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00:00Salut à tous, bienvenue sur Be In Sport pour un salon VIP monégasque.
00:15Salut Clara.
00:16Salut Claire.
00:17Salut tout le monde.
00:18Nous nous sommes déplacés ici pour aller à la rencontre d'un coach plutôt rare dans
00:22les médias.
00:23Il a vécu une épopée mémorable avec l'AS Monaco en 2017, épopée qui s'est soldée
00:28par un titre de champion de France.
00:30Leonardo Jardim est notre invité, venez.
00:32Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation pour cette interview.
00:45Leonardo, vous êtes plutôt rare dans les médias.
00:47Oui, je suis un peu discret.
00:49On a de la chance.
00:51Ben oui.
00:52Mon boulot c'est très médias et moi mon vie privée j'aime rester un peu discret.
00:59Mais ça va bien se passer aujourd'hui.
01:00Oui, pas de soucis.
01:01Pour commencer, Clara a déterminé les dates marquantes de votre carrière.
01:06Leonardo, en 1989, vous avez 15 ans et vous avez un déclic, être entraîneur de football
01:15profession que vous débuterez en 2001.
01:18En 2009, après 8 ans d'expérience comme coach adjoint puis coach principal, vous remportez
01:23un premier titre, champion du Portugal de 3e division.
01:26En 2014, vous remportez le championnat du Portugal, cette fois avec le Sporting Club
01:31du Portugal.
01:32En 2017, vous battez le record de matchs gagnés avec l'AS Monaco, 16 victoires consécutives.
01:39Vous êtes demi-finaliste de la Coupe UEFA et champion de France.
01:43En 2023, vous êtes champion des Émirats Arabes Unis avec Chabab à la Allie.
01:47On est d'accord ?
01:48Oui.
01:49On a oublié 2 ou 3 choses, je ne sais pas.
01:52Qu'est-ce que vous auriez aimé qu'on rajoute ?
01:55Oui, je pense qu'une importante victoire, c'est le championnat asiatique.
02:00On a gagné le championnat asiatique et c'est le seul Portugais qui a gagné ce championnat.
02:06C'est un championnat très difficile parce qu'il y a des équipes de toute l'Asie.
02:12Les Coréens, les Chinois, les Japonais, ils sont très forts.
02:18Vous avez quitté le club d'Al Rayyan en juin 2024, après une saison dans le club
02:22de Qatari.
02:23Mais est-ce que vous l'avez vraiment quitté ce club ?
02:24Non, c'est un peu une accorde parce que moi, je me suis blessé.
02:29J'ai fait la chirurgie au tendon des chilles et j'ai passé 3 mois très difficile, mais
02:35je n'ai jamais arrêté.
02:36Après, fin de saison, avec mon rendez-vous avec le président, aussi avec le médecin,
02:44il m'a dit que c'était mieux.
02:46J'ai arrêté 2 ou 3 mois pour faire la rééducation.
02:50C'est ça que j'ai fait.
02:52Maintenant, j'ai 8 mois.
02:55Je suis plus fort maintenant.
02:56Je marche.
02:57J'ai déjà fait un petit vélo.
03:02Je vais entrer maintenant à Qatar pour prendre des bonnes choses.
03:06Peut-être, après, regarder ce qui va se passer dans le futur.
03:09Donc, vous allez reprendre votre contrat à Al Rayyan ?
03:12Non, je ne vais pas reprendre mon contrat.
03:16Parce qu'Al Rayyan, il a des entraîneurs déjà débutés en juillet.
03:21Moi, je vais prendre mes choses qui sont à Qatar et je vais régler les choses que j'ai
03:29là-bas avec le club aussi et ensuite, chercher un pays de golf, une solution, peut-être.
03:39La saison était belle avec Al Rayyan, une place de vice-champion, le titre de coach
03:45de l'année pour vous.
03:47Vous vous sentiez bien là-bas ?
03:48Non, là-bas, c'est bien.
03:49Moi, j'aime beaucoup le Méditerranéen, le pays du golf.
03:53Quand je suis sorti d'ici, de Monaco, la première fois que j'ai allé à l'Arabie
03:58Saoudite, je n'avais pas la conscience de ce qui se passait.
