• il y a 8 heures
Dans la course aux voitures électriques, les constructeurs européens ont pris du retard face à la Chine qui, à coups de subventions, parvient à proposer des modèles moins chers. En réaction, la Commission européenne a annoncé que les importations de véhicules électriques chinois se verraient dorénavant imposer une surtaxe allant jusqu’à 36 %. Pékin menace de mesures de rétorsion. Faut-il les craindre ? Débat et analyse dans "Ici l'Europe", avec les eurodéputés Christophe Grudler (Renew) et Estelle Ceulemans (S&D). Année de Production :

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00:00France 24 LCP. Public Sénat présente.
00:05Générique
00:08...
00:25Bonjour à tous, bienvenue dans Ici l'Europe.
00:27Cette semaine qui a été riche en réunions de haut niveau à Bruxelles.
00:31A l'issue du premier sommet de l'Union Européenne avec les Etats du Golfe mercredi 16 octobre
00:38et d'un Conseil Européen réunissant les 27 le lendemain.
00:43Beaucoup de déclarations mais peu de décisions concrètes et décisives à l'issue de cette séquence.
00:49Il a été question du Proche-Orient, de l'Ukraine, des migrations entre autres.
00:53Pour faire un tour d'horizon de cette actualité mondiale vue depuis l'Union Européenne,
00:59nous avons le plaisir d'être en compagnie de son chef de la diplomatie, l'Espagnole Josep Borrell,
01:04au représentant pour les affaires étrangères et la sécurité.
01:08Bonjour Monsieur Borrell.
01:09Bonjour.
01:10Je rappelle quand même que vous êtes un ancien ministre des affaires étrangères en Espagne,
01:14du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, ancien président du Parlement Européen aussi.
01:19C'était d'ailleurs votre dernier Conseil puisque vous quittez vos fonctions en décembre.
01:24Et puis au sommet de jeudi, on a appris la mort de Yahya Sinouar, le chef du Hamas.
01:31Je voudrais une première réaction déjà sur ce sujet.
01:34C'est une occasion pour finir la guerre.
01:38C'est une occasion pour insister pour que les otages soient délivrés.
01:44Et que l'on puisse commencer à penser à des solutions basées sur la recherche de la paix.
01:53C'était le chef de cet acte terroriste il y a un an.
01:59Pendant un an, Israël a attaqué la bande des Gazans en essayant de les trouver.
02:06Il a trouvé la mort.
02:08Il reste encore une centaine d'otages qui sont encore arrêtés.
02:15Il y a derrière plus de 40 000 morts.
02:18C'est le moment de dire assez.
02:22Regardons dans le futur.
02:24Lançons un procès politique pour trouver la paix entre les Israéliens et les Palestiniens.
02:29Justement d'ailleurs, je le rappelais en introduction,
02:32Joseph Borrell, l'Union Européenne a organisé son premier sommet avec les Etats du Golfe.
02:37Dans l'espoir aussi de s'appuyer un peu sur eux pour peser sur la région.
02:41Est-ce que pour vous c'est une réussite ?
02:43Oui.
02:44Oui parce que je cherche depuis longtemps que les Européens et les Arabes travaillent ensemble pour cette paix.
02:52Pour ce processus de paix.
02:54Et à l'Assemblée Générale des Nations Unies en New York, on avait réussi à lancer un processus pour faire réalité l'État palestinien.
03:06Implementation, la mise en œuvre de l'État de la Palestine qu'on proclame depuis 30 ans que c'est le but de la communauté internationale.
03:15Oui, les Arabes sont venus.
03:17Pas tous les Arabes, les pays du Golfe sont venus à Bruxelles.
03:21On a fait le premier sommet entre les Européens et les pays du Golfe.
03:25Et je pense que la volonté de travailler ensemble entre ces deux régions est là.
03:30Donc profitons de la circonstance.
03:32Quand même, Joseph Borrell, on note que l'Union Européenne est la première contributrice de la région, en particulier pour la Palestine.
03:40Les 27 sont pourtant démunis lorsqu'il s'agit de peser au Proche-Orient.
03:45Est-ce que c'est parce qu'ils se sont désengagés, qu'ils sous-traitent finalement leur diplomatie aux Américains ?
03:50Ou est-ce que c'est parce qu'ils sont trop divisés ? Et où les deux ?
03:54Malheureusement, je dois le reconnaître parce que c'est une réalité évidente.
04:02Parmi les 27, il y a des positions très différentes vis-à-vis de ce conflit-là.
04:08Expliquez-les-nous, peut-être.
04:10Il y a des pays comme l'Irlande, l'Espagne, la Belgique, qui sont très demandeurs d'un appui à l'État palestinien,
04:20qui ont même reconnu cet État avant même qu'il existe,
04:25qui mettent en question qu'on doive continuer à fournir des armes à Israël.
04:31Et de notre côté, il y en a d'autres, comme peut-être l'Allemagne, l'Autriche,
04:35qui sont au contraire absolument décidées à continuer à fournir de l'aide militaire à Israël
04:44sous les motos qu'il faut qu'Israël puisse exercer son droit à la défense.
04:51Ce que personne ne conteste, tout le monde est d'accord.
04:55Le problème, c'est quelles sont les limites du droit à la défense.
04:59Parce que les droits à la défense, comme tous les droits, ont des limites.
05:03Et les limites, c'est les droits humanitaires.
