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Le jeudi 17 octobre, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) organisait une audition sur les impacts des plastiques sur la santé humaine. Les scientifiques Guillaume Duflos, Muriel Mercier-Bodin et Sonja Boland ont présenté, devant les parlementaires, les types d’exposition au plastique (qui passe surtout par l’inhalation et l’alimentation), et ont exposé leurs évaluations des risques pour la santé humaine. En mettant en évidence la présence de particules de plastique dans plusieurs parties du corps, ils alertent sur le danger de ce matériau pour la santé. Les scientifiques ont également souligné le besoin d’harmoniser les études et les approches pour mener les meilleures recherches possibles. Revivez ces échanges. Année de Production :

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans 100% Sénat.
00:13Le plastique est partout dans notre environnement, dans notre quotidien.
00:17Chaque Français en ingérerait même l'équivalent de 5 grammes par semaine.
00:21C'est dans ce contexte que l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques,
00:26qui réunit des députés et des sénateurs, organise une audition publique
00:31sur l'impact sanitaire de ce fameux plastique.
00:34L'Office a déjà réalisé un certain nombre de travaux sur cette thématique des plastiques
00:39grâce à l'application d'abord de notre ancien collègue que je suis allé saluer, Angèle Préville,
00:45et puis bien sûr du référent en la matière, notre député Philippe Bollo,
00:49député du très beau département du Maine-et-Loire.
00:53Un premier rapport d'ailleurs très complet sur la pollution plastique avait été réalisé et adopté en décembre 2020,
01:00salué par un certain nombre de scientifiques, ce rapport qui reste donc une référence sur une question qui est complexe.
01:08Et en juin 2023, il y a un petit peu plus d'un an, l'Office a publié une note scientifique,
01:13cette fois consacrée au recyclage des plastiques, ce qui n'est pas tout à fait encore la même thématique.
01:19Depuis le lancement des négociations sur le futur traité international visant à supprimer la pollution plastique,
01:25l'Office s'est attaché à en expliquer les enjeux, à en faire un certain nombre de recommandations aussi.
01:31Et c'est dans ce cadre que l'Office a réalisé en mai 2023 une audition publique sur les enjeux scientifiques du traité international.
01:41Du 25 novembre au 2 décembre prochain se tiendra donc en Corée du Sud
01:45le dernier cycle des négociations de ce futur traité international
01:50sur lequel Philippe Bollot travaille ardemment depuis maintenant plusieurs années.
01:55Les différentes parties sont encore très divisées, cela dit,
01:58et les dernières informations obtenues ne sont pas totalement optimistes sur les ambitions finales de ce traité.
02:05Pourtant, comme le rappelle le document publié ce mois-ci par l'OCDE,
02:09le statu quo est intenable si rien n'est fait.
02:13Les flux de plastique et leurs impacts environnementaux continueront de croître rapidement.
02:18Nous avons évidemment tous en tête ces images d'océans totalement saturés par la pollution plastique.
02:27Afin d'éclairer cette négociation, d'apporter un soutien au gouvernement français
02:31pour la défense de mesures ambitieuses concernant la réduction à la fois de la production de plastique
02:38et de leur toxicité, l'Office a demandé à Philippe Bollot d'organiser cette nouvelle audition
02:44consacrée plus précisément aux impacts des plastiques sur la santé humaine.
02:50Si les effets néfastes de la pollution plastique sur l'environnement sont désormais connus,
02:55je faisais référence aux images que nous pouvions avoir en tête auprès du grand public notamment,
03:00c'est moins le cas de ces impacts sur la santé humaine,
03:03et c'est tout l'intérêt de cette audition publique que nous allons avoir maintenant.
03:08Les deux tables rondes d'aujourd'hui auront donc pour objectif de mieux comprendre
03:12les risques que font courir les plastiques sur la santé humaine
03:15et les coûts engendrés par les industries liées au plastique pour les finances publiques et les systèmes de santé.
03:22Après vous avoir précisé que l'audition est diffusée en direct sur le site du Sénat
03:28et qu'elle pourra être visionnée à nouveau sur les sites de nos deux assemblées à la fin de notre réunion,
03:34je vais laisser la parole à Philippe Bollot qui va présider ces deux tables rondes.
03:39En remerciant encore une fois pour son engagement constant avec conviction sur un sujet qui lui tient à cœur
03:46et sur lequel il s'est spécialisé comme nous sommes amenés à le faire au sein de l'Office
03:51sur des thématiques qui nous sont propres avec une vision objective et scientifique de l'économie des plastiques.
03:58Mon cher Philippe, c'est à toi.
04:01Merci beaucoup Monsieur le Président, vous avez tout dit pour introduire cette audition publique.
04:06Merci à vous Monsieur le Vice-président au service de l'OPEX et au Bureau d'avoir validé la possibilité
04:13de réaliser aujourd'hui cette audition publique absolument essentielle.
04:16S'il ne s'agit pas de dire que les plastiques sont inutiles, ils le sont utiles.
04:20D'ailleurs même dans le domaine de la santé, c'est là où c'est paradoxal,
04:22c'est-à-dire qu'on les utilise pour soigner les gens mais qui peuvent être aussi à l'origine de problèmes de santé publique.
04:27Donc c'est bien de cela dont il s'agit aujourd'hui et comme vous l'avez signalé Monsieur le Président,
04:32il s'agit aussi d'inscrire cette audition dans le cadre des négociations du traité international
04:37dont la cinquième et dernière séance va avoir lieu à Buzan à la fin de l'année.
04:42C'est une séquence de négociations qui ont commencé en 2022 et je vous le rappelle,
04:46il s'agit bien de regarder la pollution plastique pas uniquement dans les océans mais sur tous les milieux terrestres.
04:52Il s'agit de regarder la pollution plastique sur tout le cycle de vie de cette matière
04:56et puis aussi il s'agit de regarder le sujet pas uniquement sur la gestion des déchets et le recyclage.
05:01Donc j'espère que notre audition va éclairer ces débats, va les nourrir
05:07puisque si on parle souvent de réduction de polymère dans le cadre des négociations,
05:12il y a un autre sujet qui est important, c'est celui de l'impact sur la santé.
05:14Et puis je conclurai avant de laisser la parole à Fabienne Lagarde en rendant hommage à Rouane Bastan,
05:21un chercheur qui nous a quitté malheureusement trop tôt et qui a activement contribué aux travaux de l'OPEXT depuis 2020 sur la pollution plastique.
05:29Voilà, Madame Lagarde, je vais vous passer la parole pour une introduction.
05:33Merci beaucoup, Monsieur Bollot, tout d'abord pour mettre ce sujet autant en avant et à l'honneur.
05:40Merci, Monsieur le Président, pour avoir organisé cette matinée.
05:44Mesdames et Messieurs les parlementaires, mes chers collègues,
05:47j'ai donc la lourde responsabilité de faire une introduction relativement générale où je vais juste vous présenter en gros ce que sont les plastiques et quelques chiffres
05:58pour que vous puissiez bien comprendre pourquoi on en arrive, malgré leur utilité, à travailler sur les impacts des plastiques sur la santé humaine.
06:08Je vais commencer par qu'est-ce qu'un plastique ?
06:17Un plastique, c'est un composé chimique qui est fait à partir de toutes petites molécules qu'on appelle des monomères et qu'on accroche les unes avec les autres.
06:26C'est une chimie qui date du siècle dernier, qui a un peu plus de 100 ans, sur laquelle il y a d'ailleurs eu de nombreux prix Nobel
06:34et qui consiste à attacher très solidement toutes ces petites molécules entre elles pour en faire ce qu'on appelle donc un polymère.
