Ce documentaire plonge au cœur des mouvements d'extrême droite en Europe, explorant les idéologies, les figures clés et les dynamiques qui alimentent le phénomène du "White Power". À travers des témoignages, des analyses d'experts et des images d'archives, la vidéo met en lumière la montée de ces groupes et leur impact sur la société contemporaine. En examinant les racines historiques et les motivations de ces mouvements, "White Power" cherche à sensibiliser le public aux dangers de l'extrémisme et à la nécessité de lutter contre la haine et la discrimination.
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00:00:00Nous sommes en 2024, en Europe, sur fond de crises migratoires aiguës et d'abstentions
00:00:13électorales, les partis de droite extrême se sont incrustés durablement dans le paysage
00:00:17politique.
00:00:18Au pouvoir, comme en Italie ou en Hongrie, au sein d'une coalition gouvernementale
00:00:42comme en Suède ou positionnée dans les sommets électoraux comme en France, aux Pays-Bas
00:00:48et désormais en Allemagne.
00:00:50Des droites extrêmes du XXIe siècle, relouquées, souriantes et même courtoises.
00:00:56C'est peut-être les années les plus terribles qu'on est en train de vivre en termes de normalisation
00:01:01de l'extrême droite politique.
00:01:02En revanche, sous les images colorées, les idées n'ont rien perdu de leur brutalité.
00:01:12Le musulman et le migrant subsaharien ont juste remplacé le juif dans la hiérarchie
00:01:17peu enviable des ennemis intérieurs.
00:01:19Dans le sillage de la parole xénophobe que ces droites extrêmes libèrent, un white
00:01:37power prolonge le combat politique par la violence, verbale toujours, physique souvent.
00:01:41Des violences, en constante augmentation ces dix dernières années dans le monde.
00:01:51Groupuscules violents et extrême droite politique partagent un même combat, lutter contre un
00:01:56grand remplacement supposé de la population blanche et un projet à l'échelle européenne,
00:02:01la remigration hors d'Europe des hommes, femmes et enfants d'origine étrangère.
00:02:06Aujourd'hui, l'extrême droite, c'est d'abord un rejet de la société multiethnique
00:02:11et multiculturelle.
00:02:12Nous sommes en 2024 et cette famille politique poursuit sa progression jusqu'à bouleverser
00:02:24les fondements même d'une Europe aux démocraties fragilisées.
00:02:41Nous sommes en 2024 et je n'aurais pas envisagé ce film si nous n'étions sous la menace
00:02:54d'une vague brune, d'une nuit noire pour les démocraties libérales.
00:02:57Notre époque n'est pas contaminée par les droites extrêmes, elle est submergée.
00:03:01Cette réalité, je vais la confronter à travers un voyage dans trois pays, en Allemagne,
00:03:06en Belgique, en France, trois pays où ces droites extrêmes s'approchent des portes
00:03:11du pouvoir.
00:03:12Mon voyage s'amorce en Allemagne, où 35 000 extrémistes de droite, dont près de 15 000
00:03:19violents, sont recensés par le renseignement, inquiétant record d'Europe.
00:03:23Dans les locaux du ministère de l'Intérieur allemand, l'ancien procureur puis directeur
00:03:32du contre-terrorisme Hans-Jörg Engelke, secrétaire d'État à l'Intérieur depuis 2015, dresse
00:03:38un portrait préoccupant de l'extrême droite et de son évolution.
00:03:41Le développement historique de l'extrémisme de droite en Allemagne après la guerre a
00:03:48été marqué par le fait que jusqu'aux années 60, d'anciens nazis, des néo-nazis ont tenté
00:03:54de transposer les idées du fascisme, du national-socialisme dans une ère nouvelle.
00:04:00En ce qui concerne les actes de violence, on peut dire qu'il y a eu un pic en 2015 et 2016,
00:04:08puis ensuite une stagnation de la violence d'extrême droite, mais à un niveau beaucoup
00:04:12trop élevé, environ 1100 cas par an.
00:04:16Il y a également une augmentation de la violence verbale sous forme de propagande, de provocation
00:04:27à la haine.
00:04:28Dans l'ensemble, nous observons une désinhibition du discours, les limites de ce qui peut être
00:04:44dit sont repoussées, c'est une évolution très menaçante et au fond hostile à la
00:04:50démocratie.
00:04:51L'extrême droite, c'est d'abord une affaire de discours racial.
00:05:01Afin de pénétrer les entrailles de cette xénophobie, je me rends au banlieu de Cologne
00:05:06pour faire la connaissance d'Axel Reitz, aujourd'hui repenti, surnommé dans les années 2000 le
00:05:11Hitler de Cologne et qui fut pendant une décennie une des principales figures du néo-nazisme
00:05:16en Allemagne.
00:05:17Un extrémiste ne devient pas extrémiste à cause d'un pamphlet ou d'un discours politique
00:05:27génial, mais parce qu'il lui manque quelque chose dans sa vie.
00:05:31Il peut s'agir d'une envie de pouvoir sur les autres, un besoin d'appartenance ou tout
00:05:38simplement se sentir utile.
00:05:40À Cologne, c'est moi qui ai organisé la première manifestation nationaliste depuis
00:05:491945.
00:05:50Cette lutte contre mon sentiment d'injustice m'a conduit à occuper une position importante
00:05:55au sein de cette sphère.
00:05:56À l'époque où j'étais néo-nazi, j'étais moi-même partisan de la violence, j'invoquais
00:06:09le recours à la violence extrême.
00:06:11Je disais, l'ennemi doit être combattu, l'ennemi doit être éliminé, le système
00:06:18doit être détruit et ainsi de suite, et cela a un impact sur vous, en tant qu'individu,
00:06:24cela vous désensibilise, cela vous rend plus dur.
00:06:26Lorsque l'on défend notre vérité et que les gens refusent de l'entendre ou s'y
00:06:32opposent, on en arrive à un point où l'on se dit, si elles ne comprennent pas, nous
00:06:36les forcerons à comprendre.
00:06:37C'est là que le recours à la force commence.
00:06:40La violence devient un moyen nécessaire pour imposer son opinion, sa vérité, sa conception
00:06:45de la justice.
00:06:46Je vous ai ramené beaucoup de photos provenant de ma période sombre.
00:07:01Cette manifestation était dans un quartier de Cologne qui est très multiculturel.
00:07:16La mairie se vantait d'accueillir 180 nationalités et nous disions que cela faisait 179 de trop.
00:07:28On criait l'Allemagne aux Allemands, les étrangers dehors, c'était ce genre de manifestation,
00:07:37c'est toujours illégal en Allemagne.
00:07:38L'antisémitisme faisait partie de la théorie du complot, le juif était l'ennemi ultime.
00:07:54Cela n'était pas un problème si tu détestais les démocrates, les capitalistes, les communistes,
00:08:00ou si tu dis que tu n'aimes pas l'église, ou que tu n'aimes pas le multiculturalisme.
00:08:04Derrière tout ça, selon moi, il y avait les juifs.
00:08:10Les juifs représentaient le pouvoir ultime, le mal absolu.
00:08:14S'il se mettait à pleuvoir, c'était de la faute des juifs, c'était mon état d'esprit
00:08:20à l'époque.
00:08:21L'Holocauste avait existé, et je le savais, et je me suis demandé comment j'ai pu penser
00:08:28comme ça.
00:08:29A l'intérieur de moi, je savais qu'il y avait eu des discussions là-dessus, que Hitler
00:08:34avait dit « on va exterminer les juifs ». Cela, je le savais.
00:08:41Antisémitisme, suprémacisme racial, jusqu'où remonter pour trouver l'origine d'un white
00:08:48power.
00:08:49En Allemagne, en 1879, lorsque l'allemand Wilhelm Mahr invente le mot antisémitisme,
00:08:59s'inspirant du concept d'une race aryenne qui a vocation à diriger le monde.
00:09:03Aux Etats-Unis, où le mariage interracial est anticonstitutionnel jusqu'en 1967, et
00:09:10qui a vu naître le premier mouvement fasciste de l'histoire, le Ku Klux Klan, et ses millions
00:09:14d'adhérents.
00:09:15En 1916, alors que l'auteur du « Déclin de la grande race », Madison Grant, affirme
00:09:25qu'une seule goutte de sang noir suffit à ce qu'un individu soit noir.
00:09:29Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme pendu 30 ans plus tard à Nuremberg, voit dans
00:09:40le suprémacisme américain une première étape positive pour le nazisme.
00:09:43Vingt ans plus tard, dans les années 60, le néo-nazi américain George Rockwell influence
00:09:52les mouvements suprémacistes aux Etats-Unis, aussi bien qu'en Europe, prenant le « white
00:09:57power » face aux luttes pour l'égalité incarnées par Martin Luther King et Malcolm
00:10:04X.
00:10:05Comme l'écrit un des meilleurs historiens de l'extrême droite, Nicolas Lebourg, les
00:10:10Américains n'ont pas seulement donné un élan, mais aussi un style au néo-nazisme.
00:10:13« Le slogan « white power », aujourd'hui connu dans le monde entier, il a une origine
00:10:18très précise.
00:10:19Ça vient d'un groupe de néo-nazis américains qui, évidemment, veut répondre au « black
00:10:24power », au thème de la fierté noire, en disant qu'il y a aussi une fierté blanche.
00:10:28On est sur l'idée qu'il y a une unité du monde blanc et qu'il y a une fierté
00:10:33ethnique, raciale et culturelle de la blanchité.
00:10:37Et c'est ça qu'il faut préserver.
00:10:39En 1966, Rockwell accorde une interview à la revue Playboy, à condition que le journaliste
00:10:46ne soit pas juif.
00:10:47Le journal accepte et, par provocation, lui envoie le célèbre journaliste noir Alex
00:10:52Allais, connu pour ses interviews de Malcolm X, et qui réalise l'interview la plus étrange
00:10:57de sa carrière.
00:10:58Rockwell pose un revolver sur la table « Ici, vous serez en sécurité, mais vous êtes
00:11:04un journaliste noir.
00:11:05Ça n'a rien de personnel, mais comprenez que je ne me mélange pas à votre race, celle
00:11:09que l'on appelle « nègre ». » Allais lui rétorque « Ce n'est pas la première
00:11:13fois que l'on m'appelle « nègre », mais c'est la première fois que je suis
00:11:17payé pour.
00:11:18Qu'avez-vous contre nous ? » Rockwell lui répond « Je n'ai rien contre vous.
00:11:22Je veux juste que vous soyez heureux en Afrique, d'où vous venez. »
00:11:27Deux générations plus tard, le white power américain a largement influencé l'Europe.