04:01Mais après, j'ai resté un peu passionné parce que là-bas, la qualité de vie, c'est
04:07très bien.
04:08Tu as 9 mois d'été, oui, tu peux profiter.
04:13Le football, bien sûr, ce n'est pas le football d'Europe, mais aussi, il y a d'autres
04:18choses qui te plaisent.
04:19Et maintenant, Leonardo, quelles sont vos envies ?
04:22J'espère que j'ai comme objectif d'entraîner plus d'un ou deux années une équipe de
04:27football et après, revenir sur le national.
04:30Ça vous plairait d'entraîner l'équipe du Portugal ?
04:33Oui, aussi, mais c'est mon objectif parce que le national me donne plus de temps pour
04:41ma vie.
04:42Je n'ai pas un garçon maintenant, j'ai déjà 50 années et moi, j'ai besoin un peu de
04:49temps aussi pour la famille et pour moi.
04:52Donc, deux ans de coach et après, sélectionneur ?
04:54Peut-être, oui.
04:55C'est ça l'idée.
04:56C'est un bon planning.
04:57Vous êtes disponible en décembre, vous nous l'avez dit, vous serez retapé.
05:01Si vous deviez choisir en Europe un club ou un pays, vous choisiriez quel championnat
05:07anglais, allemand, espagnol, italien ?
05:10Français.
05:12Je vais te dire une chose, parfois les personnes ne comprennent pas pourquoi j'ai sorti de
05:17Monaco et j'ai allé pour l'Arabie Saoudite.
05:20Après toute ma vie sportive, j'ai fait Olympiakos, Sporting, Monaco.
05:24Quand j'ai sorti de Monaco, j'ai décidé que je n'allais pas entraîner une équipe
05:31plus petite que Monaco, j'ai besoin d'une équipe en Europe, top 5, mais une équipe
05:37plus grande que Monaco.
05:39La plus grande de Monaco, c'est les 6 d'Angleterre, les 3 d'Espagne, les 5 d'Italie, ici, peut-être
05:45Paris-Saint-Germain.
05:46Moi, je n'ai pas l'ambition d'entraîner des équipes qui jouent moitié de tableau.
05:52C'est pas mon rêve comme entraîneur, parce que toute ma vie, j'ai entraîné des équipes
05:58qui jouaient…
05:59La Ligue des champions ?
06:00Pas seulement la Ligue des champions, mais les premières trois places, même la deuxième
06:05division, même la troisième division, on jouait les premières places de championnat.
06:10Et c'est ça que j'aime, entraîner des équipes qui jouent les premières places
06:13de championnat.
06:14Et il n'est pas arrivé, après il est arrivé le projet Al-Hilal, c'est un projet grand,
06:20ici en Europe, personne ne le connaît, mais c'est un projet grand pour gagner les championnats
06:24de ligue.
06:25Et il nous allait là-bas, et tout se passait très bien là-bas, et aujourd'hui, moi j'aime
06:31rester là-bas.
06:32Alors ça fait quelques saisons qu'on dit que pour un entraîneur, le Paris Saint-Germain
06:36c'est peut-être pas forcément un gros cadeau, vous vous diriez oui pour entraîner
06:40le PSG ?
06:41Je pense que le PSG il a tout pour réussir dans toutes les compétitions, c'est la compétition
06:48nationale et la compétition internationale, c'est pour grand club français d'actualité.
06:53Depuis que vous avez quitté le club de Monaco en 2019, vous avez donc coaché, vous l'avez
06:57dit en Arabie Saoudite, aux Emirats et au Qatar, comment vous avez dû adapter votre
07:02style à ces championnats-là ?
07:04Le coach, normalement, c'est la chose la plus facile.
07:09Après, tu as besoin d'adapter un peu à la culture, à la chaleur, et à la religion.
07:17Tu as besoin de respecter ces trois choses.
07:21Et après, l'entraînement, les matchs, c'est un peu la même chose partout.
07:25Mais tu as besoin de faire attention à la chaleur, entraîner plus tard, le soir, parce
07:32que le soleil c'est très fort.
07:34Les religions, ils ont le temps pour prier, besoin de faire l'attention et respecter
07:40les religions.
