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Vendée Globe 2024 / Rencontre avec Louis Burton, Bureau Vallée

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00:00— Alors Louis, tout simplement, est-ce que tu peux te présenter ? — Oui, bonjour. Donc je m'appelle Louis Burton. Je suis né le 4 juin 1985,
00:07ce qui m'amène gentiment vers 40 ans. Et j'habite à Saint-Malo. Et je vais participer à mon quatrième Vendée globe.
00:16J'ai démarré en course au large en 2010 avec la Route du Rhum, et déjà à l'époque avec mon partenaire Bureau Vallée.
00:23J'ai deux enfants de 11 et 12 ans. Et je suis marié depuis quelques années, maintenant.
00:30— Est-ce que tu peux nous raconter rapidement, succinctement, comment tu es arrivé à la course au large, qui était un peu loin au départ ?
00:36— Alors il y a une histoire familiale sur l'amour du voyage, sur l'amour de la mer, sur aussi la capacité à croire en ses rêves,
00:51à imaginer que tout est possible. Ça, c'est vraiment issu de mon père, qui est journaliste, qui était journaliste,
01:00et pas mal journaliste d'aventure dans sa carrière. Ma mère, qui, elle, était plutôt dans la communication, mais dans le monde de l'aviation.
01:07Donc on a eu une éducation plutôt ouverte sur tous ces sujets-là, avec une grosse empreinte sportive et voile,
01:16parce qu'on avait la chance de passer nos vacances depuis tout petit dans le golfe du Morbihan, à l'Île-aux-Moines.
01:23Et puis rapidement, de pouvoir faire du bateau en école de voile et des petites régates avec mon grand frère Nelson, qui est de mon aîné 17 mois,
01:33avec qui on a toujours formé un duo et qui nous a donné la passion du bateau. Voilà. Et puis après, j'ai grandi pas exactement à Paris,
01:42mais dans la forêt de Rambouillet. Donc en fait, Paris, c'était quelque chose de totalement étranger jusqu'à l'adolescence, jusqu'au lycée.
01:54Et on a tellement aimé la voile qu'on allait naviguer dès qu'on pouvait à Saint-Quentin-en-Yvelines, au lac d'Aiguison dans le Berry, au lac de Vassivière,
02:04et puis évidemment sur la côte bretonne dès qu'on pouvait. Et c'est vraiment un amour, une passion de la course en bateau qui m'a amené, dès que ça a été possible,
02:15à essayer de trouver des solutions pour aller faire de la course au large.
02:18Et alors rapidement, effectivement, tu envisages d'en faire une vie, un métier, je ne sais pas, mais en tout cas une vie, et d'aller vers la course au large.
02:26Alors ça arrive très tardivement, cette croyance ou cette possibilité, parce que pour moi, et pour mon frère, on regarde les skippers comme un passionné de foot
02:40regarde un joueur du PSG ou de la Coupe du Monde. C'est un univers qu'on touche du doigt, comme beaucoup de gens qui naviguent comme ça en loisir, mais qui nous paraît inaccessible.
02:51Et en réalité, c'est en montant une entreprise à la fin de mes études, en commençant à gagner un petit peu de sous avec cette entreprise-là,
03:01que je découvre en 2009 la Classe 40 qui peut participer à la Route du Rhum, qu'en faisant, avec la magie d'Internet, des recherches, je m'aperçois qu'il y a des voiliers à louer,
03:13qui n'étaient pas forcément très très chers, et donc je décide début 2010 de mettre toutes mes économies pour louer le plus vieux Classe 40 qui était à disposition, le moins cher aussi, évidemment.
03:25Et puis on fait une première course en Méditerranée en équipage, que l'on gagne, permet de constituer un petit dossier de presse, et donc à côté de mes activités professionnelles,
03:35j'essaye de trouver des sponsors, et je m'inscris à la Route du Rhum, je suis accepté, et puis je rencontre Bureau Vallée un mois avant le départ de la Route du Rhum.
03:44Et voilà, l'histoire a commencé comme ça, et elle ne s'est jamais arrêtée depuis.
03:49À quel moment le Vendée Globe rentre dans ton univers, tant en tant qu'observateur ou que potentiel concurrent ?
03:57Quand t'es jeune voileux, par exemple, qu'est-ce que tu gardes comme souvenirs des premières éditions du Vendée ?
04:04Le souvenir le plus lointain, c'est un espèce de match entre mon frère Nelson et moi, où il est pour Alain Gauthier sur Bagages Supérieurs,
04:15et moi pour Jean-Luc Vendenedt sur Groupes sauf Appel Vime. Donc ça, c'est le Vendée 92-93, et Alain Gauthier gagne, et VDH fait second.
04:25L'opposition entre les bateaux larges et les bateaux étroits, qui représentait un peu une opposition entre mon frère qui était très visionnaire,
04:34et moi qui étais plutôt conservateur, même dans tous nos goûts musicaux, de cinéma, etc.
