirater des ordinateurs depuis n'importe où dans le monde.
37:46Donc, les attaques semblent venir de partout, mais elles ont été dirigées depuis la Russie contre l'Estonie.
37:55Paralysie des services publics du pays et de tout le système ferroviaire électrique ou bancaire.
38:02Attaques particulièrement ciblées, l'Estonie ayant tellement investi dans le numérique.
38:09En 1999, le premier ministre, Marc Lahr, a donné instruction à ses équipes d'identifier des domaines d'activité à forte valeur ajoutée pour notre économie, dans lesquels l'Estonie pourrait jouer un rôle prééminent.
38:23L'un de ces secteurs était le génie génétique. Le deuxième fut les services numériques.
38:30En termes de souveraineté, une cyberattaque contre la nation est une violation de la souveraineté nationale.
38:39Il a donc fallu engager une nouvelle réflexion, prendre des décisions, appeler nos partenaires à l'aide, lancer de nouvelles initiatives politiques au sein de l'OTAN et auprès de nos alliés,
38:52pour traiter les cybermenaces de manière plus appropriée et les surmonter.
39:00En 2008, à Tallinn en Estonie, est créé en collaboration avec l'OTAN, le centre d'excellence pour la cyberdéfense,
39:08qui devient une organisation militaire internationale pour contrer les attaques informatiques de la Russie.
39:18L'Estonie, première victime de la guerre informatique, est devenue leader mondial de la défense du numérique.
39:24La guerre contemporaine peut prendre mille visages, cyberattaques, désinformation bien sûr, mais aussi corruption, comme ici en Finlande.
39:38La Russie s'est toujours ingérée dans les affaires de la Finlande en tentant d'influencer sa politique intérieure et ses prises de position.
39:45Ce n'est pas nouveau. Nous ne surveillons pas seulement l'argent russe blanchi en Finlande, nous devons faire attention à ce que les Russes ne financent pas des politiciens ou des partis en Finlande.
39:58Nous devons vraiment faire attention à cela.
40:04L'affaire la plus célèbre en Finlande est l'affaire dite de Ayriston Helmy, ou un homme d'affaires russe du nom de Pavel Melnikov,
40:11a acheté une île et de nombreux biens immobiliers près de Turku.
40:17La police a organisé une vaste opération impliquant 200 hommes ainsi que des représentants de l'armée.
40:23La police a donc fait appel à l'armée.
40:27Au cours de cette opération, l'espace aérien a été fermé pendant quelques heures.
40:32C'est là que tout le monde a compris que quelque chose d'exceptionnel était en train de se passer.
40:36Il s'agissait clairement d'une opération politique, dans le sens où on a voulu envoyer un message au Kremlin.
40:42Nous savons ce qui se passe à l'intérieur des frontières de la Finlande et nous surveillons ce qui se passe ici.
40:48C'était un message politique selon moi.
40:51Les îles de Turku, les îles sont proches de ces couloirs profonds où passent les gros navires, ils ont une importance stratégique.
40:58Mais ce n'est pas qu'une question d'importance stratégique.
41:00Lorsque la police a enquêté et que les militaires se sont rendus sur place, on a fait état de la présence de divers types de dispositifs d'écoute et d'autres technologies.
41:07Il faut encore vérifier cette information mais ce n'est pas seulement un endroit stratégique.
41:11Ce qui s'y faisait est très important.
41:15La Finlande et ses voisins sur écoute.
41:18En 2014, le monde a été pris au dépourvu.
41:22La Russie semblait dominer toute la sphère de l'information.
41:26Ils pouvaient manipuler l'opinion mondiale comme ils le voulaient.
41:30Et les gouvernements occidentaux semblaient impuissants à convaincre les citoyens de ce qui se passait à l'intérieur de la Finlande.
41:36La Russie a donc décidé de s'en occuper.
41:39Ils pouvaient manipuler l'opinion mondiale comme ils le voulaient.
41:43Et les gouvernements occidentaux semblaient impuissants à convaincre les citoyens de ce qui se passait réellement.
41:48Les Russes, eux, étaient vraiment doués.
