• il y a 2 mois
Dans cet épisode de la série "42", intitulé "Prenons-nous suffisamment de risques", les intervenants explorent la notion de risque dans nos vies quotidiennes et professionnelles. Ils discutent des différents types de risques que nous prenons, des bénéfices potentiels à oser sortir de notre zone de confort, et des conséquences de l'inaction. À travers des témoignages et des analyses, cet épisode invite les téléspectateurs à réfléchir sur leur rapport au risque et à envisager comment des choix audacieux peuvent mener à des opportunités et à la croissance personnelle.
Transcription
00:00Le sentiment de sécurité est l'un des besoins fondamentaux de l'être humain, mais celui-ci
00:08fait souvent face à un obstacle, le risque.
00:11Existe-t-il des moments dans notre vie où nous ne courons aucun risque ? Une chose est
00:16sûre, le risque de se prendre une balle de golf frappée par Kennedy est de 0%, pour
00:21la simple et bonne raison qu'il est mort.
00:23En revanche, tous les 50 à 100 ans environ, un astéroïde de 20 mètres de diamètre
00:28peut potentiellement frapper la Terre.
00:30Nous percevons le risque comme quelque chose de négatif, la plupart des gens ne veulent
00:34surtout pas en prendre.
00:35Pour éviter le moindre risque, est-ce qu'il ne vaut pas mieux rester en sécurité chez
00:41soi ?
00:42De nombreux risques, que nous ne soupçonnons même pas, nous guettent à la maison.
00:47Si nous ne sommes même pas capables de prévenir les risques chez nous, à quel endroit ?
00:53La vie serait bien fade si l'on ne courait jamais le moindre risque.
00:58Ce n'est que lorsqu'on est mort qu'on ne risque plus rien.
01:02A tant fuir le danger, est-ce qu'on ne passerait pas à côté de nos vies ? Faut-il plutôt
01:07se dire qu'il ne tend rien à rien ?
01:23En 1901, Annie Edson Taylor, une veuve américaine de 63 ans, souhaite accomplir un exploit
01:30au risque d'y laisser sa vie.
01:32Après plusieurs mauvais coups du sort, elle n'a qu'une idée en tête.
01:35Connaître la gloire et assurer ses vieux jours en devenant la première femme à se
01:39jeter dans les chutes du Niagara à bord d'un touneau.
01:42Par miracle, elle s'en sort indemne, devient célèbre, mais pas riche.
01:48Dix ans plus tard, le britannique Bobby Leach accomplit le même exploit et fait quant à
01:53lui fortune.
01:54Son succès sera toutefois de courte durée, car neuf ans plus tard, il fait une chute
01:59mortelle en glissant bêtement sur une pelure d'orange.
02:02Moral de l'histoire ?
02:04Le risque est l'éventualité que quelque chose de grave se produise.
02:09Cela n'arrive pas à tous les coups, mais ce risque est bien réel et la probabilité
02:18qu'il se réalise est plus ou moins grande.
02:20Par exemple, le plus grand risque que j'ai pris aujourd'hui, c'est de verser dans ma
02:28tasse de café du lait périmé de pluie avant-hier.
02:31Le goût du risque est propre à chaque individu, à l'instar de nos empreintes digitales.
02:40Comment percevons-nous le risque et comment le gérons-nous ? Personnellement, je le vois
02:49comme une empreinte digitale.
02:51Il comporte lui aussi des volutes et autres tourbillons, et il est comme ancré dans nos
02:57gènes.
02:59Cela signifie-t-il que certaines personnes sont génétiquement prédisposées à prendre
03:03plus de risques que d'autres ?
03:04Peut-on établir un lien entre notre ADN et notre propension à prendre des risques,
03:11quand nous avons tendance à rouler à toute vitesse, à boire trop d'alcool, à changer
03:15fréquemment de partenaire sexuel ou encore à fumer comme un pompier ?
03:19Oui, mais à un très très faible pourcentage, environ 2%.
03:29Une étude récente a démontré que seuls 2% de nos gènes nous incitent à prendre
03:34des risques, ou au contraire, à les éviter.
03:36Si notre comportement face aux risques n'est pas vraiment génétiquement prédéterminé,
03:41est-ce parce que c'est nous qui décidons de mener ou non une vie risquée ?