06:42Alors, en fonction du nom du monomère, si on prend par exemple l'éthylène qui ne contient que du carbone et de l'hydrogène
06:49parce que les polymères sont très majoritairement constitués de carbone, on forme ce qu'on appelle le polyéthylène.
06:56Et puis on peut rajouter de temps en temps quelques autres atomes comme de l'oxygène et on fait ce qu'on appelle le PET,
07:01qui est par exemple le plastique dont sont faits les bouteilles d'eau que vous connaissez bien.
07:06On peut ajouter également des atomes de chlore et on fait alors ce qu'on appelle le PVC,
07:10qui est le plastique qu'on retrouve dans toutes les conduites et canalisations qui amènent l'eau.
07:17Alors, en réalité, quand on parle du plastique, on doit parler des plastiques,
07:22parce que comme je viens de vous le dire déjà, ce qui constitue le cœur des plastiques, c'est le polymère
07:28et on a déjà une très grande variété de types de polymères.
07:32Essentiellement, je le répète, constitués de carbone, mais avec des arrangements, des structures qui peuvent varier énormément.
07:39Et ce polymère tout seul, en fait, ne serait pas utilisable.
07:43Donc, pour en faire un plastique, on rajoute des charges et toute une grande variété de substances chimiques.
07:50On considère qu'il y a aujourd'hui plus de 16 000 molécules qui rentrent dans les compositions des plastiques,
07:55qui sont ajoutées parfois intentionnellement, la plupart du temps, mais parfois pas.
07:59Et on reviendra dessus plus tard. Et il y a notamment ce qu'on appelle des additifs, des antioxydants, des antifeux, des colorants.
08:06Et toutes ces molécules ajoutées aux polymères, aux différents polymères, ça donne ce qu'on appelle des plastiques que l'on peut alors utiliser.
08:14Et les formules sont adaptées en fonction des utilisations qu'on peut faire.
08:18Et on a actuellement sur le marché plus de 4 000 plastiques différents, même si c'est assez difficile, en réalité, de savoir exactement le nombre.
08:27Alors, pourquoi autant de plastiques ?
08:30Eh bien, parce que, comme l'a dit M. Bollot en introduction, ce plastique est utilisé partout, massivement.
08:36Et depuis sa découverte et sa mise sur le marché dans les années 50, à peu près, sa production ne fait qu'augmenter de façon vertigineuse.
08:46Elle a notamment plus que doublé dans les 20 dernières années.
08:51On est en 2024. Probablement qu'on vient de passer les 500 millions de tonnes produites dans le monde.
08:57Et on s'attend à ce qu'elle double encore dans les années qui viennent.
09:01Pour vous donner un ordre d'idée, 500 millions de tonnes, si on le mettait tout sous la forme du film alimentaire d'emballage que vous connaissez tous,
09:12on aurait suffisamment pour emballer 50 fois la France, la superficie de la France.
09:19Donc c'est vraiment des quantités considérables qui sont produites.
09:23Et ça va encore continuer. Ça, ce sont des données de l'OCDE que vous voyez et qui montrent que vous avez à gauche la quantité
09:31qui était produite en 2020, qui était autour de 430 millions de tonnes.
09:35Et on prédit qu'on sera plutôt autour de 750 en 2040.
09:40Et on aura donc doublé avant même 2050. Et on le voit peut-être pas très bien.
09:47C'est pas écrit très gros. Mais vous avez tous les secteurs dans lesquels les plastiques sont utilisés.
09:53Et tous ces secteurs sont en augmentation, avec notamment en saumon orange, là, au milieu, le secteur le plus important,
10:01qui est celui de l'emballage et qui, à lui tout seul, utilise plus de 30% des plastiques produits.
10:07Alors qui dit utilisation massive de plastique dit production également massive de déchets.
10:13Et c'est bien une des grosses problématiques de cette question des plastiques, mais pas la seule.
10:19Concernant les déchets, vous avez ici des projections également de l'OCDE.
10:24Vous avez à gauche la situation en 2020. Alors je ne sais pas si vous la voyez bien. C'est le graphique qui est en haut.
10:31La situation en 2020, en vert, en bas, c'est la quantité de plastique qui est recyclée.
10:37Et donc dans le monde, à l'heure actuelle, moins de 10% des déchets plastiques sont recyclés.
10:43Vous avez ensuite la partie rouge qui est incinérée et la partie grise que l'on peut quasiment ajouter à la partie bleue
10:53et qui est donc l'immense majorité de ces déchets plastiques qui sont soit stockés en décharge,
10:58disons directement dans l'environnement, dans des décharges pas toujours bien gérées.
11:03Et la partie bleue, c'est celle qui rentre directement dans l'environnement
11:06et qui contamine à la fois les environnements terrestres et aquatiques.
11:12Sur cette question des déchets, si on zoome un tout petit peu sur la France, parce que je crois que c'est important.
11:18Alors, pourquoi ça n'avance pas ?
11:34Ah non, pas zoomer, je voulais juste avancer.
11:37Je suis bloquée.
11:49Ah voilà.
11:51Si on regarde un petit peu ce qui se passe en France, j'ai repris des données de l'ADEME à gauche
11:58et qui montrent que donc en France, on a généré, là c'est les données de l'année 2018,
12:05alors du coup on y voit peut-être pas très très bien, mais ce qui est important,
12:09c'est de voir qu'on montre toujours la production de plastique, les déchets et le recyclage
12:17comme quelque chose de parfaitement circulaire, avec l'idée que tout ce qu'on produirait comme déchets serait réutilisé.
12:24C'est un petit peu l'idée qu'on a quand on regarde ce graphe de gauche de l'ADEME.
12:28En réalité, en 2018, sur 3,6 millions de tonnes de déchets plastiques produits,
12:34seuls 0,6 millions ont été réellement recyclés.
12:38Et donc, ce n'est pas une circularité du tout.
12:43Et vous voyez que la petite boucle qui en réalité concerne le recyclage, qui est la boucle verte en bas,
12:50est toute petite par rapport aux flux de déchets qui sont produits.
12:55Et en France, on a encore à peu près un tiers des déchets qui vont en décharge, un tiers qui sont incinérés.
13:00Donc ça, c'est la problématique des quantités extrêmes de déchets qui sont produits,
13:05mais ce n'est pas le seul moment où le plastique pose problème.
13:09Loin de là, le plastique en réalité a un impact sur tout l'ensemble, sur toutes les étapes de sa vie,
13:18et notamment dès lors de sa production.
13:22Les molécules dont je vous ai parlé, qui sont à la base du plastique, les monomères, sont issues de la pétrochimie.
13:28Et donc, dès leur extraction, dès leur affinage et dès leur production,
13:32la fabrication des plastiques participe aux émissions de gaz à effet de serre,
13:38ça comptait pour 4% en 2015, et l'OCDE estime que ça sera 15% des gaz à effet de serre
13:48qui viendront de la production des plastiques en 2050.
13:53Par ailleurs, ces plastiques, pourquoi on les utilise autant ?
13:59Parce qu'ils ont des propriétés extraordinaires, ils sont très résistants, ils tiennent très bien, ils résistent à la chaleur,
14:05ils permettent de porter des masses importantes, si je pense au sac, par rapport à leur propre masse,
14:13puisqu'ils sont très légers.
14:15Mais ils ont beau être résistants, ils ne sont pas inertes, ils se dégradent.
14:18Notamment, ils tiennent très mal la tenue aux UV, la lumière du soleil,
14:22et les UV qu'elles contiennent sont relativement agressifs sur les plastiques.
14:27Et donc ces plastiques, que ce soit dans l'environnement, mais aussi dans leur usage quotidien, dans l'usage de tous les jours,
14:34si on pense par exemple aux pelouses synthétiques qui sont laissées en plein soleil pendant des années,
14:39eh bien ils sont modifiés, ils sont photodégradés, ils deviennent cassants et se fragmentent,
14:47les surfaces s'érodent pour former ce que l'on appelle des microplastiques,
14:51qui sont les particules plus petites que 5 mm, ou bien encore plus petites, des nanoplastiques.