07:41Et après, la culture de chacun pays, après, la statique, la situation physique, tous les
07:49travaux d'organisation, c'est un peu les mêmes.
07:51Vous qui avez toujours un œil sur la Ligue 1, est-ce que vous avez suivi, là récemment
07:56on a des polémiques sur les critiques envers les arbitres, après des déclarations de
08:01Mehdi Benhassia et Derrick Roy, qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
08:05Moi, je pense la même chose quand j'ai entré à Monaco, que les arbitres, ils ont fait
08:09son mieux.
08:10Et bien sûr qu'ils vont rester critiqués toute la vie.
08:13Moi, je me rappelle, quand j'ai entraîné le sporting, la première chose qu'ils me
08:18parlaient des arbitres, j'ai dit, peut-être le sporting Belfique et Porto, ils vont bénéficier
08:23des arbitres, parce que c'est un club grand, ils ont plus de situation et ils vont rester
08:30favorisés.
08:31Et je pense la même chose, que les grands clubs sont favorisés, mais aujourd'hui,
08:36avec les VAR, ils ont beaucoup moins d'erreurs, d'erreurs graves.
08:41Je pense que les VAR, ils ont aidé beaucoup le football, parce qu'aujourd'hui les erreurs
08:47graves sont plus bas.
08:49Votre plus belle expérience de coach, est-ce que vous diriez que c'est à Monaco ?
08:54Oui, je te dis, Monaco pour moi, j'ai un cœur pour Monaco, parce que j'ai resté
09:026 ans à Monaco, deux fois, 6 ans.
09:05Et je suis un supporter de Monaco.
09:09Mais pour arriver à Monaco, j'ai passé pour Cap, pour une situation très importante,
09:18la montée de la 3ème division, la montée de la 2ème division, arriver à Sporting,
09:24entraîner Braga, arriver à la Champions League, première fois pour Braga.
09:27Tous ces moments, ils sont pour moi très importants aussi, parce que moi je n'ai pas
09:34arrivé à cette carrière, je n'ai pas arrivé à ce petit moment à Porto.
09:41Vous arrivez à Monaco en 2014, après Claudio Ranieri, qui avait réussi à faire remonter
09:47le club en Ligue 1, dans quel état d'esprit vous êtes arrivé ici, vous avez débarqué
09:51à Monaco ? Est-ce que vous aviez de la pression ? Est-ce que vous étiez très positif, très
09:55confiant ?
09:56Non, j'ai arrivé ici parce que le club veut faire un changement de méthode, c'est
10:08faire un pari avec un jeune joueur et jouer le podium du football français.
10:13Ça c'est les deux gros objectifs.
10:16Les 4 premières années, ça s'est passé très bien, avant le club a décidé de vendre
10:25tout le monde.
10:26Et ça c'est le moment peut-être le plus difficile, parce que nous sommes habitués
10:31à jouer d'une façon, pour la première place du championnat, pour la Ligue d'Europe,
10:39et à ce moment-là, tout s'est enfoncé.
10:41Les débuts sont difficiles avec Monaco, vous ne gagnez pas de match, jusqu'au déplacement
10:45à Nantes, là vous faites une causerie, derrière la causerie, panne de bus, vous ne vous paniquez
10:51pas, vous décidez que tout le monde part en taxi au stade, et c'est votre première
10:54victoire.
10:55Et derrière vous avez déclaré, on ira maintenant toujours en taxi au stade, vous vous en souvenez
11:01?
11:02Oui, je me rappelle de ça, c'est le match de Nantes, pas de buzz, quelque chose ne marchait
11:11pas, nous buzzons, nous prenons un taxi, mais moi je suis un entraîneur, j'aime travailler
11:20les choses importantes, après les choses qui ne sont pas très importantes.
11:25Vous êtes zen !
11:26Oui, ça va !
11:27Vous trouvez vite une solution !
11:28Oui, nous trouvons une solution, et tout s'est bien passé, et c'est une belle victoire.
11:35Et après c'est parti !
11:36Oui, parce que Nantes aussi, c'est une belle atmosphère, c'est toujours l'establissement.
11:41C'est beau de gagner là-bas !
