Le 30 juillet 2024, Mohamed VI célèbre dans le faste le 25e anniversaire de son règne. Qui est ce monarque que l'on dit secret ? Comment a t-il progressivement imposé sa vision et ses projets ? Sous son règne, le Maroc est devenu une puissance africaine, politique et économique. Comment a-t-il fait pour transformer ainsi son pays ? Pour son peuple, est-ce un miracle ou un mirage ? Malgré les freins des forces conservatrices, Mohamed VI a décidé de porter la cause des femmes dans une société marocaine fortement marquée par le patriarcat. Au sein d'un monde arabo-musulman travaillé par le radicalisme, il incarne un « islam du milieu » qui se veut à l'écoute de son époque. Dans ce film qui propose un récit distancié, des personnalités marocaines et françaises parlent pour la première fois de ce roi tellement discret sur lui-même mais si présent sur la scène internationale. Année de Production :
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00:00Le 30 juillet 2024, Mohamed VI célèbre le 25e anniversaire de son règne.
00:17Qui est ce roi que l'on dit secret ? Avec lui, le Maroc est devenu une puissance africaine.
00:24Comment a-t-il fait pour transformer aussi vite son pays ? Pour son peuple ? Est-ce
00:29un miracle ou un mirage ? Ce film est une plongée au cœur de la plus
00:36ancienne monarchie exécutive du monde, où le pouvoir s'exerce avec une autorité incontestée.
00:42Pour la première fois, des personnalités marocaines et françaises au plus haut niveau
00:48parlent de la relation passionnelle entre la France et le Maroc, qui a mis face à face
00:52le roi Mohamed VI et le président Macron.
00:55Ces témoignages rares et les archives que nous avons retrouvées nous donnent les clés
00:59du code M6.
01:00D'abord, vous ne le percevez pas forcément, mais nous sommes africains dans nos gènes.
01:05Ce qui marque la transformation en profondeur du Maroc, c'est dans la constitution, ces
01:13droits nouveaux réservés aux femmes.
01:15Lui-même dit « je m'adresse à l'ensemble des citoyens musulmans, juifs, chrétiens
01:26du royaume ».
01:27Je me souviens encore de la visite que j'avais faite à Tangier où il avait fait ce qu'il
01:33fait assez peu, prendre sa voiture au mépris de toutes les règles de sécurité.
01:37Le roi a décidé de manière unilatérale et irréversible de soutenir l'ensemble des
01:47pays qui menaient une guerre aux terroristes djihadistes.
01:50Le roi du Maroc Hassan II est mort à l'âge de 70 ans, des suites d'une crise
02:07cardiaque.
02:08Son peuple savait qu'il était fatigué, mais l'annonce de sa mort a provoqué une
02:12véritable onde de choc dans le pays.
02:14Hier soir, peu avant 9h, le prince héritier Sidi Mohamed prend la parole à la télévision
02:18marocaine.
02:19Son père, le roi Hassan II, est mort.
02:26Ce 23 juillet 1999, les Marocains enterrent leur roi, mais la monarchie continue.
02:35Son successeur, qu'ils connaissent mal, a déjà des idées pour moderniser son pays.
02:40À 36 ans, Sidi Mohamed sort donc de l'ombre, les Marocains de l'ombre le connaissent assez
02:46peu.
02:47D'emblée, il décide de se démarquer de son père Hassan II.
02:51Qu'est-ce qui est continuité, rupture entre Hassan II et Mohamed VI ? C'est une question
03:01qui a souvent été posée, parce que c'est pas du tout le même style.
03:05Pour Mohamed VI, cette gouvernance royale repose sur le consensus, sur le consentement.
03:15C'est une affaire d'équilibre.
03:17C'est un enfant qui est très gentil, qui a le sens de ses responsabilités, mais qui
03:21n'est absolument pas prétentieux, ni orgueilleux, il essaie d'être un enfant comme tous les
03:27enfants.
03:28Il est très très attachant, très charmant.
03:30Mohamed VI a été très différent dans son approche.
03:36Il a été beaucoup plus actif, sans doute, sur la scène africaine, beaucoup plus présent
03:42sur le plan intérieur et extérieur que l'était son propre père, mais il l'a fait avec une
03:51méthode beaucoup plus, j'ai à dire, raffinée, douce, moins exaltée et moins antagonique.
04:00C'est le roi des jeunes, lui, il est en phase avec sa génération.
04:04On le voit aussi dans les magazines, on le voit pour la première fois faire du jet-ski
04:08par exemple.
04:09C'est un roi que l'on croise au volant de sa voiture et que les Marocains peuvent apprécier
04:15et puis même toucher, palper.
04:16C'est un roi qui enlève certains codes du protocole aussi.
04:20Vous voulez réciter, s'il vous plaît ?
04:22Et votre frère, le prince héritier, a donc un an de moins que vous ?
04:25Oui.
04:26On dit qu'il est timide.
04:30Il est timide avec les étrangers quand il y a du monde qui vient.
04:34Sinon, il n'est pas si timide que ça.
04:36Tout se fait dans la douceur, c'est-à-dire, je ne sais pas si ce terme-là est utilisable
04:41dans ce genre de...
04:42Mais c'est ce que je ressens en tant que femme en tout cas.
04:45Je ressens qu'il y a beaucoup de douceur dans toutes les réformes, dans toutes les choses
04:48qui sont en train de changer, même quand c'est des métamorphoses très importantes.
04:52Et si la vraie référence qui inspire Mohamed VI était plutôt son grand-père, le roi Mohamed
05:01V, couronné en 1956, lors de l'indépendance du Maroc ?
05:04L'académicien Maurice Druyon, grand résistant, proche de la famille royale, a été l'un
05:18des mentors du prince héritier.
05:20Et quand il parle du jeune homme devenu roi, il tient des propos prémonitoires.
05:25Ce jeune roi nous surprendra, je le pense.
05:28Je le connais depuis son enfance.
05:30J'ai voyagé avec lui.
05:32Son père, en certains cas, me l'a confié.
05:39Il est extrêmement réservé.
05:42Il a énormément de dignité.
05:45Il est d'un tempérament qui rappellera, à mon avis, celui de son grand-père Mohamed V.
05:56En 2002, Mohamed VI, encore novice dans l'art de la diplomatie, fait une visite importante
06:00aux États-Unis.
06:02Face au président américain George W.
06:03Bush, le monarque de 39 ans montre beaucoup d'aplomb.
06:14Ce document est rare.
06:23Il montre à Mohamed VI décontracté, mais déterminé.
06:26Nous sommes très honorés des relations qui ont toujours existé entre le Maroc et les
06:29États-Unis, mais je pense qu'actuellement, nous allons passer à la vitesse supérieure.
06:33Bonjour, antenne de midi exceptionnelle aujourd'hui, avec comme invité, et je l'en remercie,
06:48Sa Majesté le roi du Maroc, Hassan II.
06:50Le socialisme, à la façon dont il est exercé par les pays totalitaires, ne peut sur le
06:55plan économique réussir que dans des pays très riches.
06:57On est à Fès, où nous attend Hassan II, roi du Maroc majesté.
07:01Vous m'entendez bien maintenant ?