03:45Ce qui compte, ce sont les décisions que vous prenez après avoir pris conscience de
03:51votre goût du risque, de votre personnalité et de votre vécu.
03:54Tout cela vous permet d'optimiser vos choix professionnels et financiers, mais aussi vos
04:02fréquentations.
04:03C'est la seule part du risque ancrée dans vos gènes que vous pouvez influencer.
04:08Et si on évitait tout simplement de prendre des risques ?
04:17Si on ne court aucun risque, on ne risque pas d'avancer.
04:25Si on n'avait jamais pris de risque, on n'aurait rien inventé et on n'oserait même pas emmener
04:33nos enfants sur un terrain de jeu.
04:34Les risques font partie de la vie, ce sont des opportunités.
04:39Mais une opportunité est-elle forcément synonyme de risque ?
04:44Comme l'opportunité de se détendre lors d'une promenade par exemple, qui va avec le risque de
04:49se prendre un pot de fleurs sur la tête.
04:52Nous vous avons demandé d'évaluer votre rapport au risque sur une échelle de 1 à 5.
04:561 correspondant à « peu enclin à prendre des risques » et 5 désignant « une grande
05:01propension à prendre des risques ».
05:03Les résultats du sondage montrent que vous avez plutôt tendance à jouer la carte de la
05:07sécurité. Seul un quart d'entre vous semble avoir le goût du risque.
05:11Il est impossible d'éviter le risque.
05:16Car risquer, c'est choisir, c'est décider de ce qu'on veut faire de sa vie.
05:22Donc, quand certains affirment ne pas vouloir courir de risques, ils souhaitent en réalité
05:27éviter d'entreprendre des choses qui pourraient leur nuire.
05:31Mais à force de contourner le risque, on passe aussi à côté de belles opportunités.
05:36Où en serions-nous si Galilée n'avait pas eu le courage de déclarer publiquement et au
05:41péril de sa vie que la Terre n'était pas le centre de l'univers ?
05:47Et si le chirurgien Christiane Barnard avait hésité à effectuer la première
05:51transplantation cardiaque ?
05:54Si personne n'avait jamais couru de risques, notre monde serait tout autre.
05:59Nous vivrions probablement encore dans des grottes et nous chercherions à nous protéger
06:03contre tout. Car qui dit pas de risque, dit aussi pas de progrès.
06:08Se pourrait-il qu'éviter un risque nous soit plutôt préjudiciable ?
06:13Lorsqu'on essaie d'éviter un risque, on se met souvent encore plus en péril.
06:20Prenons le 11 septembre 2001.
06:23Par crainte d'un nouvel attentat terroriste, un grand nombre de personnes a boudé l'avion
06:28au profit de l'automobile durant les 12 mois qui ont suivi l'attaque.
06:32Résultat, le nombre d'accidents de la route a considérablement augmenté.
06:36En 2002, on comptabilise 1600 morts de plus que l'année précédente.
06:43Toutes ces personnes n'auraient pu survivre, étant donné qu'on n'a recensé aucun crash
06:48mortel dans l'aviation civile aux Etats-Unis durant les cinq années qui ont suivi l'attentat.
06:55Une évaluation des risques aurait donc permis de sauver des vies.
06:59C'est d'ailleurs l'essence même du risque, évaluer la probabilité d'un événement.
07:04Alors pourquoi ne pas tout simplement faire le calcul ?
07:09Le décès brutal d'une masse d'individus dans un court laps de temps sème la panique.
07:14C'est ce que j'appelle la peur des risques de choc.
07:18Les risques auxquels nous sommes exposés chaque jour et que nous pensons pouvoir
07:22contrôler sont quant à eux refoulés.
07:25Qui, en démarrant le moteur de sa voiture, pense automatiquement aux 369 accidents mortels
07:31de la route qui surviennent chaque jour dans le monde ?
07:35C'est peut-être dû au fait que, jadis, quand les humains vivaient en petits groupes,
07:41la perte soudaine d'une masse d'individus mettait en péril l'ensemble de la communauté.
07:48Cette peur ancestrale, qui n'a pourtant plus lieu d'être aujourd'hui,
07:52peut à nouveau refaire surface.