05:06Alors quand on voit ce qu'on voit de la destruction de Gaza,
05:09la question est pertinente, est-ce que les droits à la défense s'exercent dans les limites de ces droits ou pas ?
05:17Et là, vous aurez des opinions différentes.
05:20Alors, on va parler du deuxième grand dossier finalement de ce Conseil européen, à savoir l'Ukraine.
05:26Les européens se sont penchés sur ce conflit.
05:31Joseph Borrell, qu'est-ce que vous avez pensé dans un premier temps d'ailleurs de ce plan de victoire présenté par Volodymyr Zelensky ?
05:39Il est tout à fait logique. L'Ukraine veut gagner la guerre.
05:45L'Ukraine veut récupérer les territoires que la Russie a occupés.
05:50Et pour ceci, elle a besoin de notre aide.
05:54Le but final de l'Ukraine, c'est de faire partie de la communauté occidentale.
05:59Ça veut dire être membre de l'Union européenne et aussi membre de l'OTAN.
06:04Mais pour ceci, pour gagner la paix, il faut d'abord gagner la guerre.
06:09Et elle nous demande de l'aide.
06:12Elle nous demande une aide accrue, qui arrive plus vite.
06:16Et il y a des choses dont nous, pour l'instant, on n'a pas été capable de fournir,
06:21ou même il y a des états qui ne veulent pas fournir, comme des armes de longue portée.
06:27Zelensky demande même la capacité nucléaire.
06:31Tout ça, c'est évidemment à étudier.
06:34Vous êtes pour les armes de longue portée, par exemple ?
06:37Le nucléaire, je préfère le mettre à côté.
06:40Et la longue portée ?
06:42Là aussi, il y a des points de vue différents parmi les états membres.
06:46Il y en a qui sont tout à fait décidés à dire qu'il ne faut pas seulement arrêter les flèches,
06:52mais aller chercher celui qui a les arcs.
06:55Et d'autres qui ont peur de l'escalade.
06:58Mais en tout cas, c'est vrai que l'Ukraine ne pourra pas avoir la victoire
07:03sans l'aide occidentale des États-Unis et de l'Europe.
07:07Mais alors, cette aide, elle se fait d'autant plus attendre
07:11qu'il y a toujours le même empêcheur de tourner en rond, j'ai envie de vous dire,
07:14Victor Orban, en Hongrie, qui met son veto sur un soutien militaire renforcé de 6,6 milliards d'euros
07:22pour ce qui est de la facilité de paiement pour acheter des armes à l'Ukraine,
07:27qui met son veto aussi sur le versement total de 35 milliards d'euros
07:31promis par les Européens au G7 pour l'Ukraine.
07:36Qu'est-ce qu'on peut faire face à un veto qui est difficile à contourner ?
07:41Vous aviez proposé d'ailleurs des solutions.
07:43J'ai proposé des solutions, on est en train de les chercher,
07:48j'ai encore l'espoir qu'on pourra trouver une solution.
07:52Mais c'est vrai que voilà, l'Hongrie, et pas seulement l'Hongrie,
07:56on pourrait dire aussi peut-être d'autres pays qui sont beaucoup plus sceptiques
08:01sur la possibilité de l'Ukraine de continuer à mener la guerre,
08:05qu'ils demandent la paix tout de suite, mais la paix, quelle paix tout de suite ?
08:10Tout le monde veut la paix, et celui qui le veut le plus, c'est les Ukrainiens.
08:14S'il y a quelqu'un qui veut arrêter de voir son pays détruit et ses hommes morts, c'est l'Ukraine.
08:20Mais quelle sorte de paix ? La paix qui…
08:23On ne peut pas confondre la paix avec la rendition.
08:26Et c'est là la question que nous sommes en train de débattre.
08:30Et j'ai encore la tâche de trouver des solutions pour que l'Hongrie ne bloque pas
08:36les versements de quantités importantes pour l'aide militaire à l'Ukraine.
08:40Et je pense que, comme je vous dis, qu'on va y arriver au prochain Conseil.
08:45Alors, Viktor Orban a dit que, au sommet de la communauté politique européenne,
08:51deux jours après l'élection américaine, il allait sabrer le champagne en cas de victoire de Trump.
08:57Viktor Orban, qui était un peu sur tous les fronts à l'occasion de sa présidence tournante
09:01du Conseil de l'Union européenne, qui s'est rendu, on le sait, à Kiev, puis à Moscou,
09:05puis en Chine. Est-ce qu'il essaie de vous faire de l'ombre, finalement ?
09:10Il a décidé d'être grand diplomate en chef ?
09:13Vous savez, les États membres de l'Union, chacun reste maître de sa politique étrangère.
09:19Chacun a la sienne. Et on veut en bâtir une qui soit commune.
09:24Commune, mais pas unique. Et la preuve qu'elle n'est pas unique,
09:28c'est que les pays qui ont la présidence rotatoire du Conseil,
09:32pas du Conseil européen, de l'autre Conseil,
09:35sont un peu chevaliers seuls en défendant ce point de vue,
09:40en allant à Moscou, en Chine, en essayant d'expliquer comment l'Hongrie voit ça.
09:46Il y a une certaine confusion entre le rôle d'un pays, l'Hongrie,
09:51et la présidence du Conseil, mais la confusion n'est pas là
09:54parce que la présidence du Conseil n'a pas de compétences en la politique extérieure de l'Union.
10:00Elles ont été transmises aux représentants.
10:03Ça, c'est difficile de comprendre pour le commun des gens, mais il faut le savoir.
