Adèle Exarchopoulos et Mallory Wanecque, deux actrices pour un même rôle dans L'Amour Ouf

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Transcript

00:00interview à deux visages.

00:03Adèle et Malorie, de mémoire d'intervieweur, c'est la première fois que je me retrouve à deux actrices jouant le même personnage.

00:10J'adore. Je vais commencer par la question qui me turlupine. Est-ce que c'est plus facile de jouer le personnage tel qu'il était

00:17ou tel qu'il est devenu ? J'adore. Cadeau. Tu peux répondre avec.

00:24En fait, on n'a pas trop fait d'effet miroir.

00:27Non, on n'a pas essayé de se ressembler.

00:31Comme Malorie, elle incarne une Jackie pure et adolescente et que l'on me retrouve un peu plus abîmée.

00:38Exactement. Il y a une réelle évolution dans le personnage, ce qui fait que c'est deux personnes différentes.

00:41Et voilà, on n'a pas essayé de se ressembler. Vous êtes donc toutes les deux

00:45Jackie, à deux âges différents, dans ce film turbulent, romantique, lyrique, électrique.

00:51Plein d'adjectifs qui me viennent à l'esprit. C'est un grand grand film.

00:55Comment ça s'est passé quand vous vous êtes rencontrés la première fois,

00:57sachant que l'une allait être le reflet de l'autre ?

01:00On m'avait beaucoup parlé de Malorie en me disant qu'elle me ressemblait dans le jeu.

01:04Et quand je l'ai vu jouer, quand j'ai vu les pires, j'étais hyper flattée

01:07parce qu'elle m'impressionnait beaucoup.

01:08C'est-à-dire ? Qu'est-ce que vous trouviez de commun dans son jeu ?

01:11Moi, je n'étais pas capable de voir quelque chose de commun.

01:13On me l'a beaucoup dit. Ali Mayar, un réalisateur avec qui elle a travaillé, Gilles me l'a dit.

01:17Des copains qui l'ont croisé me l'ont dit.

01:20Et quand j'ai vu son jeu dans les pires, j'ai été impressionnée.

01:22Donc, j'étais hyper flattée de la ressemblance qu'on nous prête.

01:25Est-ce qu'on vous disait avant que vous vous ressembliez à Adèle ?

01:28Depuis mon premier canne avec les pires, on n'a pas arrêté de me parler d'Adèle

01:30et de me comparer entre guillemets à elle en me disant

01:33dans ta manière, c'est Rosy Depalma, la première qui m'a dit qu'elle me parlait à quatre fois.

01:36Oh my God, Malorie !

01:38Tu me fais penser à Adèle, exactement.

01:40Rosy Depalma.

01:42Et elle m'a dit dans son sourire, dans son jeu, dans sa manière de parler,

01:45dans les mics de visage.

01:46Et c'est vrai que la première fois que je l'ai vue, je me suis dit,

01:48mais c'est ma sœur cachée.

01:49C'est ma sœur cachée, il va falloir que j'appelle ma mère et mon père

01:52pour leur demander ce qu'il s'est passé.

01:53Et qu'est-ce que vous avez l'une de l'autre,

01:54maintenant que vous vous connaissez, que vous avez travaillé ensemble ?

01:56Comme je dis, la manière de rigoler.

01:59Non, mais non !

02:00Ça, c'est un mot !

02:01C'est quoi, sa manière de rigoler ?

02:02Elle vit très mal.

02:03Non, mais avec la bouche ouverte, les dents en avant.

02:05Non, mais d'être spontanée, en général.

02:07Les dents comme ça, tu sais, comme ça.

02:09Une fois, elle m'a dit, pleine tête, elle m'a dit,

02:11mais tu ressembles à ma tante.

02:13J'ai dit, aïe !

02:16Tu sais, pendant toutes ces années, j'ai beaucoup pensé à toi.

02:19À nous, à ce qu'on était.

02:22Parce que t'avais tout gâché.

02:27Dans le film, Jackie aime Clotaire.

02:29Et alors, ce Clotaire, c'est un garçon assez violent,

02:33mais en même temps très tendre, dans le fond.

02:36Et j'ai lu quelque part, d'ailleurs, Adèle,

02:38que vous disiez que vous vous sentiez plus Clotaire que Jackie.

02:41On s'était fait la réflexion, à un moment.

02:44Dans le sens où Clotaire, il a du bon, mais il ne le voit pas forcément.

02:47Il ne sait pas forcément se faire comprendre, se faire entendre.

02:50Il se réfugie dans la violence, etc., ce qui n'est pas du tout mon cas.

02:52Mais cette chose d'être un peu perdu dans ce que tu ressens

02:56et ne pas savoir l'exprimer, je peux beaucoup m'identifier.

02:58Alors que c'est vrai que Jackie est très littéraire, très cérébrale,

03:00très lucide et ultra profonde.

03:03Donc, on s'est dit à un moment donné, tiens, c'est marrant

03:05parce que les garçons ressemblent plus à Jackie.

03:08Et que nous, on ressemblait plus à Clotaire.

03:10Vous savez qu'on vit une époque qui a bien revalorisé les décennies précédentes.

03:14Donc là, ça démarre dans les années 80.