07:03Moi, je vous entends très bien.
07:04Cette fois, moi aussi.
07:05Est-ce que vous accepteriez de recevoir Jean-Marie Le Pen ?
07:09Comme ça, pour le plaisir.
07:10Parlez ! Parlez de quoi ?
07:15Bonsoir, Majesté.
07:16Merci de recevoir cette sursaut au palais royal à Rabat, au moment où le Maroc, disent
07:20tous les observateurs étrangers, est un tournant politique.
07:23Il n'est pas interdit de filmer, je pense, pendant cette émission.
07:25Majesté, vous êtes chez vous ici ?
07:27Non, mais enfin, même pour mes invités.
07:30Voilà ce que le fils de Hassan II ne fait jamais.
07:33Mohamed VI est un chef d'État qui ne donne aucun entretien, ni aux médias marocains,
07:37ni à la presse étrangère.
07:41Ce roi qui tient tête au grand de ce monde, craindrait-il l'exercice de l'interview ?
07:46Ce n'est pas un roi qui va être très expansif devant les médias.
07:49Alors, il y a les papiers glacés, on fait des reportages.
07:51Il accepte de cesser de photographier, mais ce n'est pas un roi qui va commenter
07:55l'actualité. Mohamed VI est discret.
07:58Un grand patron de radio marocain confie à quel point la relation entre le Palais
08:02et les médias nationaux est complexe.
08:04Iones Boumeddi dirige IT Radio, une antenne de musique et d'infos écoutées par les jeunes.
08:10On peut constater en tout cas que la parole de Sa Majesté est rare.
08:14Je ne sais pas si je regrette que Sa Majesté ne puisse pas venir
08:20ou ne soit jamais venue sur une radio, comme IT Radio.
08:24C'est son choix.
08:24Je vous avouerai qu'on n'a jamais fait de demande officielle pour l'accueillir en interview.
08:28On n'a jamais osé.
08:29Donc, si à travers votre antenne, on peut passer un message et inviter avec toute la
08:34différence Sa Majesté le roi que Dieu l'assiste à interagir avec nos auditeurs,
08:40on serait plus qu'heureux et je crois que nos auditeurs seraient extrêmement extatiques.
08:45Mais comment être connecté à son peuple quand on met à distance les médias ?
08:49Mohamed VI préfère s'adresser aux Marocains par des discours fleuves,
08:51où il présente sa vision et ses priorités.
08:55Les discours du roi sont des moments rituels de très grande pédagogie.
08:58Il les veut très pédagogiques, ces discours.
09:00C'est là où il passe ses messages.
09:02Entre les deux, c'est au gouvernement de communiquer.
09:07Mohamed VI, ou le roi vintage, il a toujours refusé l'utilisation du prompteur proposé
09:12par l'autorité de l'État, mais il n'a jamais refusé l'utilisation de son prompteur.
09:16Il a toujours refusé l'utilisation du prompteur proposé par ses collaborateurs.
09:20Par ce refus de la technologie, il affirme un principe inaltérable.
09:24Un roi, mais pas un président.
09:26D'abord, il y a une différence fondamentale, c'est que le maître du décorum en France
09:32n'est que provisoire.
09:34Le maître du décorum au Maroc, il a des siècles d'histoire.
09:39Et des siècles qui font la différence, il n'y a pas de remise en cause de ce qu'il est,
09:45il peut, lui, laisser son empreinte, et par définition,
09:52c'est d'autant plus facile au Maroc que le roi est également commandeur des croyants.
09:59Le roi n'est pas un président.
10:01Une affaire oubliée que nous avons choisie d'exhumer le démontre.
10:05Roland Queyrault, fondateur de l'Institut CSA, lance en 2009 le premier sondage
10:09sur l'action du pouvoir marocain.
10:11En réalité, une enquête sur le bilan de Mohamed VI.
10:15On ne parlera pas.
10:17Il n'y aura pas de question, pourtant, directement sur le roi.
10:21Nous savons que ça ne passera pas.
10:24Nous savons par des discussions informelles, personne ne nous interdit.
10:28Mais nous le comprenons très bien.
10:31Donc nous faisons plutôt un sondage bilan, politique, social, économique, culturel,
10:36de ces dix ans.
10:38Résultat, 91% des personnes interrogées plébiscitent les réformes conduites par leurs souverains.
10:44Malgré ce score, cette enquête publiée par le magazine marocain Telquel
10:47et en France par le quotidien Le Monde, déclenche une tempête politique.
10:53Le jour de la publication du sondage par Telquel,
10:57je suis rentré en France et j'ai un coup de téléphone du directeur de Telquel
11:03qui me dit qu'il y avait la voix blanche.
11:07Je lui dis, qu'est-ce qui t'arrive ?
11:09Il me dit, je suis à l'imprimerie, la police est là.
11:13Avec la gendarmerie royale.
11:16Et ils sont en train de pilonner chaque exemplaire qui sort de la machine.
11:20Voilà, j'ai eu pendant l'après-midi de l'interdiction au téléphone
11:24la plupart des ministres importants du Nord-Marocain,
11:28qui m'ont tous assuré de leur amitié,
11:32qui m'ont dit qu'ils étaient désolés de n'avoir rien su,
11:36que s'ils avaient su, d'ailleurs, ils n'auraient rien pu faire,
11:40que l'ordre venait de là-haut.
11:44Et donc voilà, j'ai eu droit à de la compassion.
11:48Beaucoup de compassion.
11:50Dans l'entourage de Mohamed VI, une formule s'impose.
11:53On ne met pas le roi en équation.
11:56Le roi ne dépend pas des urnes.
11:58Et donc il ne doit pas être jugé par une opinion qui n'a aucun rapport.
12:03Ça offenserait.
12:06Même s'il y avait 100% de résultats favorables,
12:09ça offensait le simple fait qu'on se pose la question.
12:13Cette variante de la loi du silence montre qu'au Maroc,
12:16la démocratie s'arrête parfois aux portes du palais.
12:20Si vous n'étiez pas prince héritier,
12:23quel métier auriez-vous aimé faire ?
12:26J'aurais aimé être pilote.
12:29Pilote de voiture ?
12:31Non, d'avion.
12:32D'avion.
12:33Mohamed VI ne sera jamais pilote de ligne,
12:36mais il va conduire la transformation de son pays tambour-battant.
12:40Le premier voyage au Maroc,
12:43la modernité telle qu'on la voit maintenant,
12:46n'existait pas.
12:49Il y avait certaines villes avec les chèvres
12:52encore au milieu des voies de passage.
12:55Le Maroc est devenu la cinquième puissance africaine
12:58avec un produit intérieur.
13:01Il y a des autoroutes, il y a un TGV,
13:04il y a des extensions, il y a des aéroports.
13:07Il y a un roi qui a su aussi lancer
13:10des grands chantiers d'évolution.
13:13L'ambition du Maroc est grande.
13:16Nous voulons avoir des champions nationaux
13:19dans l'industrie, dans la logistique,
13:22dans l'agro-industrie, les énergies renouvelables.
13:25La certitude, c'est que ni le secteur privé seul
13:28ni le secteur public seul peuvent le faire.