10:08La présidence rotatoire n'a pas de compétences en politique étrangère,
10:12donc M. Orban peut dire ce qu'il veut en tant que président de l'Hongrie,
10:15au Premier ministre de l'Hongrie.
10:17Alors, justement, on parlait de cette élection américaine du 5 novembre
10:22qui va peser sur le dossier ukrainien, c'est certain.
10:25Est-ce qu'il y a des visions très différentes, pour vous, de ce conflit
10:29entre une Kamala Harris et un Donald Trump, et sur quel point ?
10:33Oui, il y a des différences, sans doute.
10:36Écoutez, Donald Trump a dit qu'il serait capable d'arrêter cette guerre en quelques jours, une semaine.
10:44Oui. Et alors, vous le croyez ?
10:46Vous pouvez imaginer comment on peut arrêter une guerre dans une semaine.
10:50Et Kamala Harris n'a pas dit des choses pareilles.
10:53Elle est beaucoup plus réaliste, beaucoup plus, je pense, du côté de continuer l'aide à l'Ukraine.
11:00Parce que l'aide à l'Ukraine, on ne la fait pas parce qu'on est généreux,
11:05on est des bons copains avec l'Ukraine.
11:07On aide l'Ukraine parce qu'on pense que l'Ukraine, quand elle se défend,
11:11elle défend aussi l'Europe, elle défend aussi la sécurité européenne.
11:16Imaginez-vous quels seraient les résultats si l'Ukraine devait se rendre ?
11:20Vous auriez un gouvernement poupée à Kiev, exactement comme il l'a déjà en Belarussie.
11:27Vous auriez l'armée russe à la frontière polonaise.
11:30Vous auriez la société ukrainienne sous les cracs.
11:33Et vous auriez la Russie en train de contrôler le marché mondial du blé et d'autres situations géopolitiques
11:41que, du point de vue de nos valeurs et de nos intérêts, nous devrions essayer d'éviter.
11:46C'est aussi dans notre intérêt d'aider l'Ukraine.
11:49Ce n'est pas seulement un acte de générosité.
11:52On a senti quand même que le ton était en train de changer sur un autre chapitre lors de ce sommet européen,
11:57sur les migrations, où même la présidente Ursula von der Leyen propose des hubs de retour
12:02pour les migrants illégaux vers les pays tiers.
12:04Vous avez beaucoup insisté pendant votre mandat sur le nécessaire dialogue équilibré avec l'Afrique.
12:09Est-ce que c'est intéressant ou fructueux quand on ne leur parle que de migration ?
12:15C'est une grande erreur des Européens, et je pense qu'il y a des approches que je ne partage pas,
12:22de voir l'Afrique seulement sous les yeux d'un continent qui a un excellent démographique,
12:29c'est-à-dire de la migration.
12:31L'Afrique, c'est beaucoup plus que ça.
12:33L'Afrique, c'est un continent énorme, varié.
12:37Oui, il a une dynamique démographique bien plus puissante que la nôtre.
12:41Nous sommes dans un hiver démographique.
12:44Ils ont une jeunesse qui cherche un avenir.
12:47Mais penser que l'Afrique, c'est seulement une menace, parce qu'il y a des mouvements migratoires,
12:54et oublier sa dynamique économique et sa capacité de produire tout ce qu'il nous faut,
13:01à commencer par les matériaux critiques, son rôle géopolitique dans le monde d'aujourd'hui, c'est un aveuglement.
13:08Nous, Européens, ne pouvons pas regarder seulement l'Afrique sous les yeux de la migration.
13:15Et encore, la migration, il faut savoir qu'on en a besoin.
13:18La migration, pour l'instant, c'est vrai qu'on voit un durcissement,
13:22une Europe qui a beaucoup basculé plus à droite lors des dernières élections européennes.
13:27Ça a été suivi d'ailleurs par aussi des élections dans les pays européens
13:33qui voient des victoires de la droite plus radicales.
13:37Est-ce que, finalement, cette question migratoire, cette stigmatisation des migrants,
13:42cette idée de sous-traiter à l'extérieur toutes nos questions de droit d'asile, c'est la bonne direction selon vous ?
13:51Moi, je ne partage pas cette approche. Je suis un homme de gauche.
13:56Et oui, l'Europe bascule à droite. Pas autant qu'on avait pensé au début.
14:03Mais c'est vrai que la dynamique politique vis-à-vis des problèmes migratoires,
14:09aujourd'hui, a une dominante de valeur, jusqu'à maintenant, représentée par la droite.
14:16Attendez un moment. Par ça, je ne veux pas dire que la migration irrégulière ne soit pas un problème.
14:23Bien sûr, c'est un problème. Bien sûr, il faut protéger nos frontières.
14:28Bien sûr, il faut faire en sorte que les migrants arrivent d'une façon ordonnée,
14:32qu'ils ne mettent pas sa vie en péril et qu'ils ne créent des problèmes d'intégration.
14:37Bien sûr, tout ça, c'est tout à fait vrai.
14:39Mais, comme disait le Premier ministre espagnol, il faut chercher une approche un peu plus équilibrée.
14:45La dynamique de la peur ne peut pas guider la politique migratoire.
14:50Parce qu'il faut savoir que dans beaucoup de pays européens,
14:54un certain nombre de migrants, d'apports de jeunesse, de capacités de travail,
14:59nos sociétés ne marcheraient pas.
