Stéphane Raffalli, maire PS de Ris-Orangis

  • il y a 11 heures
Stéphane Raffalli, maire PS de Ris-Orangis, invité de France Bleu Paris le 7 octobre, un an après l'attaque du Hamas en Israël.

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00:008h15 sur France Bleu Paris, nous sommes le lundi 7 octobre, un an jour pour jour après l'attaque du Hamas contre Israël, plus de 1200 morts et depuis, la guerre fait rage dans la bande de Gaza et s'étend aujourd'hui jusqu'au Liban.
00:13Un an de guerre et une tension qui se ressent aussi en France, comment les communautés cohabitent-elles dans la région ? On attend vos réactions au 01 42 30 10 10 et pour en parler, nous recevons le maire socialiste de Rissorangis en Essonne.
00:26Bonjour Stéphane Raffali, si nous avons choisi de zoomer sur votre commune ce matin, c'est pour une rue, en particulier la rue Jean Moulin, on y trouve depuis près de 40 ans, une église, une mosquée, une synagogue et tout se passe bien.
00:40Tout se passe bien, c'est une toute petite rue, très modeste, au cœur de Rissorangis, cette ville populaire de la banlieue parisienne à 25 km de Paris.
00:49Effectivement, on trouve quatre lieux de culte, puisque vous avez oublié aussi le temple protestant.
00:54Oui, le temple, exactement.
00:55Et vous dites qu'il y a un esprit dans cette rue Jean Moulin, quel est-il ?
00:59On parle de l'esprit Jean Moulin, c'est un esprit de partage, de concorde, de dialogue permanent entre les différentes communautés qui se côtoient, qui se rencontrent et qui organisent souvent ensemble des événements permettant de traiter les grandes questions de société.
01:19Dès après le 7 octobre, par exemple, alors que nous étions dans l'effroi, chacun était touché par une sidération considérable, en quelques heures, avec le rabbin, avec l'imam, avec les prêtres et le pasteur, nous avons organisé un grand moment républicain pour poser les mots sur cet événement international qui nous a tous évidemment choqués.
01:45Chacun était effondré, mais il a fallu que nous puissions échanger sur ce sujet, et grâce à l'esprit de la rue Jean Moulin, cet événement a lieu sept jours après le massacre terroriste engagé par le Hamas.
02:01Exactement, et depuis le 7 octobre, on l'a vu, les actes antisémites flambent, plus de la moitié ont lieu dans la région.
02:07Vous avez conscience d'être une sorte de modèle, un peu pour les autres communes, ou en tout cas pour une période ?
02:13Je ne crois pas que ce soit un modèle, parce qu'il y a une force symbolique de cette rue, mais c'est un travail permanent, et je sais que sur d'autres territoires franciliens, partout en France, il y a des élus, des responsables civils, politiques, religieux, qui ont un discours de fraternité, de concorde, de paix, et qui organisent la République, qui nous permettent d'entretenir les fondements de notre vivre ensemble.
02:42On va écouter une archive, elle date d'il y a 6 ans, le rabbin Michel Serfati, il avait lui-même suggéré à la mairie l'emplacement de la future mosquée, alors qu'en 2004, les musulmans n'avaient nulle part pour prier.
02:53Il le raconte au micro de France 2, les réactions à l'époque.
02:56Pourquoi tu n'as pas peur d'avoir des musulmans à côté de toi ? Et ma réaction était de dire, mais je préfère les rencontrer, les regarder, les dévisager, et s'habituer à l'idée qu'on est sur le même trottoir. Quelle chance !
03:09C'est une belle archive qui résonne aujourd'hui avec ce contexte, pour faire disparaître les tensions, c'est donc la solution, il n'y a plus aucune tension à Rissourangis ?
03:17Dire qu'il n'y a plus de tensions, ce serait mentir. Il y a forcément des résurgences du conflit au Moyen-Orient, il y a des tensions qui sont liées au contexte international,
03:31qu'il faut absolument amortir, éviter les résurgences de ce conflit qui est loin de chez nous, et en même temps, il y a aussi des sujets liés aux inégalités territoriales, sociales qu'on connaît dans cette grande région métropolitaine.
03:45Est-ce que vous le voyez depuis le 7 octobre, une montée des actes antisémites chez vous, malgré la rue Jean Moulin ?
03:52Ce qui est vrai, c'est que les actes antisémites sont très fortement ressentis par la communauté juive de Rissourangis, ils le disent, ils expriment leurs peurs,
04:02et donc il faut évidemment penser cela, il faut intégrer cela dans notre action, et en tenir compte.
04:10Mais ça se manifeste comment concrètement ?
04:12Ils le disent, ils sont plus discrets, ils font attention à ne pas manifester leur identité religieuse, leur appartenance religieuse sur l'espace public par exemple.
04:248h19 sur France Bleu, Paris, vos réactions au 01, 42, 30, 10, 10, comment renforcer le vivant ensemble ?
04:31On a Gérard qui a voulu témoigner ce matin, Gérard de Levallois-Péret, bonjour Gérard.
