Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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00:00Pour sa première réalisation, l'actrice Céline Salette a choisi de raconter la vie de l'artiste Niki de Saint Phalle,
00:05issue d'une famille de la grande bourgeoisie de Neuilly.
00:07D'abord mannequin, notamment pour Vogue, puis mère au foyer,
00:10Niki de Saint Phalle est devenue, en autodidacte, une artiste mondialement reconnue.
00:15Céline Salette a eu la bonne idée de confier le rôle à l'actrice et réalisatrice Charlotte Lebon.
00:20Super fait, oui.
00:21Donc ça n'est pas le biopic de Niki Minaj, ça aurait pu.
00:24J'aurais été assez client, je pense.
00:25Surtout avec Charlotte Lebon.
00:26Avec Charlotte Lebon, ça aurait été une vraie performance d'actrice, ça pour le coup.
00:30Non mais voilà, c'est un film qui se concentre vraiment sur les premières années de la carrière naissante de Niki de Saint Phalle,
00:34les années 50-60, exactement au moment où la création va devenir pour elle vitale
00:40et un moyen de survivre justement au traumatisme de l'enfance,
00:43puisqu'on sait qu'elle a été victime d'inceste de la part de son père.
00:47Et donc effectivement, c'est un film qui déborde d'amour et de désir pour son actrice.
00:52Premier film de Céline Salette, on sent qu'elle regarde Charlotte Lebon avec un amour et une envie de la filmer dévorante.
00:59Et je trouve que c'est un film qui repose sur au moins une très bonne idée formelle,
01:02c'est qu'effectivement, elle n'a pas les droits, Céline Salette n'a pas les droits des oeuvres de Niki de Saint Phalle.
01:06Du coup, qu'est-ce qu'elle fait ? Elle en fait une force en se plaçant du point de vue des oeuvres.
01:09Souvent, c'est filmé du point de vue d'une toile, d'une oeuvre.
01:13Et du coup, on va être aimanté au visage de l'actrice.
01:15Et c'est dans ce visage qu'on va scruter un petit peu comme ça tout un orage, une météo des émotions,
01:22quelque chose qui va vraiment nous donner des informations sur ce qu'il y a sur ces oeuvres qu'on ne peut qu'imaginer.
01:27Donc là, on a Tinguely à l'écran, qui est un artiste lui aussi qui crée des machines,
01:33qui sera un peu plus tard le compagnon de Niki de Saint Phalle.
01:36Et donc là, on est vraiment à une période de bouillonnement artistique pour Niki de Saint Phalle.
01:39Elle rencontre en fait ses pères, ceux qui vont devenir sa famille quelque part, sa vraie famille.
01:44Et donc vous allez voir que très vite, on va aller se concentrer sur cette oeuvre d'art.
01:51Mais voilà, on est du point de vue de l'oeuvre.
01:53On voit quelqu'un sortir du champ.
01:55On entend le son d'un moteur qui se met en marche.
01:57Donc on comprend qu'une machine est en train de se mettre en mouvement, de la fumer.
02:02Voilà, on imagine ce qui se passe.
02:03Et en fait, ce qu'on scrute, c'est ce qu'il y a de plus beau du monde dans un film.
02:06Finalement, c'est le visage des acteurs et des actrices.
02:09Et c'est ça qu'on va voir être traversé par tout un tas d'émotions.
02:12Et ce qui va nous donner vraiment le contenu des tripes qu'ils déversent sur leurs toiles, dans leurs oeuvres.
02:19Tu te fous de moi ou quoi ?
02:20Non, mais ça sera joli.
02:24Alors, vous m'avez assassiné Lee Miller.
02:26Alors, qu'en est-il de celui-là ?
02:28Eh bien, moi, je préfère ce film-là, qui a aussi quelques problèmes, je dirais,
02:33dans la façon dont il faut aussi, à un moment, réduire l'existence à, on va dire, un programme, un trauma.
02:40Enfin, peu de choses.
02:41Par contre, il y a quelque chose que j'ai trouvé très beau dans le film.
02:43C'est qu'on voit une femme chez qui, à un moment donné, il y a une sorte d'épiphanie artistique.
02:48Et ce que j'ai trouvé très beau, c'est que je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Céline Salette,
02:52qui fait ce premier film et qui essaye des tas de choses.
02:54Alors, parfois, ça marche, parfois, ça ne marche pas du tout.
02:57Mais en tout cas, parfois, elle va vers une sorte de naïveté, presque, dans la forme.
03:02Elle utilise vraiment des formes qui n'ont rien à voir,
03:04on va dire le split screen, avec le naturalisme.
03:06Je veux dire, qu'est-ce que ça fout ensemble ?
03:09Mais on a l'impression quand même de quelqu'un qui a une sorte de boîte à outils,
03:11qui a un premier film et qui, comme son héroïne,
03:13cherche à faire du cinéma, cherche à inventer quelque chose.
03:16Pas sûr qu'elle ait encore trouvé la bonne agrégation de toutes ces formes ensemble.
03:21Mais il y a quelque chose, au moins.
03:22Il y a quelque chose de touchant, même.
03:25Oui, en fait, ce qui excède de toute façon tous les problèmes, parce qu'il y en a beaucoup.
03:29Et moi, par exemple, ce que tu viens de décrire, Fred,
03:31me pose vraiment question de cette espèce de mimétisme
03:34entre le réalisateur et l'artiste qu'il décrit.
03:36C'est-à-dire, on va peut-être faire à la manière de Niki,
03:38elle est en train de se chercher, moi aussi, je suis en train de me chercher,
03:41car je fais mon premier film.
03:42Ça, honnêtement, ça m'emmerde un petit peu.
03:44En revanche, en effet, il y a quelque chose qui excède tous les problèmes formels
03:48et tous les automatismes et toute la simplification psychologique
03:51qu'il peut y avoir autour du personnage.
03:52C'est l'amour, je pense, assez sincère de Céline Cellette,
03:55à la fois pour Niki de Saint-Phalle, c'est assez évident,
03:59et ça passe par l'amour pour son actrice.
04:01Et ça, ça excède tous les problèmes de chaque scène.
04:03Qui ressemblent à quoi, Niki de Saint-Phalle ?
04:05En fait, le problème, c'est que son émancipation,
04:08qui est le programme du film,
04:09elle est presque compromise par le rappel permanent
04:12de ce pour quoi elle est en train de s'émanciper.
04:15Et c'est un problème pour plein de...
04:16C'est un problème d'éliopique émancipatoire.
04:18Oui, bien sûr, et de femmes en particulier.
04:20Je rajoute ça comme ça.