04:39J'ai un souvenir après, en 2004, où j'avais acheté un petit voilier de régate qui était à l'état d'épave en Belgique l'année de mon bac,
04:50que l'on a retapé, avec lequel on s'est mis à faire beaucoup de régates. Il était basé à Royan, puisque moi j'ai étudié à Bordeaux,
04:57et pour le départ du Vendée Globe 2004, on est monté de Royan jusqu'au départ au Sape de Lonne, à Troyes sur le bateau, dans des conditions qui étaient mouvementées pour nous,
05:09et on a réussi à trouver un bout de quai pour dormir à Port Olona la veille du départ. On s'était fait discret, on nous a laissé là tranquille,
05:18et le lendemain, on est sortis très tôt pour partir avant les bateaux, les Imoca, et je me souviens que mon petit moteur monocylindre diesel est tombé en panne,
05:27et que j'étais là en train de me faire engueuler par tous les bateaux, parce que je n'avais rien à faire ici, et on a regardé ce départ-là, et voilà.
05:35Je rêvais de ça, mais j'étais plaisancier en train de regarder mon rêve partir.
05:44Et alors, à quel moment, une fois que tu as enclenché le Classe 40 et les premières expériences, et je crois que ça vient assez vite, le Vendée rentre dans une perspective probable ?
05:57Donc, mes activités professionnelles étaient à Paris, je pars donc faire cette route du Rhum, et en rentrant de cette route du Rhum,
06:07rapidement, en allant à l'agence, le lendemain de mon arrivée, parce qu'il fallait bosser, c'était une petite boîte, dans le métro, je me suis vraiment demandé ce que je fichais là.
06:18Or, la route du Rhum s'était bien passée d'un point de vue sportif, d'un point de vue des retombées médias, des retours sur investissement pour les sponsors,
06:30et donc, le sujet était très ouvert pour la suite.
06:33Il y avait une autre catégorie de bateaux qui m'intéressait beaucoup, la Classe 40 m'intéressait, mais il y avait aussi les Ocean 50, qui à l'époque s'appelaient les Multi 50, qui me passionnaient énormément.
06:44Mais, quand il a fallu choisir pour monter un dossier et pour retourner voir les partenaires, c'est véritablement le fait de pouvoir faire le Vendée Globe,
06:59qui m'a orienté vers rester en monocoque et puis très rapidement, passer en IMOCA.
07:05C'est vraiment à ce moment-là, au retour, en me disant, je veux continuer, le trimaran, ça a l'air trop fun.
07:12Ah ouais, mais en trimaran, en tout cas, à l'époque, il n'y a pas de course en solitaire autour du monde et surtout, il n'y a pas le Vendée Globe, donc on reste en monocoque.
07:21Alors, on a signé un contrat pour faire du Classe 40 pendant deux ans et puis, j'avais envie que ça aille plus vite.
07:27Alors, il y avait un ancien bateau du Vendée Globe, Deltador, qui était à vendre depuis un moment.
07:34La période économique n'était pas simple, on sortait des problèmes de 2008-2009 et on a pu acheter ce bateau.
07:42Et puis, on a dit aux partenaires, écoutez, on a acheté finalement un bateau plus gros, est-ce que vous voulez qu'on le fasse ensemble ?
07:49Ils ont dit, bah oui, mais cette année, on a déjà engagé les budgets, donc on a dit, bon, le bateau est prêt à naviguer, on repeint les voiles, on part faire la Jacques Vabre et puis, on verra après.
07:57Et c'est au retour de cette Jacques Vabre, qui s'était bien passé, que j'ai couru avec mon frère Nelson, d'ailleurs, qu'on a dîné avec les partenaires du projet et surtout avec Bureau Vallée.
08:06On nous a dit, ok, l'année prochaine, c'est le Vendée Globe, c'est parti, tu peux te lancer.
08:10Alors, raconte-nous cette première expérience 2012-2013, le Vendée Globe qui va s'arrêter un peu tôt.
08:16Ouais, c'était très particulier, ça va très très vite, en fait.
08:22Un an pour préparer le Vendée Globe, alors maintenant, c'est plus possible en réalité, parce qu'il faut naviguer beaucoup, beaucoup pour avoir une place, mais à l'époque, c'était encore possible.
08:32Donc ça va très vite, on est un an, retour de la Jacques Vabre, on est un an avant le départ du Vendée Globe.
08:39Il y a une course qualificative, qui est à l'époque la B2B, qui est un petit peu une sorte de retour à la base.
08:45Après ce dîner à Paris avec mes partenaires, la naissance de mon fils, tout ça, ça s'est passé en trois jours, mon fils Lino.
08:55J'ai dîné avec les partenaires le samedi soir, j'ai pris l'avion le dimanche, j'ai atterri à Saint-Barthes, d'où partait la course, le dimanche soir.
09:02Et le lendemain matin, c'était le départ de la Transat B2B, que j'ai terminé, donc je me suis qualifié, bateau remis en chantier, pas mal de dégâts sur le bateau.
09:14Et puis là, c'est faire rentrer en quelques mois tout un univers à apprendre, parce que l'univers du Tour du Monde, les règles, ce que ça veut dire aussi en termes de préparation,
09:28les retranchements avec lesquels on va aller, les systèmes météo, c'est pour quelqu'un d'inexpérimenté comme moi, c'est un challenge énorme.
09:38Et à côté de ça, on essaye de faire profiter au maximum de l'aura du Vendée Globe aux fans du projet, à nos partenaires.