14:58Et en plus de ces particules qui sont produites et qui se disséminent partout dans le milieu,
15:03il y a également toutes les molécules, toutes les substances chimiques qui sont ajoutées au plastique,
15:09et dont je parlais au début, qui elles aussi sont petit à petit relarguées dans l'environnement,
15:14que ce soit aquatique, dans les sols, partout, et qui s'accumulent ainsi dans tous les milieux.
15:22Alors des particules de plastique, il y en a de toutes les formes, de toutes les tailles,
15:28et on distingue les microplastiques qui sont dits secondaires, ceux qui sont issus de la dégradation des plus gros déchets,
15:34comme je viens de vous montrer, qui ont plus souvent la taille de fragments,
15:37mais on a également des microplastiques dits primaires, c'est-à-dire qu'ils ont déjà des petites tailles avant d'entrer dans le milieu environnant,
15:44et je pense notamment aux microbilles, qui ont été pendant très longtemps ajoutées dans les cosmétiques,
15:49notamment, qui heureusement sont de plus en plus souvent interdites aujourd'hui,
15:53mais les pneus, l'abrasion des pneus et le lavage des vêtements synthétiques, qui souvent sont issus du recyclage d'ailleurs,
16:00produisent des quantités extrêmement importantes de micro-pneus et de microfibres synthétiques,
16:06c'est de loin la grande majorité d'ailleurs des microplastiques que l'on retrouve aujourd'hui dans l'environnement.
16:12Et le problème, c'est que cette très grande variété, diversité de tailles, de formes, de compositions de ces plastiques,
16:20reste encore très difficile à quantifier, puisque ça demande des outils variés, et un de mes collègues y reviendra,
16:28et on peut parler ici de l'effet iceberg, probablement que tout ce que l'on retrouve, que l'on sait doser aujourd'hui dans l'environnement,
16:34n'est qu'une petite partie de l'étendue de cette pollution.
16:38Pour finir, je dirais que ces particules de toutes les tailles, de toutes les formes, qui sont extrêmement légères,
16:44ont cette facilité à se déplacer extrêmement facilement, et qu'ainsi, par des jeux de courants marins, par des courants atmosphériques,
16:53elles ont réussi à voyager, souvent très loin de leur source d'émission, et contaminent tous les compartiments de l'environnement,
17:02que ce soit les sols, le sommet des montagnes, et on en a même récemment retrouvé dans des nuages au-dessus du Japon.
17:11Voilà pour cette introduction.
17:14Merci beaucoup, Madame Lagarde, pour ces éléments de précision qui nous indiquent très clairement le sujet sur lequel nous parlons aujourd'hui.
17:24Et donc, désormais, je vais passer la parole aux scientifiques qui sont présents pour nous éclairer sur les voies d'exposition,
17:30les effets sur la santé des plastiques particulaires.
17:32Mesdames et Messieurs, je vous invite vraiment à respecter les dix minutes que nous vous avons données,
17:37vous êtes bien préparés, et donc vous allez réussir à le faire.
17:39On va commencer en écoutant Guillaume Duflo.
17:42Vous êtes Directeur de Recherche à l'Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire et de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail, l'ANSES.
17:47Donc, M. Duflo, je vous passe la parole pour dix minutes.
17:50Tout d'abord, merci, M. Bollot, pour l'organisation de cette audition.
17:53Merci, M. le Président.
17:55Mesdames et Messieurs les parlementaires, je vais attendre que la présentation apparaisse.
18:01Merci, Madame Lagarde, d'avoir bien introduit le sujet, les problématiques.
18:06Concernant le sujet que je voudrais aborder ...
18:16Merci.
18:18Voilà quelques éléments, mais très brièvement, pour compléter ce qu'a dit Madame Lagarde précédemment.
18:27Je suis désolé, ça ne défile pas.
18:33Merci.
18:34Donc, si vous regardez ce qui est à l'écran, sur la partie droite, principalement, pour l'instant,
18:40ce qui est important d'avoir comme notion sur ces problématiques et sur les impacts,
18:45c'est que les impacts vont avoir lieu, bien évidemment, dans différents compartiments de l'environnement.
18:51Là, j'ai voulu citer ici, en haut à droite, ce qui a été observé il y a déjà quelques temps.
18:57C'est la fabrication de matériaux, de roches, qui peut se faire maintenant en englobant ces particules de plastique.
19:06Et donc, le chercheur qui a mis ça en évidence a décrit cette nouvelle roche, cette nouvelle agglomérat,
19:15comme le plasticomérat, donc une nouvelle dénomination pour ce type de produit,
19:20qui maintenant est presque rentré de manière assez normale dans la fabrication de ces nouveaux arrangements.
19:27Un autre élément, donc ça, ça montre l'impact environnemental fort,
19:31au-delà de ce qu'on a pu observer dans les mers, les océans, mais qui est connu de tous.
19:36Là aussi, un élément sur lequel je voudrais souligner, donc là, c'est la publication qui est juste en bas de la diapo,
19:44c'est la description d'une maladie qui touche les oiseaux marins et qu'on définit comme la plasticose.
19:53Donc voilà, maintenant, on définit une nouvelle maladie à base dont le plastique est responsable.
19:58Et bien évidemment, ce que j'ai noté à droite, c'est le corps humain.
20:04Nous aussi, on est exposé par l'inhalation, par l'alimentation, par le contact à toutes ces particules de plastique,
20:13comme l'a dit madame Lagarde, ces microplastiques et ces nanoplastiques.
20:16Et l'association de tout ça, c'est l'élément que je voulais aborder,
20:21c'est qu'ils vont avoir une interaction les uns avec les autres dans le cadre du principe One Health,
20:27je pense qu'il est connu de tous, où l'environnement va avoir un impact sur la santé des animaux,
20:34les animaux sur la santé humaine, etc.
20:36Et donc, ce qui est important d'avoir à l'esprit, c'est que là, pour le coup, c'est assez circulaire,
20:42c'est que tous les impacts associés vont finalement se démultiplier.
20:50Et donc, d'où l'intérêt de pouvoir engager des études et des travaux de recherche sur ces différents domaines.
20:57Je voudrais souligner aussi, comme l'a dit madame Lagarde, cette diversité et la difficulté pour les scientifiques
21:04à pouvoir étudier ces microplastiques, ces nanoplastiques, parce qu'ils sont de tailles, de formes, de compositions très différentes.
21:11Et donc, ça amène en termes de méthodologie, de pouvoir mettre en place de nouvelles méthodes,
21:21puisque c'est un nouveau domaine d'études, d'expertise.
21:24Et donc, tous les scientifiques ont dû se mettre en ordre de marche pour pouvoir appréhender ces nouvelles thématiques
21:32de par de nouveaux processus analytiques.
21:35Et donc là, j'ai un exemple de processus analytique qui peut apparaître simple.
21:40Une des matrices qui étaient les premières étudiées, c'est l'eau.
21:43Parce que l'eau, forcément, c'est une matrice qui est relativement...
21:46Je parle de l'alimentaire, parce que je viens de travailler à l'ANSES, l'Agence de sécurité sanitaire des aliments.
21:51Et donc, le premier aliment qui a été étudié, c'est principalement l'eau.
21:57Et on voit que même quand on étudie une matrice relativement simple, c'est pas forcément très évident.
22:02Les scientifiques ont dû mettre en place une batterie d'analyse,
22:06utiliser des équipements qui peuvent être les plus complémentaires.