07:55C'est vrai qu'il n'y a pas si longtemps, mieux valait être capable d'évaluer un risque très,
08:00très rapidement.
08:01Un bruissement dans les buissons, c'est peut-être un lion.
08:04Vite, taillons la route.
08:05Une analyse un peu trop approfondie des risques pouvait nous être fatale.
08:10Mais que se passerait-il si, au lieu d'un simple lion, nous étions confrontés à toute une
08:15ménagerie de risques ?
08:18A notre époque, il est très complexe d'évaluer un risque, car nous sommes submergés d'informations.
08:24Il faut donc réussir à les filtrer, mais aussi avoir le sens des priorités et aller à
08:30l'essentiel. C'est un vrai challenge.
08:34Pourtant, avec toutes les précautions que nous prenons depuis des siècles pour minimiser les
08:38dangers, notre monde devrait être sécurisé à 100%, non ?
08:45La plupart des gens pensent que le terrorisme représente un risque majeur.
08:50Mais en Allemagne, les attaques de ce type ne font que huit morts par an en moyenne.
08:55En revanche, 200 personnes décèdent accidentellement en s'étouffant avec une pièce métallique du
09:01stylo qu'ils étaient en train de grignoter.
09:06Un risque dont on ne pouvait évidemment pas se douter avant l'invention du stylo à billes.
09:11Est-ce pour cela que nous prêtons autant attention aux risques ?
09:14Parce qu'il existe de plus en plus de choses qui en comportent ?
09:18De nombreux risques peuvent être correctement évalués grâce à des données et des
09:22statistiques. Il est en effet possible de calculer les risques et de les comparer entre eux.
09:30Mais est-il possible de mesurer le risque d'une seule chose ?
09:34De créer une sorte de baromètre à risque ?
09:38Pour cela, les mathématiciens et les statisticiens ont inventé il y a très longtemps une unité de
09:44mesure appelée Micromore.
09:48Elle correspond à une chance sur un million de mourir.
09:52Une chance sur un million, c'est la dose moyenne de risques que l'on prend au cours d'une journée normale.
09:59Tout au long de sa vie, on peut accumuler un très grand nombre de micromores.
10:05Par exemple, un marathon équivaut à 7 micromores, une césarienne à 170 micromores et une ascension
10:15d'un sommet himalayen à 12 000 micromores.
10:18Un micromore raccourcit la vie d'un humain d'environ une demi-heure.
10:21Mais pour cela, encore faut-il que la personne survive à son premier jour sur Terre.
10:27La courbe des probabilités de décès est très intéressante à observer.
10:31Elle commence à 1 500 micromores pour les nourrissons le premier jour de leur vie.
10:36Une fois qu'ils y ont survécu, ils ont passé le plus dur.
10:39Ensuite, la courbe baisse de façon phénoménale.
10:43La courbe remonte alors lentement et à l'âge de 25 ans, on arrive à 1 micromore.
10:48Par la suite, le nombre de micromores doublera tous les 7 ans.
10:52A 32 ans, nous avons 2 micromores et à 39 ans, 4 micromores.
10:57Et si nous atteignons l'âge de 100 ans, nous aurons 1000 micromores.
11:02C'est-à-dire qu'il n'y aura plus que 1 micromore.
11:06S'il existe même une unité de mesure pour évaluer les risques,
11:09nous devrions donc théoriquement être des experts en la matière.
11:15Chaque personne évalue les risques auxquels elle est exposée,
11:18en fonction de ce dont elle est exposée.
11:21C'est-à-dire que les risques sont différents.
11:23Les risques de la vie sont différents.
11:25Les risques de la vie sont différents.
11:27Et le risque de la mort est différent.
11:29Les risques de la mort sont différents.
11:31Les risques de la mort sont différents.
11:34Par exemple, le bacon que vous mangez quotidiennement
11:37peut raccourcir votre vie.
11:39Par exemple, le bacon que vous mangez quotidiennement
11:42peut raccourcir votre vie.
11:44Mais certains se disent, à quoi bon vivre sans bacon ?
11:47Mais certains se disent, à quoi bon vivre sans bacon ?
11:50Certaines des choses que nous apprécions le plus
11:53augmentent les risques de mourir.