15:02Joseph Borrell, chef de la diplomatie européenne.
15:04Cinq ans de mandat, vous le terminez dans quel état d'esprit ?
15:07Quels sont vos réussites et vos regrets ?
15:10Je pense que l'Europe a besoin de s'intégrer plus, qu'on a encore trop de réflexes nationaux.
15:17Qu'on se rende pas encore compte que dans le monde d'aujourd'hui,
15:22dans le monde des géants, le monde difficile, où la force est redevenue comme un grand argument,
15:29les Européens, chacun de son côté, sont trop petits.
15:32Il faut absolument qu'on fasse une politique beaucoup plus européenne,
15:38beaucoup plus intégrée.
15:40Et je trouve que les réflexes nationaux sont encore beaucoup trop forts.
15:44C'est Kayak Alas d'ailleurs qui vous succède, une Estonienne très ferme sur les conflits à l'Est,
15:49qui l'appassionne forcément, puisque son pays est voisin de la Russie,
15:53mais peut-être moins intéressée par le Sud global ?
15:56Je ne pense pas qu'elle soit plus ferme que j'ai été vis-à-vis des conflits dans l'Est.
16:01Je pense que c'était aussi ferme qu'il fallait l'être.
16:05Mais ce conflit est un conflit substantiel pour l'Europe,
16:09sans doute ce n'est pas le seul auquel il faut faire face.
16:13Vous avez des regrets du côté du Sud global, par exemple de l'Amérique latine ?
16:18Est-ce qu'on a dénoncé un peu vite des traités comme le Mercosur,
16:23mais pas tellement favorisé nos rapports avec l'Amérique latine ?
16:28Moi je fais un grand effort pour mettre l'Amérique latine dans l'écran radar de l'Union européenne.
16:34Elle n'existait pas, ou presque.
16:37Maintenant on se rend compte que c'est un géant économique aussi,
16:41et qu'on a un grand intérêt à avoir avec l'Amérique latine des rapports beaucoup plus forts
16:46que les rapports historiques et culturels,
16:49qui dans certains pays sont très importants, et dans d'autres moins importants.
16:54Et je pense qu'on pourrait signer cet accord Mercosur,
16:59qu'on discute depuis une vingtaine d'années.
17:02En tout cas, aujourd'hui l'Amérique latine est beaucoup plus présente,
17:06pas seulement en tant qu'un problème politique,
17:08mais en tant qu'une réalité économique qu'on ne peut pas négliger.
17:13Merci Joseph Borrell d'avoir été notre invité aujourd'hui.
17:16Merci à vous de nous avoir suivis, restés en notre compagnie,
17:20à suivre le débat de France 24 et la chaîne parlementaire
17:24qui traite de la voiture électrique et de la Chine.
17:27C'est tout de suite le débat.
17:33Bienvenue à Bruxelles, dans ce Parlement européen,
17:36qui espère que nous pourrons tous bientôt carburer à l'électrique,
17:41sans l'être trop appuyé des Chinois.
17:43En effet, la voiture électrique est l'un des enjeux majeurs pour l'Europe
17:47de sa lutte contre le réchauffement climatique,
17:49mais elle ne doit pas se faire au détriment de son indépendance industrielle.
17:54Or, les constructeurs européens ont pris du retard face aux Chinois,
17:58qui bénéficient de subventions à hauteur de 21% de leur chiffre d'affaires,
18:03ce qui leur permet de proposer des modèles moins chers.
18:06Inquiétude.
18:07La part de marché des véhicules fabriqués en Chine est passée de 12%
18:12à près de 25% en 4 ans, et cela pourrait grimper encore davantage en flèche.
18:17Oui, et en réaction à ce marché faussé, la Commission européenne a annoncé
18:22que les importations de véhicules électriques chinois se verraient imposer
18:25une surtaxe allant jusqu'à 36%, en plus des 10% déjà existants.
18:30Cela reste beaucoup moins que les Etats-Unis,
18:32qui imposent désormais des droits de douane de 100%.
18:35Une décision européenne que n'ont pas réussi à bloquer les pays les plus réticents.
18:39Allemagne, Slovaquie, Slovénie, Malte et Hongrie.
18:42Autant de pays qui craignent des représailles chinoises
18:45sous la forme de taxation intempestive sur les secteurs automobiles,
18:48agricoles et alimentaires européens.
18:50Alors, pour en débattre aujourd'hui, nous sommes en compagnie
18:53de deux députés européens.
18:55Estelle Kelemans, bonjour.
18:57Vous êtes députée socialiste belge de la Commission emploi
19:00et Christophe Grudelaire, eurodéputé français du groupe Renew,
19:04membre de la Commission industrie au Parlement européen.
19:07Alors, monsieur Grudelaire, c'est une mesure que vous défendez,
19:12cette taxation supplémentaire sans restriction,
19:15taxation sur les voitures électriques chinoises.
19:18Eh bien oui, évidemment.
19:20Il faut qu'on défende nos bases industrielles automobiles européennes.
19:23Je rappelle quand même que c'est 7% du PIB de l'Europe,
19:26c'est 2,4 millions de salariés
19:28de la filière automobile en Europe,
19:30et donc on doit arrêter d'être naïfs
19:32et on doit savoir se défendre.
19:34Et le fait de taxer, surtaxer,
19:36peut-être vont dire certains, les voitures chinoises
19:38qui arrivent dans des conditions
19:40qui ne sont pas conformes au marché européen,
19:42puisque les subventions d'Etat là-bas
19:44leur permettent de venir ici avec des prix moins chers,
19:47mais artificiellement moins chers.