22:10Et donc, on a, sur ces problématiques microplastiques et nanoplastiques,
22:15la nécessité d'avoir une complémentarité analytique.
22:20Complémentarité analytique qui demande aussi est-ce qu'on harmonise tous et toutes,
22:27nous scientifiques, nos processus analytiques.
22:29C'est une discipline qui est relativement jeune.
22:32Et donc, comme tous nos travaux de recherche doivent être innovants, on innove.
22:38Mais par contre, à un moment donné, dans le processus de recherche,
22:41il faut qu'on essaye de s'harmoniser pour pouvoir intercomparer nos résultats.
22:45Et ça nous a demandé à tous et à toutes de revoir un petit peu nos pratiques dans les laboratoires.
22:50Parce que nous aussi, on utilise beaucoup de plastique dans les laboratoires.
22:53Et donc, on a dû repenser tous nos processus analytiques.
22:56Et donc, harmoniser nos différents modes opératoires et nos pratiques.
23:03Alors là, si je rentre un peu plus dans les questionnements concernant l'exposition.
23:09Trois types d'exposition pour l'homme.
23:11L'alimentation, la respiration, l'inhalation ou le contact avec la peau.
23:15Là, volontairement, le cadre qui concerne le contact avec la peau est quand même un peu plus restreint.
23:22Puisque comme l'a dit Madame Lagarde, on pouvait considérer comme contact, bien évidemment,
23:27les fibres textiles que l'on peut avoir.
23:29Puis tous les produits qui étaient ajoutés dans les produits exfoliants.
23:31Donc les billes, etc. de plastique qui maintenant sont quasiment, qu'on ne retrouve quasiment plus.
23:38Si je donne quelques éléments là, en termes d'exposition.
23:43Et notamment, là, je reprends aussi l'eau de consommation qui était une matrice alimentaire
23:48qui était étudiée il y a déjà quelque temps, mais qui était très bien étudiée.
23:53Eh bien, on peut voir à l'écran qu'on a une diversité d'études qui ont pu être faites
23:59avec des diversités de résultats, à la fois pour les eaux embouteillées
24:05et pour les eaux venant du réseau, l'eau du robinet.
24:09Et qu'on pouvait retrouver, bien évidemment, à la fois des particules de microplastique
24:14mais aussi des particules récemment.
24:16Une étude a mis en évidence la présence de particules de nanoplastique dans les deux.
24:21Même si globalement, les tendances vont plutôt à ce qu'on observe
24:25moins de particules de microplastique dans l'eau venant du réseau.
24:30Alors, ces éléments qui font appel à des travaux de recherche,
24:37vous avez pu le voir, avec des résultats qui peuvent être relativement variables.
24:42Eh bien, maintenant, on va beaucoup plus loin.
24:44C'est que sur cette matrice eau, on engage des travaux de normalisation.
24:47Qui dit normalisation, va dire possibilité de pouvoir comparer nos résultats
24:52mais aussi proposer aux parties prenantes, aussi aux différentes instances qui suivent,
24:59notamment les contaminations des milieux environnementaux,
25:02de pouvoir assurer de la surveillance.
25:04Et là, c'est important, c'est que ces travaux de normalisation interviennent à deux niveaux.
25:10A la fois au niveau français, au niveau de l'AFNOR, l'Agence française de normalisation,
25:14où là, déjà, une norme est sortie en fin d'année dernière
25:17qui permet maintenant de proposer une analyse normalisée
25:21dans la caractérisation des microplastiques dans les eaux.
25:24Et cette démarche française, qui est une initiative française,
25:28se diffuse au niveau international et les réflexions sont actuellement en cours
25:32au niveau de l'ISO, l'Organisme international de normalisation,
25:36qui va permettre de proposer différents volets pour caractériser ces particules de micro- et nanoplastiques,
25:43là, toujours dans l'eau, l'eau de consommation et l'eau d'environnement.
25:50Bien évidemment, l'eau n'est pas le seul aliment qui a pu être étudié,
25:53d'autres aliments ont été étudiés, alors là, je ne vais pas m'attarder,
25:56beaucoup d'aliments, je dirais malheureusement, dès qu'on cherche, on trouve,
26:00des études sur le sel, sur la bière, et puis ensuite sur beaucoup d'autres aliments,
26:05les fruits, les légumes, le thé, les oeufs, la viande, etc.
26:09Avec aussi, quelquefois, des études qui ne sont pas tout le temps en cohérence,
26:15et je pense que sur la matrice alimentaire, il faudra aussi rentrer dans des processus
26:20de normalisation pour pouvoir harmoniser nos pratiques.
26:26Là, je voudrais juste m'arrêter assez rapidement, là aussi, ça concerne l'alimentation,
26:32j'ai évoqué principalement les micro-plastiques,
26:34alors je suis désolé, c'est que le schéma, la figure est peut-être un petit peu petite,
26:40mais là, pour résumer, c'est qu'on trouve, là, une synthèse a été faite,
26:45une revue bibliographique par l'IPGOT en 2023, qui a mis en évidence,
26:49et bien maintenant, on cherchait des micro-plastiques, mais maintenant,
26:52on commence à trouver dans certains aliments, comme le thé, le riz,
26:56et bien là aussi, des particules de nanoplastique,
26:59où là, il va y avoir aussi un nouveau challenge analytique,
27:01de par la petite taille de ces particules, mais aussi parce que les nanoplastiques
27:06sont des particules qui ont un comportement dans les matrices différents
27:11des particules plus grosses que sont les nanoplastiques.
27:17Alors, quelques mots sur l'impact sur la santé.
27:22Et bien, quand on parle, je pense que la question, c'est toujours, est-ce qu'il y a un risque ?
27:26Malheureusement, il est trop tôt pour parler, pour faire de l'évaluation de risque,
27:30puisque comme vous le voyez, on est dans les développements et l'organisation des méthodes
27:34pour caractériser le danger, dire est-ce que le danger est présent,
27:37de par les polymères, comme l'a cité Madame Lagarde,
27:40ou de par les additifs qui peuvent se libérer dans les milieux environnants,
27:44ces particules de plastique, qu'elles soient alimentaires, environnementales, etc.
27:49Et donc, il faut là aussi, pour faire de l'évaluation de risque,
27:53pour évaluer la toxité de toute cette multitude de composés plastiques,
27:59et chaque plastique est différent d'un autre,
28:01et bien pouvoir développer des matériaux de référence,
28:04des méthodes aussi analytiques, dans des matrices complexes,
28:09et comme je l'ai dit, là aussi pour les approches toxicologiques,
28:13d'harmoniser les études et nos approches.
28:19Chez l'homme, malheureusement, a été mis en évidence du microplastique dans les poumons,
28:24dans le foie, dans le système digestif.
28:26On a pu mettre en évidence qu'on ingérait bien des plastiques,
28:30puisqu'on en retrouve dans des celles humaines.
28:34On a pu aussi mettre en évidence des particules de plastique dans le système circulatoire,
28:40des études plus particulières au niveau de la veine saphène, au niveau de thrombus véneux.
28:45Donc certaines études peuvent aussi faire l'objet de commentaires et de réflexions.
28:50Et aussi, a été mis en évidence il y a quelques temps,
28:53la présence de particules de plastique dans les placentas humains.
28:56Cette étude-là a été confirmée par deux autres études en 2022 et en 2024,
29:02notamment à l'aide de placentas qui provenaient notamment de fausses couches.
29:13Aussi, la mise en évidence du microplastique dans le système urinaire.
29:19Donc on voit qu'on retrouve des plastiques un petit peu partout.
29:22Et pour conclure, avant de laisser la parole à mes deux collègues,
29:26je voudrais juste souligner que l'ANSES prend ce sujet de manière importante,
29:34est impliqué dans différents projets de recherche que je ne vais pas citer là.