11:55augmentent les risques de mourir.
11:57Mais parfois, notre addiction est telle
11:59qu'elle affecte grandement notre capacité à vivre.
12:02qu'elle affecte grandement notre capacité à vivre.
12:05Certaines personnes mènent une vie tellement risquée
12:08au quotidien que leur nombre de micro-morts ne cesse de grimper.
12:11La bonne nouvelle, c'est qu'il est possible d'inverser la tendance.
12:14La bonne nouvelle, c'est qu'il est possible d'inverser la tendance.
12:175 portions de fruits par jour représentent un gain
12:20d'environ 4 micro-vies, soit 2 heures de vie supplémentaire.
12:23Néanmoins, un autre danger nous guette chaque année.
12:26A votre avis, quel est le jour le plus dangereux de l'année
12:29pour chacun d'entre nous ?
12:31Eh bien, c'est celui de notre anniversaire.
12:34Selon une vaste étude, la probabilité de mourir
12:37le jour de son anniversaire est 14% supérieure
12:40à la moyenne des autres jours.
12:42Si nous faisons quelques excès le jour de notre anniversaire
12:45et que nous nous mettons par la même occasion en danger,
12:48cela signifie-t-il que nous sommes incapables d'évaluer
12:51correctement les risques à ce moment précis ?
12:54Pas étonnant que l'État doive intervenir parfois
12:57pour nous protéger de nous-mêmes.
12:59L'économiste Sam Peltzman s'est penché sur l'impact
13:02de la mise en place de mesures de sécurité légale.
13:05Après que la loi américaine de 1968 a rendu obligatoire
13:08l'installation de ceintures de sécurité dans toutes
13:11les nouvelles automobiles, le chercheur a analysé
13:14les statistiques sur les accidents de la route.
13:17Et ses conclusions sont stupéfiantes.
13:20Si le port obligatoire de la ceinture de sécurité a réduit
13:23le risque de décès des occupants d'une automobile,
13:26il a en revanche augmenté les risques pour tous les autres,
13:29car les conducteurs avaient tendance à rouler bien plus vite.
13:33Certains éléments protègent certes des risques,
13:38un casque à vélo, une ceinture de sécurité,
13:42une assurance ou une cagnotte d'urgence,
13:46mais ils poussent aussi à en prendre davantage.
13:51En résumé, tout ce qui nous protège des risques
13:54peut nous inciter à en courir davantage.
13:57Quelles conclusions devons-nous en tirer ?
14:01Comment évaluer un risque engendré par la prévention d'un autre risque ?
14:05Après tout, personne ne connaît le nombre de micromorts
14:08de chacun de ces actes, sans compter que nous sommes
14:11confrontés quotidiennement à des risques que nous créons nous-mêmes.
14:14Un autre facteur nous empêche d'évaluer correctement les risques,
14:17notre perception des choses.
14:20Et celle-ci correspond rarement aux risques réels.
14:23Nous avons tous besoin de nous sentir en sécurité,
14:26et pourtant nous prenons souvent des risques.
14:30Parfois nous nous adonnons à certaines activités dangereuses,
14:35tout en nous disant que les accidents n'arrivent qu'aux autres.
14:41Tout comme Helmut Schmidt, ancien chancelier allemand
14:44et fumeur invétéré qui devint pourtant presque centenaire.
14:49Est-ce le fait de se dire que ça n'arrive qu'aux autres
14:52qui explique pourquoi tant de personnes prennent des risques ?
14:56Qu'est-ce que ça dit sur notre capacité de jugement ?
15:00La plupart des gens ont du mal à calculer correctement les probabilités.
15:05Ils ont tendance à surestimer les risques mineurs
15:08et à sous-estimer les risques majeurs.
15:13C'est ce qui explique aussi le succès du loto.
15:16Bon, d'accord, il s'agit là d'un tout petit risque
15:19étant donné le coût dérisoire d'un ticket de loto.
15:22Mais les chances de gagner à ce jeu sont plus faibles,
15:25voire bien plus faibles, que de mettre au monde des quadruplés.
15:30Tellement faibles qu'on a vraiment peu de chances de gagner.
15:35Alors pourquoi continue-t-on d'y jouer ?
