• il y a 2 mois

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00:00Bonjour Marc Lavoine. Bonjour. Souvent quand on choisit le titre d'une chanson, le positif l'emporte,
00:05qui aurait pu prédire qu'une chanson dont le titre assimilait l'intensité d'un regard à une arme
00:09atteindrait le sommet des hits parades pendant 25 semaines et sans aucune balle perdue.
00:14Au fil des années, vous avez su, accompagné de vos frères de plume, trouver cette jolie formule appelée
00:18« Larme fatale », offrant en prime la possibilité d'écrire le mot « larme » en un ou deux mots.
00:23Elle a les yeux revolvaires à 40 ans. Quand on le dit, on ne peut pas s'empêcher de compter sur nos doigts
00:28pour vérifier tellement ça paraît improbable. Et pourtant, cette chanson, devenue un tube, est bien apparue
00:33en 1985 grâce à la belle écriture de Fabrice Aboulker. Votre voix, Marc, a fait le reste.
00:37Le reste, c'est quoi ? Des émotions ? Une intensité telle qu'on a vite compris que la femme fatale décrite
00:44existait vraiment et qu'elle pouvait aussi être nous ? Oui, cette chanson, c'est donc de l'amour et de l'espoir
00:49et comme c'est, l'espoir fait vivre. Aujourd'hui, vous sortez revolvaires, vous fêtez cet anniversaire
00:53à l'intérieur de 18 de vos plus grands tubes, parmi lesquels 4 inédits, le tout en version symphonique.
00:5840 ans, quand on est artiste, Marc, qu'est-ce qui en ressort en fait ? Que c'est court ou que c'est long ?
01:04Le temps qui passe n'existe pas dans les chansons. Je pense qu'une chanson arrête le temps à une époque
01:10et vous marque cette époque-là, mais que cette époque vous suit et puis même quand je les chante, je le sens.
01:14Je ne la chante pas pareil qu'avant, la chanson « Les yeux revolvaires », ou « Parking des anges » ou d'autres,
01:21l'intention est la même et puis les rides ou les blessures, les coups, les joies sont là.
01:30C'est maintenant plus un homme qui chante qu'un adolescent que j'étais à l'époque.
01:35C'est aussi une façon de réaliser l'un de vos rêves, celui de sortir un album en symphonique.
01:40En tout cas, vous vouliez faire ça avec un orchestre symphonique. Là, il s'agit de l'orchestre symphonique de Sofia,
01:46de la radio bulgare, très exactement. Ça a changé la façon d'interpréter les chansons ?
01:53Au fond, ce n'est pas moi qui en ai eu... Souvent, les désirs, c'est les gens qui m'entourent.
01:59Écrire une comédie musicale, c'était Fabrice Aboulker qui en avait envie. Il m'a cultivé à cette chose-là.
02:04Il m'a emmené voir des comédies musicales, notamment. Et puis j'ai été voir d'abord « Les Misérables »
02:10et puis là, j'ai vu Hamilton et d'autres, plein d'autres comédies, mais c'est lui qui m'a cultivé à ça.
02:15Et là, c'est Frédéric Domenec, mon manager, qui m'a dit « Il faut que tu le fasses. C'est important de le faire pour tes chansons,
02:23c'est important pour les albums, c'est important pour un spectacle, c'est important pour tout. »
02:29Et donc, c'est moi qui ai pensé à l'électro, à mettre l'électro à l'intérieur, mais le symphonique, c'est lui qui l'y a pensé.
02:34Il avait l'ambition de faire ça. Moi, je n'aurais jamais eu la prétention de le faire.
02:40Mais souvent, les partenaires avec lesquels vous travaillez vous montrent, vous donnent une idée qui semble possible pour eux.
02:49Et donc, du coup, elle devient possible pour moi. Et c'est comme ça que je l'ai fait.
02:52À Sofia, évidemment, dans un building nazi, en fait, accroché à un building communiste, ce qui était fort pour moi,
03:02parce que mes parents étaient donc communistes et ils ont lutté contre l'injustice en Algérie.
03:09Ils ont vécu la Deuxième Guerre mondiale. Et après, tous les conflits, ils les ont contredits.
03:17Ils ont manifesté beaucoup pour ça, pas seulement pour leur vie personnelle, mais il y avait une ambition.
03:25Mes parents ne faisaient pas ça pour changer le monde d'aujourd'hui, ils faisaient ça pour demain.
03:31Après, c'est une question qu'on peut se poser encore, mais en tout cas, ça m'a rappelé à ça.
03:36Tout me rappelle à ça. Tout me rappelle à ma mère, évidemment, mon père aussi.
03:41Parce que c'est elle qui m'a, lui m'a élevé, mais elle m'a vraiment construit, fabriqué.
03:51Et c'est toujours dans ses yeux que j'écris ou je fais des choses et c'est toujours pour elle.
03:57Et donc, ça m'a beaucoup rapproché de ma mère, en fait.
04:01Il y a soit de ma scie à l'intérieur de cet album, justement.
04:04Je voudrais qu'on en parle, parce que quand on parle de l'Algérie, là, pour le coup, vous parlez le même langage.
04:08Ça vous rappelle, d'ailleurs, les couscous que faisait votre tante.
04:12Il y a aussi des odeurs, il y a des photos de famille.
04:17L'Algérie est très importante. Pour moi, je suis allé chanter là-bas.
04:20J'ai fait deux concerts. On aurait pu en faire quatre, cinq.