29:38Juste vous souligner que deux thèses sont actuellement engagées au sein de l'ANSES
29:43et que l'ANSES a mis en place un groupe de travail interne micro et nanoplastique
29:47qui regroupe les différentes entités de l'ANSES,
29:49à la fois les entités de laboratoire qui peuvent faire des études
29:54et aussi les entités d'évaluation des risques sanitaires,
29:59mais aussi une direction sur l'essence sociétale,
30:02puisque cette problématique du microplastique a un gros impact sociétal pour chacun d'entre nous.
30:07Donc je vais laisser la parole à madame Myriam Mercé Bonin
30:10qui va évoquer notamment les travaux concernant l'alimentation
30:13et ensuite concernant la respiration, madame Sonia Boland.
30:18Merci mesdames et messieurs.
30:31Pendant que le diaporama se charge, pour vous présenter,
30:34madame Myriam Mercé Bonin, vous êtes directrice de recherche à l'INRAE,
30:38à l'UMR, l'unité mixte de recherche TOXALIM.
30:41Vous vous intéressez au sujet de recherche en lien avec la toxicologie alimentaire.
30:48Merci monsieur Bollot.
30:50Bonjour à toutes et à tous.
30:52Aujourd'hui, je vais vous présenter ce qui est connu ou moins connu
30:57en termes d'exposition orale et les conséquences sur la santé digestive
31:01liées à l'ingestion du plastique particulaire.
31:05Donc en fait, comme a dit Guillaume Duflo,
31:09quand on s'intéresse en fait à tout ce qui concerne l'impact des plastiques particulaires,
31:14que ce soit les micros ou les nanoplastiques en santé digestive,
31:17force est de constater aujourd'hui que c'est une thématique scientifique en plein essor.
31:21Donc sur la gauche en fait, j'ai repris le schéma qui montre un peu les voies d'exposition
31:28mais également l'occurrence chez l'humain avec un exemple sur les microplastiques.
31:32Comme l'a introduit Guillaume Duflo.
31:34Et par rapport en fait à ces voies d'exposition et cette occurrence dans les différents échantillons humains,
31:40je voudrais souligner, comme ça a été dit précédemment,
31:43que les méthodes pour détecter et quantifier le plastique particulaire dans les échantillons humains
31:48sont encore au stade de développement,
31:50puisqu'en fait ça pose des problématiques de contamination,
31:52d'interférence potentielle avec la matrice biologique,
31:56mais également la difficulté à ce stade de nos connaissances
31:59de détecter les nanoplastiques dans les tissus humains.
32:02Alors une fois qu'on a posé ce constat,
32:05qu'on est exposé via notre alimentation ou la respiration à ces micro- voies nanoplastiques,
32:10se pose bien sûr la question de l'impact sur la santé.
32:14Donc là je vous ai mis en fait un histogramme qui vous montre
32:18comment en fait ont évolué les connaissances scientifiques sur les impacts en santé digestive.
32:23Donc en bleu c'est ce qui concerne les microplastiques
32:26et en rouge ce qui concerne les nanoplastiques.
32:28On voit qu'il y a un décalage dans le temps entre les deux.
32:31Les connaissances sur les nanoplastiques, c'est un domaine qui est plus en émergence par rapport aux microplastiques.
32:37Et j'aime bien en fait, quand j'ai introduit ce travail,
32:41le positionner dans le contexte qui est politique, économique et sociétal autour de la pollution plastique.
32:47Donc j'ai mis en fait ici quelques exemples de ce qui est fait à l'échelle française, européenne,
32:53mais également mondiale, notamment par rapport à ce qui a été dit en introduction sur ce traité mondial sur les plastiques en cours de négociation.
32:59Et j'ai introduit ici le travail qui est mené par la coalition des scientifiques,
33:04dont Marie-France Dignac en fin d'audition présentera plus précisément ce travail.
33:09Mais ce que je voulais souligner ici, c'est que la coalition des scientifiques de manière plus récente
33:13a produit en fait des notes de synthèse sur l'impact des microplastiques sur la santé humaine.
33:19Alors comme là, ça a été dit par Guillaume Duflo,
33:23quand on s'intéresse à cette thématique et cette problématique autour des plastiques particulaires,
33:27l'un des premiers verrous à lever, c'est de connaître les dangers liés à notre exposition orale à ces plastiques particulaires.
33:35Donc par rapport à ça, la Commission européenne s'est emparée dès 2020 de cette problématique
33:41pour financer cinq projets que je vous ai listés ici.
33:45Ces projets traitent de différents fenêtres de vulnérabilité comme la période de l'enfance,
33:52les premières années de vie, mais également tout ce qui est en lien avec les pathologies,
33:56notamment respiratoire, mais également des projets autour du développement de méthodes,
34:02autour des impacts en termes de toxicité et d'immunotoxicité.
34:06Et ces projets sont regroupés autour d'un cluster qui permet de travailler ensemble en synergie
34:11et en fertilisation croisée pour essayer de lever ces verrous, notamment en termes de danger.
34:18Je les ai listés ici. Je rappelle ce besoin d'outils analytiques,
34:23ce besoin aussi de mesurer en exposition interne dans les fluides et les tissus biologiques
34:29à quel type de plastique particulaire on est exposé.
34:33Également, une grosse question sur laquelle on travaille plus particulièrement,
34:36c'est la capacité de ce plastique particulaire à traverser les barrières biologiques,
34:40notamment la barrière intestinale, mais également lors d'un processus de digestion gastrointestinale,
34:46quelles vont être les interactions bidirectionnelles entre ce plastique particulaire et les fluides digestifs,
34:51mais également comment ces plastiques, une fois qu'ils vont ingérer,
34:54ils vont pouvoir être absorbés, distribués dans l'organisme, métabolisés de manière éventuelle,
34:59mais également excrétés.
35:00Les questions aussi se posent en termes d'effets dose dépendants,
35:04en termes d'effets à long terme dans des conditions réelles d'exposition,
35:08et également des études de cohorte chez l'humain pour essayer de voir ce qui peut se passer dans la vraie vie.
35:15Légalement, ça a été dit, les plastiques, il y a des substances chimiques,
35:20mais également il peut y avoir des contaminants qui vont s'absorber,
35:23donc c'est un effet qu'on appelle cheval de Troie,
35:25et là également on a besoin de connaissances à ce niveau-là.
35:29Également aussi le rôle d'une couronne biomoléculaire qui va se constituer
35:34quand les plastiques particulaires vont entrer dans l'organisme,
35:36et cette couronne biomoléculaire peut aussi avoir un impact sur l'absorption et la toxicité.
35:45Quand on parle de risque, comme ça a été dit par Guillaume Duflo,
35:48on parle de danger, mais également on parle d'exposition humaine,
35:51et là encore il y a des inconnus qui se posent à ce niveau-là des connaissances.
35:55En 2023, je vous avais introduit la frise chronologique autour de ce qui s'est passé en 2019
36:01avec la fameuse carte de crédit qui serait ingérée par semaine,
36:05donc ça avait un impact médiatique fort,
36:07qui s'est concrétisé dans les années d'après sur différentes études
36:12soit convergentes soit divergentes par rapport à ces 5 grammes par semaine,
36:16puisqu'en fait en 2022, un scientifique avait dit que c'était plutôt 23 000 ans pour ingérer cette carte de crédit.