13:31Ce qui est extrêmement important dans le moment actuel,
13:34c'est que ces deux mondes qui quelquefois
13:37étaient face à face, aujourd'hui sont côte à côte.
13:44Business first.
13:47Mohamed Siss veut créer les conditions idéales
13:50pour améliorer le climat des affaires.
13:53Je pense que l'environnement d'investissement
13:56est un élément fondamental
13:59dans le choix qui est fait par les talents
14:02pour investir et pour s'installer.
14:05Nous avons des accords de libre-échange
14:08avec presque plus de 50 pays
14:11qui font du Maroc une plateforme exceptionnelle.
14:14Nous avons des infrastructures de première classe,
14:17le port d'Angemède qui est parmi les 10 plus grands ports du monde.
14:20Nous avons surtout des énergies renouvelables
14:23qui sont produites à bas prix.
14:26Nous avons un capital humain qui est performant
14:29et surtout une stabilité économique.
14:32L'inflation, si on prend sur 10 ans,
14:35ne dépasse pas 3%.
14:43Le roi cible en priorité l'énorme marché africain.
14:46C'est d'autant plus naturel pour lui
14:49que contrairement à son père imprégné de culture européenne,
14:53il se sent à l'aise avec ses racines.
14:56Mohamed VI décide d'ailleurs du retour du Maroc
14:59au sein de l'organisation de l'unité africaine
15:02que son père avait choisi de quitter plus de 30 ans auparavant.
15:05Il est l'heure de rentrer à la maison,
15:08moment où le royaume compte parmi les nations africaines
15:11les plus développées et où une majorité de pays membres
15:14aspirent à notre retour.
15:17Nous avons choisi de retrouver la famille,
15:20l'Afrique est mon continent et ma maison.
15:23Je rentre enfin chez moi
15:26et vous retrouve avec bonheur.
15:32Le retour sûrement à l'Union africaine
15:35a été un message extrêmement fort.
15:38Le retour à la maison, de dire
15:41nous sommes au centre de ce continent,
15:44nous voulons le développement de notre pays
15:47sans une intégration régionale,
15:50sans un développement de l'ensemble du continent.
15:53Le Maroc est arrivé en frères
15:56mais en force de propositions.
16:07Pour accompagner cette politique,
16:10il lance des grandes caravanes.
16:13Quand le roi part en mission en Afrique,
16:16ces voyages peuvent durer une semaine, 15 jours, 3 semaines.
16:19Il y a à peu près 100, 200 personnes.
16:22Il y a une partie de la cour, des grands entrepreneurs,
16:25des ministres qui l'accompagnent.
16:28On s'installe dans les pays, on peut rester plusieurs jours,
16:31on scelle des partenariats, des accords d'Etat à Etat
16:34et on permet aussi à tout cet écosystème d'irradier.
16:37Les ministres voient leurs homologues,
16:40les hommes d'affaires voient les patronats des pays
16:43Cet essor économique se dote d'une vitrine,
16:46la première voiture marocaine baptisée Nao.
16:49Un prototype de SUV électrique Namix
16:52devient par ailleurs l'emblème de la politique royale
16:55en matière d'énergie renouvelable.
16:58Bien avant certains pays occidentaux,
17:01le Maroc a compris les enjeux majeurs.
17:04Quand on prend ce qui est le poumon de l'économique,
17:07c'est-à-dire la stratégie énergétique,
17:10c'est-à-dire la stratégie renouvelable.
17:13Le Maroc est un pays pionnier.
17:16Dès 2009, il a lancé la plus grande centrale solaire du monde,
17:19à l'époque, à Varzazate.
17:22Cette stratégie ambitionne qu'en 2030,
17:25la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique
17:28sera portée à 52 %, elle est actuellement de 38 %.
17:31Quand je suis allé au Maroc,
17:34j'y suis allé plusieurs fois en tant que chef d'Etat,
17:37où les entreprises françaises étaient directement appliquées.
17:40J'avais compris aussi que le roi voulait montrer
17:43que le Maroc pouvait être en avance
17:46sur un certain nombre de thématiques.
17:49Par exemple, la question du climat.
17:52L'affaire de la COP nous a beaucoup rapprochés.
17:55Après la COP de Paris, ça a été la COP à Marrakech.
17:58Le roi m'avait fait la démonstration
18:01de tous ces champs solaires
18:04où il compte faire des énergies renouvelables.
18:07Je rappelle que le Maroc n'a pas de ressources
18:10pétrolières ou gazières significatives,
18:13et donc fait le pari de l'énergie renouvelable.
18:16Et ça, ça nous avait considérablement rapprochés.
18:19Le décollage économique du Maroc pose cependant la question qui fâche.
18:26Cette croissance à marche forcée a-t-elle accru les inégalités ?
18:29Il y a un tremblement de terre.
18:37Bouge pas ! Bouge pas !
18:55Le 8 septembre 2023, la tête de la COP
18:58tremble dans la région de Marrakech.
19:01Les dégâts sont considérables.
19:04Le bilan s'élève à près de 3000 morts et plus de 5000 blessés.
19:07Le roi, en visite privée à Paris,
19:10rentre immédiatement au Maroc pour être chevé de son peuple
19:13et diriger la cellule de crise.
19:22Le séisme révèle les inégalités dans le pays.
19:25Le gouvernement ne peut pas occulter les disparités sociales.
19:28Elles sautent aux yeux.
19:31Les rues du centre de Marrakech n'ont pas bougé
19:34alors que les maisons entorchies dans les villages alentours se sont écroulées.
19:37Effectivement, dans le séisme,
19:40la ville centrale s'en est plutôt bien sortie
19:43parce que les normes, notamment de construction,
19:46ont changé depuis 20-25 ans,
19:49parce qu'il y a un certain nombre d'éléments.
19:52Il y a un problème d'inégalité
19:55et il y a un problème de redistribution.
19:58De toute évidence, le boom économique
20:01n'a pas bénéficié aux classes populaires.
20:04La misère reste importante, notamment dans les zones rurales.
20:07Selon les experts, 20% des Marocains
20:10vivent en dessous du seuil de pauvreté.
20:13La santé, l'éducation, la formation sont des sujets sensibles.
20:16On ne peut pas attendre que la croissance économique
20:20soit totalement là pour apporter des solutions concrètes
20:23aux citoyens marocains.
20:26Le jeune Marocain doit être...
20:29Il est talentueux, mais il faut qu'il soit en bonne santé
20:32et éduqué pour que son talent le serve dans sa vie
20:35et serve le développement du pays.
20:38C'est pour ça que ce qui est très haut
20:41dans les priorités de notre pays,
20:44c'est le renforcement de l'état social.
20:47Lors de son discours du trône de l'été 2022,
20:50Mohamed VI avait posé les réformes sociales
20:53comme étant prioritaires.
20:56Cette politique de rattrapage tarde à porter ses fruits.
20:59C'est aujourd'hui qu'il faut que l'école soit
21:02l'ascenseur social qui va permettre
21:05à des millions de jeunes Marocains de se développer.
21:08C'est aujourd'hui que l'hôpital doit être au rendez-vous.
