• il y a 4 jours
Christophe Urios et Sébastien Bichard ont accepté de se rencontrer et d'échanger au micro de France Bleu Pays d'Auvergne. Les entraîneurs de l'ASM et du Clermont Foot ont passé une heure à évoquer leur métier mais aussi leur rapport aux supporters et à l'Auvergne.
-> https://www.francebleu.fr/sports/rugby/pression-vie-privee-ambitions-les-entraineurs-de-l-asm-et-du-clermont-foot-se-rencontrent-pour-la-premiere-fois-3512363

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Sport
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00:00Beaucoup lu et entendu, mais jamais vu.
00:06J'essaye d'aller au maximum voir les matchs, donc c'est aussi un plaisir pour moi.
00:10Donc voilà, enchanté.
00:11En toute humilité, réellement, le rugby, moi, m'inspire, mais ça c'est personnel.
00:16Maintenant, je m'en inspire parce qu'il y a beaucoup de points communs et on a longtemps,
00:20nous, dans le foot, couru derrière certaines valeurs, qu'on court encore aujourd'hui,
00:23mais c'est un tout autre sport avec un tout autre public aujourd'hui.
00:26Et ça, c'est ce que des fois les gens ont du mal à comprendre.
00:28Il y a des choses qui se ressemblent, notamment dans l'éducation des jeunes, dans la formation.
00:31Dans le monde pro, c'est encore un autre combat.
00:33Et aussi dans l'ouverture aux autres.
00:36Mais je ne vois l'interaction d'un joueur qu'avec le collectif.
00:39Je considère qu'ils ont beaucoup d'avantages sur nous, notamment sur le professionnalisme.
00:42Donc, on va faire en sorte de regarder ce qui se passe.
00:46Il y a plein de choses qu'on peut récupérer, notamment sur l'accompagnement des joueurs,
00:51la gestion des matchs, évidemment les semaines d'entraînement, même s'il y a des points
00:55qui sont différents, évidemment.
00:57Mais moi, j'aime lire, par exemple, beaucoup de bibliographies sur les entraîneurs.
01:03Parce que je trouve que finalement, ils font le même métier que moi.
01:06C'est-à-dire qu'on doit créer de la performance, on doit développer un projet,
01:11on doit l'inscrire dans un territoire, on doit créer et partager des émotions.
01:17C'est la même chose.
01:18Je dirais, moi j'arrive au stade un peu avant 7h et puis je pars des fois à 21h, 22h,
01:28des fois à 19h.
01:29Mais tu n'es jamais vraiment déconnecté.
01:30Mais ça me plaît en même temps.
01:33Mais voilà la journée.
01:34Et après, moi je n'ai pas d'heure, pas de semaine, pas de jour, pas de dimanche.
01:37Tu en fais ton plaisir, c'est ta passion, mais tu travailles.
01:40Si je peux employer ce mot-là, parce que j'ai encore un peu de mal des fois à l'employer
01:44sur certaines choses.
01:45Je pense que je serai toujours dans cette recherche d'équilibre.
01:47Parce qu'aujourd'hui, quand on est au contact de l'humain, il y a très peu de régularité
01:51dans notre quotidien.
01:52Je rejoins le coach sur le fait que très structuré, très minutieux dans la préparation,
01:57parce que c'est ce qui va nous permettre, en tout cas moi, de mieux m'adapter à ce
02:00qu'on va vivre.
02:01Mais par contre, l'humain et le téléphone que je vais recevoir ce soir, parce qu'il
02:04y a quelque chose qui va se passer chez quelqu'un, ou pour demain matin, ou tout ça, j'ai pas
02:10cet équilibre-là.
02:11Mais en fait, est-ce que c'est vraiment un équilibre ? Moi, je ne le cherche pas non
02:14plus.
02:15Moi, ce que je cherche, c'est d'être disponible et avoir de l'énergie pour être disponible
02:19et capter tout ce qu'il y a à capter.
02:20Un match, c'est un match.