36:24Il y avait eu d'autres études qui étaient aussi dans ce sens peut-être d'une exposition plus limitée,
36:30on était aux alentours de 4 microgrammes par semaine et non pas 5 grammes,
36:34donc voilà un million de fois plus petit,
36:37donc c'était vraiment des choses qui étaient en interrogation,
36:41et je vous ai mis en fait sur la droite une étude très récente qui a le mérite,
36:46donc c'est l'exposition par ingestion, c'est la cartographie sur le haut,
36:52donc là cette étude a été faite à l'échelle de 109 pays,
36:56soit industrialisés soit en voie de développement,
36:59donc on voit en fait plus en vert c'est des expositions qui sont relativement limitées,
37:06quoi qu'en fait on est quand même à l'ordre du milligramme par jour,
37:10et en rouge notamment en pays d'Asie du Sud-Est,
37:12là on obtient en fait d'après les simulations une exposition qui serait aux alentours de 500 milligrammes par jour,
37:18du fait essentiellement de la consommation de fruits de mer par ces populations d'Asie du Sud-Est.
37:23Donc tout ça pour vous démontrer qu'en fait à l'heure actuelle des connaissances,
37:26on a encore des incertitudes par rapport à cette exposition humaine,
37:29par rapport aux sources de données et aussi aux méthodes d'estimation.
37:35Là je vous ai mis en fait par rapport à tout ce qui est connu sur l'écosystème digestif,
37:39parce que quand on va être exposé par notre alimentation à ces plastiques particulaires,
37:43va se poser la question de quelles vont être les conséquences sur la barrière intestinale.
37:48Donc la barrière intestinale, je vous ai mis un schéma sur la droite,
37:52c'est l'association de différents acteurs,
37:54donc on a l'épithélium intestinal qui maintient en fait la production de notre organisme,
38:00mais il y a également d'autres acteurs qui sont le mucus, qui est aussi un gel,
38:04qui va tapisser notre intestin et le microbiote.
38:06Il y a également des questions qui se posent par rapport à l'accumulation de ces plastiques particulaires,
38:10mais également est-ce que ça va générer d'une inflammation.
38:13Et donc quand on regarde en fait l'ensemble des études qui ont été menées à l'heure actuelle,
38:17on voit qu'on a des effets qui sont divers et variables,
38:20parce que les conditions d'exposition sont différentes,
38:23les scénarios sont différents d'un point de vue durée d'exposition,
38:26mais également les doses à laquelle on va travailler en fait sur ces modèles,
38:30que ce soit des modèles in vitro ou in vivo chez le rongeur.
38:33Et quand on regarde de manière un peu plus macroscopique ce qui est connu à l'heure actuelle,
38:38dans la littérature, force est de constater que pour l'instant en fait l'essentiel des travaux
38:42sont menés sur des particules commerciales, sphériques et essentiellement en polystyrène,
38:48donc en fait pas vraiment proches de ce qu'on peut rencontrer dans l'environnement tel que l'a introduit Fabienne Lagarde,
38:53et qu'on a souvent des conditions qui sont peu réalistes,
38:56notamment d'un point de vue de la dose qui est souvent forte.
39:03Et je trouvais que c'était intéressant aujourd'hui de vous introduire en fait
39:07tout ce qui est les microplastiques issus de plastiques biodégradables,
39:10parce qu'on travaille beaucoup et on est beaucoup dans la recherche d'alternatives.
39:15Donc est-ce qu'un plastique biodégradable c'est une solution ou pas ?
39:19Donc là je me suis dit je vais faire ce focus sur l'écosystème digestif,
39:23donc je n'ai pas trop le temps de rentrer dans le détail,
39:26mais ce qu'il faut garder à l'esprit c'est que par rapport à cette problématique des plastiques biodégradables
39:30et des microplastiques issus de ces plastiques, ce sont des études qui sont rares et très récentes.
39:35Donc il y a deux exemples en fait, un sur PLA, un sur le polycaprolactone PCL,
39:41donc sur des études à la fois in vitro, dans des modèles qui vont mimer en fait un écosystème digestif humain.
39:48Donc là on voit qu'il peut y avoir des modulations ou pas du microbiote intestinal,
39:53en fonction des conditions d'exposition,
39:55et sur des modèles précliniques en fait chez le rongeur,
39:58il y a une seule étude qui a été menée à l'heure actuelle sur des microplastiques en PLA,
40:02et là on a pu montrer, enfin les auteurs ont pu montrer qu'il y avait une hydrolyse de ces microplastiques en PLA
40:07par les enzymes digestives pour former en fait des plus petites particules,
40:11donc des nanoplastiques ou des oligomères,
40:13et que ces plus petites particules ou ces oligomères pouvaient s'accumuler
40:16et induire eux-mêmes une inflammation aiguë.
40:22Sur un autre volet que je voulais aborder aujourd'hui avec vous,
40:25autour des populations à risque,
40:27parce qu'en fait souvent dans les études de la littérature,
40:31on est dans des conditions d'une population saine,
40:34mais quand on regarde dans la littérature ce qui se travaille à l'heure actuelle,
40:39on est sur deux exemples que je voulais vous montrer aujourd'hui sur des populations à risque,
40:43et il a été analysé ce qu'on allait retrouver dans les selles de patients MICI,
40:51donc les MICI ce sont des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin,
40:55donc les maladies de Crohn ou la rectocolite hémorragique,
40:58et donc ça c'est en rouge par rapport à des volontaires sains en bleu,
41:02et on voit en fait qu'il y a plus de microplastiques dans les selles de ces patients MICI,
41:07et on a regardé aussi, c'est une étude qui a été menée chez les enfants,
41:10où on montre en fait que dans le cas du PET,
41:13il y a plus de microplastiques chez les selles des enfants par rapport aux selles des adultes,
41:20même si au niveau d'un autre type de polymère, du polycarbonate, il n'y a pas de différence.
41:27Donc nous par rapport à ça, je voulais juste présenter les travaux qu'on mène au laboratoire,
41:31en collaboration avec différents partenaires,
41:33pour comprendre en fait quel est l'impact sur la sphère digestive,
41:36et donc pour ça on a travaillé dans un continuum in vitro, in vivo,
41:39donc on s'est intéressés à deux fenêtres sensibles,
41:42qui est pour la première la période de l'enfance,
41:44donc on a travaillé sur des sujets des enfants qui étaient entre 6 mois et 3 ans,
41:50et qu'on a inoculé les selles de ces enfants dans des digesteurs
41:53qui vont mimer l'écosystème digestif humain,
41:55et chez la souris on s'est intéressés à un autre type de stress,
41:59qui est un stress nutritionnel avec un régime occidental qu'on appelle western,
42:03donc globalement c'est du gras et du sucre.
42:05Et on a regardé en fait quel était l'impact sur la barrière intestinale,
42:10et aujourd'hui je vais vous faire un focus plus sur le microbiote intestinal.
42:13Donc je me suis dit que peut-être que c'était important de vous faire un petit rappel,
42:17ou une petite introduction à ce que c'est que le microbiote intestinal humain,
42:20sachant que nous ébargeons tous au sein de notre organisme ce microbiote,
42:25donc le microbiote c'est l'ensemble des micro-organismes qui vont être hébergés dans notre intestin,
42:29donc on parle beaucoup des bactéries mais il n'y a pas que des bactéries,
42:31il y a aussi des champignons, des virus, des archées.
42:34Et en fait ce microbiote va évoluer tout au long de la vie,
42:42et parfois dans certaines conditions il peut y avoir une dysbiose,
42:45une modification de ce microbiote qui va amener à une certaine maladie.
42:51Et donc ce microbiote a beaucoup de fonctions positives dans le tractus digestif,
42:55il va aider à la fermentation de substrats pour produire des produits intéressants pour notre santé,
43:02synthétiser des vitamines, participer à la maturation de l'épithélium et du système immunitaire,
43:07et également faire une barrière contre les pathogènes.