00:11:33Dans la vision du monde global, les extrêmes droites, dans tous les courants des extrêmes
00:11:38droites, même les plus modérés, même les plus légalistes, ce à quoi on insiste
00:11:42depuis plus d'une quinzaine d'années, c'est la montée forte des préoccupations
00:11:47ethniques.
00:11:48Ça fait partie des transformations fondamentales de toutes les extrêmes droites.
00:11:53Je me dirige ensuite vers Lübeck, dans le nord de l'Allemagne, sur la mer Baltique,
00:11:57rencontrer Philippe Schleffer, ancienne figure de la sede Skinhead, aujourd'hui repenti.
00:12:03C'était en 1992 ou en 1993, le mouvement white power arrivait des Etats-Unis.
00:12:10En Allemagne de l'Est, l'extrême droite a commencé à prendre de l'importance,
00:12:16par exemple avec les Skinheads.
00:12:17C'était une façon simpliste de voir le monde.
00:12:22Tous les blancs sont bons et tous les non-blancs sont mauvais.
00:12:25Et j'ai vu ces Skinheads, costauds et tatoués, portant leur chemise Fred Perry, leur crâne
00:12:34rasée, ils marchaient à dix dans la rue et ils pouvaient en provoquer cinquante autres.
00:12:40Et là je me suis dit, ces mecs, on ne leur impose rien.
00:12:44J'ai créé un groupe, on était genre 20, Kamaradschaft Werewolves.
00:12:55Je me suis réveillé avec la haine chaque matin pendant 15 ou 20 ans.
00:12:59Quand tu avales ton premier café le matin, tu penses sur qui reportait ta haine.
00:13:07Et tu te demandes pourquoi le gouvernement et les politiciens te déçoivent.
00:13:11Quand tu commences ta journée comme ça, agressif, tu as juste besoin d'une étincelle.
00:13:16Et ça déclenche ta violence.
00:13:20Tout le monde savait qu'ils peuvent être victimes de nous.
00:13:27Chaque extrémiste sait qu'il peut être surveillé.
00:13:30Ils sont tous paranoïaques.
00:13:33Je n'ai jamais rencontré un extrémiste qui n'était pas paranoïaque.
00:13:41Et j'ai été le chef de cette bande pendant plusieurs années.
00:13:45Je m'étais toujours dit que j'étais comme un directeur de crèche.
00:13:55La plupart d'entre eux ne sont pas autonomes.
00:13:58Ils n'ont pas de travail, ils sont désocialisés.
00:14:01Certains ne sont pas capables de lasser leurs propres chaussures.
00:14:07Donc, il y avait de la violence avec nos ennemis.
00:14:11Il y avait de la violence entre nous.
00:14:14Il y avait la police, j'étais paranoïaque, je n'arrivais plus à dormir.
00:14:18Mon cerveau était en train d'exploser.
00:14:26À l'extrême droite, on ne nous dit pas que nous sommes les bons.
00:14:29Ils ne nous disent pas, vous êtes les mauvais.
00:14:31Rejoignez-nous et ta vie va devenir merdique.
00:14:33Ils nous répètent que nous sommes les bons.
00:14:35Nous n'étions pas les bons, nous étions les mauvais.
00:14:42Ce white power suprémaciste d'un Axel Reitz ou d'un Philippe Schleffer
00:14:46reste dans les années 90 et 2000 confiné au sein des groupuscules radicaux.
00:14:51Mais les années 2010 se trouvent percutées par l'atrocité de la guerre civile syrienne
00:14:55et la crise migratoire qui s'en suit.
00:15:00En 2015, la chancelière Angela Merkel accueille un million de ses réfugiés sur le sol allemand.
00:15:05Chacun qui entre dans l'Europe,
00:15:08chacun a le droit d'être traité comme un être humain.
00:15:14Ceux qui doivent rester,
00:15:16et ce sont ceux qui doivent rester qui sont venus à la Convention des réfugiés de Genève,
00:15:20nous avons tous signé.
00:15:22Les réfugiés devant la guerre, devant le terrorisme,
00:15:25nous devons les intégrer.
00:15:27Si ils restent plus longtemps, nous devons les aider.
00:15:31La solidarité ne fait pas consensus
00:15:33et les discours xénophobes se légitiment à plus grande échelle
00:15:37aux yeux d'une partie de l'opinion.
00:15:39C'est d'abord dans les landeurs de l'Est
00:15:41que la droite extrême retrouve sa vigueur électorale.
00:15:44Une droite extrême libérant une parole xénophobe débarrassée,
00:15:48en surface du moins, de son obsession antisémite.
00:15:52Cette nuit-là, Björn Höcke,
00:15:55va prendre la parole devant le mouvement anti-immigration radical PEGIDA,
00:15:58autrefois qualifié de raciste par la chancelière Angela Merkel.
00:16:06Presse allumée, de l'autre côté du cordon policier,
00:16:09le froid intense ne décourage pas la jeunesse antifasciste de Dresde,
00:16:13venue protester.
00:16:16Björn Höcke incarne la ligne la plus radicale du parti d'extrême droite allemand,
00:16:20alternatif fûr Deutschland, ou AFD,
00:16:23une ligne appelée Der Flügel, ou l'aile, en français.
00:16:27Sous l'influence de Björn Höcke et de sa ligne Der Flügel,
00:16:30la France s'est transformée en une ligne de l'extrême droite.
00:16:33En 1927, le gouvernement de Björn Höcke
00:16:36a retiré la loi de la France,
00:16:39en 1927, la loi de la France a retiré la loi de la France,
00:16:43Sous l'influence de Björn Höcke et de sa ligne Der Flügel,
00:16:46l'extrême droite allemande fait une percée historique depuis 2023,
00:16:49en se hissant au deuxième rang des intentions de vote
00:16:52et en martelant son projet Remigration.
00:17:1310 millions.
00:17:15Ce chiffre englobe en réalité, d'après l'Institut de statistique allemand,
00:17:19toute l'immigration légale, et pour deux tiers d'entre elles,
00:17:23intra-européenne.
00:17:25Cette confusion des chiffres n'est pas un hasard.
00:17:28La remigration, ou en appelant les choses comme elles sont,
00:17:31n'est pas un hasard.
00:17:33C'est l'immigration.
00:17:35C'est l'immigration.
00:17:37C'est l'immigration.
00:17:39L'immigration n'est pas un hasard.
00:17:41La remigration ou en appelant les choses par leur nom,
00:17:44la déportation massive des étrangers extra-européens
00:17:47est aujourd'hui défendue par Björn Höcke,
00:17:50comme par la totalité des extrêmes-droites européennes,
00:17:53des groupuscules violents, jusqu'au parti politique.
00:17:59Doit-on donner la parole aux droites extrêmes ?
00:18:02Une parole discriminatoire, toujours,
00:18:05glaçante par la violence qu'elle dissimule à peine.
00:18:08je souhaite comprendre comment notre époque recycle, sous forme de séparation ethnique, les vieilles idées du white power.
00:18:17Sur le plan du contenu, en tant que Flügel, nous avons influencé de manière significative le parti.
00:18:24Aujourd'hui, on peut affirmer que le Flügel a laissé son empreinte sur le parti.
00:18:29C'est une guerre culturelle que nous menons.
00:18:32C'est avant tout un combat pour la culture allemande et européenne.
00:18:36Je pense que ce que nous apprécions de la culture européenne, et dans la culture allemande, est en danger imminent.
00:18:44Nous avons engendré une grande culture, nous, Européens.
00:18:48Et l'AFD est le seul parti pertinent en Allemagne qui dit sans équivoque que cette grande culture ne devrait pas disparaître, mais doit avoir un avenir.
00:18:56Si un gouvernement de l'AFD existe, au niveau fédéral, alors l'Allemagne sera le moteur pour repousser l'immigration illégale, et pour la remigration.
00:19:07Nous allons construire l'Europe comme une forteresse.
00:19:11Regardons la Hongrie.
00:19:14Viktor Orban a récemment prononcé un discours remarquable à Zurich.
00:19:18Il a souligné que la Hongrie avait bloqué 270 000 immigrants illégaux dans le pays cette année.
00:19:23Cela a été possible grâce à l'utilisation de troupes frontalières et à la construction d'installations de sécurité, des clôtures.
00:19:32C'est possible de construire des installations de sécurité autour de l'Allemagne.
00:19:37Cela coûte certes quelques milliards, mais l'immigration, des dix dernières années, nous a coûté au total, si nous calculons les effets secondaires, des milliards.
00:19:46Et nous coûtera encore des milliards.
00:19:49Un argent bien investi, donc.
00:19:51Un argent bien investi.
00:20:22Pour mieux comprendre les objectifs de Der Flügel, je rencontre la journaliste Anne-Catherine Müller, spécialiste du microcosme de l'extrême droite allemande, pour l'hebdomadaire de référence Der Spiegel.
00:20:36Le Flügel est un groupe interne au parti qui est officiellement dissous.
00:20:41Mais qui existe toujours, car ses membres sont toujours dans le parti.
00:20:44Donc, tout ce qu'il représente sur le plan du contenu est toujours là, et très puissant au sein du parti.
00:20:51On le constate lors des congrès du parti.
00:20:54Des gens portent cette idéologie.
00:20:56Ces réseaux fonctionnent toujours et ont un rôle très important, et finalement possèdent la majorité.
00:21:02C'est pourquoi on peut dire que Björn Höcke est le véritable dirigeant du parti.
00:21:06Car sans lui, cela ne fonctionnerait pas.
00:21:08Je pense que l'un des plus grands manquements de la société allemande est de n'avoir pas compris que les néo-nazis n'ont pas besoin de porter des crânes rasés, des bottes de combat et des blousons bombardiers.
00:21:20Mais que l'idéologie d'extrême droite peut également être présente chez des individus en beaux vêtements et costumes élégants.
00:21:27Et que cela a effectivement changé, que les personnes d'extrême droite sont en fait plus astucieuses.
00:21:33Et n'apparaissent pas dans ces vêtements et présentent plutôt un visage bourgeois.
00:21:39Et c'est en partie le succès de la FD.
00:21:51Dans l'ombre de Björn Höcke et de Der Flügel, se trouve une personnalité influente des extrême droite.
00:21:56L'essayiste Götz Kubitschek, surnommé par le New York Times le prophète de la nouvelle droite.
00:22:02Ancien militaire, principal éditeur d'ouvrages d'extrême droite en Allemagne, Götz Kubitschek connaît Björn Höcke depuis 30 ans.
00:22:12Le projet de Götz Kubitschek et de cette nouvelle droite est d'empêcher tout mélange culturel et ethnique de l'Europe.
00:22:18Le nom de ce concept, l'ethnodifférentialisme.