09:49C'est un engagement vraiment colossal de toute l'équipe du skipper, aussi des partenaires, avec des mois où on ne dort pas peu, on est sur la route, on est dans le chantier,
10:04on est en train d'essayer de recruter aussi des personnes pour préparer le bateau.
10:09Ce qui m'aidait beaucoup, c'est que je m'étais associé avec Servan Escoffier, qui est devenu mon épouse plus tard,
10:14et elle avait une grande connaissance des projets et une grande connaissance aussi des prestataires qui étaient capables de nous accompagner.
10:24Donc voilà, on réussit à partir sur le Vendée et la course s'arrête bêtement au bout de cinq jours à cause d'une collision sous orage avec un très gros chalutier
10:41qui ne me voit pas, que je ne vois pas, et donc une collision qui vient détériorer à 80% un hauban, et donc obligation de faire demi-tour.
10:55Au Vendée Globe, la seule règle par rapport au fait de faire escale, c'est d'être revenu au Sable d'Olonne dans les dix jours après le départ,
11:02chose que je ne réussirai pas à faire, et donc j'abandonnerai mon premier Vendée Globe dans ces circonstances-là.
11:09Après cette première expérience, donc, l'envie d'y revenir avec un projet encore plus préparé aboutit, et tu te dis que le Vendée Globe, ça va devenir un programme, une vie presque.
11:22Oui, alors après cette première expérience qui a été absolument fabuleuse à vivre dans la préparation,
11:30avec une montée d'adrénaline, d'enjeux qui est indescriptible en si peu de temps, évidemment, l'abandon, c'est quelque chose de très brutal.
11:43En plus, je relâche à la Corogne dans le nord de l'Espagne, début de l'hiver. Il n'y a personne. J'accoste mon bateau tout seul.
11:53Il y a des fiantes de mouettes partout. Je glisse dedans. Enfin, l'enfer absolu. Grosse déprime. Et voilà, malgré tout, un bateau Bureau Vallée qui est prêt à partir faire un tour du monde,
12:06avec ce haut-banc à remplacer, mais sinon le bateau n'est pas vraiment usé. Petit retour à Paris en passant par Barcelone où des copains sont venus me rejoindre pour aller dans les tavernes espagnoles
12:21noyer le chagrin dans la sangria et puis fête avec les sponsors un peu amers à Paris, parce qu'évidemment, on n'a pas été plus loin, mais content quand même que le bateau soit là.
12:34On perçoit assez vite qu'il y a une vraie volonté d'être solide même dans la galère avec Bureau Vallée. Et donc, très vite, on décide de repartir sur la saison 2013 avec un bateau prêt et évidemment avec l'Ine de Myre, le Vendée Globe 2016,
12:56et que l'on préparera du mieux qu'on peut pendant toutes ces saisons de 2013 à 2016. Ce qui fait que quand j'arrive au Vendée Globe en 2016, je suis prêt, je connais mon bateau par cœur, je l'ai modifié comme je voulais. Et puis là, pour le coup, ça se passera plutôt bien.
13:14Et qu'est-ce que tu découvres alors pendant cette édition du Vendée Globe 2016 dont tu vas terminer dans le top 10 pour une première participation complète ? Qu'est-ce que tu touches du doigt en fait ?
13:28Alors, ce que je découvre au Vendée Globe 2016-2017, c'est que c'est une épreuve qui est tellement complexe, tellement complète que pour bien faire, il faut vraiment que la préparation puisse se faire dans des bonnes conditions, qu'elle puisse se faire dans des conditions relativement longues.
13:51Donc là, on est en plein dans ça. Moi, j'ai mon bateau à ce moment-là depuis plusieurs années. Et je découvre que l'entourage est absolument primordial dans la capacité à partir sur cette course dans des bonnes conditions et réussir à terminer un Vendée Globe.
14:13C'est-à-dire que c'est une course en solitaire, mais c'est une course dans laquelle finalement nous, le skipper, c'est un peu un pion mais aussi à la fois un chef de projet, aussi un commercial, etc. Et que jusqu'au moment du départ, il faut qu'il y ait toute cette équipe-là avec lui pour pouvoir gérer les choses correctement.
14:38Et ça, je découvre. Alors évidemment, comme ça s'est bien passé, c'est à l'issue du Vendée Globe 2016-2017 que je dis « Ah ouais ! ». Et donc ça, c'était vraiment important. Et ça, c'est quelque chose qui est absolument essentiel pour la suite.
14:53Et c'est aussi ce qui nous a poussé avec Servan à structurer notre entreprise à Saint-Malo sous forme d'écurie, avec suffisamment de moyens, avec suffisamment d'infrastructures pour pouvoir préparer le Vendée Globe et, évidemment, toutes les courses qu'il faut faire avant dans les meilleures conditions.
15:14Et puis, j'apprendrai aussi sur ce Vendée Globe-là l'intérêt de la préparation mentale, non pas parce que je m'étais préparé mentalement, mais parce que je pense que si je m'étais préparé mentalement, j'aurais pu faire mieux que ce que j'ai fait, même si j'étais très content et complètement dans les objectifs.
15:34Mais la notion de régate planétaire avec les distances qu'elle représente font qu'en fait, on a la capacité, quand on travaille, on se prépare mentalement à se dire que si on a 2 000 km de retard, comme le parcours fait 40 000 km, si on a la capacité de ramener ça à l'échelle d'une régate à la journée,
15:57on peut se dire que même avec 2 000 km de retard, il faut continuer à chercher des solutions, à appuyer sur le bouton à fond parce qu'on peut rattraper les autres.