43:10Je vais essayer de passer très rapidement sur les résultats qu'on a obtenus entre l'enfant et l'adulte,
43:18en haut vous avez tout ce qui est production d'acides gras à chaîne courte,
43:22et notamment le butyrate, où là on a vu qu'on avait une diminution du butyrate,
43:26qui est un composé très bénéfique pour notre santé, et sans l'obtenir chez l'enfant.
43:30Et quand on regarde la composition au niveau des microbiotes,
43:32quand on compare l'adulte et l'enfant,
43:34on a vu qu'il y avait des changements qui étaient à la fois présents chez l'adulte et chez l'enfant,
43:39avec l'émergence de certaines bactéries qu'on appelle des pathobiontes.
43:42Et quand on regarde l'autre résultat sur l'effet chez la souris d'un régime de type occidental,
43:50d'un type western, là également je n'ai pas trop le temps de rentrer dans les détails,
43:54mais on peut en discuter lors du débat.
43:56C'est-à-dire que quand on va avoir ce régime western,
43:59on va avoir une modification, une diminution des acides gras à chaîne courte,
44:02donc en fait c'est quelque chose qui peut être négatif pour notre santé,
44:06et que les microplastiques, dans le cas de cette administration,
44:10il peut aussi être diminué, donc le propionate c'est quand même aussi un acide gras à chaîne courte
44:14qui a un effet bénéfique pour notre santé,
44:16et il est diminué après exposition aux microplastiques.
44:20Et quand on regarde au niveau des bactéries,
44:23donc là il y a tout un tas de bactéries qu'on a regardées,
44:25donc je vous ai mis en rouge ou en vert les bactéries qui étaient bénéfiques ou délétères,
44:30et bien quand on a un régime occidental,
44:32on a une perte de bactéries bénéfiques en vert,
44:35et une augmentation des bactéries en rouge qui sont délétères,
44:38et quand on a les microplastiques qui vont être administrés à ces rongeurs,
44:44on a des effets qui vont essentiellement se traduire sous un régime occidental.
44:51Et donc pour conclure, je trouve important aujourd'hui de vous mettre en lumière deux points
44:57qui sont vraiment importants sur cette problématique des microplastiques et nanoplastiques en santé digestive,
45:02c'est-à-dire que nos études permettent, via ce continuum in vitro, in vivo,
45:06de mieux appréhender les dangers liés à cette exposition orale,
45:09et que ces signatures qu'on explore sur des populations saines,
45:13elles sont aussi amenées à évoluer sur des populations à risque,
45:17et donc j'aime aussi conclure sur cette interface qui est nécessaire entre la toxicologie et la chimie,
45:23donc en termes de toxicologie et de physiologie,
45:25essayer d'avoir des modèles in vitro qui vont mieux mimer l'écosystème intestinal humain,
45:30également de regarder tout ce qui concerne les communications entre les organes,
45:34parce que l'intestin est à l'interface avec le foie, avec le cerveau,
45:41il y aura aussi une illustration autour du poumon par Sonia Boland,
45:45et il faut également regarder, je vous l'ai expliqué sur tout ce qui concerne la période de l'enfance,
45:53mais également un régime de type occidental,
45:56mais dans notre vie on est soumis à un exposome,
45:59et donc ça va moduler aussi l'impact potentiel de ces plastiques particulaires,
46:03et également la nécessité d'avoir des études épidémiologiques chez l'humain
46:06pour essayer de faire ce pont entre de la recherche préclinique et de la recherche clinique,
46:11et en chimie, ça a été dit par mes collègues, la nécessité d'avoir des méthodes analytiques fiables,
46:15des petites particules, et également avoir des plastiques représentatifs de l'exposition.
46:20Et juste pour finir, je trouvais que c'était aussi important d'avoir cet éclairage
46:26sur des travaux que j'ai découverts lors d'un congrès Micro 2024,
46:30qui porte sur comment on peut inclure tout ce qui est fait sur des plastiques particulaires,
46:35micro et nanoplastiques, chez le rongeur,
46:39pour essayer d'inclure ces effets dans des analyses de cycles de vie,
46:44pour aider à la prise de décision, pour in fine pouvoir prédire l'impact en durée de vie perdue chez l'humain.
46:51Ce sont des travaux qui sont menés au Canada, au CIREG, avec Polytechnique Montréal.
46:55Merci beaucoup.
46:57Merci beaucoup. Madame Mercier-Bonin, je vais tout de suite passer la parole à Sonia Boland,
47:02vous êtes ingénieure de recherche à l'Université Paris Cité,
47:04et vous nous allez parler de la respiration, après qu'on ait eu des détails sur l'ingestion.
47:10Merci beaucoup. Bonjour messieurs, dames, députés et sénateurs.
47:16J'attends donc l'aider à vous.
47:21Ma présentation.
47:25Je vais vous parler effectivement de l'effet des micro et nanoplastiques inhalés sur la santé.
47:41Il y a eu déjà de nombreuses études qui ont montré que l'air que nous inhalons contient des microplastiques.
47:49Ils sont plus nombreux dans le milieu urbain que le milieu rural.
47:53Une étude dans la région parisienne a estimé qu'il y aura 3 à 10 tonnes de plastiques déposés par an.
47:59Ils sont majoritairement des fibres et dont 30% sont à peu près synthétiques.
48:04Dans l'air intérieur, c'est encore plus nombreux, ces particules.
48:08Ils sont également sous forme de fibres majoritairement et aussi environ 30% synthétiques.
48:14Une étude a même montré que des écoliers seraient plus exposés à des fibres que des travailleurs de bureau.
48:21On estime qu'on inhale jusqu'à 30 millions de plastiques par an chacun.
48:27L'inhalation est au moins autant importante que l'ingestion.
48:39Les origines des microplastiques sont très diverses et dépendent beaucoup de la localisation.
48:44Je vous ai fait une petite liste qui m'en exhaustive.
48:48En plus de ces sources de proximité, on a aussi constaté un transport troposphérique.
48:54Cela veut dire que les particules qui sont par exemple émises lors des émulsions marins peuvent se mettre dans l'air et être transportées.
49:06Cela veut dire que tous les plastiques que nous déversons dans les océans peuvent nous revenir via l'air.
49:13De même pour les décharges qui sont mal gérées ou sauvages.
49:18Tous les plastiques que nous émettons à l'environnement, que ce soit local ou sur d'autres continents, risquent de nous revenir.
49:26Je vais vous faire un petit résumé du fonctionnement de l'appareil respiratoire vis-à-vis des particules pour que vous puissiez prendre en compte les enjeux des microplastiques inhalés.
49:39La taille va déterminer jusqu'à quel niveau les particules peuvent pénétrer l'appareil respiratoire.
49:46Les particules les plus grosses, qui sont supérieures à 10 micromètres, ne peuvent pas dépasser les nasopharynx.
49:55Alors que ce sont seulement les particules les plus fines, inférieures à 2,5 micromètres, qui peuvent atteindre les alvéoles.
50:02On appelle ces particules les particules respirables.
50:06Les fibres, on estime qu'elles sont respirables si leur diamètre est inférieur à 2,5 micromètres.
50:12L'appareil respiratoire est pourvu de mécanismes d'élimination.
50:16Au niveau des voies de conduction de l'air, c'est la clairance mycociliaire qui permet d'éliminer les particules qui vont se déposer sur du mucus,
50:23qui va être transportée grâce au battement coordonné des cellules ciliées vers la bouche pour être expectorées ou avalées.
50:31Au niveau alvéolaire, c'est les macrophages qui vont ingérer ces particules.
50:37Néanmoins, ces particules peuvent rentrer dans l'organisme puisque ces macrophages vont migrer vers les ganglions et la circulation lymphatique.
50:46Et aussi, sinon, ils vont remonter par l'escalateur mycociliaire pour être éventuellement dégouti et atteindre l'hétractus gastrointestinal.