00:22:22C'est notre série. Nous l'avons commencée il y a 16 ou 17 ans.
00:22:27Elle compte aujourd'hui 89 volumes.
00:22:30Voici un auteur français, Jean Raspail, Le camp des Saints.
00:22:37Parmi ses plus vendus, deux ouvrages de la même date, le premier est un livre de Jean Raspail.
00:22:43Le camp des Saints.
00:22:46Parmi ses plus vendus, deux ouvrages français de référence pour les droites extrêmes.
00:22:51Le camp des Saints de Jean Raspail, roman dystopique imaginant l'extermination des populations européennes par un débarquement de migrants venus d'Asie.
00:22:59Ou encore le grand emplacement de Renaud Camus que Kubitschek a introduit en Allemagne.
00:23:04Il y a une interview avec lui dans le livre.
00:23:09C'est très important pour nous.
00:23:14C'est un terme qui s'est aussi imposé en Allemagne.
00:23:20Bien sûr, l'année 2015 a été une année décisive pour la montée des partis de droite en Europe.
00:23:26En particulier pour le parti de droite en Allemagne, l'AFD.
00:23:30Ça a été un tel choc cette année-là.
00:23:33Cette impuissance à regarder l'immigration de masse, prétendument des familles de réfugiés, toutes bien éduquées, qui nous enrichissent.
00:23:41Mais tout le monde a vu que c'était le contraire.
00:23:47Qu'il s'agit surtout de jeunes hommes qui s'incrustent ici pour transformer ce pays.
00:23:55Il est tout à fait clair que l'Allemagne est l'Allemagne parce que les Allemands y vivent et ont construit la culture.
00:24:03Et cette particularité est détruite dans tous les domaines par l'immigration de masse.
00:24:13Et plus la distance culturelle, mais aussi ethnique et religieuse est grande, plus cela devient difficile.
00:24:23Pour réaliser ce projet en Europe, la remigration s'impose alors comme leur objectif.
00:24:33Avec notre hôte Björn Höcke, président de la fraction de l'AfD à Thüringen.
00:24:38Götz Kubitschek et, à mon peu,
00:24:41Dans cette vidéo postée sur le site de Götz Kubitschek, à l'esthétique d'avant-guerre rappelant les années les plus sombres de l'histoire allemande,
00:24:47Höcke et Kubitschek débattent du projet de remigration en évoquant une figure proche de Der Flügel, l'Autrichien Martin Zenner.
00:24:56L'influenceur Autrichien Martin Zenner, publié par Götz Kubitschek, qui l'invite notamment à Vienne fin 2023,
00:25:03diffuse son concept de remigration dans ses livres et à travers les réseaux sociaux,
00:25:08mais aussi dans des conférences confidentielles.
00:25:26En janvier 2024, le média allemand Correctiv révèle une réunion secrète à Potsdam,
00:25:32réunissant des membres de l'AfD, du parti de droite conservatrice CDU et de Martin Zenner.
00:25:38Zenner y prend la parole pour convaincre son auditoire d'une déportation des citoyens allemands d'origine étrangère.
00:25:44Rappel pour certains de la conférence de Wannsee en 1942, dans laquelle Hitler enterrina la solution finale.
00:25:50Choqué de redécouvrir que l'AfD porte un projet de séparation ethnique et de déportation,
00:25:55l'opinion allemande laisse éclater sa colère dans des manifestations d'ampleur, inédites depuis la chute du mur.
00:26:02Ce qui est intéressant après les révélations de Potsdam, c'est le débat au sein de l'AfD.
00:26:08Concrètement, c'est quoi la remigration ?
00:26:12Mais Björn Hocke et les dirigeants des landeurs de l'Est ont publié une vidéo,
00:26:16précisant qui serait concerné.
00:26:20Cela inclut des citoyens allemands qui ne seraient pas assimilés.
00:26:25C'est de cela dont il s'agit en permanence.
00:26:29Pousser les gens, qui selon l'AfD ne sont pas assez intégrés, à quitter le territoire sous la contrainte.
00:26:47Je pars en Autriche rencontrer Martin Zellner, vérifier si j'avais bien compris son concept de remigration.
00:26:59Ni Hocke ni Weidel n'étaient informés de cette réunion à Potsdam, je pense qu'ils s'en moquent.
00:27:05Parce que ça arrive régulièrement que des responsables de l'AfD, des activistes et d'autres personnes se réunissent en privé.
00:27:12Nos groupes cibles pour la remigration sont des communautés parallèles, extra-européennes, d'origine afro-arabe, musulmanes,
00:27:20parce qu'elles augmentent considérablement.
00:27:23La remigration telle qu'on la comprend généralement est un ensemble de mesures.
00:27:28Une réforme du droit d'asile, une politique des frontières fermes à l'échelle européenne,
00:27:34le refoulement aux frontières de l'Europe,
00:27:37la création de camps de migrants en dehors de l'Europe.
00:27:45J'avais bien compris.
00:27:48Le rejet de la société multiculturelle et multiethnique n'est pas un phénomène nouveau.
00:27:53Ce qui est nouveau en revanche, c'est qu'il convainc aujourd'hui un électeur allemand sur cinq et un sur trois dans les landeurs de l'ex-Allemagne de l'Est.
00:28:01La première victoire électorale de la tendance d'Airflugel a eu lieu à Sonberg, dans les petites montagnes au cœur de Thuringe.
00:28:08Une victoire que la crise migratoire n'explique pas à elle seule.
00:28:20Au niveau de leurs idées, c'est bien sûr la politique migratoire qui m'a incité à m'engager en politique.
00:28:27Je commencerai par la remigration.
00:28:30Cela représente essentiellement ce que l'AFD et la Young Alternative demandent depuis des années.
00:28:39Comme l'Allemagne est l'un des pays, voire le pays, offrant le meilleur système social à une personne demandant l'asile ou un réfugié,
00:28:47elle est comme un aimant.
00:28:50D'après une enquête menée par l'université de Leipzig, 70% des électeurs en ex-Allemagne de l'Est pensent que les immigrés ne viennent que pour les aides sociales.
00:28:59Que répondre ? Dire qu'on ne fuit pas des massacres en Syrie, en Afghanistan, au Soudan, pour des aides sociales ?
00:29:06Dire que les bras des immigrés font de l'Allemagne la troisième puissance de l'Europe ?
00:29:10Que répondre ? Dire qu'on ne fuit pas des massacres en Syrie, en Afghanistan, au Soudan, pour des aides sociales ?
00:29:16Dire que les bras des immigrés font de l'Allemagne la troisième puissance économique au monde ?
00:29:21Des mots qui ne suffisent plus dans ce Dunkeldeutschland, littéralement Allemagne sombre, comme l'appelle la presse allemande,
00:29:28dans lequel 20% de pauvreté et des disparités contribuent au vote radical.
00:29:32Une situation dont compte bien exploiter l'AFD.
00:29:41Nous tenons un stand d'information une fois par mois ici à Ordruf.
00:29:47Nous sommes ici pour informer quelles seraient nos premières mesures,
00:29:53et nous sommes également ici pour écouter les préoccupations et les problèmes des citoyens,
00:29:58et les transmettre à nos députés quotidiennement.
00:30:02Ordruf est l'une de nos zones les plus fortes.
00:30:06Nous sommes à environ 35% des voix.
00:30:32Et que penser de la réponse de ces militants, lorsque j'évoque le rapport de renseignements allemands concernant l'extrémisme de leur parti ?
00:30:41Personnellement, je ne connais aucun nazi ou extrémiste de droite radicale dans notre parti.
00:30:47Si c'était le cas, je ne serais pas membre de ce parti.
00:30:51Je vous le dis honnêtement, je ne suis pas membre de ce parti.
00:30:54Je ne connais aucun nazi ou extrémiste de droite radicale dans notre parti.
00:30:58Si c'était le cas, je ne serais pas membre de ce parti.
00:31:01Je vous le dis honnêtement, nous sommes tous issus de la classe moyenne.
00:31:05Nous avons tous grandi ici, et nous sommes tous attachés à notre patrie.
00:31:09C'est pour ça que je n'ai pas peur du service de renseignements ou de qui que ce soit d'autre.
00:31:13Je n'ai rien à cacher.
00:31:15Nous sommes des gens normaux.
00:31:17Nous sommes des gens normaux qui se battent pour leur patrie et leur pays.
00:31:24Des gens si normaux et qui soutiennent un projet de déportation sur des bases ethniques et culturelles.
00:31:32Je quitte maintenant l'Allemagne pour la Belgique, pays singulier face à l'extrême droite.
00:31:37Sa partie francophone applique un cordon sanitaire politique et médiatique efficace,
00:31:42interdisant depuis 1992 la présence, en direct sur les plateaux TV, de l'extrême droite dans les médias publics.
00:31:49Conséquence, le Front national belge s'est auto-dissout à 1% de l'électorat.
00:31:55Cette réussite belge-francophone pourrait servir d'inspiration. Ce n'est pas le cas.
00:32:00A l'inverse même, dans la partie flamande de la Belgique,
00:32:03l'extrême droite nationaliste, incarnée par le Vlaamsblok devenu Vlaamsbelang, tutoie les sommets électoraux.
00:32:18Vous pouvez voir ce qu'il y a pour l'extrême droite, c'est à peu près 100%.
00:32:49On commence par les illégaux et les criminels qui retournent en Allemagne.
00:32:55Et puis on commence par les travailleurs.
00:32:59Qu'allez-vous faire avec tous ces enfants ? Mettez-les en train pour aller en dehors ?
00:33:05Non, on va les...
00:33:19C'est à peu près 8% de l'électorat.
00:33:22Et puis 1% de l'électorat en Allemagne, c'est-à-dire plus de 8% de l'électorat.
00:33:29Pourquoi ?
00:33:31Parce qu'ils sont tous là-bas.
00:33:34Allez-y, allez-y.
00:33:36Allez-y, allez-y.
00:33:39Je dirais qu'il n'aurait pas pu le faire sans sa balle.
00:33:493 décennies plus tard, la xénophobie décomplexée du Vlaamsbelang n'a pas changé.
00:33:55Mais ses idées se sont entre-temps colorées d'un nouveau concept fédérant les droites extrêmes, le Grand Remplacement.
00:34:01Visant à l'origine les juifs à la fin du 19e siècle,
00:34:04le Grand Remplacement est remis au goût du jour dans les années 2010 par le Français Renaud Camus,
00:34:09un Renaud Camus, invité d'honneur du Vlaamsbelang au Parlement flamand de Bruxelles.
00:34:13Bonjour, Jamy.