16:08Et à ce Vendée Globe-là, j'ai pris la septième position sous l'Australie et je ne l'ai plus quitté jusqu'au Sape d'Olonne.
16:16Et donc c'était bien parce que c'était dans l'objectif, mais c'était long, c'est 60 jours ou 55 jours avec le même classement, le même retard et la même avance.
16:27Donc voilà, ça c'est une expérience qui sera très utile dans la préparation du Vendée Globe suivant.
16:35Alors justement, on fait un saut et on arrive au Vendée Globe 2020. Et là, sportivement, t'es encore plus ambitieux, t'es encore plus compétiteur.
16:45J'ai l'impression que t'es devenu compétiteur au fil des éditions.
16:49En fait, je suis devenu plus compétiteur. C'est pas vraiment que je suis devenu plus compétiteur. J'ai toujours été hyper compétiteur.
17:02Et c'est pour ça que je fais le Vendée Globe. Sinon, je ferais le tour du monde en famille ou avec des amis.
17:09Et puis surtout, je m'arrêterais partout à découvrir la beauté du monde et les peuples qui peuplent la Terre.
17:17Mais non, non, j'ai toujours été très compétiteur. Mais par contre, on a démarré avec un projet qui était modeste, avec un skipper, moi-même, qui n'avais pas beaucoup d'expérience, voire pas du tout.
17:30Avec une équipe, une team qui avait peu d'expérience aussi, hormis Servan, et qui a piloté cette équipe et qui la pilote toujours.
17:38Et aussi avec une entreprise partenaire, Bureau Vallée, qui avait 120 magasins quand on a commencé et qui en a 400 aujourd'hui.
17:46Et on a souhaité, depuis le départ, dans la construction de notre projet, on a toujours souhaité s'inscrire dans le temps, dans la durée.
17:56Et on s'est dit, Bureau Vallée est depuis peu, finalement, une franchise qui est en train de se développer.
18:05Donc, c'est un jeune dans ce métier-là. Toi, tu es un jeune dans ton métier de skipper.
18:11Essayons de progresser ensemble et à tous points de vue, également au niveau budgétaire, sans que ça soit déceptif pour le skipper et sans que ça soit non plus déceptif pour le sponsor.
18:24Et donc, en fait, le projet est monté en puissance progressivement comme ça sur une quinzaine d'années.
18:29Et ce qui fait qu'aujourd'hui, on n'est pas le projet le plus compétitif au sens budgétaire, etc., mais on fait quand même partie des projets qui sont compétitifs.
18:43Et on avait déjà la volonté, entre le Vendée Globe 2016 et le Vendée Globe 2020, de s'inscrire dans cette voie-là,
18:51puisque nous avions fait l'acquisition du bateau d'Armel Leclech, vainqueur de l'édition 2016-2017, avant le départ de l'édition 2016-2017.
19:01Il fallait juste espérer qu'Armel ramène le bateau. Et en plus, il l'a ramené avec le plus beau palmarès possible.
19:08Donc, on est monté sur ce bateau-là avec une passation intéressante. Et après, derrière, on avait un bateau bien né qui est devenu Bureau Vallée, deuxième du nom.
19:21Et on a pu commencer à jouer un peu devant. Et puis, ça s'est traduit par une troisième place au Vendée Globe 2020.
19:35Alors, rentrons un peu dans ce Vendée Globe 2020, parce que c'est une course passionnante où tu vas être l'un des animateurs de cette course.
19:44J'ai un souvenir de ce bord incroyable dans l'arrivée des Mers du Sud où tu allumes vraiment et on te voit visuellement sur la carteau remonter les places.
19:55Ensuite, tu feras une super remontée. Entre-temps, il y aura eu un peu un épisode en mode Yves Parlier.
20:02Tu as été l'un des animateurs de cette édition. Et finalement, une révélation pour le grand public, j'ai l'impression.
20:09C'est un Vendée Globe qui a été très suivi parce qu'il y avait le Covid pendant ce temps-là. Et ça a été une révélation et un franchissement de palier aussi pour toi dans les ambitions sportives, parce que tu as joué devant.
20:21Raconte-moi un peu ce Vendée.
20:24Alors, c'est vrai que sur le Vendée Globe 2020, il y a donc toute l'expérience de l'édition précédente et encore celle d'avant.
20:33Et sur l'édition précédente, il y a quelque chose que je découvre aussi, c'est qu'au Vendée Globe, la course est tellement complète que la performance théorique de la machine n'est pas forcément le facteur prédominant du classement et de la performance du projet.
20:53Et ça, c'est quelque chose qui est très intéressant parce que ça veut dire que ce n'est pas forcément le budget, l'argent qui va déterminer un classement. On est forcément dans un côté où il y a un peu d'aventure.
21:11On fait du tout-terrain avec des Formules 1. Donc, il y a un côté techno sur lequel il faut mettre le curseur au bon endroit dans sa préparation, sa conception, mais aussi sur l'utilisation du bateau et il y a une part de chance.