50:56Et pour les nanoparticules, on a vu qu'ils peuvent déjouer en fait ces mécanismes d'éclairance et peuvent traverser l'épithélium et rentrer dans la circulation sanguine pour atteindre les organes secondaires.
51:07Et on a vu aussi que ces nanoparticules puissent en fait remonter les nerfs, par exemple les nerfs olfactifs pour atteindre le cerveau.
51:15D'autre part, le poumon est un organe très irrigué et donc s'il y a les particules qui sont présentes dans le sang,
51:22ils peuvent aussi avoir des impacts sur le fonctionnement du poumon.
51:26Plus spécifiquement maintenant sur les microplastiques, il y a donc déjà plusieurs études qui démontrent la présence de ces particules dans les tissus et dans les sécrétions humaines.
51:40Donc l'ensemble, si on résume un peu ces données, ça montre qu'ils sont présents dans tous les niveaux de l'appareil respiratoire.
51:49En général, on a plus de fibres que de fragments et très rarement des films.
51:53Par contre, on ne s'est pas encore détecté des nanoparticules qui risquent d'être très importantes dans ces organes-là.
51:59Au niveau des fibres, ils ont une longueur moyenne de 40 à 300 micromètres et on a détecté différents types de polymères, mais leur fréquence dépend en fait des études.
52:11On a détecté aussi qu'il y a plus de particules chez les travailleurs qui travaillent à l'intérieur qu'à l'extérieur, ce qui est en accord avec les mesures dans l'air,
52:21et on a plus de particules chez les fumeurs que les non-fumeurs et on constate une augmentation de la plastique dans le poumon avec l'âge,
52:28ce qui montre en fait qu'il n'y a pas une élimination et une dégradation des particules, mais qu'il persiste dans le poumon.
52:35Concernant maintenant les effets sur la toxicité, il y a des études cliniques sur l'exposition de professionnels dans différentes industries du plastique
52:43qui ont montré que certains travailleurs développent des maladies professionnelles.
52:48Les premières études datent des années 70 et c'était dans les industries de flocage.
52:52Certains travailleurs ont développé en fait des altérations de la fonction pulmonaire, un essoufflement, de l'inflammation, de la fibrose
53:01et même pour certaines études ont montré une augmentation de cancer du poumon.
53:05Donc ces mêmes effets ont été aussi observés chez les travailleurs de l'industrie de textile et de PVC
53:12et on a aussi constaté une augmentation de cancer de l'estomac qui peut être dû à la déglutination en fait des particules inhalées.
53:24Alors ces toxicités sont vraiment liées aux particules, mais on ne peut pas exclure en fait une contribution des additifs et des contaminants
53:32et aussi des monomères, surtout pour le polyvinyl et le styrène.
53:36Dans l'industrie du polystyrène, c'est surtout ces monomères qui sont la base des plastiques
53:43qui induisent ces pathologies parce qu'ils sont connus d'être très toxiques et cancérigènes.
53:49D'autre part, en fait, il y a aussi des polymères naturels qui peuvent induire des effets sur le poumon
53:54et donc actuellement on n'a pas encore déterminé quels sont les seuils limites de concentration qui peuvent induire ces pathologies,
54:03mais on sait déjà si on ne va pas réguler en fait les plastiques, la concentration dans l'air va augmenter fortement.
54:12D'autres études ont aussi montré une corrélation entre des pathologies respiratoires et des plastiques présents dans le poumon.
54:19Ici, vous pouvez voir qu'il y a plus de particules et de fibres présents dans les tumeurs en orange ici
54:26que dans les tissus normaux en bleu et il y a aussi un changement dans la composition de ces plastiques.
54:33D'autre part, la présence de microplastiques peut être corrélée avec une altération de la fonction pulmonaire qui diminue
54:40et on constate plus de plastiques lors de rhinites allergiques et d'autre part, on voit aussi des paramètres sanguins qui changent.
54:50Alors, il faudra encore plus d'études sur ces cas qui sont les études isolées pour l'instant,
54:57mais il faut aussi voir si ces changements sont dus à la présence des plastiques
55:01ou ce sont les conditions qui en fait favorisent un dépôt de ces particules.
55:06La toxicité des particules de plastique a été confirmée avec des études expérimentales.
55:12Là aussi, en fait, il faut plus d'études avec des particules qui sont plus représentatives de ce qu'on inhale réellement,
55:19mais on peut dire que différents types de polymères peuvent rentrer dans les cellules et peuvent traverser la barrière épithéliale,
55:26induire en fait des effets pro-inflammatoires et pro-fibrosants
55:30et par contre, les résultats sur la toxicité sont encore assez variables parce que là aussi,
55:36les doses sont très importantes et sont parfois, dans certaines études, très élevées et pas très représentatives.
55:43Ces effets dépendent aussi des caractéristiques physico-chimiques des particules.
55:49Comme je vous ai résumé ici sur ce schéma, je ne vais pas trop rentrer dans les détails,
55:53je veux surtout vous parler de la forme qui est très importante puisqu'en fait,
55:56on sait que certaines fibres à une certaine longueur peuvent induire une phagocytose frustrée,
56:01c'est-à-dire des macrophages n'arrivent pas à complètement ingérer les fibres qui sont trop grands
56:07et ceci peut conduire à une inflammation persistante et pour certains types de fibres comme l'amiante,
56:13ceci peut conduire à des cancers.
56:15Mais bon, pour les fibres de plastique, on ne sait pas du tout si ces mêmes mécanismes vont être induits.
56:22Les plastiques peuvent aussi interagir avec des bactéries et des virus.
56:26Ainsi, on peut voir que la présence de plastique dans le poumon est corrélée avec une croissance de bactéries pathogènes pulmonaires.
56:35Il y a aussi en fait une modification du microbiote, on peut voir un changement dans la composition de la flore pulmonaire
56:44et la présence peut faciliter le transfert de gènes, notamment résistance aux antibiotiques entre les bactéries.
56:54Les particules peuvent aussi interagir avec des protéines virales
56:59et cette interaction pourrait donc faciliter l'infection des cellules
57:03et d'ailleurs dans notre laboratoire à l'université Paris Cité,
57:07nous avons pu montrer qu'il y a aussi une diminution de la défense antivirale
57:11quand on prétraite les cellules avec des particules atmosphériques de la région parisienne
57:16qui peuvent donc contenir des plastiques
57:19et on voit une diminution de la production d'interférents qui est aussi observé avec des particules de polystyrène.
57:25Je veux finir sur l'interaction des polyons avec les plastiques qui est très important,
57:33qui va être plutôt abordé dans la deuxième partie de cette matinée.
57:37Je voudrais juste vous parler des recherches qui sont actuellement en cours dans mon équipe
57:42qui montrent que si on expose les cellules à des particules de plastique qui sont contaminées par le benzopyrène
57:52qui est en fait un HAP, c'est un polyon très toxique et un polyon majeur de l'air,
57:58on peut constater qu'il y a induction de même marqueur que le benzopyrène seul.
58:04Cela veut dire qu'en fait le benzopyrène est biodisponible dans les cellules
58:08mais d'une manière très importante, ce qui est encore plus percutant,
58:14c'est qu'en fait on observe seulement avec les particules qui sont recouvertes avec ce polyon
58:19qu'il y a une induction d'une réponse pro-inflammatoire
58:22alors que le benzopyrène seul et les plastiques seuls n'induisent pas cet effet.
58:27Voilà pour cette audition publique sur les impacts sanitaires du plastique,
58:31une audition qui va permettre d'éclairer les parlementaires
58:35et de préparer un traité international visant à supprimer la pollution plastique.
58:41100% Sénat, c'est terminé pour aujourd'hui.
58:43Quant à moi, je vous souhaite une très belle journée sur les chaînes parlementaires.

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