29-LE CLOITRE SAINT THEGONNEC-Réappro du coeur de bourg
Résidence d’architectes-paysagistes, conception et réalisation participatives en mode « urbanisme tactique », désimperméabilisation, renaturation, réemploi
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ÉducationTranscription
00:00musique
00:27Bonjour Léo !
00:28Bonjour !
00:29Vous êtes installé au Cloître depuis quelques semaines avec le collectif Atelier Bivouac.
00:33Vous êtes plusieurs à être architectes, paysagistes.
00:37Pourquoi vous vous êtes installé au Cloître ?
00:39On s'est installé au Cloître tout d'abord à la demande de la mairie
00:44pour mener une première mission sur un diagnostic sur les espaces publics
00:50notamment un diagnostic plus poussé sur la place de l'église.
00:55Comme à notre habitude, on souhaite s'installer pour plusieurs semaines sur le lieu de la commande.
01:05Parce que vous travaillez partout, vous travaillez à Paris, dans le sud de la France.
01:09C'est une façon de rassembler l'équipe sur des temps forts et actifs
01:17de pouvoir faire le plus de terrain possible, de pouvoir concevoir directement sur le terrain
01:24avec des outils de préfiguration,
01:26mais aussi de nouer des relations de confiance avec ceux qui font vivre et qui vivent ces territoires.
01:34Pour vous installer pleinement, vous avez trouvé un quartier général.
01:38C'est le bar qui a été fermé depuis quelques années
01:41et là vous vous êtes installé ici pour organiser des réunions avec les habitants.
01:45Oui, l'idée c'était d'avoir un peu pignon sur rue
01:48et faire en quelque sorte partie du quotidien des passants, des habitants, le temps de la résidence.
01:55Et donc c'est vrai que symboliquement c'était fort
01:58parce que le bar du village c'est un lieu qui est très important,
02:02qui va peut-être réouvrir d'ailleurs.
02:05Et donc ça permettait de le refaire vivre le temps de quelques semaines
02:08et de lui donner une nouvelle vie,
02:12aussi de se réhabituer à parler ensemble des affaires communes du quatre.
02:20Quand on parle d'aménagement, c'est toujours difficile quand on est néophyte,
02:23quand on est un habitant de la commune, de se rendre compte de ce que ça va donner une fois fini.
02:28Et vous avez beaucoup travaillé avec cette maquette aussi, c'est ça ?
02:31Expliquez-nous un petit peu qu'est-ce qu'on voit sur cette maquette.
02:33En fait là c'était une maquette vraiment de travail,
02:35donc c'était une maquette assez rapide pour échanger, faire des scénarios.
02:41Quand les gens parlaient de changer le sens de la rue,
02:46de rebouger le stationnement, des plantations,
02:50qu'est-ce que ça voulait dire par rapport notamment à des questions de frontage.
02:54Donc voilà on avait des pièces qui étaient mobiles, qu'on pouvait réagencer.
03:00L'idée c'était aussi de sortir du plan,
03:04qui est quand même quelque chose de difficile à appréhender pour les néophytes.
03:10Et donc ce qu'on a fait c'est une maquette qui permettait de tester des scénarios,
03:16et ensuite de sortir du capsel et d'aller tester ces scénarios avec des jalons, des balises,
03:23et de les matérialiser lors d'ateliers, ce qu'on appelle les ateliers grandeur nature.
03:29Léo, on a parlé de la phase de conception, la phase de réalisation est entrée.
03:34Vous êtes rentré dans la phase de réalisation notamment avec la pose de ces gros blocs de pierre.
03:38Le choix de ces blocs de pierre c'est pas anodin, il y a aussi une question de la ressource.
03:44Vous voulez trouver des idées localement mais aussi trouver des matériaux localement.
03:49Finalement l'identité du cloître c'est aussi ces émergences qu'on retrouve dans les jardins,
03:54dans les champs, c'est des émergences granitiques.
03:58Et l'idée ça a été de se dire ça, ça va être la matière même pour faire le projet.
04:03Et depuis que le cloître existe, pour faire des routes il faut déplacer des blocs.
04:09Donc les blocs sont remis sur le bord des routes.
04:12Donc on a fait un inventaire de ces blocs et on les a triés, on les a ramenés sur une plateforme.
04:20Après on les a refait en maquette et on a choisi la bonne disposition, les rapports les uns avec les autres,
04:28pour recréer finalement ce paysage d'émergence au milieu de la place.
04:33Et un paysage par rapport auquel doivent s'organiser les stationnements, les plantations, etc.
04:39Merci beaucoup, on va continuer cette émission justement en allant demander l'avis au principal intéressé,
04:44notamment le maire de la commune, il s'agit de Véronique Perreira.
04:49Musique douce
04:57Véronique Perreira, bonjour.
04:58Bonjour.
04:59Vous êtes le maire du cloître Saint-Agonec.