04:35Alors chez vous, il y a une très forte communauté juive, et ça se passe très bien, tout le monde s'entend très bien, c'est ça ?
04:40Oui tout à fait, bonjour à tous, sur Levallois il n'y a aucun problème avec ça, moi personnellement je suis catholique, je pratique comme je peux,
04:52mais en même temps j'ai des amis juifs, j'ai des amis de toute confession, et il y a un culte musulman aussi, ça ne cause aucun problème.
05:01Alors aujourd'hui avec ce jour commémoratif, nous avons l'occasion d'avoir un journal local, je n'ai pas eu le temps de vraiment le consulter,
05:10mais je pense qu'il y aura certainement un événement qui va y avoir au sein de la mairie par rapport à ce qu'il y a pu y avoir, c'est quand même dramatique.
05:21Merci beaucoup Gérard d'avoir réagi, merci à vous de nous dire qu'à Levallois-Péret tout se passe bien, et heureusement ça se passe aussi bien dans pas mal d'autres villes d'Ile-de-France évidemment.
05:30Stéphane Raffali, ce que dit Gérard c'est que le vivre ensemble c'est aussi le contact, c'est le dialogue, c'est ça la rue Jean Moulin ?
05:36Oui c'est un travail permanent, rassembler les gens qui croient et qui ne croient pas c'est une gageure, ça demande de l'opiniâtreté, de la permanence dans l'effort,
05:47c'est un travail quotidien qu'il faut renouveler à chaque fois qu'il y a des soubresauts comme celui qu'on connaît depuis le 7 octobre 2023.
05:55Et ça fonctionne aussi avec des temps d'échange, des repas, des voyages aussi je crois qu'ils sont allés ensemble à Auschwitz par exemple ?
06:02Oui à Auschwitz, même en Israël et en Palestine puisque nous avons été longtemps jumelés avec une ville palestinienne et une ville israélienne en même temps avec Telmoun et Salfit,
06:13donc c'est toute une série d'actions qui par effet de capillarité nous permet d'amortir les risques de schisme, les risques de tension entre les différentes communautés
06:23en rappelant constamment qu'il n'y a qu'une seule communauté, celle de la République.
06:26Et ce jumelage justement entre une ville palestinienne, une ville israélienne, Eris Orangis, c'est fini, vous le regrettez ?
06:32Oui on a eu du mal à l'entretenir compte tenu du contexte mais on va trouver les voies pour nous permettre de le réactiver, c'est en tout cas l'intention de l'équipe municipale.
06:41Alors il y a une bande dessinée qui est sortie il y a quelques années, qui est distribuée aux enfants, elle s'appelle Le Miel de la rue Jean Moulin,
06:47quel est le but de cette démarche ? C'est passer par les enfants pour atteindre les familles ?
06:51Oui le travail éducatif de pédagogie sur les questions du racisme, de l'antisémitisme, du vivre ensemble de la République, ça doit commencer très tôt.
07:01Effectivement cette petite rue de Eris Orangis a inspiré un auteur spécialisé en jeunesse qui s'appelle Rémi Courjon et qui a écrit un livre, une bande dessinée plus exactement,
07:11puisqu'il l'a aussi illustré, qui s'appelle Le Miel de la rue Jean Moulin, qui aujourd'hui se trouve dans toutes les bibliothèques de nos écoles.
07:19Et distribuée dans les écoles également.
07:21Qui sert de support pédagogique aux équipes enseignantes.
07:25Et alors justement, on parlait de cette rue Jean Moulin, l'église, la mosquée, le temple, la synagogue, est-ce que parfois on ouvre les portes ?
07:33Ça s'est fait par le passé.
07:34Oui, il y a un événement généralement au mois de novembre, pour aujourd'hui ce n'est pas encore programmé, mais il est probable qu'au courant de l'automne,
07:43évidemment il y aura encore ces journées portes ouvertes, où chacun peut aller visiter les lieux de culte de son voisin.
07:50Et alors quelle est la prochaine étape là, justement ?
07:53La prochaine étape, c'est moi qui vais rencontrer samedi prochain, une vingtaine de jeunes qui ont monté une association qui s'appelle Citoyens Agités
08:05et qui veulent rencontrer le maire pour discuter évidemment de ce qu'il s'est passé le 7 octobre 2023,
08:11mais aussi parler de république, de discrimination, d'inégalité, de racisme, d'antisémitisme, c'est des sujets qui préoccupent notre jeunesse.
08:20Donc j'aurai des adolescents, des jeunes adultes en face de moi samedi prochain, dans un amphithéâtre, pour avoir ce dialogue très direct, sans filtre.
08:28De différentes confessions, j'imagine.
08:30Évidemment.
08:31Merci beaucoup Stéphane Raffali d'avoir été l'invité d'ici ce matin.
08:34Je rappelle que vous êtes maire socialiste de Rissorangis en Essonne, où il y a cette rue, Jean Moulin le disait,
08:40une église, un temple, une synagogue, une mosquée.
08:42Un exemple de vivre ensemble aujourd'hui, un an après le 7 octobre 2023.
08:46Belle journée à vous.

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