Tristan a fait les 20 kilomètres de Paris ! En 1h47 ! Et depuis il porte sa médaille partout et tout le temps.
Retrouvez "La chronique de Tristan Lopin" dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-tristan-lopin
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AmusantTranscription
00:00Voici Tristan Lopat !
00:01J'ai fait les 20 kilomètres de Paris en 1h47, pas dégueu le chrono, mes loulous !
00:10Depuis, je porte ma médaille partout, tout le temps, y'a des gens qui me voient avec
00:18dans la rue et qui me font des clins d'œil pour me signifier que comme eux, je fais partie
00:21du club, de l'élite, même mon épicier en bas de chez moi m'appelle chef depuis que
00:24je la porte.
00:25J'ai l'impression d'être un peu en hétéro, ça m'excite je crois.
00:28J'ai couru pour la fondation de la recherche médicale, ils m'ont proposé et comme je
00:32sais pas dire non, bah j'y suis allé.
00:33Je me suis dit pour une fois que c'est un oui non consenti mais qui peut te faire passer
00:36pour une belle personne, go !
00:38Beaucoup de belles âmes justement pendant la course, des gens qui nous encourageaient
00:41sur les côtés, des fanfars, des associations qui couraient en poussant des personnes à
00:46mobilité réduite pour leur faire profiter de l'expérience, me rappelant ainsi que
00:49c'était quand même le minimum que je puisse faire de juste courir pour la recherche,
00:53même si j'aurais bien aimé moi pousser mon petit chercheur sur les 20 bornes, la
00:56seule PMR que j'ai traînée durant toute cette course c'était mon ego, 20 kilomètres
00:59c'est long.
01:00Et surtout des sacrifices, interdiction de boire, de fumer des clopes ou de prendre du
01:04plaisir les quelques jours avant la course, vous me prévenez si on a encore le droit
01:07de vivre.
01:08La chance que j'ai c'est que je suis en couple depuis assez longtemps donc le concept
01:12de plaisir commence gentiment à se faire oublier, ce qui rend les deux autres interdictions
01:17encore plus éprouvantes quand on sait que ma seule source de jouissance vient donc de
01:21l'alcool et de la nicotine.
01:22J'ai passé trois jours barricadés chez moi pour éviter de faire face à la tentation
01:25de mes potes pour ne pas dire Leïla, ça va on peut juste aller boire un verre, un
01:29verre non.
01:30Moi si je ne termine pas la soirée sur le bar en chantant Despacito ou Confession nocturne
01:34je ne sors pas en fait.
01:35Dimanche matin je me suis donc levé à 6h30, heure à laquelle je ne suis normalement pas
01:39couché et j'ai pris le métro avec ces gens qui vont bosser très tôt le week-end, des
01:43noirs et des arabes majoritairement, et des gens en jogging, legging et basket de running
01:49assez aisés pour se payer le droit d'aller courir 20 bornes pour le plaisir des blancs
01:53donc majoritairement.
01:54Le type en face de moi s'est enfilé deux Smecta pour, je cite, « prévenir les risques
01:58de diarrhées fulgurantes au cours de la course ». À quel moment ma vie a-t-elle basculé
02:03pour que je me retrouve à être entouré de gens qui payent pour potentiellement se
02:06chier dessus ? Je suis arrivé au Trocadéro, musique pleine balle, les gens en sueur qui
02:11tournent en rond en courant avant le départ, je ne savais plus si j'étais aux 20km de
02:14Paris ou en after à Pantin.
02:15Et en vrai, même effet qu'une grosse soirée, grosse montée durant toute la course, mais
02:23alors depuis dimanche, je ne sors plus de chez moi.
02:26Alors là, pas parce que j'ai l'impression que ma vie c'est de la merde comme après
02:28avoir fait trop la teuf, mais parce que depuis la fin de cette course, je n'arrive simplement
02:31plus à me déplacer.
02:32Mon corps ne répond plus de lui, mon propre corps est en train de me ghoster.
02:36Les autres, je commençais à m'y faire, mais me ghoster moi-même, c'est un nouveau concept.
02:40Toute la course, j'ai scruté pour voir si mon keum se chacale.
02:43Je me suis déplacé avec une petite pancarte pour m'envoyer de la force, et rien.
02:46Il y avait un mec trop mignon qui s'est déplacé je ne sais pas comment sur trois endroits
02:50de la course pour soutenir sa copine, avec un panneau qu'il avait fait à la main sur
02:53lequel était écrit « Fanny, je t'aime, ça va aller, t'es la meilleure ». Il était
02:57là jusqu'à l'arrivée, le gars.
02:58Je suis tombé dans ses bras, je l'ai embrassé et je lui ai dit que je voulais qu'on fasse
03:01un enfant.
03:02Ça vous pousse dans vos tranchements ces événements ?
03:05Durant toute la course, je me disais « mais tu cours pour quoi ? ». Alors oui, la recherche,
03:09c'est hyper important, mais il y a quoi au bout de cette course pour toi en dehors
03:12de courir à ta perte ? Je suis rentré chez moi, médaille au cou, et mon mec m'a suggéré
03:16qu'on allait se faire une raclette.
03:17C'est donc ça.
03:18Je courais pour ça en fait.
03:19Mon objectif, c'est du fromage fondu.