02:22Une performance, elle existe le jour J.
02:24Pour moi, elle se prépare très peu.
02:25Ça veut dire que la performance, elle se crée à l'instant T.
02:28Mais tout ce qu'on prépare, c'est qu'on prépare à.
02:30C'est-à-dire qu'on prépare à performer, mais la vraie performance, c'est celle qui
02:33va être livrée.
02:34Et c'est là où moi, en tout cas à l'extérieur, je dois être capable de capter.
02:38C'est là où je pense qu'on a un travail à faire, moi aussi, et on est aussi accompagné
02:42parce qu'on est un staff.
02:43On a des gens avec qui on partage, on parle, on essaie de se mettre l'esprit, moi, l'esprit
02:48au clair et frais.
02:49Et puis, j'aime la compétition parce qu'en fait, ce qui est le plus excitant, c'est quand
02:52ça siffle.
02:53Quand ça démarre.
02:54Pour moi, c'est ce que je recherche le plus, c'est indescriptible ce qui se passe pendant
02:59ces moments-là.
03:00Et donc, voilà.
03:01Christian Furios.
03:02On a un métier d'égoïste parce qu'on a un métier pour nous.
03:07On a un métier qui fait que ça impacte tous les gens autour de nous.
03:10C'est ça, peut-être, le vrai sacrifice de notre métier.
03:14Parce que le reste, c'est passionnant.
03:16Je pense qu'il y a pire.
03:17Moi, j'ai connu pire dans mon éducation, dans ma vie.
03:19Il y a pire que le football.
03:21Personnellement, je le vis comme ça.
03:23On est en permanence connecté à ce qu'on a fait, à ce qu'on doit faire, à ce qu'on
03:27va faire, à ce qu'on va faire dans 15 jours, 3 semaines, 1 an.
03:32Mais en même temps, je ne le vis pas comme… Ce n'est pas un travail pour moi.
03:37C'est une vraie passion, ça me plaît.
03:41Je commence tôt, je finis tard, je travaille tous les jours.
03:45Mais franchement, personne n'est obligé de le faire.
03:48On fait le métier comme on a envie de le faire.
03:50Il y a des gars qui arrivent très tard à l'entraînement, qui arrivent au dernier
03:54moment, qui ne préparent pas tout le temps.
03:55Il n'y a pas de vérité vraie.
03:58Il n'y a pas de recette.
03:59L'essentiel, c'est d'être bien et en phase avec ce que l'on est.
04:03Je ne suis pas un mec qui n'a pas beaucoup de talent.
04:07Je suis un travailleur.
04:08J'ai besoin de préparer.
04:09Je suis un maniaque de la préparation.
04:11Donc, je me prépare.
04:12Ce qui était important dans mon équilibre de vie, c'est évidemment d'arriver à
04:17trouver les moments d'échappatoire, notamment avec la famille, même si ce n'est pas simple.
04:21Et les moments d'échappatoire pour d'autres passions.
04:25Moi, j'ai d'autres passions.
04:26Le monde du vin.
04:27J'ai un domaine viticole.
04:28Pour moi, c'est une lâcher prise.
04:30J'ai besoin de ça.
04:32Je ne mange pas d'heures.
04:34Je n'ai pas de jour.
04:35Le jour, je n'ai pas envie de travailler.
04:37Un après-midi ou le soir, je rentre tôt.
04:41Je n'ai même pas de barrière.
04:43De mon état d'esprit, j'ai créé les choses.
04:47Au fur et à mesure du temps.
04:49Je l'ai dit tout à l'heure, je n'étais pas destiné à entraîner.
04:53J'ai été joueur.
04:54J'ai souvent été capitaine dans mes équipes de jeunes.
04:57Dans les équipes pro.
04:58Je ne me voyais pas comme un entraîneur.
05:01Ça ne me passionnait pas.
05:02Le jeu ne me passionne pas.
05:03Aujourd'hui, le jeu ne m'interpelle pas.
05:07Même si je suis un amoureux du rugby.