21:11C'est aujourd'hui que les plus vulnérables
21:14doivent avoir une vie décente
21:17avec un revenu minimum.
21:23Au sein de la société marocaine,
21:26les femmes subissent une forme de double peine.
21:29Frappées comme les hommes par la faiblesse de la redistribution,
21:32elles sont de surcroît lésées par une législation patriarcale,
21:35malgré les efforts de Mohamed VI pour l'amender.
21:38Sa majesté en tant que réformiste,
21:41absolument du côté des droits des femmes,
21:44il l'a démontré partout,
21:47a rappelé que cette réforme est aujourd'hui à bout de souffle,
21:50qui a été faite en 2004,
21:53alors qu'elle est encore inimaginable
21:56dans beaucoup de pays arabes ou musulmans,
21:59les lois qui sont passées.
22:02Il a incité à ce que soit pensée, posée,
22:05une nouvelle réforme de ce code de la famille.
22:08Aujourd'hui, les féministes marocaines
22:11veulent aller à l'étape d'après.
22:14On parle de dépénalisation de l'homosexualité,
22:17dépénalisation des relations hors mariage,
22:20mise en place d'un héritage
22:23partiel et égal pour les femmes
22:26et les hommes marocains.
22:31Dans l'optique de créer des rôles modèles,
22:34Mohamed VI a nommé plusieurs femmes à des postes stratégiques,
22:37comme La Feta, grande argentière du royaume.
22:40Je pense que les femmes de ce pays
22:43ont les capacités, les expertises et surtout l'envie
22:46de participer à cette dynamique
22:49de développement de notre pays.
22:54Comme l'était son père, Hassan II, descendant du prophète,
22:57Mohamed VI se place lui aussi en commandeur des croyants
23:00et veut se présenter au monde comme un roi pieux,
23:03un islam traditionnel qui lui servira de rempart
23:06contre l'extrémisme.
23:13Mohamed VI, considéré comme le descendant du prophète Mahomet
23:16par des millions de musulmans, tend la main aux autres religions,
23:19à la fois chef d'Etat et chef spirituel.
23:22Il est le commandeur des croyants,
23:25un titre à la signification méconnue.
23:28C'est inclusif, ce n'est pas seulement les croyantes
23:31et les croyants de l'islam,
23:34c'est aussi les croyants judaïques.
23:37Cette spécificité a induit le fait
23:40qu'il y a une complémentarité
23:43dans ce qu'on appelle le champ religieux.
23:46Cet islam modéré et ouvert, dit du juste milieu,
23:49s'inscrit dans la longue tradition halawite
23:52incarnée aujourd'hui par Mohamed VI.
23:55L'apport des affluents hébraïques est d'ailleurs gravé
23:58dans la constitution marocaine.
24:01C'est une approche positive et compatible
24:04avec le principe d'un pays laïque.
24:07C'est la seule constitution d'un pays arabe
24:10où il y a la reconnaissance des chrétiens et des juifs.
24:13C'est le seul Etat arabe
24:16où la référence, chaque fois qu'on demande quelque chose
24:19au gouvernement marocain,
24:22c'est de dire la fameuse formule
24:25de Mohamed V pendant la guerre,
24:28disant aux Allemands et aux autorités de Vichy
24:31de donner les noms et de livrer les juifs du Maroc.
24:34Et Mohamed V répondant,
24:37dans ce pays, il n'y a pas de juifs,
24:40il n'y a pas de chrétiens, il n'y a pas de musulmans,
24:43il n'y a que des Marocains.
24:46Et c'est une tradition qui continue.
24:49Cet islam des lumières
24:52prend sa source dans le soufisme,
24:55traduit en musique et en danse
24:58par les fameux derviches tourneurs venant de Turquie.
25:01Un courant mystique et inclusif
25:04avec lequel Mohamed VI entretient
25:07un dialogue politique et théologique.
25:10Il y a cette forme de traditionnalisme
25:13qui est importante,
25:16il y a cette caractéristique de la tolérance
25:19et de l'acceptation de l'autre,
25:22de l'amour, du respect,
25:25et je crois que c'est ce qui fait
25:28l'originalité de cet islam-là.
25:31Dans la plus grande confusion, les secours tentent de s'organiser.
25:34Il est midi et demi à Marrakech,
25:37une explosion vient de dévaster ce restaurant bondé.
25:40On était au niveau du café quand il y a eu la détonation,
25:43ça s'est soulevé comme un volcan,
25:46les gens ont été projetés en l'air,
25:49l'un d'eux est tombé à nos pieds,
25:52et ça a été la panique.
25:55C'est la panique.
25:58On est rentrés les premiers dans le restaurant
26:01et là, il y avait des morts partout.
26:04Selon les autorités marocaines,
26:07il s'agit bien d'un acte kamikaze.
26:10Ce Maroc du vivre-ensemble est la cible du terrorisme islamiste.
26:13Le 28 avril 2011, un attentat frappe Marrakech,
26:16la capitale du tourisme marocain,
26:19visant un café de la célèbre place Jamal Effna.
26:22Le roi se rend sur les lieux.
26:25Il se fait expliquer le mode opératoire par les policiers.
26:28Un sac rempli d'explosifs a été déposé à l'entrée du restaurant Argana,
26:31très prisé des touristes occidentaux.
26:34Les djihadistes testent le pouvoir du roi.
26:37Avant cela, dans la nuit du 16 au 17 mai 2003,
26:40des attentats en série dans des cafés de Casablanca
26:43avaient fait 46 victimes.
26:46Des édifices belges et espagnols,
26:49ou appartenant à la communauté juive,
26:53En réaction, la police marocaine procéda à plus de 2000 arrestations.
26:59Cela ressemblerait à un virus qui a infiltré une société
27:02qui fut une société paisible,
27:05mais le royaume du Maroc,
27:08sous le leadership de sa majesté,
27:11s'était tout de suite mobilisé
27:14pour essayer de voir quels sont les tenants et les aboutissants
27:17qui ont mené à induire
27:20à cet état des lieux
27:23que personne ne soupçonnait auparavant,
27:26mais cela était comme une alarme.
27:30Mohamed VI, très tôt après son arrivée au pouvoir,
27:33a été confronté à la question islamiste.
27:36On a vu qu'il y avait des cellules dormantes dans le pays
27:39et donc il a pris cette question-là
27:42avec une extrême attention
27:45et il a mis tous les moyens sécuritaires
27:48et de renseignements du royaume
27:51pour essayer d'identifier, de comprendre ce qui se passait dans son pays,
27:54dans quel cadre cela intervenait
27:57pour circonstruire sécuritairement la menace.
28:00Ben Laden a eu de cesse d'indiquer
28:03que le Maroc était un pays apostat,
28:06chose à laquelle le Maroc a répondu
28:09de multiples manières, sur le plan idéologique,
28:12sur le plan militaire et en matière de renseignements.
28:16Un certain nombre de cellules dans l'après-attentat
28:19ont été démembrées.
28:2210 000 personnes ont été arrêtées
28:25et l'ensemble des réseaux d'al-Qaïda à l'époque
28:28ont été débusqués au Maroc.