15:40Il est facile de visualiser cinq petits chiffres.
15:43Par exemple, je peux sans aucun problème
15:45dénombrer cinq pièces de monnaie sur cette table.
15:48Mais s'il y en avait six, sept ou huit,
15:51je serais obligé de les compter une par une.
15:54Pour la plupart d'entre nous, il est très difficile
15:57d'assimiler des nombres à quatre ou cinq chiffres.
16:00Et quand on a affaire à des nombres à six ou huit chiffres,
16:03la majorité des personnes est complètement dépassée.
16:08Les chances de gagner au loto sont d'environ 1 sur 14 millions.
16:14Pour vous rendre compte de la faible probabilité de gagner au loto,
16:17imaginez que vous alliez 14 millions de pièces d'un euro,
16:21dont l'une serait marquée sur le revers,
16:24le long de l'autoroute entre Berlin et Erfurt,
16:27soit une distance de 300 kilomètres environ.
16:32Ensuite, c'est à vous de jouer.
16:34Vous partez de Berlin, vous prenez l'autoroute en direction d'Erfurt,
16:38vous vous arrêtez quelque part, mais prudence, car vous êtes sur l'autoroute.
16:42Puis, vous retournez l'une des pièces placées sur le parcours.
16:46Si vous retournez celle qui est marquée,
16:48c'est comme si vous aviez eu les six bons numéros au loto.
16:53On ne peut donner du sens aux chiffres
16:55que lorsqu'on arrive à les replacer dans leur contexte.
17:02Prenons les prévisions météorologiques.
17:04Lorsqu'une application météo annonce 30% de pluie le lendemain,
17:08qu'est-ce que cela signifie ?
17:10À quoi correspondent ces 30% ?
17:12La plupart des habitants de Berlin, où je vis actuellement,
17:16pensent que cela veut dire qu'il pleuvra demain 30% du temps,
17:20soit 7 à 8 heures au cours de la journée.
17:22D'autres pensent qu'il pleuvra dans 30% de la région,
17:26soit probablement pas là où ils vivent.
17:29La plupart des New-Yorkais pensent que les Allemands n'y comprennent rien.
17:33Pour eux, il n'y a que 30% de chance qu'il pleuve
17:36à la période indiquée par l'application.
17:40Donc il y a peu de chance qu'il pleuve le lendemain.
17:45Alors qui peut évaluer au mieux le risque de pluie ?
17:49Qui détient la vérité ?
17:53Ce sont les New-Yorkais qui pensent à raison qu'il y a 30% de chance
17:57qu'il pleuve les jours concernés par cette prévision.
18:00À première vue, le risque qu'un pique-nique tombe à l'eau
18:03peut paraître insignifiant.
18:05Et pourtant, les prévisions météorologiques
18:07peuvent avoir un impact énorme.
18:09Et si elles s'avèrent erronées, cela peut coûter beaucoup d'argent.
18:13C'est justement ce qui s'est passé en Australie.
18:15En 2023, la saison estivale était annoncée
18:18comme particulièrement chaude et sèche.
18:21Mais cet été-là, le pays a subi de fortes précipitations
18:24et des inondations qui ont causé de gros dégâts.
18:27À l'époque, les autorités n'étaient pas du tout préparées
18:30à un tel déluge.
18:32« Nous manquons souvent d'informations pour pouvoir
18:35prendre les bonnes décisions et évaluer les risques correctement.
18:39Mieux vaut toujours remettre en question
18:42les prévisions scientifiques soi-disant solides et objectives,
18:47car elles sont souvent loin d'être aussi fiables qu'on le pense. »
18:51Autre exemple, en 1995, une annonce du Comité britannique
18:55pour la sécurité des médicaments sème un vent de panique dans le pays.
18:59La nouvelle pilule contraceptive augmenterait
19:01le risque de thrombose de 100%.
19:03De nombreuses femmes préfèrent donc y renoncer.
19:06« L'étude a révélé qu'une femme utilisant un contraceptif
19:10de deuxième génération sur 7000 avait été victime d'une thrombose.
19:15Avec la toute nouvelle pilule de troisième génération,
19:20on est passé d'une à deux femmes sur 7000.