00:34:15Tout d'abord, je voudrais remercier M. Renaud Camus d'être ici aujourd'hui parmi nous.
00:34:22Bienvenue à Bruxelles, la soi-disant capitale d'Europe, la ville où le Grand Remplacement a déjà eu lieu.
00:34:32L'idée d'un Grand Remplacement, c'est l'idée profondément d'une vision raciale de la nation.
00:34:38C'est dire qu'un Français d'origine africaine est à jamais d'origine africaine.
00:34:43Dans le niveau électoral classique, c'est bien clairement quelque chose qui motive le vote.
00:34:52Je tiens tout d'abord à m'excuser car le reste de mon discours est en irlandais.
00:34:56Soyez heureux car lorsque vous reviendrez 20 ans plus tard,
00:35:01le Président du Parlement vous parlera probablement à l'arabe.
00:35:10Je m'étonne que de tels propos ainsi exposés au sein d'une institution belge,
00:35:14dont la capitale de l'Europe, ne suscite par ailleurs pas la moindre protestation institutionnelle.
00:35:23Allez à Bruxelles, allez à Paris.
00:35:25Il y a quelque chose qui se passe, et ce n'est pas bien.
00:35:28Il doit y avoir une assimilation. Il n'y a pas d'assimilation.
00:35:31C'est comme vivre dans un trou de mer.
00:35:56Et ce, en pointant du doigt la situation migratoire à Bruxelles.
00:35:59Karim Douyeb, data analyst, a compilé les données de l'immigration à Bruxelles
00:36:03sous forme de graphique, et c'est parlant.
00:36:06Bruxelles est parmi les villes avec le plus grand melting pot.
00:36:09Effectivement. Si on regarde une sélection, on est d'une vingtaine de villes internationales
00:36:14qui comprennent New York, Londres, Singapour, Melbourne et ce genre de choses.
00:36:19Bruxelles, parmi ces vingt villes, fait partie des endroits où on retrouve le plus d'immigrés.
00:36:27En fait, si on regarde la population bruxelloise, elle compte un million deux cent mille habitants à peu près.
00:36:33Donc si on prend dix habitants aléatoires, on se rend compte que six d'entre eux sont nés non-belges.
00:36:41Donc c'est beaucoup, on l'a vu.
00:36:43Deux d'entre eux ont acquis de la nationalité belge par la suite.
00:36:47Et donc il reste à l'heure actuelle à peu près 40% de la population bruxelloise qui est de nationalité étrangère.
00:36:54Et donc si on s'intéresse à cette population étrangère spécifiquement,
00:36:58on se rend compte qu'on est loin des discours d'extrême droite, justement,
00:37:02qu'on entend souvent où on est submergé par des étrangers d'Afrique du Nord, d'Afrique centrale et autres.
00:37:09La majorité des étrangers vivant à Bruxelles sont des Européens.
00:37:14La diaspora la plus représentée à Bruxelles, c'est la France.
00:37:18Si on regarde le top 10 des nationalités les plus représentées à Bruxelles,
00:37:21il y en a une seule qui est extra-européenne, qui sont les Marocains, en quatrième position à l'heure actuelle.
00:37:27D'accord, c'est-à-dire que c'est encore plus déséquilibré en faveur de l'immigration européenne,
00:37:32contrairement à ce que défendent certaines théories.
00:37:35Oui, exactement.
00:37:37Et donc la mission, c'était vraiment de casser les a priori et les idées préconçues sur le sujet.
00:37:45Le Vlaams Belang dispose-t-il de preuves d'un grand remplacement ?
00:37:49Je me rends au congrès annuel du parti, que des militants antifascistes tentent de dénoncer.
00:37:55Un congrès au thème sans ambiguïté.
00:38:00Mais, en revanche, qu'est-ce que c'est, en fait ?
00:38:03C'est, comme nous l'avons dit, un congrès sans ambiguïté.
00:38:09Mais, en revanche, qu'est-ce que c'est, en fait ?
00:38:12C'est, comme nous l'avons dit autant de fois dans les médias,
00:38:16dans les deux dernières années, une théorie de complot ?
00:38:19Est-ce un référendum ? Est-ce un mythe ?
00:38:21Est-ce une politique d'idéologie ?
00:38:23Est-ce un programme politique ?
00:38:25Non !
00:38:26C'est une simple fixation empirique.
00:38:30Au moins, pour ceux qui ne l'ont pas, je l'appelle culturellement blindé,
00:38:33si la politique est correctement castréée.
00:38:39Pas de preuves, donc.
00:38:41Je dois me contenter de simples constatations empiriques de Philippe de Winter.
00:38:45En réalité, d'après la Commission européenne,
00:38:48la population étrangère non-européenne représente 20 millions de personnes,
00:38:52soit 5% seulement.
00:38:55Faudra régler ce problème-là de manière humaine, bien sûr,
00:39:00mais ferme quand même.
00:39:02Curieux, je rencontre à la fin du meeting Girolf Hahnemans,
00:39:06ancien président du Vlaams Belang,
00:39:08qui dirige Identité et Démocratie,
00:39:10regroupant au Parlement européen le Vlaams Belang
00:39:13avec le Rassemblement national français,
00:39:15l'AFD allemande, la Liga italienne
00:39:17et le FPE autrichien.
00:39:19Je suis le Flamand, effectivement,
00:39:21au sein du groupe de Marine Le Pen au Parlement européen.
00:39:25Les liens d'amitié entre le Front national et mon parti national,
00:39:28le Vlaams Belang,
00:39:30sont forts et stables,
00:39:32et ils datent déjà des années 80 du siècle précédent.
00:39:37Comme l'AFD allemande,
00:39:39Girolf Hahnemans imagine lui aussi une déportation à l'échelle européenne,
00:39:43et il joue, lui aussi,
00:39:45de la confusion des chiffres entre immigration clandestine
00:39:47et immigration légale.
00:39:51Indépendamment des millions d'illégaux qui sont déjà ici,
00:39:54et dont nous devrons promouvoir le retour d'une manière ou d'une autre
00:39:57au cours des 20 prochaines années,
00:40:00nous devons contraindre les pays d'origine,
00:40:03négocier également le rapatriement des clandestins
00:40:06qui sont venus ici illégalement,
00:40:08et qui, en dehors de la folie de l'asile de la Convention de Genève,
00:40:11n'auraient pas le droit d'être ici.
00:40:14Ce sera une négociation au cours des 20 ou 30 prochaines années
00:40:17pour réduire systématiquement ce nombre,
00:40:20mais après avoir fermé le robinet en premier.
00:40:24Le concept du grand remplacement ne se contente pas de discriminer.
00:40:27Il amène aussi directement la violence.
00:40:32À Bruxelles, le CRISP et le politologue Benjamin Biard
00:40:35observent minutieusement les évolutions des droites extrêmes
00:40:38jusqu'aux plus violentes.
00:40:40Voilà, avec le grand remplacement ici, en l'occurrence,
00:40:43Bruxelles, capitale européenne du grand remplacement,
00:40:46un thème classique, évidemment,
00:40:50Très clairement, aujourd'hui, cette volonté de pointer du doigt
00:40:53ce changement de civilisation est très classique dans l'extrême-droite,
00:40:56que ce soit la plus modérée ou la plus extrême, finalement.
00:40:59Je pense qu'on peut résumer l'extrême-droite sur la base de cette idéologie
00:41:02en une sorte de galaxie, d'une certaine manière.
00:41:05Un premier sous-cercle, ce sont les formations qu'on qualifie
00:41:08de populistes de droite radicale.
00:41:11Alors, on retrouve en son sein des formations comme le Rassemblement national français,
00:41:14le Rassemblement de la République,
00:41:17des formations comme le Rassemblement national français,
00:41:20le Vlaams Belang, flamand également, Vox, en Espagne.
00:41:23Un autre cercle qu'on retrouve, c'est celui qui met
00:41:26beaucoup plus fondamentalement en cause la démocratie
00:41:29comme mode de gouvernement. Parce qu'ils sont, par exemple,
00:41:32de type néo-nazi. On peut citer Aube Dorée, particulièrement en Grèce,
00:41:35qui a même été reconnue comme organisation criminelle
00:41:38il y a quelques années par la justice. On peut citer également
00:41:41certains individus, Anders Breivik,
00:41:44en Norvège, qui a commis des attentats meurtriers
00:41:47en juillet 2011 sur l'île d'Utoya
00:41:50et à Oslo.
00:41:53Je cite.
00:42:06Cette phrase est tirée du testament de Brenton Tarrant,
00:42:09auteur de la tuerie de la mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande
00:42:13et qui a fait 51 morts.
00:42:16Le concept de grand remplacement amène aussi à une violence
00:42:19qui a engendré près de 70 attentats dans le monde depuis 10 ans.
00:42:22Une augmentation de 320% d'après l'ONU.
00:42:25Le nom de cette mouvance terroriste, l'accélérationnisme.
00:42:28Dans le manifeste accélérationniste,
00:42:31véritable mode d'emploi pour tueurs suprémacistes,
00:42:34on y trouve des hommages aux assassins et des appels au meurtre.
00:42:38C'est un courant qui est apparu à partir de 2015,
00:42:41qui considère que la guerre raciale a commencé
00:42:44et qu'il y aura de toute façon un génocide
00:42:47et que, évidemment, la question pour eux, c'est que les Blancs
00:42:50gagnent cette course au génocide.
00:42:53Ils sont négationnistes.
00:42:56Hitler n'a pas fait l'extermination des Juifs d'Europe
00:42:59et c'est ce qu'on lui reproche.
00:43:02C'est ce qu'on lui reproche parce que ça a été payé par des décennies
00:43:06parce qu'il pense que les Juifs génocident les Blancs
00:43:09par la mondialisation, par l'immigration,
00:43:12en faisant venir des Noirs, des Arabes, des Hispanos, etc.,
00:43:15qui viennent métisser les Blancs.
00:43:18Avec ce concept de génocide contre les Blancs,
00:43:21les accélérationnistes recyclent les idées suprémacistes du white power,
00:43:24des idées anciennes pour justifier une violence d'aujourd'hui.
00:43:28Je quitte la Belgique pour la France.
00:43:31Si l'Allemagne comprend le plus grand nombre de militants violents,
00:43:34c'est la France qui, d'après Europol,
00:43:37recense à elle seule près de la moitié des actes terroristes d'extrême droite
00:43:40commis ou déjoués en Europe.
00:43:48Et selon les services de renseignement français,
00:43:51le pays compte 3000 extrémistes de droite violents.
00:43:54Parmi eux, 1500 font l'objet d'affichages de ces services.
00:43:57Sur le réseau social Telegram,
00:44:00la violence de l'extrême droite s'exprime aujourd'hui sans revenu.