28:31Depuis, l'infiltration de réseaux à l'étranger, notamment en Europe,
28:34qui ont permis à l'époque du 13 novembre
28:37de partager des informations avec la France
28:40et de travailler avec les Belges, les Espagnols, les Français
28:44sur l'enjeu de la lutte antiterroriste.
28:48Le terrorisme a été endigué,
28:51mais quelques mois après les attentats de Marrakech,
28:54les printemps arabes vont porter les islamistes au pouvoir
28:57dans plusieurs pays, comme l'Egypte et la Tunisie.
29:00Au Maroc, le mouvement du 20 février précipite dans la rue
29:03des milliers de personnes qui se révoltent
29:06contre les élites et la corruption.
29:09On attend plus de liberté,
29:12plus de possibilités d'être citoyen.
29:15On n'a pas eu cette occasion-là.
29:18Nous sommes là pour une démocratie réelle,
29:21pour une séparation réelle des pouvoirs,
29:24pour un pouvoir qui émane du peuple,
29:27pour une véritable démocratie.
29:30L'onde de choc propulse au gouvernement
29:33le parti Justice et Développement,
29:36gagnant des élections législatives en 2011.
29:39Il est défini comme un parti islamiste modéré.
29:42Ça fait plus de 15 ans que le PJD est sur la scène
29:45politique nationale à travers le Parlement et les communes,
29:48et les positions politiques qu'il n'a pas cessé de prendre.
29:51Aujourd'hui, nous sommes en train de récolter la confiance
29:54que le peuple marocain nous accorde, c'est tout.
30:00Le PJD, d'ailleurs, une petite comparaison
30:02qu'on peut faire qui est intéressante,
30:04c'est un peu comme Front National et Rassemblement National.
30:07Front National, Jean-Marie Le Pen,
30:10fondé par des nostalgiques du nazisme, etc.
30:13Le PJD vient d'une matrice de ce type extrémiste,
30:17qui ensuite a évolué pour essayer de se rendre présentable.
30:22Sa Majesté le Roi Mohamed VI a reçu en début d'après-midi
30:26à Middelt, M. Abdileh Benkiren, secrétaire général
30:29du parti de la Justice et du Développement,
30:32que le souverain a nommé chef du gouvernement
30:35conformément aux dispositions de la nouvelle constitution
30:38et l'a chargé de former le nouveau gouvernement.
30:41Contre toute attente, Mohamed VI décide
30:43de laisser le PJD gouverner.
30:45Moment de faiblesse ou tactique de long terme ?
30:48Ce n'est pas du tout la volonté du Roi
30:50de travailler avec des gens comme ça.
30:52Bon, pas du tout cette volonté.
30:54Il n'a aucune impétence pour...
30:57De toute façon, pour le Roi, la religion est importante,
31:00mais il se méfie beaucoup des religieux,
31:02des entrepreneurs en religion.
31:04Il flirte avec Benkiren, son successeur Otmani,
31:07mais il a cohabité dix ans avec eux.
31:09Certains, au Maroc, notamment des ministres
31:12en vue du gouvernement, des proches du palais,
31:14s'attendaient à ce qu'ils ne respectent pas
31:16le résultat des usures.
31:18Eh bien, ils ont été surpris.
31:20Tant qu'il y avait cette possibilité aussi
31:23de faire des coalitions et d'insuffler
31:25des partis proches du palais
31:27dans une coalition avec les islamistes,
31:29ils savaient que la situation resterait sous contrôle
31:32et que les grandes politiques publiques
31:34qu'il avait décidées, qu'il avait initiées,
31:36notamment les grands chantiers d'infrastructure,
31:38les grands chantiers de libéralisation,
31:40les grands chantiers de développement économique,
31:43pourraient se poursuivre.
31:45L'impulsion, elle est avant tout royale.
31:48Néanmoins, les islamistes ne restent pas inactifs.
31:51Ils remettent en cause des avancées sociétales,
31:53en particulier concernant les femmes.
31:56Le printemps arabe arrive et mène au pouvoir
31:59le PJD et des conservateurs
32:02qui n'ont guère envie d'octroyer
32:05des droits aux femmes marocaines
32:08pour citer l'ancien ministre du PJD,
32:13un lampadaire au sein des maisons.
32:17Donc, l'espèce de lumière, mais lumière statique.
32:21On a donc perdu près de 10 ans
32:24où absolument rien ne s'est passé.
32:29Désormais, le modèle de l'islam à la marocaine est menacé.
32:32Deux visions s'opposent.
32:34Encore une fois, le roi évite la confrontation directe,
32:36mais en coulisses reste à la manœuvre.
32:40Le PJD, quand je me suis rendu la dernière fois au Maroc,
32:45il était encore, j'allais dire, à la tête du gouvernement.
32:49J'ai vu un parti qui certes défendait
32:51un certain nombre d'orientations que je ne partageais pas,
32:54mais qui en même temps étaient ouverts au dialogue.
32:57Et puis il y a eu l'alternance démocratique.
32:59Et cette alternance démocratique, je pense qu'elle montre
33:03une évolution et une forme de maturité
33:07de la vie politique marocaine.
33:10Fait rare dans le monde musulman,
33:12les islamistes sont chassés du pouvoir en douceur,
33:15par les urnes en 2021.
33:17Depuis, le PJD est devenu une simple composante
33:20de la vie politique marocaine.
33:22Après 10 ans de cohabitation avec les islamistes,
33:25le commandeur des croyants est sorti renforcé de cette épreuve.
33:37La qualification du Maroc pour la demi-finale du mondial au Qatar en 2022
33:41est l'un des temps forts de cette compétition.
33:43Cette performance n'est pas un simple exploit sportif,
33:46mais l'aboutissement d'une stratégie décidée au sommet de l'État.
33:49Le roi a mis en place, avec toute une équipe,
33:53un plan dès 2008 pour le développement du football dans le royaume,
33:59avec une véritable réflexion et une construction
34:03pour aboutir à des résultats qui ne doivent pas être des exploits isolés.
34:08Grosse politique de formation des jeunes à travers tout le pays,
34:12la construction d'un centre d'entraînement top niveau,
34:17à la hauteur de ce qui se fait dans tous les plus grands pays de football,
34:21la mise en place d'un championnat qui est le meilleur championnat d'Afrique,
34:25l'organisation pour toutes les catégories d'âge de plein de matchs amicaux sur tout le continent.
34:30Mohamed Six a compris que le football était un vecteur d'influence sans pareil dans le monde.
34:36Rapidement, il s'est dit qu'il faut que les résultats de l'équipe nationale
34:43soient à la hauteur de nos ambitions.
34:46Il compte sur les meilleurs joueurs marocains
34:49qui font les beaux jours des principaux clubs européens.
34:53Il y a une vraie politique, la même politique qu'il a eue aussi dans d'autres domaines sectoriels.
34:58On fait revenir les meilleurs ingénieurs,
35:00on va à la City de Londres pour faire revenir des financiers,
35:03aux Etats-Unis, on va appliquer la même politique dans le domaine du sport.
35:11Le parcours des Lyons de l'Atlas déclenche une ferveur dans le monde arabe et en Europe.