11:42Oui, c'est beau.
11:43Parfois, je ne sais pas si nous avons perdu là-bas, je pense que nous gagnons toujours
11:47là-bas.
11:48Là-bas, c'est une belle atmosphère.
11:49C'est vous qui êtes aux commandes pour le comeback en Ligue des Champions, match de
11:53huitième de finale contre Arsenal, vous gagnez 3-1 à l'Emirates, est-ce que ça a marqué
11:59un vrai tournant ?
12:00Oui, c'est Monaco venir pour, après beaucoup d'années, venir pour la championne de Ligue,
12:11pour se qualifier pour l'équipe finale et éliminer Arsenal, c'est une équipe forte.
12:17Venger, c'est le coach, il fait très bien pour l'équipe, il fait très bien pour l'ego
12:25de tout le monde, pour le club, pour le Monaco, et tout le monde est très content.
12:30Et pour le vote d'ego, quand on a Arsène Venger en face, est-ce qu'on est content
12:34de le battre ?
12:35Moi, j'aime gagner, mais pour moi, je ne regarde pas à qui c'est en face.
12:45Pour moi, tous les matchs sont très importants, j'aime gagner, si j'aime gagner à Guardiola,
12:51j'ai gagné à Venger, au Pochettino, j'ai gagné tous ces matchs, mais aussi j'ai
12:56gagné à d'autres entraîneurs, mais pour moi, l'important c'est les 3 points, c'est
13:00la qualification, c'est les titres, ça, pour moi, reste toujours dans mon cœur.
13:06Quelle était votre relation avec Kylian Mbappé ?
13:08Très bien, c'est une relation comme presque toutes les joueurs, et tous les jeunes joueurs.
13:15C'est un joueur qui a travaillé 2 ans avec nous, c'est un joueur que j'ai fait venir
13:21au U19.
13:22Il a beaucoup d'histoire, mais la vérité c'est qu'il est au U19, j'ai parlé avec
13:28l'entraîneur de l'U21, j'ai dit, mettez ce garçon pour l'U21 pour nous regarder,
13:34comme qu'il reste en U21.
13:37Après, il est resté 3 mois, 2 mois en U21, et après, je pense septembre, je vais en
13:47Argentine, j'ai dit à mon staff, vous prenez ce joueur là, parce qu'il y a beaucoup
13:52de joueurs internationaux, il va travailler 15 jours avec nous.
13:56Il travaillait 15 jours avec nous, et après, tout le monde est passionné pour lui, parce
14:01qu'il est vite, technique, et après, à ce moment, on fait un parrain, il nous fait
14:07grandir.
14:08Bien sûr qu'il a beaucoup de qualités, mais il est jeune encore, et il a besoin de
14:14connaître le jeu, et c'est ça notre travail, faire lui connaître le jeu, et progresser.
14:23Moi, je me rappelle, fin de première saison, la maman, il peut sortir, il peut sortir de
14:28Monaco, il a beaucoup d'offres, et la maman arrivait avec moi pour parler avec la maman,
14:35et j'ai dit à la maman, si tu veux que ton fils arrive à un gros niveau, je vais faire
14:40de lui un joueur, il reste ici à Monaco.
14:42Les autres, ils vont dire, les autres essayent, contrat, argent, toutes les choses là, moi
14:47j'ai seulement parlé ça avec la maman, de lui.
14:50Après, il est resté avec nous, et après, il a fait une réussite, en deuxième année,
14:56et après, il sort pour Paris, avec 180 000 ans, je pense, quelque chose comme ça.
15:02Il a 16 ans quand vous le découvrez, dès U19, est-ce que vous imaginiez qu'il serait
15:07aussi bon que ce qu'il est maintenant ?
15:09Nous imaginons qu'il est différent, il est différent, il est un joueur avec beaucoup
15:17de qualités techniques, et aussi avec beaucoup de vitesse, et ça, le football, c'est très
15:24très important.
15:25Il nous regarde, il a beaucoup d'ambition aussi, il est un jeune qui aime jouer, toujours,
15:33même au début, moi je dis qu'il va débuter, 10-15 minutes, je suis prêt, je suis prêt,
15:38il est toujours prêt pour ça, cette ambition fait lui grandir plus vite, il a besoin un
15:45peu de soutenir, comme l'école, il a besoin d'éduquer les choses, le football, pour
15:51qu'il grandisse plus vite.