00:44:03Sébastien Bourdon, journaliste indépendant, observe ces groupes,
00:44:06qui comprennent aussi des membres de forces de l'ordre.
00:44:09Alors, est-ce que vous pourriez m'expliquer un petit peu ce qu'est FR Detter ?
00:44:12C'est un canal de diffusion qui était assez important
00:44:15pour regrouper les potentiels militants
00:44:18en fonction de leur département.
00:44:22Et on a, a priori, à en croire les photos de profils,
00:44:25différentes personnes qui posent,
00:44:28soit en uniforme de l'armée française,
00:44:31comme ici, ou bien ici.
00:44:34Ici, on lit le texte police,
00:44:37on devine a priori ce qui serait un gilet tactique.
00:44:40Là, on a des patchs de la Légion étrangère.
00:44:43Tout ça nous laisse penser qu'on est très clairement sur des appels au meurtre,
00:44:46puisqu'ils parlent a priori de cibler un centre d'accueil pour migrants,
00:44:49et il y a un initiateur de cette conversation
00:44:52qui donne grosso modo des conseils sur comment se débarrasser des corps
00:44:55en toute discrétion, qui parle de potentiellement
00:44:58jeter les corps à l'eau en les attachant à des poids
00:45:01pour que les corps ne floppent pas et ne puissent pas être retrouvés trop facilement.
00:45:06Le groupe FR Detter est aujourd'hui interdit,
00:45:09et les appels au meurtre ont fait l'objet de poursuites judiciaires.
00:45:12Certains policiers ont été, depuis, condamnés.
00:45:19Parmi les tendances radicales, une mouvance ultra-violente réémerge,
00:45:22puis s'impose au début des années 2020,
00:45:25celle des nationalistes révolutionnaires.
00:45:28Cette mouvance se décline dans de très nombreux groupuscules en France
00:45:31et dans toute l'Europe.
00:45:34En France, elle est notamment incarnée à Paris par le groupe Union Défense,
00:45:37connu sous l'acronyme GUD, mais aussi par une nébuleuse
00:45:40de groupuscules reconnaissables à leur croix celtique,
00:45:43signe de ralliement des groupes néofascistes.
00:45:46Clairement, c'est le référent nationaliste révolutionnaire qui revient.
00:45:49Leur mentor, leur maître à penser, c'est François Duprat.
00:45:52François Duprat considère clairement
00:45:55que le nationalisme révolutionnaire est un néofascisme.
00:46:01La croix celtique est devenue l'emblème du plus récent et du plus violent
00:46:04des mouvements d'extrême droite français, Ordre Nouveau.
00:46:09Avec Ordre Nouveau, François Duprat et les nationalistes révolutionnaires
00:46:12fondent leur vitrine politique.
00:46:17Les analyses ont tablé que l'extrême droite en France
00:46:20représentait directement, c'est-à-dire sans aucun travail politique,
00:46:238 à 10 % de la population.
00:46:26Mais il est évident que des problèmes comme
00:46:29« Les Français regrettent-ils leur perte de leur empire ? »
00:46:32a donné, je crois, si je me rappelle bien, 58 % de regrets.
00:46:39« Les Français refusent-ils le marxisme ? »
00:46:42s'est donné à environ 54 %, et ainsi de suite.
00:46:45C'est-à-dire que chacun de nos grands thèmes est approuvé
00:46:48soit par la majorité de la population, soit par une très forte minorité.
00:46:51En réalité, disons que pour rallier beaucoup plus de gens
00:46:54que ce que nous avons pu faire jusqu'à présent,
00:46:57ce qui nous manquait, c'était un outil politique, c'est-à-dire un parti.
00:47:00En 1973, Ordre Nouveau sert de base à la fondation
00:47:03de ce qui devient le premier grand parti d'extrême droite
00:47:06d'après-guerre en Europe, le Front National,
00:47:09dirigé par Jean-Marie Le Pen.
00:47:12Au niveau partisan, Duprat, c'est la cheville ouvrière
00:47:15de la création du Front National, dont il sera le numéro 2.
00:47:18Le Front National, entre 1972 et 1978, s'intéresse peu à l'immigration.
00:47:21C'est d'abord un mouvement anticommuniste.
00:47:24Duprat comprend qu'il y a Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac,
00:47:27il y a des gens qui sont bien plus installés dans l'anticommunisme
00:47:30et qui sont plus honorables, que donc ça ne peut pas marcher.
00:47:33On peut aller sur le thème de l'immigration et sur la question sociale.
00:47:36Cette stratégie-là, il la rédige, il l'écrit, il l'explique noir sur blanc
00:47:39dans les années 1970 et en 1978, pour la première fois,
00:47:42le Front National fait campagne sur l'affiche
00:47:45« Un million de chômeurs, c'est un million d'immigrants en trop ».
00:47:48De suite, les militants comprennent que c'est le bon slogan,
00:47:51parce que d'un coup d'un seul, les militants de gauche,
00:47:54qui jusque-là se fichaient des affiches du Front National,
00:47:57qui n'étaient rien, se mettent à les arracher.
00:48:00Le renseignement français considérait Duprat
00:48:03comme la seule personnalité d'extrême droite d'envergure.
00:48:06Son assassinat est classé sans suite, mais ses idées lui survivent,
00:48:09au Front National de Jean-Marie Le Pen et dans de nombreux groupuscules.
00:48:17Les skinheads attaquent et le sang coule.
00:48:20Ceux que nous avons rencontrés appartiennent aux jeunesses nationalistes révolutionnaires,
00:48:23la branche la plus musclée du mouvement skin.
00:48:26Nous sommes contre l'immigration qui métisse notre culture.
00:48:29Quitte à taper sur les immigrés.
00:48:31Quitte à les taper s'il le faut pour se faire connaître
00:48:34et pour les entendre.
00:48:38Entre 80 et 83, les violences contre les Maghrébins progressent de 225%,
00:48:43selon les archives de police.
00:48:462001, bien évidemment, provoque une accélération,
00:48:49et c'est le cas dans le nombre de violences.
00:48:512015, triple le nombre de violences contre les Maghrébins.
00:48:54Cette volonté de représailles, c'est nous tous.
00:48:57Il y a bien une demande sociale, une opposition forte
00:49:00contre la présence des gens d'origine immigrée
00:49:03et contre l'islam, et là-dessus, les radicaux de droite
00:49:06en ont été une avant-garde.
00:49:1050 ans après sa fondation, la mouvance nationaliste révolutionnaire
00:49:14continue d'entretenir des liens étroits avec le FN,
00:49:17devenu rassemblement national.
00:49:25Pour comprendre ce rapport entre radicaux et vitrine politique,
00:49:28je décide de rencontrer Christian Boucher, figure historique
00:49:31du nationalisme révolutionnaire français.
00:49:36Courtois, Christian Boucher l'est indéniablement.
00:49:40Radical, il est encore plus sûrement pour avoir fondé
00:49:43les groupuscules les plus extrémistes des 30 dernières années,
00:49:46avant de soutenir Marine Le Pen dans les années 2010.
00:49:51On le voit ici avec Alexandre Douguin, proche de Vladimir Poutine,
00:49:54et artisan du soutien russe aux extrêmes droites.
00:49:58Duprat a eu l'idée, lui le premier, c'est le premier vraisemblablement,
00:50:04à dire qu'on n'arriverait à rien en tant que groupuscule.
00:50:11Il faut être lucide. On n'a pas d'exemple d'ailleurs
00:50:14de 50 dernières années de groupes radicaux qui soient devenus
00:50:17autre chose que des groupes radicaux.
00:50:20On va atteindre des groupes qui vont faire 300, 400,
00:50:23peut-être 1000 membres.
00:50:26C'est vrai que ça reprend le pouvoir.
00:50:29Ça reste du niveau de l'agitation de rue.
00:50:34Par contre, un groupe radical va véhiculer des idées nouvelles
00:50:41et va jouer un peu un rôle de lobby vis-à-vis des grands partis,
00:50:46en influant leur base et donc en faisant progresser des idées.
00:50:50Et d'un autre côté, il va avoir une influence auprès de la jeunesse
00:50:54et des personnes les plus éveillées qui vont suivre ce qu'il fait.
00:50:59Il va vaporiser des idées.
00:51:04Après les dissolutions successives des groupes qu'il fonde,
00:51:07Christian Boucher finit par s'introduire au Front National de Marine Le Pen
00:51:10pour se présenter aux élections législatives en 2012.
00:51:15L'avantage que j'avais, c'est que j'avais un savoir-faire immense
00:51:18par rapport à un cadre local du Front.
00:51:22Donc on monte très vite dans la hiérarchie parce qu'on est hyper efficaces.
00:51:28Nous, on est des marines, on pensait qu'il fallait que ça soit une marine qui monte.
00:51:32Pourquoi ?
00:51:33Parce qu'elle allait représenter...
00:51:37On pensait qu'à cette époque-là, elle représentait à peu près ce qu'on pensait.
00:51:41Une version moderne du Front.
00:51:45À cette époque-là, le Front n'était quand même pas un danger pour le système si important.
00:51:50Donc en fait, ce qu'on avait fait dans le passé n'était pas tellement d'importance.
00:51:53Maintenant, je suis certain que là, on ressortirait tout mon passé.
00:51:59L'exemple de Christian Boucher montre cette habitude du Front National,
00:52:02devenu Rassemblement National, de recycler les militants radicaux parmi ses cadres.
00:52:08À Paris, la mouvance nationaliste révolutionnaire est incarnée par le GUD,
00:52:12fondé dans l'après-mai 68 pour contrer par la violence la gauche dans les universités.
00:52:17En 2013, le GUD s'auto-dissout suite à l'assassinat par un de ses membres,
00:52:21d'un jeune militant de gauche, Clément Méric, et prend le nom de Zouave Paris.
00:52:26Une décennie plus tard, en novembre 2022,
00:52:29les nationalistes révolutionnaires des Zouaves Paris finissent par reprendre le nom historique GUD,
00:52:34sous l'impulsion d'une figure ultra-violente, marque de Cacré Valménier.
00:52:40L'opinion publique redécouvre cette mouvance dans les rues de Paris le 6 mai 2023,
00:52:44où 600 militants défilent sans quasi aucune présence policière,
00:52:48et où la présence de caméras, elle, dérange.
00:52:52Ce défilé figurerait au rayon du folklore néofasciste,
00:52:55si les idées que portent ces militants ne trouvaient pas un écho
00:52:58dans des partis politiques aux portes du pouvoir.
00:53:02Marine Turchy, qui travaille sur l'extrême droite depuis 15 ans pour Mediapart,
00:53:06fait le lien entre Rassemblement National et le GUD, appelé GUD Connexion.