19:23Autrement dit, l'augmentation du risque absolu
19:26n'était que de 1 pour 7000,
19:28tandis que l'augmentation du risque relatif était de 100%,
19:32puisqu'on est passé d'un cas à deux. »
19:35Si on avait laissé de côté le risque relatif
19:38et qu'on avait uniquement mentionné le risque absolu,
19:41qui n'était à l'époque que de 0,01%,
19:44beaucoup moins de femmes auraient arrêté la pilule.
19:47« Les augmentations du risque relatif suscitent la peur.
19:52En l'occurrence, cette seule information
19:55a entraîné une hausse de 13 000 avortements en moyenne
19:59en Angleterre et au pays de Ghana. »
20:02Le danger ne résiderait donc pas dans le risque lui-même,
20:06mais plutôt dans notre incapacité à l'évaluer correctement.
20:13Combien de guerres auraient pu être évitées
20:16si les risques avaient été évalués en bonne et due forme ?
20:19« En termes de sécurité nationale,
20:22il est important de prévoir la manière
20:25dont l'adversaire pourrait réagir.
20:29Si l'un des camps s'arme jusqu'aux dents,
20:32l'autre fera de même,
20:35ce qui entraînera une escalade
20:38qui peut s'avérer dangereuse pour les deux parties. »
20:43La guerre froide est sans doute restée froide
20:46en raison de l'évaluation des risques encourus.
20:49Seuls quelques facteurs auraient pu conduire à une guerre chaude.
20:52Lorsque le président américain Kennedy
20:55demande à ses conseillers quelles sont les probabilités de réussite
20:58d'une action militaire contre Cuba,
21:01ils lui répondent qu'il y a « une vraie chance ».
21:04Et c'est comme ça que fut décidé le débarquement de la Baie des Cochons,
21:07qui se solda par un véritable fiasco.
21:10Selon les conseillers du président américain,
21:13les chances de réussite de cette opération étaient en fait de 25 %.
21:17Si Kennedy avait eu ce chiffre,
21:20il aurait probablement revu ses plans.
21:23C'est comme lors de la mauvaise communication
21:26autour de la pilule contraceptive.
21:29Les décisions géopolitiques telles que le réarmement
21:32permettent certes à un pays de renforcer sa force de frappe,
21:35mais elles comportent aussi souvent des effets collatéraux.
21:38« Si l'un de vos alliés est menacé sur le plan géopolitique,
21:41il faut procéder en amont à une analyse coût-bénéfice,
21:44un peu comme si on évaluait les effets secondaires
21:47de la pilule contraceptive.
21:51Cela permet de venir en aide à son allié,
21:54sans pour autant être impliqué soi-même dans le conflit
21:57et d'éviter ainsi la catastrophe. »
22:05De quoi rendre la situation encore plus imprévisible
22:08et l'analyse des risques encore plus complexe.
22:11Ce qui n'est pas le cas avec une table de jeu.
22:14« Le royaume du risque par excellence, c'est bien sûr le casino.
22:18Si l'on en croit l'adage, c'est toujours le casino qui gagne.
22:21Les maisons de jeu seraient-elles donc capables
22:24de maîtriser le risque ? »
22:27« La roulette est un jeu complexe.
22:30On peut miser sur des chiffres, de 1 à 36,
22:33ou sur le rouge ou le noir.
22:36S'il n'y avait que du rouge et du noir,
22:39les chances seraient de 50-50 entre le joueur et la banque.
22:42Mais dans les casinos européens,
22:45il y a aussi une case verte.
22:48Celle-ci réduit alors les chances du joueur
22:51à 48,7% environ,
22:54et augmente celle de la banque à 51,3%. »
22:57De quoi garantir à la banque
23:00un bénéfice sur le long terme d'environ 2,7%.
23:03L'existence d'un casino se base
23:06sur un calcul des risques très simple.
23:09Bon, les casinos ont beau être performants
23:12en matière d'évaluation des risques,
23:15ils ne sont pas pour autant complètement immunisés.
23:18Vous vous souvenez du duo de magiciens illusionnistes
23:21Siegfried et Roy ?