15:52Vous n'êtes pas surpris de le voir aujourd'hui au Real Madrid, c'était son souhait déjà
15:57quand il était en jeune avec vous ?
15:59Non, sincèrement, je suis surpris qu'il n'est pas au Real Madrid avant.
16:03Quand il sort, moi j'ai parlé avec Louis, je me rappelle, j'ai dit, Real Madrid pour
16:10toi, je pense que c'est un bon club, parce que je connaissais la situation de Ronaldo,
16:19qu'il était prêt à sortir, je lui ai dit, tu vas entrer là pour la place, un changement
16:24de place, mais après il a choisi d'aller au Paris, mais j'ai pensé qu'il allait au
16:31Real Madrid au premier moment.
16:33Quand vous étiez ici à l'AS Monaco, il y avait de gros investissements de la part
16:36de Dimitri Rybolovlev, est-ce qu'il avait son mot à dire sur votre travail avec l'équipe ?
16:41La deuxième fois que je suis venu à Monaco, j'ai travaillé directement avec Louis.
16:46C'est Louis qui m'a évité, parce qu'il a cassé le contrat de Vardin, il a cassé
16:52le contrat de l'étoile sportive, et moi j'ai resté seulement avec Louis.
16:55Parce que l'histoire, c'est le moment où j'ai parti, la première fois, nous avons
17:03eu un rendez-vous, et moi j'ai parlé la vérité pour Louis.
17:07J'ai dit, qu'est-ce qui se passe, c'est ça, ça, et trois mois après, il a dit seulement
17:13toi qui me parlais la vérité, pour ça tu reviens au club.
17:17Et à ce moment-là, nous avons travaillé ensemble presque six mois, c'est le moment
17:25où nous avons réussi pour la première fois au championnat français, une équipe de 25
17:30jours, c'est ça, 25, avec 15 points, il a nous sauvé le club, et moi j'ai resté
17:38dans une relation proche de Louis.
17:40Vous racontez votre limogéage en 2018, et puis votre retour en 2019 à la suite de Thierry Henry.
17:47Vous n'étiez pas donc rancunier.
17:49Non, moi je reviens pour deux choses.
17:52La première chose, je reviens pour Robolev, parce que c'est la personne qui en 2014 m'a
17:59invité à Sporting, et j'aime Louis beaucoup, il est un gros, gros président.
18:06Et deuxième chose, comme j'ai débuté la saison, je ne veux pas que mon nom reste
18:13à Monaco pour l'équipe de Sainte-Dévision, même que l'autre entraîneur va terminer
18:19la saison, c'est moi qui fais les premiers 7-8 matchs, ou 10 matchs, et moi je ne veux
18:25pas ça, je ne veux pas ça.
18:27Je veux que mon nom reste sur ça, il est champion à Monaco, pas de Sainte-Dévision.
18:34Et c'est ça mon gros objectif, venir à Monaco.
18:38Leonardo, c'est le moment où on va en savoir plus sur vous, grâce à Clara.
18:45Leonardo, vous êtes la deuxième personnalité la plus connue de Madère, derrière Ronaldo,
18:50peut-être parce que vous êtes né à Barcelona, au Venezuela.
18:534 ans plus tard, votre famille se réinstalle à Santa Cruz, sur l'île de Madère, d'où
18:58elle est originaire.
18:59Vos parents ouvrent un restaurant, et à 8 ans, ils prennent votre première licence
19:03de football.
19:04Vous êtes supporter du Sporting Club du Portugal, devant un match, un jour, vous annoncez à
19:08vos parents, un jour, j'entraînerai ce club.
19:11L'idée suit son chemin, à 15 ans, vous décidez de devenir coach sportif, vous alternez les
19:16pratiques football et handball, vous donnez des avis tranchés sur la tactique et la technique,
19:22vous entamez un cursus sport à l'université, vous aidez une équipe féminine de handball,
19:27vous devenez adjoint dans plusieurs clubs, jusqu'à devenir numéro 1 à Camatia.