05:09Évidemment, c'est ma vie le rugby.
05:11Mais ce n'est pas ça qui me fait me lever le matin.
05:14Par contre, il y a des gens qui avaient sûrement vu des choses en moi que moi, je n'avais pas vu.
05:19On m'a mis le pied à l'étrier sur les centres de formation d'abord.
05:22Après, très vite, ça m'a plu.
05:24Ensuite, j'ai très vite entraîné des pros.
05:28Ça fait 25 ans que je suis avec des pros.
05:30Avec pas mal d'expérience, évidemment, maintenant.
05:33Si je devais décrire un état d'esprit, l'idée, c'est de créer cette atmosphère avec les joueurs.
05:41Créer ce projet avec le joueur et le staff.
05:47Définir une vision.
05:49Faire en sorte de savoir où on va ensemble.
05:51C'est ça qui me plaît.
05:52Et après, je suis le garant de ça.
05:56Quand on a décidé des choses en début de saison, il faut s'y tenir.
05:59Que ce soit une raison d'être, un système de valeur, une ambition.
06:02Mon rôle à moi, c'est d'être le garant de la parole des joueurs.
06:05J'ai besoin d'avoir une relation forte avec les leaders.
06:08J'ai besoin que les leaders me challengent.
06:10Ce n'est pas facile.
06:11Parce que je ne suis pas facile.
06:13Mais j'ai besoin de ça.
06:14Sinon, je m'ennuie.
06:23Je pense que la chose importante, c'est d'avoir ces valeurs.
06:26Déjà les connaître, les définir.
06:27Ensuite, pour moi, par rapport au football, ça a été la capacité de mettre en lien
06:32mes valeurs.
06:33Ce que je veux que le groupe s'y représente.
06:34Et ce qu'on voit sur le terrain avec le ballon, avec le jeu.
06:37Parce qu'en fait, il faut être en accord avec ce que vous véhiculez au quotidien.
06:40Pour moi, le football n'a pas beaucoup évolué.
06:42Pourquoi je dis qu'il n'a pas beaucoup évolué ?
06:44Évidemment qu'il y a de l'évolution technique, tactique, toute la technologie.
06:48Mais ce qu'on y engage entre la 0 et la 95e minute, dans les valeurs qu'on doit engager,
06:53dans l'adversité, dans ce qu'on doit y mettre, et les relations qu'on doit avoir
06:56entre nous, ça n'a pas beaucoup changé.
06:58Il y a de la vitesse, il y a d'autres choses.
06:59Mais pour moi, c'est un sport de relation.
07:01Nous, on est les garants.
07:02En tout cas, je parle pour moi.
07:04Nous, on est les garants de ça, de ce cadre-là.
07:06Parce qu'à partir du moment où on signe quelque part, c'est toujours tout beau, tout
07:09rose au départ.
07:10Mais notre réalité aujourd'hui, nous, on est confrontés à énormément de concurrence.
07:16Des échecs, des victoires, pour moi, comme dit le coach, ça fait partie de ma vie.
07:19Quand on me pose la question si on perd, si je suis bien, et si on gagne, si je suis bien.
07:23Mais on est habité par ça, c'est notre vie.
07:25Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on veut réussir.
07:27C'est la capacité à avoir de vrais objectifs et de l'ambition.
07:31Des fois, ce sont des mots qui font peur.
07:33Moi, j'aime les gens ambitieux, mais qui sont en accord entre leur ambition et ce qu'ils y mettent.
07:36Ce qui est important pour moi, et c'est pour ça que la pression, elle ne me fait pas peur.
07:41Je ne la vis pas avec une pression négative.
07:43Ce qui est important pour moi, c'est d'être aligné entre ce que tu es et ce que tu fais.
07:46Tu sais, ça fait 25 ans que j'entraîne, je me suis viré une fois.
07:49J'ai toujours décidé de l'endroit où je voulais aller.
07:52J'ai toujours décidé des endroits ou des moments où je voulais partir.
