Bernard (Michel Piccoli), réalisateur de cinéma, décide de quitter quelques temps son environnement familial (sa fill | dG1fZDdGT0VoTUI1Y1E
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00:00Messieurs, Madame, je vous ai convoqués pour vous annoncer personnellement que vos congés étaient rapportés.
00:06En fait, c'était un malentendu, une erreur commise par ma secrétaire.
00:09Mais, elle commet souvent des erreurs comme ça, votre secrétaire ?
00:14Ce n'est pas la peine d'en parler, c'est terminé.
00:16Bien sûr, les procédés que vous avez employés, ces réunions dans mes locaux, la façon dont la presse m'a traité, enfin...
00:23Je veux bien passer l'éponge, je vous envoie une lettre confirmant l'annulation de ces congés.
00:27Et les irrégularités qu'on a relevées dans les charges, les lampes, l'électricité, l'apport du parking ?
00:32L'électricité du parking, ça fait 4 sous, on ne vous la comptera plus. Pour le reste, vous voyez Bricard, c'est d'accord.
00:37Et le comité de défense, vous reconnaissez son existence ?
00:40Non, pas question. Vous ne m'en voudrez pas, mais je traite avec des individus, pas avec des comités.
00:48Nous avons des revendications très précises.
00:51Premièrement, payer aux locataires les intérêts que rapportent les cautions versées à la signature du bail.
00:56Vous plaisantez, c'est le monde à l'envers.
00:58Deuxièmement, interdiction d'expulser un locataire sans motif légitime, comme dégradation importante, non-payement des loyers.
01:04Pas question. Là-dessus, nous ne céderons jamais.
01:07Alors mettez dans le bail que vous pouvez expulser vos locataires pour des motifs illégitimes et farfelus.
01:11Vous vous fichez de moi ? On a déjà suffisamment de problèmes avec les immeubles d'avant 1948.
01:16Je vais pouvoir disposer d'un appartement si j'en ai besoin. Admettons que j'ai un cousin en province et que je veuille le loger.
01:23Alors vous virez quelqu'un ?
01:24Vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Je dîne dans un restaurant, je suis hors d'oeuvre,
01:28tout à coup le patron arrive et me dit j'ai besoin de votre table pour une cousine qui vient d'Angoulême sortir.
01:34Votre comparaison est ridicule. Vous êtes libre de vous loger là où vous voulez, moi je suis libre de louer à qui je veux.
01:40Enfin, vous n'allez pas comparer la liberté d'un jeune ménage qui doit trouver un logement dans les trois mois,
01:44celle d'un travailleur qui gagne 2000 francs par mois avec la vôtre, vous qui avez 800 immeubles.
01:48Non, essayons de continuer. Les loyers sont indexés sur l'indice de l'INSEE, non ?
01:52On n'a pas trouvé mieux.
01:54Oui, le dernier indice est de 22%.
01:57Exact.
01:58Je croyais pourtant que le ministre des Finances avait demandé à ce que la hausse ne dépasse pas 7%, non ?
02:03Il l'a demandé, alors c'est un conseil, c'est pas un ordre. Il peut lancer toutes les phrases qu'il veut,
02:08il n'a pas le droit de s'ingérer dans nos affaires. C'est nous qui décidons, c'est nous qui faisons la loi.
02:12Et si le régime change, c'est bientôt les élections ?
02:17Eh bien, c'est simple, si c'est Mitterrand au marché, je vends, je vends tout.
02:21Et si c'est Giscard ou Chirac, ça continuera comme maintenant.
02:24On réunira des commissions paritaires, du blabla, et nous, on fera ce qu'on voudra.
02:32Putain ! Moi, quand il y a un problème, je fais comme en 40 dans mon avion, je pique.
02:36On a quand même obtenu des choses, non ? On fait une assemblée générale demain ?
02:40Non, c'est vendredi, ils sont tous partis en week-end. Lundi, plutôt.
02:43La civilisation des toutes apparentes et des autoroutes.
02:46Merci pour tout ça, il faut que j'aille au magasin, tu m'emmènes ?
02:48Oui, oui, d'accord. Bon, allez, à lundi.
02:50Au revoir.
02:51Salut, t'es garé où là ?
02:52Là-bas.