00:53:11Ce qui est certain, c'est que ce rassemblement,
00:53:14il est clairement impulsé par la mouvance du GUD.
00:53:17On est sur la mouvance nationaliste révolutionnaire.
00:53:21À Mediapart, on va révéler la présence d'Axel Lousteau et d'Olivier Duguay.
00:53:25Ce sont deux proches de Marine Le Pen,
00:53:28au sens où ils ont été les trésoriers de son micro-parti Jeanne.
00:53:31On a révélé à Mediapart, enquête après enquête,
00:53:34combien ces deux personnages, et plus largement ce qu'on a appelé la GUD Connexion,
00:53:38étaient adeptes de soirées au folklore vraiment douteux.
00:53:48Axel Lousteau a été conseiller régional et même président de la Fédération des Hauts-de-Seine.
00:53:53Il a été à la tête de la cellule financière de sa campagne à Marine Le Pen en 2017.
00:54:01Là, on le voit poster une assiette de riz dans laquelle est dessinée une croix gammée,
00:54:05avec le commentaire « une bonne petite assiette de riz, toute simple ».
00:54:09Là, on en a un autre qui est assez intéressant, qui date de janvier 2013,
00:54:13dans un échange qui est ponctué de références implicites à la Shoah.
00:54:16On est dans un moment où le prix du gaz vient d'augmenter,
00:54:19et il y est question de 6 millions de Franciliens inquiétés par du gaz.
00:54:23Dans les commentaires, on parle de four, de fabrication de savon.
00:54:36Cette manifestation du 6 mai, tout à coup, il y a tout ça qui remonte à la surface,
00:54:40et Marine Le Pen, qui pensait s'être un peu débarrassée de ce sujet,
00:54:43se trouve à répondre de leur présence là.
00:54:49Encore aujourd'hui, certains jeunes du GUD ou autres vont être embauchés dans leur société.
00:54:55C'est le cas de Logan Jean, c'est le cas de Marc de Quecret-Valmenier.
00:54:59Ce sont des liens qui perdurent à travers aussi les assistants parlementaires ou les stagiaires
00:55:04qui peuvent travailler auprès de deux députés ou deux redéputés du Rassemblement National.
00:55:09On a vu la trace de certains de ces assistants dans des actions violentes,
00:55:15on a vu dans des réunions du RNJ la présence de membres d'anciens, de générations identitaires du GUD ou de la Cocarde.
00:55:29La Cocarde, syndicat étudiant proche du Rassemblement National,
00:55:32marque parallèlement le retour de l'extrême droite politique au sein des universités françaises.
00:55:37Vianney Van Der Scheur, son président en 2023,
00:55:40est aussi attaché parlementaire d'un eurodéputé Rassemblement National.
00:55:44Le premier but de la Cocarde était de rassembler en dehors des partis,
00:55:48et le deuxième but c'était justement d'aller mener un combat, on l'appelle culturel,
00:55:52paraît-il des Gramsci de droite, mais un combat culturel dans les universités.
00:55:58Et parce que beaucoup d'étudiants voient bien que dans leur amphithéâtre,
00:56:02parfois ils sont les seuls à penser ce qu'ils pensent,
00:56:04ils voient l'importance d'aller mener ce combat dans les universités qui sont,
00:56:08pas en majorité, pardon, pas en intégrité, en totalité,
00:56:12mais qui sont en bonne partie, souvent quand même, acquises aux idées de gauche.
00:56:17Et après, déjà l'éducation nationale qui, à notre sens, va quand même déjà aussi dans ces idées-là,
00:56:24l'audiovisuel, Netflix, etc.
00:56:26Toutes les références qu'un jeune peut avoir sont, en tout cas à mon sens,
00:56:30assez orientées politiquement, souvent idéologiquement.
00:56:32Donc vous arrivez à l'université, et c'est un peu le dernier sas avant de rentrer dans la vie active.
00:56:36Et donc pour nous, c'est le moment d'aller s'emparer des jeunes
00:56:40et d'essayer de les convaincre avec nos idées.
00:56:42Est-ce que vous avez des proximités, ou pas du tout, avec le groupe neurodéfense ?
00:56:47Sur le GUN, on n'a pas de lien structurel avec eux,
00:56:51ou avec d'autres groupes, on est la cocarde et on fait ce qu'on a à faire,
00:56:55et ça se passe très bien comme ça.
00:56:59Officiellement, pas de lien structurel avec des groupes ultra-violents comme le GUD,
00:57:03qui s'illustre à la faculté d'Assas, sous un nom à la référence nazie de Waffen-Assas.
00:57:13Safia Haïtouarabi, militante antiraciste et ancienne vice-présidente de SOS Racisme,
00:57:18constate au contraire les liens qui unissent les différentes mouvances sur le terrain.
00:57:24Il y a clairement des porosités extrêmement fortes entre l'extrême-droite syndicale,
00:57:28l'extrême-droite politique et l'extrême-droite des nations comme le GUD.
00:57:32Donc là, ils sont en train de s'installer pour commencer à tracter.
00:57:36Marc de Cacré, c'est le chef, là. Il est là, à côté de la veste beige.
00:57:41Premièrement, le fait qu'il y ait un service d'ordre, c'est extrêmement préoccupant.
00:57:45Ça montre cette volonté de passer à l'acte au besoin.
00:57:48C'est des services d'ordre qui, souvent, sont armés.
00:57:50Point américain, parapluie, casque de moto.
00:57:53Et ça montre aussi qu'il y a une porosité entre les membres.
00:57:57C'est comme si les gros nazions viennent protéger les idées politiques.
00:58:05C'est peut-être les années les plus terribles qu'on est en train de vivre
00:58:08en termes de normalisation de l'extrême-droite politique,
00:58:11et particulièrement du rassemblement national.
00:58:13Moi, je suis de cette école qui ne parle pas de dédiabolisation
00:58:17concernant l'extrême-droite, je parle de normalisation,
00:58:19parce que ça supposerait qu'à un moment, ils étaient diabolisés.
00:58:24La campagne présidentielle de 2022 a accéléré la normalisation
00:58:28de l'extrême-droite politique de Marine Le Pen.
00:58:30Pourquoi ? L'arrivée d'Éric Zemmour, ce n'est absolument pas
00:58:34une dynamique concurrentielle à Marine Le Pen.
00:58:36Les médias mainstream, qui se sont renforcés dans cette brèche, ont tort.
00:58:40Mettre en scène la concurrence entre Éric Zemmour et Marine Le Pen,
00:58:43c'est ne rien comprendre à l'écosystème d'extrême-droite.
00:58:46Parce qu'au contraire, l'arrivée d'Éric Zemmour permet
00:58:49l'accélération de la respectabilité de Marine Le Pen,
00:58:52faisant croire que Marine Le Pen n'aimerait que les chats.
00:58:55Non, parce que Marine Le Pen, c'est aussi l'abolition du droit du sol,
00:58:58c'est la préférence nationale, c'est beaucoup de choses.
00:59:02Octobre, novembre, décembre 2021, on constate à SOS Racisme
00:59:07une montée drastique d'Éric Zemmour dans les sondages.
00:59:11On se dit qu'il faut agir.
00:59:13On arrive à ce fameux jour, début décembre 2021,
00:59:18c'est le meeting, c'était un dimanche matin.
00:59:21On est chez nous ! On est chez nous !
00:59:26Vous savez, depuis des mois, je sillonne la France.
00:59:29Mes camarades se sont levés.
00:59:31Ils ont crié non au racisme,
00:59:33et le choix du slogan aussi n'a pas été anodin.
00:59:36On a choisi ce slogan en amont pour prouver qu'un slogan
00:59:39bête comme mes pieds, simple,
00:59:41allait susciter des réactions hostiles.
00:59:44On est chez nous ! On est chez nous !
00:59:47On est chez nous ! On est chez nous !
00:59:50On est chez nous ! On est chez nous !
00:59:54Nous n'avions pas prévu qu'une centaine de personnes,
00:59:57dont faisaient partie les Zouaves de Marc Decaquerelle,
01:00:01mais aussi des militants de Reconquête de Base,
01:00:03il n'y avait pas que des nervis fascistes
01:00:05qui s'en sont pris à mes camarades.
01:00:07C'est une première dans le débat public français
01:00:09qu'on parle de la porosité existante
01:00:11entre l'extrême droite fascisante et l'extrême droite politique.
01:00:15Et là, il est acté que les Zouaves Paris,
01:00:18groupe fasciste, ont décidé
01:00:20que les Zouaves Paris, groupe fasciste,
01:00:23sont au meeting d'Éric Zemmour.
01:00:25Oui, la France est de retour !
01:00:28Marc Decaquerelle-Ménier est placé sous contrôle judiciaire
01:00:31pour les violences de Villepinte,
01:00:33et Éric Zemmour amorce sa chute dans les intentions de vote.
01:00:38L'année suivante, la violence de la droite extrême
01:00:41ne cesse de s'accentuer.
01:00:43Et cette violence fait peur lorsqu'elle commence
01:00:45à s'en prendre de manière décomplexée aux institutions,
01:00:48aux journalistes, aux avocats, aux élus.
01:00:50Les membres du groupe violent Vandal Bessac
01:00:52parlent de tuer des étrangers ou des LGBT
01:00:54sur les réseaux sociaux.
01:00:56Le 7 septembre, à Calouilly,
01:00:58une tentative d'incendie et des tags racistes,
01:01:00les Arabes dehors, ont été faits sur un immeuble.
01:01:03Le 8 septembre, à Givor,
01:01:05mort au bout nul, taguée au sol
01:01:07à côté du lycée Aragon-Picasso.
01:01:09Le 10 septembre, à Saint-Brieuc,
01:01:11des inscriptions nazis sont plantées à la bombe
01:01:13sur la devanture du siège du Parti communiste
01:01:15de Côte d'Armor.
01:01:17C'est une semaine, en réalité, qui est une semaine typique,
01:01:19normale, le mois dernier.
01:01:21Et j'aurais pu vous présenter une liste similaire
01:01:23pour la semaine d'avant
01:01:25ou la semaine suivante.
01:01:27Présent au colloque, Thomas Porte, député du Parti de gauche
01:01:29La France Insoumise et fondateur
01:01:31de l'Observatoire des extrêmes droites,
01:01:33est régulièrement menacé de mort,
01:01:35comme plusieurs autres députés,
01:01:37tous bords politiques confondus.