21:31Et sur ce Vendée Globe en 2020, je casse très vite une pièce très importante du bateau qui est la cloison centrale. J'avais une pénalité de 5 heures à faire, donc je profite de cette pénalité de 5 heures pour affaler complètement mes voiles, mettre le bateau à plat et réparer correctement cette cloison.
21:51Donc, je perds du temps, mais je repars avec une cloison qui est bien réparée, bien solide. Et puis, la tête de flotte et les derniers bateaux sont partis, ont allumé comme des fous. Et puis, en étant un petit peu en retrait, on voit que ça commence à déquiller.
22:09Alors, ce n'est pas forcément la bonne expression, mais il commence à y avoir des problèmes techniques. Alex, qui potentiellement pouvait être un grand animateur, Alex Thomson, casse son bateau. Et tout au long de la course comme ça, les leaders qui avaient les derniers bateaux, etc., je pensais à Thomas Ruyant qui casse un foil, Charlie Dalin qui casse un foil.
22:29Ça veut dire que même les top budgets ont aussi leurs galères. Et on n'a pas d'arrêt au stand possible. Donc, ça veut dire qu'à la limite, il vaut mieux casser une cloison que tu vas pouvoir réparer que casser un foil.
22:49Ça peut paraître complètement délirant, mais cette notion d'utilisation de la machine et de casse, et forcément un peu de chance et un peu de malchance, ça rentre forcément dedans, rend la course passionnante et particulièrement cette édition 2020, parce que ça rebat les cartes un peu tout au long de la course.
23:13On prend tous un grand coup de froid quand Kevin Escoffier casse son bateau. On a tous très, très peur. Et on a une météo qui est plutôt favorable à ce que les bateaux de derrière puissent recoller les bateaux de devant.
23:33Et donc, ça fait une course dingue parce qu'il y a eu en tout cas à vivre de l'intérieur, parce qu'il y avait potentiellement justement cette possibilité de rester acteur de la course, même si on avait des problèmes, même si on n'était pas forcément le favori.
23:51Et voilà. Et moi, quand je suis parti sur l'édition 2020, je m'étais dit c'est probablement mon dernier Vendée Globe. Et puis quand je suis revenu du Vendée Globe, je me suis dit en fait, c'est génial. Je veux y retourner parce que ça a été absolument génial à vivre.
24:09Il n'y a pas eu une minute où il y a eu de l'ennui. Il y a eu plein de galères, plein de moments où moi, j'avais envie de jeter l'éponge avec plein de choses cassées, trop de choses cassées, probablement en tout cas avec très peu de chances de pouvoir réparer et que ça tienne.
24:27Ce qui me conduit à aller m'abriter derrière une île pour pouvoir monter en haut du mât, pour pouvoir à nouveau hisser ma grand voile en sortant de l'esprit et du mode course. Là, c'est plutôt de la survie. Même si j'abandonne et que je veux rejoindre l'Australie, il faut bien que j'ai une voile pour pouvoir y aller.
24:45Et puis finalement, la réparation casse une première fois. J'y retourne, je remonte, ça finit par tenir. Et ça tiendra quasiment jusqu'à l'arrivée avec un bateau à 100% de son potentiel. Et donc cette pénalité de 5 heures, cet arrêt sous l'île Macari, en fait, ça a été un peu des arrêts au stand qui m'ont permis de repartir à 100% du potentiel à chaque fois.
25:09Là où les autres ont eu toujours des problèmes qu'ils n'ont pas forcément pu résoudre à 100%. Et ce qui a permis de recoller la flotte.
25:18Et qu'est-ce que tu gardes du finish qui a été génial quand même avec une bagarre pour le podium ?
25:22Je garde l'intensité de la fin du Vendée Globe 2020. Un souvenir fabuleux. Une énorme frustration. Et à la fin, une prise de conscience que c'est absolument fabuleux d'être arrivé là.
25:44Mais je m'explique. Je sais que mon concurrent le plus sérieux, je parle en temps réel, j'avais à cœur moi de faire le mieux possible en temps réel.
25:58Et puis voilà, après c'est normal que tous les bateaux qui ont été déroutés aient du temps. Mais c'était vraiment d'être remonté le long du continent sud-américain.
26:09D'avoir été pointé à la première position. De savoir que potentiellement après le poteau noir et l'équateur, ça allait se jouer à 90% sur un bord où Charlie Dalin avait plus qu'un foil un peu abîmé, un peu atrophié.
26:26Je m'étais mis dans la tête, en ayant repris 100% confiance dans mon bateau depuis Makary, que je pouvais couper la ligne d'arrivée première.
26:36Et en fait, j'ai eu un incendie dans le poteau noir sur mes batteries qui m'a fait perdre pas mal de temps, qui faisait que j'avais plus qu'une batterie que je gardais pour mon pilote automatique.
26:49Donc j'ai récupéré l'eau de pluie dans les ris de ma grand voile pour pouvoir boire. Enfin, c'était un peu en mode aventure, mais bon, ça à la limite.
26:56Mais c'est surtout qu'en sortant du poteau noir, quand j'ai récupéré l'alysée, en décollant dans une vague, en atterrissant, la drisse que j'avais mise à l'île Makary pour tenir ma voile, parce que les crochets, les hooks ne marchaient plus, a cassé.