41:52Maintenant, en 2022, je suis vraiment heureux de voir qu'avec le leadership des Etats-Unis,
41:58et l'aide de très bonnes agences de renseignement,
42:01et la publication de leurs recherches au moment propice,
42:04nous battons la Russie dans la guerre de l'information.
42:09C'est super important.
42:11Personne dans le monde libre ne croit plus aux messages russes.
42:16Le monde libre aurait donc gagné ?
42:21De Berlin à Stockholm, de Riga à Helsinki, de Tallinn à Vilnius, la guerre semble bien loin.
42:28Ah, les rives de la Baltique, corps gorgés de soleil, envie de vivre en paix, glace à la vanille et roudoudou.
42:36Mais marche-t-on sur une plage de sable fin ou sur un champ de mines ?
42:47Et voilà qu'advient l'inouï, le 24 février 2022.
42:52Je pense que non seulement l'Europe, mais peut-être le monde entier, parlera d'un avant le 24 février et d'un après le 24 février.
43:01Après le 24 février, nous comprenons qu'il n'y a probablement jamais eu d'intention du côté russe
43:08de vouloir changer l'histoire de la Russie.
43:11Et c'est ce qu'on va faire.
43:13Il est clair qu'on ne peut pas faire confiance à une Russie avec un tel Poutine.
43:19Il a montré à plusieurs reprises de quoi il était capable, encore récemment, avec cette invasion brutale de l'Ukraine.
43:28La contradiction constante entre l'Ukraine et l'Allemagne,
43:33c'est que l'Allemagne est un pays qui est en train d'agir contre l'Allemagne.
43:37Avec cette invasion brutale de l'Ukraine.
43:40Contradiction constante, aucun respect pour les traités internationaux qui ont été signés par les pays.
43:48On ne peut pas croire un mot de ce que dit la Russie finalement,
43:53que ce soit sous un dirigeant comme Staline ou sous un dirigeant comme Poutine.
44:01Indignation particulièrement dense de la Finlande à l'Allemagne,
44:04des Pays-Baltes à la Pologne.
44:17A Riga, en Lettonie, pour se rendre à l'ambassade russe,
44:21il faut dorénavant atteindre, après bien des obstacles,
44:25l'artère nouvellement rebaptisée rue de l'indépendance ukrainienne.
44:35La guerre en Ukraine ébranle les économies,
44:38isole la Russie et fait se redessiner un symbolique rideau de fer.
44:46Les pays de la mer Baltique se tournent définitivement vers l'Europe et l'Amérique,
44:51laissant la fédération de Russie s'abîmer dans une solitude inédite.
44:55Elle est désormais exclue d'une zone de chalandise de plus de 1,6 millions de kilomètres carrés.
45:05En ce qui concerne les contacts avec la Russie, ils ont été mis en pause.
45:10Aujourd'hui, nous n'avons plus aucun contact avec les villes russes.
45:17Et actuellement, le passage est bloqué pour les navires russes.
45:23Nous n'achetons plus de marchandises russes,
45:26ni nous commerçons avec leurs devises et leurs banques, etc.
45:31La Russie est plus fermée aujourd'hui qu'elle ne l'était à l'époque soviétique.
45:38Avec la fermeture de la frontière, les gens ont commencé à moins se déplacer ou à ne plus bouger du tout.
45:44De fait, les habitants de Narva ne profitent plus de la vodka, des cigarettes et de l'essence bon marché.
45:51Narva n'est plus une ville passerelle, mais une ville cul-de-sac.
45:54Elle est à la limite de l'Europe.
45:57La guerre en Ukraine a apporté de grands changements dans l'identité de Narva.
46:02Alors, comment Narva y fera face ? L'avenir nous le dira.
46:08Après la guerre d'agression russe, nous avons constaté que ce que nous faisions jusqu'à présent en matière de politique de sécurité ne suffisait pas.
46:16En tant que plus grande économie, nous devions nous concentrer sur l'économie.
46:20Et on trouve même à Berlin de tout nouveaux bureaux de recrutement.
46:27Et pour être honnête, encore en janvier, en tant que politicienne écologiste,
46:33je n'aurais jamais imaginé que j'allais prononcer de tout ce que j'ai apporté à Narva.