07:57Parce qu'à un moment donné, tu es aligné.
08:00Des fois, tu prends des risques.
08:01Quand je suis parti de Castres pour aller à Bordeaux, j'ai dit au mois de juillet
08:07que je ne voulais pas reconduire mon contrat, mais je ne savais pas où j'allais atterrir.
08:10Pour moi, je ne pouvais pas rester à Castres.
08:13Tu passes 3, 4, 5 mois où tu ne sais pas trop où tu vas.
08:16Tu as un contrat sous le nez que tu ne signes pas.
08:19Mais je crois que c'est ma nature.
08:24C'est comme ça.
08:24Je n'ai pas peur de ça.
08:26C'est comme dans une préparation de match.
08:27Je ne suis pas stressé dans un match.
08:30Des fois, il y a un peu de tension quand même.
08:32Après les matchs, tu peux te dire qu'on aurait pu faire ça, on aurait dû faire ça.
08:37Mais ça, c'est facile une fois que le match est passé.
08:39Dans la préparation de match, j'ai fait en sorte d'être le plus carré possible avec
08:44mon staff et mes joueurs.
08:45J'ai fait le meilleur boulot possible.
08:48Après, j'arrive au match, je suis extrêmement concentré.
08:52J'ai besoin de cette préparation pour me sentir fort.
09:00Je n'ai pas d'activité autre.
09:02Les activités qui m'intéressent, c'est celles que je vais pouvoir partager avec ma compagne.
09:08Ici, c'est aussi la découverte du territoire.
09:10Me promener, visiter, m'instruire.
09:13J'aime lire aussi, mais j'aime aussi beaucoup lire autour de notre métier.
09:18Les films, j'aime la réalité, tout ce qui est autobiographie, tout ce qui est vrai,
09:22tout ce qui vient du terrain.
09:24Mais sinon, comme le dit le coach, on n'a pas beaucoup de temps.
09:29Et ce peu de temps-là, il y a la famille.
09:32J'ai ma compagne, je n'ai pas d'enfant, mais j'essaie de le passer avec.
09:37De partager, même si ce n'est pas simple, parce que des fois, c'est beaucoup de silence.
09:40Mais il me paraît que le silence est quelque chose d'important.
09:43Je ne sais pas si c'est un équilibre, mais en tous les cas, c'est une façon de fonctionner.
09:46Ou une façon de l'être.
09:48En tous les cas, j'ai des rituels sur lesquels c'est important pour moi.
09:54Ma famille a été embarquée dans le projet, comme moi, en fait.
09:59Moi, j'ai quatre enfants qui jouent tous au rugby, ou ils ont toujours rugby.
10:04On parle de rugby tout le temps.
10:08Je ne crois pas au fait de parler boulot dans notre boulot au CEP, par exemple.
10:13Et puis rentrer chez toi et ne parler plus de rugby.
10:16Je crois qu'on est la même personne.
10:18Que tu sois dans ton boulot ou chez toi, tu es la même personne pour moi.
10:21C'est pareil pour les joueurs.
10:23Il est dans la vie comme il est sur un terrain.
10:25On ne racontera pas d'histoire là-dessus.
10:26Donc, j'aime parler de rugby, comment s'est passée la journée avec les enfants.
10:33On a souvent des grands débats sur les compos d'équipe.
10:35Ça ne me gêne pas, ça ne me fait pas peur.
10:37Des fois, quand ça me gonfle, je dis « bon, stop, on passe à autre chose ».
10:42Mais ma famille est vraiment impliquée dans le projet sportif, en fait.
10:47Évidemment.
10:47Mais après, j'ai des rituels.
10:48Je sais que, par exemple, en février, quand on aime partir une semaine,
10:51on part en famille une semaine.
10:53Et là, on ne parle pas beaucoup de rugby.
10:54L'été, c'est 15 jours.
10:56Après, mis à part ces deux rituels, ma famille n'est pas prioritaire.
11:01C'est dur de dire ça.
11:02Je suis à leur disposition.