27:10Et j'ai perdu 7 heures à peu près à ce moment-là pour à nouveau passer une drisse et à nouveau pouvoir hisser ma grand voile. Et là, je ne pouvais l'alyser qu'à peu près jusqu'au ris numéro 1.
27:24Donc j'ai eu une grosse frustration à ce moment-là en me disant « Bon, je vais essayer quand même, mais ça va probablement être foutu ».
27:32Et en fait, 2-3 jours avant l'arrivée, avec le match avec Charlie, avec Yannick qui finalement n'était pas très loin, Thomas qui n'était pas très loin, cette intensité-là et le fait que ça commençait vraiment à s'approcher à quelque chose qui pouvait faire un top 5 et peut-être même un podium,
27:48je me suis mis une grande claque, je me suis dit « Rappelle-toi quand t'étais môme et que tu regardais VDH, peut-être que tu vas monter sur le podium ou t'en approcher, c'est déjà absolument fabuleux ».
28:01Et donc ça a été, à partir de là, j'ai profité des 48 dernières heures de la course à fond. Et puis en matière de voile, mais comme dans la vie en général, il arrive quelques heures avant l'arrivée,
28:16il arrive à Boris Herrmann une collision qui lui fait perdre énormément de temps. J'apprends ça. C'est l'être humain, à la fois on est hyper déçu pour lui, surtout que Boris c'est un copain et que c'est quelqu'un que j'apprécie,
28:33et à la fois on se dit « Bon, ça va, là pour le coup, même en temps qu'on pensait, ça peut faire un podium ». Et puis je coupe la ligne et en coupant la ligne, dans mes calculs, je joue à peu près,
28:50et puis les proches arrivent et disent « T'es podium, t'es podium ». Et là, c'est le bonheur absolu.
28:59Ce sentiment-là, justement, quand tu coupes la ligne, après un Vendée Globe réussi à tout point de vue, il est encore plus fort que ce que tu avais vécu la fois d'avant, on imagine ?
29:12Oui, le podium, l'arrivée du Vendée Globe 2020, en termes d'émotion, c'est totalement décuplé. Il y a évidemment le résultat sportif. Il y a aussi, encore une fois, plus ça a été dur, plus ça a été compliqué,
29:32mais pas que pour soi, mais aussi pour les autres, et je repense encore au niveau de peur qu'on a pu avoir pour Kevin. Plus l'émotion de se retrouver à terre et retrouver ses proches est forte.
29:47À ça, vous ajoutez que c'était le Covid, et que là, il y avait une forme de tolérance pour se faire des câlins, pour se dire bonjour, mais je veux dire, tout ça, ça avait une saveur dingue pour les gens qui étaient à terre,
30:03que nous, en tant que marins, on avait un peu oublié, parce qu'on est partis, c'était le Covid, mais on avait quand même un peu oublié, puisque de toute façon, on était tout seuls,
30:11on était à fond dans notre course, et que c'est long, quand même, trois mois. Et là, ça fait un événement où tous les gens qui peuvent venir et qui sont enfermés sortent, et du coup, ça participe à démultiplier la joie.
30:28Il n'y a aussi que faire mieux que la fois précédente. Ça aide à être encore plus content pour toute l'équipe, les partenaires et les gens qui suivent le projet.
30:37Mes enfants ont 4 ans de plus, donc c'est pareil, en termes d'émotions, c'est un peu plus fort. Et puis, à l'arrivée du Vendée Globe 2020, je suis en forme, moi, physiquement, alors que j'étais très affaibli quand je suis arrivé au Vendée Globe 2016-2017.
30:57Donc voilà, ça permet de profiter pleinement de ce qui est en train de se passer.
31:03On arrive à 2024. Où est-ce que tu te situes là, dans la flotte ?
31:11Pour le Vendée Globe 2024, le gap qu'on a franchi par rapport à l'édition précédente, c'est que nous avons acheté un bateau très performant, très novateur, mais qui n'avait pas encore eu le temps d'être fiabilisé.
31:29Donc on a un peu essuyé les plâtres avec ce bateau, mais qui, quand il marche, marche très vite. Donc je pense que sur le papier, c'est un bateau qui est peut-être dans le top 10.
31:49On a concentré nos efforts, notamment à cause des déboires qu'on a eues, on a concentré nos efforts pour le fiabiliser. Mais je dois dire qu'avec ces bateaux qui vont encore plus vite et ces grands foils, je pense que le Vendée Globe qui arrive, le Vendée Globe 2024, ça va être un Vendée Globe de fiabilité ou de non-fiabilité.
32:15En tout cas, je pense qu'il va y avoir beaucoup d'enjeux sur la capacité des bateaux à tenir et la capacité des femmes et des hommes qui les mènent à tenir aussi. C'est quelque chose d'assez nouveau.
32:29Ce sont des bateaux que l'on peut amener dans la zone rouge à peu près à n'importe quel moment et dans n'importe quelles conditions, même avec 15 nœuds de vent. Donc voilà, c'est une épreuve qui va être, pour ces bateaux-là sur cette édition-là, une épreuve qui va être très, très pointue en termes de stratégie de course.
32:54— Comment tu vas essayer de tenir la cadence ? Parce qu'on sait que ça va très vite. On l'a vu sur les transats. Sans se mettre dans le rouge, justement, où placer le curseur. Comment on fait ? Comment on gère ? Comment on fait taire en soi le compétiteur ? Voilà.