19:31Vous développez votre méthodologie, vous êtes fan du sociologue Edgar Morin, vous
19:36épousez une psychologue, et vous ne doutez plus de votre gestion.
19:40Elle s'adapte à la personnalité de vos joueurs, et ça fonctionne.
19:43À Monaco, Djibril Sidibé a un souci à un adducteur.
19:47Il a peur de reprendre trop tôt, il est incertain pour le match à venir.
19:51En fin de séance, il y a toujours une battle pénalty entre Sidibé, Fabinho et Silva.
19:56Tout le monde veut piquer la place de numéro 1, de tireur de pénalty de Fabinho.
20:01Djibril tire les pénaux avec le pied fermé, ce qui veut dire que l'adducteur est directement
20:06sollicité.
20:07Vous lui demandez à la fin d'un entraînement de frapper un pénalty, il le met facilement,
20:12vous lui demandez de recommencer, et encore, et encore, vous lui tapez sur l'épaule et
20:16vous lui dites « je ne doutais pas de tes frappes, je voulais juste savoir si l'adducteur
20:21était en forme, tu es prêt, tu joueras samedi ».
20:23Il est titulaire sur le match suivant, fin de blessure, grâce au mental que vous avez
20:28réparé.
20:29La psychologie, vous l'appliquez au quotidien, alors oui, vous gagnez beaucoup d'argent,
20:33mais vous suivez l'éducation de vos parents.
20:35Cette aisance permet à votre fils Bernardo de faire ses études dans les plus grandes
20:39écoles, mais vous êtes là si un proche est dans le besoin et si quelqu'un est malade.
20:43Alors lorsque les joueurs n'auront plus envie de se transcender pour vous, vous vivrez au
20:48bord de mer, vous nagerez, vous pêcherez, vous irez courir au bord de la plage, après
20:53la pelouse bien verte, c'est la mer bien bleue qui vous apporte le bien-être.
20:57C'est bien résumé ?
20:59Oui, c'est bien résumé, félicitations.
21:01Merci, c'est gentil.
21:03Pour revenir sur ce que Clara a dit dans son portrait, entraîner c'est donc une vocation
21:07que vous avez depuis toujours, qu'est-ce qui vous plaisait dans ce métier-là ?
21:12C'est la passion de football, la première chose.
21:15Après c'est le management, quand je suis jeune, j'ai joué, j'ai aimé écouter les
21:24entraîneurs, le management du groupe, de l'équipe, et ça c'est mon grosse passion.
21:31Cette situation avec la maman c'est parce que moi j'ai supporté le sport et nous sommes
21:38regardés et moi j'ai dit, mon but c'est d'arriver à entraîner le sport.
21:43Et c'est arrivé, un jour il m'a appelé le président du Sporting et il m'a dit, moi
21:51je veux que tu viennes au Sporting, et moi j'ai dit oui de suite, ne pas parler d'argent,
21:56je vais de suite et c'est mon gros rêve d'entraîner le Sporting à Portugal.
22:03Le football c'est ma passion, c'est ma passion mais moi j'aime faire mon management, c'est
22:12un peu la psychologie, c'est un peu le mental.
22:16Je ne vais pas me rappeler de Sidi Ben, mais parfois il y a des stratégies pour donner
22:23la confiance.
22:24C'est un peu donner la confiance au joueur, il a peur de frapper le ballon d'auteur et
22:27là il a frappé la pénalité, il est arrivé à faire bien, il a perdu la peur et il a
22:35joué le match.
22:36Le football c'est un peu mon passion.
22:38Vous avez tenté le coup en footballeur ou pas, ou jamais ?
22:41Non, j'ai joué, j'ai joué après les 10 ans, j'ai joué dans les équipes de ville,
22:47mais après 16 ans, j'ai joué toujours, c'était 20 ans, mais après 16 ans j'ai dit je joue
22:53pour m'amuser, parce que mon objectif n'est pas de jouer au foot.
22:58Comment vous définiriez votre style d'entraîneur ?
23:01Je suis un entraîneur comme je suis une personne, j'essaie que tout le monde travaille en équipe,
23:11je valorise beaucoup les objectifs collectifs, j'essaie d'amener les joueurs vers les objectifs
23:19collectifs.