11:04Je fais tout ce que je peux pour qu'ils soient dans de bonnes conditions.
11:08Mais ma famille n'est pas prioritaire.
11:10Je crois que dans nos vies, qui sont des vies passionnantes, attention,
11:15on parle de pression, on parle de travailler beaucoup,
11:19on parle parfois de difficultés avec des staffs ou des joueurs.
11:23Mais il y a pire dans la vie, quand même.
11:26Il y a pire dans la vie.
11:28Je trouve que le fait d'être aligné entre ce que tu es, ce que tu fais,
11:34entre ce que tu es, le projet dans lequel tu donnes,
11:37je pense que c'est essentiel.
11:38Et ça, ça gomme plein de trucs.
11:41Après, des fois, on tient nos vergnes, il n'y a pas la mer.
11:45Ce n'est pas très grave.
11:46Et moi, quand je suis comme ça, je peux aller entraîner sur la lune
11:50parce que je suis en accord avec ce que je fais.
11:52Ce qui avait mis Pascal en place et que j'ai continué à avoir,
12:01c'est les entraînements ouverts.
12:03L'importance que les gens viennent voir ce qui se passe sur le terrain,
12:06viennent sentir l'équipe, puissent rencontrer les joueurs.
12:08Et je dis les gens, il n'y a pas d'âge, mais moi, je suis attaché aux enfants.
12:12Quand je vois les gamins venir, essayer de s'identifier aux joueurs de foot,
12:17ce qui n'est pas toujours bien, mais je pense que c'est important pour eux.
12:22Et pour moi, on a dit le coach, c'est la base de notre métier.
12:26On a connu le foot pendant le Covid, jouer devant personne,
12:30ce n'est pas le foot qu'on aime.
12:32On fait ce métier pour ces émotions-là, pour amener des gens avec nous,
12:35pour qu'ils soient fiers de ce qu'on représente.
12:36Aujourd'hui, je dis souvent, avant de rentrer sur le terrain à l'équipe,
12:39vous devez être en capacité sur la première des choses,
12:41c'est de prendre les supporters avec vous.
12:42Et les supporters, je partage énormément avec eux,
12:45je reçois du courrier, on les rencontre.
12:47Nous, on a aussi des fois, on a un groupe d'ultra,
12:50donc on a des gens qui ont besoin de comprendre certaines choses.
12:52Et en fait, pour moi, le mot qui est important, c'est qu'on doit être accessible.
12:55Parce qu'à un moment donné, on est dans un milieu où on partage des émotions.
13:00Nous, on est au bord du terrain, on a notre limite.
13:02Mais là-haut, ils paient leur billet, ils se déplacent.
13:05Moi, je suis de passage ici.
13:06Donc, ça veut dire qu'on est tous de passage,
13:08soit les joueurs, soit les coachs, on est de passage.
13:11Mais ces gens-là, ils vont rester.
13:12Je suis proche des supporters parce que je pense que c'est la notion même de projet.
13:16Tu sais, je vais te dire quelque chose, quand je suis arrivé à Clermont,
13:19tout le monde me parlait de la Yellow Army, de la Yellow Army.
13:23Mais en fait, la Yellow Army, il ne se passe rien avec la Yellow Army, rien.
13:27Et pour moi, il y avait quelque chose qui n'était pas correct.
13:31C'est-à-dire, soit on parle de la Yellow Army et on fait des choses pour la Yellow Army,
13:35et on essaie de bâtir une relation qui est une relation, non pas de proximité,
13:40mais au moins, à un moment donné, qu'ils puissent nous voir, nous comprendre,
13:43voir nos entraînements, tout simplement.
13:45Ou alors, on n'en parle pas.
13:47La seule chose que je sais, c'est que quand tu veux développer un projet de territoire,
13:51tu as besoin d'être au contact des gens.
13:53Et pour moi, les gens, quand ils viennent au stade, au-delà de venir voir l'équipe gagner,
13:56évidemment qu'ils viennent voir l'équipe gagner, évidemment.