23:24Leurs quelques 5000 spectacles de magie dans des casinos
23:27ont toujours fonctionné à merveille,
23:30jusqu'à ce que Roy Horn soit gravement mordu au cou
23:33par un tigre blanc lors d'une représentation.
23:36Bilan de l'accident, une perte d'environ 100 millions de dollars.
23:39« Il est important de bien faire la distinction
23:42entre les risques que l'on peut calculer
23:45et ceux que l'on ne peut pas prévoir,
23:48ou du moins pas complètement.
23:51Les risques calculables, vous les prenez lorsque vous allez au casino
23:54et que vous jouez à la roulette.
23:57Les risques non calculables sont ceux qui surviennent à l'improviste.
24:00À votre avis, qui vaut-il mieux épouser ?
24:03Je vous laisse faire le calcul. »
24:06« Un humain prend environ 35 000 décisions par jour.
24:09Chacune d'elles constitue un risque
24:12et chaque risque n'est autre qu'un choix.
24:15Mais comment être sûr de prendre la bonne décision
24:1835 000 fois par jour ?
24:21Il y a forcément un moment où l'on se trompe, non ? »
24:24L'instinct ou l'intuition
24:27s'acquiert au bout de plusieurs années d'expérience.
24:30C'est quelque chose que l'on ressent au fond de soi-même.
24:33On sent si on prend ou non la bonne décision
24:36sans que l'on puisse se l'expliquer.
24:39« Devons-nous donc accumuler suffisamment d'expérience
24:42avant de pouvoir évaluer un risque ? »
24:45Il faut bien comprendre une chose.
24:48Une intuition et une décision prises volontairement
24:51ne sont pas deux notions opposées.
24:54Je dirais plutôt que les deux se complètent.
24:57« Lorsqu'on se rend au travail en voiture,
25:00le risque de devoir s'arrêter à un feu rouge est de 50 %.
25:03Il est donc facile à calculer.
25:06Mais savoir si la traversée d'une rue est sûre
25:09est plutôt une question d'intuition.
25:12Il y a aussi des événements auxquels on ne pense jamais
25:15mais qui pourraient se produire.
25:18Par exemple, un astéroïde percutant la Terre.
25:21Certains risques arrivent de nulle part.
25:24Comme la peau d'orange qui a provoqué la mort de Bobby Leach.
25:27En revanche, nous sommes confrontés à des risques plus dangereux
25:30et plus imminents dont nous sommes pleinement conscients.
25:33Comme par exemple ceux listés par le Global Risks Report.
25:36Selon ce rapport, la désinformation,
25:39les phénomènes météorologiques extrêmes et la polarisation de la société
25:42sont les principaux risques des deux prochaines années.
25:47Se pourrait-il que l'on se concentre trop
25:50sur les risques plutôt improbables
25:53et qu'on ne se préoccupe pas assez des plus probables ?
25:56Imaginez que vous êtes en safari
25:59et que vous apercevez un magnifique rhinocéros.
26:02L'animal se retourne et vous voit.
26:05Il renifle, piétine et se prépare à vous attaquer.
26:08Que faites-vous ?
26:15Le rhinocéros gris est une métaphore
26:18qui illustre pourquoi certaines personnes voient arriver un danger imminent
26:21et agissent pour le contrer
26:24tandis que d'autres préfèrent l'ignorer
26:27et finissent par se faire piétiner.
26:30Tout le monde est conscient des risques qui menacent notre planète.
26:33Et pourtant, nous semblons avoir du mal à trouver des solutions appropriées.
26:36Prenons les fake news.
26:39Elles nous font courir le risque de tomber dans le panneau.
26:42Mais que peut-on faire pour les combattre ?
26:49Combien de fake news voulons-nous autoriser
26:52au nom de la liberté d'expression ?
26:55Le problème, c'est que si nous nous y opposons,
26:58des informations légitimes risquent aussi d'être censurées.
27:04C'est justement ça, le problème.
27:07Dès que nous évitons un risque, nous en créons un nouveau.
27:10Mais l'ignorer totalement n'est pas non plus une option.
27:13D'une certaine manière, le risque fait partie de la vie.
27:16Et en fin de compte, n'est-ce pas une bonne chose ?
27:22Un monde sans risque et rempli de certitude
27:25serait un ennui mortel.

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