33:12Comment cette dualité entre compétition et préservation du matos va se faire ?
33:42Pour être compétiteur et être performant sur le Vendée Globe, et notamment avec ces bateaux-là, c'est penser au coup d'après. Et pour penser au coup d'après, il faut être capable de lever le pied pour pouvoir attaquer quand les conditions le permettront et ne pas se retrouver atrophié ou abîmé ou partiellement performant quand ce sera le moment de dérouler.
34:06Voilà. C'est un gros travail de lever le pied droit et d'essayer de penser en effet au coup d'après. Et puis après, il y a aussi la météo qui décidera. Et quel type de choix on fera au milieu de cette météo ?
34:25Alors, puisque tu parles de météo, justement, explique-nous pour le profane ce que c'est le travail météo à bord quand on court un Vendée Globe. Le travail de base que vous faites, en quoi ça consiste ?
34:40Alors au niveau météo sur le Vendée Globe, il y a d'abord un gros travail de préparation en amont parce que c'est un peu... Enfin c'est comme la vie à terre. C'est-à-dire qu'on sait qu'en France, l'hiver, c'est l'hiver. Voilà. Le vent, il va être plutôt comme ça. La pluie, elle va être plutôt comme ça. L'été, c'est différent. L'automne, les printemps, pareil.
35:03Quand on part faire le tour du monde, on va dans les 2 hémisphères. On traverse 3 océans, 4 si on considère que l'océan Austral est un océan. Mais dans ces zones traversées, il y a des systèmes météo qui se répètent d'année en année depuis des centaines d'années.
35:27Il y a des observations là-dessus. Donc on est capable de dire qu'il y aura un anticyclone qui sera comme ça. Et si l'anticyclone n'est pas comme ça, c'est peut-être parce qu'il y aura un train de dépression qui poussera comme ça. Et il y a des grandes règles avec des niveaux de probabilité.
35:41Pour moi, ma façon de faire sur le Vendée Globe, c'est de faire le tour du monde avec un météorologue si possible qui l'a déjà fait et qui connaît bien les systèmes et avec qui je m'entends bien. On s'enferme pendant 3 jours et on fait le parcours du Vendée Globe.
35:57Et on se dit, si tu as ça, tu auras probablement quoi après ? C'est quoi les options ? C'est quoi les routes qui payent ? Et comment tu fais pour être sûr que c'est bien ça que tu es en train de te prendre sur la tronche et pas ça ? Et on analyse ça comme ça.
36:12Et à chaque point un peu clé de la course, on se dit, là, tu es peut-être en train d'arriver au cap Horn, mais ne t'enflamme pas, ce n'est pas du tout terminé. Maintenant, il faut remonter l'Atlantique, donc on ne relâche pas la pression.
36:25On essaie de mettre un peu d'accompagnement psy au milieu de ces systèmes météo, comme quand on sait qu'on va commencer les grands trains de dépression qui vont faire qu'on va être dans un ventilateur ouvert à fond avec les vagues à fond pendant plusieurs semaines.
36:39Tout ça, on le prépare comme ça. En tout cas, moi, je le prépare comme ça. Après, il y a toute une partie qui, moi, m'en kikine beaucoup pour être poli, mais sur laquelle il faut bien aller, c'est toute la partie informatique, parce qu'on est de plus en plus équipé et de mieux en mieux accompagné par les logiciels de performance.
36:58Ça, c'est pareil. On va en profiter pour faire une bonne mise à jour. Ensuite, à bord, chacun a sa routine, mais le rythme d'une journée est quand même bien centré autour des nouvelles prévisions qui sortent à différents moments de la journée et qui vont nous permettre d'affiner notre stratégie au fur et à mesure, en regardant, en sortant la tête et en regardant le ciel,
37:25de dire que là, on a déjà ça alors que c'était prévu dans deux heures, donc recaler les prévisions météo. Ça, c'est trois à quatre fois par jour. Quand on peut, parce que parfois, on ne peut pas à cause de problèmes techniques ou parce qu'on est à fond sur les réglages ou en train de manœuvrer, mais ensuite, ce n'est plus un calepin, c'est sur un clavier, mais c'est prendre ses observations et noter tout ce qui diffère un petit peu par rapport à la prévision qui était sortie précédemment.
37:52Et ensuite, le reste, c'est de la stratégie de course en fonction de ses objectifs, de l'état dans lequel on se sent, son bateau, où sont les concurrents et où est-ce qu'on veut aller.
38:02Et alors, justement, parle-nous de toutes ces manipulations de routage parce que vous parlez tout le temps de routage. Qu'est-ce que c'est concrètement ? J'ai fait tourner un routage. Est-ce que tu peux nous détailler un peu ce qu'est un routage ?
38:16Alors oui, un routage, c'est une prévision de route qui devrait permettre d'aller le plus rapidement d'un point A à un point B. Alors à terre, il y a Waze, par exemple.
38:34Et il utilise en temps réel la communauté qui dit là, il y a des bouchons, etc. Donc, il va trouver plein de chemins de traverse. Et parfois, vous allez être plus rapide en faisant 50 km de plus que si vous aviez été en direct.