05:01Alors pourquoi le cloître avait besoin de réaménager cette place de l'église ?
05:06Ça faisait un moment qu'on nous disait que la place était vide, qu'elle ne vivait plus.
05:10C'est vrai que le bar n'existant plus, enfin étant fermé pour le moment, les gens ont tendance à vivre par ici.
05:16Il y a la boulangerie qui se trouve là, l'école et la mairie sont ici,
05:19et le musée du Doubs qui est plus loin, qui attire les visiteurs.
05:22Mais la place de l'église n'attirait plus.
05:25Donc elle était grande et plate, enfin plate, un petit peu penchée, mais il n'y avait pas de vie réelle.
05:32Et donc on avait entendu qu'il y avait ce besoin-là.
05:35Il se trouve qu'une des personnes de Brudède...
05:40Association de développement rural dont vous faites partie.
05:42Voilà, me dit un jour qu'elle connaissait quelques jeunes gens, architectes et paysagistes,
05:48qui peut-être, éventuellement, pourraient répondre à notre envie.
05:51Ils sont venus vous voir ?
05:52Et voilà, on les a invités, on s'est rencontrés.
05:55Ils ont présenté leur travail au conseil municipal et toute l'équipe a été emballée.
05:59Donc on leur a proposé de s'installer en résidence pendant, il me semble que c'était deux semaines la première fois.
06:05Donc ils se sont installés dans une petite maison qu'on a par là
06:07et ils ont commencé à travailler en s'installant dans l'ancien bar.
06:12Ce qui, du coup, a suscité la curiosité des habitants qui, voyant le bar ouvert,
06:16se sont peut-être dit que c'était ré-ouvert.
06:18Ils sont rentrés et du coup ça a installé une sorte de complicité, de confiance.
06:23Ils se sont intéressés aux travaux des jeunes gens et de là, ils ont participé.
06:27Comment vous avez mesuré, justement, cette interaction avec la population
06:31puisque vous avez suivi les réunions de construction ?
06:34Je pense qu'on a vu les gens venir de plus en plus nombreux.
06:37Alors jeunes, anciens, de tout âge.
06:40Les jeunes venaient après l'école, le mercredi.
06:44Les anciens se regroupent le jeudi soir, ils venaient voir.
06:48Et tout le monde s'intéressait.
06:50Et puis quand les jeunes paysagistes me disaient « on a rencontré un tel, on a rencontré une telle »,
06:54on se rend bien compte que ça passe bien.
06:57Et quand ils sont partis, on a vu une espèce de manque, de tristesse.
07:02On nous a demandé souvent quand est-ce qu'ils reviendraient, pour finaliser.
07:06Et ils sont revenus.
07:08Et ils vont finaliser.
07:09Quel bénéfice on voit justement ?
07:11Parce que quand on est élu dans une commune comme le Cloître,
07:14650, 700 habitants, des moyens limités au niveau budget,
07:19de trouver des solutions comme ça, avec des ressources locales, les rochers de la commune ?
07:24L'intérêt, c'est ça.
07:26C'est que ce sont des ressources biosourcées, si on veut.
07:29C'est un peu le terme.
07:31Des choses qui viennent d'ici.
07:33On n'a rien acheté.
07:34Le bois, c'est la cirie locale également.
07:37Déjà c'est valorisant.
07:39Parce qu'on se dit qu'on a une richesse qu'on ne perçoit pas tout le temps.
07:43On sait bien qu'on a des rochers qui affleurent partout, mais on ne les voit plus.
07:46Eux les ont repérés tout de suite.
07:47Je leur dis « vous avez des superbes rochers partout, il faut mettre ça en valeur ».
07:51Ça c'est une chose.
07:52Au niveau de la population, de la voir s'investir.
07:54De la voir se dire « c'est notre place, c'est intéressant, on a le droit de participer et de donner notre avis ».
08:00Puisqu'ils ont dû vous expliquer qu'il y a eu plusieurs synoptiques de présenter.
08:05Et ce sont les habitants qui ont choisi.
08:07Au niveau des services techniques, je pense, je ferais leur demander, mais je suis quasiment certaine,
08:13que ça les valorise, puisque ça change du travail qu'ils ont à accomplir tous les jours.
08:17C'est un vrai travail aussi, mais là c'est une autre façon d'aborder leur travail.
08:21Je pense que pour eux c'est intéressant et valorisant.
08:23On le disait, vous êtes élue aussi dans l'association Brudette.
08:26Brudette qui est une association qui réfléchit beaucoup sur le développement en milieu rural.
08:31Ce type d'initiative, vous le conseilleriez à vos amis élus d'autres communes ?
08:36Absolument.
08:37Il y a eu une réunion de Brudette, justement, pendant la première résidence.
08:42Et les maires qui étaient présents ont tous été, je ne crois pas me tromper d'ailleurs,
08:46en disant qu'ils ont tous été emballés par le travail qui était présenté.