19:49Donc on ne se bat pas à armes égales.
19:51Donc on taxe, et au moins comme ça,
19:53les armes égales au coût réel de production de ces véhicules.
19:56Et certainement, ces droits de douane
19:58ne font cependant pas l'unanimité en Europe,
20:00notamment les Allemands y étaient réticents et s'en inquiètent.
20:03Pourquoi, selon vous ?
20:05C'est là qu'on voit qu'on ne se trouve pas
20:07face à des divergences d'opinion
20:09au niveau des groupes politiques,
20:11mais plutôt au niveau géographique.
20:13Vous citez les Allemands,
20:15parce qu'eux, aujourd'hui,
20:17exportent pas mal de véhicules de luxe
20:19vers la Chine et ont peur
20:21de mesures de rétorsion à ce niveau-là.
20:23Au sein du groupe S&D,
20:25qui est le mien,
20:27il n'y a effectivement pas d'unanimité,
20:29mais d'un autre côté, pour une grande partie...
20:31Parce qu'Holarchov, c'est, je le précise,
20:33social-démocrate, et c'est lui
20:35qui a essayé de former une coalition
20:37contre cette taxation
20:39des véhicules électriques chinoises.
20:41Et ça n'a pas fonctionné, parce que je pense
20:43qu'il est temps de prendre des mesures
20:45pour jouer à armes égales,
20:47avec un pays comme la Chine,
20:49qui, aujourd'hui, produit,
20:51même pas à bas coût, je veux dire,
20:53pas au prix réel,
20:55ces voitures et les exportent
20:57vers l'Europe. On a aussi
20:59un peu parfois le même problème
21:01avec des produits qui sont,
21:03par rapport aux Etats-Unis,
21:05qui ont mis sur pied ce qu'on appelle
21:07le pacte pour la réduction
21:09inflatoire, où, là aussi,
21:11les entreprises américaines ont été méchamment subsidiées.
21:13Donc, voilà, ce sont des problèmes
21:15qui risquent de se poser à d'autres niveaux géopolitiques
21:17uniquement avec la Chine.
21:19Alors, devant votre Parlement européen,
21:21la semaine dernière, le commissaire chargé
21:23du commerce, Valdis Dombrovskis,
21:25a défendu cette idée des taxes.
21:27Écoutons-le tout de suite.
21:29En parallèle des taxes provisoires
21:31que nous imposons, nous avons engagé
21:33d'intenses négociations pour chercher
21:35une solution. Cette solution,
21:37qui pourrait consister en des hausses de tarifs,
21:39devrait avoir les mêmes effets que les taxes.
21:41Elle devrait éliminer les effets
21:43pervers des subventions étatiques
21:45dont la réalité est aujourd'hui établie.
21:47Je veux insister sur le fait que le but
21:49de nos mesures de défense commerciale
21:51n'est pas de fermer des marchés,
21:53mais bien de rétablir une compétition équitable.
21:55Alors, Christophe Grudelaer,
21:57au terme d'une enquête, les contrôleurs
21:59européens ont établi ces subventions
22:01étatiques en Chine. Ce sont des pratiques
22:03interdites en Europe ?
22:05C'est de la concurrence déloyale, pure et simple ?
22:07C'est totalement de la concurrence déloyale.
22:09Et maintenant, on s'est doté, au Parlement européen,
22:11d'un outil de lutte contre les subventions étrangères
22:13illégales. On a ouvert quatre enquêtes,
22:15deux sur du photovoltaïque, un sur l'éolien,
22:17un sur du train, en Bulgarie,
22:19et le simple fait d'ouvrir des enquêtes
22:21ont fait que les Chinois ont retiré
22:23deux réponses à des appels d'offres.
22:25C'est la preuve que ce sont de bons outils.
22:27Mais, je voudrais dire ce qu'a dit M. Domboski,
22:29clairement, on exige, nous,
22:31au groupe Renew, que le Parlement
22:33européen reçoive une réponse
22:35de la Commission qui s'engage dans les
22:37100 jours à avoir une stratégie
22:39automobile européenne pour
22:41donner une vraie visibilité, qu'on sache
22:43où on aille sur le long terme,
22:45mais pas seulement ponctuellement
22:47surtaxer les voitures chinoises.
22:49Parallèlement, il faut bien le noter,
22:51des négociations ont été engagées
22:53depuis deux mois avec
22:55ces Chinois pour éviter
22:57cette fameuse guerre commerciale et pour essayer
22:59point à point
23:01de faire des tarifs douaniers
23:03avec leur accord. Est-ce que vous y croyez ?
23:05C'est clair qu'en tout cas,
23:07jusqu'au 1er novembre, c'est-à-dire
23:09avant d'entrer en vigueur de cette
23:11nouvelle fiscalité par rapport
23:13aux voitures chinoises,
23:15la Commission va essayer de tout faire
23:17pour éviter cette surtaxation.
23:19Le seul souci, c'est qu'on revit
23:21un petit peu l'épisode des panneaux
23:23solaires chinois
23:25des années 2013, où effectivement,
23:27à l'époque, et notamment Mme Merkel
23:29à l'époque aussi avait tapé du poing
23:31sur la table pour éviter
23:33cette surfiscalité des panneaux solaires chinois.
23:35Et qu'est-ce qui s'est passé ?