38:47Nous, c'est un peu pareil. C'est-à-dire que c'est beaucoup moins exact parce qu'on n'est évidemment pas sur des routes tracées. Mais en matière de bateau à voile, parfois, il est plus rapide pour aller de là à là de faire ça que de faire ça.
39:04Et donc, c'est des choses qu'on va percevoir assez bien quand on maîtrise son bateau et puis la météo. Et c'est quelque chose que l'on va percevoir de manière beaucoup plus précise en utilisant ces logiciels.
39:18Pourquoi ? Parce que dans ces logiciels, on rentre des polaires de vitesse, c'est-à-dire la vitesse théorique du bateau quand il y a tel vent, que le vent est comme ça avec tel état de la mer. Et c'est du coup un logiciel qui est capable d'intégrer les derniers fichiers météo qui restent de la prévision.
39:36Donc parfois, vous suivez un routage et puis vous arrivez. Et puis en fait, ça marche pas du tout et ça passe pas. Donc c'est une assistance à la prise de décision sur la performance. Donc routage, oui, c'est vrai que dans le vocabulaire de la course au large, ça s'appelle comme ça. C'est pas vraiment un routage. C'est pas vraiment un routage. C'est une assistance à la prise de décision.
40:02— Et alors vous, vous routez vous, mais aussi vos concurrents. Est-ce que tu peux nous expliquer ça ?
40:10— Oui. Alors on a les positions des concurrents sur notre ordinateur qui arrivent par le réseau satellitaire au même rythme que le site Internet est mis à jour. Donc on sait... Je sais plus pour l'édition qui arrive, mais c'est quand même assez fréquent.
40:25Et donc on peut déterminer, avec la prévision météo, on peut décider plutôt de dire « OK, mon concurrent qui est là, il est pas exactement au même endroit que moi. Est-ce que pour aller au même endroit que moi, lui, avec les conditions qu'il va avoir, est-ce qu'il va arriver avant moi ou pas ? »
40:49Ou est-ce que c'est à peu près pareil ? Ou est-ce que si lui, il va là, il va avoir du très mauvais temps avec de la mer et donc il va peut-être abîmer son bateau ou il va pas pouvoir l'utiliser à 100% de son potentiel ?
41:06Bon, moi, si je vais là, j'arrive peut-être une heure après lui. Mais j'ai des conditions beaucoup mieux. Donc est-ce que ça vaut le coup que j'aille me mettre dans la même baston que lui pour arriver en même temps que lui mais avec toutes les chances de casser ?
41:19Je pense qu'il vaut mieux que je sois un peu plus raisonnable. C'est le genre de questionnement qu'on peut avoir en sachant, je pense, qu'il ne faut pas trop se préoccuper des autres, en tout cas quand on a une grande course comme ça à faire, parce qu'il peut se passer plein de choses,
41:37parce qu'il n'y a pas que la performance théorique et puis parce que ça peut rendre coir, ça peut rendre peureux de trop regarder les autres. Les autres vont là, c'est qu'ils ont sans doute raison. Mais non, pas forcément. Donc voilà, ça peut empêcher de faire des options. Alors il ne faut pas trop regarder les autres, je pense.
41:58Justement, ça a été une de tes spécialités, on va dire, dans le dernier cycle et dans le dernier Vendée Globe, c'est d'être celui qui est capable d'aller chercher des options que personne ne va chercher. Comment tu l'expliques ? Comment tu portes maintenant un peu cette étiquette du gars qui est capable d'attaquer tout seul dans son coin sur un bord qui semble un bord du facteur au départ, mais qui finalement s'avère payant ? Comment tu portes cette étiquette ?
42:27Sur le Vendée Globe 2020, j'avais donc un bateau très fiable et j'avais un bateau qui ne m'a pas empêché d'avoir des problèmes, mais j'avais un bateau très fiable et j'avais un bateau surtout très polyvalent. Et du coup, quand on tente des options comme ça avec des météos un peu incertaines, c'est bien d'avoir un bateau qui marche correctement à toutes les allures. Donc ça, c'est quelque chose qui m'a pas mal engagé vers ces choix d'options-là.
42:54Il y avait aussi un côté, j'avais perdu du temps au départ avec la casse de ma cloison, il fallait que je tente des choses, un côté un peu foutu pour foutu, on tente ce gros truc-là parce que ça va sortir avant tout le monde potentiellement, ou permettre de rattraper tout le monde.
43:18Et puis, il y avait un truc, c'est qu'à chaque fois, quand je faisais ces options-là, c'était des options qui m'amenaient vers le sud. Et donc, c'était des options qui me raccourcissaient la route par rapport aux autres. Et donc, il y avait ce truc de se dire, au pire, si ça ne marche pas hyper bien, je me serais quand même rapproché de la route directe. Et voilà. Donc, il y avait un mélange de tous ces critères-là.
43:41Pour finir, dernière question. Ce serait quoi un Vendée Globe réussi pour toi en 2024 ?
43:47La bonne réponse, c'est un Vendée Globe terminé. La réponse complète, c'est un Vendée Globe terminé sur le podium. Et si possible, sur des marches sur lesquelles je n'ai jamais été.
44:00Merci beaucoup.
44:01Avec plaisir.
44:11Sous-titrage Société Radio-Canada

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