13:58Mais je veux que quand ils viennent au stade, ils viennent chercher quelque chose.
14:01Et à travers le match qu'on va faire, à travers les attitudes qu'on va donner,
14:05je veux qu'ils se rendent compte qu'il y a ce vrai partage d'émotions.
14:09Et c'est ça qui me plaît, qui me passionne.
14:11Plus qu'un résultat, d'ailleurs.
14:12On a besoin d'eux et ils ont besoin de nous.
14:14Il faut qu'ils comprennent comment ça se passe.
14:16Il faut qu'ils comprennent nos doutes.
14:17C'est pour ça qu'une fois par mois, on a des rencontres avec eux,
14:20parce que je veux leur partager la situation.
14:24Et ce n'est pas de l'infumage.
14:25C'est juste de dire, voilà où on en est, voilà ce qui se passe.
14:28Continuons à travailler ensemble.
14:30Et c'est ça qui me plaît.
14:36En étant gamin, je suis passé par ici.
14:37Je ne suis pas très, très loin.
14:39Il y a beaucoup de similitudes avec ce que je peux connaître dans l'Inde,
14:42où aujourd'hui, ma mère est dans la Creuse.
14:44Donc, je ne suis pas très, très loin non plus.
14:46Quand j'ai mis les pieds ici pour la première fois,
14:48vraiment pour le football, c'était autour d'un terrain.
14:50Il y avait Pascal sur le terrain et son équipe, l'année où ils sont montés.
14:53J'ai ressenti des choses.
14:54J'ai ressenti des choses par les gens que j'ai vus.
14:56J'ai ressenti des choses par le fonctionnement.
14:58Moi, je pense qu'aujourd'hui, c'est une chance d'avoir un territoire qui est marqué.
15:01Et Dieu sait que c'est ce que j'aime dans le football,
15:03ce qui n'est pas toujours le cas en France.
15:05Parce que je trouve qu'on pourrait faire encore un peu plus par rapport à ça.
15:09Parce que cette identité, en fait, c'est la base de ce qu'on a dans nos émotions
15:14et ce que les gens attendent aussi.
15:15Parce qu'il y a des vraies attentes et ce n'est pas simple quand il y a des attentes.
15:18Mais voilà, c'est ce que moi, j'aime aussi.
15:21Et après, je pense que c'est important qu'il y ait des locomotives dans tout.
15:24Mais le sport est une chose.
15:26Mais il n'y a pas que du sport ici.
15:27Le coach l'a dit, il y a beaucoup de choses.
15:29Et voilà, il y a des valeurs de travail.
15:32Tout ce qui est aussi éducatif, qui est très important.
15:34On n'en parle pas assez.
15:35Et je suis tout à fait d'accord sur une chose.
15:37C'est que quand je suis venu ici,
15:39je sens toujours qu'on parle de Clermont comme quelque chose de petit.
15:42Et en fait, c'est l'image qu'on veut se donner à un moment donné
15:44par rapport à peut-être des plus grandes métropoles.
15:46Par rapport à ce qu'on a été.
15:48Mais je pense qu'à un moment donné, il faut avoir peur de rien là-dessus.
15:53D'être rêveur peut-être.
15:54Mais ce n'est même pas ça.
15:55C'est que je pense qu'à un moment donné, quand on fait du sport,
15:58et notamment dans les hauts niveaux, c'est être ambitieux.
16:00Et être fier de ce qu'on a et de vouloir toujours progresser.
16:02Et parce que le coach, on ne se connaît pas.
16:05Je n'ai pas agressé la patte sur quoi que ce soit.
16:07Mais moi, ce que j'aime, c'est les gens atypiques.
16:08C'est les gens qui portent quelque chose en fait.
16:10Je n'aime pas le tiède.
16:12J'aime le chaud ou le froid, à quelque part.
16:13Je n'aime pas le gris.
16:14J'aime le blanc ou le noir.
16:15Et au moins, tu portes quelque chose.