35:17Le peuple réalise qu'il peut gagner, qu'il peut avoir des passions positives,
35:22qu'il n'a pas besoin d'être contre quelque chose ou trouver un ennemi à tout prix.
35:27Il faut savoir que pendant le printemps arabe,
35:30les champs populaires de foot au Maroc sont de l'ordre de la critique,
35:34de la critique du gouvernement, de la souffrance des populations, du chômage,
35:39et donc il y a quelque chose d'extrêmement négatif.
35:43Ce tournant vient, par la chanson notamment, raconter une nouvelle histoire du Maroc.
35:49Un Maroc qui gagne, un Maroc qui n'a plus honte d'être qui il est,
35:53un Maroc qui, quand il travaille en équipe et travaille dur, peut arriver à des sommets.
35:59Grâce au football, le Maroc renforce sa dimension internationale.
36:03Rabat va marquer de nouveaux buts en organisant la Coupe des Nations en 2025
36:07et en co-organisant la Coupe du Monde en 2030.
36:10Pourquoi les pays émergents, surtout les plus riches, veulent organiser des compétitions,
36:16que ce soit pour le football, pour les Jeux Olympiques, pour toute autre compétition ?
36:21Parce que c'est un facteur d'influence.
36:24Donc le Maroc a raison d'être présent, si je puis dire, sur ce marché de la compétition sportive.
36:32Moi je ne veux pas que ce soit toujours les mêmes grands pays,
36:36souvent qui ne sont plus occidentaux d'ailleurs,
36:38mais les mêmes grands pays qui organisent les grands événements.
36:41Et compte tenu des résultats sportifs du Maroc, vous avez parlé du football,
36:45mais il n'y a pas que le football, le Maroc a des qualités à faire valoir.
36:49Combien de pays auraient été capables aujourd'hui de séduire la FIFA
36:53pour faire partie d'un pôle d'organisateurs comme ça va être le cas pour la Coupe du Monde 2030 ?
36:59Je ne crois pas en fait, je ne crois pas qu'il y en ait d'autres.
37:07Les paysages oniriques de Ouarzazate et ses environs
37:10fournissent un décor idéal pour des tournages de films et de séries au retentissement mondial,
37:14tels que Games of Thrones.
37:16Le soft power du Maroc investit aussi le terrain culturel.
37:20C'est une politique qui a été mise en place il y a déjà de nombreuses années, avec succès.
37:26Il y a des blockbusters qui sont tournés au Maroc chaque année.
37:29Naturellement, quand les films sont beaux et que les paysages qui sont montrés sont agréables,
37:34ça peut avoir ce supplément d'âme, ce supplément d'intérêt du public qui regarde ces films pour le Maroc,
37:41et ça doit naturellement générer du tourisme.
37:45Le tourisme aujourd'hui est un élément fondamental dans le soft power du pays,
37:49et on le voit très souvent puisqu'une bonne partie des 14,5 millions qui nous ont visités l'année dernière
37:55a été pour la première fois leur visite au Maroc, et pour certains c'est leur premier contact avec le pays.
37:59Il n'y a pas plus fort qu'un contact de visite, d'un contact de voyage,
38:03et on apprend mieux le pays, on apprend mieux la population, on connaît mieux le Maroc et les Marocains,
38:07et pour nous, dans notre approche générale sur la promotion du tourisme,
38:10c'est aussi une des manières de doter le pays d'un outil de soft power.
38:17Ces résultats dans le domaine de l'influence créent un climat favorable aux objectifs géopolitiques du Royaume.
38:34Un mois après le tremblement de terre de Marrakech du 8 septembre 2023,
38:38le Maroc organise les assemblées générales de la Banque Mondiale et du FMI,
38:42dans la ville même du séisme.
38:44Une prouesse technique et politique exigée par le roi Mohamed VI,
38:47qui veut une démonstration de force.
38:50Bruno Le Maire, alors ministre français des Finances, a participé au sommet.
38:54Vous avez tous les États membres du FMI, vous avez les pays du G7,
38:58les pays les plus riches de la planète, vous avez tous les pays du G20,
39:02donc ce sont des moments extrêmement importants,
39:05pas simplement du point de vue économique et financier, mais aussi du point de vue politique.
39:10Je me suis battu aussi pour que ce soit maintenu, très franchement,
39:13en discutant avec nos partenaires européens, partenaires du G7,
39:16pour dire qu'il faut que ça ait lieu à Marrakech.
39:18C'est symbolique, c'est très important.
39:21Adossé à un événement international d'une telle ampleur,
39:24Mohamed VI peut déployer ses canaux diplomatiques.
39:27Sur l'échiquier politique international,
39:30le Maroc, avec son roi Mohamed VI, est aujourd'hui un acteur puissance.
39:35Il se perçoit comme une puissance africaine
39:38et il vise également à contribuer à certaines grandes initiatives internationales.
39:45Aujourd'hui, on est sortis d'un Maroc qui a simplement deux alliés
39:49et regarde principalement Paris ou Washington,
39:51mais on a un Maroc qui parle à la Chine, à Jérusalem.
39:56Donald Trump a annoncé ce soir la reprise des relations diplomatiques
40:00entre le Maroc et Israël.
40:02Le président américain précisait qu'il reconnaissait par ailleurs
40:05la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental.
40:09Le Maroc est le quatrième pays du monde arabe
40:12à reprendre ses relations avec Israël sous l'impulsion des États-Unis.
40:15Donc le Maroc savait qu'avec la normalisation de cette relation,
40:20il pourrait aspirer à devenir une puissance régionale
40:25et à, pour le dire très simplement, à jouer dans la cour des grands.
40:30Et d'ailleurs, quand le conflit a commencé entre le Hamas et Israël,
40:37le Maroc a été sommé en interne par une partie de son opposition
40:44de rompre ses relations et ça ne s'est pas fait.
40:47Ça ne s'est pas fait parce que les accords au plan économique
40:52et au plan stratégique étaient beaucoup trop importants.
40:56Le lien et l'aboutissement via cet accord d'Abraham
41:01est un lien en tout cas perçu et analysé au Maroc
41:05comme avant tout un lien de peuple à peuple, émotif, culturel,
41:10parce que le Maroc se considère comme un pays africain,
41:14musulman, juif, berbère.
41:16Cette évolution se déroule sous la houlette
41:19de l'imprévisible président américain, Donald Trump,
41:22qui propose un deal surprenant.
41:24Les États-Unis et Israël adhèrent à la marocanité du Sahara
41:28en échange de la reprise des relations diplomatiques
41:31entre le Maroc et l'État hébreu.
41:33Cette normalisation s'est réalisée de manière transactionnelle.
41:37C'est-à-dire qu'il s'agissait d'une reconnaissance
41:42par les États-Unis de la marocanité du Sahara occidental.
41:47C'est un pays clé, en effet, dans les relations internationales,
41:51les États-Unis, contre cette normalisation.
41:58Le roi a placé la question du Sahara au cœur de sa vision stratégique.
42:02Désormais, ses partenaires privilégiés dans le monde
42:05sont les nations qui reconnaissent la marocanité du Sahara occidental.
42:09Il sait très bien que si la monarchie abandonne le Sahara,
42:12la monarchie ne tient pas.