23:37Ça n'a pas été mis en oeuvre. Des mesures
23:39en tout cas protectionnistes
23:41ont été mises sur pied, mais pas
23:43une surfiscalité. Et qu'est-ce qu'on observe
23:45aujourd'hui ? C'est que la plupart
23:47des panneaux solaires qui sont installés
23:49en Europe, il n'y a en tout cas
23:51que 3 % des panneaux solaires installés
23:53en Europe qui sont produits en Europe.
23:55Ce précédent-là doit nous montrer
23:57qu'aujourd'hui, il est important
23:59de taper du poing sur la table par rapport
24:01au secteur automobile. On pourra y revenir.
24:03C'est 14 millions d'emplois directs et indirects
24:05notamment au niveau de l'automobile
24:07en Europe. Et il est plus que temps
24:09de relocaliser cette industrie, en tout cas
24:11de la stabiliser. Et véritablement,
24:13en tout cas, puisqu'au moment du Covid,
24:15on avait dit qu'il fallait une autonomie stratégique
24:17sur justement des secteurs aussi stratégiques
24:19que celui-là. C'est important justement
24:21de soutenir notre économie
24:23et notre industrie automobile.
24:25Mais on apporte déjà des réponses à tout ça.
24:27Sur le photovoltaïque, il y a une nouvelle alliance européenne
24:29du photovoltaïque qui est destinée aux entreprises
24:31européennes pour qu'elles puissent lutter
24:33à armes égales. Donc on fait vraiment
24:35des efforts. Je pense qu'il faut souligner parce que
24:37on croit que l'Europe, c'est open bar,
24:39tout le monde peut venir chez nous alors qu'on ne peut pas aller chez les autres.
24:41Non. Je veux dire, grâce au commissaire Breton
24:43notamment dans la dernière mandature,
24:45on a pris des mesures très strictes sur ces
24:47questions d'alliances européennes, alliances industrielles
24:49pour que l'industrie retrouve
24:51toutes ses dettes de noblesse en Europe.
24:53Mais on s'est peut-être protégé trop tard. Aujourd'hui, seulement 3%
24:55des panneaux photovoltaïques sont produits
24:57en Europe. Il ne faut pas faire la même erreur avec l'automobile.
24:59Mais oui, absolument.
25:01Les panneaux photovoltaïques, c'est pareil, c'est de la subvention
25:03directe chinoise qui fait qu'ils ne viennent pas chers.
25:05Et une fois qu'ils auront tué nos entreprises
25:07européennes, ils viendront avec des panneaux
25:09trois fois plus chers. On n'aura plus d'alternative.
25:11C'est pareil que pour l'automobile.
25:13Donc c'est bien ce que je dis. Il y a effectivement
25:15un souci et il est temps d'agir
25:17maintenant. Absolument. Mais c'est pour ça qu'on a
25:19déjà des outils qui sont prêts, mais tant qu'ils ne demandent plus
25:21qu'à être appliqués. On a déjà réagi, c'est ça que je veux dire.
25:23Et il faut parfois quelques mois,
25:25quelques années, des fois, pour que les effets se fassent
25:27directement ressentir. Alors, Christophe Gaudelaire, sur les risques
25:29de représailles qui sont sérieux de la part
25:31de la Chine, la Chine menace des taxations
25:33des voitures thermiques de plus
25:35de 2,5 litres, de 25%,
25:37et de taxer les cognacs,
25:39ce qui, évidemment, fait hurler les Français.
25:41Il faut s'en inquiéter ?
25:43Alors, je suis très attaché au vin spiritueux,
25:45comme à tous les secteurs économiques,
25:47bien évidemment, mais je pense que
25:49quand on est dans un rapport de force,
25:51c'est le plus faible qui perd.
25:53Donc, moi, je dirais aux producteurs
25:55de vins spiritueux, faites-nous confiance,
25:57on est dans un rapport de force.
25:59On n'est pas comme un funambule qui,
26:01au bout d'un mètre, se demande s'il ne va pas tomber du fil,
26:03parce que là, il va tomber. Et donc,
26:05il y a un rapport de force, c'est clair,
26:07il y a des menaces de représailles sur les vins spiritueux.
26:09Si on montre qu'il y a une vraie inquiétude en Europe,
26:11ils vont continuer et ils vont en faire plus.
26:13Donc, au contraire de tout cela, il faut continuer.
26:15Les Chinois, ils sont riches,
26:17ils ont une croissance économique parce qu'ils commercent
26:19avec l'Europe, qui est le premier marché
26:21au monde. Si
26:23il faut des rétorsions sur le cognac,
26:25il y aura d'autres sanctions, d'autres taxes
26:27qui seront prises sur d'autres domaines,
26:29et à la fin du jeu, ils vont perdre.
26:31Donc, ce rapport de force,
26:33il faut le gagner. Et ce n'est pas en étant
26:35trop inquiets publiquement
26:37qu'on va y arriver.
26:39En attendant, sur ce qui est de la construction,
26:41ils sont dans un rapport de force, une dynamique
26:43un peu vertueuse aussi, les Chinois,
26:45parce que vous, en Belgique, madame Cullemans,
26:47vous avez un exemple éclatant du décrochage
26:49européen, l'usine Audi de Forest,
26:51qui emploie 3000 personnes
26:53à la fabrication de modèles haut de gamme
26:55de voitures électriques, va fermer l'an prochain.