46:38Je n'aurais jamais imaginé que j'allais prononcer de tout ce que j'ai apporté à Narva.
46:42Je n'aurais jamais imaginé que j'allais prononcer de tout ce que j'ai apporté à Narva.
46:47Je n'aurais jamais imaginé que j'allais prononcer de tout ce que j'ai apporté à Narva.
46:52Mais la situation géopolitique a changé.
46:55Nous sommes menacés par notre grand voisin de l'Est.
46:59Et nous devons y réagir de manière appropriée.
47:02C'est pourquoi nous devons aussi diversifier nos relations économiques et coopérer davantage avec d'autres pays dans le monde.
47:09Et ce n'est en effet pas facile pour l'économie allemande, parce qu'il y a eu une dépendance très unilatérale.
47:14Surtout dans le domaine de l'énergie vis-à-vis de la Russie ces dernières années.
47:21À propos d'énergie, Nord Stream le retour, à savoir Nord Stream 2.
47:27Ce nouveau gazoduc initié en 2018 promettait de doubler la capacité d'approvisionnement de l'Allemagne en gaz russe.
47:34Raté.
47:36Et nous avertissions nos amis occidentaux, en particulier les amis allemands, que ce n'était pas un projet économique du côté russe.
47:48Que c'était un projet géopolitique afin de s'assurer que l'Europe occidentale ne puisse plus se passer d'énergie russe.
47:56Et que nous serions contraints de l'acheter quel qu'en soit le prix.
48:00Politiquement, militairement et autrement.
48:05Il est très clair que Nord Stream 2 était une erreur stratégique.
48:09En tant que Vert, dont je fais partie, nous avons toujours vu ce projet d'un œil critique.
48:15Nous l'avons accompagné d'un œil critique.
48:17Et je pense aussi que ceux qui ont fait avancer le projet sont maintenant parvenus à la conclusion que c'était une erreur stratégique de compter sur les livraisons d'énergie russes et de se rendre aussi dépendants.
48:31Cela a conduit aujourd'hui à de nombreuses traindead assets.
48:35C'est-à-dire à des investissements littéralement noyés dans la mer Baltique.
48:41Ce qui est vraiment regrettable.
48:45En septembre 2021, la construction de Nord Stream 2 est achevée.
48:50L'euphorie est de courte durée.
48:52Quelques jours après l'invasion de l'Ukraine, le coup près des sanctions tombe et Nord Stream 2 SA est contraint au dépôt de bilan.
49:05Et donc en gros, l'Europe s'est comportée en toxicomane devenu accro à un flux continu de drogues russes bon marché.
49:13Et maintenant nous sommes en mode détox.
49:16Ce sera dur, ce sera long, ce sera coûteux.
49:23Une mer Baltique solidaire et prospère serait-elle en train de s'évaporer et le rêve d'une nouvelle Anse avec ?
49:30Le conseil des états de la mer Baltique avait tenté d'instaurer, non sans mal, un dialogue communautaire, notamment avec la Russie.
49:38Avec la guerre en Ukraine, tout a volé en éclats.
49:42Pour l'instant, les états membres ont pris la décision de suspendre la Russie dans ses droits de membre et la Biélorussie dans ses droits d'état observateur.
50:00Qui l'emportera ?
50:03Non, décidément, la fin de l'histoire n'est pas pour demain.
50:0621 juin 2022, la Lituanie bloque le fret circulant entre Moscou et Kaliningrad.
50:12Les Russes promettent des représailles.
50:15Qui sait dans les mois qui viennent dans quel état sera le monde ?
50:20L'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande mettra-t-elle le feu aux poudres ?
50:25Les trois pays baltes pourront-ils conserver leur souveraineté ?
50:29La défense des russophones d'Europe sera-t-elle un argument pour provoquer une intervention du Kremlin ?
50:35La guerre informatique n'est-elle vraiment plus qu'un vieux souvenir ?
50:39La fin de Nord Stream va-t-elle créer une récession écologique avec la réouverture des mines de charbon ?
50:47Mais surtout, la région retrouvera-t-elle stabilité et cohérence en renouant un jour le dialogue avec la Russie ?
50:54Aujourd'hui, grande pièce manquante du puzzle baltique.

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