• il y a 3 jours

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00:00Auxquelles, la maladie, je peux trouver plein de leçons à en tirer.
00:03Mais la mort de mon enfant, je ne trouve pas de raison valable à ça.
00:06Tout le long des 1h30, 2h d'ambulance, je me dis que là, je vais voir ma fille.
00:31Je n'ai qu'une envie, c'est de la voir, mais je sais que je vais la voir les yeux
00:35fermés, que je ne la verrai plus rire, que je ne verrai plus son regard, je ne sais pas
00:38à quoi m'attendre, mais j'ai hâte et il faut que je la voie, c'est viscéral.
00:42Et quand j'ouvre la porte et que je vois son petit corps qui est recouvert, je vois
00:45juste son visage, je pleure parce que déjà, je la trouve belle et elle a le visage reposé.
00:54Et donc ma crainte, ma culpabilité, c'est de me dire qu'elle est partie sans maman.
01:00Maman n'était pas là, mais en voyant son visage tout doux, je me suis dit dans cette
01:05horreur, rien que de savoir que mon bébé n'avait pas souffert et qu'elle s'est endormie
01:10avec la comptine de sa mamie, c'est juste qu'elle ne s'est pas réveillée.
01:13On m'a autorisé à lui faire un bisou, à la toucher.
01:16Par contre, je n'avais pas le droit de la prendre avant l'autopsie, puisque l'autopsie
01:20est obligatoire et l'autopsie, c'est difficile pour une maman de savoir, et je vais dire
01:25les vrais termes, qu'on va toucher au corps de son enfant.
01:28J'avais juste envie qu'on la laisse en paix, mais malheureusement, c'est les obligations légales.
01:32Et de toucher au corps de mon enfant, ça a été difficile à admettre.
01:47Au cas de la maladie, je peux trouver plein de leçons à en tirer, de savoir après un
01:51petit peu plus ce qu'on a envie de faire ou de ne pas faire dans la vie, les priorités
01:54qu'on a envie d'y mettre quand on passe près de la mort et qu'on la risque.
01:58Mais la mort de mon enfant, je ne trouve pas de raison valable à ça, et ça me passe
02:01par la tête de me dire, mais pourquoi le lendemain du décès de ma fille, je suis allée
02:06en chimio ? Et mon médecin ne m'attendait pas du tout, et je lui ai dit, docteur, si
02:12vous ne faites pas ma chimio aujourd'hui, je ne viens plus.
02:15Et tout ça parce que j'ai promis à ma fille, quand je l'ai vue à Poitiers, à son décès,
02:21je lui ai promis que maman allait continuer, parce que pour moi, une maman, ça combat,
02:25et si je veux qu'elle continue de vivre un petit peu, ça va être à travers moi.
02:38Je pense comprendre la peur de blesser, la peur de raviver des souvenirs douloureux,
02:43etc.
02:44Mais je pense que c'est encore pire si on n'ose pas en parler, parce que du coup, on
02:47ne parle plus de rien, parce qu'on va se dire que chaque chose va être taboue, même
02:51parler du quotidien, où là, en septembre, ça a été la rentrée des classes.
02:55C'est super difficile de voir partout sur les réseaux les photos de rentrées de classe
02:59des enfants.
03:00Je n'habite pas loin d'une école, et si je sors...
03:02En fait, toute ma vie, je vais être confrontée en permanence à des choses qui me renvoient
03:06à la mort de mon enfant.
03:07Quand j'étais enceinte, j'ai fait plein d'achats de puériculture, les algorithmes
03:11sur les réseaux, vous savez, dès que j'ai ouvert Internet, les mois qui ont suivi la
03:14mort de ma fille, je n'avais que des pubs pour des couches, des machins, donc mille
03:18fois par jour, j'ai été confrontée.
03:20Et que mes amis ne soient pas à l'aise avec ça, souffrent avec moi, qu'ils aient leur
03:25tristesse et que ce soit compliqué pour eux, je l'entends, mais je leur dis à chaque
03:29fois, s'il vous plaît, si vous faites un apéro, une soirée ou quoi, proposez-moi,
03:33ne décidez pas à ma place que je ne serai sûrement pas assez bien pour y aller.
03:37Parce que si je ne suis pas assez bien pour y aller, je vous le dirai.
03:39Et si toutefois, j'avais un petit peu envie d'avoir de la compassion, de changer les idées
03:42ou peut-être de vous voir rire et peut-être de rire avec vous, le fait est que vous me
03:46disiez que je ne serai sûrement pas d'humeur à le faire, et ça me culpabilise d'avoir
03:50peut-être été d'humeur à le faire.
03:52Donc, juste oser, avec ce que vous êtes et qui vous êtes, on ne peut pas oser tout
03:57le temps, mais tentez le coup, parce que je pense que ça fait du bien aux gens et que
04:03notre enfant, il a vécu, donc il faut en parler, ils ont vécu, nos enfants.

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