26:57Et comment vous expliquez
26:59les causes profondes de ce naufrage ?
27:01Ici, c'est pour une délocalisation
27:03au Mexique, c'est-à-dire que
27:05les voitures qui aujourd'hui sont produites
27:07sur le sol européen, demain seront produites
27:09au Mexique. Alors, on pourrait se dire
27:11que c'est pour approvisionner
27:13en Audi électrique
27:15et de haut de gamme
27:17le marché américain. Non, parce qu'une
27:19grande partie de ces voitures, après, vont revenir
27:21vers l'Europe. Donc, c'est extrêmement problématique.
27:23Et c'est justement le cas de figure
27:25dont on parle ici.
27:27Il ne suffit pas, d'ailleurs, de faire des guerres économiques,
27:29qu'elles soient vis-à-vis des Etats-Unis,
27:31qu'elles soient vis-à-vis de la Chine. Il faut surtout,
27:33au niveau européen, prendre notre destin en main
27:35et avoir, comme ça a été dit
27:37tout à l'heure, avoir un vrai plan
27:39d'autonomie stratégique
27:41et de réindustrialisation. On ne peut pas
27:43lutter point à point par rapport aux questions
27:45de prix, mais il faut vraiment, demain,
27:47dès que cette commission est mise en place...
27:49On ne peut pas se pensionner comme les Chinois,
27:51nous, en l'occurrence, on serait hors-jeu
27:53des règles de l'OMC.
27:55Ce n'est pas vraiment l'objectif,
27:57mais il faut vraiment soutenir,
27:59notamment par la recherche,
28:01sur la question de la fabrication des batteries,
28:03parce que, d'une manière ou d'une autre,
28:05même si, demain, on apporte moins de voitures
28:07chinoises en Europe,
28:09il y a toujours les problèmes des batteries,
28:11puisque plus de 99 % des batteries sont toujours fabriquées
28:13en Chine, aujourd'hui, ou une grosse partie des composantes.
28:15Donc, il faut vraiment développer
28:17la technologie, l'innovation, ici,
28:19et c'est ça qu'il faut vraiment soutenir,
28:21c'est vraiment un plan industriel global,
28:23au niveau européen. Par contre, l'autre aspect,
28:25c'est que peut-être, justement, cette taxation
28:27des voitures chinoises va peut-être faire
28:29en sorte que même les Chinois vont venir
28:31produire leurs voitures, ici,
28:33chez nous. À un moment donné, sur le site d'Audi,
28:35il en était question qu'un producteur
28:37de voitures chinoises pouvait,
28:39ou en tout cas un assembleur,
28:41aller venir, effectivement, être actif sur le sol européen.
28:43Et ça, c'est peut-être l'aspect vertueux, aussi,
28:45de cette fiscalité qui rentre en application
28:47à partir du mois prochain.
28:49Alors, Christophe Grudelaire, sur cette question de compétitivité
28:51de l'industrie automobile européenne,
28:53on a parlé des Chinois, mais l'Europe a aussi
28:55des problèmes à régler. Il y a des problèmes de coûts d'énergie,
28:57des problèmes de coûts de main-d'oeuvre,
28:59des problèmes d'innovation. Comment est-ce qu'on redresse
29:01la barre dans cette compétition ?
29:03Il y a énormément de choses à faire. Donc, effectivement,
29:05la stratégie de la Commission va nous permettre, déjà,
29:07de voir un peu plus clair, mais il est clair que
29:09le passage à l'électrique, quand vous êtes un moteur
29:11modèle à 280 pièces et que vous faites
29:13un moteur électrique à 35 pièces,
29:15c'est clair qu'il n'y a pas besoin de la même main-d'oeuvre.
29:17Et donc, on sait qu'il va y avoir des pertes d'emploi
29:19importantes pour le passage à l'électrique
29:21dans l'industrie automobile, et donc,
29:23il faut tout de suite accompagner cela.
29:25Chez Renew, nous avons proposé
29:27la création d'un fonds de transition
29:29juste automobile qui permette
29:31d'aller aider les territoires, là où l'automobile
29:33est la plus représentée, pour obtenir
29:35une diversification économique, par exemple.
29:37La lutte contre la concurrence déloyale,
29:39on en a déjà parlé, il faut vraiment le faire.
29:41Et je pense que le mécanisme d'inclusion
29:43carbone aux frontières doit aussi
29:45permettre d'empêcher que des véhicules
29:47viennent du Mexique en Europe,
29:49s'ils ont une empreinte carbone négative...
29:51Ca, ça ne s'applique pas encore aux automobiles,
29:53en l'occurrence, Mme Keulemans.
29:55Alors, il y a un fonds de transition
29:57qui existe aujourd'hui
29:59pour accompagner, effectivement,
30:01les transitions, d'abord la transition climatique,
30:03mais il faudrait le faire aussi avec
30:05l'automatisation et la transition numérique.
30:07Surtout que c'est un secteur géographique,
30:09c'est territorialisé.
30:11Il existe, mais il n'a pas suffisamment de moyens,
30:13c'est très clair, pour permettre justement
30:15cette transition et l'accompagnement
30:17et l'anticipation de cette transition.
30:19Ce qu'il faut faire aussi, c'est éviter
30:21d'avoir des fermetures, mais les anticiper
30:23et faire en sorte que les travailleurs et les travailleuses
30:25soient formés et accompagnés
30:27de manière progressive
30:29et anticipative.