23:20Aujourd'hui c'est très difficile parce que les joueurs ont beaucoup d'objectifs individuels
23:25et parfois ils s'oublient des objectifs collectifs.
23:27C'est ça, j'aime respecter tous les joueurs, même ceux qui ont plus ou moins de CV, j'aime
23:36respecter tout le monde, j'ai une attitude pareille pour tout le monde aussi.
23:41Jouer au football, rester entraîneur haut niveau, c'est une très belle vie, tu gagnes
23:48beaucoup d'argent, tu ne travailles pas beaucoup d'heures, et pour ça j'ai besoin de se donner
23:54à fond.
23:55Moi j'ai presque beaucoup les joueurs besoin de se donner à fond, ce n'est pas la vacance,
23:59la vacance c'est après les 35 ans, tu fais la vie et après tu fais la vacance.
24:03Cette pression que j'ai faite avec les joueurs c'est pour réussir aux objectifs, réussir
24:12aussi à jouer au plus haut niveau.
24:15Combien de temps vous mettez à vous remettre d'une défaite ? Est-ce que ça passe très
24:19vite ou est-ce que vous la ruminez longtemps ?
24:22Un jour.
24:23Un jour ?
24:24Un jour je récupère un peu de défaites, parce que je connais que j'ai besoin de rester
24:33le premier à récupérer des défaites, parce que j'ai besoin d'aider tout le groupe,
24:37le staff, parfois le dirigeant, parfois les joueurs aussi.
24:41J'ai toujours de la difficulté à dormir après un match, j'ai besoin de 5-6 heures
24:48pour récupérer après un match, mais une défaite un jour.
24:54Un jour de défaite, si je ne me traîne pas, je reste à la maison 24 heures.
24:59L'euphorie de la victoire, elle reste combien de temps ?
25:01Ça c'est plus vite, parce que ça c'est peut-être les 30 minutes, on va vestir,
25:07on récupère, on a gagné, mais après je dis 7 jours après un jeu, je n'ai pas le
25:12prochain match déjà, j'ai besoin de récupérer ça, et normalement c'est très petit l'euphorie
25:18de la victoire.
25:19Quels sont les coachs qui ont pu vous inspirer ?
25:22Quand tu es portugais, tu as le souci de Mourinho, Mourinho c'est un traîneur que je pense
25:30pour tout le portugais, de mon âge, au plus petit, c'est toujours une référence au niveau
25:38du portugais.
25:39Comment vous voyez l'évolution des joueurs à travers les générations ?
25:42Aujourd'hui les joueurs, comme je l'ai parlé avant, ils ont beaucoup d'objectifs
25:49individuels.
25:50Aujourd'hui ils ont des staffs énormes, et parfois c'est difficile, les traîneurs,
25:57d'amener les joueurs pour leurs objectifs collectifs de jouer, parce que les joueurs
26:03ils ont tout ce staff, ils sont des entreprises, après il y a les médias, les réseaux sociaux,
26:11il y a les familles, et aujourd'hui c'est un travail difficile d'amener les joueurs
26:19pour le travail collectif et pour le travail des objectifs.
26:26Les collectifs c'est plus fort que les centres d'individualité, ça c'est une idée que
26:34j'essaie d'amener aux joueurs pour que le collectif reste plus fort que les 11 joueurs
26:42qui sont là.
26:43Et ça c'est avec toujours parler, amener pour les jeux collectifs, avoir de bonnes
26:50connexions entre les joueurs aussi, parce qu'aujourd'hui les jeux collectifs, et je
26:57regarde les équipes, nous perdons pour les jeux collectifs.
27:01Vous pensez que ça a été le problème du PSG d'avoir beaucoup de personnalités ?
27:05Bien sûr que le PSG, toutes les années il change beaucoup d'individualité, pour faire
27:13un collectif parfois c'est plus difficile, mais aussi il augmente la qualité d'équipe
27:20de joueurs, parce que pour gagner des matchs, tu as besoin d'un bon traîneur, tu as besoin
27:28d'un bon club, mais le plus important c'est d'avoir de bons joueurs, ça c'est le plus
27:33important.