01:01:41Et donc ça, c'est la première que j'ai reçue,
01:01:43c'est un comité qui s'appelle le comité 732
01:01:45qui m'a écrit de manière très chaleureuse
01:01:47suite au fait que j'ai déposé
01:01:49une demande pour une commission d'enquête
01:01:51sur l'extrême droite, donc c'était une première menace,
01:01:53c'était en novembre 2022.
01:01:55Votre place, où elle est, en gros, avec un point d'interrogation
01:01:57qui dit 6 pieds sous terre.
01:01:59Ils ne se sont pas arrêtés là, il y en a une seconde.
01:02:01Là, par exemple, ils expliquent quand, comment,
01:02:03et ma punition, c'est-à-dire avoir une surveillance,
01:02:05dire que je suis un homme public,
01:02:07donc j'ai un domicile, j'ai un trajet, j'ai des heures de réunion,
01:02:09puis après ils parlent de kidnapping, de mise à mort,
01:02:11enfin en gros, ils détaillent les façons
01:02:13dont ils pourraient me tuer.
01:02:15Aujourd'hui, on a des groupuscules qui mènent des actions
01:02:17coup de poing, visibles,
01:02:19qui travaillent à l'échelle européenne,
01:02:21qui se structurent,
01:02:23qui s'organisent, et qui sont opérationnelles.
01:02:25Le 29 avril 2023,
01:02:27la violence des groupuscules
01:02:29d'extrême droite monte d'un cran.
01:02:31Opposés à l'ouverture d'un centre d'accueil
01:02:33de migrants dans la petite ville de Saint-Brévin,
01:02:35des groupes ultra-violents s'y rendent,
01:02:37molestent des habitants et incendient
01:02:39le domicile du maire Renaissance de la ville,
01:02:41sans que ce dernier ne reçoive
01:02:43la moindre protection ni soutien institutionnel.
01:02:45Un sentiment d'impunité
01:02:47qui permet aux groupes de multiplier ce type
01:02:49d'actions dans les mois qui suivent.
01:02:51À Saint-Brévin, il y avait très peu de militants d'extrême droite locaux.
01:02:53C'est la nouvelle stratégie d'extrême droite,
01:02:55c'est-à-dire de prendre un fait divers, ou en tout cas
01:02:57un fait politique, pour lui donner une dimension nationale,
01:02:59aidée par des médias qui sont aux ordres.
01:03:01Parce que derrière, vous avez Valeurs Actuelles, Boulevard Voltaire,
01:03:03vous avez Livre Noir, tout ce qui vient derrière,
01:03:05et qui donnent un récit médiatique
01:03:07à ce qui se passe. Et donc effectivement, ils choisissent
01:03:09des endroits, et ils se disent, on va tous à tel endroit,
01:03:11à tel moment, pour mettre la pression.
01:03:17Et ils font céder des gens. C'est aussi ça qui est peut-être
01:03:19nouveau.
01:03:21On ne peut pas continuer à faire
01:03:23comme si ça n'existait pas. Parce qu'il faudra
01:03:25attendre que quelqu'un
01:03:27soit tué, qu'un responsable politique,
01:03:29qu'un député, qu'un militant, qu'une militante,
01:03:31qu'un citoyen, soit tué parce qu'il a
01:03:33un engagement à gauche, parce qu'il est progressiste,
01:03:35parce qu'il défend l'accueil des plus fragiles,
01:03:37parce qu'il défend
01:03:39la cause LGBT, que sais-je ?
01:03:41Est-ce qu'il faut attendre que quelqu'un soit tué
01:03:43pour que ce gouvernement fasse quelque chose ?
01:03:55Près d'une quarantaine de groupuscules violents
01:03:57sont actifs en France, très peu sont dissous.
01:03:59Pour comprendre cette tolérance,
01:04:01je me rends à Lyon, capitale
01:04:03des Gaules et la Mecque, si je puis dire,
01:04:05des droites extrêmes françaises,
01:04:07voire européennes.
01:04:09L'écosystème des droites extrêmes lyonnaises,
01:04:11particulièrement violent,
01:04:13jouit d'une longue tradition.
01:04:25Ces gens-là, il faut les combattre !
01:04:27Il faut les combattre
01:04:29en nous organisant !
01:04:31Parce que Lyon, c'est la capitale
01:04:33des droites extrêmes droites !
01:04:35Et aujourd'hui, ils sont où ? Ils sont cachés,
01:04:37dans leurs locaux !
01:04:39Dans le vieux Lyon historique,
01:04:41un groupuscule s'active particulièrement.
01:04:43Lyon populaire,
01:04:45issu du GUD, toujours dans la mouvance
01:04:47nationaliste révolutionnaire.
01:04:51À sa tête, Eliott Bertin est considéré
01:04:53comme volontier violent.
01:04:55Il tente aujourd'hui d'assagir son image
01:04:57pour élargir sa base militante.
01:04:59Nous, aujourd'hui,
01:05:01on se situe plutôt dans une démarche
01:05:03d'aller à notre peuple,
01:05:05de le comprendre,
01:05:07de l'accompagner.
01:05:09Et ça, c'est vraiment quelque chose
01:05:11qui caractérise notre époque, notre période.
01:05:13C'est le fait de sortir
01:05:15d'un ghetto politique dans lequel
01:05:17on nous avait enfermés. Aujourd'hui,
01:05:19on a une vraie diversité des profits
01:05:21que l'on rencontre, qui sont attirés par nos idées.
01:05:23Le but, c'est ça, c'est de se voir grandir,
01:05:25c'est de voir plusieurs personnes
01:05:27venir rejoindre le groupe,
01:05:29partager nos idées,
01:05:31essayer de faire en sorte
01:05:33qu'elles aient un impact.
01:05:37Pour l'instant, à notre échelle,
01:05:39sur le local, mais ça ne veut pas dire
01:05:41qu'on n'ait pas des visions plus nationales,
01:05:43plus internationales. La réalité,
01:05:45le remplacement qui existe, c'est un fait.
01:05:47Aujourd'hui,
01:05:49justement, notre objectif,
01:05:51c'est de dire qu'il n'est pas encore trop tard
01:05:53et arriver à endiguer le problème
01:05:55avant que ça devienne ingérable.
01:05:57Pour faire simple,
01:05:59on ne fait pas de distinction
01:06:01entre l'immigration légale et illégale,
01:06:03très honnêtement. On fait une distinction
01:06:05entre l'immigration européenne et extra-européenne,
01:06:07où effectivement, pour nous déjà,
01:06:09un Français, c'est un Européen
01:06:11de langue et de culture française.
01:06:13C'est-à-dire que, par exemple,
01:06:15on ne mettra pas sur le même plan
01:06:17l'assimilation d'un Italien,
01:06:19d'un Allemand, d'un Belge qui veut devenir Français
01:06:21qu'un Camerounais
01:06:23ou un Marocain.
01:06:27Nous, on ne se situe pas forcément
01:06:29dans le même champ
01:06:31idéologique, surtout
01:06:33de reconquête, mais aussi du rassemblement
01:06:35national.
01:06:37Il y a des éléments
01:06:39idéologiques sur lesquels on peut se rejoindre,
01:06:43notamment avec le rassemblement national,
01:06:45notamment sur les questions sociales,
01:06:47sur les questions d'écologie.
01:06:49Maintenant, nous, on ne se situe pas du tout
01:06:51dans un champ d'action qui a parti politique.
01:06:53Nous, on se situe dans
01:06:55un champ d'action qui est celui du réel,
01:06:57du concret, du terrain.
01:06:59Officiellement,
01:07:01pas de lien entre le rassemblement national et Lyon Populaire,
01:07:03mais l'écosystème
01:07:05qui lie extrême-droite politique et extrême-droite radicale
01:07:07apparaît.
01:07:09Thomas Migliotti, militant nationaliste
01:07:11révolutionnaire de Lyon Populaire,
01:07:13est aussi un cadre local du rassemblement
01:07:15national et ancien candidat
01:07:17suppléant du parti de Marine Le Pen
01:07:19aux législatives.
01:07:21En première ligne face à ces groupuscules,
01:07:23Nadine Jorgel, maire écologiste
01:07:25du 5e arrondissement,
01:07:27s'interroge sur la tolérance dont il bénéficie jusqu'ici
01:07:29de la part du ministère de l'Intérieur.
01:07:31Il y a une stabilité,
01:07:33c'est la présence de l'extrême-droite
01:07:35dans le Vieux Lyon, donc dans le 5e arrondissement.
01:07:39Aujourd'hui,
01:07:41les lieux identifiés et emblématiques,
01:07:43c'est sur la montée du Champs,
01:07:45donc une salle de boxe et un bar associatif.
01:07:49C'est de là que
01:07:51partent et reviennent
01:07:53des équipes punitives
01:08:07qui s'en prennent
01:08:09à différents types de personnes
01:08:11dans différentes occasions.
01:08:13Manifestations LGBT,
01:08:15pour Palestine,
01:08:17matchs de foot...
01:08:19Il y a un moment où se pose la question
01:08:21de comment ça se fait que
01:08:23quelques centaines de gens
01:08:25qui portent un message aussi délétère
01:08:29puissent continuer
01:08:31à être présents et à agir
01:08:33sur le territoire.
01:08:41Direction la préfecture du Rhône,
01:08:43où je reçois une explication officielle.
01:08:48Il faut pouvoir relier
01:08:50les agissements de ces individus
01:08:52à des lieux ou à des groupements.
01:08:54Ce sont des individus,
01:08:56évidemment, qui se protègent,
01:08:58qui sont habitués à travailler
01:09:00dans la discrétion,
01:09:02et les mouvements ou les groupuscules
01:09:04ne revendiquent pas ces actions.
01:09:06Donc toute l'action des services
01:09:08de renseignement, en lien
01:09:10avec le procureur de la République,
01:09:12les services de l'État,
01:09:14consiste effectivement à établir
01:09:16ces liens pour pouvoir
01:09:18documenter des procédures.
01:09:22En réalité, l'efficacité
01:09:24des dissolutions fait débat.
01:09:26Elle complique certes l'implantation
01:09:28des groupuscules, mais aussi
01:09:30le travail du renseignement
01:09:32et de la police, les groupuscules
01:09:34se reformant aussi rapidement
01:09:36qu'ils sont dissous.
01:09:38Pour élargir son mouvement,
01:09:40Lyon Populaire tente de se faire
01:09:42connaître par des actions
01:09:44de tractage autour de thématiques
01:09:46consensuelles présentables
01:09:48à mes caméras. Consensuelles
01:09:50ou presque.
01:09:52Lyon Populaire, ça veut dire
01:09:54quoi exactement ?
01:09:56Nous, on est un mouvement
01:09:58nationaliste révolutionnaire,
01:10:00nous traitons, on va dire,
01:10:02une multiplicité de sujets
01:10:04qui va, comme vous pouvez le voir,
01:10:06de l'écologie, de la question
01:10:08bioéthique, de la question énergétique.