30:31Mais le fonds, il existe,
30:33il ne doit pas être réservé à un secteur en particulier,
30:35il faut le faire par rapport à l'ensemble des secteurs
30:37qui, d'une manière ou d'une autre, vont être,
30:39en tout cas, impactés par ces transitions.
30:41Les constructeurs européens estiment
30:43qu'ils sont les principaux impactés,
30:45ils tirent la sonnette d'alarme
30:47et remettent en cause l'idée que,
30:49dès l'an prochain, il y aurait des amendes
30:51pour ceux qui ne vendent pas assez,
30:53qui ont un mauvais bilan carbone,
30:55ne vendent pas un quart de leur production
30:57en voiture électrique, la plupart sont
30:59à peine à 10 %.
31:01Est-ce qu'il faut reporter cet objectif
31:032025, qu'il est trop ambitieux
31:05et qu'il faut annuler les amendes ?
31:07Alors, sur les amendes,
31:09je préfère toujours ce qu'on a dit,
31:11la carotte au bâton,
31:13c'est-à-dire qu'il faut mieux soutenir
31:15un secteur qui aujourd'hui est en crise,
31:17je pense qu'il faut pouvoir le dire,
31:19c'est l'ensemble du secteur européen automobile
31:21qui est en crise, il n'y a pas que l'Allemagne, pas qu'Audi,
31:23on sait que Stellantis
31:25ou d'autres groupes sont en difficulté aujourd'hui,
31:27mais par contre,
31:29ce qu'il faut vraiment faire,
31:31c'est plutôt que d'imprimer des amendes,
31:33ou d'appliquer des amendes,
31:35c'est d'aider ces secteurs demain
31:37et de surtout
31:39avoir une voie tracée, donc remettre en question
31:41les objectifs qui ont été pris dans le cadre
31:43du Green Deal, c'est quelque chose qui n'est pas
31:45à mon avis bon et que d'ailleurs,
31:47le secteur et les travailleurs ne demandent pas.
31:49Il est clair que pour l'industrie,
31:51il faut des signaux de long terme,
31:53on ne peut pas changer tous les quatre matins
31:55la réglementation en fonction des humeurs,
31:57des majorités politiques d'un jour
31:59à celle du lendemain, l'industriel,
32:01il veut de la visibilité sur le long terme,
32:03donc il y a un objectif pour l'instant qui est 2035,
32:05les voitures électriques,
32:07beaucoup investissent en recherche et développement
32:09pour des batteries plus efficaces,
32:11pour des voitures plus efficaces, pour des véhicules autonomes,
32:13il y a plein d'innovations qui se prennent
32:15et il faut pouvoir garder ça.
32:17Mais les amendes, je suis contre,
32:19parce que ce que je pense, c'est que s'il faut garder
32:21l'objectif stratégique de long terme,
32:23d'un point de vue tactique, il faut être capable
32:25de s'adapter sur les états intermédiaires
32:27tout en gardant le même objectif final
32:29pour que sur les états intermédiaires,
32:31on aide. On ne peut pas rendre
32:33les industriels d'automobiles responsables
32:35du fait que le marché s'est écroulé,
32:37qu'il n'y a plus de vente,
32:39les gens n'achètent plus.
32:41Est-ce que c'est de leur faute ?
32:43La part de ventes de véhicules électriques
32:45recule en France, mais aussi en Allemagne,
32:47par exemple, moins de 25% depuis le début de l'année.
32:49On a quand même plus de voitures électriques
32:51en France que dans d'autres pays.
32:53Tout à fait, mais ça patine,
32:55parce qu'en Allemagne, ils ont arrêté les aides
32:57notamment à la conversion, et il y a une chute brutale
32:59des ventes de voitures électriques.
33:01Est-ce que, dans ces conditions,
33:03l'objectif de 2035 est encore réalisable ?
33:05Alors, on a une clause de Royure
33:07qui est prévue d'ici quelques temps,
33:09on va regarder si c'est vraiment réalisable
33:11ou si vous pète le décalé
33:13de quelques années, mais
33:15toujours est-il qu'aujourd'hui,
33:17il faut vraiment s'engager dans cette voie-là,
33:19il n'y a pas d'autre choix.
33:21Je prends toujours l'exemple, vous savez,
33:23des conversions sont nées en 1905,
33:25quand les taxis parisiens sont devenus
33:27à moteur thermique. Vous aviez les conducteurs
33:29de Fiacre qui se sont mis en grève,
33:31les voitures à cheval, parce qu'il fallait
33:33interdire la voiture à moteur thermique.
33:35Bon, ben, on a vu que finalement,
33:37c'est ceux qui sont restés à la voiture à cheval
33:39qui n'ont pas survécu. Et maintenant,
33:41la nouvelle mutation, c'est l'électrique.
33:43Alors, sortie du thermique en 2035,
33:45mais un accompagnement, notamment,
33:47on sait que, aussi, les infrastructures
33:49ne sont pas suffisantes, parce qu'on parle des voitures,
33:51mais il faut pouvoir aussi les recharger.
33:53Les infrastructures sont insuffisantes
33:55et l'accompagnement social et le coût
33:57de ces voitures. Donc ça, je pense que l'Europe
33:59a des choses à faire à ces niveaux-là.
34:01Merci à tous les deux d'avoir très bien illustré
34:03ce débat sur la voiture électrique
34:05et l'Europe.
34:07Bonne suite de programme sur nos deux chaînes.
34:09A très bientôt.

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