42:14C'est une des choses cardinales sur lesquelles repose la monarchie,
42:19c'est l'intégrité territoriale, Sahara compris.
42:22Donc ce serait impardonnable, le roi ne peut pas faire ça.
42:25Donc il a évidemment pris ça en compte, il y a sa conviction personnelle,
42:29et ensuite il a posé de manière maintenant de plus en plus précise
42:32quelque chose de très simple.
42:34Soit, effectivement, vous êtes avec moi, soit vous n'êtes pas avec moi.
42:38Environ 80 pays membres de l'ONU se rangent à la position de rabat.
42:42Il s'agit maintenant pour le Maroc de rendre irréversible ce processus sur le terrain.
42:46Le roi lance de grands travaux d'équipement.
42:49Je pense que ce qui est important en termes d'économie,
42:53ce sont les investissements que le Maroc n'a cessé de faire dans ces régions.
43:00Les infrastructures sont impressionnantes.
43:03Le Maroc a investi dans les routes, dans les autoroutes, dans les aéroports.
43:08Quand on compare les investissements qui sont totalement financés par l'État,
43:14elles sont totalement en faveur des populations.
43:19Le secteur du tourisme est lui aussi enrôlé pour promouvoir la cause.
43:22On est dans un tourisme atlantique, dans un tourisme sahraoui,
43:26dans un tourisme hassani, avec une forte composante culturelle.
43:30Aujourd'hui, si je donne l'exemple sur le marché français,
43:32on a trois vols hebdomadaires directs entre Paris et Darla.
43:36C'est une formidable chance pour nous de partager aussi cette destination qui est formidable
43:42et qui fait partie de nos challenges sur les destinations du monde
43:45qu'on est en train de développer aujourd'hui vers le marché français et vers l'ensemble du monde.
43:54Cette stratégie est sous-tendue par la rivalité historique entre les deux frères ennemis du Maghreb,
43:58le Maroc et l'Algérie.
44:01Cette dernière soutient le front polisario qui défend l'indépendance du Sahara occidental.
44:07Entre ces deux ex-colonies, le cœur de la France a longtemps balancé.
44:20Pendant des années, la France a été enlisée dans les sables du Sahara occidental,
44:24accrochée à une position qualifiée de médiane,
44:27avec l'intérêt de ne pas soutenir le Maroc pour ne pas contrarier l'Algérie.
44:32Mais au cœur de l'été 2024, coup de théâtre.
44:35Emmanuel Macron s'aligne sur la position du Maroc.
44:38C'est la fin d'une longue brouille entre les deux pays, alimentée par un désaccord fondamental.
44:44Quinze pays européens ont accepté de dire le Sahara est marocain
44:49et la France, ancienne puissance tutélaire, amie du Maroc, ne l'a toujours pas fait.
44:55Pour les Marocains, c'est incompréhensible.
45:00Le journaliste François Soudan révèle ce que le roi du Maroc
45:03dit aux dirigeants étrangers lorsqu'il aborde ce sujet.
45:07Si vous êtes avec moi, il ne faut pas faire comme les Français.
45:10Il faut faire comme les Espagnols, les Allemands, les Américains.
45:14Pas faire comme les Français, c'est-à-dire que les Français disent que
45:17le plan d'autonomie marocain est une solution crédible pour l'avenir du Sahara.
45:23Non, il ne faut pas dire ça. Il faut dire que c'est la solution, la plus crédible.
45:28Tant que votre wording n'a pas évolué, on aura un problème, vous et nous.
45:35C'est sur ce terrain miné que la tension entre la France et le Maroc va prospérer.
45:39Ce qu'on a appelé la crise des visas est un épisode important de la confrontation.
45:43Les pays du Maghreb refusent de récupérer leurs ressortissants expulsés par la France.
45:48Paris lance ses représailles.
45:50Il y a plusieurs mois que M. le Président de la République a donné instruction au Premier ministre,
45:54aux ministres de l'Intérieur, aux ministres de l'Affaires étrangères,
45:56de réduire de façon significative le nombre de visas accordés aux ressortissants d'Algérie, du Maroc,
46:03pour 50%, un visa sur deux, et 30% pour la Tunisie.
46:08À Rabat, cette disposition qui humilie des membres de l'élite marocaine bloquée aux frontières
46:12ne passe pas du tout. C'est l'escalade.
46:15Des visites de ministres sont annulées, les projets de coopération reportés.
46:20En juillet 2021, une autre affaire encore plus explosive
46:23suscite un conflit opposant frontalement Mohamed VI et Emmanuel Macron.
46:27Emmanuel Macron, dans le viseur des services secrets marocains,
46:32potentiellement ciblé par un logiciel espion nommé Pegasus.
46:36A-t-il été écouté, surveillé via son téléphone portable ?
46:39Une certitude, l'un de ses numéros apparaît sur une liste de plus de 50 000 numéros,
46:44dont plusieurs milliers de Français.
46:46Des numéros sélectionnés par divers pays étrangers,
46:49en vue d'être espionnés par une technologie développée par NSO,
46:52une entreprise israélienne. L'Elysée a réagi ce soir après ces révélations.
46:56Si ces faits sont avérés, ils sont très graves.
46:58Toute la lumière sera faite sur ces révélations.
47:00Mon sentiment personnel est que le Maroc,
47:04comme toutes les puissances en devenir, ou moyennes, ou grandes puissances,
47:09a une politique de renseignement très efficace.
47:13Et je pense personnellement qu'elle fait le maximum
47:17pour recueillir le maximum d'informations sur tout ce qui peut avoir attrait
47:22à sa puissance, à son influence.
47:26Au téléphone, les deux dirigeants s'écharpent littéralement.
47:29Emmanuel Macron veut que Mohamed VI reconnaisse son implication personnelle
47:33dans l'opération d'écoute dont il a été la cible.
47:36Il y a toujours des malentendus dans les relations personnelles,
47:40ou d'État à État.
47:42Parfois, un pays pense que si la justice prend telle ou telle attitude,
47:50c'est concerté avec le pouvoir.
47:55De la même manière, lorsqu'il y a des problèmes qui peuvent exister,
47:59de fonctionnement de services,
48:01que ça peut avoir là aussi quelques liens avec ce que souhaite ou ne souhaite pas un État.
48:08J'ai connu ce type de malentendus.
48:12La tension touche à son paroxysme.
48:14Le président français tente de calmer le jeu
48:16lors d'une conférence de presse consacrée à l'Afrique
48:18qui a lieu à l'Élysée le 27 février 2023.
48:21Moi, ma volonté est vraiment d'avancer avec le Maroc.
48:24Sa Majesté le Roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions.
48:26Les relations personnelles sont amicales, elles le demeureront.
48:30Il y a après toujours des gens qui essaient de monter en épingle des péripéties.
48:36Les scandales au Parlement européen,
48:39les sujets d'écoute qui ont été révélés par la presse,
48:42est-ce que c'est le fait du gouvernement de la France ?
48:45Non.
48:47Est-ce que la France a jeté de l'huile sur le feu ?
48:51Non.
48:53Voilà.
48:55Donc il faut avancer malgré ces polémiques,
48:57mais enfin s'en rajouter.