04:24Les gens étaient dehors. Il y avait autant de gens dehors devant l'écran que dans la salle.
04:28Et c'était merveilleux, parce que j'ai eu l'occasion d'écrire une lettre à l'Algérie.
04:33Une lettre qui m'est inspirée par mon père et par ma mère.
04:40Et mon père me disait, tu es français, mais si tu regardes bien, dans le cœur, il y a l'Algérie.
04:49Je ne me sens pas chez moi là-bas, mais je m'y sens invité.
04:52Et je suis allé voir la maison qu'occupait ma tante quand elle était mariée avec un Algérien.
04:57Et ça m'a ramené, évidemment, en arrière.
05:00Quand je suis arrivé à l'aéroport, j'étais petit.
05:03Comme ma mère m'avait habillé comme une fille, elle me traitait un peu comme une fille.
05:08J'ai baissé mon pantalon et j'ai dit à mon oncle, je suis un garçon, je m'appelle Marc.
05:13Et ce garçon, ce monsieur, m'a offert une montre qui marchait.
05:17Pas une montre qu'on offre à un enfant avec l'aiguille qui se balade dans le cadran,
05:22mais une montre qui fonctionnait.
05:23Ça m'a vraiment marqué.
05:25J'avais une montre.
05:27J'étais tout petit.
05:31Et c'est là que j'ai compris la mort, j'ai compris le temps qui passe.
05:35J'ai compris tout un tas de choses que je ne comprenais pas.
05:37Je suis sorti un peu de l'innocence grâce à lui.
05:40Je suis resté un peu dans l'herbe, dans la prairie.
05:45Mais c'est un mec qui m'a beaucoup marqué.
05:48Et c'est très intéressant de rencontrer une culture par cette porte intime,
05:54qui est la fraternité et deux personnes qui se marient.
06:01Dans cet album, il y a effectivement des titres qui nous ont marqués, nous aussi.
06:04Et il y a ce titre qui ouvre l'album, pourrais-je dire, Encore je t'aime,
06:09qui là, pour le coup, est actuel.
06:11C'est-à-dire qu'on a à la fois le sentiment de regarder dans le rétro avec vous
06:15et en même temps, on se projette en avant.
06:21Et c'est vrai que là, vous nous ouvrez aussi les portes, vous nous prenez par la main.
06:25Écoute, j'ai écrit ce texte sans conscience, comme ça.
06:30Il est venu assez vite, assez rapidement.
06:33J'ai constaté l'état des lieux.
06:36J'ai fait l'état des lieux.
06:38Je me suis dit, tu ne te portes pas très bien, autant le dire.
06:41Et ça va beaucoup mieux.
06:43C'est vrai que la vie est incroyable.
06:48J'ai beaucoup de chance.
06:50J'avoue que vraiment, là, je me rends compte que j'ai du cul.
06:54J'ai beaucoup de cul.
06:57Je ne sais pas comment ça s'est produit.
06:59Enfin, je sais comment ça s'est produit.
07:01Mais ce qui m'arrive est une sorte de...
07:04Je ne sais pas quoi dire.
07:07Mais je crois qu'il ne faut jamais s'estimer perdu.
07:13Il ne faut jamais baisser les bras,
07:15puisque finalement, un visage vous sauve,
07:20une silhouette, un sourire, une phrase.
07:25Et vous vous accrochez à cette phrase
07:28et vous partez dans un voyage absolument incroyable
07:32qui n'a a priori pas de fin.
07:35Il représente quoi, alors, cet album anniversaire,
07:40ce revolver d'aujourd'hui ?
07:43Pour moi, il représente beaucoup.
07:45Mais c'est juste un disque.
07:47Maintenant, je pense que si on écoute cet album-là,
07:52on va se retrouver un peu dans chacune des chansons.
07:55Mais les versions sont tellement inouïes.
07:58C'est ça la France, la version est vraiment dingue.
08:01C'est déjà la 3e ou 4e version que je fais.
08:03« Toi, mon amour », c'est la 4e version.
08:06Après le duo avec Clara Luciani,
08:10la version officielle et la version avec Sérone, c'est la 4e.
08:14Ça aurait pu être compliqué.
08:16Eh bien, non.
08:18On trouve une version, une nouvelle façon de la faire.
08:21C'est la même chose pour « J'ai tout oublié ».
08:23C'est pareil pour la chanson sur mon père.
08:26Je trouve que, je ne sais pas, on arrive à redonner une vie.
08:29Alors, c'est le talent de mes copains,
08:30c'est le talent des producteurs, de Darko, de Mathieu,
08:33de Jean-François Berger et d'Étienne Queloux.
08:35C'est leur talent, évidemment.
08:37Mais quand même, ils s'appuient sur un truc.
08:39Donc, c'est véritablement le talent d'un bouleker, évidemment.
08:42Quand on entend « Qu'est-ce que t'es belle »,
08:45j'en parlais avec Catherine,
08:48parce qu'on a rechanté la chanson.
08:51C'était génial.
08:53On ne s'est jamais quitté avec Catherine.
08:55On s'est toujours tenu la main d'une scène à une autre.
08:58Les radios la jouent, cette chanson,
09:00donc elle est très vivante.
09:02Mais là, de la refaire ensemble,
09:05on se prenait par la main.
09:08C'est un chemin, quand même.
09:10Ça fait près de 40 ans que cette chanson est sortie.
09:13Ce chemin, c'est tout ce qui s'est passé depuis.

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