27:34Vous rêviez de travailler dans d'autres pays comme le Brésil, la Chine ou l'Inde, est-ce
27:38que ça fait toujours partie de vos aspirations ?
27:41Oui, oui, si j'avais cette possibilité, le Brésil c'est toujours une opportunité.
27:48Le problème du Brésil c'est que j'ai un peu de souveraineté, le Brésil il est un
27:55peu chaud.
27:56Vous parlez bien la langue déjà ?
27:58Oui, oui, et il y a un pays aussi que j'aimerais c'est le Japon, parce que la culture c'est
28:06différent, peut-être c'est une bonne idée, mais le football jamais, tu ne connais que
28:14les prochains clubs.
28:15Vous évoquiez le désir de prendre une sélection dans quelques années, est-ce que vous avez
28:19déjà l'idée du pays que vous aimeriez coacher ?
28:22Au contraire, vous pouvez penser que les choses arrivent de façon très vite, nous
28:34sommes ici, le téléphone appelle, on a toujours la possibilité d'aller au Brésil, en deux
28:40ou trois jours on a besoin de donner une réponse, et c'est fait, c'est comme ça.
28:45La sélection du Brésil, magnifique !
28:47Non, c'est pas une mauvaise idée, c'est très bien, parce que parfois les personnes
28:52pensent que les choses sont programmées avec beaucoup de temps, non, le football c'est
28:57comme ça, les choses arrivent deux ou trois jours, il y a besoin de prendre une décision.
29:01Et une équipe féminine, ça pourrait vous tenter ?
29:04Les hommes sont difficiles, les femmes plus.
29:07C'est pas vrai !
29:08Oui, bien sûr !
29:09Vous répéterez cette phrase à votre femme !
29:12Non, mais c'est vrai, parce que la femme est plus complexe que l'homme.
29:22C'est peut-être pas plus difficile, mais il faut peut-être coacher d'une manière différente.
29:26Oui, pour gérer cette complexité, tu as besoin d'avoir de l'espérance, parce que
29:29je n'ai pas d'espérance, et aussi, pour coacher un groupe de femmes, il faut faire
29:36beaucoup plus d'attention que les hommes.
29:39Les hommes sont des choses plus simples, tu comprends ? Les relations, je pense, sont
29:43plus faciles.
29:44Je pense, j'aimerais entraîner une équipe de femmes, mais je pense que c'est plus complexe,
29:48pour ça, je ne veux pas.
29:50Les dernières questions avec Clara.
29:53Leonardo, si vous n'aviez pas été entraîneur, vous auriez aimé faire quel métier ?
29:56Moi, quand je suis jeune, je suis passionné aussi pour les mers.
30:03Moi, si je n'arrive pas à faire du sport, je vais faire de la biologie, de la biologie
30:10aquatique, pour faire l'analyse des mers, des poissons, de la vie maritime, et c'est
30:20ça que j'aimerais faire.
30:22Vous n'auriez pas repris le restaurant de vos parents ?
30:24Non, ça se sauve, non.
30:26Très difficile.
30:27C'est très difficile de travailler pour le restaurant.
30:29J'ai un gros respect pour toutes les personnes qui ont des restaurants.
30:34C'est un boulot, c'est chaud, c'est dur.
30:38Vous aimez beaucoup le jeu collectif.
30:40On est venu à six pour vous.
30:41Est-ce qu'on a bien travaillé ?
30:42Très bien, félicitations.
30:44Félicitations, vous faites bien les travaux à la maison et vous connaissez bien toute
30:50l'histoire.
30:51Merci beaucoup, Leonardo, d'avoir été avec nous dans ce salon VIP.
30:55Je vous souhaite de trouver un club pour les deux, trois prochaines saisons, et puis
31:00après de prendre une sélection et on vient vous voir dès que vous avez une belle équipe.
31:05J'espère que ce sera dans une jolie destination, un petit peu comme ici à Monaco.
31:10Avec chaleur.
31:11Avec chaleur.
31:12Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
31:14Merci à vous.
31:15Merci à vous de nous avoir suivis et à très vite avec Clara pour un autre salon VIP.
31:19Ciao.
31:25Sous-titrage Société Radio-Canada