Thierry Devimeux, préfet de la Drôme
La préfecture lance ce mercredi matin une nouvelle campagne d'affichage pour lutter contre les trafics de drogue. Elle vise directement les consommateurs.
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00:008h moins le quart, Emmanuel Champal, on parle donc sécurité ce matin avec notre invité, c'est le préfet de la Drôme.
00:05Bonjour Thierry Devimeux, tu consommes, tu cautionnes, c'est le slogan de la campagne que vous lancez ce matin à Valence
00:12pour lutter contre le trafic de drogue, campagne d'affichage, pourquoi vous interpellez directement les consommateurs ?
00:18Alors c'est d'abord une campagne d'affichage que nous commençons ce matin mais qui a déjà débuté il y a 15 jours avec un clip vidéo
00:24qui est montré avant tous les films au cinéma Le Pathé, je remercie d'ailleurs du partenariat que nous avons développé avec le directeur.
00:31Pourquoi s'intéresser aux consommateurs ? Parce que s'il y a du trafic de drogue dans la ville de Valence et dans le département de la Drôme plus globalement,
00:39c'est parce qu'il y a des consommateurs. Ma responsabilité c'est de lutter contre le trafic, c'est donc de traquer les trafiquants
00:46mais c'est aussi de faire en sorte que les consommateurs soient moins nombreux pour que le marché soit déstabilisé.
00:52C'est une sensibilisation globale que vous voulez ?
00:55Tout à fait, je veux que les gens se rendent compte, ceux qui consomment tranquillement dans leur appartement, dans leur maison,
01:01sans se rendre compte du marché qui est organisé en amont, cela faut les sensibiliser pour leur faire comprendre que la drogue qu'ils achètent
01:08c'est en fait des bandes qui s'arment, qui se battent entre elles, qui tuent, qui se tuent entre elles, voire qui tuent des gens.
01:15Pour le dire simplement, pour ceux qui fument un joint à la maison le soir, c'est à cause d'eux qu'il y a des règlements de comptes
01:22Pour le dire très simplement c'est ça, exactement, et j'assume parfaitement, c'est à cause d'eux qu'il y a des gens qui ont beaucoup d'argent,
01:30qui s'arment et qui ont des luttes de territoire pour pouvoir garder ce business.
01:33Franchement, ce n'est pas un peu facile ?
01:35Ce n'est pas un peu facile, c'est la réalité, ce n'est pas la seule action que je mène, il y a des actions pour lutter contre le trafic,
01:42c'est d'ailleurs l'essentiel de mon action, mais il faut que les consommateurs se rendent compte qu'ils sont acteurs de ce trafic,
01:48des acteurs actifs, ce n'est pas totalement déconnecté.
01:51Concernant les trafics, vous menez des actions évidemment dans les quartiers,
01:56des actions coups de poing, des actions places nettes qui sont menées généralement en journée,
02:01pour les dealers ce ne serait pas plus efficace de les mener la nuit ces actions-là ?
02:05En fait on mène des actions le jour et la nuit.
02:07Les actions places nettes dont vous parlez, c'est des actions d'ampleur,
02:12sur du renseignement judiciaire nous cherchons des interpellations, nous cherchons de la drogue ou des armes.
02:18Ça se fait plutôt le jour quand les trafiquants ne sont pas là.
02:22Mais la présence policière municipale ou nationale est aussi là la nuit.
02:27Nous patrouillons toutes les nuits dans ces quartiers pour déstabiliser ces trafics,
02:31pour les empêcher de se développer, ça c'est le travail quotidien des forces de l'ordre.
02:35La force d'action républicaine est en place à Valence depuis plusieurs mois maintenant,
02:40quel bilan vous en tirez ? Franchement, ça a eu un effet sur les quartiers ?
02:44Ça a ramené le calme dans les quartiers ? On n'a pas le sentiment ?
02:47Si, moi j'ai le sentiment que ça a ramené le calme.
02:49Je ne dis pas que nous avons réussi à traiter le problème.
02:53Mais depuis le début de l'année, les chiffres de la délinquance ont baissé de plus de 50% dans ces quartiers.
03:00Quelle délinquance ?
03:02La délinquance, les incivilités, tous les dépôts de plainte que nous avons.
03:06On ne parle pas que de la drogue là.
03:09En fait, dans ces quartiers, la délinquance est liée en majorité au trafic de drogue.
03:14La présence policière extrêmement soutenue, les interpellations régulières que nous faisons,
03:19les saisines importantes de drogue que nous faisons,
03:22c'est 23 kilos d'héroïne depuis le début de l'année, c'est 4 kilos de cocaïne.
03:27Ça, ça porte ses effets et ça réduit la pression dans ces quartiers.
03:31Ce qui fait que les gens me le disent quand je me promène dans ces quartiers.
03:33Ils ont le sentiment que le calme est revenu.
03:38Je le dis à chaque fois, je suis prudent, je sais que tout ça est très fragile.
03:41C'est pour ça qu'il faut maintenir une pression policière forte,
03:44ce que nous faisons, et il faut aussi, ce que je fais ce matin,
03:47sensibiliser les consommateurs pour qu'ils arrêtent d'acheter de la drogue
03:50parce que cette drogue, ça alimente un trafic qui alimente la violence.