08:50Et je crois même qu'il y a eu une ou deux touches qui ont eu lieu après.
08:54Donc il y aura des rochers qui seront installés dans d'autres communes.
08:58Sûrement pas des rochers, je ne pense pas.
09:00Mais d'autres choses qui correspondront à chaque commune.
09:02Et c'est ça qui est bien, c'est qu'on n'aura pas une place qui ressemble à la place d'un autre bourg.
09:06A suivre donc. Merci beaucoup de nous avoir reçus ici au coin de Saint-Égonec.
09:10On va continuer cette émission en allant voir Nicolas Duverger
09:13pour parler justement encore d'aménagement paysager dans les communes.
09:20Nicolas, bonjour.
09:21Bonjour.
09:22Alors le CIEU, le Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement du Finistère
09:26a accompagné aussi cette initiative ici au coin de Saint-Égonec.
09:30Pourquoi vous avez voulu promouvoir comme ça l'activité de bivouac aussi ?
09:35Parce que c'est un mode de faire qui est nouveau, qui est extrêmement contemporain
09:39et qui colle bien, je trouve, à des problématiques du moment.
09:43Pénurie financière, la question de la ressource aussi.
09:46Comment on travaille avec une ressource locale.
09:49On parle beaucoup du circuit court,
09:50mais quand on parle de circuit court, on parle de matériaux
09:52plutôt produits en France, voire en Europe.
09:54Là, on travaille avec des ressources vraiment locales.
09:57Des matériaux de la commune.
09:58Voilà, de la pierre, issus de chaos rocheux voisins.
10:02Et puis c'est aussi un mode de faire, du point de vue de la procédure,
10:06complètement innovant parce qu'on déroge complètement à la loi MOP.
10:10On met maîtrise d'ouvrage public qui veut qu'on définisse d'abord un programme,
10:14qu'ensuite on choisisse un architecte.
10:15Moins de bureaucratie et plus de participation directe de la population.
10:18On peut le dire à ça de façon très simple, effectivement.
10:21Et là, on a des paysagistes qui sont à la fois faiseurs, en fait,
10:26d'espace aux côtés de la population.
10:28Alors, c'est ici, au clois de Saint-Aigonec, 650 habitants.
10:32Est-ce qu'on peut transposer ce type d'opération ailleurs ?
10:35A priori, oui.
10:36Il n'y a pas de raison, à condition que ça soit appuyé sur une rencontre
10:41entre les décideurs, le public, les élus et les faiseurs,
10:45c'est-à-dire les paysagistes ou les architectes.
10:47Et bien sûr, dans un interface ou en tout cas dans un dialogue constant
10:51avec la population.
10:52Je crois que c'est aussi une question d'échelle.
10:54Ce qui fonctionne là, c'est qu'on est sur un lieu de centralité,
10:56sur une échelle relativement réduite.
10:58Les maisons, on l'a vu, sont très compactes,
11:00organisées de façon compacte autour de l'espace public.
11:02Donc, il y a un enjeu là, finalement, de tir croisé des regards
11:06et qui fait que la population s'investit probablement davantage
11:09qu'à une échelle plus urbaine, plus large, voire métropolitaine.
11:12Une autre dimension du projet, c'est l'exploitation des ressources locales aussi.
11:19Le bois, la pierre, ça, est-ce qu'on peut le faire partout ?
11:24A priori, les ressources sont abondantes partout.
11:26Soit on réemploie de matériaux, parce qu'on oublie qu'on pourrait réutiliser
11:29le pavé qui se trouve sous le bitume, probablement qu'un peu partout,
11:32dans les trottoirs, on a de la pierre, du pavé, etc.,
11:35qu'on pourrait réutiliser.
11:36Ça nécessite un savoir-faire particulier, un dessin aussi peut-être plus soigné,
11:39ce qu'on appelle le calpinage, l'art d'assembler les matériaux.
11:43Et puis, de façon naturelle, on trouve aussi dans les champs, en périphérie,
11:47là, en milieu plutôt rural, des ressources très abondantes.
11:50On le voit avec ces blocs de roche.
11:52Et la végétation, on pourrait aussi faire contribuer la population aux plantations,
11:57et notamment en invitant chacun des habitants à venir doter d'une petite plante
12:02en dédoublage, en recépage de plantes vivaces, par exemple.
12:05Vous qui êtes au contact d'élus, de terrain, c'est une démarche
12:09qui peut être aussi acceptée de la part des décideurs dans les collectivités locales ?
12:14Je crois, je crois, oui, je l'espère surtout.
12:16Je pense que ça... J'espère que ça va pouvoir essaimer à des échelles très variées
12:21sur ces enjeux de centralité en milieu rural, plutôt, oui.
12:25Merci beaucoup, Nicolas.
12:26Merci.