16:17Et après, on te prend pour ce que tu portes.
16:18Oui, oui.
16:19Après, moi, je suis venu un paquet de fois quand même.
16:23Jouer contre Clermont-Ferrand.
16:26C'est les endroits où tu te sens bien quand tu vas jouer les matchs.
16:31C'est les endroits où tu te sens un peu moins bien.
16:32Et pas uniquement parce que tu y gagnes facilement.
16:36Ce n'est pas le cas.
16:37Mais parce que tu sens que ça marche.
16:41Clermont, ça faisait partie des trois clubs que je voulais entraîner.
16:48Je trouve que c'est un club ou un territoire de passion.
16:51Je trouve que les gens sont fidèles.
16:56Je trouve que c'est un peuple rural, simple.
17:03Et c'est vrai que je me retrouve là-dedans.
17:07Moi, je suis un paysan.
17:09Et j'aime cette simplicité.
17:12J'aime quand les gens pleurent parce qu'on est bon.
17:15J'aime quand les gens échalent parce qu'on est nul.
17:17Même si ça me fait du mal.
17:20Et ça me permet de préparer ma semaine de façon différente.
17:24Mais j'aime cette authenticité.
17:26Et je trouve que le peuple auvergnais...
17:28Quand je suis arrivé ici, on m'a dit qu'ils ne sont pas très faciles au départ.
17:32Après, ça va un peu mieux.
17:33Moi, je n'ai pas du tout senti ça.
17:35Moi, je trouve que le territoire est accueillant.
17:41Je trouve aussi qu'il manque de confiance.
17:45Parce qu'il y a des atouts.
17:47Il y a beaucoup d'atouts ici.
17:48Et je ne sais pas combien de fois on m'a posé la question au début quand je suis arrivé.
17:54« Alors, vous êtes bien ? Ça se passe bien ? Vous êtes bien accueillis ? »
17:57Comme si, tu vois, il y avait un truc incroyable.
18:02Donc, je connaissais avant.
18:05Même si je ne connaissais pas parfaitement, évidemment.
18:09Mais je connaissais le stade du Michelin.
18:12Et je trouve que le stade du Michelin est assez bien représentatif de ce que sont les Auvergnats.
18:19De ce qu'est Clermont et de ce qu'est la région.
18:20Des gens fidèles, amoureux de leur club.
18:22Parce que je ne connais pas...
18:24Je ne suis jamais encore allé me voir au Major Foot, mais à Clermont.
18:28Et en tous les cas, je suis aligné avec ça.
18:33J'avais trois clubs.
18:34Quand je suis parti de Carrefour, il y avait trois clubs que je voulais entraîner.
18:36Donc, il y avait Bordeaux.
18:40Parce que Bordeaux, on n'y arrivait pas.
18:42Bordeaux, on s'en était que c'était un club qui montait et qui n'arrivait pas à se qualifier.
18:46Et j'avais envie d'y aller.
18:49Parce que si j'y vais, on va se qualifier.
18:52Et on a fait sept demi-finales.
18:56Il y avait Clermont.
18:58Parce que Clermont, je trouve que c'était la classe.
19:00Franchement.
19:02Et le dernier, c'était Toulon.
19:04Parce qu'ils sont fous.
19:06Et je ne suis plus fou qu'eux.
19:09Donc, ça a failli se faire deux fois.
19:11Ça n'a pas marché.
19:13Ça n'a jamais matché.
19:15C'était avec l'ancien président, Mouad Boudjelal.
19:18Et on a fait de super entretien, c'était top.
19:21Mais ça n'a jamais...
19:23C'était jamais le bon moment, en fait.
19:24Alors, ça ne se produira plus jamais.
19:26Parce que la vie, c'est aussi ça.
19:28C'est des opportunités.
19:30J'aurais aimé entraîner à Toulon.
19:33Voilà. Aussi.
19:35Donc...
19:37Mais ça ne se fera pas.
19:39Le troisième club, ça ne se fera jamais.

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