03:53Thierry Devimeux, vous êtes préfet de la drogue,
03:55mais vous nous dites quand je vais dans les quartiers,
03:57les gens me disent qu'ils ont le sentiment que ça va un peu mieux.
04:00Malgré tout, au plan enjouer une fusillade devant l'école Brossolette,
04:03en janvier des menaces d'enlever des fillettes,
04:05en mars, un jeune homme blessé par balle derrière l'école,
04:08ça va vraiment mieux, franchement ?
04:10Oui, parce que l'année dernière, il y avait eu quatre homicides,
04:13d'ailleurs un peu plus si on compte des homicides qui sont passés à l'extérieur,
04:16mais qui étaient liés à ce trafic de drogue.
04:19Oui, ça va mieux, c'est pas fini, ça n'est pas réglé.
04:23Encore une fois, c'est le travail de tous les instants,
04:25de tous les partenaires, la justice, la ville de Valence
04:28avec sa police municipale et sa politique de prévention,
04:31et les services de l'État via la police et les services d'investigation.
04:34C'est un combat qui va durer plusieurs mois, plusieurs années ?
04:37C'est un combat qui, je pense, sera infini.
04:41Il faut tout le temps remettre le travail sur l'ouvrage,
04:45et c'est pour ça que s'appuyer ou sensibiliser les consommateurs,
04:48c'est très important, parce que tant qu'il y a un marché,
04:51tant qu'il y a des consommateurs, il y aura des trafiquants.
04:54Vous dites que la consommation de drogue augmente,
04:56est-ce qu'elle augmente parce que, finalement,
04:58on cherche un peu plus aujourd'hui ?
05:01Je ne dis pas que la consommation de drogue augmente,
05:03mais qu'il y a une consommation de drogue,
05:05et qu'il faut que cette consommation de drogue se réduise.
05:08Il faut que les gens comprennent que consommer de la drogue,
05:11c'est illégal, et c'est d'ailleurs mauvais pour la santé,
05:13mais surtout que consommer de la drogue,
05:15ça alimente des trafics et de la violence.
05:17Augmentation de 10% des infractions liées aux stupéfiants,
05:19relevée chez nous l'an dernier, seulement 4% au niveau national.
05:22Oui, et si on fait le lien avec la sécurité routière,
05:25j'ai, depuis le début de l'année, retiré 1600 permis,
05:28la moitié sont des retraits liés à l'usage de stupéfiants.
05:32La sécurité routière, vous en parlez, ça tombe bien,
05:34là aussi c'est un véritable fléau dans le département.
05:3730 morts depuis le début de l'année,
05:393 de plus que pour toute l'année dernière,
05:416 morts en 12 jours le dernier lundi,
05:45avec un jeune de 19 ans qui s'est tué au Tourette.
05:48Qu'est-ce qu'on peut faire de plus aujourd'hui ?
05:50Vous retirez des permis, manifestement ça ne suffit pas.
05:52Oui, non, c'est un drame, c'est un scandale.
05:54Je suis très énervé face à cette situation.
05:56Effectivement, vous l'avez dit, même 7 morts en 10 jours,
05:59c'est insupportable.
06:00Insupportable parce que c'est des vies brisées,
06:02insupportable parce que c'est des familles qui sont détruites,
06:05et insupportable parce que ça fait des gens
06:09qui ne font pas attention à leur circulation.
06:11Mais ça veut dire que vous pouvez faire quoi de plus aujourd'hui ?
06:13Quoi de plus ? Sensibiliser, rappeler aux gens
06:16que conduire ce n'est pas si facile que ça,
06:18que pour conduire il faut être extrêmement vigilant.
06:20Le quart des accidents sont liés à un manque de vigilance,
06:24le quart des accidents mortels.
06:25Côté contrôle, vous êtes au taquet là ?
06:27Vous êtes au maximum de ce que vous pouvez faire ?
06:29Je suis au taquet, en tout cas les consignes que j'ai données
06:31aux forces de l'ordre, c'est d'être présent sur le terrain
06:33tout le temps, tout le temps et toujours,
06:35pour verbaliser, pour sensibiliser,
06:38pour rappeler à ceux qui roulent sur la route
06:41qu'il faut faire attention.
06:42C'est vrai que ce n'est pas supportable d'avoir cette situation,
06:44c'est beaucoup trop, dans un laps de temps très court.
06:47Il y a des gens qui se tuent au volant, admettons,
06:50mais surtout ils tuent les autres.
06:52Les derniers accidents, une camionnette franchit la ligne jaune,
06:56la ligne blanche, pardon, veut doubler, en face il y a un camion,
06:59le camion essaye de l'éviter, donne un coup de volant,
07:02bascule, prend feu, et le chauffeur du camion,
07:05qui était pour rien, meurt brûlé dans sa cabine.
07:07Ce n'est pas supportable.
07:08L'appel à la responsabilité ce matin sur France Bleu,
07:11Drand Marder, je suis le préfet de la Drôme, Thierry Devymeux,
07:13sur la consommation de drogue, mais aussi sur la sécurité routière.
07:16On vient de l'entendre, vous restez avec nous, nous, Thierry Devymeux.
07:18Les auditeurs vont pouvoir vous poser directement leurs questions
07:21à partir de 8h10. Merci, à tout à l'heure.