01:10:12On va dire le volet bioéthique,
01:10:14c'est le fait qu'on défend
01:10:16l'homme de sa conception
01:10:18à sa mort naturelle. Donc ça implique
01:10:20le fait qu'on soit opposé à l'euthanasie,
01:10:22qu'on soit opposé aussi
01:10:24à l'IVG, parce qu'on considère
01:10:26qu'une vie humaine
01:10:28existe dès la conception,
01:10:30dès la fécondation.
01:10:32Bonjour madame !
01:10:34Vous avez un café ?
01:10:36On n'a pas d'eau pour le chien.
01:10:40On va dire que la préfecture
01:10:42tente globalement de nous mettre des bâtons dans les roues
01:10:44au niveau de nos activités. Ils sont plutôt dans l'idée
01:10:46de chercher par tous les moyens
01:10:48à empêcher notre développement, que ce soit
01:10:50par exemple en interdisant des événements,
01:10:52en empêchant qu'on occupe l'espace public
01:10:54via des manifestations,
01:10:56via des occupations comme aujourd'hui.
01:11:00Quand des événements sont interdits, le message que ça renvoie
01:11:02c'est uniquement que
01:11:04seule la violence permet d'obtenir des choses
01:11:06et dans ce cadre-là,
01:11:08on n'a plus forcément le contrôle
01:11:10sur la fougue
01:11:12de certains jeunes militants.
01:11:16Eliott Bertin prêche ainsi l'action violente
01:11:18en cas de blocage des activités politiques
01:11:20de son groupuscule.
01:11:22En attendant,
01:11:24ni la météo, ni la police, pourtant présentes,
01:11:26ne contrarient les activités des nationalistes
01:11:28révolutionnaires de Lyon populaire
01:11:30qui ont pu installer leur stand
01:11:32et tracter une matinée durant.
01:11:44Parallèlement,
01:11:46la lutte contre l'extrême droite s'organise sur le terrain
01:11:48à travers des associations, mais aussi
01:11:50des groupes antifascistes.
01:11:54La Jeune Garde, principal groupe antifasciste
01:11:56et son porte-parole, le militant antiraciste
01:11:58Raphaël Arnaud, sur la bête noire
01:12:00des extrêmes droites françaises.
01:12:20Un accueil en Rhône-Alpes que le président du parti d'extrême droite reconquête
01:12:22a très modérément apprécié.
01:12:28Et Raphaël Arnaud,
01:12:30ne jouit pas non plus d'une meilleure popularité
01:12:32auprès des groupuscules d'extrême droite lyonnais.
01:12:38Ils sont déjà 40 en bas de chez moi
01:12:40pour m'agresser.
01:12:42Il y avait quand même
01:12:443 ou 4 véhicules
01:12:46qui tournaient autour de mon appartement pour vérifier.
01:12:48C'était plus d'une dizaine.
01:12:50Je ne sais pas ce qu'ils avaient comme matériel,
01:12:52mais j'imagine qu'il y en avait environ
01:12:54une dizaine.
01:12:56Je ne sais pas dans quel état je suis aujourd'hui.
01:12:58On ne m'avait pas prévenu qu'ils étaient là.
01:13:00On a une véritable culture de l'autodéfense
01:13:02à la Jeune Garde,
01:13:04et notamment à Lyon, dès ses débuts.
01:13:06Parce qu'on ne pouvait pas faire de l'antifascisme
01:13:08sans prendre en compte le fait que l'extrême droite
01:13:10allait nous attaquer.
01:13:12Ça aurait été lunaire de dire
01:13:14on commence à travailler contre l'extrême droite
01:13:16sans prendre en compte le fait que,
01:13:18systématiquement, dès qu'on allait apparaître,
01:13:20on allait se faire attaquer.
01:13:22Le fait d'apparaître et de dire
01:13:24maintenant la partie est finie,
01:13:26nous aussi on va se défendre,
01:13:28pas ça à ralentir ses attaques.
01:13:30Par ailleurs, quand il y a un militantisme
01:13:32actif sur la question de l'extrême droite,
01:13:34l'extrême droite en réalité recule.
01:13:36En tout cas l'extrême droite de terrain.
01:13:38C'est quelque chose qu'on a constaté à Lyon.
01:13:42On aime bien coller quand il y a tout le monde dans la rue.
01:13:44Pour moi ça crée un peu de l'interaction.
01:13:46Les gens nous voient,
01:13:48ils ne disent pas qu'on est une espèce de Luberlu
01:13:50qui sort tomber à 5h du matin,
01:13:52qui sortent des forêts.
01:14:04À l'appel de Raphaël Arnaud,
01:14:06de La Jeune Garde et de nombreuses associations,
01:14:08Lyon voit ses rues sconder son rejet
01:14:10de l'extrême droite lors d'une manifestation d'ampleur.
01:14:12Chaque personne qui a un calico,
01:14:14descendez pour représenter votre ville.
01:14:18Du coup, il y a des militants,
01:14:20c'est seulement de Lyon qui sont connectés ?
01:14:22En renfort un peu de partout.
01:14:24Notamment là où les 5 villes de La Jeune Garde sont implantées,
01:14:26c'est-à-dire à Paris, Strasbourg,
01:14:28Lille, Montpellier, puis Lyon.
01:14:30Donc les 5 villes ont été implantées.
01:14:32Aujourd'hui ça va être une belle démonstration de force.
01:14:34Normalement les faves vont se planquer
01:14:36et il va falloir faire résonner les rues de Lyon.
01:14:38C'est un mot tout petit antifascistique !
01:14:40C'est un mot tout petit antifascistique !
01:14:44C'est un mot tout petit antifascistique !
01:14:48Face aux attermoiements des pouvoirs publics,
01:14:50des milliers de personnes demandent cet après-midi-là
01:14:52l'interdiction des groupes ultra-violents de Lyon
01:14:54et la fermeture de leurs locaux.
01:14:56C'est un mot tout petit antifascistique !
01:15:00Aujourd'hui, c'est une mobilisation massive
01:15:02et c'est pas pour rien.
01:15:04C'est parce que les fascistes se libèrent aujourd'hui
01:15:06dans notre pays.
01:15:08Ces gens-là, il faut les combattre !
01:15:10Il faut les combattre en nous organisant !
01:15:12Camarades !
01:15:14On n'est pas là pour rien aujourd'hui !
01:15:16C'est un message qu'on envoie
01:15:18à toute la France !
01:15:20Parce que Lyon, c'est la capitale de l'extrême droite
01:15:22et aujourd'hui ils sont où ?
01:15:24Ils sont cachés dans leurs locaux !
01:15:26Il faut fermer ces locaux-là
01:15:28pour qu'ils arrêtent de s'organiser !
01:15:36On ne s'en fout pas !
01:15:38On ne s'en fout pas !
01:15:42Durant la manifestation,
01:15:44les groupuscules d'extrême droite radicaux,
01:15:46cagoulés et armés, notamment du groupe Lyon populaire
01:15:48d'Eliott Bertin,
01:15:50tentent de s'en prendre à la manifestation
01:15:52mais sont retenus par la police.
01:15:56À la nuit tombée,
01:15:58ils attaquent un débat sur la Palestine
01:16:00à la Maison du Passage,
01:16:02à côté de leurs locaux.
01:16:06L'action violente
01:16:08est revendiquée par le Guignol Squad,
01:16:10cachenés violents
01:16:12qu'emploient les militants de différents groupuscules
01:16:14pour mener leurs agressions en commun.
01:16:20Ce sont toutes
01:16:22les formes de racisme
01:16:24contre lesquels il nous faut lutter
01:16:26en nous rappelant sans cesse.
01:16:30Dans une manifestation du lendemain,
01:16:32en soutien à Israël,
01:16:34les élus gagnent, dont le maire de Lyon,
01:16:36qui pointe le manque de détermination de l'État
01:16:38face à ces groupuscules.
01:17:04Le même jour,
01:17:06la jeune garde invite
01:17:08sa fière Étoile Rabhi
01:17:10et le journaliste Édouid Plenel
01:17:12pour dresser un état de la menace.
01:17:34Est-ce qu'aujourd'hui,
01:17:36dans un temps si trouble
01:17:38et si réactionnaire,
01:17:40comment est-il possible
01:17:42de mobiliser ? Moi, je trouve que la question
01:17:44sous-jacente, c'est comment
01:17:46vaincre le défaitisme.
01:17:48Et alors là,
01:17:50messieurs, dames,
01:17:52il va falloir s'armer idéologiquement,
01:17:54il va falloir faire preuve,
01:17:56je le dis littéralement,
01:17:58d'art militaire dans ses arguments
01:18:00et dans ses actions.
01:18:02Je garde la réalité en face à trois ans et demi
01:18:04de la présidentielle.
01:18:06Les brèches sont là
01:18:10et nos lignes ont été
01:18:12très enfoncées, profondément
01:18:14enfoncées. Nous sommes en France,
01:18:16cela a été dit au débat précédent
01:18:18sur les médias,
01:18:20rafler la présidentielle française, c'est pas
01:18:22être premier ministre en Italie,
01:18:24c'est pas être premier ministre en Hongrie,
01:18:26c'est même pas être président
01:18:28des États-Unis,
01:18:30c'est rafler tout le pouvoir,
01:18:32tous les leviers de pouvoir.
01:18:34Plusieurs mois plus tard,
01:18:36le ministère décide enfin de la dissolution
01:18:38des groupes ultra-violents lyonnais.
01:18:40Mais je quitte Lyon avec un sentiment glaçant.
01:18:42A l'origine de ce voyage,
01:18:44j'imaginais filmer l'ultra-droite,
01:18:46mais il n'y a pas d'ultra-droite,
01:18:48il n'y a qu'un écosystème de droites extrêmes
01:18:50solidaires entre elles, plus qu'un écosystème,
01:18:52une famille qui partage un même
01:18:54projet inégalitaire.
01:18:56En 2002,
01:18:58plus d'un million de manifestants
01:19:00dans les rues de Paris criaient non à ce projet.
01:19:02En 2024,
01:19:04les Allemands descendaient
01:19:06par millions dans les rues pour dire non à ce projet.
01:19:10Des sursauts face à des
01:19:12idées politiques qui ont déjà, hélas,
01:19:14porté leurs fruits dans la société européenne.
01:19:18Combien serions-nous
01:19:20face aux extrêmes droites
01:19:22si elle appliquait son programme à l'échelle européenne ?
01:19:24Nous sommes en 2024
01:19:26et l'Europe est à la croisée
01:19:28des chemins.
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