48:59Et la relation du palais est venue immédiatement
49:01pour dire que les relations entre Mohamed VI et Emmanuel Macron
49:05ne sont ni bonnes ni amicales.
49:07De manière claire.
49:09Deux ans après l'affaire Pégasus,
49:11une intervention d'Emmanuel Macron, pourtant pleine de bons sentiments,
49:14va avoir un effet catastrophique.
49:17Bonjour, je voulais m'adresser directement aux Marocaines et aux Marocains
49:22pour vous dire que la France a été bouleversée
49:26de ce qui s'est passé dans la nuit de vendredi à samedi,
49:29ce terrible tremblement de terre.
49:31Et nous avons évidemment une pensée pour les disparus,
49:34leurs familles, pour les blessés.
49:37Dans les codes de la monarchie shérifienne,
49:39un président étranger ne s'adresse pas directement au peuple marocain.
49:46Tout est bloqué entre la France et le Maroc.
49:48Pour les connaisseurs de ces deux pays,
49:50unis par une relation passionnelle,
49:52il n'existe qu'une seule méthode susceptible de dénouer la situation.
49:57On a dit combien de fois aux gouvernants, à l'Élysée,
50:02si vous ne mettez pas un peu d'affectif avec le Maroc,
50:06vous n'y arriverez pas.
50:08Vous êtes en face de la monarchie la plus ancienne du monde
50:14avec celle du Japon.
50:16Ne vous comportez pas comme avec des diplomates.
50:19C'est justement sur ce terrain que le président français
50:22prend enfin une décision qui séduit le palais.
50:25Le 19 février 2024,
50:27son épouse Brigitte invite les trois sœurs du roi à déjeuner à l'Élysée.
50:31Mohamed VI fait fuiter dans la presse qu'il bénit cette rencontre.
50:35À partir de ce moment,
50:37les conditions de la réconciliation sont réunies.
50:40Un personnage joue un rôle déterminant dans ce processus entre Paris et Rabat,
50:45le ministre français des Finances, Bruno Le Maire.
50:48En réalité, pour moi, la relation France-Maroc a été relancée d'abord à Marrakech
50:53par ses relations économiques, financières
50:56et par l'entretien que j'ai eu avec le Premier ministre marocain,
51:00qu'en plus je connais de longue date et la relation personnelle ça joue beaucoup
51:03puisqu'il était mon homologue ministre de l'Agriculture
51:06au moment où j'étais ministre de l'Agriculture français entre 2009 et 2012.
51:12Il y a eu ensuite des visites bilatérales, il y a eu Casablanca
51:15et nous avons travaillé de manière très opérationnelle
51:18en regardant sujet par sujet, projet par projet.
51:22L'un de ces projets commence même à changer discrètement
51:25la vision de la France sur le Sahara.
51:28Elle a franchi un pas qui peut paraître très difficile à comprendre
51:32et à déchiffrer pour d'autres personnes que des diplomates aguerris
51:36mais qui est un vrai pas politique majeur à travers une décision
51:41qui est de financer un projet de développement d'une infrastructure énergétique
51:45qui va relier Dakhla, donc dans le Sahara occidental, avec Casablanca.
51:51C'est déjà un geste politique qui, je pense, n'a pas échappé aux autorités marocaines.
51:55De l'économie à la politique, il n'y a qu'un pas.
51:58À droite notamment, on pousse le président Macron à reconsidérer
52:01la fameuse position médiane française sur le Sahara occidental.
52:05Le deuxième personnage de l'État, Gérard Larcher,
52:08nous raconte dès mai 2024 l'action qu'il a menée en coulisses.
52:11Maintenant il s'est passé un certain nombre d'années,
52:14il y a eu une évolution de la région, je crois qu'il va falloir
52:17qu'on réexamine cette position.
52:20En tous les cas, j'ai écrit au président de la République française
52:24mon sentiment sur ce sujet, que nous sommes en 2024
52:27et que 2024 n'est plus tout à fait 2007.
52:30Et que sur ce sujet, il me semblait que nous devions évoluer.
52:34Quelques semaines plus tard, le 30 juillet,
52:37de façon totalement inattendue pour la communauté internationale,
52:40le président Macron rompt avec la doctrine diplomatique traditionnelle de la France.
52:44Dans une lettre au roi Mohamed VI, il apporte son soutien
52:47à la marocanité du Sahara occidental.
52:50C'est le geste qu'attendait depuis tant d'années la monarchie shérifienne.
52:54Le temps des grandes retrouvailles est arrivé.
52:57Vous allez venir à Paris.
53:00Si vous avez cinq minutes, si le protocole vous laisse un peu de temps,
53:03qu'aimeriez-vous faire ?
53:06Sortir me promener un peu.
53:09Tout seul dans les rues ?
53:11Oui.
53:12Et où ?
53:13Sur les quais.
53:1450 ans après cette confidence,
53:16Mohamed VI continue d'écouter sa voix d'enfant.
53:19Lors de ses voyages officiels à l'étranger,
53:21il aime découvrir les capitales en se promenant dans les rues.
53:24Dirigeant son pays de manière résolue,
53:26il continue cependant de cultiver son jardin.
53:29Et quand il est arrivé au pouvoir,
53:32après son père, beaucoup n'avaient pas imaginé
53:34que son règne puisse durer aussi longtemps.
53:37Et qu'il y a montré beaucoup de constance.
53:42On le disait plutôt désinvolte,
53:47prêt à vivre une pluralité d'existants.
53:50Eh bien, en réalité, il a montré de la cohérence,
53:54il a montré de la continuité,
53:56il a montré de la volonté,
53:58ce qui explique un règne particulièrement long
54:00et qui n'est pas terminé.
54:02Justement, comment se projette-t-il sur l'avenir ?
54:05Sera-t-il le roi qui mènera le Maroc
54:07à une monarchie parlementaire à l'espagnol ou à l'anglaise ?
54:10Je n'envisage pas que le roi du Maroc
54:13ait un rôle de marionnette inauguratif,
54:17comme on peut le voir en Espagne.
54:19Il restera le patron de la diplomatie,
54:21il restera le patron des services de sécurité.
54:24Je pense que les Marocains sont conscients
54:26que le pouvoir du roi fait l'équilibre
54:30sur la dispersion logique, démocratique de l'élection.
54:35Pour éviter que ça ne devienne ou conflictuel
54:38ou que ça n'aboutisse à la paralysie,
54:41l'autorité du roi est pour le moment nécessaire.
54:44Après, dans 20 ans, dans 50 ans, je n'en sais rien.
54:47Mais aujourd'hui, il faut en rester là.
54:49La longue marche de Mohamed VI se poursuit avec une mission,
54:53celle de transmettre à son fils le prince héritier Moulay Hassan
54:56un Maroc en phase avec les enjeux de son époque,
54:59mais fidèle à la tradition de la dynastie alaouite.
55:02Il y aura toujours une part, je dirais,
55:05irréfragable de mystère, d'indicible,
55:09dans la relation entre les Marocains et leur roi,
55:12qui nous échappe à nous complètement,
55:14à nous, républicains européens.
55:17Il faut le reconnaître, il faut avoir la modestie.