03:16Est-ce que ces années 80, que vous n'avez pas connues, ni l'une ni l'autre,

03:20vous ont inspiré d'une certaine manière, je ne sais pas, télévisuellement,

03:22cinématographiquement, musicalement, en dehors de Jean-Luc Lallet, je veux dire ?

03:28Moi, je trouve que c'est une très belle époque.

03:30En termes de musique ?

03:31En termes de musique, mais en général, moi, j'ai plein de...

03:34Ma mère, je me rappelle, ma mère qui me parle de comment

03:36ils se rejoignaient avec leurs copines, le fait qu'il n'y ait pas de téléphone,

03:38le fait qu'il y a plein de choses qui a changé.

03:41Et je trouve que c'est une très belle époque.

03:43Donc moi, c'est grâce à ma mère et à ma grand-mère.

03:45Et j'avoue, je pense que j'aurais kiffé être dans les années 90-2000.

03:49J'avoue que c'est pour la cabine téléphonique, quoi.

03:52Juste pour ça. Mais nous, on appelait sur les fixes.

03:54Allô, c'est Adèle.

03:55Excusez-moi de vous déranger, est-ce qu'un téléphone est là ?

03:58Je me souviens très, très bien de la cabine téléphonique avec les...

04:00J'adore, avec les petits coins.

04:01Et où on peut se faire rappeler.

04:03Ouais, une importance capitale dans le film.

04:05Bah oui, bien sûr.

04:07Cabine qui sert de déclic, quand même, si j'ai bien compris le film.

04:10Ouais, bah oui.

04:11C'est bon ? Je ne me suis pas gouré ?

04:12C'est ça.

04:12Bon, très bien.

04:14Puisqu'on est dans le cinéma,

04:33je vous propose de choisir entre 5 titres des années 90.

04:35Dites-moi celui qui vous parle le plus, entre

04:37Le Père Noël et Tuedors durs ?

04:39J'adore.

04:40Scarface ?

04:41Shinning ?

04:42Le dernier métro ?

04:43J'ai pas vu le dernier Métro, j'ai vu tout le reste.

04:46Moi je dirais Scarface.

04:48Il y avait Scarface où le Père Noël est une ordure, j'ai tiré Shining.

04:53Tu le regardes en famille, quoi, le Père Noël est une ordure.

04:56Shining, tu l'as vu ?

04:57Non, je l'ai pas vu, mais j'ai la fiche de Shining, alors que je l'ai pas vue.

05:00C'est pas grave, tu la regarderas.

05:01Adèle, vous connaissiez bien Gilles Lelouch, parce que vous avez déjà croisé sa route à deux entreprises.

05:06Est-ce que vous avez fait bénéficier, Mallory, de vos conseils en leloucherie ?

05:11Non, parce que je l'ai découvert en m'étant en scène.

05:13Et vraiment, j'ai été hyper impressionné de l'ambition qu'il a mis dans son film,

05:18de l'investissement, de la joie qu'il arrivait à...

05:21C'est quelqu'un de très fédérateur, Gilles, il aime réunir les gens, il aime l'euphorie du groupe.

05:26Donc c'est un film collectif, j'ai rarement vu autant de postes si heureux

05:30sur un film qui dure si longtemps.

05:32Donc je l'ai vraiment découvert.

05:33C'est un très bon chabot de troupe, c'est un enfant,

05:36c'est-à-dire qu'il est super précis, il sait ce qu'il veut faire.

05:38Donc en fait, t'as juste envie de l'accompagner.

05:41Et tu vois qu'à chaque prise qu'on fait, il est tellement heureux.

05:44Il est tout excité derrière le combo.

05:45Et dès qu'on a une prise, il saute partout et il dit « Oh là, oh là ! »

05:48Donc ça a été un réel plaisir de se faire diriger par Gilles.

05:51Et juste pour finir avec les chefs de troupe, alors c'est pas pour moi, c'est pour une amie.

05:55Il est comment, Alain Chabat, en papa ?

05:57Ouais, c'est la légende ultime, Alain Chabat.

06:00Moi, pour être sincère, je l'aimais tellement, je riais tellement avec lui,

06:06je riais tellement avec lui,

06:07que quand j'arrivais au maquillage et que je l'entendais rire avec quelqu'un d'autre,

06:10ça me faisait mal au ventre.

06:12Et je suis allé le voir, je lui ai dit « Ça me gêne que tu riais avec d'autres. »

06:15Et il m'a dit « Je comprends, ma chérie. Je le ferai plus, t'inquiète. »

06:17Du coup, il a ri avec tout le monde.

06:19C'est la tendresse incarnée, c'est la bonté.

06:21Je connais pas une personne qui aime pas Alain Chabat, en fait.

06:23C'est le seul mec qui est adoré de tout le monde.

06:25Et tu comprends pourquoi à la seconde où tu le rencontres.

06:28Pareil, Malorie ?

06:28Il est doux, il est tendre, il est à l'écoute, il est accessible.

06:35Assez de compliments, ça suffit.

06:37Vous le recommandez comme papa, quoi ?

06:38Ah ouais, c'est un peu le papa parfait.

06:40OK, un papa parfait.

06:42Je vais lui demander.

06:43J'ai plus de papa, moi.

06:45Je suis un papa.

06:47Il serait capable de t'adopter, en plus.

06:49Merci, mesdemoiselles.

06:49Merci à toi.

06:50Merci, merci, merci.

06:51Merci.

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